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des Chinois ne soit bientôt l’objet d’une importation considérable en Europe.

— Chim. ind. Les oxydes métalliques so combinent, en général, très-bien avec les principes colorants, et produisent avec eux des composés insolubles auxquels on donne vulgairement le nom do laquas. Ces laques sont de véritables sels, dans lesquels les matières colorantes jouent le rôle d’acide. Les oxydes métalliques qui so prêtent le mieux à leur fabrication sont l’oxyde de zinc, l’oxyde d’étain et surtout l’alumine. Les laques les plus employées en peinture sont celles de cochenille, de garance, de bois de Fcrnambouc, de gaude et de graine de Perse.

Les laques de cochenille s’obtiennent par le traitement des résidus de cochenille qui ont servi à la préparation du carmin. On fait’ bouillir 10 kilogrammes de résidu, à trois reprises différentes, dans 300 Ou 400 litres d’eau additionnée chaque fois de 500 grammes de cristaux de soude. Les liquides réunis aux eaux dans lesquelles on a recueilli le carmin sont filtrés st précipités par une solution de. protochlorure d’étain. Le précipité qui se l’orme alors est la laque écarlate. Les mêmeslécoctions faites avec de l’eau pure, puis additionnées d’une solution d’alun, et ensuite d’une solution de cristaux de soude, fournissent la laque carminée. Le carbonate de soude précipite l’alumine, qui entraîne avec elle la matière colorante. On termine la préparation des laques par des lavages à l’eau ordinaire.

Les laques de garance s’obtiennent par divers procédés ; le plus ancien, dû à Robiquet et Colin, exige de la racine de garance n’ayant point encore servi. Il consiste k faire macérer à plusieurs reprises la garance, 2 kilogrammes, par exempie, dans de l’eau froide, qui lui enlève une matière colorante jaune, susceptible d’altérer la.nuance de la laque, à la faire digérer ensuite dans une solution de 1,000 grammes d’alun dans 12 litres d’eau, à clarifier le liquide par filtration et à léprécipiter complètement par du carbonate do soude. M. Persoz a donné un procédé diffèrent du précédent, et qui a l’avantage de permettre l’emploi de la garance ayant déjà servi pour la teinture. Il consiste à traiter, pendant un quart d’heure environ, parties égales d’alun et de garance par une certaine quantité d’eau, à filirer le liquide, à le neutraliser par du carbonate de soude et à le porter à l’ébullition. Il se produit alors du sulfate d’alumine tribasique, qui se précipite en entraînant avec lui la matière colorante. Le lavage de la laque ainsi préparée est assez difficile et doit être très-prolongé.

La laque de bois de Fernamboue est une couleur facilement altérable, employée pour peindre les décors, et qu’on prépare en traitant le bois do Fernamboue par une solution bouillante d’alun additionnée de craie et d’amidon ; la matière amylacée se recouvro de sous-sulfate d’alumine, lequel fixe la matière colorée. C’est donc une laque chargée de matières étrangères.

La laque de gaude et celle de graines de Perse se préparent à peu près de la même manière que la laque rouge du bois de Fernamboue. Beaucoup de fabricants, cependant, n’y introduisent pas d’amidon, et suivent un mode opératoire analogue a celui qui est usité pour la laque de garance.

D’après ce qui précède, on peut remarquer que la teinture des étoiles ne s’obtient que par la production dans les fibres du tissu d’une certaine quantité d’une laque quelconque ; par le mordançage, on introduit dans ces libres diverses matières insolubles, de l’alumine par exemple, susceptibles de fixer les principes colorants.

On trouve encore dans le commerce plusieurs substances colorées, désignées sous le nom de laques, bien qu’elles diffèrent des laques véritables. La laque en boules de Venise est une matière rouge qui se prépare, d’après M. Girardin, en pétrissant un mélange d’alumine en gelée et de gélatine dans’une décoction de bois do Brésil, ajoutant de l’alun pour aviver la couleur, .recueillant la masse et la séchant. La laque de Venise, additionnée de savon, prend un reflet violet. La laque minérale est une couleur d’un fort beau violet, qui résiste à l’action de l’air et de l’acide sulfhydrique. On s’en sert dans la peinture à l’huile et a la colle : elle entre dans la composition du pink colour, dont on se sert pour colorer la faïence. M. Malagutti » indiqué pour sa préparation le procédé suivant : on calcine pendant quelque temps, au rouge sombre, un mélange formé de 100 parties d’acica stannique et de 2 parties d’oxyde de chrome ; la masse refroidie a l’apparence d’un verre brillant que l’on pulvérise, et qui prend alors une couleur violette magnifique.

Pour toutes les matières colorées dont noua venons de parler, des différences très-faibles dans la préparation produisent des différences de nuances souvent fort prononcées, qui font varier énormément la valeur commerciale du produit. Les fabricants connaissent tous des tours de main particuliers, dont ils gardent le secret avec soin.

LAQUÉ, ÉE (la-ké) part, passé du v, Laquer. Enduit d’un vernis de laque : Meuble laqué. Les Japonais portent fréquemment des chapeaux en carton laqué.

LAQUÉAIRE s. m. (la-kué-è-re — lat. la-

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quearius ; de laqueus, lacet). Antiq. rom. Gladiateur armé d’un nœud coulant dans lequel il essayait de saisir son adversaire. Il Nom donné à des ouvriers qui exécutaient des ornements sur les plafonds.

LAQUEDIVES (Îles), archipel de l’océan Indien, près des côtes S.-O. de l’Indoustan, non loin des côtes de Konara et de Malabar, entre 10" et no 50’ de latitude N., 69" 50’ et 72» de longitude E. Cet archipel est formé de 15 groupes d’îles ou îlots ; 19 seulement sont peuplées ; elles renferment environ 10,000 habitants appelés Moplays, et obéissent à un prince vassal de l’Angleterre. Les plus importantes de ces îles sont : Kapleny, Seuheli-Par, Aucutta, Bingaro, Amenti, etc. La plupart sont entourées de rochers et séparées les unes des autres par de larges canaux fréquentés par les navires qui vont de l’Inde en Perse et en Arabie. Climat chaud et insalubre ; sol rocailleux produisant des dattes, des cocos, des figues, etc. Exportation de corail, coquillages, sucre fait avec la noix de coco, câbles de cocotiers. Les Laquediviens, d’origine arabe, professent l’islamisme et sont de hardis navigateurs. Ces îles furent découvertes, en 1499, par Vasco de Gama ; elles, appartenaient à Tippoo-Saëb lorsque ce prince fut tué, et son royaume incorporé aux possessions anglaises.

LAQUBISME s. m. (là-ké-i-sme — rad. laquais). État, condition de laquais : II peut y avoir de Vhonneur dans un pays où les laquais s’élèvent ; mais il n’y a ni honneur, ni principe, ni ombre d’honneur, dans un pays où lu laqjjéismk s’élève. (La Beaumelle.) Il lui faisait parler un pourpoint à six busqués mourantes, garni de passements et d’aiguillettes, vêtement qui sentait le laquéismk. (La Monnoye.)

LAQUELLE pron, relat. V. lequel.

LAQUÉOLAIRE s. f, (la-kué-o-lè-re — du lat. laqueolus, petite corde). Arachn. Genre d’arauéides, appelées aussi corditeles.

LAQUET s. m. (la-kè — dimin. de lac). Petit lac. il Mot usité dans les Pyrénées.

LAQUETON s. m. ( !a-ko-ton — dimin. de laquais). Petit laquais. Il Vieux mot.

LAQUENILLE (le marquis de), homme politique français, mort en 1810. Député de la sénéchaussée d’Auvergne aux états généraux en 17.89, il se montra, d’abord dans cette assemblée, puis à la Constituante, le défenseur déclaré de la monarchie. Il donna sa démission en 1790 et se retira en Belgique, où, bientôt après, il "fut chargé par les princes émigrés de lever des troupes. Nommé adjudant général du comte d’Artois et commandant de la noblesse d’Auvergne, il prit part, en 1792, a la campagne des émigrés contre leur patrie, puisse relira en Allemagne. Après le 18 brumaire, il put rentrer en France.

LAQUEUX, EUSE adj. (la-keu, eu-zerad. laque). Qui est do la nature ou de la cou—leur de la laque : Il y a trop de tons laqueux dans ce tableau. (Acad.) Un flot de soie, crinière azurée du fez, ondoie derrière l’oreille, sous la transparence laquuuse du crépon. (Th. Gaut.)

LAQUIL s. in, (la-’kuil). Bot. Arbrisseau du Pérou rapporté à la famille des rhamnées,

LA QUIfSTlMB (Jean du), célèbre agronome français, né il Chabanais (Angoumois) en 1020, mort à Versailles en 1688. En quittant Poitiers, où il avait fait ses études, il se rendit à Paris, où il se lit recevoir avocat et plaida avec succès. Comme il était sans fortune, il consentit volontiers à diriger l’éducation du fils d’un président à la cour des comptes, nommé Tamboneau, et employa ses loisirs à étudier les ouvrages anciens et modernes qui traitaient d’agronomie. Quelque temps après, il lit, avec sou élève, un voyage eu Italie, où il étudia avec le plus grand soin la pratique et la théorie du jardinage, et fit un grand nombre d’observations intéressantes. À son retour à Paris, M. Tamboneau lui abandonna la direction de son jardin, pour s’y livrer à des expériences. L’art de la culture des arbres fruitiers était encore dans l’enfance chez nous. Grâce à ses recherches, et à sa sagacité, La Quintinie le porta bientôt à un haut degré de perfection. Il fit d’abord une étude toute particulière de la nature des terrains, de la situation ou de ^’exposition la plus favorable au développement de la plante, de la qualité des arbres à fruit, etc. En outre, il découvrit qu’un arbre transplanté tire son suc nourricier, non des racines qu’on lui a laissées, mais de celles qui poussent lorsqu’on l’a transplanté, et il en conclut qu’avant de mettre un arbuste en terx’e on doit le débarrasser de la plus grande partie de ses racines. Ayant remarqué que toute la sève se porte sur les grosses branches et profite au bois sans donner du fruit, il constata que, pour avoir du fruit, il était bon de couper ces grosses branches. Enfin, il inventa les serpettes, perfectionna les scies usitées dans le jardinage, mit en honneur certains bons fruits peu connus, parvint le premier à obtenir des primeurs, fit connaître la culture des arbres en espaliers contre les murailles, etc., se mit en relation avec tous les hommes distingués de France qui cultivaient le même art que lui, et acquit bientôt une grande réputation.

Le prince de Coudé, ayant entendu parler

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de lui, voulut le connaître et l’appela à Chantilly pour recevoir ses leçons. D’un caractère franc et expansif, il plut à ce prince. Il en fut de même pour Charles II, qu’il vit dans des voyages en Angleterre, et qui essaya inutilement de le garder auprès de lui. Louis XIV, à qui Colbert présenta La Quintinie, fut charmé de son savoir, le nomma intendant des jardins à fruits du roi (IG73), directeur général des jardins fruitiers et potagers dé toutes les demeures royales (1087) et lui fit bâtir une maison. Sur l’ordre de ce prince, le savant jardinier créa, en cinq ans, à Versailles (1678-1GS3), dans le terrain- leplus défectueux, un admirable verger dont il transforma le sol, et qui produisit non-seulement des fruits magnifiques, muis encore toutes sortes de primeurs. Outre ce potager, il traça ceux de Chantilly pour le prince de Condé, de Vaux pour Fouquet, de Sceaux pour Colbert, de Rambouillet pour le duc de Montausier. Lorsqu’il mourut, La Quintinie n’avait publié aucun ouvrage, mais il laissait, sous ie titre d’Instructions pour les jardins fruitiers, un manuscrit en (j livres qui fut publié par son fils (Paris, 1690, 2 vol. in-8°). Cet excellent ouvrage commence par un vocabulaire de jardinage, puis traite des arbres fruitiers, de la taille, de la greffe, du potager, etc., en style coulant, mais négligé. Depuis lors, il a été fréquemment réédité, notamment en 1695, 1715, 1730, 1756. Santeuil, Perrault, Vannières, etc., ont consacré des vers à la louange du célèbre agronome.

LAR s. m. (lar). Chef militaire. V. lars.

LAR s. m. (lar — du lat. larus, même sens). Ancien nom des mouettes.

— Mamm. Simia lar, Nom donné a un gibbon par Linné.

LAIl, ville de Perse, ch.-l. de la province de Laristan, sur un affluent du Kalatou, à 290 kilom. S.-E. de Schiraz, par 27" 21’ de latit. N., et 51° 45’ de longit. E. ; environ 15,000 hab. Manufacture d armes, feutres, poteries, toiles. Élève considérable de chameaux aux environs. Commerce de grains, fruits, salpêtre, poudre. Lar, adossée à iek collines, est située dans un pays fertile. File était autrefois très-florissante ; aujourd’hui, elle est couverte de ruines, au milieu desquelles s’élèvent encore 2,000 maisons d’assez milice apparence, un beau bazar voûté et le palais du gouverneur, environné de murailles crénelées et flanquées de tours carrées. La chaleur y est excessive et les pluies y sont rares ; on y voit beaucoup de citernejff Lar était autrefois la capitale d’un royaume indépendant, qui s’étendait depuis les lies Bahreïn jusqu’à celles d’Armuz, et dont s’empara Chah-Abbas, roi de Perse.

LARA, petite ville d’Espagne, province et à 6 kilom. S.-E. de Burgos, sur l’Arianza ; 1,500 hab. Elle a donné sou nom à une famille noble d’Espagne.

LARA, une des plus anciennes et des plus illustres familles de l’Espagne. Elle a pour auteur Gonzalo Fernandez, comte de Castille et de Burgos, descendant de Rainire ler, roi des Asturies et de Galice. Il épousa Nonnia, fille unique et héritière de Fernand Gonzalez, comte de Lara (première moitié du xe siècle). De ce mariage naquirent : Fernand, comte de Castille, de Lara et d’Alava ; Rodrigue et Gonzalo Bustos. Ces deux derniers sont célèbres dans les chroniques et dans le Jtomancero ; Gonzalo Bustos fut le père des Sept infants de Lara, dont la mort tragique a tant de fois inspiré les poètes, et du bâtard Mudarra, qui les vengea de la trahison de leur oncle Rodrigue (v. Infants dk Laka). Fernand, comte de Castille, mort en 970, avait épousé Sancie, fille de Sanche-Garcias II, roi de Navarre, dont sont issus : 10 Gonzale de Lara, qui a continué la filiation directe ; 2» Garcias, qui s’empara du comté de Castille au détriment de son neveu, fils do Gonzale, et dont la descendance finit en la personne de Munia-Major, comtesse de Castille, mariée en l’an 1000 à Sanche III, roi de Navarre ; 30 Urraca, -mariée à Ordoûo IV, roi de Léon. Gonzalo, comte de Lara, mort avant son père, laissa Nonnio, qui fut dépouillé de la Castille et assassiné par son oncle Garcias. Pedro-Gonzalo, seigneur de Lara, issu do Nonnio au quatrième degré, épousa Eve Perez de Trava et fut l’amant d’une reine de Castille, dofia Urraca ; il mourut en 1130. De son mariage sont issus : Manrique de Lara, souche de la maison des Manrique qui, entre autres, a produit le rameau des Manrique de Narbonne, et Nonnio Perez, qui a perpétué le nom de Lara. Ce dernier, tuteur du roi de Castille Alphonse VIII, laissa , Fernand Nunea qui eut pour enfants : 1« Alvar de Nunez de Lara, tuteur de Henri Ier, roi de Castille, mort en 1219, sans postérité ; 2» Thérèse Nuûez de Lara, seconde femme de Ferdinand II, roi de Léon ; ïotjancieNutlez de Lara, mariée à Sanche, infant d’Aragon, comte de Roussillon et de Cerdagne ; 40 Gonzalo Nuîiez de Lara, mort vers 1225. Gonzalo eut pour fils Nonnio Nunez, tué à la bataille de Ecisa (1275) ; Jean-GonzaloNuflez de Lara, fils de Nonnio, laissa, de son mariage avec Thérèse de Haro, Juan de Lara, capitaine général des frontières d’Aragon et de Grenade, mort en 1294. Ce dernier eut deux fils, Juan et Nonnio, morts sans postérité, et deux filles, Jeanne Nuûez de Lara, mariée en premières noces à Henri, infant de Castille, et

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en secondes noces k Fernand de La Cerda, et Thérèse Nuiîez de Lara, mariée à Alphonse de Castille, seigneur de Valence.

Lnra, poenie de lord Byron (1814). Ennuyé des critiques qui avaient salué son Corsaire, Byron se montre dans Lara encore plus sombre et plus fatal. Son héros, qui reflète en quelques-uns de ses traits sa propre misanthropie, n’est qu’une transformation du corsaire Conrad, moins la générosité et la grandeur d’âme. Lara laissé voir un stoïcisme plus cruel et plus méprisant qui persiste jusqu’à la dernière heure. Le pirate, de retour dans sa patrie, a repris le nom de ses ancêtres ; on ignore quelle fut sa vie pendant sa longue absence, et l’on ne forme que de vagues soupçons sur un page, du nom de Kaled, qui l’accompagne toujours, et dont les mœurs et le langage paraissent étrangers. Lara semble poursuivi par de continuelles terreurs et recherche la solitude. Néanmoins, invité à. une fête par un seigneur voisin, il s’y rend et est reconnu par un chevalier. Celui-ci disparaît le lendemain, et on suppose que Lara, l’ayant assassiné, a jeté son corps dans quelque rivière. Bientôt, craignant la haine des nobles, Lara appelle les paysans a la révolte, et meurt dans une mêlée. Sa dernière lueur de vie est un sourire dédédain pour le crucifix qu’un prêtre lui présente. Kaled meurt de douleur sur la cadavre de son maître, et, en déchirant ses vêtements pour le secourir, on découvre que c’était une femme.

Le p&eino est en deux chants et ne contient que cinquante-quatre strophes. Chaque vers de cette petite composition est empreint d’uno énergie sombre qui impressionne fortement. La peinture de ces caractères violents, vivant en dehors des lois et môme des remords, était neuve alors en littérature, ce qui explique le grand succès de Lara et du Corsaire. Nul doute que Byron n’ait voulu se peindre lui-même dans son héros. « Lara est bien changé ! Quel qu’il soit, on reconnaît sans peine qu’il n’est plus ce qu’il a été. Les rides de son front sourcilleux offrent les traces dos passions, mais des passions anciennes ; on remarque en lui l’orgueil, mais non le feu do ses jeunes années, un aspect froid, l’indifférence pour les louanges, une démarche altière et un œil vif qui devine d’un regard la pensée des autres. Il avait ce langage léger et moqueur, arme poignante de ceux que le monde a blessés et dont les coups, lancés avec une fnusse gaieté, défendent la plainte à ceux qu’ils atteignent. Voilà ce que l’on observait dans Lara, et quelque chose encore que son regard et l’accent de sa voix pouvaient seuls révéler. L’ambition, la gloire, ’ l’amour, ces fantômes que poursuivent tous les hommes, semblaient n avoir plus d’attraits pour son cœur. ■ Lara fait sa vertu de l’orgueil, et ne connaît de lois que ses passions. De tous les sentiments humains, un seul lui reste, l’amour, mais l’amour violent et exaspéré. Byron s’est plu à le représenter comme un noble cœur atteint d’une dégradation morale, déchu de sa vraie destinée, mais qui eut été capable de vertu, si la fatalité n’en eût autrement décidé. Le poète pénètre toutes les sombres passions, tous les secrets mouvements de Lara ; il les analyse et les peint avec une vigueur et une fidélité effrayantes. Un contraste est habilement ménagé entre le stoïcisme farouche de cetto âme déshéritée et le dévouement do Kaled.

Lara (les sept infants de), drame en six actes, en prose, de M. Félicien Mallefillo (théâtre de la Porte-Saint-Martin, l" mars 1836). Ce drame violent, taillé sur le pairou û’Aniony, n’a de commun que le titre avec la légende connue des infants de Lara, mis traîtreusement à mort par leur oncle Rodrigue,et vengés par leur frère, le bâtard Mudarra. Ils représentent, au contraire, dans l’œuvre de M. Mallelille, la cruauté, la perfidie, la ruse, et subissent la peine de leurs forfaits. La Castille paye chaque année un tribut dé cent jeunes filles.au calife de Cordouo. Gonzalo, un aventurier bâtard, roi des Maragotos ou bohémiens, entreprend d’être le Thésée du pays, parce que parmi les victimes désignées se trouve Edul d’Aguilar, qu’il aime. II s’agit de vaincre les tenants un calife, c’est-a-dire les sept infants de Lara. La reine Valloinbra, amoureuse de Gonzalo, empêche les sept infants de se mesurer avec ce guerrier redoutable, et Mudarra, l’envoyé du calife, s’offre pour prendre leur place. Mudarra, comme Gonzalo, est bâtard et cherche par le monde les meurtriers de son père. Au récit de Ses aventures, le roi de Castille se reconnaît intérieurement pour l’assassin ; mais, avec une perfide habileté, il fait croire à Mudarra que le coupable est Gonzalo. Au dénoûment les deux braves, qui se sont reconnus frères, grâce à une lettre de leur père que leur remet Dolfos, une figure évangélique égarée au milieu de ces scènes de carnage, unissant leurs efforts, tuent six des enfants de Lara, n’épargnant que le vertueux Fusiello, qui épouse Edul. Gonzalo veut sauver Vallorabra, sa mère ; mais Mudarra la poignarde, et les deux frères vont effacer tout ce sang en combattant contre les Maures pour la délivrance de la Castille, dont Gonzalo est proclamé roi.

Ce drame bizarre, plein de scènes violentes et de phrases à effet, obtint un assez grand succès ; il répondait au goût de l’époque.

Lara, opéra italien en trois actes, musique du vicomte de Ruolz, représenté au théâtre

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