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APO

n, myth.). Mus. Sorte de théorbe à vingt cordes simples.

— Astron. Nom que quelques astronomes donnent à l’étoile a des gémeaux. -^- Entoiii ; Très-belle espèce de lépidoptère où papillon diurne, du genre parnassien, qui habite les régions montagneuses de l’Europe et de l’Asie.

— Autrefois, Petite robe de chambre fort courte, qui, ne descendait que jusqu’aux

ela

tone, naquit dans l’île de Délos. Peu de jours après sa naissance, il perça de ses traits le serpent Python, suscité par Junon contre sa mère, et c’est d’où lui vient son surnom de Pythien. Plus tard, pour.venger la mort de son fils Esculape, foudroyé par Jupiter, il tua à, coups de flèches les cyclopes qui avaient forgé la foudre. Irrité de cette audace, le maître des dieux le chassa de l’Olympe et l’exila sur la terre. Apollon fut réduit alors à garder les troupeaux. d’Admète, roi de Thessalie. Ce fut pendant son séjour dans ces campagnes qu’il inventa la lyre, qu’il se vengea du jugement de Midas en lui faisant pousser des oreilles d’âne, qu’il écoreha vif le satyre Marsyas, qui avait osé lui disputer le prix, de la musique, et que Mercure lui vola ses troupeaux. Il passa ensuite au service de Laomédon, et s’occupa avec Neptune à bâtir les murailles de Troie. Ses malheurs apaisèrent enfin le courroux de Jupiter, qui le rappela au ciel, et le chargea J" "induire le char du soleil. Apollon aima»un

grand nombre de nymphes et de mortelles : Daphné, qu’il poursuivit inutilement et qui fut métamorphosée en laurier ; Cassandre, qui reçut de lui le don de prophétie ; Coronis, mère

d’Esculape ; Clymène, mère de Phaéton, etc. Comme dieu de la poésie, il présidait aux assemblées dés Muses. Ses principaux oracles furent ceux de Delphes, de Délos et de Ténédos. Les peintres et les poètes avaient fait de lui le type idéal de la beauté juvénile.

— La langue littéraire a conservé du mythe apollonien un certainAombre d’expressions,

I périphrases un peii

illes les.poetes non

st ainsi qu’ils appellent Apollo .

Latone, le dieu de la lumière, du jour, des saisons, des muses, du Parnasse, du Pinde, du’double Mont, -de Délos, d’Hippocrène, le dieu de la double colline, du Cynthe, de la poésie, des vers, de l’harmonie, de l’éloquence, des arts ; le blond Phébus, le dieu à la blonde chevelure, l’amant de Daphné ; etc. Les locutions suivantes font également allusion aux qualités et aux privilèges qui distinguent cette divinité : II chante comme un Apollon, Se dit de celui qui se fait admirer par l’expression, par la pureté de son chant.

II chanta comme un cygne ou comme un Apollon.

Il Rimer, faire des vers en dépit d’Apollon. Paire des vers sans avoir aucun talent pour la poésie, il Les enfants, les fils, les favoris d’Apollon, Les poëtes :

Dors, 6 fils i’Apollon, ses lauriers te couronnent. V. Huoo.

Il Par antonomase, C’est un Apollon, Se dit d’un excellent poëte, et ironiquem., d’un mauvais versificateur. Il On le dit aussi d’un homme remarquable par sa beauté et l’élégance de sa laille : C’est un gaillard bien campé, un véritable Apollon. (Fr. Soulié.) — Ce nom se prend encore comme syn. de génie inspirateur : L’amour fut son Apollon. L’amour est le Mars des guerriers et VApollon des poètes. (B. de St-P.)

La colère sufflt et vaut un Apollon. Boileau. squ’au dégoût,

ide un éjrout.

— AIlus. llttér.’ Mais c’est surtout au séjour

d’Apollon chez Admète, et a la vengeance que ce dieu tira de Marsyas, que les écrivains font allusion. Les phrases suivantes indiqueront suffisamment le sens de ces applications :

■ Nous suivons Goethe à la cour du grand-duc de Saxe-Weimar, improvisant joyeusement, assis parmi de jeunes dames d’honneur, semblable à Apollon au milieu des blondes génisses du roi Admète. « Henri Heine.

« Quoique vous ayez remis votre voyage de Paris, j’espère que vous me tiendrez parole, et que vous viendrez me voir ici. Apollon vint <adis se familiariser avec les mortels, et ne dédaigna pas de se faire pasteur pour les instruire. Faites-en de même, monsieur, vous ne pouvez suivre de meilleur modèle. »

La margravine "Wilhelmjne, à Voltaire.

« À propos de beauté, un de nos fermiers a un fils qui passe avec raison pour le plus beau garçon du pays. Il est blond et a dix-huit ans. Ce ne sont point ces gros traits des Anglais et des Allemands. Sa’ tête est toute grecque. Il est loin de s’en douter, et cela lui donne une grâce et un naturel que n’ont point vos messieurs de Paris. Avec sa blouse et ses sabots, il a tout à fait l’air d'Apollon chez Admète. • P.-L. Courier.

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« Lorsque M. de Lamartin&-se mit sur les rangs dans les élections de 1831, Némésis, qui cherchait les querelles retentissantes, fit monter ses injures vers cette haute renommée. En lisant la réponse étincelante de beautés que le grand poète laissa tomber sur le versificateur, les classiques se souvinrent de la lutte inégale du Phrygien Marsyas avec Apollon, et du châtiment infligé par le dieu vainqueur à son rival téméraire. » Alfred Nettement.

« La pie-grièche a encore une autre manie, celle d’écorcher les petits oiseaux qu’elle captive, pour en conserver les peaux. Un analdgiste quand même me disait une fois que cette pratique de la pie-grièche, qui est une mélomane passionnée, devait êtro une vengeance à l’imitation de celle que le divin Apollon tira du satyre Marsyas : • ’ Toussenel.

« Si l !on peut fabriquer un succès, il est impossible de fabriquer une renommée. On a reconnu qu’il ne fallait pas s’en rapporter à ces preneurs sur le mérite de leurs favoris, parce qu’il, y avait trop de Midas parmi eux, et que Marsyas l’emportait sur Apollon. Galerie de littérature.

— Encycl. Les systèmes les plus contradictoires ont été proposés sur la patrie primitive à’Apollon ; les uns, croyant le reconnaître dans les divinités solaires de l’Asie occidentale, dans le Baal ou l’Adonis syrien, dans le Mithra des Perses, lui ont assigné une origine asiatique ; d’autres l’ont identifié à l’Osiris égyptien, à Horus et à Ré ou Phré, tandis que plusieurs, à la tête desquels il faut placer le célèbre érudit Ottfried Millier, ont vu en lui un dieu exclusivement hellénique. Mais, dans cette dernière hypothèse même, les traditions’ mythologiques sont loin de concorder : l’Iliade le fait naître en Lycie ; un hymne homérique, à Délos ; des traditions postérieures, dans le bois sacré d’Ortygie près d’Éphèse, à Tégyre en Béotie, à Zoster en Attique. Toutefois, le culte de Délos ayant pris une importance considérable, la tradition qui rattache à cette île la naissance du dieu finit par devenir dominante, mais sans qu’elle présente pour cela aucun caractère de plus haute antiquité. Le culte d’Apollon ne parait pas avoir existé chez les Pélasges ; en revanche, on le rencontre florissant chez les trois grandes familles des peuples qui succédèrent aux races aborigènes : Apollon était adoré à la fois par les Doriens, les Eoliens et les Ioniens, mais plus spécialement par les premiers. Ottfried Millier assure même qu’il était leur divinité nationale, et que ce sont eux qui le firent connaître aux Ioniens, aux Eoliens et aux habitants de l’Attique. Suivant le même érudit, la patrie primitive du culte A’Apollon serait la vallée de Tempe, d’où il aurait été apporté à Delphes, et de là se serait répandu dans toute la Grèce, en s’associant à celui de Zeus ou Jupiter, divinité suprême des Pelages. Des colonies doriennes le transportèrent en Crète, d’où il se propagea dans toutes les lies de l’Archipel et sur la côte d’Asie. Partout s’élevèrent des sanctuaires où le dieu rendait des oracles et purifiait de leurs crimes ceux qui l’imploraient. En Lycie, à Milet, à Claros, en Troade, il fut l’objet d’une dévotion particulière, et ses temples acquirent une grande célébrité. Le Péloponèse reçut à son tour le dieu de Delphes, et des colons ou des navigateurs crétois introduisirent le culte apollinique à Trézène, à Ténare, à Mégare et à Thoricos. Toutefois, en Arcadie, le dieu dorien eut à lutter contre Hermès, la grande divinité de ce pays, à laquelle lui-même, en sa qualité de divinité pastorale et fatidique, il disputait ses principaux attributs.

Les traditions de Délos donnaient pour mère à Apollon la déesse Leto ou Latone, dans laquelle on reconnaît une personnification des ténèbres et de la nuit, filiation qui vient à l’appui du caractère originairement solaire d’Apo//on. Aussi, au temps de l’apogée de la civilisation hellénique, Apollon était-il adoré et invoqué comme le dieu de la clarté et des lumières physiques et morales. Il est donc hors de doute que, dans la mythologie grecque, Apollon et Hélios, le soleil, personnifiaient et l’autre l’astre du jour. L’ancien nom

avait atteint le plus grand développement, et c’est ainsi que nous retrouvons plus d’une fois ce nom entrant comme radical, dans celui de plusieurs localités consacrées a Apollon. C’est ainsi encore que les contes relatifs à des métamorphoses en loups, que l’on rattache à

l’histoire de ce dieu, n’ont pas d’autre fondement que l’analogie des noms Lux, Leukos, Leukios, Leukaios, Lycien, Lycéen, donnés à Apollon comme principe de la lumière, avec le mot lukos, loup. Il est probable que la.métamorphose de Lyeaon repose sur un pareil

jeu de mots.

—À partir du.vue ou du vie siècle, Apollon s’offre à nous sous des faces très-multiples, qui forment le point de départ d’autant d’attributs. D’abord il est le dieu vengeur, le dieu qui envoie aux hommes le châtiment et mort ; ses armes sont l’arc et les flèches, et flèches sont l’image allégorique des rayons

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Voilà pourquoi les maladies épidémiques sont représentées comme les effets de la colère du dieu. C’est ainsi que ; dans Vlliade, il frappe de la peste l’armée d’Agamemnon. Mais si Apollon envoie aux hommes la peste et les maladies, il est aussi le dieu bienfaisant qui les écarte, qui les guérit, car ses rayons salutaires rendent la santé et les forces au corps

délire que les Grecs, comme presque tous les peuples peu éclairés, prenaient pour un signe d’inspiration divine. Aussi eut-il bientôt une foule d’oracles plus ou moins célèbres ; nul dieu n’en compta plus que le fils de Latone, la divinité fatidique par excellence : celui de Thémis, à Delphes, dont il s’était emparé après avoir tué un serpent qui en avait la garde ; ceux d’Abœ en Phocide, des Branchides, à Didyme, près de Milet, d’Ichnœ en Macédoine, de Claros près de Colophon, de Délos, de Sélinonte en Cilicie, de Patara en Lycie, de Thymbra en Troade, de Larisse en Argolide, d’Orope dans l’île d’Eubée, de Té Ere en Béotie, d’Eutrésis près de Thespies, Tbèbes sur les bords de 1rlsmène, d’Abdère en Thrace, etc. Le dieu rendait ses oracles de différentes manières : à Delphes, une femme hystérique ou épileptique. excitée par des boissons narcotiques, prophétisait l’avenir ; à Didyme, des prêtres ventriloques, les Branchides, parlaient au nom du dieu, dont ils simulaient la voix ; ailleurs, comme à Délos, la voix de l’avenir se faisait entendre dans le bruissement des arbres, ou. comme à Claros, c’étaient des sources dont 1 eau inspirait ceux qui en avaient bu, ou bien encore les prêtres employaient la farine sacrée, etc. Apollon fut donc toujours le dieu de la divination par excellence ; mais la médecine étant liée dans le principe à l’emploi des charmes, des purifications et des opérations magiques, il prit aussi naturellement le caractère dé divinité médicale et secourable dans les maladies. Les deux qualités de devin et de médecin se confondaient à l’origine des sociétés, puisque les premiers médecins n’ont été que des sorciers conjureurs des mauvais esprits, ces mauvais esprits étant considérés comme les auteurs des maladies.

L’épithète de Phœbus, phoibos, brillant, donnée par Homère à Apollon, implique, par la manière dont elle est employée, l’idée d’une lumière intellectuelle et morale. Aussi Apollon est le dieu de l’inspiration poétique comme celui de la divination, le vates par excellence. Ces deux inspirations, qu’il réunit en les confondant, n’étaient en quelque sorte pour les anciens qu’une même chose. Le devin (vates) était un poète" qui rendait ses oracles dans une sorte de poème prophétique (vaticinium) ; voilà pourquoi les réponses des oracles se donnaient presque toujours en vers. On sait que les anciens avaient l’habitude de chanter leurs poésies ; Apollon est donc aussi le dieu de la musique et du chant. Homère nous le représente, en effet, charmant les dieux durant leurs festins par les accords de sa lyre ; Callimaque lui attribue même l’invention de cet instrument, dontune autre tradition fait honneur à Mercure. Enfin Apollon était aussi invoqué comme divinité champêtre, caractère qu’il revêtit en Arcadie et surtout chez les Troyens ; Homère nous le représente comme nourrissant de superbes cavales et gardant sur le mont Ida les troupeaux de Laomédon ; nous avons déjà dit, suivant une autre légende, qu’il servit huit ans chez Admète, roi de Phères, en qualité de berger. Apollon était encore un dieu fondateur des villes, protecteur des colonies, des confédérations ; plus tard il devint le chef des muses, Musagète, caractère qu’il eut surtout chez les Doriens.

De cette multiplicité de faces sous lesquelles ce dieu nous apparaît, sont nés une foule de dénominations, de surnoms, d’épithètes, que les poètes ont empruntés soit aux attributs d’Apollon, soit aux lieux qu’il a habités, où il était spécialement honoré, au culte dont il était 1 objet chez les différents peuples, etc. : Hekatos, hekatebolos, kekebolos, celui dont les coups atteignent au loin ; klutotoxos, argurotoxos, le dieu illustre par l’arc, le dieu à l’arc d’argent ; sâtêr, akesios, epikourios, alexikakos, sauveur, secourable, qui guérit ; archégetès, ddmatistés, oilcistès, conducteur, chef, fondateur ; nomios, pastoral ;-Klarios, Larissœos, Tegurœos, Thymbrœos, Patareus, Eutresitès, Ismenios, Anaphœos, Amyclœos, Delios, Delphicds, Grynœos, Hyperbarœos, Smmtheus, etc., noms tirés des villes ou des lieux où il avait des oracles ; iatromantis, médecindevin ; boedromios, le secourable ; Daphnceos, Daphnitès, celui qui est couronné de laurier ; Sauroktonos, le tueur de lézards, etc., etc. Chez les Latins, nous trouvons medicus, opifer, salutaris, auricomus, arcitenens, fati’ dicus, augur, vates, veridicus, ela.

Parmi les animaux et les plantes consacrés à ce dieu, on cite surtout le cygne, le vautour, le corbeau, le coq, le faucon, la cigale, le loup, le serpent ; le laurier, le palmier, l’olivier et le tamarin. Le culte i’Apollon présenta de bonne heure en Grèce un caractère beaucoup moins matériel que celui des autres dieux ; on lui sacrifiait desbœufs, des chèvres.des brebis, des loups, et, chez les hyperboréens, des.ânes ; mais dans la plupart des temples principaux qui lui étaient dédiés, on lui offrait des sacrifices non sanglants : à Delphes, des gâteaux et de l’encens dans des corbeilles sacrées ; à Prttare, des pâfenux en forme d’arc, de Moche rt ik> lyre..

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Peu à peu même l’aspect matériel à’Apollon s’effaça ; les arts idéalisèrent sa figure, et il devint le type de la beauté et de l’intelligence. « Cette nouvelle forme revêtue par Apollon, dit M. Alfred Maury, se rattache à ce grand mouvement des idées en Grèce, à cette sorte. de révolution des conceptions religieuses helléniques, qui transforma les divinités en des personnages types de certaines vertus, de certaines qualités. Cette révolution imprima à la mythologie grecque un cachet plus religieux, dans l’acception moderne du mot, En effet, qu’est-ce que le sentiment religieux, si ce n’est l’aspiration de l’esprit et du cœur vers l’idéal des qualités, des vertus dont la racine se trouve dans l’esprit et le cœur humain. Cet idéal, l’imagination le transporte sur des personnes, des êtres qu’elle crée, ou plutôt aux êtres par lesquels l’ignorance des lois de la nature lui faite " ’ 1"i ’ **"

siques. Ainsi,

divinité est d’abord jusqu’à u

distincte du sentiment religieux, euienuu uaiis le sens moderne. La notion divine n’est que celle de cause. L’homme, mù par l’admiration et la peur, rapporte à des êtres surnaturels ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il sent ; mais ces êtres où se personnifient les causes, les agents physiques, .il n’y rattache d’abord aucune idée de moralité. Il invoque les dieux, parce qu’il les craint ; s’il pratique certaines bonnes actions, c’est que les premiers quoique obscurs enseignements de la conscience lui révèlent le bien et le mal, et qu’il croit que le mal offense ces divinités. Mais un sentiment plus profond du bien, une idée d’un dieu bon, parfait, réalisant dans sa personnalité divine un idéal que lui, homme, trouve au fond de son être, l’humanité à son berceau l’ignoré. Elle est superstitieuse sans être réellement religieuse, et elle ne le devient qu’au moment où, la notion divine s’épurant, l’homme adore l’idéal des vertus humaines sous la forme de ces dieux qui n’étaient d’abord que de grossières personnifications de l’air, de l’eau, du feu, de la terre et des pierres. C’est ce qui arriva pour Apollon, c’est ce que l’on observe pour Jupiter, Minerve, Vénus et Hercule. A mesure que le mythe se développa, que l’art progressa, il tendit à résumer dans ces divinités le type accompli d’une vertu, d’une qualité humaine : la souveraine puissance, l’intelligence, la beauté et la force. »

Le culte $ Apollon fut introduit à Rome dès l’an «0 av. J.-C, à la suite d’une peste qui avait désolé cette ville. On lui éleva un temple, et, plus tard, pendant les guerres puniques, on institua en son honneur les jeux Apollinariens, qui se célébraient tous les ans. Mais, c’est surtout à partir de l’époque impériale, que le culte du dieu se propagea chez les Latins. Après la bataille d Actium, Auguste lui éleva un temple en ce lieu même, un second au sommet du mont Palatin, à Rome, et institua en son honneur les jeux Octiaques. Apollon figura alors constamment parmi les dieux latins avec les mêmes attributs, le mémo caractère qu’il avait en Grèce, et fut identifié au soleil : puis, lorsque les Romains por’ tèrent leurs divinités chez les peuples qu’ils avaient conquis, en Gaule, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Asie, en Afrique, etc., ils identifièrent de même Apollon aux divinités solaires de ces diverses contrées, et l’on vit apparaître Apollon Grannus, Apollon Belenus, Apollon Livius, etc., divinités bâtardes dont les noms se rencontrent dans les inscriptions latines.

De tout ce qui.vient d’être dit, on peut conclure qu’Apollon formait un des mythes les plus élevés du polythéisme gréco-latin, dont il résumait la partie la moins matérielle. On trouve en lui le principe civilisateur, moralisateur, fécondant, remplissant ces divers rôles chez les peuples, successivement et simultanément. Et ces rôles sont si bien marqués, qu’à une époque où l’histoire avait depuis longtemps pris la place des mythes païens, la fantaisie a pu, en se donnant une certaine apparence de raison, nier l’existence du conquérant qui a bouleversé le monde pendant quinze ans, et le ramener à une simple idéalité. Dans ce jeu de l’esprit, Napoléon n’était qu’une variante du dieu du jour, qui s’élève des confins de l’Orient (île de Corse), pour aller éteindre ses feux aux limites extrêmes de l’Occident (Sainte-Hélène). Lui aussi a été chassé un moment de l’Olympe ; et il est allé chercher un refuge dans une petite île ignorée de la mer Méditerranée (île d’Elbe). Sa mère, ses frères, ses sœurs, ses douze maréchaux forment sa cour, et gravitent autour de son trône impérial. Mais l’astre perd de sa chaleur et de sa force pendant un hiver rigoureux, et ce sontles avant-coureurs d’un déclin

Apollon (Représentations diverses d’). Apollon, dieu du jour, de la jeunesse, de la

« beauté, de la poésie, de la musique, de la médecine, réunit toutes les conditions propres à inspirer le génie des sculpteurs et des peintres..Aussi, peu de figures ont-elles exercé aussi fréquemment le talent des artistes de l’antiquité. Dès l’origine de la statuaire grecque, à l’époque où vivait Dédale (UOO ans environ av. J.-C.), les habitants de Délos con- ■ sacrèrent au fils de Latone une statue qui était l’ouvrage d’un de leurs concitoyens.

— D’après la description qu’en a donnée Plutarque, le dieu tenait s