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ATM — ATO


la lune, et l’atmosphère deviendrait lunaire. Mais il y a bien d’autres causes qui peuvent limiter, et qui limitent en effet, la hauteur de l’atmosphère terrestre : cette hauteur ne sera peut-être jamais connue d’une manière précise ; cependant les savants se sont souvent occupés de la question, et nous allons faire connaître sommairement les éléments qui leur ont paru les plus propres à la résoudre.

Si la densité de l’air restait la même à toutes les hauteurs, la solution n’offrirait aucune difficulté. Puisque, en moyenne, la colonne du mercure se soutient à une hauteur de 76 centimètres dans le tube barométrique, nous savons que la colonne d’air, tout entière, doit avoir un poids égal à celui d’une colonne de mercure de même base et haute de 76 centimètres ; or l’air, tel qu’il est à la surface de la terre, pèse 10470 fois moins que le mercure ; donc la colonne atmosphérique devrait être 10470 fois plus élevée que celle du mercure, ou, en d’autres termes, la hauteur de l’atmosphère devrait être égale à 10470 x 76 = 795720 centimètres, c’est-à-dire qu’elle serait à peu près de 7,957 mètres. Mais, à mesure qu’on s’élève dans l’atmosphère, la densité de l’air diminue ; c’est une conséquence nécessaire du principe connu sous le nom de loi de Mariotte. Car une masse d’air, prise en un point quelconque, supporte toujours la pression de l’air supérieur ; près de la terre, cette pression est égale au poids d’une colonne d’air ayant pour hauteur celle de l’atmosphère elle-même, 100 mètres plus haut la colonne supérieure pèse moins puisqu’elle a 100 mètres de moins ; à 1000 mètres, la colonne supérieure est considérablement raccourcie et son poids diminue d’autant ; dès lors la masse d’air, moins comprimée, est nécessairement moins dense. Si la densité de l’air allait diminuant selon une loi bien constante et bien connue, rien n’empêcherait encore de calculer la hauteur de l’atmosphère d’après son poids révélé par l’élévation du mercure dans le baromètre ; mais l’abaissement de température, observé par tous ceux qui se sont élevés dans l’air, est une cause qui doit influer considérablement sur sa densité, puis la force centrifuge due au mouvement de rotation de la terre doit aussi produire des effets sur lesquels nous ne pouvons que faire des conjectures ; il a donc fallu chercher d’autres moyens d’évaluation, et plusieurs physiciens ont cru les trouver dans l’observation de la lumière crépusculaire.

On sait que le phénomène du crépuscule se produit lorsque les rayons lumineux émanés du soleil viennent frapper les couches supérieures de l’atmosphère et sont réfléchies vers la terre ; on sait aussi que la fin du crépuscule arrive quand le soleil est descendu à 18 degrés au-dessous de l’horizon : ces données ont servi de base à des calculs que nous ne pouvons rapporter ici, et qui démontrent que les couches supérieures ne peuvent guère dépasser la hauteur de 70,000 mètres. D’après M. Biot, ce chiffre doit même être réduit à 47,000 mètres : et MM. Humboldt et Boussingault prétendent qu’il faut descendre à 43,000.

Température de l’atmosphère. Nous venons de dire que la température de l’air décroît à mesure qu’on s’élève au-dessus du niveau de la mer. Nous devons ajouter que cette décroissance est beaucoup moindre en hiver qu’en été, et que, d’après des observations qui paraissent très-dignes de foi, on est presque autorisé à penser que, dans les régions élevées de l’atmosphère, il ne doit y avoir que très-peu de différence entre l’été et l’hiver. Martins, dans les expériences qu’il a faites sur le mont Ventoux, en Provence, a reconnu qu’en été la température décroît d’un degré centigrade par 129 mètres d’élévation, tandis qu’en hiver il faut, pour obtenir le même résultat, s’élever de 168 mètres.

Pesanteur de l’atmosphère. Supposons un baromètre dont la colonne mercurielle ait pour base un cercle dont la surface soit égale à 1 centimètre carré ; cette colonne, s’élevant en moyenne à 76 centimètres, aura un poids égal à celui de 76 centimètres cubes de mercure. Or, d’après la pesanteur spécifique bien connue de ce métal, chaque centimètre cube pèse 13 gr. 598 millig., et le poids de la colonne tout entière = 13,598 x 76 = 1033 gr. 448 millig. C’est aussi le poids d’une colonne d’air atmosphérique ayant pour base 1 centimètre carré. D’après cela, il n’y a rien de plus facile que de calculer la pression de l’atmosphère sur un espace déterminé quelconque. Supposons, par exemple, qu’on veuille connaître la pression que supporte en tous sens le corps d’un homme de stature moyenne ; la surface de ce corps mesure à peu près 17,000 centimètres carrés ; multiplions donc 1033,448 par 17,000, et nous trouverons que le corps humain est soumis à une pression totale de 17,568 kilogrammes. Comment se fait-il que nous ne soyons pas écrasés par ce poids énorme, que même nous ne le sentions pas ? C’est que les fluides dont toutes les parties creuses de notre corps sont remplies, soumises à la même pression, y font équilibre par leur élasticité même, et nous ne sommes en réalité que le lieu où se réalisent continuellement deux pressions opposées dont l’une neutralise l’autre. La surface de la terre elle-même peut être évaluée à environ 500,000 milliards de mètres carrés ; un calcul très-simple montre donc que l’atmosphère exerce sur notre globe une pression générale qui peut être représentée par 5 sextillions de kilogrammes. À la vérité, ce sont là des considérations plus curieuses qu’utiles. Elles peuvent néanmoins faire comprendre combien les variations brusques que subit quelquefois la densité de l’air doivent avoir d’influence sur la santé de l’homme et des animaux, sur la végétation, sur toutes les conditions de la vie. Kaemtz a fait une série d’observations, d’une utilité plus pratique, sur les différences à peu près constantes auxquelles la pression atmosphérique est sujette dans les divers lieux de la terre. Voici les résultats qu’il a obtenus : au bord de la mer, la pression moyenne, évaluée par la hauteur du mercure dans le tube du baromètre, est de 761 millim., 35 ; à l’équateur, elle n’est guère que de 758 millim. ; jusque vers le 40e degré de latitude, elle atteint un maximum de 762 ou 764 millim. ; elle diminue ensuite jusqu’à 756 dans les contrées les plus septentrionales.

L’atmosphère considérée par rapport aux phénomènes météoriques. L’air a la triple propriété de réfléchir, de réfracter et quelquefois d’absorber la lumière. Si le soleil et les autres astres nous paraissent plus lumineux au zénith qu’à l’horizon, c’est en partie parce que, dans cette dernière position, les rayons lumineux ayant à traverser une couche d’air plus épaisse, il y en a un plus grand nombre qui se trouvent absorbés. Si la longueur du jour se trouve augmentée par le crépuscule du matin et du soir, c’est que, comme nous l’avons déjà dit, les rayons émanant du soleil, lorsqu’il est à plusieurs degrés au-dessous de l’horizon, rencontrent les couches supérieures de l’air et sont renvoyés vers la terre. Si même nous voyons cet astre quelques instants avant qu’il soit réellement élevé au-dessus de l’horizon, et quelques instants après qu’il est descendu au-dessous, c’est à la réfraction qu’est dû ce phénomène. Tous ces effets sont du domaine de l’optique et recevront ailleurs les développements convenables. Mais l’atmosphère est le siège de beaucoup d’autres phénomènes, tels que les nuages, les vents, la pluie, la foudre, etc. Tous ces phénomènes sont connus sous le nom de météores ; ils seront traités d’une manière générale au mot Météorologie, et chacun d’eux sera l’objet d’un article spécial où l’on trouvera tout ce que l’état actuel de la science permet de considérer comme certain. Nous nous bornerons à dire ici quelques mots d’un météore qui existe probablement, bien qu’il n’ait pu encore être constaté d’une manière bien certaine, et qui pourrait être désigné sous le nom de marées atmosphériques. Puisque l’air est pesant, puisqu’en outre ses molécules sont infiniment plus mobiles que celles de l’eau, il est presque certain qu’il doit être soumis, comme la mer, aux attractions du soleil et de la lune ; qu’il doit, par conséquent, être affecté d’une manière très-sensible par les mouvements combinés de ces deux astres. Quelques physiciens ont cru pouvoir attribuer à cette influence certaines variations diurnes observées dans les indications du baromètre. Mais Laplace croit que ces variations doivent s’expliquer d’une tout autre manière : selon lui, les marées atmosphériques, si elles existent, augmentent ou diminuent la hauteur de l’atmosphère, sans apporter aucun changement dans le poids total ; quand la colonne d’air s’allonge, elle se raréfie ; quand elle se raccourcit, elle se condense, afin que toutes les parties de l’atmosphère se trouvent toujours en équilibre, et comme le baromètre n’indique toujours que le poids total, il n’est influencé en rien par les marées.

Atmosphère des planètes en général. L’analogie seule donnerait presque le droit d’affirmer que tous les corps planétaires sont, comme la terre, enveloppés d’une atmosphère. Les astronomes ont pu d’ailleurs vérifier ce fait pour la plupart des planètes et par des observations capables de dissiper presque tous les doutes ; la lune seule, jusqu’ici, semble faire exception, mais on ne peut sans témérité affirmer que l’exception soit réelle. Tout porte à croire que les diverses atmosphères jouent, par rapport aux planètes qu’elles entourent, à peu près le même rôle que la nôtre pour notre globe. Les comètes ont aussi leur atmosphère ; quelques-unes même semblent presque n’être qu’une atmosphère, car la chevelure et la queue en sont des manifestations évidentes, et le noyau même de beaucoup d’entre elles semble n’être qu’une atmosphère un peu plus condensée. C’est en décrivant chacune des planètes en particulier que nous parlerons plus au long de leurs atmosphères.

— Phys. agric. Les plantes ne tirent pas toutes leur nourriture de la terre, elles empruntent aussi beaucoup à l’atmosphère. L’état de l’air qui nous environne doit donc à chaque instant influer sur leur végétation. Ainsi, les diverses alternatives de chaleur, de froid, d’humidité, produisent tantôt de bons, tantôt de mauvais résultats. Par exemple, pendant l’hiver, un froid, même assez rude, ne fait pas périr les récoltes, tandis qu’au printemps ou pendant l’automne, la moindre gelée détruit en un moment toutes les espérances du cultivateur. Par elles-mêmes, la chaleur et l’humidité sont les éléments indispensables de la vie des plantes ; mais, trop prolongées, elles deviennent extrêmement nuisibles. Les plantes languissent sur le sommet des plus hautes montagnes, tandis qu’à leurs pieds s’étale une végétation vigoureuse. On voit encore les végétaux dépérir lorsque la légèreté de l’air se conserve trop longtemps ; au contraire, ils prospèrent sous cette température étouffante qui se fait sentir aux approches d’un orage. Enfin, cet état trop prolongé devient nuisible à son tour. Ces différents résultats de l’influence atmosphérique sont importants à signaler ; ils constituent une part considérable des connaissances nécessaires à l’agriculteur. Mais l’influence de l’atmosphère n’est pas bornée aux végétaux ; elle s’exerce aussi sur l’homme et sur les animaux. On trouve autant de différence entre les robustes habitants d’une contrée montagneuse et la population étiolée de nos villes, qu’il y en a entre l’air vif et pur des montagnes et l’atmosphère chargée de miasmes délétères qui enveloppe nos grandes cités. Qui ne sait quels fâcheux effets les brusques changements de température exercent sur l’économie animale ? Ces effets se produisent avec tant de constance qu’on a remarqué que les mêmes conditions atmosphériques amènent régulièrement les mêmes maladies.

ATMOSPHÉRIQUE adj. (a-tmo-sfé-ri-ke — rad. atmosphère). Qui appartient, qui est propre à l’atmosphère : Phénomène atmosphérique. Miasmes atmosphériques. On peut donner aux enfants le spectacle étonnant de l’électricité atmosphérique, par un cerf-volant. (B. de St-P.) La densité de la colonne atmosphérique va ordinairement en décroissant de la surface de la terre aux couches les plus élevées. (Arago.) Il s’agissait de soumettre à une discussion approfondie la loi du décroissement de la température atmosphérique suivant la hauteur. (Arago.)

— Phys. Air atmosphérique, Air qui forme presque en totalité la masse de l’atmosphère terrestre : Lavoisier reconnut le premier que l’air atmosphérique se composait de deux gaz, l’oxygène et l’azote. (Pelouze.) L’air atmosphérique est composé de 21 parties d’oxygène et de 79 d’azote, de quelques millièmes d’acide carbonique, enfin d’une quantité variable de vapeur d’eau. (Dumas.)

— Mécan. Machine atmosphérique, Machine à vapeur à simple effet, c’est-à-dire dans laquelle on opère le retour du piston par la pression seule de l’atmosphère sur le piston, au-dessous duquel on fait le vide en condensant la vapeur. Ces machines ne sont plus guère employées que pour mettre des pompes en mouvement. || Chemin de fer atmosphérique, Chemin de fer dans lequel on remplace la tension de la vapeur d’eau par celle de l’air condensé ou surchauffé, soit que ce gaz agisse dans un piston, soit qu’on le renferme dans un tube disposé sur toute la longueur de la voie, auquel cas il n’existe plus de machine locomotive proprement dite.

ATMOSPHÉRITIE s. f. (a-tmo-sfé-ri-sî — rad. atmosphère). Phys. Toute substance magnétique existant dans l’atmosphère. Peu usité.

ATMOSPHÉROGRAPHIE s. f. (a-tmo-sfé-ro-gra-fî — de atmosphère, et du gr. graphô, je décris). Phys. Description de l’atmosphère.

ATMOSPHÉROGRAPHIQUE adj. (a-tmo-sfé-ro-gra-fi-ke — rad. atmosphérographe). Phys. Qui a rapport à l’atmosphérographie.

ATMOSPHÉROLOGIE s. f. (a-tmo-sfé-ro-lo-jî — du fr. atmosphère, et du gr. logos, discours). Phys. Traité sur l’atmosphère.

ATMOSPHÉROLOGIQUE adj. (a-tmo-sfé-ro-lo-ji-ke — rad. atmosphérologie). Phys. Qui a rapport à l’atmosphérologie.

ATNAH s. m. (a-tna). Philol. Langue parlée par un peuple américain appelé Atnah, ou Kinn-Indianer, habitant au sud des tribus des Nagaïler, sur les rives des fleuves Tocontche et Caledonia, au-dessus des monts Rocky. On n’est pas d’accord sur la nature de la langue atnah, à cause du peu de documents que l’on possède sur ces idiomes. Quelques auteurs la considèrent comme formant un groupe complètement à part, et sans rapport avec les langues circonvoisines. D’autres la rattachent à la souche lennape ou delaware.

ATOCA s. m. (a-to-ka). Bot. Nom canadien de la canneberge.

ATOCHIEN. V. Athochien.

ATOCIE s. f. (a-to-sî — du gr. atokia, même sens ; formé de a priv., et tokos, accouchement). Méd. Stérilité chez la femme.

ATOCION s. m. (a-to-sî-on — gr. atokion, médicament qui rend stérile). Bot. Section du genre silène, de la famille des caryophyllées.

ATOGI, fils du roi de Petsi, qui, suivant les annales japonaises Wan-nen-keï, traduites par Hoffmann, fut envoyé par son père au Japon avec des chevaux, et introduisit dans le royaume les premiers éléments graphiques empruntés au système chinois.

ATOLE s. f. (a-to-le). Relat. Bouillie faite de farine d’orge et de maïs, en usage dans les Indes, particulièrement à Monterey.

ATOLL. Fausse orthographe du mot attoll.

ATOMAIRE adj. (a-to-mè-re — rad. atome). Qui est parsemé de points colorés. Se dit, en zoologie, du corps ou des membres de certains insectes, et, en botanique, des rameaux de plusieurs plantes.

— s. m. pl. Entom. Genre de coléoptères pentamères clavicornes, renfermant une trentaine d’espèces, toutes de très-petite taille.

— Bot. Genre d’algues, peu naturel, et qui n’a pas été adopté.

ATOME s. m. (a-to-me — du gr. atomos, même sens ; formé de a priv. ; temnò, je coupe). Phys. Élément indivisible des corps, soit qu’aucun moyen mécanique ne puisse opérer sa division, à cause de son extrême petitesse ou de sa constitution, ou qu’il soit sans étendue, et, par conséquent, d’une indivisibité absolue : Démocrite et Épicure ont prétendu que le monde était composé d’atomes, que les corps se formaient par la rencontre fortuite des atomes. (Acad.) Il n’y a nulle apparence que Dieu veuille anéantir les âmes, lui qui n’anéantit pas le moindre atome. (Fén.) La matière aveugle, formée par l’amas confus des atomes, n’a pas produit un chef-d’œuvre aussi remarquable que l’univers. (St-Evrem.) Comment se peut-il faire qu’on accuse encore des philosophes de penser que l’arrangement prodigieux et ineffable de cet univers soit une production du concours fortuit des atomes ? (Volt.) Il n’est pas démontré en rigueur que l’atome soit indivisible ; mais il paraît prouvé qu’il est indivisé par les lois de la nature. (Volt.) Il me paraît que le cardinal de Polignac a perdu beaucoup de temps et beaucoup de vers à réfuter les atomes et les autres absurdités dont le poëme de Lucrèce fourmille. C’est employer l’artillerie pour détruire une chaumière. (Volt.) Les corps sont tous originairement composés d’atomes semblables. (Cuvier.) Les atomes ne meurent pas, ils ne s’isolent pas : ils se recombinent. (Raspail.) Aucun atome de matière ne peut ni commencer ni cesser d’être. (E. About.)

. . . . . . . . . . . Les atomes,
Enfants d’un cerveau creux, invisibles fantômes.
La Fontaine.
        Pourtant chaque atome est un être,
Chaque globule d’air est un monde habité.
Lamartine.
Les atomes erraient dans un espace immense ;
Déclinant de leur route, ils se sont approchés.
Durs, inégaux, sans peine ils se sont accrochés.
L. Racine.
Docile à l’appui d’un arome,
D’un rayon ou d’une couleur,
L’atome vole vers l’atome
Comme l’abeille vers la fleur.
Th. Gautier.

— Par anal. Corpuscule qui n’est appréciable à la vue qu’en certaines circonstances, comme les animalcules microscopiques d’une goutte d’eau, de vinaigre ; les graines de poussière qui ne sont visibles que lorsque le soleil les éclaire directement, etc. : Dans leur système, l’homme est assimilable à ces atomes qui s’agitent dans un rayon de soleil, emportés par la gravitation universelle. (Portalis.)

— Par exagér. Tout corps très-petit comparativement à un autre ou à l’espace dans lequel il se trouve ; se dit des personnes et des choses : Les hommes sont des atomes sur le globe, qui n’est lui-même qu’un atome dans l’immensité. (Acad.) Toute la terre n’est qu’un atome suspendu dans l’air. (Boss.) Quand je vois des hommes qui rampent sur un atome, c’est-à-dire la terre… (Montesq.) Nous qui ne somme qu’un atome imperceptible au milieu de ce vaste univers, nous voudrions en faire mouvoir toute la machine au gré de nos seuls désirs. (Mass.) Que devenons-nous à nos propres yeux, vils atomes posés dans je ne sais quel petit coin de l’univers, quand nous considérons ces soleils innombrables. (Fén.) Plusieurs millions de Français ne mangent pas d’autre viande qu’un atome de salé, qu’ils mettent dans leur soupe. (Mich. Chev.) Et les moindres atomes de matière nutritive recherchés avec soin… (Marmier.)

Me voici : mais qui-suis-je ? un atome pensant.
Lamartine.
Que sommes-nous, faibles atomes,
Pour porter si loin notre orgueil ?
Malfilatre.
Moi, pauvre atome oublié dans l’espace,
Je pense à Dieu qui fit la liberté.
(Romance.)
Oh ! que tes cieux sont grands ! et que l’esprit de l’homme
Plie et tombe de haut, mon Dieu, quand il te nomme !
Quand, descendant du dôme où s’égarent les yeux,
Atome, il se mesure à l’infini des cieux !
Lamartine.
Que suis-je ? où suis-je ? où vais-je, et d’où suis-je tiré ?
Atomes tourmentés sur un amas de boue ;
Mais atomes pensants, atomes dont les yeux,
Guidés par la pensée, ont mesuré les cieux ;
Au sein de l’infini nous élançons notre être.
Voltaire.

— Très-petite quantité : La petite fumée de la vaine gloire, dont il n’arrive pas un atome dans mon ermitage… (Volt.)

— Ce qui manque d’importance ou de solidité : Nous avons beau enfler nos conceptions, nous n’enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses. (Pasc.) Je ne m’étonne pas que des hommes qui s’appuient sur un atome, chancellent dans les moindres efforts qu’ils font pour sonder la vérité. (La Bruy.)

— Fig. Élément d’un tout moral ou immatériel : Les anciens ont dit que la nature avait assemblé tous les atomes de la sagesse pour former Épicure. (Malebr.)

Est-il de petits corps un plus lourd assemblage,
Un esprit composé d’atomes plus bourgeois ?
Molière.

— Chim. Nom donné aux particules élémentaires des corps : En chimie, les atomes n’ont jamais été vus et ne pourront jamais l’être. Il ne faut pas croire à leur existence comme à quelque chose de réel et d’objectif ; ce n’est pas autre chose qu’un artifice logique à l’aide duquel on enchaîne les faits. (Nysten.) || Atomes simples, Atomes des