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S’atteindre, v. pr. Se frapper, se blesser soi-même : Je me suis atteint à la tète. Mon cheval s’était atteint au genou. En voulant atteindre.son adversaire, il s’est atteint lui-même, u Se frapper, se toucher mutuellement : Les deux adversaires s’atteignirent chacun d’une balle.

— Antonyme. Manquer.

— Gramm. La distinction entre atteindre, verbe transitif, et atteindre, verbe intransitif, est assez délicate, et il arrive souvent qu’on peut employer l’un ou l’autre à volonté saris blesser la langue. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y ait alors aucune différence dans le léhs1 ; il est certain, an contraire, qu’il existe toujours’unénuance facile à distinguer entre atteindre suivi d’un complément direct et le même verbe suivi d’un complément’indirect. Ainsi, l’Académie donne les deux exemples, atteindre son but et atteindre au but, mais elle ne dit nullement que ces deux expressions soient équivalentes : on atteint son but quand, par la marche ordinaire des choses, par la continuité même d’actions tendant naturellement à ce but, on y arrive ; au contraire, on atteint au but quand un dernier effort, plus puissant que tous les efforts antérieurs, nous yporte par une espèce de saut ou au moins par un mouvement plus ou moins prononcé. Pour nous résumer, atteindre suivi d’un complément direct n’exclut pas absolument l’effort, mais il ne suppose qu’un effort modéré, habituel, peu sensible ; au-lieu que atteindre suivi d’un complément, indirect suppose toujours un effort spécial en vue de vaincre une difficulté ; qui apparaît surtout quand on est près du but.

ATTEINT, EINTE (a-tain, ain-tel part. pass. du v. Atteindre. Frappé d’un, cnoc ou d’un projectile : Atteint d’une balle. Atteint d’un coup de bâton, d’un coup d’épée.

Déjà du plomb fatal plus d’un brave est atteint.

Boileau.

Mortellement atteint d’une flèche empennée, Un oiseau déplorait sa triste destinée.

La Fontaine.

|| Joint dans sa marche : Les ennemis, qui fuyaient, ont été atteints par la cavalerie.

— Par ext. Attaqué, affligé d’un mal -.-Être atteint d’une maladie. Être aWéint de la goutte. Elle était atteinte de folie. Plusieurs contrées furent atteintes’ de ce fléau. (Acad.) Athènes’fut encore une fois atteinte de la peste : (Bàrthél.) La préoccupation de cet homme était si grande qu’il acceptait la maladie mortelle dont sa femme était atteinte comme une simple indisposition. (Balz.) il Sujet, victime, tourmenté : Être atteint d’une manie ridicule. (Acad.) Dieu n’a pas été aussi indulgent que vous l’êtes pour 'jwus,’ 'et nous sommes atteints par un malheur irréparable. (Balz.) En se sentant atteinte, dans sa vie même, par cette dernière scène, aile portait ses regards jusque dans l’avenir. (Balz.)

On ne sait pas les maux dont mon coeur est atteint.

Corneille.

De mortelles frayeurs je sens mon âme atteinte.

Molière.

Je sais de quel remords son courage est atteint.

Racine.

De quel trouble nouveau tous mes sens sont atteints.

Voltaire.

Vît-on jamais une âme, en un jour, plus atteinte De joie et de douleur, d’espérance et de crainte ?

Racine.

|| Qui éprouve les effets d’une action dirigée contre lui : Si la fable trace des leçons, c’est d’une main si légère que l’orgueil n’en est pas' atteint. (Bailly.) Le courage peut tout supporter quand le moral seul est atteint, (M « ie Campan. n Epris d’amour :

Qui vous a dit que j’ai pour elle l’âme atteinte ?

Molière.

Un amant bien épris doit se mettre à la diète, Ou s’il mange, du moins doit manger en cachette.

E. Augier.

— Jurispr. Être atteint et convaincu, Être coupable de fait et déclaré coupable en droit : Être atteint et convaincu d’un crime, il A été employé familièrement, dans le langage commun : La maladie dont il kst manifestement atteint et convaincu… (Mol.) À la suite d’une discussion politique très-violente, deux adversaires se rendirent sur le pré. On se battit au pistolet, et l’un des combattants, ayant été blessé, s’écria : « Je suis atteint, niais je ne suis pas convaincu.

ATTEINTE s. f. (a-tain-te — rad. atteindre). Coup dont on est atteint, dont on est frappe : Une légère atteinte. Une rude atteinte.

Mais Dieu, du coup mortel, sut détourner l'atteinte.

Racine.

Cependant, Sarpédon, d’une atteinte mortelle A déjà vu frapper son écuyer Adèle. Aignan

Quand voyant l’âme même à son antre accourir : Ah ! c’est trop, dit-il, je voulais bien mourir : Mais c'est mourir deux fois que souffrir les atteintes.

La Fontaine.

— Par ext. Dommage matériel, altération physique : Les atteintes du feu. Les atteintes de l’hiver. Ma santé a éprouvé de cruelles atteintes. Nos vignobles se sont ressentis des atteintes de la gelée. [Acad.) Cette mesure de police porte atteinte aux droits des propriétaires. (Acad.) Les jeunes pousses doivent être à l’abri des atteintes du bétail. (Littré.)

Je cueille avec plaisir cent et cent fleurs nouvelles Qui braveront du temps les atteintes cruelles.

Mme Desmoulières.

|| Se dit particulièrement des effets nuisibles


produits sur la santé : Une atteinte de goutte, de paralysie. Il a déjà eu quelques atteintes. (Acad.) Il avait déjà ressenti les atteintes de la maladie dont il est mort. (Boss.) Ces fréquentes atteintes de mort qui ne l’approchaient, ce semble, des portes du tombeau que pour lui faire voir déplus près la fragilité du monde. (Mass.) Dans les premières atteintes de la peste, l’âme perdait ses forces. (Barthél.)

D’abord il a tenté les atteintes mortelles Des poisons que lui-même a crus les plus fidèles.

Racine.

|| Préjudice moral, coup porté à quelqu’un dans ce dont il jouit ou a quelque chose dans les qualités qui lui sont propres : Sa réputation a reçu une cruelle atteinte. Il est vrai que j’aurais pu lui donner de fortes atteintes. (Boss.) Ces avantages n’ont pu donner atteinte à sa modestie. (Boss.) Sa bonne foi ne reçut jamais la moindre atteinte. (Boss.) Dieu a réservé à son Écriture une marque de divinité une grande atteinte aux vices que de les exposer à la risée de tout le monde. (Mol.) Dès que la vérité est en concurrence avec quelques-unes de nos passions, et qu’il faut leur donner at* teinte en se déclarant pour elle, nous l’abandonnons. (Mass.) Nos délassements doivent avoir je ne sais quoi de décent, de réservé, de sérieuxj qui ne donne aucune atteinte à la modestie sacerdotale. (Mass.) Le dérèglement des mœurs et de l’imagination ne donne point atteinte à la franchise, à la bonté naturelle du Français. (Duclos.) Un crime sans châtiment serait une atteinte aux desseins de la Providence. (Foissac.) Une atteinte portée à la liberté en appelle d’autres. (B. Oonst.) Sa réputation n’a jamais souffert la moindre atteinte. (E. Sue.) L’envie,.la paresse, l’intempérance portent atteinte à la liberté, et altèrent ta dignité de la nature humaine. (V. Cousin.) if Impression vive, et particulièrement cruel déplaisir : J’en ai reçu une atteinte mortelle. Ces nouvelles m’ont.donné une cruelle atteinte. (Mol.) Le cœur en reçoit des atteints si fâcheuses, qu’il est presque impossible qu’il ne tombe dans la langueur. (Rancé.)

Enfin je vous vois libre, et je puis sans contrainte
De mes vives douleurs te faire voir l’atteinte.

Corneille.

De cet amas d’honneurs la douceur passagère
Fait sur mon cœur à peine une atteinte légère.

Racine.

Et portant à mon cœur des atteintes plus rudes,
Me fait un long récit de ses ingratitudes.

Racine.

Quoi ! toujours votre cœur, occupé de ses craintes,
Du moindre événement recevra des atteintes !

Ducis.

|| Tourment amoureux, mal d’amour ; état d’une personne éprise :

Alcandre, au silence des bois, Témoignait ses vives atteintes.

Malherbe.

Allons donc l’affranchir de ses frivoles craintes,
Lui montrer de mon cœur les sensibles atteintes.

Corneille.

|| Ce sens a vieilli.

— Art vétér. Coup, plaie, au paturon, à la couronne ou au boulet, qu’un cheval se donne lui-même avec ses fers, ou qu’il reçoit des chevaux qui marchent près de lui ou de toute autre manière : Ce cheval se donne des atteintes. Prenez garde que votre cheval ne donne des atteintes au mien. (Acad.)

— Jeu. Au jeu de bague, action de toucher la bague sans l’emporter : En trois courses qu’il a faites, il a eu deux atteintes. (Acad.)

Hors d’atteinte, lac. adv. Dans l’impossibilité d’être atteint : Sa personne est maintenant hors d’atteinte. Ma probité a toujours été hors d’atteinte. Le fugitif est maintenant hors d’atteinte. (Acad.)

… Le captif est hors de votre atteinte :
Lorsque ses chevaliers ont quitté cette enceinte,
Il était dans leurs rangs

C. Delavigne

|| Inattaquable, à l’abri de tout préjudice ou de toute action nuisible : Je soutiens que ce décret, devant les gens modérés, est hors d’atteinte. (Boss.) C’est tout ce qu’il y a de mieux établi et de plus hors d’atteinte à l’incrédulité sur la terre. (Mass.)// faut que, retranché dans le droit sacré du sacerdoce, l’évêque soit hors d’atteinte aux traits de l’ambition, (Mass.)

Aminte,
En femme sage, honnête et hors d’atteinte.

La Fontaine

Epithètes. Soudaine, imprévue, subite, inattendue, sûre, certaine, inévitable, rude, cruelle, meurtrière, mortelle, faible, légère, adroite, habile, fine, déguisée, fausse, détournée, perfide. —

Encycl. Art vét. On désigne sous le nom d’atteinte, en médecine vétérinaire, les contusions, avec ou sans plaie, qui existent, chez le cheval, aux régions du paturon et de la couronne. Les atteintes sont la conséquence ordinaire des coups que l’animal se donne en marchant, de ceux qu’il reçoit, des autres, enfin, du heurt et des pressions produites par les corps résistants qui peuvent se rencontrer à la surface du sol.

D’après leur gravité, on divise les atteintes en légères et en graves ; et, d’après leur siège, on distingue les atteintes encornées, parce que la partie de la peau contusionnée est recouverte par le bord supérieur du sabot, et les atteintes situées sur la couronne et le paturo-Les atteintes légères ne sont qu’une inflamma-


tion superficielle et circonscrite de la peau les atteintes graves peuvent revêtir trois formes, qui les font distinguer sous les noms d’atteinte furonculeuse, d’atteinte gangreneuse et d’atteinte phlegmoneuse. Les atteintes graves peuvent se compliquer, suivant leur siège, de nécrose des tendons, des ligaments, des fibro-cartilages des phalanges, de la carie des os, et de l’ulcération de leurs articulations ; enfin, les atteintes encornées peuvent produire la déformation de la boite cornée. Les atteintes furonculeuses sont moins graves que les atteintes gangreneuses, mais les atteintes phlegmoneuses sont beaucoup plus dangereuses, parce qu’elles entraînent fatalement les plus grands désordres, non-seulement de la peau, mais encore de l’appareil fibreux annexé aux phalanges. Le traitement consiste, immédiatement après l’action de la cause contondante, a recourir aux réfrigérants d’une manière continue, pour prévenir l’inflammation ou en atténuer les effets. Lorsque l’inflammation est déclarée, on met en usage les topiques émollients sous forme de bains et de cataplasmes. L’usage de ces topiques peut ne pas suffire lorsque l’atteinte est encornéé ; on est souvent obligé, dans ce cas, pour empêcher la compression de la corne sur le bourrelet, d’amincir la paroi dans une étendue proportionnelle à la tumescence des parties. Lorsque les plaies sont étendues, oh active la cicatrisation, soit en.nivelant les bourgeons charnus à l’aide du bistouri, soit en cautérisant avec le feu ou les autres caustiques. Quant aux atteintes phlegmoneuses, il est à propos d’ouvrir au pus une voie qui lui permette de s’écouler à mesure qu’il se forme ; on prévient ainsi les décollements de l’ongle, que la fusion du pus autour des phalanges tend à produire.

ATTEL s. m. V. Attelle.

ATTÉLABE s. m. (a-té-la-be ^du gr. attelabos. escarbot). Entom. Genre do coléoptères tétramères, formé aux dépens des charançons, et ayant des mœurs analogues.

Encycl. Les naturalistes ne sont pas d’accord sur l’étendue de ce genre. Linné a, le premier, employé ce nom emprunté à Aristote. Il réunissait dans le genre attèlabe plusieurs sortes de coléoptères fort différents de mœurs et d’organisation. Aujourd’hui, ce genre a été restreint aux espèces qui présentent les caractères généraux suivants : point de labre apparent ; palpes très-petites, coniques ; antennes droites de onze articles, dont les trois derniers forment une masse perfoliée. Trompe courte, large, dilatée au bout ; point de cou apparent ; mandibules fendues k leur extrémité ; jambes terminées par de forts crochets. Ce genre, ainsi circonscrit, comprend quarante.et une espèces partagées en deux groupes, et qui se nourrissent toutes aux dépens des végétaux. Les larves de Vatiélabe sont apodes, molles, blanchâtres, ramassées ; leur ventre est garni de petites excroissances charnues, lubrifiées par une humeur visqueuse, et paraissant lui tenir lieu de pattes. Les attélabes passent dans cet état environ deux mois, pendant lesquels ils changent plusieurs fois de peau. C’est alors qu’ils commettent leurs plus grands ravages. Les uns s’enfoncent dans l’intérieur des jeunes tiges ou des fruits, les autres vivent dans des feuilles qu’ils enroulent autour d’eux avec un art merveilleux. Leur tête écailleuse, munie de fortes mâchoires, pénètre partout, dans les jeunes bourgeons, dans les fruits et jusque dans les graines des céréales. Après avoir acquis tout leur développement, les larves se filent une coque, tantôt simplement de soie, tantôt composée d’une matière résineuse plus solide, ou elles se transforment en nymphes pour devenir enfin insectes parfaits. La plupart des espèces dont se compose le genre des attélabes sont exotiques ; celles qui, dans nos climats, font le plus de tort à l’agriculture, sont l’attélabede la vigne etl’altéïabe des arbres fruitiers. Ces deux espèces sont principalement connues des vignerons et des jardiniers, dont elles déjouent presque toujours la surveillance.

L’attélabe de la vigne comprend Xattélabe vert, remarquable par sa belle couleur vert doré, et l’attélabe cramoisi, qui a la même couleur que le précédent, mais avec des reflets rougeàtres. Les vignerons leur donnent indistinctement les noms de urbère, urbée, diableau, bêche lisette, velours vert, dest’raux.

Après l’attélabe de la ble est l’attélabe des communément attèlabe des pommes. Il attaque surtout les pommes, qu’il fait tomber, lorsqu’elles sont nouées, en coupant leur pédoncule. Ses larves pénètrent ensuite dans les fruits et les rendent véreux.

ATTÉLABIDE adj. (a-té-la-bi-de — de attèlabe, et du gr. eidos, aspect). Division établie par Schœnhen dans la famille des curculionides, et comprenant, non-seulement le genre des attélabes, mais encore les genres apodère, rhynchite et ptérocole.

Les attélabides présentent les caractères fénéraux suivants : rostre ou bec subcylinrique, détléchi, souvent filiforme, ou dilaté à son extrémité ; tête allongée, derrière onze ou douze articles— élytres presque carrées, extrémité de l’abdomen découverte, il s. m. pi. Tribu de la famille des curculionides ou charançons, ayant pour type le genre attèlabe.


ATTÉLABITE adj. (a-té-la-bi-te — rad. attèlabe,). Entom. Groupe de la famille des curculionides, ainsi désigné par M. Delaporte, qui lui donne pour caractères : rostre long, presque cylindrique, allongé, plus ou moins arque ; corps ovalaire.

ATTELABLE adj. (a-te-la-ble — rad. atteler). Qui peut être attelé : Cheval attelable.

ATTÉLABOÏDE adj. (a-té-la-bo-i-de — du fr. attèlabe, et du gr. eidos, ressemblance). Entom. V. Attelabide.

ATTELAGE s. m. (a-te-la-je — rad. atteler). Action ou manière d’atteler des bêtes de somme : S’entendre à /’attelage. Voilà un attelage promptement fait. Bien n’est sincère à Paris, ni les visages, ni les toilettes, ni les dîners à trois services, ni les nombreux domestiques, ni les attelages. (Edm. Texior.)

— Par ext. Bêtes de somme, bœufs, chevaux, etc., employés ensemble à tirer la charrue, traîner une voiture : /.’attelage d’un fermier, d’un routier. Ce cultivateur n’a pas moins de dix attelages. L’attelage de quatre chevaux que le paysan pousse en avant est maigre, exténué. (G. Sand.^ Il nous faut donner ici du reposa notre attelage. (G. Sand.) Le cocher fouetta son attelage. (E. Sue.) Pas l’apparence d’habitation humaine ; pas même un attelage de buffies charriant des pierres. (Th. Gaut.) Pouchàn est le soleil vainqueur des ténèbres et des nuages ; la poésie lui donne des chèvres pour attelage. (A. Maury.)

Femmes, moine, vieillards, tout était descendu : L’attelage suait, soufflait, était rendu.

La Fontaine.

|| Se dit particulièrement d’une ou plusieurs paires de chevaux appareillés pour être attelés à un carrosse, à une voiture de luxe : Un bel attelage. Un attelage bien assorti. Il lui est mort un des plus beaux chevaux de son attelage. (Acad.). Cet ambassadeur avait à son entrée six beaux attelages. (Trév.)

Attelage à la Daumont, Mode spécial d’accoupler et de conduire les cevaux de luxe. V. Daumont.

— Par dénigr. Assemblage, association :

Trois poulets d’Inde avec monsieur Feraient un fringant attelage. Vadé.

||Inus.

Encycl. Agr. et écon. rur. Peu de questions présentent autant d’intérêt, au point de vue agricole et économique, que la question des différents modes d’attelage ; aucun sujet n’a donné lieu il plus de controverses : on a cherché d’abord à savoir lesquels, des chevaux ou des bœufs, méritent la préférence pour les travaux de lagrande culture ; on s’est demandé ensuite lequel valait mieux, atteler les bêtes bovines au collier ou les atteler au joug ; enfin, on s’est préoccupé du nombre Se chevaux qu’il convenait d’employer pour chaque attelage, et, par suite, de la construction des voitures.

Vaut-il mieux employer les chevaux pour les travaux de la grande culture, ou est-il préférable de se servir des bœufs ? La question, ainsi posée, a été résolue de bien des façons, mais toujours à un point de vue trop général, trop théorique, par conséquent, exclusif et peu pratique. Aujourd’hui, enfin, on semble avoir compris que résoudre, en théoricien, une question de ce genre, ce n’est pas la résoudre, mais vouloir appliquer k tous les pays une règle particulière à la contrée, à la province ou à la localité que l’auteur a eu en vue dans son étude. Cette manière de procéder a donné lieu à de funestes erreurs, capables de causer aux agriculteurs des pertes considérables. Sans avoir la prétention d’indiquer des règles générales là où il n’en peut exister, nous nous bornerons à guider le choix du cultivateur dans les. différentes circonstances qui peuvent se produire.

Si l’on s’arrête à considérer en particulier chacune des deux espèces d’animaux qui nous occupent, on reconnaît que l’allure du cheval est plus vive, qu’il a plus d’élan pour surmonter un obstacle imprévu, et qu’il peut présenter par conséquent, en moins de temps, la même somme de travail, avantage précieux surtout à l’époque des grands travaux de l’ensemencement ou de la moisson. D’un autre côté, le travail du bœuf est plus égal, plus continu ; sa nourriture n’a pas besoin d’être aussi choisie. Il ne se rebute pas comme le cheval, il se tient mieux sur les terrains en pente et les mauvais chemins ; enfin, après plusieurs années d’utiles et laborieux services, il peut se revendre plus cher quelquefois qu’il n’a coûté. Des deux côtés, comme on le voit, les avantages sont balancés ; ce ne peut donc être que d’après les circonstances locales que l’on doit déterminer dans quels cas l’usage des chevaux ou celui des bceuis est k préférer.

Dans les pays où les pâturages sont abondants, où les travaux se trouvent à peu près également répartis entre les saisons de l’année, ou les terres sont en pente, les chemins difficiles, les bœufs sont en état de rendre plus de services que les chevaux. De même encore, la lenteur du bœuf, combinée avec sa force, le rend très-propre aux travaux durs et pénibles qui exigent une résistance constante et uniforme, tels que les labours profonds dans les terrains durcis, ou les charrois sur des pentes escarpées. Enfin, l’usage des bœufs est préférable pour tous les travaux où il faut développer une grande force. D’autre, part, on doit donner la préférence au cheval dans