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S’abattre, v. pr. Être renversé, démoli ; crouler : Le comble s’est abattu sur les murailles ; le mât s’abattit avec fracas. || Tomber, en parlant d’un cheval à qui les pieds manquent : Hippomaque pressant ses chevaux, le plus vigoureux s’abattit. (Fén.) L’excellence des chevaux barbes consiste à ne s’abattre jamais. (Buff.)

Un limonier s’abat, l’autre se cabre. Piron.

|| Se couper, se trancher un membre, etc. : Il saisit une hache et s’abattit le poignet. (Diderot.) J’avais toujours peur qu’il ne s’abattît un bras ou une jambe en croyant frapper sur une solive. (G. Sand.) || Tomber, fondre, se précipiter sur : La main du maître s’abattit de nouveau sur son épaule. Le bâton s’abattit sur le dos du passant. Le sabre s’abattit sur la tête du cavalier. L’épervier s’abattit sur sa proie. (Acad.) Les oiseaux de mer s’abattaient par milliers autour de nous en remplissant l’air de leurs cris plaintifs. (G. Sand.) Les pigeons abandonnèrent le toit du colombier et s’abattirent sur le sable en roucoulant. (E. Sue.) Un orage terrible va s’abattre sur nous. (Acad.)

— Fig. et dans le même sens : La mort s’abattit sur cette maison. (Acad.)

— Par anal., se dit des personnes et signifie Faire irruption : Les faiseurs de livres faciles ne se sont pas encore abattus sur cette poétique province. (La Presse.) Lorsque le crédit d’une personne est tant soit peu ébranlé, les créanciers s’abattent sur elle. (Gaz. des Tr.) Des intrigants se sont abattus sur l’ouvrier qui venait de passer à une si brillante situation de fortune. (J. Favre.) || S’apaiser, se calmer : Peu à peu le vent s’abattit. (Alex. Dumas.)

— Fig. S’apaiser : Dès les premiers mots sa colère s’abattit. || Se décourager, perdre toute énergie, ne savoir point résister à un malheur : Dites à nos femmes qu’elles ne s’abattent point. (Mme de Sév.) Perdre le repos, la raison, s’abattre, se désoler. (Mass.) || Se dit aussi des choses : Les Bourguignons ont une persévérance obstinée et une constance qui ne s’abat pas facilement. (V. Hugo.)

Faut-il sous la douleur qu’un si grand cœur s’abatte !
Lagrange

— Mar. S’affaler, tomber sous le vent, en parlant d’un navire. || Être renversé sur le côté pour être réparé : Un navire peut s’abattre en carène dans cette île.

— v. récipr. Se vaincre, s’écraser mutuellement : Les Romains et les Carthaginois cherchèrent longtemps à s’abattre les uns les autres.

Syn. Abattre, rabattre. Abattre exprime simplement l’idée de rabaisser la fierté, l’orgueil, l’arrogance : Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté. (Rac.) || Rabattre, c’est abattre avec force : L’arrogance des princes est fortement rabattue par le spectacle de la chute des empires. (Boss.)

Syn. Abattre, démolir, détruire, jeter à bas, mettre à bas, renverser, ruiner. On abat ce qui est élevé : Je couperai cet arbre par la racine, je l’ abattrai d’un seul coup. (Boss.) On renverse ce qui était sur pied : Les torrents renversèrent tout ce qui se trouva sur leur passage. (Buff.) On démolit ce qui est bâti : Les places qu’il avait dessein de démolir. (Fléch.) On ruine ce qui se divise et se dégrade : Une longue négligence avait laissé ruiner toutes les défenses de la ville. (Boss.) On détruit en dissipant entièrement l’ordre et jusqu’à l’apparence des choses : Brennus s’étant emparé de la ville de Rome la détruisit. (Volt.) On jette à bas au moyen de violence et d’efforts : Les Romains n’ont pu jeter à bas la puissance carthaginoise qu’en réunissant et roidissant contre elle toutes leurs forces. (Guizot.) On met à bas sans effort : Pour mettre à bas qui lui résiste, Dieu n’a qu’à vouloir. (Guizot.)

Allus. hist. Tarquin abattant les têtes de pavots. Allusion au conseil muet, mais significatif, que Tarquin donna un jour à son fils Sextus. V. Pavot.

ABATTU, UE (a-ba-tu) part. pass. du v. Abattre. Renversé, jeté à bas : Les statues de Néron furent abattues par l’ordre du sénat. Les bois abattus font place aux champs, aux pâturages, aux hameaux. (Boss.)

L’Espagne pleurera ses châteaux abattus.
Malherbe
Hélas ! ces bois sacrés, ces bosquets ne sont plus ;
Sous le fer destructeur je les vis abattus.
Delille

— Tué : Perdrix abattue d’un coup de fusil.

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · Que d’hommes terrassés !
Que de chiens abattus, mourants, morts et blessés !
La Fontaine

— Coupé : Ma barbe fut abattue. (Am. de Bast.)

— Par ext. Vaincu, détruit : La république devait nécessairement périr, il n’était plus question que de savoir comment et par qui elle serait abattue. (Montesq.) Sous un si grand capitaine, les Thébains sont victorieux et la puissance de Lacédémone est abattue. (Boss.)

Il faut que je le voie à mes pieds abattu.
C. Delavigne
Le fanatisme même à mes pieds abattu,
Ainsi que mon courage atteste ma vertu.
(Satiriques.)
Chérubins, séraphins, troncs, princes, vertus,
Roulent confusément l’un sur l’autre abattus.

— Accablé par la souffrance physique ou morale, découragé, anéanti : L’orgueil de Nabuchodonosor, quoique abattu par la main de Dieu, ne laisse pas de revivre dans ses successeurs. (Boss.) Il est abattu par la fièvre. Vous n’avez été ni éblouie par la gloire, ni abattue par l’adversité. (Fléch.) Le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance. (Fléch.) Phalante demeura épuisé et abattu d’un excès de douleur. (Fén.) Quand je vois mon semblable languissant, abattu, je lui tends la main. (Marmontel.) Les forces sont abattues par un long travail. (D’Aguess.)

Le voici… Que son front marque une âme abattue !
La Harpe.
Le faible est soulagé, l’orgueilleux abattu.
J.-B. Rousseau.
Là, vaincu de douleur, abattu, sans haleine,
Caïn prêt à tomber d’un pas pesant se traine.
Gilbert.
Je disais : Dans ces lieux le juste est abattu,
Et le bonheur du crime insulte à la vertu.
F. de Neufchateau.

— Qui exprime l’abattement : Il avait les yeux abattus, le teint plombé, le visage défait. (Marmontel.) Il se calma sur-le-champ, son expression devint soumise, humble et abattue. (Barante.)

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · Qu’as-tu,
Thamise ? et d’où te vient ce visage abattu ?
Corneille.

Aller, courir à bride abattue, Au grand galop, à toute vitesse. Se dit indistinctement du cheval et du cavalier.

Agathon dans Paris court à bride abattue.
Régnier.

Cette expression vient de ce qu’on lâche la bride au cheval, de ce qu’on la laisse retomber, s’abattre.

— Par ext. Se dit aussi du piéton : Me voilà tout en nage ; je suis arrivé ici à bride abattue.

ABATTU s. m. (a-ba-tu — rad. abattre). État du chien d’un fusil à percussion, lorsqu’il est renversé sur la cheminée : L’abattu d’une arme. || S’emploie avec le même sens dans la loc. adv. à l’abattu : Mettre le chien à l’abattu. Lorsqu’on a mis la capsule sur la cheminée du fusil, on dégage avec le pouce le chien du cran de repos, on presse légèrement la détente avec le premier doigt, puis on conduit le chien à l’abattu, en le soutenant avec le pouce. (Ordonn. du 31 mars 1842.)

ABATTUE s. f. (a-ba-tû — rad. abattre.) Archit. Terme remplacé aujourd’hui par le mot retombée. V. ce mot.

— Salines. Travail d’une chaudière remplie d’eau salée, depuis le moment où on la met sur le feu jusqu’à celui où on la laisse reposer.

ABATTURE s. f. (a-ba-ture — rad. abattre.) Véner. Traces, foulures que laisse une bête fauve en passant sur l’herbe, dans les broussailles ou dans les taillis : Le cerf se reconnaît à ses abattures.

— T. forest. Action d’abattre les fruits des arbres, principalement les glands.

— Mar. Syn. d’abattage.

A BATTUTA loc. adv. (a-batt-tou-ta). Mus. Mots italiens qui signifient en mesure, et qu’on employait autrefois dans les récitatifs obligés de musique, au lieu de a tempo, dont on se sert aujourd’hui.

ABAT-VENT s. m. (qui abat, rabat le vent). Appentis placé au-dessus des ouvertures des habitations, pour les abriter contre le vent et la pluie : Quelquefois, le soir, elle entendait une voix, cachée sous les abat-vent du clocher, chanter comme pour l’endormir une chanson triste et bizarre. (V. Hugo.)

— Par ext. Ce qui a la forme ou ce qui fait l’office d’un abat-vent : Il dérobait ses oreilles sous deux abat-vent de cheveux plats. (V. Hugo.)

— Hortic. Paillasson que l’on étend sur les plantes pour les préserver du vent.

— Techn. Espèce d’appentis qui, dans les sucreries, couvre chaque fourneau des ateliers.

ABAT-VOIX s. m. (a-ba-voua — ce qui abat, rabat la voix). Archit. Le dessus, le couronnement d’une chaire à prêcher, lequel sert à rabattre vers l’auditoire la voix du prédicateur : Un abat-voix conique. Un abat-voix richement sculpté, || Pl. des abat-voix.

ABAUBI, IE (a-bo-bi) part. pass. du v. Abaubir : Personne abaubie.

ABAUBIR v. a. ou tr. (a-bô-bir — du celt. abaffi, hébéter). Étonner, interdire quelqu’un au point de lui ôter l’usage de la parole. — Inusité et remplacé par ébaubi.

ABAUZIT (Firmin), savant français, né à Uzès en 1679, d’une famille protestante, mort en 1767 à Genève, où il remplissait les fonctions de bibliothécaire, était versé dans presque toutes les sciences cultivées de son temps. Il fut lié avec les savants les plus illustres : Bayle, Basnage, Jurieu, Newton, et la ville de Genève, où il avait achevé son éducation après la révocation de l’édit de Nantes, lui conféra le titre de citoyen, comme un hommage à ses talents autant qu’à ses vertus. Il a laissé plusieurs ouvrages, dans lesquels Rousseau semble avoir trouvé l’inspiration de sa Profession de foi du Vicaire savoyard, ainsi que d’excellentes remarques sur la musique des anciens. La meilleure édition de ses œuvres est celle de 1773. Abauzit était surtout renommé par une patience et une bonté à toute épreuve. Une anecdote que tout le monde connaît a popularisé cette qualité du vertueux savant.

ABAVl ou ABAVO s. m. (a-ba-vi). Bot. Un des noms du baobab.

ABAX s. m. (a-ba-kse — du gr. abax, table). Entom. Genre d’insectes coléoptères carnassiers, voisins des féronies. Il renferme un petit nombre d’espèces, qui habitent pour la plupart les régions centrales et méridionales de l’Europe. Les abax ont en général des couleurs noires ou brunes ; ils vivent sous les pierres, dans les lieux sombres, courent très-vite et font la chasse aux petits insectes.

ABAXOÏDE adj. (a-ba-kso-i-de — de abax, et du gr. eidos, forme). Qui ressemble à un abax : La féronie abaxoïde.

ABAYANCE s. f. (a-bè-ian-se — d’abayer, anc. mot signif. aboyer). Anc. jurispr. État d’une terre que personne ne possédait, et qui était en dépôt entre les mains du roi. Un bien était dit être en abayance, lorsque ceux qui y prétendaient et qui ne pouvaient en obtenir la jouissance étaient, en quelque sorte, réduits à aboyer avant d’en jouir. Cette expression était surtout en usage en Normandie.

ABAYANT s. m. (a-bè-ian — de abayer pour aboyer). Anc. jurispr. Celui qui prétendait à un bien sans pouvoir en jouir, faute de titres suffisants pour établir ses droits.

ABAYER v. n. ou int. (a-bè-ié). T. de l’anc. jurispr. mis pour aboyer, et qui signifiait Désirer, poursuivre avec avidité :

                     Ma basse fortune
Qui n’abaye et n’aspire, ainsi que la commune,
Après l’or du Pérou.           Régnier.

ABAZABS s. m. pl. (a-ba-zab). Géogr. Tribu bédouine établie sur la rive droite du Nil, près de Mansourah.

ABAZÉES s. f. pl. (a-ba-zé — du gr. a priv., et bazein, parler). Antiq. gr. Fêtes ainsi appelées parce qu’on les célébrait dans un profond silence.

ABBACOMITAT s. m. (ab-ba-ko-mi-ta — rad. abbacomite). Hist. État, qualité d’abbacomite.

ABBACOMITE adj. et s. m. (ab-ba-ko-mi-te — du gr. abbas, abbé, et du lat. comes, comitis, comte). Hist. Se disait des seigneurs laïques qui possédaient des abbayes à titre de commendataires. Il y eut beaucoup d’abbacomites sous Charles-Martel, Charlemagne, et jusque sous les rois de la 3e race.

— Abbé qui avait la qualité de comte.

ABBADESQUE adj. (a-ba-dèss-ke — du lat. abbas, abbé). Qui appartient à l’abbé, qui en dépend, qui le caractérise. Vieux mot, employé dans le style burlesque.

ABBADIE (Jacques), célèbre théologien protestant, né à Nay (Béarn), de 1654 à 1658, mort à Londres en 1727, reçut à Sedan le grade de docteur en théologie, se rendit ensuite à Berlin, où il fut nommé pasteur de l’église française, puis à Londres, où il devint en 1690 ministre de l’église de Savoie. Ses principaux ouvrages sont un Traité de la vérité de la religion chrétienne (Rotterdam, 1684), et le Traité de la divinité de Jésus-Christ, qui fut accueilli avec un égal enthousiasme par les catholiques et les protestants, et obtint un grand nombre d’éditions en Angleterre, en France et en Allemagne.

ABBADINI s. m. (a-ba-di-ni). Minér. Nom donné en Italie aux ardoises destinées à la couverture des maisons : Les abbadini sont exploités dans les carrières de Gènes. (Landrin.)

ABBADON (mot hébr. qui signif. perdition, ruine, mort). C’est, dans l’Apocalypse, l’ange de l’abîme, le chef de cette armée de sauterelles, dépeinte avec de si effrayantes couleurs par l’inspiré de Patmos. Ce mot, d’après le Lexicon hébraïque, est plus régulièrement écrit abaddon.

— On le trouve écrit Abbadonna dans la Messiade de Klopstock : C’est la voix d’un ange fidèle de Milton, égaré parmi les démons, et dont la harpe résonne au milieu des hurlements du pandémonium. C’est l’abbadonna de Klopstock, quand il eut pénétré avec horreur les mystères de Satan. (Ch. Nodier.)

ABBARETZ, commune du dép. de la Loire-Inf., arrond. de Châteaubriant ; pop. aggl., 257 h. — pop. tot., 2,493 h.

ABBAS (ab-bâss), oncle paternel de Mahomet, mort l’an 32 de l’hégire (653), fit d’abord la guerre à son neveu, l’accusant d’imposture et d’ambition, tomba en son pouvoir au célèbre combat de Bedr, et le servit depuis avec un inaltérable dévouement. Sa mémoire est vénérée parmi les musulmans. Son arrière-petit-fils fut le chef de la dynastie des Abbassides, la plus illustre qui ait régné sur les Arabes.

ABBAS Ier, le Grand, schah de Perse (1589-1628). Sa vie fut souillée de meurtres, mais l’éclat de ses conquêtes sur les Tartares et sur les Turcs l’a fait considérer par les Persans comme le plus grand de leurs princes. Ce fut lui qui fit d’Ispahan la capitale de la Perse.

ABBAS II, schah de Perse de 1642 à 1666. Il reconquit le Candahar sur les Mogols et accueillit à sa cour les voyageurs Tavernier et Chardin, qui nous ont transmis de curieux détails sur sa personne, ses cruautés, ses débauches et les mœurs de la Perse à cette époque.

ABBAS-MIRZA, prince royal de Perse, mort en 1833. Il se rendit célèbre par ses talents militaires et ses succès dans les guerres que son père Feth-Ali eut à soutenir contre les Russes jusqu’en 1814, et contre les Turcs jusqu’en 1823.

ABBASSIDES, 2me dynastie des califes arabes successeurs de Mahomet. Elle fut fondée vers 750, par Aboul-Abbas, descendant d’Abbas, oncle du prophète, et compta 37 califes jusqu’en 1258, époque où un petit-fils de Gengis-Khan, Houlagou, se rendit maître de Bagdad. Quelques rejetons de cette famille vivaient encore en Égypte dans le XVIe siècle.

ABBAT s. m. (a-ba — de l’ital. abbate). S’est dit pour abbé. V. ce mot.

Abbat laïc. Féod. Laïc qui possédait les dîmes d’un village, et qui présentait le candidat à la cure.

ABBATIAL, ALE adj. (a-ba-si-al — du lat. abbas, abbatis, abbé). Qui appartient, qui est propre à l’abbé, à l’abbesse ou à l’abbaye : Palais abbatial. Dignité abbatiale. Droits abbatiaux. Cependant il fit grande chère des écus abbatiaux. (Despériers.) J’ai aussi fort accommodé la maison abbatiale. (Marolles.) Henri IV fit dans l’église abbatiale de St-Denis son abjuration publique, le dimanche 25 juillet 1593. (St-Simon.) Les élections dans les églises cathédrales et abbatiales sont rétablies. (Volt.) Si l’on eût réprimé dès le commencement ces coupables excès de l’esprit anarchique… ah ! que tout irait bien ! Vous auriez part encore à la mense abbatiale et au revenu des pauvres. (P.-L. Cour.) Cet établissement célèbre consistait en deux salles disposées en équerre, et meublées de tables venues de quelque réfectoire abbatial. (Balz.)

— Par ext. Qui ressemble à un abbé : Sa figure tout abbatiale tenait à la fois du bourgmestre hollandais et du paysan breton. (Balz.)

ABBATIAL s. m. (a-ba-si-al — du lat. abbas, abbé). Le palais abbatial, l’abbaye : Je voudrais voir revivre la congrégation de St-Maur et de St-Vannes, dans l’ abbatial de St-Denis, à l’ombre de l’église de Dagobert. (Chateaub.) L’antique abbatial n’est éclairé que d’une lampe. (Chateaub.)

ABBATIALE s. f. (a-ba-si-a-le — du lat. abbas, abbé). S’est dit souvent pour La maison abbatiale, c’est-à-dire la demeure, la maison de l’abbé ou de l’abbesse : L’avant-cour de l’abbatiale est et demeure portion de la mense totale de l’abbaye. (Archiv. législ. de Reims.) L’abbatiale était devenue le réduit de ces scènes nocturnes. (Diderot.)

ABBATIS s. m. pl. (ab-ba-ti). Hist. relig. Hérétiques vaudois de la fin du XIVe siècle.

ABBATOUNAS s. m. (ab-ba-tou-nass). Géogr. Peuplade de la Cafrerie propre, dans l’Afrique méridionale.

ABBATUCCI — a-ba-toutt-chi — (Jacques-Pierre), général français, né en Corse en 1726, m. en 1812, défendit son pays contre les Génois, puis contre la France, reçut de Louis XV les épaulettes de lieutenant-colonel, et de Louis XVI la croix de Saint-Louis et le titre de maréchal de camp ; il servit ensuite sous la République, accompagna en Italie le général Bonaparte, qui avait de son compatriote une si mauvaise opinion, qu’il écrivit au Directoire : « Abbatucci n’est pas bon à commander cinquante hommes. » Trois de ses fils sont morts au service de la France.

ABBATUCCI (Charles), général français, le plus célèbre des fils du précédent, né en Corse en 1771, m. en 1796. Lieutenant-colonel à 22 ans, aide de camp de Pichegru en 1790, il fit la campagne de Hollande, et fut tué devant Huningue, dans une sortie contre les Autrichiens. La ville d’Ajaccio lui a élevé une statue en bronze en 1854.

ABBATUCCI (Jacques-Pierre-Charles), neveu du précédent, né en Corse en 1791, m. en 1857, fut député de la Corse en 1830, président de chambre à la cour royale d’Orléans ; après la révolution de Juillet, combattit le ministère Guizot avec une persévérance infatigable, présida le banquet réformiste d’Orléans, en 1847, remplit plusieurs fonctions dans la magistrature après 1848, fut envoyé par le Loiret à l’Assemblée constituante, et reçut en 1852 le titre de sénateur et le portefeuille de la justice.

ABBAYE s. f. (a-bè-î — du lat. abbas, abbé). Monastère d’hommes ou de femmes, dont les revenus constituaient un bénéfice au profit de l’abbé ou de l’abbesse qui le dirigeait : L’abbaye de Port-Royal était une des plus anciennes abbayes de l’ordre de Citeaux. (Acad.) Il faudrait établir sur divers points de la France et dans les villages pauvres trente abbayes pour les vieilles filles. (Beyle.) En général, les abbayes de filles étaient en France plus peuplées que les abbayes d’hommes.(Alf. Maury.)

— Se prend pour le bénéfice même, et le revenu dont jouissait l’abbé : Ce garçon si frais, si fleuri et d’une si belle santé, est pourvu d’une abbaye. (La Bruy.) Sully, tout huguenot qu’il était, avait des abbayes. (Balz.) Il était doté de revenus ecclésiastiques et d’abbayes qui élevaient sa fortune au niveau des fortunes royales. (Lamart.)

— Les bâtiments de la communauté, du monastère : L’abbaye, considérée comme bâtiment religieux, ne se distinguait par aucun caractère tranchant, d’un monastère quelconque, et son église d’une église, ou même d’une cathédrale. (Alf. Maury.)