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LAPLACÉE g. f. (îa-pîa-sé — de Laptace, sav. fr.). Bot. Genre d’arbres et d’arbrisseaux, de la famille des théacées, type de la tribu des laplacées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent dans l’Amérique tropicale.

LAPLACÉE, ÉÉE adj. (Ia-^ila-sé-é-rad. laplacée). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte à la laplacée.

— s. f. pi. Tribu de la famille des théacées, ayant pour type le genre laplacée.

LA PLACETTE (Jean), théologien français, surnommé le Nicole protestant, né à Pontacq (Béarn) en 1639, mort en 1718. Pasteur de l’église d’Orthez, il obtint de brillants succès comme prédicateur, quoiqu’il n’eût que vingt et un ans, et desservit ensuite l’église de Nay, à partir de 1664. Le consistoire de Charenton voulut s’attacher ce talent naissant ; mais La Placette refusa. Vers 1685, il vint à Paris pour demander l’autorisation de passer en Hollande, et quitta la France, où les protestants étaient persécutés. Étant allé en Prusse, il devint pasteur à Kœnigsberg, puis partit pour Copenhague, où il fut mis à la tête de l’Église française. Il y resta près de vingt-cinq ans. Ses prédications, ses écrits, l'aménité de son caractère, son dévouement infatigable, lui concilièrent l’estime universelle. Envoyé en mission en Hollande par Charlotte-Amélie, il resta deux ans à La Haye, et finit par aller à Utrecht auprès de sa fille. C’est là qu’il mourut. Il a laissé de nombreux ouvrages, entre autres : De insanabili Romanæ Ecclesiæ scepticismo dissertatio (Amsterdam, 1686, in-4o); Traité de l’orgueil (Amsterdam, 1692, in-12); Nouveaux essais de morale (Amsterdam, 1692, in-12); Nouveaux essais de morale qui peuvent servir de suite aux autres essais du même auteur (La Haye, 1715, 2 vol. in-12), où il se montre, dit M. Haag, un moraliste versé dans la connaissance du cœur humain, un penseur profond, habile à exprimer avec clarté ses pensées dans un style simple, uni, correct, un savant enfin qui sait mettre son érudition à la portée du plus grand nombre ; la Morale chrétienne abrégée et réduite à ses principaux devoirs (Cologne, 1695, in-12) ; ces principaux devoirs sont : la repentance des pécheurs, la persévérance des justes et les progrès qu’en persévérant les justes doivent faire dans la piété ; la Mort des justes ou Manière de bien mourir (Amsterdam, 1695, in-12) ; Traité de la conscience (Amsterdam, 1693, in-12) ; Observationes historico-ecclesiasticæ (Amsterdam, 1695, in-12) ; la Communion dévote (Amsterdam, 1695, in-12) ; Traité de la restitution (Amsterdam, 1696, in-12) ; Divers traités sur des matières de conscience, où l’on trouvera la résolution de plusieurs cas importants (Amsterdam, 1697, in-12) ; Traité de la foy divine (Amsterdam, 1697, in-12) ; Traité de l’aumône (Amsterdam, 1699, in-12) ; Traité du serment (La Haye, 1700-1701, in-12) ; Traité des bonnes œuvres en général (Amsterdam, 1700, in-12); Réflexions chrétiennes sur divers sujets (Amsterdam, 1701-1707, in-12) ; Avis sur la manière de prêcher (1733, in-12) ; Traité de la justification (1733, in-12) ; ces deux derniers ouvrages ont été publiés après sa mort.

LAPLAGNE-BARR1S (Raymond-Jean-François-Marie Lacave), magistrat français, né à Montesquiou (Gers) en 17S6, mort en 1857. Il était le frère du ministre Lacave-Laplagne, et l’héritier du président Barris, dont if ajouta le nom au sien. Juge au tribunal de la Seine en 1808, avocat général à la cour de cassation en 1824, il devint président de ia chnmbre criminelle de la même cour en 1844. Louis-Philippe le fit pair de France (1837), lui confia l’administration des domaines du duc d’Aumale, et le choisit, en 1850, pour un de ses exécuteurs testamentaires. Laplagne-Barris était un des hommes les plus instruits de la cour de cassation, où il ne cessa de siéger jusqu’à sa mort. Il joignait à une parole nette et simple une vaste mémoire et un esprit d’une grande rectitude.

LA PLAIGNE, théologien français. V. Lambert (Bernard).

LA PLANCHE (Louis Régnier, de), historien français, né à Paris vers 1530, mort vers 1580. Il était fils d’un lieutenant général au présidial de Poitiers, et se destinait lui-même a la carrière de la magistrature, lorsqu’il dut, a la suite d’un duel, se réfugier en Allemagne. Ayant obtenu la permission de rentrer en France, grâce à la protection du connétable de Montmorency, il devint le conseiller intime du fils de son protecteur, et par suite l’adversaire desGuises, rflont le pouvoir et l’arrogance étaient sans limite sous le rogne de François IL Sa réputation de sagesse et de prudence était si bien établie, qu’après la conjuration d’Amboise, Catherine de Médicis le fit appeler et le consulta sur les moyens de calmer les troubles qui agitaient le royaume : La Planche répondit que l’unique moyen d y parvenir était d’éloignerjes Guises. Cette réponse était certes d’accord avec le secret désir de Catherine ; mais, comme le cardinal de Lorraine assistait à cette entrevue, caché sous une tapisserie, elle parut irritée de ce conseil, et fit même arrêter de La Planche, qui ne tarda pas a être rendu à la liberté, et auquel la reine confia dans la suite plusieurs missions difficiles. On a de lui : le Livre des marchands ou Du grand et loyal devoir, fidélité et obéissance de MM. de Paris envers te roi et la couronne de France (1561,

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in-8o) ; Jlesponse à l’épislre de Charles de Vaudemont, cardinal de Lorraine, etc., satire remarquable par son excessive vivacité (1565, in-8o) ; la Légende de Charles, cardinal de Lorraine, et de ses frères de ta maison de Cuise (1576, in-8o) ; Histoire de l’Estât de France, tant de la république que de la religion sous François 77(1576, in-8o). Cette histoire est l’une des plus intéressantes que nous possédions sur cette époque. Le style en est clair et pittoresque, la narration animée et abondante en réflexions profondes, en comparaisons ingénieuses, qui annoncent chez l’auteur une remarquable érudition et une grande connaissance de la législation française. L’auteur, dit Tabaraud, est croyable sur les faits, parce qu’il était très-honnête homme et qu’il a été lui-même employé dans les affaires dont il parle. » Le Livre des marchands et Y Histoire de l’Estat de France.ont été publiés de nos jours dans la collection du Panthéon littéraire.

LAPLANE (Henri-Pierre-Félix de), archéologue et homme politique français, né à Sisteron (Basses-Alpes) en 1806, mort en 1870. Après avoir fait son droit à Aix, il fut avocat à Grenoble, puis devint juge auditeur à Tarascon (1826). Après 1830, il renonça à la magistrature, alla se fixiîr dans le Pas-de-Calais, où il s’occupa d’études archéologiques, et fut envoyé, en 1846, à la Chambre des députés par le collège électoral de Sisteron. Il appuya la politique de M. Guizot et rentra dans la vie privée a la suite de ta révolution de 1848. M. Laplane fut membre de la Société des antiquaires de la Morinie, et correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Nous citerons de lui : Notices bibliographiques sur deux ouvrages imprimés au xvi1 siècle (Paris, 1843, in-s°) ; l’Église de Sisteron (Paris, 1846) ; les Abbés de Saint-Bertin (Saint-Omer), 1854, in-8p).

LAPLEAU, bourg de France (Corrèze), eh.- !, de cant., arrond. et à 45 kilom. E. de Tulle ; pop. aggl., 255 hab. — pop. tôt., 1,027 hab. Briqueterie ; commerce de bestiaux.

LAPLONO-RICHETTE (E.), écrivain français du xviie siècle. Il n’est guère connu que comme l’auteur d’une Histoire généalogique des dieux des anciens (Tournon, 1606, iu-8° ; Lyon, 1G23, in-8<>).

laplvsie s. f. (la-pli-zl). Moll. Genre de mollusques gastéropodes. V. aplysie.

LAPO (diminutif de Jacupo, Jacques), architecte distingué, appelé à tort Jucopo dt Lapo, par quelques auteurs. Il vivait en Italie au xnie siècle. On ne connaît ni la date de sa naissance ni celle de sa mort, et l’on n’est pas d’accord sur sa patrie. Vasari le fait naître en Allemagne, mais d’autres écrivains prétendent qu’il naquit à Florence, où il eut pour maître le célèbre Nicolas de Pise. Après avoir été employé par l’empereur Frédéric II, il fut chargé d élever la basilique d’Assise, puis il se rendit à Florence, où il exécuta des travaux importants ; nous citerons notamment le Ponte-Nuovo, commencé en 1218, les églises de San-Salvatore et de San-Michele (1221), le pontRubaconte, Il fournit, en outre, les plans et les dessins du palais du podestat et du tombeau de l’empereur Frédéric II pour l’abbaye de Monreale, en Sicile. Enfin, il dirigea plusieurs’ autres constructions importantes dans différentes villes d’Italie, entre autres l’évêché d’Arezzo et le palais Poppi dans le Casentino. Il fut le père et le maître du fameux Arnolfo di Lapo.

LAPO (Arnolfo Dr), architecte et sculpteur italien, fils du précédent. V. Ahnolko di Lapo.

LAPO ou JACOPO, canoniste italien, né dans la première moitié du xive siècle k Castiglionco, en Toscane, d’où lui vint le surnom de Cusiigiioneiiio, mort en 1381. Il étudiâtes belles-lettres et la jurisprudence canonique à l’université de Bologne, et s’y fit recevoir successivement docteur es arts et docteur en droit canon. Son attention s’était surtout portée sur les auteurs de l’antiquité, dont l’étude était presque complètement négligée à cette époque, et dont on ne connaissait pas même toutes les œuvres par leurs titres, la plupart des manuscrits étant enfouis dans la poussière des bibliothèques. Lapo s’occupa de rechercher ces ouvrages et fut assez heureux pour découvrir les premiers exemplaires connus des Instilutiones oratorix de Quintilien, du discours Pro Milone de Cieêron, et des Pldlippiques du même orateur. Il envoya ces manuscrits à Pétrarque, avec lequel il était étroitement lié, et auquel on attribue communément la découverte de l’ouvrage do

Quintilien, bien que tout l’honneur en revienne à Lapo. En 1457, il était devenu professeur de droit canonique à l’université de Florence, où il occupa cette chaire pendant plus de vingt ans. Dans l’intervalle, il fut chargé par la république de plusieurs missions importantes auprès du saint-siége, ainsi que de diverses républiques d’Italie, et devint à diverses reprises capitaine des guelfes, dont on le regardait comme un des chefs les plus fermas et les plus influents. Mais le triomphe des gibelins, en 1378, l’obligea à s’enfuir de Florence, d où ses adversaires le bannirent en lui assignant Barcelone pour séjour, avec menace de mort s’il s’aventurait hors de l’enceinte de cette ville. Il accepta

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cependant, en 1379, une chaire de droit canon à Padouo, mais ne pu1 rester dans cette ville, où les menaces des gibelins vinrent encore le poursuivre. Il se retira alors à Rome avec Charles as Duras, qui devint bientôt après roi de Naples, et qui Je nomma son conseiller et son solliciteur auprès du pape. On a do Lapo divers traités d« droit canonique, que Ziletti a insérés en par’ie dans son Tractatus tractatuum, mais qui n’offrent plus aucun intérêt, et divers écrits restés manuscrits, parmi lesquels on remarqua une Chronica in Dantem, et des traductions litines d’ouvrages grecs, entre autres de quelques Dialogues de Lucien, des Caractères de> Théophraste, do deux Discours d’Isoerate, etc.

LAPOINTE (Savinien), poëte français, né à Sons (Yonne) en 1812. Son père, qui était cordonnier, vint se réfugier à Paris avec sa famille eu 1814, et, fréquemment malade, il dut être à plusieurs reprises transporté à l’hôpital. Pour vivre et venir en aide à sa mère et a ses frères, Savinien, lui aussi, se fit cordonnier. Admis dans une chambrée où un certain nombre de cordonniers travaillaient en commun, il employa ses heures de loisir à lire J.-J. Rousseau, à apprendre les chansons de Béranger, et sentit naître en lui l’instinct et le goût de la poésie. Lors des journées de juillet 1830, Savinien Lapointe contribua, en combattant, à renverser le gouvernement des Bourbons. Attaché alors au

parti républicain, il saisit toutes les occasions de protester les armes à la main contre la royauté nouvelle. Arrêté et emprisonné à Sainte-Pélagie, où il subit une longue détention, pendant lus loisirs forcés que lui faisait le gouvernement, Savinien Lapointe essaya de se donner l’instruction qui lui manquait, en lisant les œuvres des poiites et des philosophes, et composa ses premiers essais poétiques. Quelques pièces de vers, qu’il envoya h la Huche populaire} commencèrent à attirer l’attention du public sur le poète ouvrier, dont les productions, incorrectes et dépourvues d’hanùonie, ne manquaient ni d’originalité ni d’une certaine vigueur. Plusieurs do ses pièces figurèrent dans le recueil des Poésies sociales des ouvriers, publié en 1841 par le saint-simonien Olinde Rodrigues. Lorsqu’il eut recouvré sa liberté, Lapointe retourna dans sa mansarde de la rue Galande, où-il partagea son temps entre la confection de bottes et de souliers et la composition de pièces plus ou moins poétiques. Béranger, Hugo, Eugène Sue, etc., le prirent sous leur patronage, et Sa réputation, quelque peu surfaite, s’accrut encore lorsqu’il publia, en 1844, Une voix d’en bas, volume de vers, avec gravures et portrait, t

Après la révolution de 1848, le cordonnierpoete se présenta, à Paris, comme candidat socialiste à l’Assemblée nationale, lors des élections de mai ; mais il ne fut point élu. Il fit paraître alors, dans Y Organisation du travail et dans la Vraie république, des vers où il se faisait l’écho des aspirations des prolétaires. Vers la même époque, il publia, avec Charles Deslys, sous le titre de Protëtairiennes, une suite de satires destinées à faire suite à la Némésis de Barthélémy, puis il donna successivement la Baraque à Polichinelle, l’Annonce, les Fâcheux du 29 janvier (1849), scènes en vers ; les Echos de la rue (1S50), poésies qu’il dédia à Béranger. Sous l’Empire, il avait obtenu un petit emploi dans l’administration du gaz. On l’avait a peu près oublié, lorsqu’il fonda sans succès un journal destiné aux cordonniers et aux corroyeurs, et publia successivement un recueil de contes, intitulé Il était une fois (1853) ; Mémoires sur Béranger (1857, in-8"j ; Contes (1859, in-12) ; Mes chansons (1859, in-32) ; Y Homme de Sainte- 7/e7èNe(1869).L>ex-républicain ne rougit point de dédier, à l’occasion du 15 août, et dans les termes de la plus plate adulation, ce dernier recueil au proscripteur de décembre, « à Sa Majesté Napoléon III, • qui lui fit témoigner sa satisfaction au moyen d’une aumône de 1,000 francs.

LA POITEVINIÈRE (Pierre Rat de), avocat français. V. Rat.

LAPOIX DE FRÉMINVILLE (Edme de), ju- risconsulto français. V. Fréminviixe.

LA POMMERAIS (Désiré-Edmond Coorty, de), médecin fiançais qui doit sa triste célébrité à l’empoisonnement dont il se rendit coupable, né à Neuville-aux-Bois (Loiret) en 1830, mort sur l’échafaud, à Paris, le 9 juin 1864. Il appartenait à une famille honorable, et son père, qui était médecin, voulut lui faire suivre la même carrière que lui. Envoyé à Paris, Edmond de La Pommerais s’y fit recevoir docteur en 1854, et se fixa dans cette ville. Rempli de vanité, désirant ardemment arriver à la fortune et aux honneurs, il résolut d’atteindre au but qu’il s’était assigné, dût-il employer les moyens les plus bas et les plus criminels. La Pommerais prit d’abord le titre de comte, qui ne lui appartenait point, et envoyaau pape une supplique pour obtenir la croix de Saint-Sylvestre. Pensant qu’il se ferait plus facilement une clientèle en pratiquant la médecine homœopathique, il se fit homœopathe, établit un dispensaire rue de Verneuil, acheta la clientèle du docteur Gastier, et entra dans la Société de secours mutuels de Saint-Thomasd’Aquin. Dès cette époque, il s’occupait de spéculations de Bourse, et était devenu un des administrateurs d’une société fondée par

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un aventurier pour l’exploitation d’un établissement de bains et de jeux à Monaco.

Mais, malgré tous ses efforts, l’ambitieux, et vaniteux La Pommerais ne voyait point arriver la fortune. Ce fut sur ces entrefaites que le hasard lui fit rencontrer, dans un omnibus, la veuve d’un médecin, Mme Dubizy, avec sa fille Clotilde. Le jeune docteur lia connaissance avec elles, apprit que la jeune personne avait une dot de 140,000 il 150,000 fr., et résolut de l’épouser. Quelque temps après, en effet, il était parvenu à plaire à MHo Dubizy, dont la mère consentit, non sans répugnance, à leur union (août 1861). Se méfiant de son futur gendre, dont les prétendus apports lui avaient paru suspects, et qui, en effet, avait emprunté pour quelques jours, à un de ses amis, des actions au porteur, Mme Dubizy avait exigé quels régime adopté

Ear Ie3 époux fût celui de la séparation de iens. Il en était résulté que La Pommerais s’était vu hors d’état de disposer de la fortune de sa femme, ce qui ne faisait nullement son affaire. Deux mois après son mariage, La Pommerais acheta chez le pharmacien Ménier 08,50 de digitaline. Presque. aussitôt après, à la suite d’un repas auquel il assistait, sa belle-mère, dont jusque-là la santé avait été excellente, se vit atteinte de vomissements. Deux médecins sont appelés, mais on ne suit point leurs ordonnances. C’est La Pommerais qui dirige lo traitement. Dans la nuit du 9 au 10 octobre 1861, il fait prendre à Mme Dubizy 08,10 de digitaline, og,25 d’hydrochlorate de morphine, et la malade meurt

le lendemain, emportée, au dire de son gendre, par une attaque de choléra.

Aussitôt, La Pommerais s’empare de toutes les valeurs mobilières composant la succession de sa belle-mère (environ 50,000 fr.), refuse de faire inventaire, et dispose à son gré des titres tombés entre ses mains. En possession de cette fortune, il essaya de l’accroître en se livrant it des spéculations de Bourse qui ne lui réussirent point. Sa soif de luxe, do bien-être, de richesse, loin de diminuer s’en accrut. C’est alors qu’il conçut, mûrit et mit a exécution un projet qui lui parut devoir infailliblement le conduire au but de ses ardents et criminels désirs, et qui devait attacher à son nom la célébrité de l’infamie.

Appelé comme médecin, en 1858, auprès d’un peintre, M. do Pauw, il avait bientôt vu celui-ci succomber, et il n’avait pas tardé à devenir l’amant de sa veuve. Co3 relations avaient continué jusque vers lo milieu de 1861 ; mais le mariage de La Pommerais avec MU* Dubizy était alors venu les interrompre. Près de deux ans s’étaient écoulés depuis cette rupture, et La Pommerais avait même refusé, malgré les prières de son ancienne maîtresse, de venir voir sas enfants malades, ■lorsque, au mois de juin 1803, Mme de Pauw le vit arriver chez elle. Pour expliquer ce brusque retour, il prétendit qu’il lui apportait le moyen d’assurer l’avenirde sesenfants. Seulement il fallait, lui dit-if, garder sur ce moyen un silence absolu, et éviter soigneusement de mettre personne dans la confidence. Sans entrer ce jour-la dans plus de détails, il se borna à dire qu’il s’agissait d’une assurance sur la vie. Les relations ayant été ainsi rétablies, La l’ommerais proposa à. Mme de Pauw la combinaison suivante : elle assurerait sur sa tête une somme de 550,000 fr., exigible à l’époque de son décès ; il se chargerait du payement des primes, et elle lui transférerait le bénéfice des contrats. Mais comme l’opération, réduit6 à ces termes, ne présentait aucun avantage pour Mme de Pauw ni pour ses enfants, La Pommerais ajouta qu’il y avait un moyen de tirer de cette tifitiire un produit presque immédiat. Peu dû temps après l’avoir conclue, Mme de Pauw simulerait une maladie, de manière à faira croire aux compagnies d’assurance qu’elle était sur le point de mourir. Les compagnies s’effrayeraient en la voyant menacée en apparence d’une fin prochaine ; il irait alors les trouver et il leur proposerait l’annulation des contrats moyennant une rente viagère de 6,000 fr., à compter du l" janvier. Il partagerait cette rente avec elle, et, grâce à ce stratagème, elle jouirait d’une aisance dont elle avait été jusque-là bien éloignée. M"** de Pauw, sans se préoccuper de ce qu’une pareille spéculation avait de délova !, accepta avec empressement les propositions de La Pommerais. Incapable de soupçonner le véritable but de son amant, dominée d’ailleurs par la passion qu’elle avait eue si longtemps pour lui, et qui venait de se réveiller plus vive que jamais, Vielle s’abandonna aveuglément à lui, et lo laissa libre de tout régler ainsi qu’il l’entendait. Mais, s’il voulait tout diriger, La Pommerais tenait à éviter d’agir lui-même auprès des compagnies. Il mit M"6 de Pauw en rapport avec un courtier, nommé Desmidt, qui l’avait mis au courant des diverses combinaisons possibles en matière d’assurance sur la vie. Ce Desmidt, faisant l’office d’intermédiaire, alla trouver les directeurs de plusieurs compagnies et leur dit qu’un riche personnage, le comte do La Pommerais, voulait assurer le sort d’enfants qu’il avait eus avec Mme de Pauw. La santé de cette dernière ayant été reconnue excellents par Jes médecins délégués, huit compagnies : la Générale, la Nationale, Y Union, la Phénix, la Paternelle,).’Impériale, le Gresham et l’Internationale 1 admirent à contracter des assurances pour une somme totale da