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tnant pour lui l’indulgence du lecteur. Jacques est assez mal éduqué ; dans ce bon pays de : France, il n’a pas encore reçu les bienfaits de l’instruction obligatoire. Aussi ne prend-il pas toujours la peine de polir sa phrase : il ne met pas de mitaines et ne mâche pas les vérités qu’il veut dire. Et puis, ne faut-il pas pardonner quelque chose à celui qui n’a jamais oublié la mort de sa fille Jeanne, que John Bull, ditril, a fait brûler à petit feu ?

Jacques Bonhomme à John Bull : John, je vais débuter par des compliments ; quand on veut causer amicalement avec quelqu’un, il ne faut pas commencer par lui sauter à la gorge. J’entrerai donc en matière en te parlant de tout ce qui peut chatouiller ton orgueil national, de ta puissance, de ton commerce, de ton étonnante activité. Cependant, ne te hâte pas de m’adresser des remercîments. Tout cela, comme on dit chez.nous, ce n’est qu’une précaution oratoire : «Si tu veux qu’un âne te suive, donnelui du chardon ; on prend plus de mouches avec du miel qu’avec du vinaigre. » Attends donc que le pain soit cuit pour juger de la qualité de la mouture ; et tu n’attendras pas longtemps, car voilà que le four chauffe, et je vais te servir une brioche que tu ne digéreras pas facilement, toi pourtant à qui l’on accorde un si robuste appétit.

Un vaste réseau de voies navigables ; un sol qui regorge de fer et de houille, masses énormes de matériaux offerts par la nature à l’industrie de l’homme ; un climat triste et brumeux qui semble prescrire l’action, interdire l’oisiveté, sous peine d’énervement moral et de spleen ; des côtes découpées en sinuosités innombrables et qui offrent d’admirables facilités au développement de la marine ; un territoire limité, enserré par l’Océan, dont les vastes solitudes ont toujours sollicité les hommes aux expéditions lointaines, aux grandes aventures de la mer : telles sont, avec les énergies de ton caractère national, les causes principales qui ont concouru au développement de ta puissance maritime, et surexcité ton activité commerciale et cet esprit exclusivement mercantile, passe-moi ce mot, qui est un des traits distinctifs de ta race. On sait à quel degré de prospérité et de grandeur matérielle elle est parvenue. Toutes les mers sont sillonnées par tes vaisseaux ; ton pavillon flotte fièrement dans les cinq parties du monde. Cent villes industrielles inondent l’univers de tes produits manufacturés : tissus de laine de Leeds, de Wakefield, d’Halifax, de Salisbury, d’Exeter, de Coventry, de Leicester ; tapis de Kinderminster ; tissus de coton de Manchester, de Blackburn, de Preston, de Londres ; toiles de Barnsley, de Maidstone et d’Irlande ; soieries de Macclesfield, de Londres, de Beading, de Nottingham ; coutellerie de Birmingham et de Sheffield ; aiguilles et armes de Londres ; horlogerie du Lancashire ; poteries de Wedgwood ; porcelaine de Worcester et de Derby ; machines de Birmingham, etc. Il faut ajouter à cette kyrielle l’étain de Cornouailles, le fer, l’acier, le cuivre, le plomb, les salines, et ces inépuisables bassins de houille qu’on a nommés les Indes noires de l’Angleterre, et qui sont en effet une des sources les plus importantes de ta richesse, en ce qu’ils alimentent tes usines, les moteurs de ton industrie, et tes innombrables vaisseaux, instruments de la puissance coloniale et de ta prépondérance maritime et commerciale.

On aura une idée de l’importance de tes colonies, dont quelques-unes, comme l’Inde et l’Australie, sont aussi vastes que les plus grands empires, quand on saura qu’elles forment une population qui n’est pas moindre de 13G millions d’habitants. Ces colonies, foulées, pressurées avec cette impitoyable avidité qui te caractérise, produisent d’incalculables richesses. Mais toi, et c’est ici que tu vas trouver quelques arêtes dans le poisson, toi, pauvre John, vile multitude industrielle et agricole, tu n’en es pas moins l’un des peuples les plus misérables de la terre ; en dépit de ton travail obstiné, tu languis dans la misère et l’abjection. Cette misère est surtout navrante en Irlande et parmi tes populations rurales. La quotité de la taxe des pauvres, et le nombre des établissements de charité (plus de vingt mille), disent assez quelle est l’étendue du mal, pour lequel de tels palliatifs sont bien insuffisants. À Londres même, où tes maîtres étalent un luxe insolent, dans cette ville qu’alimentent les cinq parties du monde, tu es exténué par la faim, et tu affliges l’œil des étrangers par le spectacle de ta misère et de ton avilissement. Ces spectres déguenillés, mornes, entourés d’enfants pâles et maladifs, sont les ilotes de la grande industrie. Tes femmes se jettent par milliers dans

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la prostitution ; tes hommes dans l’abrutissement des liqueurs fortes, du gin meurtrier, dans le suicide ou le vol. Dans aucun pays la bataille de la vie n’est plus âpre et plus obstinée, la défaite plus tragique. Quiconque fléchit tombe écrasé. Dans ta société d’airain, nulle pitié pour le faible, pour l’inhabile ou l’imprévoyant. La pauvreté est méprisée comme le serait un vice ou une mauvaise action.

Tiens, je vais te peindre le tableau de Londres, la nuit, en empruntant mes couleurs à une enquête solennelle qui a été faite récemment sur les plaies sociales de cette Sodome moderne : « La nuit, sur les bancs des parcs, dans les niches des ponts, sur la litière des marchés, arrive, se presse, s’entasse pêle-mêle un peuple entier de malheureux, sans asile, sans pain, sans vêtements. Sous la vestibule des palais, sous le péristyle des maisons, se groupent, se pelotonnent de pauvres enfants demi-nus, qui, dans la journée, n’ont pu obtenir le sou que coûte le lit des plus infâmes taudis. Plus loin, d’autres cherchent à réchauffer leurs membres glacés à la flamme qui éclaire les pierres empilées au milieu du chemin. Le silence des rues n’est plus troublé que par la marche d’un peuple de mendiants et de ces pâles et misérables créatures qui, grelottant de froid, espèrent arracher un morceau de pain au vice attardé. Pendant ce temps, des milliers de jeunes filles luttent contre le sommeil, la maladie, le froid et la faim pour tenir encore leur aiguille dans leurs doigts roidis par quinze heures de travail ; des vieillards frappent vainement à la porte du workhouse, leur dernière ressource ; des hommes et des femmes succombent d’inanition ou s’arrachent la vie pour échapper au besoin... Oui, l’aspect de Londres est vraiment solennel alors, quand la Faim s’y promène et tue hommes, femmes, enfants à la porte des palais de l’aristocratie I Londres est transformé en un parc à bêtes humaines : les rues sont hantées par une multitude d’êtres plus misérables encore que ceux qui habitent les ignobles refuges où l’on obtient pour deux sous le droit de dormir sur un plancher nu, pêle-mêle dans une petite chambre avec une trentaine d’autres infortunés ; masse de pauvreté, de fange, de vice et de crime ; assemblage de tout ce qui est physiquement et moralement nauséabond ; chaos de dénûment, d’intempérance, d’ignorance, de maladies, de libidinisme et de dépravation.

Eh bien, il y a quelque chose de pire encore et des lieux plus infects, ce sont les places publiques et les arches de Blackwall-raihvay. Là, on peut voir des familles entières qui grelottent aux injures du temps, des enfants bercés par le vice et le crime côte à côte avec les plus viles prostituées et les plus infâmes voleurs. L’aspect de cette foule en guenilles, dénuée de tout, lorsqu’elle est engourdie par le sommeil, vers les trois heures du matin, inspire les pensées les plus désolantes !... »

Ce phénomène économique d’un peuple qui regorge de richesses, qui s’assimile la substance de vingt nations, dont l’industrie gigantesque suffirait à la consommation d’une grande partie du globe, et qui cependant ne peut nourrir ses pauvres et impose une destinée si dure à ses travailleurs, est extrêmement remarquable et tient à des causes bien connues. La première, on n’en saurait douter, est l’existence de ton aristocratie dévorante, qui concentre en ses mains la propriété foncière, les capitaux et la puissance politique. C’est ta constitution même. Presque partout, en Europe, l’aristocratie n’est plus qu’une tradition historique, un colifichet

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nippe qui est allée rejoindre la culotte du roi Dagobert ; chez toi, elle est demeurée une institution ; institution vivace, persistante, implantée dans tes entrailles mêmes, et conséquemment cent fois moins facile à déraciner qu’un gouvernement. Tes membres en sont enlacés comme d’un lierre qui tient solidement au sol par mille attaches ; une secousse, tant violente fût-elle, .ne pourrait l’arracher tout

En apparence, ton gouvernement est constitutionnel ; en réalité, c’est une véritable

oligarchie. Ta royauté n’est qu’un brillant fantôme, qui n’a guère du pouvoir que les honneurs. Le pouvoir actif réside dans tes hautes classes, dans ta noblesse proprement dite, qui, remplit la Chambre de tes lords, occupe les grandes dignités, les sièges épiscopaux, et possède ces vastes propriétés foncières comparables aux latifundia des Romains, et qui leur donnent une prépondérance quasi-féodale ; il réside encore dans ta gentry ou classe des gentlemen, qui forment une sorte de noblesse inférieure ou plutôt de haute bourgeoisie, et qui exercent également une influence décisive dans

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les districts où ils ont leurs propriétés. Ils peuplent en grande partie ta Chambre des communes, et remplissent la plupart des charges secondaires., Tes classes commerçantes et financières suivent le plus ordinairement l’impulsion de ces deux catégories. Il y a d’ailleurs, en général, une entente parfaite entre tes classes riches et privilégiées, lorsqu’il s’agit de maintenir des institutions et des usages qui sont pour toi autant de servitudes légales. C’est au nom du respect des lois que l’injustice et l’arbitraire sont consacrés. La division de tes partis en wighs et en tories, c’est-à-dire en libéraux et en conservateurs, n’est au fond qu’une compétition du pouvoir, dont les uns et les autres se disputent et exploitent tour à tour le riche monopole. Quels sont, dis-le-moi, les avantages que tu as tirés de leur opposition ? Tes wighs sont tout aussi conservateurs, tout aussi aristocrates que tes tories, ou du moins leur opposition n’a jamais porté que sur des objets secondaires. Ils professent le même respect calculé pour la constitution de ta vieille Angleterre, c’est-à-dire pour les lois et les coutumes gothiques qui te maintiennent dans la dépendance étroite de la grande propriété et de la grande industrie.

Et cependant tu as la liberté de la presse, un parlement, la tribune, la liberté de réunion et d’association. Hein ! ceci ne contredit-il pas un peu l’opinion de ceux qui croient que le régime représentatif seul est une sorte de panacée pour toutes les maladies sociales ? Sans aucun doute, ces prérogatives sont extrêmement précieuses ; mais elles demeureront une fiction pour toi tant que ta constitution sociale n’aura pas été profondément modifiée dans le même sens qu’elle l’a été pour moi en 1789, et notamment en ce qui touche la division de la propriété. Jusque là, la liberté n’existera réellement que pour tes hautes classes, qui même en ont su faire en plusieurs circonstances l’instrument de ton oppression.

Des considérations qui précèdent et d’autres encore que je pourrais énumérer, il est facile de tirer la conclusion que ta civilisation, malgré son éclat, est surtout extérieure et matérielle, et que tout, chez toi, s’est montré jusqu’ici réfractaire à la loi qui préside à lamarche des sociétés, c’est-à-dire à l’élargissement progressif de la cité, à l’émancipation morale et physique des classes inférieures, à la convocation d’un nombre de plus en plus grand d’élus au banquet social, où il y aura place un jour pour tous, malgré l’arrêt cruel et impie de ton économiste national ; car, vois-tu, John, le progrès est éternel ; il a des haltes dans la gloire ; il en a même dans la boue ; mais il ne recule jamais. Il ne ressemble pas, comme on l’a dit, à ce rocher mythologique qui monte, monte, monte pour toujours retomber ; c’est le termite qui gratte, qui ronge, qui mine, qui avance jour et nuit, jusqu’à ce que, à un moment marqué, alors que le calme règne dans l’air, un bruit formidable éclate, et tout cela tombe en poudre comme un échafaudage vermoulu.

Puisque j’ai évoqué ici le nom de Malthus, nous allons, avec ta permission, nous arrêter un peu sur cette triste page de ton histoire ; la chose en vaut la peine. Tu vas voir, mon pauvre John, comment tu es traité par tes philosophes et- tes économistes, et, puisqu’ils l’écrivent en Angleterre, pourquoi ne le dirions-nous pas en France ? Examinons tout d’abord tes jouissances matérielles : ton travail suffirait à nourrir vingt nations, et tu es le plus mal logé, le plus mal nourri, le plus mal vêtu de la terre entière. Tu manges, non pas pour vivre, mais pour ne point succomber ; tes vêtements, à toi qui tisses des montagnes de soie, de laine et de. coton, sont les rebuts de ta classe riche. Tu me ferais rire si tu no me faisais pas pitié, quand je te vois affublé, toi, tes femmes et tes filles, d’oripeaux grotesques, défroques de tes maîtres. J^e soir, tes rues sont des coupegorge où l’on ne se hasarde qu’armé jusqu’aux dents : je me croirais plus en sûreté dans ma forêt de Bondy. Londres, la superbe, compte annuellement plus d’incendies qu’il n’y en a dans la France entière ; les aliénations mentales y sont deux fois plus nombreuses que dans aucun autre pays. Trois cent mille de tes enfants, amaigris et affamés, fuient chaque année le sol de la patrie, et deux cent mille ont leurs noms inscrits sur le livre officiel de la misère. Viens voir à Paris mes Savoyards et mes Auvergnats ; quand ils secouent la poussière de leurs souliers ferrés aux barrières de ma capitale, c’est pour s’en aller joyeusement dans leur village, acheter une maison et un lopin de terre.

Si nous passons maintenant à ta condition

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morale, le tableau est plus lamentable encore. Chez toi, celui qui ne possède rien est un ennemi public, et il est traité comme tel. « La pauvreté, dit Sidney Smith, est, en Angleterre, une chose infâme », et il cite cette preuve, qu’il exprime d’une manière très-piquante : « Tant qu’il n’y aura que des millions de prolétaires éclopés et tués sur les chemins de fer par la mauvaise administration des compagnies, le Parlement ne songera pas à légiférer ; attendons pour cela qu’un lord ou un évêque ait les os rompus 1» Un autre publiciste affirme qu’un homme pauvre peut être honnête, mais que c’est une vérité à laquelle on ne croit pas en Angleterre. Il n’y a point de place au banquet de la vie pour, l’enfant du pauvre, a dit Malthus, ministre de l’église anglicane ; « le pauvre ne doit pas se marier.» En 1809, M. Fuller, un des membres de ton Parlement, fit adopter par la majorité une motion contre les pauvres, qui se plaignaient de ne pouvoir vivre, et il termina son discours par cette fusée britannique : « Si votre condition en ce pays ne vous convient pas, quittez-le et allez au diable ! » Sir Samuel Romilly présenta un bill interdisant de placer les enfants en apprentissage à plusde quarante milles de la demeure de leurs parents. Sir Robert Peel et Worthley combattirent ce bill par ces arguments : a Dans les rangs élevés de la société, la culture des affections de" famille est une bonne chose, mais non dans les classes populaires. La mise en vigueur de cette loi élèverait le prix du travail, et, comme conséquence, celui des produits manufacturés. Il faut laisser aux manufacturiers l’entière disposition des enfants qu’ils emploient. « Les enfants des pauvres sont systématiquement détruits dans les workhouses. Ce fait, dénoncé en plein Parlement, publié avec de minutieux détails par la presse, n’a été ni démenti, ni contredit par le gouvernement ou par l’administration des workhouses. « De quatre-vingts enfants entrés cette année au workhouse de Saint-Gilles, a dit le Financial Reformer, on peut affirmer qu’il n’en restera pas un vivant l’an prochain. »

Ces doctrines barbares ont porté leurs fruits ; un quart de la population ouvrière se compose d’enfants naturels, et un tiers des enfants légitimes est abandonné par les parents.

En Écosse, une marquise deStafford voulant convertir en terrain de chasse tout un district qui lui appartenait, fit mettre le feu a trois cents maisons, ce moyen lui paraissant le plus expédjtif pour se débarrasser de ses fermiers. L’incendie dura trois jours, accompagné des hurlements des bestiaux et des cris lamentables des habitants sans asile. Une vieille femme fut brûlée vivante dans son lit. Cela s’est fait, non pas au moyen âge, non pas en Turquie, mais il y a vingt ans, dans le royaume-uni de la Grande-Bretagne, dans ta patrie, John Bull.

Frappé de cet ilotisme moderne de tout un peuple, un de mes fils de la presse française, démocrate sincère, s’écriait, au retour d’un voyage à Londres : « Pays étrange 1 Sol de liberté où les hommes sont esclaves ! les lois libérales et les usages barbares ! Le moyen âge à côté du xix» siècle ! Ce pays, c’est la Chine de l’occident ! Je défie le Français le plus entiché de préjugés de castes, le plus conservateur, de n’être pas douloureusement impressionné en face de cette antithèse sociale : la plèbe anglaise et l’aristocratie anglaise. Il n’est pas besoin d’être descendu dans les profondeurs de cette société monstrueuse pour en surprendre les vices cachés, et pour en sonder les abîmes. » Voilà, mon pauvre John, le bilan de ta situation intérieure.

Te parlerai-je maintenant de ton armée ? Tes fils sont braves. Poitiers, Crécy et Azincourt pourraient en dire quelque chose ; ils pénètrent dans un régiment ennemi avec le même sang-froid et la même roideur que tes gentlemen entrent dans un salon, et il ne m’en coûte aucunement de te faire cet aveu, car moi, Jacques Bonhomme, je ne suis pas ton vaincu. Avant l’héroïque manifestation de ma fille Jeanne, on ne me considérait que comme de la ribaudaille, et ce n’est qu’à partir de Charles Vit que nous avons commencé tous deux à nous regarder face à face ; jusque-là, tu as eu facilement raison de cette brave, mais trop bouillante noblesse, qui aurait dédaigné une victoire due à la discipline et à. l’emploi des engins nouvellement découverts.

Aujourd’hui, mon organisation militaire est enviée de toutes les nations. Chez moi, chaque Français doit son sang à la patrie, et c’est le sort qui en décide. Mes enfants disent avec fierté : J’ai servi sous tel drapeau ; j’étais à Marengo, à Friedland, à Austerlitz, à Mafenta.