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dérables. L’épaisseur de la tige n’est pas moins variable ; élancée et grêle dans quelques espèces, elle atteint quelquefois jusqu’à douze mètres de diamètre. Cette tige se compose de deux parties principales : le bois et l’écorce. Chacune de ces deux parties a une structure différente. Le bois renferme à l’intérieur la moelle, contenue dans le canal médullaire ; puis viennent les couchés ligneuses, dont le nombre correspond en général à celui des années qui forment l’âge de l’arbre ; elles sont coupées transversalement par les rayons médullaires, qui font communiquer la moelle avec l’écorce. On divise le bois en bois parfait, bois de cœur ou duramen, qui se distingue par sa position centrale, sa formation antérieure, son tissu plus dense et plus dur, sa couleur en généralplus foncée, comme on peut le voirdans l’ébène, l’acajou, l’orme, etc. ; en aubier, qui se co’mpose des couches les plus récentes, et présente un tissu plus mou et une couleur plus claire, souvent blanche, d’où vient son nom d’aubier (a Ibus, blanc). Avec l’âge, l’aubier se transforme en bois parfait dans les arbres dits à bois dur, tels que le chêne, l’orme, etc. Il ne change jamais dans’ les arbres à bois blanc ou mou, comme le peuplier, le saule, etc. L’écorce présente à l’intérieur le liber, ainsi appelé parce

?iue ses couches sont superposées comme les

euillets d’un livre ; puis vient l’enveloppe herbacée, et enfin l’enveloppe subéreuse, qui atteint dans le chêné-liége un développement extraordinaire. Dans les premières années, le tour est recouvert par l’épidérîne, qui ne tarde pas à disparaître avec l’âge. Ces particularités s’appliquent surtout aux arbres de nos climats, qui appartiennent au grand embranchement des dicotylédones. Mais dans les monocotylédones, tels que les palmiers, les faisceaux ligneux, au lieu-de former des couches concentriques, sont dispersés sans ordre dans la moelle. Les fougères arborescentes présentent aussi une structure particulière, qu’il serait trop long de décrire ici. Les arbres dicotylé lones présentent ordinairement un tronc nu, qui, à une certaine hauteur, se divise n branches et en rameaux. Les inonocotylé de feuilles. Sous le rapport de leur utilité et. de leur emploi, on distingue les arbres fruitiers (pommier, poirier, pêcher) : forestiers (chêne, hêtre, bouleau) ;, industriels (chêne-liége, sumac, saules, osiers) ; à’ornement (magnolias, tulipiers, marronniers, etc.).

— Droit. Les arbres, même lorsqu’ils font partie d’un bois taillis ou d’une futaie et sont destinés à être coupés, sont immeubles de leur nature, tant qu’ils n’ont pas été coupés ou arrachés : dès lors ils deviennent meubles et susceptibles d’être saisis-exécutés. Les arbres d’une pépinière sont considérés comme immeubles, bien qu’ils ne soient plantés que provisoirement dans le sol où on les a mis. Ils sont présumés appartenir au propriétaire du fonds, jusqu’à preuve du contraire : l’usufruitier est tenu de les respecter ; toutefois il peut se servir, pour les réparations auxquelles il est obligé, des arbres abattus du arrachés par accident, et même en abattre, si cela est nécessaire, pourvu que cette nécessité soit constatée par le nu-propriêtaire. Ceux qui meurent deviennent sa propriété, à la charge de les remplacer par d autres. (C. Nap., art. 591 et s.)

Il est interdit de planter des arbres de haute tige à moins de 2 m. de la ligne séparative des héritages voisins et de o m. 50 cent, pour les autre j arbres et-les haïes vives : le voisin peut exiger’que tout ce qui est planté- à une distance moindre soit arraché. (C. Nap., art. 671 et s.) On ne peut non plus planter d’arbres sur les terrains riverains des cours d’eau navigables ou flottables sans observer les distances prescrites par les règlements spéciaux. Lesarbres plantés sur les routes impériales appartiennent à l’État, à moins qu’ils n’aient été plantés par des particuliers en vertu d’anciens règlements : en tous cas, Us ne peuvent être abattus ou élagués qu’avec l’autorisation du gouvernement. (Loi du 12 mars 1825.) Lorsque les plantations d’arbres ne sont pas faites sur les routes mêmes par l’État, les propriétaires riverains peuvent être tenus d’en faire a leurs frais sur leurs propriétés dans des conditions que l’administration a le droit de fixer. Des lettres patentes du 19 janvier 1552 enjoignirent aux seigneurs et. habitants des villes, villages et paroisses, de planter des ormes sur le bord des grandes routes, afin d’assurer à l’artillerie une provision de bois pour ainsi dire inépuisable. Des arrêts du conseil et des ordonnances en mo, 1776,1787, renouvelant des actes plus anciens, prescrivirent ces plantations et défendirent, sous’ des peines sévères, d’abattre ou de couper ces arbres. Ces dispositions entrèrent dans le décret du 16 décembre 1811 qui régit aujourd’hui la matière : les contraventions punies d’amendes sont déférées au conseil de préfecture. V. Domaine public, Chemins, Voirie.

Les arbres, en tant qu’ils font partie de bois ou de forêts régies par le Code forestier, sont l’objet d’une réglementation minutieuse, et défendus contre tous dommages et dégâts par des pénalités, graduées selon l’âge, l’essence, la hauteur et le diamètre de l’arbre endommagé ou coupé.

Le Code pénal punit d’un emprisonnement de six jours à six mois par chaque arbre abattu ou détruit celui qui a abattu ou fait périr des arbres qu’il savait appartenir à autrui, sans

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que la peino au total puisse excéder cinq ans. Le minimum de cette peine est de vingt jours si les arbres étaient plantés sur les routes, places, chemins, rues pu voies publiques, vicinales ou de traverse (art. 445, 446 et 448). La destruction de greffes est punie, par chaque greffe, d’un emprisonnement de six toursà deux mois., sans que le total puisse excéder deux ans (art. 447). Le législateur, sous la dénomination d’arires, n’a pas compris les arbustes ou arbrisseaux dont la destruction, à moins qu’elle ne puisse être caractérisée de dévastation de plants (art. 444, C. pén.), ne peut donner lieu qu’à des condamnations civiles. La loi du es septembre 1791 sur la police rurale (art. 13), punit d’une amende égale à deux journées de travail, par tête d’animal, les propriétaires des chèvres qu’ils ont laissées errer et qui ont endommagé des arbres fruitiers ou autres.

— Hist. Les premiers peuples eurent les arbres en grande vénération, et les forêts, ces temples primitifs^ leur parurent le séjour favori de leurs divinités ; aussi était-ce dans ces solitudes ombreuses qu’ils se plaisaient à célébrer les cérémonies du culte qu’ils leur rendaient. Rien n’était aussi propre, en effet, à inspirer une religieuse terreur, que le profond silence de ces mystérieuses forêts, à peine interrompu par le bruissement des feuilles ou par le murmure des ruisseaux se frayant un passage ignoré a travers les fougères arbprescentes et ces herbes vigoureuses qui croissaient en liberté sur une terre vierge encore. Bientôt à ce sentiment vague et indéterminé

joignirent des préjugés divers, et c’est ainsi qu’on en vint a attribuer à chaque divinité une prédilection pour ujharbre quelconque,

le chêne à. Jupiter et à

Cy oèle, à Bacchus et a l’an le pin maritime, à Minerve l’olivier, à Apollon le laurier, ’à Vénus le myrte, à Mars le frêne, dont on faisait le bois des lances ; le peuplier à Hercule, le cèdre aux Euménides, le palmier aux Muses, l’érable aux Génies, etc. ; mais derrière ces superstitieuses croyances se cachait un ■ symbole d’origine purement humaine : Cybèle, déesse de la fécondité, présidant aux productions de la terre, protégeait le chêne, dont les glands furent la nourriture des premiers hommes ; Minerve préféra l’olivier, source d’une.pacifique richesse pour les habitants de l’Attique, et ainsi de suite. On alla plus loin encore, et l’on attacha des emblèmes du même genre aux constellations et aux signes du zodiaque. Plusieurs peuples du nord de l’Europe ont eu également le culte des arbres : les druides révéraient particulièrement le chêne et surtout le gui, plante parasite de cet arbre, qu’ils recueillaient avec un cérémonial particulier. Les Germains rendaient un culte ■au chêne, au pin et au tilleul, et les anciens habitants de la’Hesse honoraient par des sacrifices le grand Chêne au Tonnerre, que saint Boniface fit abattre sous Charles-Martel. Le christianisme, en substituant aux superstitions du paganisme une religion purement morale, enleva aux arbres cette signification religieuse, que la disparition presque complète des forêts acheva de plonger dans l’oubli ; mais les peuples modernes continuèrent à considérer les arbres, sinon comme un objet de culte, au moins comme des monuments dignes de transmettre à la postérité le souvenir d’un événement mémorable. Tels furent les arbres de la liberté, connus dès les temps les plus anciens de la Grèce et de Rome. La coutume s’en répandit en Europe et fut importée par les Anglais dans leurs colonies américaines sous le nom de May-poles. Après l’émancipation de la Nouvelle-Angleterre, cet emblème revint en France, où les premiers arbres de la liberté furent plantés en 1790. V. ci-dessous Arbres

DE LA LIBERTÉ.

Certains arbres, soit à cause de leur antiquité, soit à cause de leur énorme développement, soit surtout par les souvenirs qui y sont restés attachés, ont conquis pour ainsi dire une existence historique. Nous allons citer les principaux :

Les Arbres-Mammouths de la Californie. Ces végétaux, inconnus.jusque dans ces derniers temps, furent découverts par le naturaliste Lobb, sur la Sierra-Nevada, vers les sources des fleuves Stanislas et Saint-Antoine. Us appartiennent à la famille des conifères, et atteignent l’incroyable hauteur de 130 m. L’écorce, d’une épaisseur énorme., est de couleur cannelle ;-le bois rougeàtre, mou et léger. L’âge de l’un de ces arbres, abattu, s’élevait, d’après ses anneaux, concentriques, à plus de 3,000 ans. Par un acte de vandalisme, on a évidé à une hauteur de 21 pieds, et exposé à San-Francisco, l’écorce de la partie inférieure d’un de ces géants. Elle formait une chambre que l’on avait garnie de tapis. On se fera facilement une idée de sa dimension quand on „saura, qu’outre un piano, il fut possible d’y établir des sièges pour 40 personnes, et qu’une autre fois 140 enfants y trouvèrent suffisamment de la place. Un de ces troncs est aujourd’hui au palais de Sydenhanf, et une des merveilles de ce palais merveilleux. Ces arbres, auxquels on a donné le nom botanique de Wellingtonia gigantea, se trouvent au nombre de 90 à 100 sur un espace très-resserré. Ils sont groupés par deux ou trois sur un sol fertile et noir, arrosé par un ruisseau. Les chercheurs d’or eux-mêmes leur ont accordé quelque attention et leur ont attaché des qualifications bizarres. Ainsi, l’un de ces arbres

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porte chez eux le nom de Miner’s cabin, et possède une tige de 100 m. de hauteur, dans laquelle s’est creusée une large excavation. Les Trois-Seeurs sont trois arbres issus d’une seule et même racine. Le Vieux célibataire, déchevelé par les ouragans, croît loin des autres, et mène une existence solitaire. La Famille se compose d’un couple d’ancêtres et de 24 enfants. Enfin, YEcole d’équitaiion est un gros tronc renversé et creusé par le temps ; dans sa cavité on peut entrer à cheval jusqu’à une distance de 20 m.

Le Boabab de Grànd-Galargues. Cet arbre. de la Sénégambie parait être le plus antique monument végétal du monde entier. On lui attribue l’âge prodigieux de 5 à 6,000 ans. La tige s’élève à peine à la. hauteur de 4 m. ; mais, en revanche, elle en a 30 de circonférence, et il ne lui faut rien moins que cette énorme base pour supporter son gigantesque dôme de feuillage. La branche centrale s élève perpendiculairement jusqu’à la hauteur de 20 m-, tandis que les branches latérales s’éloignent d’autant, ce qui forme une coupole dont le diamètre dépasse 50 -ra. Les nègres ont orné de sculptures l’entrée de la cavité qui s’est creusée dans’la tige de cet arbre extraordinaire, et ils tiennent dans l’intérieur, qu’ils ont transformé en salle de conseil, leurs assemblées générales.

Les Cèdres du Liban. Ces patriarches du monde végétal, dont quelques-uns passent pour être contemporains de Salomon, s élèvent au lieu dit El Herzé, sur un étroit plateau du mont Liban, auprès d’un village appelé Bécharray, non loin de Tripoli de Syrie et de Djebaïl. Les cèdres les plus gros sont au nombre de sept, entourés d’un petit bois formé par leurs rejetons ; Us s’élèvent de 20 à 30 m. de hauteur, et le plus gros, qui n’a pas moins de 4 m. de diamètre, couvre une circonférence d’environ 40 m. « Un peuple florissant se propagera, dit l’Écriture, comme un cèdre du Liban. • Les branches toujours vertes, même lorsqu’elles sont couvertes de neige, ce qui a lieu une grande partie de l’année, sont plates, touffues et horizontales ; quand elles sont balancées par le vent, on croit voir des nuages épais chassés par son souffle. Les moines maronites, chargés de la garde des cèdres, confectionnent avec le bois de ceux qui sont abattus par la faux du temps ou le vent de nord-ouest, des coffrets fort recherchés des voyageurs. Pendant la belle saison, les environs se peuplent, dit-on, d’une foule de pèlerins druses et maronites : Au pied des arbres les plus gros/on dresse des autels sur lesquels on célèbre la messe. De tous côtés on accourt à cette fête religieuse, car les cèdres ont leurs dévots comme le temple de Jérusalem. L’office achevé, on tire des coups de fusil en signe de réjouissance, et chacun reprend le chemin de son village, emportant une branche de cèdre pour en orner le devant de sa maison. Il y a aussi des cèdres dans un autre endroit du Liban appelé Radkèl, mais ils sont loin d’avoir acquis le même développement que ceux à’El Herzé. Le cèdre du Liban, nommé en hébreu cretz (mot qui signif. pin, en général), est certainement l’arbre dont il est le plus fréquemment fait mention dans’ la Bible. Nous citerons les passages suivants : Liv. des Juges, ch. ix, v. 15. — 1er liv. des Rois, ch. iv, v. 33 ; ch. v, versets : 2« liv. id., ch. xiv, v. 9. — Liv. d’Esther, ch. m v. 7. —r Psaume 104, v. 16. — Liv. d’Ezéchiel, ch. ravit, v. 5. — Liv. de Zacharie, ch. n, v. 1, etc. Le bois de cèdre était employé par les Hébreux pour la construction des maisons des riches, des palais (2e liv. de Samuel, ch. vit, v. 2. — Liv. de Jérénde, ch. xxn, v. 15) ; on en faisait aussi des idoles et des mats de navires (liv. d’Ezéchiel, ch. xxvn, v. s). Tout l’intérieur du temple de Jérusalem était lambrissé de cèdre recouvert de lames

Le Châtaignier de l’Eina. Cet arbre gigantesque, qui n’a pas moins de 53 m. de circonférence, est certainement le végétal le plus volumineux qui soit sur le globe. On croit généralement que son énorme tronc est un assemblage naturel de cinq arbres qui, pressés l’un contré l’autre à mesure qu’ils ont grossi, ont fini par se souder et se trouver réunis sous une même écorce ; cependant Brydone, qui vit cet arbre en 1770, rapporte que ses guides, interprètes des traditions locales, disaient que jadis une écorce continue et très-saine couvrait encore ce tronc, dont on ne voit plus aujourd’hui que les vénérables ruines. Dans une énorme ouverture naturelle, par laquelle deux voitures peuvent passer de front, une cabane a été construite. Cet arbre est appelé le châtaignier des cent chevaux (castagno de cento cavalli), depuis que la reine Jeanne d’Aragon, surprise sur l’Etna par un orage effroyable, trouva un abri sous cet arbre avec cent personnes de sa suite. Dans son’ Voyage pittoresque aux îles de la Sicile, en 1784, Houel a donné un dessin du châtaignier de l’Etna.

Les Châtaigniers de Robinson, arbres énormes situés dans les campagnes voisines de Sceaux et surtout de Chatenay, près Paris ; les plus gros sont au lieu dit Robinson, ainsi nommé à cause de son isolement au milieu des bois., En 1848, il s’y installa une sorte de restaurant dont le fondateur eut l’idée de placer des solives sur les grosses branches de quelques

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châtaigniers, afin d’y établir des salles à manfer aériennes auxquelles on arrivât au moyenescalittrs tournant autour du tronc. Ce restaurant pittoresque obtint bientôt ta vogue ; on se précipita chaque dimanche vers les ombrages de Chatenay, et les arbres de Robinson

Les Chênes de la forêt de Dodone. Dans cette forêt se trouvait, comme on sait, l’oracle le plus ancien de la Grèce. Il y avait principalement un hêtre ou un chêne, car on n’est pas d’accord sur la nature de cet arbre, d’où sortait la voix même de Jupiter. • L’oracle, dit Hésiode, habite le creux du hêtre. » Naïveté, ironique peut-être, qui nous montre le prêtre caché dans le creux du vieil.arbre. Il est certain, en effet, que les prêtres se tenaient cachés dans le creux de ces arbres vénérés pour faire entendre la réponse de l’oracle, et comme le respect tenait les consultants à une certaine distance, ils ne pouvaient s’apercevoir de cette supercherie. Les croyants affluaient de tous les points de la Grèce pour venir soulever un coin du voile de l’avenir, et leur afttuence fit la richesse de la ville de Dodone, dont l’opulence cessa en même-temps que le crédit de ses oracles, ruiné par les Aristophane, les Zénon et les Lucien, ces Fontenelles de la Grèce ancienne.

Le Chêne de Salcey, Chêne qui jouit d’une grande célébrité en Angleterre, et dont le major Rookes adonné une description. À dix milles de Northampton, la forêt de Salcey, respectée par la hache depuis un nombre d’années impossible à supputer, possède des arbres dont un grand nombre sont parvenus à un degré merveilleux de développement. Le plus remarquable est un énorme chêne, auquel on a donné le nom de" grand chêne de Salcey (the great Salcey oak). À la base, il a à peu près 40 m. 60 cent, de diamètre, et à plus de 3 m. de terre, sa circonférence est encore considérable.

Le Chêne du roi Étienne, dans la province de Southampton, ainsi nommé par la tradition, qui voulait que ce prince eut tué un cerf gigantesque près de ce chêne, était un arbre vraiment prodigieux. Chaque année, le peuple des environs faisait une procession autour du tronc, et tous les enfants chétifs ou atteints de graves maladies étaient enfermés pendant une heure dans son immense cavité, et les bons parents s’en retournaient rassurés sur l’avenir de leur géniture. Ce chêne tomba de vétusté, et sa mort fut plus regrettée que ne l’avait jamais été celle du plus illustre médecin de l’Angleterre.

Le Chêne de la Cuve, chêne situé dans la forêt de Brotonne, dans un lieu dit Val-auxLouvetiers, commune de Guerbaville (Seine-Infér.). La souche, qui otfre un périmètre de 6 m., se divise, à 1 m. 20 du sol, en quatre tiges, qui s’élèvent à une hauteur de 30 m. Avant 1832, la bifurcation était de cinq tiges. À cette époque, des.maraudeurs, voulant se venger de la surveillance trop active du gardechasse de la conservation de cette partie de la. forêt, mutilèrent ce bel arbre en coupant à sa naissance la plus forte de ces tiges. Une chose digne de remarque, c’est qu’à la naissance des quatre tiges on observe un vide régulier,

Frofond et en forme de bassin, dans lequel eau séjourne, même pendant les plus grandes chaleurs de l’été. Cette cavité, qui présente une profondeur de 0» 90, est l’origine du nom attaché à cet arbre. La renommée dont jouit dans la contrée le chêne de ta Cuve ne paraît pas due seulement à son grand développement et à la particularité qu’il présente ; l’eau retenue constamment dans cette sorte de cuve passe pour avoir la propriété de guérir certaines maladies de la peau : ce qui peut s’expliquer "sansl’intervention d un miracle, puisque cette eau contient une quantité notable de tannin.

Le Chine de Guernica. Un des arbres historiques les plus célèbres en Espagne est celui de Guernica, dans la Biscaye. L’assemblée générale du gouvernement de cette province se réunissait tous les deux ans sous ce chêne pour voter. C’est aussi là que se faisait la vérification de l’élection et que se tenait la première séance. C’est là encore que siégeaient les juges qui exerçaient des poursuites pour cause de félonie. En 1476, Ferdinand et Isabelle jurèrent sous son feuillage le maintien des lois biscayennes : los fueros.

Le Chêne des partisans. La forêt de Parey-Saint-Ouen, canton de Brugnéville (Vosges),

renferme un arbre nommé le Chêne des partisans, qui a 13 m. de circonférence au-dessus du collet, et, à la naissance des principales branches, 5 m. 70 c. ; son élévation est de 33 m. et son envergure de 25. Il a près de six cent quatre-vingts ans d’existence, et paraît dater du temps où les bandes des Cottereaux, Carriers ou Routiers, dévastaient la France, sous le règne de Philippe-Auguste. D’autres prétendent que cet arbre reçut le nom de chêne des partisans, parce que les Vosgiens, qui à Neufchâteau voulaient défendre leur pays, s’y donnèrent rendez-vous en 1437.