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victime de ses propres excès, de ses débauches, de son intempérance, peut-être aussi consumé par un climat énervant et par le feu de sa dévorante activité. À son lit de mort, prévoyant que ses capitaines se disputeraient sa succession les armes à la main, il avait exprimé ses craintes sur les sanglantes funérailles qu’on lui préparait. Il s’abstint de désigner un héritier. À ceux qui lui demandaient à qui il laissait l’empire, il répondit, suivant une tradition : « Au plus digne » (V. DIGNE), montrant ainsi qu’il était déjà « plein des tristes images de la confusion qui devait suivre sa mort, » et qu’il entrevoyait le démembrement de son empire. Un fils en bas âge, qu’il avait eu de sa concubine Barsine, un enfant à naître, de sa femme Roxane, qu’il laissait enceinte, un frère imbécile, Arrhidée, tels étaient ses seuls héritiers. Après beaucoup de troubles et d’agitations, l’armée reconnut Arrhidée, sous la régence de Perdiccas, à qui Alexandre avait remis en mourant son anneau, et les généraux se partagèrent les commandements et les provinces, en attendant qu’ils se les disputassent les armes à la main, à titre de souverainetés.

Alexandre avait commandé qu’on transportât son corps dans le temple d’Ammon ; mais Ptolémée le garda à Memphis, dans son cercueil d’or. Plus tard, il fut transporté à Alexandrie, où l’on substitua un cercueil de verre à l’ancien. Jules César et Auguste purent contempler ce cadavre qui avait été embaumé à l’égyptienne. Sous Alexandre Sévère, le tombeau qui renfermait le conquérant disparut sans qu’on ait pu le retrouver.

Voici le jugement que porte du héros macédonien l’homme le plus capable d’apprécier son génie et son caractère : « Alexandre, dit Napoléon dans le Mémorial de Sainte-Hélène, conquiert avec une poignée de monde une partie du globe ; mais fut-ce de sa part une simple irruption, une façon de déluge ? Non ; tout est calculé avec profondeur, exécuté avec audace, conduit avec sagesse. Alexandre se montre tout à la fois grand guerrier, grand politique, grand législateur. Malheureusement, quand il atteint le zénith de la gloire et du succès, la tête lui tourne ou le cœur se gâte ; il avait débuté avec l’âme de Trajan, il finit avec le cœur de Néron et les mœurs d’Héliogabale. »

La vie d’Alexandre le Grand, ce poème héroïque qui se déroule en épisodes merveilleux de l’Hellespont à l’Indus, a laissé un long souvenir dans la mémoire des peuples, et la langue poétique des nations de l’Occident a conservé les mots, les réponses, les maximes de cet homme extraordinaire comme autant de phrases caractéristiques pour peindre des sentiments et des situations. Mais c’est surtout dans les traditions orientales qu’Alexandre (Iskander) joue un rôle qui touche au merveilleux. Déjà Josèphe nous a donné sur le héros macédonien des détails sur lesquels les auteurs grecs ont gardé le silence le plus complet, en parlant, par exemple, de la réception faite à Alexandre, à Jérusalem, par le grand prêtre Jeddu, et de la protection que le conquérant aurait accordée aux Juifs. Les autres nations orientales mêlèrent insensiblement à l’histoire d’Alexandre les brillantes fictions de légendes surnaturelles, et créèrent ainsi un type nouveau, bientôt devenu populaire. Les Arabes l’appellent Iskander, selon leur habitude de tronquer les mots grecs. (C’est ainsi que d’Hippocrate ils ont fait Docrat ; de evangelion, indjil.) Souvent ils ajoutent à ce nom la qualification Ben Filicos (fils de Philippe) ou Zoul Garnein (aux deux cornes). Les écrivains orientaux ne sont pas d’accord sur l’origine de ce nom. Il vient peut-être de ce qu’Alexandre s’est rendu maître de l’Orient et de l’Occident, des deux extrémités, des deux cornes de la terre. Peut-être prétendait-il se faire passer pour le fils de Jupiter Ammon, ou bien faut-il chercher l’explication du mot dans le génie particulier des langues orientales, qui font des cornes l’emblème de la force. — On débite en Orient sur Iskander Zoul Garnein les légendes les plus incroyables. Les Persans le font descendre de la race de leurs rois, et le regardent comme le propre fils de Darab ; suivant eux, il aurait envahi le royaume de son frère Dara (Darius Codoman), l’aurait vaincu et se serait emparé de ses États. On lui attribue des qualités extraordinaires, une intelligence hors ligne, un courage à toute épreuve. — Ces croyances se répandirent d’autant plus facilement en Orient, qu’elles flattaient l’amour propre national des peuples asiatiques, facilement disposés à considérer l’envahisseur, non comme un étranger, mais comme issu de leur nation et favorisé des dieux. Les auteurs orientaux chrétiens, entre autres Barhebrœus et Ibn Batrik, ont poussé l’invraisemblance au moins aussi loin en admettant qu’Alexandre était d’origine égyptienne, parce que Nectambos, chassé de son royaume par Artaxerce, se serait réfugié en Macédoine, et, déguisé en astrologue, aurait eu des relations avec Olympias, femme de Philippe. — Le Coran, à son tour, est venu broder sur ce thème quelques nouveaux motifs. C’est ainsi que, dans la sourate xviii, Zoul Garnein est envisagé comme un personnage tout à fait mythologique qui élève contre Jagug et Magug (Gog et Magog de la Bible) les murailles d’airain. Les commentateurs du Coran sont en désaccord pour savoir si ce passage doit être appliqué à Alexandre le Grand, ou bien à un ancien prince de l’Arabie-Heureuse, Zoul Garnein Assaab Ibn Rayich, ou enfin à un roi persan, Afridim Ibn Asfian. Cependant le plus grand nombre y voit une allusion à Alexandre le Grand, et cette interprétation est la plus plausible.


ALEXANDRE, nom propre devenu commun dans toutes les langues, et qui est resté le type, la personnification du héros, du conquérant, et aussi du destructeur. C’est dans ce dernier sens que La Fontaine a dit :

 J’ai lu, chez un conteur de fables,
Qu’un second Rodilard, l’Alexandre des chats,
       L’Attila, le fléau des rats,
       Rendait ces derniers misérables...
                  (Le Chat et le vieux Rat.)

« À la veille d’un si grand jour et dès la première bataille, il est tranquille, tant il se trouve dans son naturel ; et on sait que le lendemain, à l’heure marquée, il fallut réveiller d’un profond sommeil cet autre Alexandre. »
                       Bossuet,
               Oraison funèbre du prince de Condé.

Le grand nom d’Alexandre a également inspiré les poètes, les écrivains et les artistes de toutes les époques. Voici les œuvres les plus remarquables d’après leur ordre alphabétique seulement.


Alexandre, la seconde des tragédies de Racine dans l’ordre chronologique, représentée pour la première fois en 1667. Le sujet de cette pièce est emprunté entièrement au VIIIe livre de Quinte-Curce ; on n’en connaît guère où l’histoire soit plus exactement suivie. C’est, dit La Harpe, la première tragédie française écrite avec élégance ; mais elle manque d’action et surtout de cet intérêt qui soutient seul les pièces de théâtre, quand on n’y supplée point par des beautés d'un autre genre. L’esprit d’imitation y est trop marqué, et Alexandre est aussi froidement amoureux d’une reine des Indes que César de celle d’Égypte. Boileau a cru mettre une louange déguisée dans la bouche de son campagnard du Repas ridicule, quand il lui fait dire :

Je ne sais pas pourquoi l’on vante l’Alexandre ;
Ce n’est qu’un glorieux qui ne dit rien de tendre.

Il en dit beaucoup trop pour un conquérant. Il y a des héros qu’il ne faut jamais faire soupirer sur la scène, et Alexandre est de ce nombre. Mais Racine sacrifiait encore à la mode consacrée par Corneille, qui faisait débiter à Sertorius des galanteries dignes des marquis du temps. On dit néanmoins que Racine ayant soumis sa pièce au jugement de l’auteur de Cinna, ce grand homme n’y reconnut point le caractère d’Alexandre, et qu’il conseilla au jeune auteur de renoncer à la tragédie. Le rôle de Porus est plus énergiquement tracé ; il appartient à l’école des héros de Corneille ; mais les beaux vers mêmes qu’il débite sentent trop l’imitation et approchent de la bravade. Saint-Evremont, après avoir exprimé les brillantes espérances que lui faisait concevoir le jeune auteur, n’en porte pas moins sur lui, à cette occasion, un jugement juste et sévère. « Il a, dit-il, des pensées fortes et hardies, des expressions qui égalent la force de ses pensées ; mais vous me permettrez de vous dire, après cela, qu’il n’a pas connu Alexandre ni Porus. Peut-être que pour faire Porus plus grand, sans donner dans le fabuleux, il a pris le parti d’abaisser son Alexandre. Si tel a été son dessein, il ne pouvait pas mieux réussir ; car il en fait un prince si médiocre, que cent autres le pourraient emporter sur lui comme Porus… À parler sérieusement, je ne connais ici d’Alexandre que le nom seul ; son génie, son humeur, ses qualités, ne me paraissent en aucun endroit. Je cherche dans un héros impétueux des mouvements extraordinaires qui me passionnent, et je trouve un prince si peu animé, qu’il me laisse tout le sang-froid où je puis être. Je m’imaginais en Porus une grandeur d’âme qui nous fût plus étrangère ; le héros des Indes devait avoir un caractère différent de celui des nôtres. »

La tragédie d’Alexandre marquait néanmoins un progrès dans le talent de Racine ; son troisième essai, Andromaque, devait être un de ses plus admirables chefs-d’œuvre.


Alexandre (BATAILLES D’). Série fameuse de tableaux qui fut commandée par Louis XIV à Le Brun, en 1660; le peintre la termina en 1668. Le temps a beaucoup assombri le coloris de ces immenses peintures, dont trois mesurent jusqu’à 12 mètres de largeur. Fort heureusement pour la gloire même de Le Brun, elles ont été admirablement traduites par le burin de Gérard Audran et de Gérard Edelinck. « Ces deux grands artistes, dit M. Viardot, en conservant le principal mérite des compositions de Le Brun, unique peut-être, mais incontestable, leur savante et noble ordonnance, surent l’un et l’autre bien cacher et corriger les imperfections d’un dessin mol et lourd… »


Alexandre le Grand (STATUE ANTIQUE D’), Musée du Louvre. Cette statue, du style héroïque, est probablement la reproduction d’un Alexandre de Lysippe, qui eut, comme le peintre Apelle, le monopole des portraits d’Alexandre. Le vainqueur de Darius est debout, coiffé d’un casque et l’épée à la main. On le reconnaît surtout à ses traits fins et délicats et à sa tête légèrement penchée sur l’épaule gauche. « Cet Alexandre au regard hautain, dit M. Viardot, semble dire à Jupiter, comme dans l’épigramme d’Archélaus : « O roi des dieux ! notre partage est fait : à toi le ciel, à moi la terre ! »


Alexandre et Diogène, bas-relief de P. Puget. Musée du Louvre. Ce fut le dernier ouvrage de Puget, qui l’acheva peu de temps avant sa mort. C’est peut-être à tort que l’on a donné le nom de bas-relief à ce morceau ; car, à vrai dire, il contient tous les genres de sculpture, depuis le bas-relief proprement dit jusqu’à la ronde bosse. Alexandre, monté sur le fameux Bucéphale, s’arrête auprès de Diogène, couché devant son tonneau. L’artiste a choisi le moment où le cynique fait au vainqueur de l’Asie cette réponse si connue : « Ôte-toi seulement de mon soleil. » Cette composition, à laquelle Gustave Planche reproche d’être distribuée comme un tableau, et où l’on signale quelques incorrections de détails, n’en est pas moins une des œuvres les plus mouvementées, les plus poétiques, les plus saisissantes de la sculpture française. « La tête, les épaules, les bras, les mains de Diogène, dit Émeric David, les draperies et les parties nues de plusieurs autres figures, font admirer autant de vigueur que de vérité. Les chevaux, les armes, le monument d’architecture qui décore un des plans éloignés, brillants accessoires, enrichissent le théâtre sans l’embarrasser. Partout de l’action, et cependant celle du philosophe domine.


Alexandre aux Indes, tragédie-opéra en trois actes, musique de Méreaux, paroles de Morel, représentée à l’opéra en 1785. Le sujet de cet ouvrage est le même que celui de l’Alexandre de Racine. La musique a obtenu un certain succès, et les airs de ballet ont été populaires.


ALEXANDRE IV, surnommé Aegus, fils posthume d’Alexandre le Grand et de Roxane, proclamé à sa naissance (323 av. J.-C.), et empoisonné par Cassandre, en 311.


ALEXANDRE V, troisième fils de Cassandre, né l’an 323 av. J.-C, proclamé roi à Babylone par l’armée macédonienne. Il occupa le trône de Macédoine avec son frère Antipater de 297 à 294, après la mort de leur frère ainé Philippe IV.


ALEXANDRE, prétendant au trône de Macédoine, en 278 av. J.-C, était fils d’Amestris, reine d’Héraclée, et de Lysimaque, ancien général d’Alexandre, à qui la Thrace était échue en partage. Son père ayant mis à mort Agathocle, un autre de ses fils, Alexandre s’enfuit et lui fit la guerre de concert avec Séleucus, roi de Babylonie. Lysimaque fut tué dans une bataille. Mais Alexandre ne put hériter de la Thrace, et ne fut pas plus heureux dans ses tentatives pour s’emparer du trône de Macédoine.


ALEXANDRE, fils du dernier roi de Macédoine Persée, fut fait prisonnier avec son père, parut au triomphe de Paul-Émile (168 av. J.-C), et dans la suite fut réduit à se faire greffier.


ALEXANDRE Ier, Molosse, roi d’Épire, mort vers 328 av. J.-C. Un oracle ayant prédit qu’il finirait ses jours près du fleuve Achéron, il passa en Italie, appelé par les Tarentins, fit quelques conquêtes dans l’Italie méridionale (Grande Grèce), mais fut vaincu et tué sur les bords d’un autre fleuve Achéron.


ALEXANDRE II, roi d’Épire de 272 à 242 av. J.-C. Il était fils de Pyrrhus, conquit la Macédoine, d’où il fut chassé par Démétrius, fils d’Antigone. Il avait écrit un traité de tactique militaire estimé des anciens, mais qui est perdu.


ALEXANDRE, tyran de Phères.en Thessalie (370 av. J.-C). Il livrait ses ennemis aux bêtes ou les faisait enterrer vivants. Vaincu par Epaminondas et les Thébains, à Cynocéphale, il fut assassiné par sa femme Thébé (357).


ALEXANDRE BALA, imposteur qui se fît passer pour le fils d’Antiochus Épiphane, et usurpa le trône de Syrie sur Démétrius Soter, l’an 149 av. J.-C. Trois ans plus tard, il fut vaincu par le fils de celui qu’il avait dépouillé, et tué dans sa fuite par un chef arabe chez lequel il s’était réfugié.


ALEXANDRE II, se fit passer pour le fils d’Alex. Bala, et usurpa le trône de Syrie sur Démétrius Nicator (125 av. J.-C.) Il fut renversé et mis à mort en 122.


ALEXANDRE JANNÉE, roi et grand prêtre des Juifs (106-78 av. J.-C). Chassé de Jérusalem, il dompta la révolte de ses sujets après une guerre civile de six années, et se vengea par d’horribles cruautés. Il conquit beaucoup de villes en Syrie, en Phénicie et en Arabie.


ALEXANDRE, prince juif, petit-fils d’Alexandre Jannée, suscita plusieurs révoltes contre la domination romaine, et fut tué l’an 53 av. J.-C par Métellus Scipion, gendre de Pompée.


ALEXANDRE Ier et II, roi d’Égypte. V. Ptolémée IX et X.


ALEXANDRE-SÉVÈRE (Marcus Aurelius Alexander Severus), empereur romain, né vers l’an 209, en Phénicie, fut adopté par Héliogabale, son cousin, et proclamé empereur en 222, ayant à peine quatorze ans. Par lui, succéda à un règne infâme celui de la justice et de l’humanité ; il fit bénir son gouvernement par les peuples, fatigués des extravagantes atrocités de son prédécesseur. Avec lui disparurent une foule d’abus ; il créa des institutions civiles, diminua les impôts, améliora la position du soldat, fonda des banques de prêts à un intérêt très-modique, et prodigua les encouragements aux lettres, aux sciences et aux arts. À son avènement, le palais impérial était un gouffre où s’engloutissaient tous les revenus de l’empire ; Alexandre réforma le luxe de la cour, et montra constamment la plus grande simplicité. Aucun mets recherché ne paraissait sur sa table, même les jours de cérémonie. « La majesté de l’empire se soutient, disait-il, par la vertu, et non par une vaine ostentation. » Il voulut que les charges qui donnaient un certain pouvoir de faire le bien ou le mal fussent accordées au mérite et non acquises à prix d’argent, car, suivant lui, c’est une nécessité que celui qui achète en gros vende en détail. Il montra toujours la plus grande tolérance envers les chrétiens, et rendit même un édit en leur faveur. On a prétendu qu’il professait en secret la religion chrétienne, mais ce n’est qu’une supposition. Obligé de faire la guerre à Artaxerce, prince perse, qui luttait contre les Parthes, et qui voulait revendiquer également les possessions romaines en Asie, il remporta sur lui de grands avantages, et il allait soumettre les Germains, lorsqu’il fut assassiné en 235 par Maximin, soldat thrace, chef d’un corps d’auxiliaires, et qui prit un moment la pourpre. Sa mort causa une douleur universelle dans l’empire.

Son surnom lui vint de la sévérité qu’il déploya contre l’indiscipline des troupes et contre les concussionnaires, quoiqu’il fût d’un caractère doux et humain. C est ainsi qu’il fit étouffer par la fumée d’un feu de bois vert un certain Turinus, qui avait trafiqué de son crédit auprès de lui. Pendant le supplice, un crieur répétait au peuple:« Puni par la fumée pour avoir vendu de la fumée. »


ALEXANDRE, empereur de Constantinople, né vers 870, m. en 912. Troisième fils de Basile le Macédonien, il régna d’abord conjointement avec son frère Léon le Philosophe, puis seul après la mort de celui-ci (911). Il se livra dès lors à tous les excès, déposa Euthymius, patriarche de Constantinople, exila l’impératrice Zoé et son fils Constantin Porphyrogénète, et mourut au moment où les Bulgares se préparaient à ravager l’empire.


ALEXANDRE Ier, roi d’Écosse de 1107 à 1124, dompta ses sujets révoltés.


ALEXANDRE II, roi d’Écosse de 1214 à 1249. Il fit une irruption en Angleterre pour soutenir les barons contre le roi Jean, obtint d’abord quelques succès, mais fut ensuite contraint de subir une paix humiliante. Une grande partie de son règne fut employée à réprimer les révoltes des clans celtiques.


ALEXANDRE III, roi d’Écosse, fils du précédent, monta sur le trône à l’âge de neuf ans (1249), combattit avec succès les Norvégiens, et les contraignit à renoncer à leurs prétentions sur les îles Hébrides. Il mourut d’une chute de cheval, en 1285.


ALEXANDRE JAGELLON, grand-duc de Lithuanie, élu roi de Pologne en 1501, mort en 1506. Il eut à lutter, pendant son règne, contre les Moscovites et les Tatars. Ce fut lui qui réunit en un code les lois de la Pologne.


ALEXANDRE FARNÈSE. V. Farnèse.


ALEXANDRE DE MÉDICIS. V. Médicis.


ALEXANDRE Ier, Paulowitch, empereur de Russie, fils de Paul Ier, né à Saint-Pétersbourg, en 1777, mort en 1825, à Taganrok. Il monta sur le trône en 1801, après le meurtre de son père, auquel on le soupçonna, sans preuves, de n’être pas resté étranger. Phénomène remarquable, et qui montre bien la puissance d’expansion des principes émis par la révolution française, il fut, dans l’empire le plus absolu de la terre, le représentant des idées libérales, et entraîna son pays dans la voie des réformes et du progrès. Ses premiers actes furent une réparation des cruautés du règne précédent. Il ouvrit les cachots, rappela les bannis, abolit la censure, les tribunaux secrets, la confiscation, la torture, les ventes publiques de serfs ; diminua les impôts, adoucit la législation criminelle, fonda des universités, des écoles et des hospices ; réforma le code criminel, protégea la liberté commerciale et industrielle, et s’appliqua à faire fleurir dans ses vastes États les lettres, les sciences et les arts, dont les bienfaits étaient jusqu’alors restés presque inconnus à la Russie. À son avènement au trône, il maintint d’abord la paix qu’il trouva établie avec la France ; mais en 1805, inquiet des envahissements de Napoléon en Allemagne, il entra dans la troisième coalition, formée par l’Angleterre, l’Autriche et la Suède. La bataille d’Austerlitz força l’Autriche à signer la paix de Presbourg ; la journée d’Iéna renversa l’édifice que le grand Frédéric avait mis toute sa vie à élever, et les défaites successives qu’Alexandre essuya en 1807, à Eylau et à Friedland, amenèrent la fameuse entrevue qui eut lieu sur le Niémen entre lui et Napoléon, et où les deux souverains se jurèrent une éternelle amitié. Quelques jours après fut signé le traité de Tilsitt, par lequel l’empereur de Russie reconnut toutes les conquêtes de son ennemi, et adhéra au système du blocus continental (8 et 9 juillet 1807). Le roi de Suède, son ancien allié, ayant refusé de fermer ses. ports aux vaisseaux anglais, il lui fit la guerre, et lui enleva la Finlande en même temps qu’il se rendait maître de plusieurs provinces de la Perse et de la Turquie. L’entrevue d’Erfurt vint encore resserrer son alliance avec Napoléon, pour lequel il ressentait d’ailleurs la plus vive admiration. Cependant quelques modifications au système continental, qui lui étaient imposées par les besoins de ses peuples, et l’occupation du duché d’Oldenbourg par les troupes françaises, amenèrent une rupture