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après avoir si vaillamment combattu ensemble les mômes ennemis. S’arrachant du milieu des intrigues et dos émeutes populaires, que dédaignaient ses audacieux instincts de guerre, Condé était venu camper à Saint-Cloud, à la tète de l’armée des princes, tandis que la cour s’établissait à Saint-Denis, ayant Turenne et le maréchal de La Perte pour défenseursr Ceux-ci traversèrent la Seine à Epiuay, afin de tourner le prince, qui accourut inutilement pour s’opposer h leur passage. Jugeant alors sa position trop périlleuse, il leva le camp pour mettre de nouveau le fleuve entre lui et ses adversaires, et chercha à-leur échapper en se dirigeant par une marche de nuit sur Charenton, ou le confluent de la Seine et de la Marne lui offrait un poste plus facile à défendre. Mais ce n’était pas d’un homme tel que Turenne qu’on déjouait si facilement la surveillance : suivi aussitôt dans son mouvement, et menacé de se voir couper par la plaine Saint - Denis, Condé n’eut d’autre ressource que de se jeter dans le faubourg Saint-Antoine, pour y recevoir le choc dont il était menacé. IL prit à la hâte d’excellentes dispositions, utilisa les barricades et les fossés établis quelque temps auparavant

{>ar les Parisiens pour arrêter les bandes pilardes du duc de Lorraine, et fit percer de meurtrières les murs des maisons. Il distribua ensuite ses troupes, avec huit pièces de canon, à la tète des trois principales rues qui, formant une sorte de patte d’oie, aboutissaient à ia porte Saint-Antoine (aujourd’hui place de la Bastille), ainsi que dans les traverses reliant ces trois rues ; puis il se plaça lui-même à leur point de jonction, afin de pouvoir se porter jartout.ou le danger l’appellerait.

À la vue de ces dispositions^ Turenne, qui savait contre quel ennemi il allait engager la lutte, eût voulu attendre le" maréchal de La Ferté, qu’il avait laissé en arrière ; mais le jeune roi et le cardinal lui donnèrent l’ordre d’attaquer. Tandis que la reine mère en larmes priait dans sa chapelle, ils étaient accourus avec toute la cour sur les hauteurs de Chaudement Condé, si les Parisiens

taient pas de leur neutralité en lui ouvrant un refuge derrière leurs murailles. La sa<*e hésitation de Turenne ne fut que trop justifiée par la résistance désespérée des frondeurs, commandés par un des premiers généraux du monde, et qui n’avaient d’autre alternative que la victoire ou la mort. Turenne avait rangé son armée sur une ligne courbe, depuis Charonne jusqu’à la Seine, et avait dirigé Une triple attaque contre la rue de Charonne, la Grande-Rue du faubourg et la rue de Charenton : la première, commandée par le marquis de Saint-Mesgrin ; la seconde, celle du centre, par lui-même en personne, et la troisième par le duc de Navailles. Les Parisiens avaient soigneusement fermé les portés, et, craignant presque également les deux partis, bordant les remparts, s’apprêtaient à jouir de la scène sanglante qui allait se jouer sous leurs yeux. Cependant l’action était devenue générale et terrible. La barricade de la rue do Charonne ayant été emportée par l’infanterie royaliste, Saint-Mesgrin, commandant de l’aile droite, entraîna témérairement sa cavalerie en avant, et arriva, ’ par une rue transversale, jusqu’au cœur du faubourg. Là, il se trouva subitement en face du lion lui-même, de Coudé, qui tomba sur lui comme la foudre. Saint-Mesgrin fut tué, ainsi que le jeune Mancini, neveu de Mazarin, et un grand nombre de vaillants officiers. Mais l arrivée de Turenne arrêta le succès des frondeurs, et les empêcha de reprendre la barricade. À l’aile gauche, Navailles venait d’enlever les retranchements, la barrière et la barricade de Charenton, lorsque Condé, se précipitant à sa rencontre, le força de reculer. Le prince accourut alors au centre, dans la grande rue du faubourg, où Turenne, en personne, renversait tout ce qui essayait de l’arrêter. Condé, couvert de sang et de poussière, vole au milieu d’une grêle de balles, précédant toujours ses gentilshommes, qui ne pouvaient le suivre dans la rapidité de ses mouvements. Il force les royalistes à se replier jusqu’aux extrémités de la Gande-Rue. Mille petits combats acharnés et meurtriers se livraient de maison en maison, de jardin en jardin. Le prince, dont le désespoir décuplait les forces et l’audace.

journée terrible, j’en ai vu douze. » Le sage capitaine.adopte alors un autre plan. Il détache une partie de ses soldats et les envoie au duc de Navailles, qui gagnait du terrain depuis qu’il n’avait plus Condé en face. À la faveur des rues intermédiaires, le duc devait chercher à couper les frondeurs postés à la porte Saint-Antoine, et à les prendre en flanc et en queue, tandis que Turenne attaquerait lui-même de front. Condé voit le danger et vole de nouveau

; à la rue de Charenton. Sa noblesse se jette

intrépidement dans les barricades et en chasse les royalistes ; mais ce n’est pas sans des pertes cruelles : en un moment Nemours fut couvert de blessures ; La Rochefoucauld reçut au visage un coup qui l’aveugla un instant. Le futur et célèbre auteur des Maximes avait été surtout entraîné dans le parti des princes par son amour pour la belle duchesse de Longueville, sœur de Condé, et c’est le souvenir des dangers qu’il courut alors qui lui inspira plus tard ces deux vers si connus : Tour mériter son cœur, pour plaire à ses beaux yeux, J’ai fuit la guerre aux rois : je l’aurais faits aux dieux.

Condé parvint à arracher à la mort la plupart

fut s

Le maréchal de La Perte avait enfin rejoint Turenne avec six mille hommes de troupes fraîches et de l’artillerie : six pièces de canon foudroyaient les barricades de la Grande-Rue, et les maisons qui les protégeaient-Les frondeurs veulent en vain continuer leur résistance, soutenus par le duc de Beaufort, qui vient d’arriver avec une poignée de volontaires parisiens ; le moment est venu où les troupes du prince rebelle, déjà décimées par cette effroyàûle lutte, vont être écrasées par les dernières dispositions de Turenne. Après quelques instants de repos accordés a ses soldats, celui-ci recommence l’attaque. Deux colonnes de cavalerie tournent alors, l’une par Popincourt, l’autre par la Râpée, pour envelopper les frondeurs, qu’un troisième corps se préparera attaquer de front parla Grande-Rue. Turenne et La Ferté croyaient marcher a une victoire certaine, lorsqu’ils s’aperçurent que l’ennemi, au lieu de s’opposer à leur mouvement, se repliait de toutes parts sur la porte Saint-Antoine. Tout à coup une volée de canon, partie des tours de la Bastille, emporta les premières files de la cavalerie royale, tandis que les Parisiens en armes

Erotégeaient l’entrée des troupes rebelles dans capitale. Contraints de s’arrêter, Turenne et La Ferté virent leur proie s’échapper au moment où ils croyaient la saisir. Ce dénoûment inattendu était l’œuvre d’une femme, de la célèbre M’l« de Montpensier. Plus hardie que son père, Gaston d’Orléans, caché au fond de son palais du Luxembourg pendant cette lutte sanglante, elle Venait de trahir par ce coup d’éclat sa sympathie pour les princes. Après avoir arraché à Gaston un blanc-seing pour le bureau de la ville, elle convoqua les magistrats et leur extorqua l’ordre de faire marcher deux mille hommes de garde bourgeoise au secours de Condé, et d’ouvrir la Porte Saint-Antoine. Comme le maréchal de Hospital lui représentait la conséquence d’une telle audace, l’impétueuse princesse le menaça de lui arracher la barbe et s’emporta jusqu’à lui dire qu’il ne mourrait jamais que de sa main. Puis elle se rendit a la Bastille, dont elle fit tourner les canons vers l’armée royale ; on prétend même qu’elle mit le* feu à la première pièce. "Un boulet roula jusqu’aux pieds de Mazarin, qui, connaissant le désir qu’éprou"vait Mademoiselle d’épouser une tête couronnée, se contenta de dire froidement : • Ce boulet-là vient de tuer son mari. • En effet, l’orgueilleux Louis XIV ne pardonna jamais à

M""* de Montpensier d’avoir sauvé l’armée rebelle dans une circonstance si décisive.

Ainsi se termina le combat du faubourg Saint-Antoine (a juillet 1652). Condé avait perdu deux mille hommes, et Turenne quatre

ANTOINE DU ROCHER (SAINT-), village

770 hab. Aux environs, on voit les restes d’un ancien temple druidique appelé la Grotte aux Fées ; c’est un dolmen considérable formé de douze pierres.

environ 1,950 hab. Il est bâti au milieu des montagnes, sur la rivière le Furand, et doit son origine à une célèbre abbaye du même nom. L’église de cet ancien monastère a été conservée ; c’est un bel édifice qui paraît remonter au xme siècle, et qui a été mis récemment au nombre des monuments historiques. On y remarque surtout un ossuaire des plus complets et une Tentation de saint Antoine, d’après David Téniers.

ANTOINE (SAINT-), Ile de l’Atlantique, dans le groupe du cap Vert, sur la côte occidentale d’Afrique, par 27° M’ long. O., et 17» 15’ lat. N. Pop. 15,000 hab. Il Nom de trois rivières du Brésil, situées l’une dans la province de Bahia, l’autre-dans la province de Parana, et la troisième dans la province de Espirito-Santo. il Cap situé sur la côte de la province de Buenos-Ayres (confédération Argentine) ; il forme la pointe S. dé l’embouchure du Rio-de-la-Plata, par 36° 5’ lat. S., et 59° 5’ long. O. If Autre cap à l’extrémité occidentale de l’Ile de Cuba, u Cap dans la Terre-de-Feu, entre les baies d’Arenas et de Santa-Catalina.

Antoinette s. f. (an-toi-ne-te — de Antoine, n. pr.). Hortic. Nom donné à une variété de rose blanche.

« ANTOINETTE d’Autriche V. Mmue-AntOI-

ANTOINETTE d’Onéàn», fille du duc de Longueville et de Marie de Bourbon, morte en 1618. Après la mort de son époux, Charles de Gondi, elle se fit feuillantine, puis fonda, sous la direction du P. Joseph, capucin, la congrégation des Filles du Calvaire.

ANTOING, petite ville de Belgique, prov. de ’ llainaut, environ 2,000 hab. Carrières importantes de pierres à bâtir ; fabrique d’excellente bière dite grisette d’Antoiny. Aux environs, village de Fontenoy, où, le 11 mai 1745, les Fronçais remportèrent une célèbre victoire sur les Anglais et les Hollandais.

ANTOIRIE s. f. (an-toi-rî). Bot. Genre de la famille des hépatiques, voisin des jungermannes, et qui n’a pas été adopté.

ANTOISANT (an-toi-zan) part. prés, du v. Autoiscr.

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ANTOIT s. m. (an-toi). Mar. Sorte de levier coudé et pointu.

ANTOL1, nom de deux écrivains juifs du xme siècle, auteurs de nombreux commentaires sur la Bible, de traductions arabes et d’ouvrages de controverse.

ANTOHNEZ (Joseph), peintre de paysage et de genre, né à- Séviile en 1639, mort en 1676. Ses productions sont recherchées.

ANTOLINEZ (Francisco), peintre espagnol, neveu du précédent, né en 1644, mort en 1700. Après avoir étudié à Séviile sous Murillo, dont il fut un des élèves les plus distingués, if alla se fixer à Madrid, auprès de son oncle, José Antolinez, artiste d’un tempérament fougueux et qui mourut jeune, sans avoir tenu tout ce que son talent promettait. Francisco quitta pendant quelque temps la peinture pour se livrer aux études littéraires, et retourna à Séviile pour y exercer la profession d’avocat, mais les clients lui firent défaut ; et, dit Bermudez, la misère l’obligea de reprendre ses pinceaux. Un de ses meilleurs ouvrages, le Baoissement de sainte Madeleine, Se voit au Museo del liey, à Madrid. Théophile Gautier l’a décrit dans les termes suivants : « C’est

lieu d’anges battant des ailes, comme pour applaudir à ce miracle de ferveur. La tête de la Madeleine, noyée dans une extase à la sainte Thérèse, est d’une sublimité étrange et divine ; elle luit fiévreuse et rayonnante d’hallucination mystique, et tout cela est d’une couleur si brusque et si harmonieuse, si fauve et si splendide, d’un caractère si bizarre, si romantique et si original, qu’on croirait voir réalisé 1 idéal que Delacroix a cherché toute sa vie. •

ANTOMARGHIE s. f. (an-to-raar-kî — do Antomarchi, n. pr.). Bot. Syn. de carrée.

ANTOMMAECHI (C.-François), dernier médecin de Napoléon 1er, né en Corse en 17S0, mort à Cuba en 1838, était professeur d’anatomie à Florence, quand son admiration pour le captif de Sainte-Hélène lui fit obtenir, par le cardinal Fesch.ila faveur de remplacer O’Méara. Reçu d’abord avec froideur, il eut bientôt conquis toute la confiance de Napoléon, qui lui a laissé un témoignage honorable dans son testament. À la mort de l’empereur, Antommarchi refusa de signer le procès-verbal d’autopsie. Dès son retour en Europe, il s’occupa de la publication des Derniers Moments de Napoléon, 1823, 2 vol. in-S, récit plein de simplicité de tout ce dont il avait été témoin à Sainte-Hélène depuis son arrivée, en 1821. Il saisit l’occasion que lui offrit la révo- ’ lution de Juillet 1830 pour mettre au jour le masque de Napoléon, moulé par Jui après la mort du captif. Les phrénologistes, dont cette reproduction fidèle des traits et du crâne de l’empereur contrariait sur quelques points le système, en contestèrent, mais vainement, l’authenticité. En 1831, Antommarchi passa en Pologne pour y donner des’ soins aux insurgés ; puis, vers 1836, il alla faire de la médecine à la Nouvelle-Orléans et à la Havane.


ANTON (Conrad Gottlob), savant philologue allemand, né à Lauban (Haute-Lusace) en 1745, mort à Wittemberg en 1814, professa successivement la morale et les langues orientales à l’université de cette dernière ville. Ses principaux ouvrages sont : Dissertatio de Metro Hebraeorum antiquo ; Essai de recherches sur les principales différences entre les langues orientales et occidentales ; des traductions de poésies hébraïques, grecques et latines, des commentaires sur différents livres des Écritures, des articles de revues, etc.


ANTON (Charles Gottlob), historien et antiquaire allemand, de la même famille que le précédent, né en 1751, mort en 1818, exerça à Goerlitz les fonctions d’avocat et devint sénateur de cette ville. Il a laissé : De Data diplomatum, regum et imperatorum Germaniae, dissertation très-estimée ; Analogie des langues ; Documents diplomatiques pour l’histoire et la jurisprudence d’Allemagne ; Essai d’une Histoire de l’ordre des Templiers ; Histoire de l’Économie rurale en Allemagne, etc. Ces divers ouvrages sont écrits en allemand.


ANTONELLE (Pierre-Antoine, marquis d’), économiste politique, né à Arles en 1747, mort en 1817, suivit d’abord la carrière militaire. Quand la Révolution éclata, il en adopta chaleureusement les principes et les exposa dans son Catéchisme du Tiers-État. Il fut alors chargé par le pouvoir exécutif de se rendre à Avignon pour faciliter la réunion du Comtat à la France, et à Marseille afin d’y calmer l’effervescence des partis. Envoyé à l’Assemblée législative par le département des Bouches-du-Rhône, il accepta ensuite les redoutables fonctions de juré au tribunal révolutionnaire, dirigea les procès de Marie-Antoinette et des Girondins, et provoqua la condamnation de ces illustres victimes. Il n’en fut pas moins arrêté par ordre du comité de salut public, et détenu au Luxembourg jusqu’au 9 thermidor. Impliqué ensuite dans la conspiration de Babeuf, il comparut devant la haute cour de Vendôme, mais fut acquitté. Appelé au conseil des Cinq-Cents en 1797 et 1799, puis atteint par la proscription du 3 nivôse, il fut obligé de quitter la France, où il ne rentra qu'en 1814. Antonelle est autour d’un grand nombre d’écrits et de pamphlets de circonstance, et ce furent ses articles du Journal des Hommes libres qui provoquèrent son arrestation dans l’affaire de Babeuf.


ANTONELLI (Léonard), cardinal, né à Sinigagïia en 1730, mort en 1811. Son attachement aux jésuites le mit en opposition avec Clément XIV, oui avait aboli cet ordre. L’esprit absolutiste de ce prélat était en retard de plusieurs siècles. Quand éclata la Révolution française, il fut un des chefs de la congrégation d’État, et proposa les mesures les plus exagérées. Il accompagna Pie VII dans son voyage à Paris en 1804. Dans sa jeunesse, il avait rédigé le bref de l’interdiction des ducs de Parme, qui donna à Voltaire l’idée d’une pièce piquante connue sous le titre de Royaume mis en interdit.


ANTONELLI (Jacques), cardinal et homme d’État romain, né à Sonnino, près de Terracine, le 2 ayril 1806. Sa famille, dit M. Vapereau, dans ses alternatives de splendeur et de déchéance, avait produit des jurisconsultes, des historiens et des voleurs de grand chemin. Un de ses parents aurait même été exécuté pendant l’occupation française. Ces assertions n’ont rien d’invraisemblable ; mais cela ne tire pas à conséquence dans un tel pays. Sonnino est en effet ta terre classique du brigandage ; c’est un village, ou plutôt un repaire caché comme un nid de vautours dans les montagnes du midi, vers la frontière du royaume de Naples. Pendant des siècles, les habitants de cette sauvage contrée furent bandits de père

., qu’on

est ailleurs cultivateur ou marchand. On les désigne avec dédain sous le nom de châchars, porteurs de ckûches, espèces de sandales en cuir brut, excellentes pour les courses rapides à travers les montagnes.

Le cardinal Antonelli, homme de Sonnino, est encore un chôchar pour les Italiens. À la suite d’une altercation qu’il eut avec le cardinal Altieri, celui-ci dit au safnt-père, qui paraissait incliner vers son ministre : « Puisque Votre Sainteté accorde plus de créance à un chôchar qu’à un prince romain, je n’ai plus

Quoi qu’il en soit de cette origine, Jacques Antonelli, fils d’un receveur municipal, qui avait été bouvier, entra jeune au grand séminaire de Rome et fut tonsuré. Mais il ne reçut point les ordres, comme on l’a dit par erreur ; décoré de la pourpre, il n’est cependant pas prêtre. Par suite d’un vieil abus consacré à Rome, et dont les chrétiens rigide3 ont souvent et inutilement gémi, il a conquis successivement toutes les dignités ecclésiastiques, mais il a toujours échappé au sacrement de l’ordre : •» il est simplement cardinal-diacre.

Souple, tenace, et habile autant qu’ambitieux, il gagna la faveur de Grégoire XVI, et fut nommé prélat, assesseur au tribunal criminel supérieur, délégué (préfet) à Orvieto, a Viterbe et à Macerata, sous-secrétaire d’État à l’Intérieur (1841), second trésorier (1844), enfin ministre des finances. Jusqu’alors il avait affiché les idées les plus rétrogrades, les plus absolutistes : c’était la couleur officielle sous le gouvernement de Grégoire XVI. À l’avènement du vénérable Pie IX, il se trouva tout à coup converti aux idées libérales. Cette transformation, pleine d’opportunité, lui valut la faveur du nouveau pontife et le chapeau de cardinal (1847). Appelé en outre au ministère des finances, puis à la consulte d’État chargée de signaler les abus à détruire et les réformes à opérer, enfin à la commission de constitution, il fut, pendant un moment bien court, populaire parmi les patriotes, en même temps qu’il prenait un ascendant de plus en plus absolu sur l’esprit du saint-père, en flattant tout à la fois, et par de savantes contradictions, sa passion du bien, son désir de progrès, sa bonté exquise, ses craintes, sa faiblesse et ses irrésolutions. C’est ainsi que. comme président de la consulte d’État, il appuyait les réformes qu’il éludait ou ajournait comme ministre, qu’il contribuait à préparer la constitution, le statut de 1848, et qu’il en

  • conseillait ou en approuvait les violations.

C’est encore d’après les inspirations de la même politique que le gouvernement dont il était le membre le plus influent, cédant à la pression du parti populaire et national, envoya Durando à la tète de 17,000 hommes avec la mission apparente de combattre les Autrichiens, et l’ordre secret d’éviter tout engagement. Le brave général combattit cependant, mais il fut aussitôt désavoué. Une agitation terrible, . explosion de l’indignation publique, força le ministère à se retirer et à faire place au cabinet Mamiani. Le cardinal Antonelli n’en demeura

teur anonyme, dont l’omnipotence pesait sur le gouvernement de la nation. Il avait, comme la race féline, le talent de toujours tomber sur ses pieds.

Après le meurtre de Rossi, il conseilla et dirigea la fuite du saint-père (nov. 1848), et alla jouer à Gaete le rôle de secrétaire d’État in parlions. Dès lors, plus de contradictions apparentes dans sa vie politique. U dépose -son masque de libéralisme et su jette franchement