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plique à plusieurs choses différentes, l’esprit, le caractère, le goût, la condition, la fortune ; il exprime un changement ; il peut se prendre en bonne part ; ainsi il y a des abaissements volontaires que peut rechercher l’humilité chrétienne. La bassesse exprime toujours, d’une façon générale et absolue, un état d’infériorité qui exclut la considération, soit que cet état d’infériorité puisse être imputé au vice, soit qu’on l’attache à la naissance et à la condition. Quant à l’abjection, elle appelle le mépris, et suppose presque toujours l’immoralité.

Épithèt. Pénible, triste, douloureux, profond, humble, honteux, lâche, infâme, forcé, — volontaire, glorieux.

ABAISSER v. a. ou tr. (a-bè-sé — de a, qui marque tendance, et baisser). Rendre plus bas, diminuer la hauteur d’une chose : Abaisser un mur. Abaisser un terrain. Abaisser le tablier d’un pont. || Faire aller en bas, porter plus en bas, faire descendre : Abaisser un store. J’encourageai les matelots effrayés, je leur fis abaisser leurs voiles. (Fén.) Les eaux fortement agitées soulèvent et abaissent alternativement les flots. (Buff.) Vous le voyez abaisser son chapeau sur ses yeux, pour ne voir personne. (La Bruy.) Ils abaissèrent le mât, et s’abandonnèrent à la mer. (Le Maist. de Sacy.) La veuve abaissa brutalement les deux mains de la jeune fille, qui cachait son visage baigné de larmes. (E. Sue.) Elle abaissa son voile sur son visage, de peur d’être reconnue. (Lamart.)

Ni la main du sommeil n’abaissa leurs paupières.
La Fontaine.
Que la froide Allemagne et que ses noirs orages,
Tristement sur ma tête abaissent leurs nuages !
C. Delavigne.

|| Plier, courber : La branche souple se relève sans cesse d’elle-même, quelque effort qu’on fasse pour labaisser. (Fén.) || Incliner, pencher : Les oiseaux qui ont les jambes longues ont aussi le cou à proportion, pour pouvoir abaisser leur bec jusqu’à terre et y prendre leurs aliments. (Fén.)

— Fig. Abaisser la tête, Se résigner, s’humilier : Certes, Jean Lyon abaissa la tête bien bas ; mais il fait tout par sens et par malice. (Froissart.) Comme elle abaisse cette tête auguste devant laquelle s’incline l’univers ! (Boss.)

…… Nous allons à ses pieds
Abaisser sans regrets nos fronts humiliés.
Voltaire.

|| Abaisser les yeux, le regard, Observer, étudier : Partout où l’homme abaisse un regard religieux, il reconnaît que la nature est le corps dont Dieu est l’âme. (Custine.) || Abaisser les yeux sur, Accorder de l’attention, avoir égard à ; compatir ; protéger :

L’autre, tout occupée à discourir des cieux,
Sur un simple mortel daigne abaisser les yeux.
St-Evremont.
Disposez de sa main, et, pour première loi,
Madame, ordonnez-lui d’abaisser l’œil sur moi.
Corneille.

— Dans un sens poétique, on dit abaisser la hauteur : Le ciel est toujours le ciel, et rien n’en peut abaisser la hauteur. (Ste-Beuve.)

Lève ton bras, lance ta flamme ;
Abaisse la hauteur des cieux.J.-B. Rousseau.

— Par ext. Diminuer, rendre moins élevé, réduire : Abaisser le prix du pain. Abaisser les salaires, les octrois, les impôts. La banque a abaissé son escompte à trois et demi pour cent. (Journ.) Ils sont gens à préférer une loi qui abaisse le prix du pain à une loi qui abaisse le cens électoral. (St-Marc Girard.) Les bains chauds abaissent la vitalité des gens bien portants. (Maquet.) || Prendre, soit en chantant, soit en parlant, une intonation moins élevée : Abaisser la voix, le ton. Le meilleur récitatif doit rouler entre de fort petits intervalles, n’élever ni nabaisser beaucoup la voix. (J.-J. Rouss.)

— Fig. Modérer, adoucir, tempérer :

De moment en moment, son âme plus humaine
Abaisse sa colère et rabat de sa haine.
Corneille.
Moi, je veux abaisser ce ton impératif ;
Il vous sied mal. Je veux vous rendre honnête, affable.
Boursault.

Abaisser les barrières de douanes. Diminuer les droits de douanes, ou les abolir complètement : Partout, en Europe, les peuples abaissent maintenant les barrières qu’ils s’appliquaient autrefois à rendre infranchissables. (E. de Girard.) Dans un temps donné, les chemins de fer abaisseront les lignes de douanes. (Mich. Chev.)

— Rendre moins puissant, faire tomber d’un rang élevé, affaiblir l’autorité, le crédit, l’influence, etc. : C’est le gouvernement qui change les mœurs, et qui élève ou abaisse les nations. (Volt.) Servius Tullius étendit les priviléges du peuple pour abaisser le sénat. (Montesq.) J’admirais les coups de la fortune, qui relève tout à coup ceux qu’elle a le plus abaissés. (Fén.) || Ravaler, dégrader, avilir, humilier : La religion élève le peuple à l’intérieur, et abaisse les superbes à l’extérieur. (Pascal.) Les grands noms abaissent, au lieu d’élever, ceux qui ne savent pas les soutenir. (La Rochef.) Nous élevons la gloire des uns pour abaisser celle des autres. (La Rochef.) L’esprit de parti abaisse les plus grands hommes jusqu’aux petitesses du peuple. (La Bruy.) La superstition abaisse l’esprit autant que la religion l’élève. (Montesq.) N’est-il plus, on exagère son mérite, pour abaisser ceux qui vivent. (Volt.) Les hommes se révoltent contre ce qui les abaisse. (Mme  de Lambert.) La servitude abaisse les hommes jusqu’à s’en faire aimer. (Vauven.) L’homme ne saurait abaisser les femmes sans tomber dans la dégradation. (A. Martin.) Napoléon croyait être d’autant plus grand qu’il abaissait davantage les autres. (Chateaub.) L’extase, loin d’élever l’homme jusqu’à Dieu, labaisse au-dessous de l’homme. (V. Cousin.)

Pensez-vous abaisser les rois dans leurs ministres ?
Voltaire.
…… Et nul en Thessalie
N’abaissa son courage à demander la vie.
Voltaire.

|| Rendre humble, modeste : Un prince n’est jamais plus grand que lorsque c’est la bonté qui l’abaisse. (Mass.) On le voyait abaisser aux pieds des pauvres la majesté royale. (Mass.). || En style religieux, Inspirer des sentiments d’humilité, faire agir par humilité : L’humilité de Jésus-Christ la abaissé jusqu’à l’anéantissement. (Fléch.) Il abaissa sa grandeur royale sous l’humilité chrétienne. (Fléch.)

— Absol. : C’est Dieu qui élève, c’est lui qui abaisse. (Bossuet.) Il y a dans le monde une puissance supérieure à celle des hommes, qui élève ou qui abaisse. (Bourdal.) Il y a une fausse grandeur qui abaisse. (La Bruy.)

— Arithm. Abaisser un chiffre, Écrire un chiffre faisant partie d’un dividende, ou d’une puissance, au-dessous de la place qu’il y occupait, à côté du reste obtenu antérieurement dans la division ou l’extraction de racine.

— Algèb. Abaisser une équation, Réduire à un moindre degré une équation d’un degré supérieur.

— Géom. Abaisser une perpendiculaire, Tirer une perpendiculaire à une ligne, d’un point pris hors de cette ligne.

— Chirurg. Abaisser la cataracte, Déplacer le cristallin à l’aide d’une aiguille introduite à travers la sclérotique, et le faire descendre dans la partie inférieure du corps vitré, de manière qu’il ne puisse gêner la vision.

— Fauconn. Abaisser l’oiseau, Diminuer sa nourriture habituelle, afin de le rendre plus léger au vol et plus avide à la proie.

— Hortic. Abaisser une branche d’arbre, La raccourcir, la couper près du tronc.

— Pâtiss. Abaisser la pâte, L’amincir en l’étendant avec le rouleau.

S’abaisser, v. pr. Devenir plus bas, moins élevé, perdre de sa hauteur : Tous les fleuves diminuent de jour en jour, parce que tous les jours les montagnes s’abaissent. (Buff.) Le terrain s’abaisse et ouvre un abîme. (Fén.) Les nuages s’abaissent vers la terre.

Tel s’élève et s’abaisse, au gré de l’atmosphère,
Le liquide métal balancé sous le verre.
Andrieux.

|| Pouvoir être abaissé, descendu : Ce store s’abaisse difficilement. Coiffure qui s’abaisse à volonté. || S’incliner, se courber, se baisser, se pencher vers : Les deux combattants s’allongent, se replient, s’abaissent, se relèvent tout à coup, et enfin se saisissent. (Fén.) Ce n’est pas sans émotion que l’œil s’abaisse sur le bord de l’abîme. (L.-J. Larcher.) Quand on charge le chameau, il s’abaisse sur le ventre. (Buff.)

Leurs dos voûtés s’élevaient, s’abaissaient,
Aux longs élans des soupirs qu’ils poussaient.
Voltaire.

|| S’étendre, descendre :

Sa robe en plis flottants jusqu’à ses pieds s’abaisse.
Delille.

|| Se dissiper, s’évanouir : La poussière s’abaisse et tombe. (Thomas.)

— Par ext. Perdre de son intensité, de sa force, de son volume, de son étendue ; diminuer de valeur : Sa voix commence à s’abaisser. Le bruit du vent s’abaisse. Les capitalistes voient s’abaisser l’intérêt de leur argent. Le prix de ce produit s’est abaissé par suite de la diminution des droits. || Être diminué, atténué : La peine s’abaissera si le coupable s’est livré lui-même à la justice, ou si, dès les premiers interrogatoires, il avoue sincèrement son crime. (Code de Bavière.)

— Fig. S’amoindrir intellectuellement, moralement, devenir moralement inférieur : Sans liberté, l’opinion de la presse s’abaisse, et l’opinion publique s’abaisse en même temps. (J. Favre.) L’art contemporain n’a que trop de disposition à s’abaisser. (A. de La Forge.) Le niveau de l’inspiration s’abaisse quelquefois. (Nogent de St-Laurent) || Recourir à, descendre à : Gardez-vous de croire que je m’abaisse aux misérables inquiétudes de la vanité. (Bridaine.) Faut-il qu’une personne comme vous s’abaisse à parler de la sorte. (Molière.) Est-ce que vous voudriez qu’elle s’abaissât à ces sortes de bagatelles ? (Dancourt.) Je ne me suis pas abaissée à pleurer comme une niaise. (Balz.)

À des troubles honteux je sens que je m’abaisse.
Voltaire.
À la timide plainte il faut vous abaisser.
Marmontel.
Une âme accoutumée aux grandes actions
Ne se peut abaisser à des soumissions.
Corneille.
…… La qualité d’ambassadeur
Peut-elle s’abaisser à des contes vulgaires.
La Fontaine.

|| S’humilier, se dégrader, s’avilir : Un Dieu qui s’abaisse jusqu’à se faire homme étonne et confond la raison. (Mass.) La république de Gênes s’abaisse encore plus devant Louis XIV que celle d’Alger. (Volt.) Dès que Charles XII fut auprès de Bender, on lui conseilla d’écrire au vizir, selon l’usage, et il crut que ce serait trop s’abaisser. (Volt.) L’esclave sent que son maître a une âme qui peut s’agrandir, et que la sienne est contrainte de s’abaisser sans cesse. (Montesq.)

Il dit à l’océan : Que ton orgueil s’abaisse.
Voltaire.
Vous voulez que le roi s’abaisse et s’humilie !
Qu’il démente en un jour tout le cours de sa vie !
Racine.
Ils croiraient s’abaisser dans leurs vers monstrueux,
S’ils pensaient ce qu’un autre a pu penser comme eux.
Boileau.
Morbleu ! c’est une chose indigne, lâche, infâme,
De s’abaisser ainsi jusqu’à trahir son âme !
Molière.

|| Condescendre à, se mettre à la portée de quelqu’un plus faible : Les enfants sont la portion la plus pure de votre troupeau ; n’ayez pas honte de vous abaisser jusqu’à eux. (Mass.) Le prince s’est abaissé jusqu’à moi, en prenant soin de ma fortune. (Mme  de La Fayette.) La grandeur de Votre Majesté consiste à s’abaisser jusqu’à ses sujets. (Palissot.)

Que suis-je, Seigneur ? et pourquoi
Le Souverain de la nature
S’abaisse-t-il jusques à moi ?
J.-B. Rousseau.

|| Témoigner de la modestie, de l’humilité : Sans se hausser pour paraître grand, sans s’abaisser pour être civil et obligeant. (Boss.) Il est quelquefois dangereux de s’abaisser ; car on prend au mot notre humilité, et l’on nous méprise sur notre parole. (Girard.) || Avoir de l’humilité, faire acte d’humilité : Nous le verrons s’abaisser profondément au nom de Jésus… Abaissons-nous en esprit. (Boss.) On la vit souvent s’abaisser et se dérober à sa dignité, pour se jeter aux pieds des pauvres. (Fléch.) Les grands ne s’élèvent jamais si haut que lorsqu’ils s’abaissent. (Costar.) L’humilité est un artifice de l’orgueil qui s’abaisse pour s’élever. (La Rochef.) Le christianisme a dit à l’homme : Abaisse-toi. humilie-toi, obéis, sois le dernier. (Lamenn.)

Devant l’Être éternel tous les peuples s’abaissent.
L. Racine.
Qui s’élève est un fat, qui s’abaisse est un sot.
Favart.
…… Les humbles et les justes
Dont le cœur devant toi s’abaisse avec respect.
J.-B. Rousseau.
Et je vous apprendrai qu’on peut, sans s’avilir,
S’abaisser sous les dieux, les craindre et les servir.
Voltaire.

|| Déchoir, décliner : Des compagnies s’élèvent, d’autres s’abaissent, et enfin s’évanouissent. Il en est de même de toutes les dignités. (Volt.)

Syn. Abaisser, baisser. Baisser se dit des choses qu’on veut placer plus bas : Baisser la tête, baisser les yeux, baisser un mur, baisser les voiles d’un navire. Abaisser se dit des choses faites pour en couvrir d’autres, et qui, étant relevées, les laissent à découvert : Abaisser les paupières, abaisser le couvercle d’un coffre. L’opposé de baisser est exhausser ; celui d’abaisser est relever. Au fig., dans le sens d’humilier, on fait toujours usage d’abaisser. V. le groupe de synonymes ci-dessous.

Abaisser, avilir, humilier, rabaisser, rabattre, ravaler. Abaisser convient surtout pour désigner un médiocre abaissement ou même un abaissement volontaire : Les grands noms abaissent, au lieu d’élever, ceux qui ne savent pas les soutenir. (La Rochef.) La bonté de Dieu s’abaisse jusqu’à nous. — Rabaisser se dit de ce qui est élevé, noble, et que l’on cherche à déprécier : L’envie, ne pouvant s’élever jusqu’au mérite, tâche de le rabaisser. (Boil.) — Rabattre, c’est rabaisser d’une manière plus vive, plus prompte, en s’attaquant à un vice et surtout à un ridicule : Rabattre le ton, la fierté, la hauteur, le caquet, etc. — Ravaler implique l’idée d’un contraste entre une situation élevée que l’on occupait d’abord, et l’abaissement dans lequel on tombe : Sa conduite le ravale au-dessous de la brute. — Humilier, c’est mortifier, donner de la confusion. Avilir emporte l’idée de honte, d’ignominie. Nous pouvons être humilié par quelque chose qui est en dehors de nous, et nous ne pouvons être avili que par nous-même : La plaisanterie française veut toujours humilier par les ridicules. (Mme  de Staël.) Qu’est-ce que la noblesse, si l’on peut s’avilir sans la perdre ? (J.-J. Rouss.)

Antonym. Élever, hausser, exhausser, surélever (sens prop.). || Élever, relever, vanter, exalter, ennoblir ; glorifier, chanter, célébrer, déifier, honorer, immortaliser, diviniser, illustrer, préconiser (sens fig.).

ABAISSEUR adj. m. (a-bè-seur — rad. abaisser). Anat. Se dit des différents muscles dont la fonction est d’abaisser les parties auxquelles ils sont attachés : Les muscles abaisseurs ont pour antagonistes les élévateurs. Un des quatre muscles de l’œil a pour office d’abaisser le regard vers la terre, et on l’a distingué des autres muscles abaisseurs en l’appelant le muscle humble. (Acad.)

— Substantiv. : L’abaisseur de l’œil, des paupières. L’abaisseur des sourcils empêche les ordures d’entrer dans l’œil, et lui fournit une défense contre l’impression d’une lumière trop vive. (Encycl.) || Abaisseur de l’aile du nez, Muscle qui abaisse l’aile du nez et retient la narine. On le nomme aussi myrtiforme, à cause de sa ressemblance avec une feuille de myrte. || Abaisseur de l’angle des lèvres, Muscle naissant de la face externe de la mâchoire inférieure et s’étendant jusqu’au coin de la bouche, où il se termine en pointe. Ce muscle, qui a la forme d’un triangle, s’appelle aussi triangulaire des lèvres. || Abaisseur de la lèvre inférieure, ou carré du menton, Petit muscle mince et quadrilatère qui s’attache à la ligne oblique externe de l’os maxillaire inférieur, et monte dans la lèvre inférieure, où il se confond avec le muscle orbiculaire. || Abaisseur de la mâchoire inférieure, Nom donné à la plupart des muscles des régions sus et sous-hyoïdiennes de la mâchoire inférieure. || Abaisseur de l’œil, Le muscle droit inférieur de l’œil. || Abaisseur de la paupière inférieure, Petit faisceau charnu qui fait partie du muscle palpébral.

— Chir. Abaisseur de la langue, Instrument qui sert à abaisser la langue et à la maintenir comprimée, pour mettre à découvert le fond de la cavité buccale. On dit aussi abaisse-langue et glossocatoche. V. ces mots. || Abaisseur de la paupière, Instrument qui sert à abaisser la paupière.

ABAIT s. m. (a-bè — du bas lat. abettum, même sens). Pêch. Appât. S’écrivait autref. abet.

— Ce vieux mot s’est pris fig. dans le sens de ruse : Car la vieille sait trop dabait. (Renart, xiiie siècle.)

ABAITER v. a. ou tr. (a-bè-té — rad. abait). Appâter, mettre un appât à l’hameçon.

ABAJOUE s. f. (a-ba-joû — contraction de à bas joue, au bas de la joue). Poche que certains genres de quadrumanes, de chéiroptères et de rongeurs portent dans l’épaisseur des joues de chaque côté de la bouche. Chez la plupart des singes de l’ancien continent, les abajoues s’ouvrent à l’intérieur de la cavité buccale. Chez certains rongeurs de l’Amérique, elles s’ouvrent à l’extérieur, ce qui a fait donner à ces animaux le nom de diplostomes (double bouche). Les abajoues sont des réservoirs dans lesquels l’animal peut garder quelque temps et transporter à une certaine distance les aliments qu’il ne veut pas consommer immédiatement. Dans les chauves-souris du genre nyctère, elles servent à diminuer le poids spécifique du corps, et facilitent le vol en permettant l’introduction de l’air dans le tissu cellulaire sous-cutané : Les guenons ont des abajoues, c’est-à-dire des poches au bas des joues, où elles peuvent garder leurs aliments. (Buff.) Le hamster et d’autres espèces de rats ont des abajoues. (Cuvier.) Les chauves-souris ont des abajoues et de longues oreilles. (Bouillet.)

— Par ext. et plaisamment, Joues volumineuses et pendantes.

— Parties latérales du groin du cochon et de la tête de veau, lorsqu’elles sont détachées de l’animal.

ABAKANSK, ville forte de Sibérie, fondée par Pierre le Grand en 1707. Dans les environs, tombeaux et curieuses antiquités d’une civilisation primitive.

ABAKUR s. m. Un des chevaux de Sunna, déesse du Soleil, dans la Mythologie des peuples du Nord.

ABALES s. m. pl. (a-ba-le). Géogr. Nom d’un ancien peuple de l’Inde.

ABALIÉNATION s. f. (a-ba-li-é-na-si-on — lat. ab et aliénation). Droit rom. Cession, aliénation par laquelle les bestiaux, les esclaves, les terres et autres possessions, dans l’enceinte du territoire de l’Italie, étaient transférés à des personnes en droit de les acquérir.

ABALIÉNÉ, ÉE (a-ba-li-é-né — lat. ab et aliéné) part. pass. du v. Abaliéner. Terres abaliénées.

— Fig. : Impôts abaliénés, Impôts détournés.

— Pathol. Membres abaliénés, Paralysés.

ABALIÉNER v. a. ou tr. (a-ba-li-é-né — lat. ab, et aliéner). Consentir une abaliénation.

S’abaliéner, v. pron. Être abaliéné : Propriétés qui peuvent s’abaliéner.

ABALOURDI, IE (a-ba-lour-di) part. pass. du v. Abalourdir. Rendu stupide : Des enfants abalourdis. On est abalourdi par une suite de mauvais traitements. (Laveaux.)

ABALOURDIR v. a. ou tr. (a-ba-lour-dir — rad. balourd). Rendre lourd, stupide, à force de mauvais traitements : abalourdir un enfant. Pop.

S’abalourdir, v. pron. Devenir lourd, stupide : Les enfants s’abalourdissent par les mauvais traitements.

ABALOURDISSANT, ANTE adj. (a-ba-lour-di-san, an-te — rad. abalourdir). Qui est propre à abalourdir, qui imprime une crainte stupide : D’abalourdissantes menaces. Une réprimande abalourdissante.

ABALOURDISSEMENT s. m. (a-ba-lour-di-se-man — rad. abalourdir). Action d’abalourdir ; état d’une personne abalourdie : L’abalourdissement d’un enfant.

ABAMA s. m. (a-ba-ma). Bot. Genre de plantes de la famille des liliacées. On l’appelle aussi narthécie (narthecium).

ABAMÉES s. f. pl. (a-ba-mé — rad. abama). Bot. Groupe de la famille des liliacées, qui a pour type le genre abama.