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ANG

« Anglo-Espagnols, à Sg dit ans.si des Anglais mêlés aux Espagnols : C’est sur les AngloEspagnols que Soult remporta la fameuse victoire de Toulouse, il Anglo-Français, Qui tient de l’anglais et du français ; qui est composé d’Anglais et de Français. : La flotte anglofrançaise a détruit Bomarsund. Henri VI, le roi de funeste mémoire, le monarque anglofrançais. (Fr. Michel.) Le parler anglofrançais de Perlet faisait pouffer de rire toute la salle. (Balz.) Il Anglo-Indien, enne, Se dit des Anglais qui habitent l’Inde : Les honneurs de la sépulture ne furent donnés qu’aux soldats

anglo-indiens. (Méry.) II fallait prévoir aussi qu’une bataille formidable s’engagerait entre les spectres chauves et les soldats anglo-indiens. (Méry.) Ce serviteur anglo-indien laissait fort difficilement deviner son âge. (Méry.) Depuis deux ans j’aime une jeune Anglo-Indienne, miss Arinda. (Méry.) Il Anglo-Maltais, aise, Se dit d’un habitant de Malte qui est d’origine anglaise : Parmi les Européens établis en 1849 en Algérie, il y avait, d’après le Moniteur algérien, 6,943 Anglo-Maltais, il Anglo-mérinos. V. Mouton, h Anglo-Normand, ande. Se dit des Normands qui, après avoir suivi Guillaume le Conquérant en Angleterre, s’amalgamèrent avec l’élément anglo-saxon qui

jusqu’alors avait dominé dans ce pays. Se oit aussi de leurs descendants ou de ce qui leur est propre : Les Anglo-Normands forment encore une partie de l’aristocratie anglaise. Poésie anglo-normande. Les lois anglo-normandes, ii Vanglo-normand, La langue parlée en Angleterre depuis la conquête de ce pays par Guillaume, duc de Normandie, jusque vers le milieu du xme siècle, et qui a servi de base à l’anglais moderne : £’anglo-normand domine dans le langage de l’aristocratie, l’anglo-saxon dans celui du peuple. Il Iles AngloNormandes, Groupe d’ues anglaises situées vis-à-vis de la côte de Normandie et comprenant Jersey, Guernesey, Aurigny et Sark. a Anglo - normannique. Diplom. Se dit d’une écriture qui se composait de caractères saxons et de caractères français. Au moyen âge, on s’en servait-pour rédiger les actes publics, n Anglo-russe. Qui est composé d’Anglais et de Russes : L’armée anglo-russe. La flotte ANGLORUSSE.

— Il est facile de comprendre que la liste de ces alliances de mots pourrait être beaucoup plus longue. Supposons que les Anglais fassent alliance avec les Hurons, avec les Lapons, avec les Patagons, les Caraïbes, les Iroquois, etc., on dirait, pour exprimer ce bizarre amalgame, les Anglo-Hurons’, les Anglo-Lapons, les Anglo-Patagons, les AngloCaraïbes, les Anglo-Iroquois, etc.

anglo-saxon, onne adj. Qui appartient, qui a rapport aux Anglo-Saxons : Race anglo-saxonne. Langue anglo-saxonne. Dialecte anglo-saxon. Lois, coutumes anglosaxonnes. Cemot est d’origine anglo-saxonne. C’est un homme de taille moyenne, dont la figure offre le type de la race anglo-saxonne. (Th. Gaut.)

Angles et des Pietés dans l’île de Bretagne, eurent pour résultat l’introduction dans ce pays des mœurs, des coutumes, des races et des idiomes germaniques. Les trois peuples que nous venons de nommer appartenaient à une même souche, et leurs langues ne présentaient

ciens dialectes germaniques que l’on parlait dans la basse Allemagne tout entière. Elle est sœur du mésogothique et de l’islandais. Le plus ancien monument qui nous en ait été conservé est un fragment de la traduction de la Bible faite par Csedmon, moine anglo-saxon du vue siècle, qu’a reproduite Alfred le Grand dans sa traduction de Bède. La langue anglosaxonne, importée dans la Grande-Bretagne, subit quelques légères modifications en s’assimilant un certain nombre d’éléments cimbricues, et en recevant quelques mots latins et francs que les missionnaires apportèrent au peuple païen avec le christianisme. L’invasion danoise contribua aussi à donner à la nouvelle langue son génie caractéristique, en y introduisant certaines tournures Scandinaves ; toutefois, l’anglo-saxon de Bède et d’Alfred le Grand se maintint pur jusqu’à l’apparition de Guillaume le Conquérant. On retrouve les débris de l’anglo-saxon non-seulement dans l’anglais actuel, mais encore dans les idiomes des Frisons, du bas Allemand, du Jutland, et surtout dans les patois de l’Écosse méridionale. En même temps que la langue, disparut l’écriture dite anglo-saxonne, qui ressemblait beaucoup au genre d’écriture usité en Italie et en France dans le vio et le vue siècle, et qui dut être apportée en Angleterre par les prêtres sortis de ce pays.

L’anglo-saxon possédait tous les traits caractéristiques des idiomes germaniques. Dans

les plus anciens monuments qui nous en restent, on retrouve le th moderne, et un autre son analogue, le dh. Il est probable que les voyelles sonores qu’on remarque en assez grand nombre dans l’anglo-saxon devaient se

Srononcer d’une manière moins éclatante que ans les langues du Midi. Les aspirations y étaient aussi plus nombreuses que dans l’anglais moderne.

Littérature anglo-saxonne. Le christianismo apporta aux Anglo-Saxons les pre ANd

miers éléments de civilisation. Les nouveaux convertis apprenaient à lire et à écrire. Augustin établit à Canterbury une école qui servit de modèle à toutes celles qui furent créées ensuite. Cependant l’instruction était plus exclusivement réservée au clergé. L’Irlande était aussi renommée par l’enseignement que saint Patrik y avait institué, et nombre déjeunes Anglo-Saxons s’en allaient étudier à < l’île Sainte. » Quand on voulait acquérir une instruction tout à fait supérieure, on se rendait en France et en Italie. La théologie, le latin, l’anglo-saxon, l’arithmétique, l’astronomie et la musique étaient les principales sciences cultivées en Angleterre. Aldhem, le premier savant saxon dont parle l’histoire, s’était acquis une grande réputation par son habileté à écrire l’anglo-saxon et le latin ; joueur de harpe et’-chanteur, il est connu par un remarquable poëme en l’honneur de la Vierge. Un Grec de Tarse, Théodore, et un abbé nommé Adrien, vinrent en Angleterre en 668 et donnèrent une nouvelle impulsion aux études littéraires. Us apprirent à fond à leurs élèves le latin et le grec, et ils commencèrent k former une bibliothèque, dans laquelle on trouvait les textes originaux d’Homère, de saint Chrysostome, etc. L’initiative de ces deux hommes contribua beaucoup à répandre en Angleterre le goût de l’antiquité grecque et romaine. Les écoles

minster, Saint-Atbans, "Worcester, Malmesbury et Glastonbury. Parmi les théologiens et les savants les plus renommés qu’elles produisirent, on cite Wilbrod, qui se rendit en Frise ; Boniface ou Winfried, en Allemagne ; Bède le Vénérable (mort en 735), auteur de l’histoire ecclésiastique de son pays ; Alcuin, qui vint à la cour de Charlemagne, et fit mort de Bède, le mouvement intellectuel mmença à se ralentir en Angleterre. Les Danois, dans leurs descentes réitérées, brûlaient les monastères, pillaient les bibliothèques, massacraient les prêtres. La Bretagne allait retourner à l’état de barbarie, dont elle était sortie à grand’peine. À ce moment apparaît le roi Alfred le Grand, qui s’était instruit dans ses voyages et qui venait en Angleterre plein d’enthousiasme pour les lettres et les sciences. Il ordonne la création de nouvelles écoles, ou l’extension de celles qui étaient déjà créées. Il rend l’enseignement obligatoire, et réunit à sa cour les savants les plus renommés de tous les pays. Parmi eux se trouvait le moine Asser de Saint-Davids, qui a écrit la vie d’Alfred. Encouragée par l’exemple du roi, la nation se créa une littérature écrite, plus riche que celles de tous les autres

contes, des légendes, etc., qu’il composa lui-même, il a traduit en anglo-saxon de nombreux et importants ouvrages, tels que les fables d’Ésope, l’histoire d’Ûrosius, ainsi que ses notices géographiques ; la Consolation philosophique de Boèce, l’histoire ecclésiastique de Bède le Vénérable, etc. Mais ses successeurs n’héritèrent pas de son goût pour l’étude, et lathéologiescolastiquevintentravef le progrès des lumières. En même temps, les Danois renouvelaient leurs terribles incursions, et débarquaient pour mettre à sac les monastères, les villes et les bibliothèques ; c’est ainsi qu’en 1009 ils brûlèrent Oxford, et l’année suivante Cambridge. Alors les ténèbres de l’ignorance envahirent de nouveau l’Angleterre, et l’archevêque d’York, Oswald, fut obligé de faire venir de France des maîtres pour enseigner le droit canonique et la grammaire. Canut le Grand rétablit les écoles, mais ■ses fils furent loin d’imiter leur père, et Harald pilla même Oxford. Enfin les sciences et les lettres trouvèrent quelque protection sous Édouard le Confesseur, qui avait été élevé en Normandie et qui reproduisit à sa cour les usages de politesse et d’élégance qu’il avait pratiqués sur le continent.

C’est alors que l’invasion normande introduisit violemment la langue et la littérature françaises. On a déjà vu comment la langue des vainqueurs et la langue des vaincus se sont fusionnées en une langue intermédiaire, qui est l’anglais moderne. Quelquetemps après la conquête, le peuple anglo-saxon conserva encore les débris de ses vieilles légendes, et continua à les chanter dans sa langue. Mais peu k peu ces dernières protestations" contre les maîtres disparurent, et l’anglo-saxon passa à l’état de langue morte.

ANGLO-SAXONS, nom donné aux peuples germaniques qui envahirent la Grande-Bretagne au yi<J.siècle, y fondèrent l’Heptarchie

ANGLOBEBT s. m. (an-glo-bèr). Ornith. Espèce de canard qui appartient à la Perse,

ANGLOIR s. m. (an-gloir — rad. angle}. Techn. Fausse équerre ; instrument propre à prendre toutes sortes d’angles.

ANGLOIS s. m. (an-gloi). Tourte de dessert garnie de prunes.

ANGLOMAN adj. m. (an-glo-man). Syn. inusité de anglomane. Il n’a guère été em km

ployé que par Rivarol : Les Anglais se sont ravisés sur leur Shakspeare, et ont voulu le mettre fort au-dessus de notre Corneille ; en France, des esprits chagrins et anglomans ont pris la chose avec enthousiasme.

ANGLOMANE adj. (an-glo-ma-nc — de anglomanie). Qui donne dans l’anglomanie ; qui —:’-î, adn ■ ■ ■ ■ ’ ■ ’■- J —■

rons anglomanes. (Champfleury.) Alfredpassa près de lui, appuyé sur le bras aun jeune chevalier anglomane, dont la cravate blanche avait sixpoucesde hauteur. (P. Fév.) il On l’applique même quelquefois aux choses : Je comprends très-bien que madame Dupin ait préféré les utopies de l’abbé de Saint-Pierre aux doctrines anglomanes de Montesquieu. (G. Sand.)

— Substantiv. Celui, celle qui est anglomane : C’est un anglomane ; une jeune anglomane. Certains anglomanes se sont imaginé qu’il n’était pas de mot anglais qui ne pût être naturalisé français par leur protection. (Arnault.) On souffre de voir /’anglomane se donner tant de mal pour étaler l’exiguïté de ses habits. (A. Rabot.) Un anglomane arrive de Londres plein d’enthousiasme pour les chemins de fer et les voitures à vapeur. (G.. Davidson.)

ANGLOMANIAQUE adj. et s. (an-glo-mani-a-ke — rad. anglomanie). Syn. de anglomane : D’ans un voyage que Garrick fit à Paris, tous les anglomaniaques de cette capitale l’enivrèrent d’adorations. (Mercier.) Il Ce mot n’a pas fait fortune.

ANGLOMANIE s. f. (an-glo-ma-nî — de anglo et de manie). Admiration exclusive, exagérée de tout ce qui appartient à l’Angleterre, aux Anglais, langue, institutions, usages, modes, etc. : Ne pourrait-on, sans être accusable «’anglomanie, accepter le mot fashionable pour désigner un homme de bon goût en fait de mode ? (Arnault.) Un violent accès ^’anglomanie introduisit dans nos jardins une grande quantité d’arbres exotiques. (Vitet.) Ce voyage, recouvert comme tant d’autrès du spécieux prétexte de /’anglomanie, n’avait pas cependant pour but les modes anglaises. (R. de Beauv.) À son air aristocratique se mêlait je ne sais quel’parfum d'anglomanie visible au premier coup d’œil. (Alex. Dura.) Ce n’est pas assez d’avoir emprunté à l’Angleterre ■ses chapeaux puritains, ses habits étriqués, son régime constitutionnel, ses ignobles tabagies ;, la France, dans le paroxysme de son anglomanie, a voulu posséder son cheval de pari. (Toussenel.)

infcins Vnnnltym<mie,

— Encycl. Voltaire et Montesquieu furent chez nous les premiers admirateurs passionnés des idées anglaises, et leur admiration s’explique aisément par ce seul fait, que les Anglais jouissaient de la liberté quand nous en étions privés. Mais ce n’était point là de l’anglomanie proprement dite, ce n’était que l’appréciation juste d’un état politique et social dont la France d’alors ne pouvait fournir les éléments. Voltaire ne fut pas plus anglomane quand il popularisa chez nous le système de Newton ; toutes les nations du monde envient Newton à l’Angleterre, et toutes ne font ainsi que rendre justice au génie du grand homme. Shakspeare mérite aussi d’être admiré comme un grand poëte ; mais ceux qui disent qu’il éclipse Corneille et Racine sont de véritables anglomanes, car ils ne sont pas justes pour leur pays, et si Shaksçeare les a surpassés par la fécondité de son imagination créatrice, il s’est placé trop souvent au-dessous d’eux par le désordre même de ses fantaisies, où le bon goût n’est pas assez respecté. C’est en ce sens que Voltaire disait : « Je sais bien qu’on trouve de l’or dans son fumier. » À une époque plus rapprochée de nous, les poésies de lord Byron eurent une vogue extraordinaire, et tous nos jeunes poëtes, marchant sur ses traces, se crurent obligés de maudire la société, en se posant au-dessus d’elle comme des génies méconnus, blasés, révoltés contre toutes les lois divines et humaines : c’était encore de l’anglomanie. Aujourd’hui les jeunes gens du grand monde, ou qui veulent paraître tels, ont des grooms, des Jockeys, des chevaux pursang ; ils se font jockeys eux-mêmes pour courir dans les steeple-chases, au risque de s’y faire casser bras et jambes ; ils ont toujours a la bouche les mots turf, handicap, sport, stud-book, etc. ; ils ne les comprennent pas bien peut-être, mais ils les prononcent devant des gens qui ne les comprennent pas mieux, et s’ils les emploient de travers, personne ne s’en aperçoit : c’est l’anglomanie poussée jusqu’au ridicule. Enfin il y a une autre sorte d’anglomanie qui consiste à préférer les mots anglais alors que notre langue en fournit d’excellents : par exemple, il y a des gens qui, trouvant l’expression chemin de fer trop vulgaire, diront plutôt rail-way, en prononçant raille la première syllabe, ce qui fait qu’ils

taise, gentleman pour nomme un monae, eic, Dujours en défigurant la prononciation des lots. Ne comprendra-t-on jamais que chaque euple a son génie particulier, qu’il est sage

d’emprunter aux’ étrangers ci

avoir de bon, mais que c’est t< d’emprunter des mots quand i]

n’ils peuvent

—~i une folie

sont pas

nécessaires, et qu’enfin les choses mêmes, quand on les emprunte, doivent être traduites, c’est-a-dire modifiées, pour se plier à nos idées et à nos mœurs ?

anglomanisant (an-glo-ma-ni-zan) part, prés, du v. Anglomamser. N

ANGLOMANISÉ, ÉE (an-glo-ma-ni-zé) part. pass. du v. Anglomaniser.

ANGLOMANISER v. n. ou int. — rad. anglomatiie). Imiter servilement les mœurs, les

Parisiens ont encore le ridicule d’ANGLO-MANiSER.(Mercier.) il Cemot n’a pas été admis.

S’anglomaniser, v. pr. Se faire, s’habituer aux mœurs, aux coutumes anglaises.

ANGLOMÈTRE s. m. (an-glo-mè-tre — de angle, et du gr. metroh, mesure). Géom. Instrument propre à mesurer les angles.

anglomÉTRIE s. f. (an-glo-mé-tri — rad. anglomètre). Géom. Théorie, pratique do la mesure des angles.

ANGLOMÉTRIQUË adj. (an-glo-mé-tri-ke — rad. anglométrie). Géom. Qui concerne l’anglométrie.

ANGLOPHILE s. et adj. (an-glo-fl-le — de anglo, pour Anglais, et du gr. philos, ami). l’artisan des Anglais : Naurais-je point sujet à mon tour d’accuser de félonie les abolition^ nistes anglophiles ? (Proudh.) || Il ne faut pas confondre ce mot avec anglomane, qui indique l’abus, la manie d’imitation de tout ce qui est anglais.

anglOphilie s. f. (an-glo-fl-lî — rad. anglophile). Affection pour les Anglais, qui porte à les défendre, à les loyer, à les citer comme modèles : Z’anglophilie est fort à ta mode en haut lieu. (P. Fév.)

anglophobe s. et adj. (ah-glo-fo-be — de anglo, pour Anglais, et du gr. phobos, crainte,

Eeur). Qui déteste les Anglais, qui les a en orreur.

ANGLOPHOBIE s. f. (an-glo-fo-bî — rad. anglophobe). Haine, horreur des* Anglais : Vous êtes atteint ^’anglofiiobie. L’anglomanie et J’anglophobie sont deux néologismes qui expriment deux vieilles choses. (B. Barbé.) ANGLOU, lieu d’Arménie où, l’an 543, une armée de 30,000 Romains, commandée par Narsès, fut défaite et taillée en pièces par 4,000 Perses.

ANGLURE, ch.-lieu de cant. (Marne), arrond. d’Epernay, sur l’Aube ; pop. aggl. 859 hab.pop, tôt. 878 hab. Charmante situation ; commerce de grains.

ANGO ou ANGOT (Jean), riche armateur de Dieppe, né vers la fin du xv= siècle, fut nommé gouverneur de la ville par François Ier, qu’il avait reçu avec une magnificence inouïe dans un de ses voyages en Normandie. Les Portugais ayant pris et pillé un de ses vaisseaux en pleine paix, il arma pour son propre compte, fit voile vers l’embouchure du Tage et répandit la-terreur jusque dans Lisbonne. Le roi de Portugal fut obligé de payer une indemnité aux bourgeois de Dieppe. Ango seconda les armements contre l’Angleterre, fit des prêts considérables à François Ier et mourut presque ruiné, en 1551.

ANGO (Madame). V. Angot.

Ango, drame en cinq actes, de MM. Félix Pyat et Auguste Luchet, représenté pour la première fois sur le théâtre de l’Ambigu-Comique, à Paris, le 29 juin 1835. Cette pièce, qui, comme toutes celles de M. Félix Pyat, renferme des intentions philosophiques et des allusions politiques, fut fort applaudie, quoique la censure l’eût mutilée. On y voit François Ier entrant dans la chambre d une jeune femme et se trouvant en présence du célèbre armateur dieppois. Interdit et confus, il refuse de se battre, et, dans sa frayeur, il se trouve mal. Alors Ango accable ce corps inerte d’imprécations qui rappellent, -par leur violence, celles que Triboulet lance sur le sac qui renferme, du moins il le suppose ; le royal cadavre. Le lendemain de la première représentation à !Ango, le ministère exigea du directeur des suppressions ; ce dernier obéit, malgré la résistance des auteurs. Le drame avait réussi, il ne voulait pas le voir interdire. La commission des auteurs dramatiques s’émut et protesta ; protestation inutile. Quelques jours plus tard, l’attentat de Fieschi (28 juillet) fournit l’occasion de déployer une sévérité plus grande, et, au milieu de la panique du ministère, Ango disparut définitivement de l’affiche. Du reste, nous ne mentionnons cette pièce, tombée aujourd’hui dans l’oubli, qu’à cause des circonstances dans lesquelles elle fut représentée.

ANGOISSANT (an-goi-san) part. prés, du v. Angoisser.

ANGOISSE s. f. (an-goi-se — du lat. angustia, resserrement ; d’ angustus, étroit, lequel vient d’ ango, je serre. Ce mot a passé par un grand nombre de transformations : Rabelais donne angustie ; puis sont venus angussie, angusse, angosse, et enfin angoisse ; mais la racine primitive paraît être le bas-breton ancou ou angou, qui signifie étroit, pressé, vexé). Sentiment de tristesse, d’anxiété, accompagné d’une grande difficulté de respirer et d’une sorte de resserrement à l’épigastre : Dans les crises nerveuses, on éprouve presque toujours de l’ angoisse.