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— Jurispr. Les abeilles qui habitent les bois ou s’attachent aux arbres dans les champs sans avoir été recueillies par personne appartiennent au premier occupant. Placées dans des ruches, elles sont la propriété légitime de celui qui les a en son pouvoir. Le propriétaire d’un essaim a le droit de le réclamer et de s’en ressaisir tant qu’il n’a pas cessé de le suivre ; autrement l’essaim appartient au propriétaire du fond sur lequel il s’est fixé. L’autorité administrative permet ou défend le placement des ruches, notamment dans les villes.

Épithètes. Bourdonnante, légère, errante, vagabonde, diligente, active, empressée, industrieuse, laborieuse, sage, prudente, prévoyante, économe, ménagère, du mont Hybla, du mont Hymète.

Allus. hist. Les abeilles de l’Hymète, allusion aux abeilles qui butinaient sur cette montagne, et qui sont restées historiques, parce qu’elles produisaient le meilleur miel de toute l’Attique. Au rapport de Pausanias, les herbes du mont Hymète ont une telle douceur, que les reptiles qui l’habitent cessent d’avoir du venin. Les abeilles de l’Hymète ont donné naissance à de poétiques légendes, et se retrouvent souvent sous la plume des enfants d’Apollon :

« Je n’avais vu autour de la maison rustique et nue de mon père, ni les orangers à pommes d’or, ni les clairs ruisseaux, ni les abeilles de l’Hymète bourdonnant parmi les cytises jaunes et les lauriers-roses. » Lamartine.

Te souviens-tu du temps où tes Guêpes caustiques,
Abeilles bien plutôt des collines attiques,
De l’Hymète embaumé venaient chaque saison
Pétrir d’un suc d’esprit le miel de la raison ?
Lamartine, à Alph. Karr.
En vain faut-il qu’on me traduise Homère,
Oui, je fus Grec ; Pythagore a raison.
Sous Périclès, j’eus Athènes pour mère ;
Je visitai Socrate en sa prison.
De Phidias j’encensai les merveilles ;
De l’Ilissus j’ai vu les bords fleurir,
J’ai sur l’Hymète éveillé les abeilles :
C’est là, c’est là que je voudrais mourir.
Béranger.

ABEILLE (l’abbé Gaspard), littérateur médiocre, né à Riez (Provence) en 1648, m. à Paris en 1718. On ne se souvient aujourd’hui de ses fades poésies qu’à propos d’un incident comique qui se produisit, dit-on, à la représentation de sa tragédie de Coriolan (d’autres disent d’Argélie). L’un des personnages, après avoir dit ce vers :

Vous souvient-il, ma sœur, du feu roi, notre père ?

étant resté court, un railleur du parterre riposta :

Ma foi, s’il m’en souvient, il ne m’en souvient guère.

Mais il convient de dire que le vers qui fait le fond de cette anecdote ne se trouve ni dans Coriolan ni dans Argélie. Cela n’empêcha pas un poëte du Midi de faire, sur l’abbé Abeille, cette épitaphe, qui ne manque pas de sel :

Ci-gît un auteur peu fêté ;
Qui crut aller tout droit à l’immortalité ;
Mais sa gloire et son corps n’ont qu’une même bière ;
Et quand Abeille on nommera,
Dame Postérité dira :
« Ma foi, s’il m’en souvient, il ne m’en souvient guère. »

ABEILLÉ, ÉE adj. (a-bé-ié — rad. abeille). Sur quoi l’on a représenté des abeilles : VeIours cramoisi abeillé d’or.

ABEILLER, ÈRE adj. (a-bé-ié. iè-re — rad. abeille). Qui s’occupe des abeilles : Société, industrie abeillère.

Société abeillère, Établie pour l’élève et l’exploitation en grand des abeilles.

ABEILLIER s. m. (a-bé-ié — rad. abeille). Le rucher, espèce de petite construction légère qui contient les ruches.

ABEILLON s. m. (a-bé-ion — rad. d’abeille). Vieux mot. Essaim d’abeilles : Si aucun trouve un abeillon en son héritage, il est tenu de le révéler au seigneur justicier. (Coutumier général.)

ABEL, deuxième fils d’Adam, était pasteur, et fut tué par son frère Caïn, qui était jaloux de ses vertus. Ce tragique épisode des premiers âges de l’humanité a inspiré dans tous les siècles la poésie et la peinture. On connaît surtout dans les temps modernes le poëme de Gessner et la tragédie de Legouvé.

ABEL, roi de Danemark, parvint au trône par le meurtre de son frère Eric II (1250), et périt lui-même deux ans plus tard dans une révolte des Frisons.

ABEL (Charles-Frédéric), musicien allemand, né en 1725, m. à Londres en 1787. Il était élève de Sébastien Bach et devint le virtuose le plus accompli de son temps. Après être resté attaché près de dix ans à la troupe du roi de Pologne, à Dresde, il passa en Angleterre, où il fut nommé directeur de la chapelle de la cour. Il mourut après une léthargie de trois jours, suite de son intempérance.

ABEL (Nicolas-Henri), mathématicien suédois, né en 1802, m. en 1829. Dans cette courte existence, il montra une aptitude extraordinaire pour les sciences, et mourut, méconnu de sa patrie, dans un état voisin de la misère. Réveillé par le cri d’admiration de toute l’Europe, le gouvernement suédois se décida enfin à publier en un corps d’ouvrage tous les travaux du grand géomètre.

ABEL DE PUJOL (Alexandre-Denis), peintre français, né à Valenciennes en 1785, m. en 1861. Il fut élève de David, et remporta le premier grand prix au concours de 1811. Il a peint les belles grisailles de la Bourse, qui imitent à s’y méprendre le relief de la sculpture ; Il a exécuté les peintures à fresque à la chapelle St-Roch de l’église St-Sulpice et fait plusieurs tableaux remarquables pour le musée de Versailles, entre autres la Clémence de César et Achille de Harlay devant les Ligueurs. Son œuvre la plus estimée est Saint Étienne préchant l’Évangile, actuellement à l’église Saint-Étienne-du-Mont.

Abel (la mort d’), opéra en trois actes, musique de Rodolphe Kreutzer, poëme d’Hoffmann, représenté à Paris le 23 mars 1810. Cet ouvrage, qui a obtenu à son apparition un beau succès, n’a pas été repris. Il renferme cependant des mélodies pathétiques et véritablement inspirées. Ces sortes de compositions, à vrai dire, tiennent plus du genre de l’oratorio que de celui de l’opéra.

ABÉLARD. V. Abailard.

ABÈLE s. m. (a-bè-le). Bot. Nom vulgaire du peuplier blanchâtre.

ABÉLIE s. f. (a-bé-li — d’Abel Clarke, voyageur). Bot. Genre de plantes de la famille des caprifoliacées, tribu des lonicérées, dont on connaît trois espèces, une de la Chine, les deux autres de l’Himalaya. On les cultive dans les jardins, à cause de la beauté et de l’odeur suave de leurs fleurs blanches ou rosées.

ABÉLIENS, ABÉLONIENS, ABÉLONITES ou ABÉLITES s. m. pl. Hist. relig. Hérétiques d’Afrique, au temps de saint Augustin, ils se mariaient, mais n’avaient aucun commerce avec leurs femmes se fondant sur l’exemple d’Abel, qui, selon eux, avait été marié sans jamais avoir connu sa femme, s’appuyant sur un texte de saint Paul. Ces hérétiques sont devenus fameux surtout par les discussions auxquelles ont donné lieu, entre les savants, le principe dont ils s’autorisaient, et la raison de leur dénomination. Cette secte finit sous le règne de Théodose le Jeune.

ABELIN (Jean-Philippe), historien connu aussi sous le pseudonyme de Louis Gottfried, né à Strasbourg, m. vers 1646. Il a travaillé à d’importantes compilations historiques en allemand ou en latin : le Théâtre Européen, le Mercurius Gallo-Belgicus, l’Histoire des Indes orientales, etc.

ABÉLITES. V. Abéliens.

ABELLA, auj. Avella, anc. ville de la Campanie. Ses environs abondent en fruits, et surtout en cette espèce de grosses noisettes appelées de son nom avelines.

ABELLY (Louis), théologien, adversaire passionné des jansénistes, né en 1603, peut-être dans le Vexin, m. à Paris en 1691. Il fut curé à Paris, puis évêque de Rodez. Sa Vie de saint Vincent de Paul (1664) a été dépassée par le travail de Collet, et l’on n’a conservé le souvenir de sa Moelle théologique (1660) que par l’allusion ironique de Boileau.

ABEL-MELUCH ou ABEL-MOLUCH (a-bèl-mé-luk ou mo-luk). s. m. Plante de Mauritanie, dont les semences sont un purgatif violent.

ABEL-MOSCH s. m. (a-bèl-mosk — mot arabe). Bot. Genre de plantes de la famille des malvacées, propre aux régions équatoriales : Les graines de l’abel-mosch sont employées en parfumerie sous le nom d’ambrelle. (D’Orbigny.)

ABÉLONITES. V. Abéliens.

ABEN (a-bènn). Mot commun aux langues sémitiques et qui, comme Ben, Ebn, Ibn, signifie fils.

ABÉNAQUI s. m. (a-bé-na-ki). Ling. Dialecte parlé par les Abénaquis, peuple indigène de l’Amérique du Nord : Les principaux dialectes des idiomes américains sont l’algonquin, le lénâpé ou delaware, l’abénaqui, le mohican, etc. (L. Vaïsse.)

ABÉNAQUIS, ISE s. (a-bé-na-ki, i-ze). Nom d’un peuple de l’Amérique du Nord.

— Adj. Qui appartient à ce pays ou à ses habitants : Les Souriquois, nommés plus tard Micmacs, et confondus dans la grande confédération comme longtemps sous le nom de nations abénaquises, avaient déjà quelques institutions qui dénotaient un certain degré de civilisation. (Fr. Lacroix.)

ABENCÉRAGES s. m. pl. (a-bain-sé-ra-je). Hist. Puissante tribu maure dont les luttes avec celle des Zégris hâtèrent la chute du royaume de Grenade (1480-1492). L’amour d’un Abencérage pour la sœur ou la femme du souverain Boabdil, amena le massacre des principaux membres de cette famille, dans les cours ou dans une des salles de l’Alhambra. D’ailleurs, les poétiques épisodes popularisés parmi nous par Mlle de Scudéry, Mlle de La Fayette, Florian et Chateaubriand, n’ont aucun fondement historique.

— Le mot Abencérage a passé dans la langue et se dit pour Galant chevalier : Il s’est promené pendant toute une nuit avec moi sous les tilleuls au fond de notre jardin, et il n’a pas eu dans l’âme l’ombre même d’un doute… Oh ! il est bien Espagnol, bien Abencérage. (Balz.)

Abencérages (aventures du dernier des), nouvelle du genre chevaleresque, par Chateaubriand. Les Abencérages étaient une puissante tribu maure du royaume de Grenade, dont Boabdil, dernier roi, massacra, dit-on, trente-six membres dans l’Alhambra. C’était vers l’an 1485. Boabdil agit à l’instigation des Zégris, tribu rivale, qui accusait l’Abencérage Aben-Hamad d’adultère avec la reine Daxara. C’est cette fable, non admise par les historiens, qui a inspiré Chateaubriand. Ce livre a paru dans l’édition des œuvres complètes de 1827.

Abencérages (les), opéra en trois actes, paroles de Jouy, musique de Chérubini, représenté le 6 avril 1813. Quoique cet ouvrage ne soit point resté au répertoire, des fragments ont obtenu un succès durable. L’ouverture, la belle scène d’Almanzor : Suspendez à ces murs ; les deux airs : Enfin, j’ai vu naître l’aurore, et Poursuis tes belles destinées, sont au nombre des œuvres musicales classiques.

ABÉNÉVIS s. m. (de l’anc. expression adverbiale à benevis, à volonté ; formée de bene, bien ; vis, tu veux). Contrat pour jouir tant qu’il plaira.

— Dans le Lyonnais et les pays voisins, ce mot désignait, en général, toute concession faite par un seigneur sous quelque redevance, mais particulièrement une concession d’eau pour faire tourner des moulins ou pour arroser les prés.

Abénévis d’un emplacement, Concession d’un emplacement moyennant redevance. ||Abénévis perpétuel, Concession perpétuelle.

ABÉNÉVISÉ, ÉE (a-bé-né-vi-zé) part. pass. du v. Abénéviser : Terrain abénévisé.

ABÉNÉVISER v. a. ou tr. (a-bé-né-vi-zé — rad. abénévis). Anc. jurispr. Fixer, aborner, concéder : Abénéviser une dîme. Abénéviser un terrain.

ABEN-EZRA (a-bèn-èz-ra), savant rabbin espagnol, né à Tolède vers 1119, m. à Rhodes en 1174. Il cultiva toutes les sciences et plus particulièrement l’astronomie. Ses commentaires sur l’Ancien Testament se faisaient remarquer par une grande hardiesse d’opinions. Aben-Ezra a donné son nom à une étoile.

ABENSBERG (a-bainss-bèr-gue), petite ville de Bavière ; 1,300 h. Les Français y battirent les Autrichiens le 20 avril 1809.

ABÉQUÉ, ÉE (a-bé-ké) part. pass. du v. Abéquer. V. Abecqué.

ABÈQUEMMENT s. m. (a-bè-ke-man — rad. abéquer). V. Abecquement.

ABÉQUER v. a. (a-bé-ké — rad. bec). V. Abecquer.

ABER s. m. (a-bèr). Moll. Petite espèce de coquille bivalve, appartenant au genre jambonneau. Elle se trouve au Sénégal. Ses belles couleurs la font rechercher dans les collections.

ABER s. m. (a-bèr.) Mar. Mot celtique, sorte de crique ou d’anse servant de relâche aux pêcheurs et aux petits caboteurs bretons.

— Embouchure d’un petit fleuve.

ABÉRAS s. m. (a-bé-ra). Bot. Un des noms de l’ananas.

ABERCONWAY ou CONWAY (abèr-konn-ouè), petite ville maritime du pays de Galles, en Angleterre ; 1,230 h. Belle église gothique. La ville fut prise par Cromwell en 1645.

ABERCROMBY (sir Ralph), général anglais, né en 1738, dirigea l’expédition anglaise contre les Français en Égypte et s’empara du fort d’Aboukir. Blessé mortellement devant Alexandrie (1801), il mourut sept jours après, sur un vaisseau qu’il conduisait à Malte.

ABERDEEN s. m. (a-bèr-dine). Nom donné à une race bovine des environs d’Aberdeen : Les aberdeens forment une des races les plus estimées de l’Écosse.

ABERDEEN (George Hamilton-Gordon, comte d’), célèbre homme d’État et pair d’Angleterre, né en 1784 à Édimbourg, m. en 1860. En 1813, nommé par lord Castlereagh ambassadeur à Vienne, il détacha l’Autriche de l’alliance française et la fit entrer dans la coalition formée contre Napoléon. Il courut ensuite à Naples, décida le faible Murat à tourner ses armes contre la France, signa le traité de paix du 1er juin 1814 avec Louis XVIII, puis fut élevé à la pairie héréditaire. Il combattit vivement, à la Chambre haute, la politique de lord Canning, devint ministre des affaires étrangères dans le cabinet du duc de Wellington, fut ministre des colonies dans le premier ministère Peel, et des affaires étrangères dans le second. En 1852, il composa lui-même un cabinet dont il fut le chef et dont l’acte le plus important fut l’alliance offensive et défensive conclue avec la France. Il se retira des affaires en 1855 et fut remplacé par lord Palmerston.

ABERDEEN (a-bèr-di-ne), ville d’Écosse, port de mer sur la Dee, à 160 k. d’Édimbourg ; 88,189 h. ; l’une des villes les plus commerçantes de l’Écosse ; fabriques de cotonnades, toiles, lainages, papiers, etc. ; importante construction de navires ; université célèbre ; observatoire. On y remarque : la célèbre cathédrale St-Machar, bâtie au XIVe siècle, et dont il ne reste qu’une partie de la nef et deux flèches de 100 pieds de hauteur ; la nef a été réparée et sert aujourd’hui d’église paroissiale, et tel qu’il est encore maintenant, ce vieil édifice est une des gloires de l’Écosse ; le Collège du Roi, fondé en 1494, imposant édifice, orné d’une tour carrée de 53 mètres de hauteur, que surmonte un dôme à jour figurant une couronne impériale ; il a été réparé il y a peu d’années et renferme une magnifique bibliothèque, une chapelle, une grande salle et un muséum. On montre dans la chapelle les tombes de l’évêque Elphinstone, fondateur du Collège du Roi, et d’Hector Boëce, son premier principal.

ABERHAVRE s. m. (a-bèr-â-vre). Mar. Port formé par l’embouchure d’un fleuve.

ABERRANNE s. f. (a-bèr-ra-ne). Bot. Sorte d’amande : Parmi les amandes à coque tendre, on distingue, par ordre de mérite, les princesses, les à la dame et les aberrannes. (Belèze.)

ABERRANT, ANTE adj. (a-bèr-ran, au-te — rad. aberrer). Qui s’écarte, qui s’éloigne, qui dévie.

ABERRATION s. f. (a-bèr-ra-si-on — lat. aberratio, même sens). Action d’errer çà et là : Suivant les uns, cette vengeance, déjà commencée par les longues aberrations du navire thessalien, s’achève par un naufrage au cap Malée. (Val. Parisot.)

— Fig. Écart d’imagination, erreur de jugement : Aberrations de l’esprit humain, de nos idées, de la philosophie. Le quiétisme était une aberration de l’amour. (Boiste.) Nous avons parcouru un vaste cercle d’aberrations politiques. (Fr. de Neufch.) Les aberrations de Fourier ne font pas que la partie lucide de son système ne subsiste. (G. Sand.) Il y a des moments d’aberration dans les multitudes. (Lamart.)

Il veut que, par degrés, notre main rectifie
Les aberrations de la géographie.
Barthélémy.

— Méd. Dérangement, anomalie dans la situation, dans la conformation des organes ou dans l’exercice de leurs fonctions : La présence de l’écume dans les bronches est elle-même occasionnée par une cause intérieure, par un trouble de la sécrétion du poumon, et cette aberration de sécrétion ne peut à son tour trouver sa raison d’être que dans un trouble de l’innervation. (Racle.)

— Astron. Phénomène qui consiste à nous faire voir les corps célestes dans un lieu différent de celui qu’ils occupent réellement.

— Phys. Dispersion des rayons lumineux qui traversent des corps diaphanes, comme le verre, l’eau.

Encycl. Astron. Le phénomène astronomique de l’aberration résulte du mouvement annuel de la terre combiné avec le mouvement de la lumière. Lorsque nous voyons un objet quelconque, c’est que les rayons lumineux qui en émanent viennent frapper notre œil, et, guidés par l’expérience, nous avons coutume de chercher la place de l’objet dans la direction de ces rayons. Nous faisons de même par rapport aux étoiles, sans nous occuper du mouvement qui nous emporte avec notre planète. Comme le lieu où se trouve l’observateur n’est pas immobile et que le mouvement de la lumière n’est pas instantané, le rayon qui vient frapper notre œil suit une direction déterminée par le mouvement réel de la lumière et par son mouvement apparent, lequel provient de la révolution de la terre autour du soleil. Herschell, dans son Traité d’astronomie, explique par une comparaison frappante la cause de l’aberration. « Supposons, dit-il, qu’une ondée de pluie tombe perpendiculairement par un temps bien calme : une personne exposée à la pluie, qui se tient debout et immobile, recevra la pluie sur son chapeau et s’en trouvera garantie ; mais si elle se met à courir dans une direction quelconque, elle recevra la pluie au visage, de la même manière que si elle restait en repos et qu’un vent vint à s’élever animé de la même vitesse que cette personne lorsqu’elle se met à courir. » La théorie de l’aberration s’explique par le parallélogramme des forces. (V. Parallélogramme des forces.) C’est à l’astronome anglais Bradley (1727) qu’on doit la découverte et l’explication de ce phénomène, qui est devenu une démonstration nouvelle, soit du mouvement de la terre, soit de la propagation successive de la lumière. Le maximum de l’aberration des étoiles est de 20″ 25.

— Phys. Il y a deux causes de l’aberration : la première est la sphéricité des verres ou des miroirs : d’où le nom d’aberration de sphéricité ; la seconde est l’inégale réfrangibilité des rayons colorés dont la lumière blanche est composée : d’où le nom d’aberration de réfrangibilité. La première de ces causes vient de ce qu’un verre circulaire ne peut faire converger en un seul point tous les rayons de lumière qui le traversent. L’image qui se produit alors est confuse, parce qu’elle n’est pas unique. La seconde vient de la décomposition d’un rayon de lumière qui, en traversant un milieu diaphane, tel qu’un verre de lunette, se divise en différentes couleurs : on observe alors des teintes irisées sur les bords de l’image. On obvie à l’aberration de sphéricité, en ramenant le faisceau de rayons en un même point par la multiplicité des lentilles qui compensent leurs différences de pouvoir réfringent, et en diminuant le diamètre des ouvertures (V. Lunettes) ; à l’aberration de réfrangibilité, en se