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A

le ferai à mon premier loisir. On l’accueillit fort bien à son arrivée. (Acad.) à la veille d’un si grand jour, et dès la première bataille, il est tranquille. (Boss.) Le reste de la Flandre pouvait être envahi au printemps prochain. (Volt.) J’allais tous les jours dîner chez lui à trois heures. (Chateaub.) Les écureuils mettent bas au mois de mai ou au commencement de juin ; ils muent au sortir de l’hiver. (Buff.) Il se levait à deux heures après midi. (Ars. Houss.) Rivarol n’avait de l’esprit quà certaines heures. (Ars. Houss.)

Je l’ai, sans le quitter, à toute heure suivi.
Regnier.
Vous pouvez, à loisir, faire des vœux pour elle.
Racine.
À l’heure dite, il courut au logis
De la cigogne son hôtesse.     La Fontaine.

— 6me groupe. à marquant une circonstance, un événement, etc. : à ma mort il héritera de cette maison. au premier coup de canon, la ville capitula. à la dernière sommation, ils se retirèrent. Partir au premier signal. On accourut à ses cris. au moindre geste, vous êtes mort. (Acad.) à l’arrivée de la reine, la persécution se ralentit. (Boss.) Presque à son entrée dans le monde, Rivarol se mit à étudier et à traduire le Dante. (Ars. Houss.) à ce discours, le peuple est accouru de toutes parts. (Chateaub.) Le cortége s’ébranla aux roulements des tambours et aux sons d’une musique lugubre. (Lamart.)

Au seul son de sa voix, la mer fuit, le ciel tremble.
Racine.
Aux accents d’Amphion les pierres se mouvaient.
Boileau.

— 7me groupe. à marquant un espace de temps, une durée : Payer au mois. Louer à l’année. Travailler à la journée. Pension à vie. Rente à perpétuité. à la vie et à la mort. à la longue, tout s’use. à toujours. à jamais. à petites journées. (Acad.) L’excès du vin dégrade l’homme et l’abrutit à la longue. (J.-J. Rouss.) Le czar s’avançait à grandes journées avec une armée de quarante mille Russes. (Volt.) Nous n’allons quà petites journées, de peur de nous fatiguer. (Le Sage.)

Il n’est encore au plus que sept heures du soir.
Regnard.
Cousin, c’est entre nous à la vie, à la mort.
C. Delavigne.
Il devait, au bout de dix ans,
Mettre son âne sur les bancs.     La Fontaine.
Oui, vous irez un jour, vrai partage du diable,
Bouillir dans les enfers à toute éternité.
Molière.

— 8me groupe. à marquant appartenance, possession : Ce livre est à ma sœur. Avoir une maison à soi. Rendez à César ce qui est à César. Il a un style, une manière à lui. C’est un homme de mérite, un ami à moi. (Acad.) Ménippe est l’oiseau paré de divers plumages qui ne sont pas à lui. (La Bruy.) Ayez soin tous deux de marcher immédiatement sur mes pas, afin qu’on voie bien que vous êtes à moi. (Molière.) Il n’inventait pas ses contes, mais il avait un style à lui. (Volt.) Sa manière est tellement à lui, que ses couplets on les trouve, on les chante partout. (Rivarol.) Je vais voir mon oncle à moi dans un village qui n’est pas loin d’ici. (Marm.) Ils eurent pouvoir de lever une bannière à eux. (Barante.) Laissez-moi monter le premier, c’est à moi l’échelle. (V. Hugo.)

Je ne suis plus à moi, je suis tout à la rage.
Molière.
…………Le trône est à moi ;
Et tant que je respire, il ne peut être à toi.
Racine.
………Mon moulin est à moi,
Tout aussi bien au moins que la Prusse est au roi.
Andrieux.

— Quelquefois il forme avec son complément une sorte de pléonasme qui marque encore plus énergiquement l’idée d’appartenance : C’est mon opinion, à moi. Sa manie, à lui, c’est de… Votre devoir, à tous, est de lui obéir. (Acad.) Ma folie, à moi, est d’être laboureur et architecte. (Volt.) Où commence sa puissance, à cet homme, et où finit-elle ? (Edm. Texier.)

— 9me groupe. à marquant l’espèce, la qualité, etc. : Canne à sucre. Vache à lait. Pays à pâturages. Homme à systèmes, à projets. Femme à vapeurs. Glace à la vanille. (Acad.) Les fraudes à bonne intention ne manquent pas d’approbateurs. (Port-Royal.) Toutes les femmes à grands talents n’en imposent jamais qu’aux sots. (J.-J. Rouss.) Quiconque blâme la satire est un sot à prétentions. (Gilbert.) C’est la bohémienne à la chèvre. (V. Hugo.) Les gens à châteaux ne viennent pas chez les préfets. (Balz.)

Sous l’arbre à soie et l’oranger
Dansaient les brunes Andalouses.     V. Hugo.

— 10me groupe. à marquant la forme, la structure : Clou à crochet. Table à tiroir. Lit à colonnes. Couteau à ressort. Bague à diamants. Canne à épée. Chandelier à branches. Chapeau à grands bords. Boîte à double fond. Chaise à bras. Instrument à cordes. Montre à répétition. Les animaux à quatre pieds. (Acad.) Le lieu d’assemblée est une salle à l’antique, avec une cheminée où l’on fait bon feu. (J.-J. Rouss.) Un pot à fleurs renversé. (Th. Gaut.) Ceux qui n’avaient pas d’échelle avaient des cordes à nœuds. (V. Hugo.) Dans un angle, une grande horloge à gaine et à poids dit gravement l’heure. (V. Hugo.) Un crucifix à bénitier placé dans son alcôve frappaient les regards. (Balz.) Le caveau était alors un antre enfumé semblable à l’entrée de l’Averne. Dans ce Parnasse à lanternes, Rivarol fut bientôt le plus écouté. (Ars. Houss.)

La cruche au large ventre est vide en un instant.
Boileau.
J’aurais un bon carrosse à ressort bien pliants.
Regnard.
L’ânier, qui tous les jours traversait ce gué-là,
     Sur l’âne à l’éponge monta.     La Fontaine.
L’animal à longue échine
En ferait, je m’imagine,
De grandes destructions.     La Fontaine.
Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où,
Le héron au long bec, emmanché d’un long cou.
La Fontaine.
Une levrette blanche, au museau de gazelle,
Au poil orné de soie, au cou de tourterelle,
À l’œil profond et doux comme un regard humain…
Lamartine.

— 11me groupe. à marquant la destination, l’usage : Terre à blé. Marché à la volaille. Moulin à farine. Cuiller à pot, à soupe, à café. Pot à l’eau. Bouteille à l’encre. Boîte à thé. Sac à ouvrage. Plat à barbe. Pierre à fusil. (Acad.) Apportez la bouteille à l’eau-de-vie. (Dider.) Il a un château, il reçoit du monde, il a une meute, ses écuries, ses chasses au cerf. (St-Marc Girardin.)

Le récit en farce en fut fait :
On l’appela le Pot au lait.     La Fontaine.

— 12me groupe. à marquant la possibilité, la convenance, etc. : Fille à marier. Maître à danser, à chanter. Bois à brûler. Tabac à fumer. Maison à vendre, à louer. Verre à boire. Table à jouer. Chambre à coucher. Fer à repasser. Pierre à aiguiser. (Acad.)

Il nous servit de guide à passer les déserts.
Racine.

— 13me groupe. à indiquant ce qui sert spécialement, ce qui est nécessaire à l’emploi d’une machine, d’un instrument : Arme à feu. Fusil à vent. Bateau, machine à vapeur. Moulin à eau, à vent. Chaise à porteurs. Instrument à vent. (Acad.) Il se battait, comme Don Quichotte, contre des moulins à vent. (Volt.) Des fenêtres du château, on apercevait un moulin à eau. (Chateaub.) Mais, monsieur, prenez-y garde ; ce sont des moulins à vent, et ce qui vous semble des bras n’est autre chose que leurs ailes. (Florian.)

— 14me groupe. à indiquant la manière d’agir, la manière d’être, etc. : Rire à gorge déployée. Crier à tue-tête. Parler à haute et intelligible voix. S’habiller à la française. S’enfuir à toutes jambes. S’avancer à grands pas. Voyager à pied et à cheval. Galoper ventre à terre. Fouler aux pieds. (Acad.) Votre procureur s’entendra avec votre partie, et vous vendra à beaux deniers comptants. (Molière.) Qui mérite mieux d’être traité à toute rigueur que celui qui a été dur et impitoyable ? (Boss.) On boit à discrétion. (J.-J. Rouss.) Le taureau s’irrite, les poursuit de près et frappe la terre à coups redoublés. (Florian). L’écureuil a un murmure à bouche fermée, un petit grognement de mécontentement qu’il fait entendre toutes les fois qu’on l’irrite. (Buff.) L’armée vivait au moyen de contributions de guerre. (Thiers.) L’être qui pense a dû naturellement tomber à genoux devant la plus haute de ses pensées. (Rivarol.) La bohémienne dansait : elle faisait tourner un tambourin à la pointe de son doigt. (V. Hugo.)

Mais, malgré ces défauts, je vous aime à la rage.
Destouches.
Enfin, il en est fou, c’est son tout, son héros ;
Il l’admire à tous coups, le cite à tous propos.
Molière.
Je m’étais introduit tantôt chez Isabelle,
Que j’aime à la fureur.                    Regnard.

— 15me groupe. à marquant l’instrument dont on se sert pour faire quelque chose : Pêcher à la ligne. Jouer à la balle. Se battre à l’épée, au pistolet. Mesurer au mètre. Dessiner à la plume. Tracer au crayon. Travailler à l’aiguille. (Acad.) On ne s’aborde quà l’arme blanche. (Lamart.) Des portraits exécutés à la sanguine, à la pierre noire et au crayon blanc. (Ste-Beuve.) Il lui envoya un cartel bien en règle, l’appelant au combat à mort, à l’épée et au poignard. (Mérim.)

— 16me groupe. à marquant la mesure, le poids, la quantité : Vendre à la livre. Acheter au cent, à la douzaine. Donner à brassées, à pleines mains. (Acad.) Les pilotis sont au nombre de six. (Chateaub.)

— 17me groupe. à marquant le prix, la valeur : Dîner à trois francs par tête. Emprunter à gros intérêts. Placer ses fonds à cinq pour cent. Les places sont à six francs. Louer un cabriolet à douze francs par jour. Vendre à bon compte. Donner une marchandise à vil prix. Vivre à peu de frais. (Acad.) Les avocats au conseil ne sont pas à bon marché par le temps qui court. (Volt.)

Au Havre, à ce prix-là, j’aurais eu deux maisons.
C. Delavigne.
C’est dans Bagnols que j’ai vu la lumière,
Au cabaret où feu mon pauvre père
À juste prix faisait noce et festin.     Chénier.

— 18me groupe. à marquant la disposition morale, l’intention : Prendre une affaire à cœur. Faire une chose à plaisir, à regret, à dessein, à cœur ouvert, à contre-cœur. Prendre une chose à bonne, à mauvaise intention. (Acad.) Un hypocrite ne donne l’aumône quà regret. (St-Evrem.) J’avais à cœur la publication de mon dernier et meilleur ouvrage. (J.-J. Rouss.)

…Tout homme à son gré peut gouverner le sort.
Duché.
Mais l’âge dans son âme a mis ce zèle ardent,
Et l’on sait qu’elle est prude à son corps défendant.
Molière.
Amour enfin, qui prit à cœur l’affaire,
Leur inspira la ruse que voici.     La Fontaine.
Je veux qu’à votre gré vous puisiez dans ma caisse,
Sans crainte, à pleines mains, sans soins de l’avenir.
Molière.

— 19me groupe. à marquant la cause : Se ruiner au jeu, à jouer. Se tuer à travailler. Mourir à la peine. Bâiller à la lecture d’un mauvais ouvrage. Prendre plaisir à quelque chose. S’endormir au murmure des eaux. S’éveiller au bruit de la tempête. Frémir à l’aspect du danger. On ne devient guère si riche à être honnêtes gens. (Mol.) Il est vieux et usé, dit un grand ; il s’est crevé à me suivre : qu’en faire ? (La Bruy.) L’homme passe sa vie à raisonner sur le passé, à se plaindre du présent, à trembler pour l’avenir. (Rivarol.) Il semblait suffoqué à ne pouvoir plus parler. (V. Hugo.)

Il se tue à rimer : que n’écrit-il en prose ?
Boileau.
Cet homme-là, ma sœur, t’aime à perdre l’esprit.
Regnard.
………Et les doctes du temps,
À les lire amusés, n’ont autre passe-temps.
Regnard.
Deux parts en fit, dont il soulait passer
L’une à dormir, et l’autre à ne rien faire.
La Fontaine.

— 20me groupe. à marquant l’effet, le résultat : Vendre à perte. Blesser à mort. Courir à perdre haleine. Danser à ravir. Cela eut lieu aux applaudissements de tous. au péril de sa vie. au risque de tout perdre. (Acad.) On peut vivre longtemps en peu d’années, et acquérir une grande expérience à ses dépens. (J.-J. Rouss.)

………Ces brillants parasites
Que ma table nourrit à vous conter des riens,
Vivent à mes dépens, et lui m’oblige aux siens.
C. Delavigne.

— 21me groupe. à marquant succession, gradation, etc. : Goutte à goutte. Un à un. Brin à brin. Feuille à feuille. Démonter une pendule pièce à pièce. Compter sou à sou. Augmenter peu à peu. Se placer deux à deux, trois à trois, quatre à quatre. (Acad.) Ils venaient en robes rouges, deux à deux, par la grande porte de la cour. (St-Simon.) Il me vend pièce à pièce tout ce qui est dans le logis. (Molière.) Nous suivons son mal jour à jour. (Mme  de Sév.) L’éléphant choisit les fleurs, les cueille une à une et en fait des bouquets. (Buff.) Le corps meurt peu à peu et par parties. (Buff.) Il faut l’habiller le matin et la déshabiller le soir épingle à épingle. (Beaumarch.) Il perdait une à une les illusions que ses amis caressaient. (Balz.) Une génération s’effeuille pour ainsi dire devant nous, et tombe, homme à homme, dans l’oubli ou dans l’immortalité. (Lamart.) La versification française, avec ses alexandrins qui vont deux à deux, a peu de majesté et de mouvement. (Michelet.) Ils entrèrent un à un entre deux haies de gendarmes. (Lamart.)

Là-dessus de la pièce il m’a fait un sommaire,
Scène à scène.                    Molière.
L’hirondelle lui dit : Arrachez brin à brin
     Ce qu’a produit ce maudit grain.
La Fontaine.
À moins de démolir le château pierre à pierre,
D’assassiner le maître, on n’aura rien.   V. Hugo.
Pièce à pièce par lui quand son or est compté.
Il rêve en le prêtant aux sueurs qu’il lui coûte ;
Et c’est son propre sang qu’il verse goutte à goutte.
C. Delavigne.

— 22me groupe. à marquant correspondance exacte : Traduire mot à mot. Suivre quelqu’un pas à pas. Jouer but à but. (Acad.)

Rendez-vous le sens ? — Mot à mot.     Saurin.
J’arrive pas à pas au terme désiré.         Racine.
Ainsi s’avançaient pas à pas,
Nez à nez, nos aventurières.      La Fontaine.

— 23me groupe. à marquant jonction, proximité : Face à face. Nez à nez. Bec à bec. Corps à corps. Seul à seul. Vis-à-vis. Bout à bout. Dos à dos. Côte à côte. Pied à pied. Tête à tête. (Acad.) Chaque combat fut un combat corps à corps. (Lamart.)

Eh bien ! Nous nous verrons seul à seul chez Barbin.
Molière.
À la fin, noble Cid, nous voilà face à face.
C. Delavigne.
Quoi ! l’on ne peut jamais vous parler tête à tête ;
À recevoir du monde on vous voit toujours prête.
Molière.

— 24me groupe. à marquant conformité, convenance : à sa fantaisie, à sa convenance, à sa manière, à mon choix, à votre avis. Chapeau à la mode. Habit à ma taille. Parler à son tour. Marcher à son rang. Boire à sa soif. Manger à sa faim. (Acad.) Le bien qu’il vient de faire est un peu moins su, à la vérité, mais il fait ce bien, que voudrait-il davantage ? (La Bruy.) Rivarol n’a été qu’un homme de transition ; mais, à ce titre, il a une grande valeur. (Ste-Beuve.) L’empereur Julien essaya, à l’instar du culte évangélique, d’unir la morale à la religion. (Chateaub.)

Nos aïeux à leur gré faisaient un dieu d’un homme.
Corneille.
Corneille est à la mode ; il succède à Garnier.
V. Huoo.

— 25me groupe. à marquant ce qui fournit une induction, une conjecture, etc. : à l’œuvre on connaît l’ouvrier. à ses manières on reconnaît un homme du monde. Je vis, à sa contenance, qu’il était peu rassuré. à son air triste nous pressentîmes le malheur qui lui était arrivé. (Acad.) à une grande vanité près, les héros sont faits comme les autres hommes. (La Rochef.) Plusieurs personnes le devinèrent à la bigarrure des styles, aux anachronismes, aux plagiats, au tortillage des idées et au grotesque des expressions. (Chamfort.)

À cet air vénérable, à cet auguste aspect,
Les meurtriers surpris sont saisis de respect.
Voltaire.

— 26me groupe. à marquant une sorte de rivalité, de concurrence : Ils dansaient à qui mieux mieux. C’est à qui ne partira point. Tirons à qui fera, à qui jouera le premier. Ils s’empressaient à qui lui plairait le plus. Disputes à qui obtiendra une faveur. (Acad.) C’est à qui l’aimera. (La Font.) C’était à qui aurait Rivarol à sa table, c’était à qui l’emmènerait à sa campagne. (Ars. Houss.)

C’est à qui de nous deux vous chérira le plus.
Étienne.
………Avec moi sans façon
Je vois que tout le monde en use :
C’est à qui tous les jours me fera la leçon.
Marmontel.

— 27me groupe. à suivi d’un infinitif, équivaut très-souvent au participe présent du même verbe précédé de en : à le voir on juge de son état. à ne considérer que telle chose… à le bien prendre. à voir les choses de sang-froid. à partir de telle époque. à l’en croire. à dire la vérité. à vrai dire. à ne rien dissimuler. à parler franchement. (Acad.) L’espérance dont le monde parle n’est autre chose, à le bien prendre, qu’une illusion agréable. (Boss.) Le sol et l’atmosphère signalent leur empire sur toutes les productions de la nature, à commencer par l’homme et à finir par les champignons. (Volt.)

Ils me soupçonneraient à me voir plus paisible.
Lafosse.
On risque à trop parler ce qu’on gagne à se taire.
C. Delavigne.
Ni mon grenier, ni mon armoire
Ne se remplit à babiller.     La Fontaine.

— On trouve à suivi de l’infinitif, avec la valeur d’une proposition circonstancielle :

Il faut avec vigueur ranger les jeunes gens,
Et nous faisons contre eux à leur être indulgents.
Molière.

C’est pour : quand nous leur sommes indulgents. Cette construction, qui paraît avoir vieilli, a été cependant imitée par quelques-uns de nos écrivains contemporains, qui n’ont pas craint qu’on leur fît le reproche de viser un peu trop à l’archaïsme :

Il est bon, il me traite avec grande douceur,
Et je serais heureuse à n’être que sa sœur.
E. Augier.

— 28me groupe. à, placé entre un substantif et un infinitif, sert fréquemment à indiquer ce qu’il est nécessaire ou convenable de faire : C’est un ouvrage à recommencer. C’est un avis à suivre. C’est une partie à remettre. C’est une affaire à accommoder. C’est une occasion à ne pas laisser échapper. C’est un homme à récompenser. (Acad.) Je me sens un cœur qui est de force à aimer toute la terre (Molière.) Les carrosses faisaient des sauts à rompre tous les ressorts. (Mme  de Maintenon.) Rivarol n’a pas à se reprocher d’avoir jamais écrit autre chose que des satires. (Chamfort.) La populace de Paris et celle même de toutes les villes du royaume, ont encore bien des crimes à faire avant d’égaler les sottises de la cour. (Rivarol.) Une telle paresse est à déplorer. (Ars. Houss.) Rousseau, le citoyen de Genève, avait de l’orgueil à défrayer une aristocratie (Balzac.) Tant d’attention à plaire annonce plus de vanité que de vertu. (Joubert.)

Le corps, cette guenille, est-il d’une importance,
D’un prix à mériter seulement qu’on y pense ?
Molière.
Je n’y puis plus tenir, et la cour et la ville
Ne m’offrent rien qu’objets à m’échauffer la bile.
Molière.
Ses conseils sont à craindre, et, si vous le croyez,
Pensant fuir un écueil, souvent vous vous noyez.
Boileau.
Un peu moins de bon sens et plus de badinage :
Un homme qui disserte est un homme à noyer.
Neufchateau.
Mon cousin de Sylva, c’est une félonie
À faire du blason rayer la baronnie.   V. Hugo.

— 29me groupe. à, construit de même, désigne aussi ce qui peut être l’effet ou la suite d’un événement, etc. : C’est une affaire à vous perdre. C’est un procès à ne jamais finir. C’est une entreprise à vous faire honneur. C’est un conte à dormir debout. Il est homme à se fâcher. (Acad.)

— 30me groupe. à, placé après un verbe et devant un infinitif, peut s’expliquer par un mot sous-entendu et signifie de quoi : Verser à boire. Il n’y a pas à manger. Il ne trouve pas à s’occuper. J’ai à vous entretenir. Il y aurait à craindre. Trouver à redire. Il n’y a pas à balancer. (Acad.) J’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire. (Évang.) Rivarol n’eut plus à s’inquiéter de sa cuisine. (Ars. Houss.) Si nous trouvions à redire à ce langage, ce serait plutôt à l’ironie du ton et à cet accent de dédain envers ceux mêmes qu’on défend. (Ste-Beuve.)

Si dans son composé quelqu’un trouve à redire,
   Il peut le déclarer sans peur.   La Fontaine.

à et ses équivalents. La préposition à, qui peut marquer un grand nombre de rapports, trouve des équivalents dans beaucoup de mots à sens plus déterminé.