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(nouv. édit., 1831, 2 vol. in-12), etc. Tous ces ouvrages sont écrits dans un style simple et familier, et la plupart ont eu, à-notre époque même, plusieurs rééditions.

LAMBERT (Claude-François), littérateur français, né à Dole vers 1705, mort à Paris en 1765. Il entra dans l’ordre des jésuites, qu’il quitta bientôt pour se rendre à Paris. Là, forcé de vivre avec le produit de sa plume, il se mit aux gages des libraires, écrivit un grand nombre de compilations, puis il devint curé de Saint-Étienne, près de Rouen ; mais la vie de campagne ne pouvait convenir aux goûts de Lambert, qui revint à Paris et y mourut dans la misère et l’oubli. C’était un homme d’un caractère mobile, extrêmement gai et facétieux. Il avait de l’érudition, des connaissances variées, mais son style est très-négligé. Parmi le très-grand nombre d’ouvrages qu’il a publiés, presque tous sous le voile de l’anonyme, nous citerons : Mémoires et aventures d’une dame de qualité (1739, 3 vol.) ; le Nouveau Protée ou le Moine aventurier (1740) ; le Nouveau Télémaque ou Mémoires du comte de *** (1741, 3 vol.); l’Infortunée Sicilienne (1742, 2 vol.) ; Recueil d’observations curieuses sur les mœurs, les coutumes, les arts, etc., des différents peuples de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique (1749, 2 vol.) ; Histoire générale de tous les peuples du monde (1730, 15 vol. in-12) : Histoire littéraire du règne de Louis XIV (1751, 3 vol. in-4o) ; Bibliothèque de physique et d’histoire naturelle (1756,6 vol.) ; la Vertueuse Sicilienne (1759, in-12) ; la Nouvelle Marianne (1759, in-12), etc.

LAMBERT (George), peintre et graveur anglais, né dans le comté de Kent en 1710, mort en 17G5. Élève du Flamand Jacques Hassel, paysagiste renommé, il adopta le même genre que son maître, mais non sa manière, et s’attacha surtout à imiter Gaspard Duché dit le Guaspre. 11 parvint de bonne heure à une grande réputation, et ne fut pas moins célèbre comme graveur que comme peintre. Parmi ses toiles, on distingue des Paysages d’Angleterre, une Vue de la ville et du châtetm de Douvres et une Vue du château de Saltwood à Hith, dans le comté de Kent. On a aussi de lui des eaux-fortes, entre autres un Paysage orné de ruines et de figures et trois petites Figures, remarquables surtout cour la finesse du trait. Ce fut Lambert qui tonda, à Londres, le joyeux club du Beefsteak, dans Covent-Garden.

LAMBERT (Charles-Guillaume), magistrat français, né en 1726, mort en 1793. Successivement conseiller au parlement et au conseil d’État, ce fut lui qui rédigea, sur le jugement de Lally, le rapport qui lit casser cet odieux arrêt. Lambert passa ensuite au conseil des finances, fit partie de l’Assemblée des notables en 1787, et devint peu après contrôleur général des finances. Il conserva ces fonctions jusqu’en 1790, où, dénoncé par le parti révolutionnaire, il donna sa démission. Trois ans plus tard, il fut arrêté à Sainte-Foy, où il s’était retiré, traduit au tribunal révolutionnaire de Paris et condamné à mort.

LAMBERT (Jean-Henri), savant philosophe et polygruphe, géomètre, physicien, astronome français, né à Mulhouse (Haut-Rhin)’ en 1728, mort à Berlin en 1777. Il appartenait à une famille protestante réfugiée, après la révocation de l’édit de Nantes, à Mulhouse, qui était alors une petite république dépendante de la Confédération helvétique. Son père était, d’ailleurs, chargé d’une nombreuse famille, qu’il nourrissait à grand’peine. Tout en travaillant avec son père, le jeune Lambert apprit presque seul à lire, reçut ensuite des leçons d’un pasteur de la ville, se mit à lire avec avidité tous les ouvrages qu’il put se procurer, et devint, à dix-sept ans, secrétaire d’Iselin, conseiller du margrave de Bade, qui demeurait à Bâle. Là, il étudia particulièrement la philosophie et les mathématiques. Chargé, en 1748, de diriger l’éducation des petits-fils du comte de Salis, il se rendit à Coire, eut à sa disposition une vaste bibliothèque, accrut considérablement ses connaissances, et se mit, dès cette époque, à écrire des mémoires pour des sociétés savantes, des articles pour des journaux suisses. En 1856, il partit avec ses élèves pour visiter l’Allemagne, la France, l’Italie, la Hollande, employa ses voyages à accroître ses connaissances et acquit un savoir véritablement encyclopédique. En 17.59, il quitta M. de Salis. Peu après., il se rendit à Munich, à l’appel de l’électeur Maximilien-Joseph II, qui le chargea de rédiger les statuts d’une Académie des sciences conçue sur le modèle dé celle de Berlin. En même temps, il reçut le titre de professeur honoraire et fut agrégé à l’Académie de Bavière. Lambert habita ensuite Augsbourg, puis Coire, fut employé dans un travail de démarcation de frontières entre le Milanais et les Grisons, et se rendit, en 1764, à Berlin, où sa réputation l’avait précédé. À cette époque, il avait publié plusieurs ouvrages remarquables et plusieurs Académies se l’étaient associé. Frédéric II lui fit un excellent accueil.

Quelques années auparavant, lors de son voyage en France, Lambert avait vu d’Alembert, qui l’avait assez mal accueilli, le prenant pour un amateur de science plutôt que pour un savant. D’Alembert l’avait assez

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froidement recommandé h Frédéric. Néanmoins, à la fin de l’année, le roi nomma Lambert académicien pensionnaire. Le nouvel académicien se fixa à Berlin, fut nommé, en 1770, conseiller supérieur des bâtiments, devint directeur des Epkémèrides de Berlin, et écrivit un grand nombre de mémoires pour l’Académie.

Lambert était fier de sa fortune scientifique et il en avait le droit ; mais il aimait trop les éloges, et il se les prodiguait lui-même jusqu’à se rendre ridicule. « Que savez-vous, lui demandait Frédéric II ? — Tout 1 — Comment l’avez-vous appris ? — De moi-même.

— Vous êtes donc un autre Pascal ? — Oui. »

Il aimait aussi à se distinguer par son accoutrement bizarre, parfois irrégulier : une veste gros bleu sous un habit écarla, e ; le chapeau sous le bras et des bottes ; son gros rire, son goût enfantin pour les bonbons, le vin doux ; les couleurs vives et uniformes. Comme on hésitait à le nommer membre de l’Académie : • Il y va de la gloire du roi, disait Lambert ; s’il ne me nommait pas à l’Académie, ce serait une tache dans son histoire. • Tant de suffisance n’excluait chez lui ni la science ni l’assiduité au travail. Il n’avait pas de style et ne pouvait quitter le ton de la dissertation. Aussi ses collègues étaientils obligés de rédiger ou d’amender ses ouvrages au point de vue de la diction. Cela n’empêchait pas Kant de tenir en haute estime celui que chez nous on appelait M. Lambert de Prusse. Il lui écrivit en 1770 : « Je vous tiens pour le premier génie de l’Allemagne, pour l’homme le plus capable de réformer les matières qui font mon occupation habituelle ; ■ et plus tard : « Je vous promets de ne pas laisser subsister une seule phrase qui ne vous semblerait pas entièrement évidente et vraie.» Kant, au moment où il lui adressait ces éloges, n’avait encore acquis aucune célébrité et devait tenir compte de la notoriété dont jouissait celui à qui il demandait des conseils.

Lambert a touché à. toutes les parties de la science et a laissé dans chacune des découvertes importantes. On lui doit les éléments de la théorie des angles imaginaires qu’il réalisait sous forme de secteurs d’hyperbole équilatère. Un angle a. correspond à un secteur circulaire dont l’aire est - et un an-2

gle g v’ — 1 à un secteur hyperbolique dont

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1 aire est-. Lambert avait transporté du cercle à l’hyperbole équilatère les formules relatives à l’addition ou à la soustraction, à la multiplication ou à la division des angles imaginaires ; il avait même calculé les termes d’une table des sinus, cosinus et tangentes des angles imaginaires, destinée à la pratique de sa trigonométrie hyperbolique. Ces recherches neuves et intéressantes avaient été presque oubliées, ou, du moins, n’étaient restées que comme objets de curiosité ; elles ont été complétées récemment par M. Marie, qui en a fait la base d’une théorie de la courbure des courbes imaginaires. Lambert voyait les angles réels au centre du cercle, et les angles imaginaires au centre de l’hyperbole équilatère ; mais il ne savait pas réunir les deux parties d’un angle en partie réelle et en partie imaginaire. Cette lacune imprimait à sa théorie un caractère d’exception arbitraire qui a pu en retarder l’acceptation ; du reste, elle n’avait pas d’application pratique, et ne pouvait, en conséquence, être reçue qu’à titre de remarque curieuse.

Le Traité des comètes contient un grand nombre de propriétés remarquables des coniques. On y trouve surtout le théorème qui a été heureusement utilisé par Olbers : « Si, dans deux ellipses ayant même grand axe, on prend deux cordes égales, telles que les sommes des rayons vecteurs correspondant à leurs extrémités soient égales, les secteurs compris entre ces rayons vecteurs seront comme les racines carrées des paramètres. » Ce théorème convient aussi aux secteurs d’hyperboles de même axe transverse.

L’accélération du mouvement de Jupiter et le ralentissement correspondant de Saturne, qui ont été expliqués plus tard par Laplace, faisaient le désespoir des astronomes ; les erreurs des tables montaient à 22’pour Saturne et à 8’ pour Jupiter. Lambert donna une formule empirique qui réduisait ces erreurs à 4’. « Ce fut, dit Delambre, un véritable service rendu aux astronomes. »

La Photométrie de Lambert était remplie d’expériences neuves sur la proportion de lumière réfléchie et réfractée sous diverses incidences par le verre, sur la déperdition de la lumière dans son passage à travers l’atmosphère, etc.

Outre ses ouvrages, Lambert a publié, dans le recueil de l’Académie de Berlin, une foule de mémoires sur toutes sortes de sujets scientifiques ; un, entre autres, traite avec sagacité des moyens les plus avantageux d’employer la force musculaire de l’homme. Lambert y faisait déjà la considération du travail dynamique, sous la forme du produit de la vitesse par l’effort, et il introduisait judicieusement la question du maximum de rendement, en tenant compte de la fatigue du travailleur et des interruptions nécessitées par chaque mode d’application dosa force.

Lambert a montré dans toutes ses recherches une grande sagacité, une habileté remarqua LAMB

ble d’expérimentateur ; mais ce dont on doit le louer surtout, c’est d’avoir su, dans chacun de ses travaux, conformer les moyens employés à la nature de la question à résoudre. C’est le talent le plus rare et sans lequel les plus grands efforts n’aboutissent souvent qu’à de déplorables échecs. Appliquer le calcul à des théories que l’expérience n a pas suffisamment préparées, ou l’expérience à des recherches qui peuvent déjà supporter l’analyse, sont des erreurs trop communes pour qu’il ne soit pas utile de faire ressortir les exemples contraires.

Les trois ouvrages qui ont surtout contribué à fonder la réputation du célèbre académicien de Berlin sont : les Lettres cosmologiques (Augsbourg, 1781, in-8o), le Nouvel Organon (Leipzig, 1703, 2 vol. in-8o) et Y Architectonique. Les Lettres cosmologiques sont un tableau physique de l’univers, conçu dans l’esprit du^xvnic siècle ; le Nouvel Organon et YArchiteclonique contiennent de même une analyse des facultés humaines et des connaissances morales au point de vue de la philosophie de Condillac. Les Lettres, cosmologiques devaient être, dans l’intention de Lambert, une suite aux Entretiens sur la pluralité des mondes de Fontenelle. Il s’excuse de ne pouvoir atteindre à l’élégance de forme de Fontenelle ; il essaye, néanmoins, de suppléer aux grâces de la diction parla simplicité. Ses hypothèses sur la chaîne sans fin des systèmes planétaires, conçues d’après-les idées de Newton sur la gravitation, sont une exposition lourde et monotone des découvertes et des principes modernes en astronomie et en physique. L’auteur plonge à perte de vue dans « l’audelà sans limites, le continue ! plus ultra. » Il aurait fallu une autre imagination que la sienne pour animer cet inconnu sans bornes. Il admet l’existence d’un être suprême, L’astronomie, « la première des sciences en étendue et en durée, » lui parait une preuve palpable de cette existence de Dieu. Mérian traduisit l’ouvrage en français (1770) sous le titre de Système du monde, que le public confondit avec le Système de la nature, du baron d’Holbach, quoique le sujet des deux œuvres fût différent et leur tendance tout à fait contradictoire.

Le Nouvel Organon ou Pensées sur la recherche et la désignation de la vérité, ainsi que sur la différence entre l’erreur et l’apparence, a quatre parties : la Lianoiologie, l’Alétholéogie, la Sémiotique et la Phénoménologie, noms prétentieux que l’usage n’a pas consacrés. La Dianoiologie est une méthode de logique qu’il aurait mieux valu appeler par son nom ; YAléthéologie, un cours de métaphysique ; la Sémiotique, un cours de grammaire générale, et la Phénoménologie, une méthode propre à distinguer la vérité de ce qui en a l’apparence.

L’Architectonique ou Théorie du simple et du primitif dans la connaissance philosophique et mathématique est un traité d’ontologie, écrit dans un genre que l’école moderne de Hegel et de Fichte a illustré. Il se compose de quatre parties. Dans la première, il est question de Youtotogie scientifique ou des attributs essentiels de l’être ; ce sont l’existence, l’étendue, la durée, la solidité, la force, l’unité, etc. La seconde est une étude de l’idéal ; par idéal, l’auteur entend l’abstraction rationnelle. Dans la troisième, il s’agit du réel ou du concret et des rapports des choses concrètes avec les choses abstraites, des substances avec les signes par lesquels on les désigne. La quatrième partie est une théorie des sciences exactes considérées dans leurs premiers principes, c’est-à-dire l’unité, la divisibilité, le fini et l’infini examinés au point de vue de la quantité.

Lambert est, à certains égards, le père de Kant et deHegel. La comparaison de son Nouvel Organon et de son Architeclonique avec la Critique de la raison pure offrirait des rapprochements curieux, et notamment une

preuve de tout ce que Kant lui doit. Il avait lui-même puisé dans Leibnitz une part notable de ses principes.

Outre les ouvrages précités, nous mentionnerons : Propriétés les plus remarquables de la rouie de la lumière (La Haye, 1759) ; la Perspective libi-e (Zurich, 1759-1773, 2 vol.) ; Photometria (Augsbourg, 1760, in-8o) ; Insigniores orbils cometarum proprietales (Augsbourg, 1761) ; Echelles logarithmiques (Augshourg,1761) ; Supplemeuta iabularum logarithmicarum (Berlin, 1770) ; Remarques suites forces de la poudre (Berlin, 1770) ; Hygrométrie (Augsbourg, 1770) ; Mélanges de mathématiques (Berlin, 1765-1772, 4 vol. iu-S°), recueil de mémoires ; Pyrométrie (Berlin, 1772) ; Dissertations logiques et philosophiques (Berlin, 1787, 2 vol.), etc.

LAMBERT (Bernard), également connu sous le nom de La Plaigne, théologien fiançais, né en Provence en 1738, mort à Paris en 1813. Il entra dans l’ordre des dominicains, professa la théologie à Carcassonne et à Limoges, se signala comme un des plus chauds adversaires de la bulle Unigenitus, et se vit contraint, pour ce motif, de renoncer à l’enseignement. Lambert se retira alors à Grenoble, puis fut appelé à Lyon par l’archevêque de cette ville, qui partageait ses doctrines. S’étant ensuite rendu à Paris, il en fut chassé par l’archevêque de Beaumont ; toutefois, il obtint d’y revenir à condition de changer de nom et de ne plus s’occuper de controverses religieuses Lambert ne tint aucun compte de

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cette dernière injonction et continua à écrire en faveur des doctrines jansénistes. On l’a accusé à tort de millénarisme ; mais on lui a reproché avec raison d’avoir vanté les excentricités des. convulsionnaires du cimetière Saint-Médard. Ses principaux ouvrages sont : Apologie de l’état religieux ; Idée de l’œuvre des secours selon les sentiments de ses légitimes défenseurs (1786, in-8o) ; Lettres aux ministres de la ci-devant Église constitutionnelle (1795-1796) ; Remontrances au gouvernement français sur les avantages d’une religion nationale (1801) ; Exposition des prédictions et des promesses faites à l’Église pour les derniers temps de la gentilité (1806, 2 vol.) ; la Pureté du dogme et de la morale vengée (1808, in-S°).

LAMBERT (Pierre- Thomas), théologien français, né à. Lons-le-Saunier en 1751, mort en 1802. Il appartint d’abord aux congrégations de Saint-Joseph et du Mont-Valérien, sut mériter l’estime de MKr de Beauvais, ancien évêque de Senez, qui le chargea de diriger l’impression de Yurator sacer, ouvrage destiné à former les jeunes prédicateurs, et, par la protection de ce prélat, devint, en 1790, confesseur du duc de Penthièvre, puis de la duchesse d’Orléans. Proscrit par In Kô> volution, il voulut quitter la France, fut arrêté et enfermé à la prison de Besançon, d’où il parvint à s’évader, et se réfugia alors en Suisse. En 1797, il obtint la permission de rentrer en France, dut s’éloigner de nouveau après le 18 fructidor, et, après avoir rempli, en Allemagne, auprès du comte de Provence une mission de la princesse de Conti, alla rejoindre en Espagne la duchesse d’Orléans, qu’il ne quitta plus jusqu’à sa mort. On a de lui : Oratorsacer (Paris, 1787 et années suiv.), dont l’impression fut arrêtée par la Révolution ; Mémoires de famille, historiques, littéraires et religieux (Paris, 1822, in-8<>). Il avait écrit plusieurs autres ouvrages, dont il confia les manuscrits à un de ses amis, avant de partir pour l’exil ; mais le dépositaire, craignant une perquisition domiciliaire, brûla la caisse qui renfermait les papiers de l’abbé Lambert et anéantit ainsi les travaux de la plus grande partie de sa vie.

LAMBERT (Louis-Amable-Victor), prédicateur français, né à Cherbourg en 1766, mort à Poitiers en 1831. À l’époque de la Révolution, il était précepteur des fils de M. de Juigné, frère de l’archevêque de Paris. Il suivit alors ses élèves dans l’émigration, entra chez les Pères de la foi en Allemagne, et s’acquit de la réputation par son talent oratoire et surtout par le zèle avec lequel il prodiguait ses soins aux prisonniers de guerre, particulièrement aux Français. De retour en France en 1802, il s’y adonna avec succès à la prédication et devint grand vicaire de Poitiers. On a de lui des Oraisons funèbres de Louis XVIII (1824), de Françoisd’Aviau, archevêque de Bordeaux (1S27), de MM. de La liochejaquelein, généraux en chef de l’armée vendéenne (1828), etc.

LAMBERT (Édouard), archéologue français, né à Saint-Lo en 1794. Il est devenu conservateur de la bibliothèque de Bayeux, et membre de plusieurs sociétés savantes. M. Lambert est très-versé dans les matières d’art et d’antiquité. Il a publié, outre un grand nombre de mémoires et de notices dans le Recueil de la Société des antiquaires, de Normandie, un Essai sur la numismatique gauloise du nord-ouest de la France (1845-1864,2 parties, in-4").

LAMBERT, duc d’Emyrnb, négociant français, né à Nantes vers 1820, mort en 1S73. 11 alla, vers 1850, s’établir à l’Ile Maurice, où il se livra, sur une immense échelle, à la culture de la canne à sucre. Profitant de l’extension de ses affaires, il établit un service de bateaux à vapeur entre les lies Maurice et de la Réunion, Aden et Suez, et fit de fréquent voyages à Madagascar, où l’héritier présomptif du trône, le prince Rakoto-Radama, élevé lui-même par un Français, l’accueillit avec la plus grande bienveillance, et se fit initier par lui à la civilisation européenne, qu’il se proposait d’introduire plus tard dans son île. À peine arrivé au troue (1861), ce prince appela M. Lambert à Madagascar, le créa duc d’Einyrne, premier

ministre, et lui donna, en toute propriété, d’immenses terrains, couverts de bois, et où se trouvaient en abondance des mines de houille et de métaux précieux. Il le chargea ensuite d’aller, comme ambassadeur, notifier aux cours de Paris et de Londres son avènement au trône, et de se rendre à Rome, pour y obtenir du souverain pontife des missionnaires et des religieuses, destinés à propager la religion catholique dans son royaume. M. Lambert s’acquitta avec le plus grand zèle de cette mission, et adressa à tous les gouvernements européens une note pour les informer que le royaume de Madagascar était ouvert au commerce de toutes les nations, ainsi qu’à tous les Européens qui voudraient s’y établir, soit comme négociants, soit comme colons. Le gouvernement français accueillit avec bienveillance M. Lambert, à l’initiative duquel étaient principalement dues les innovations progressives du roi Radama II, et mit à sa disposition un transport à vapeur, sur lequel l’ambassadeur revint à Madagascar, emmenant avec lui des missionnaires et des religieuses pour fonder des hospices et des écoles dans l’île. Mais,