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qu’a Londres, les quatre principaux débitante d’eau-de-vie de grain recevaient tous les ans, on moyenne, 145,000 hommes, 110,000 femmes et 20,000 enfants ou adolescents, et que l’abus des liqueurs fortes faisait chaque année 50,000 victimes en Angleterre. En Allemagne, plus de 45,000 individus meurent chaque année do l’affreuse maladie de l’alcoolisme (V. ce mot), et dans le zollverein allemand, on consomme annuellement 360 millions de quarts d’eau-de-vie, c’est-a-dire 10 litres par individu, en moyenne. M. de Tourguénef porte h plus de 100.000 par an le nombre des victimes 3e l’alcool en Russie, et l’abus qu’on en fait en Suède a pris une extension telle depuis cinquante ans, que les hommes dévoués à la cause de la civilisation ont jeté le cri d’alarme et fait un énergique et suprême appel a toutes les forces du pays. »

Ce qu’il y a de triste et de douloureux dans les effets de l’intoxication alcoolique, c’est qu’elle ne se borne pas à frapper les individus, mais atteint la race. À la première génération apparaissent, ainsi que l’a constaté M. le docteur Morel, l’immoralité, la dépravation, les excès alcooliques et l’abrutissement moral ; à la deuxième génération, l’ivrognerie héréditaire, les accès maniaques et la paralysie générale ; a la troisième, les tendances hypocondriaques, la lypémanie et les tendances homicides ; à la quatrième enfin, la dégénérescence est complète ; l’enfant nait imbécile ou idiot, ou le devient a l’adolescence :

C’est en vue d’opposer une barrière au danger que l’alcool fait courir à la population que furent créées en divers pays, notamment en Amérique, les sociétés dites de tempérance.

IV. — Emploi thérapeutique de l’alcool. Les alcooliques viennent en première ligne parmi les médicaments stimulants ; ils se rapprochent du groupe des éthers. On les emploie a l’intérieur quand on veut exciter une réaction générale dans le but d’entraver l’absorption de miasmes délétères, de favoriser une éruption languissante, etc. À l’extérieur, on se sert de l’alcool comme d’un excitant très-actif, lorsqu’on veut augmenter l’action de la peau ou celle des parties sous-jacentes ; c’est ainsi que, dans l’accouchement, des frictions alcooliques sur l’abdomen provoquent les contractions ralenties de l’utérus. On le prescrit en lotion, Comme réfrigérant, pour prévenir le développement de l’inflammation au début des brûlures et des entorses. La pharmacie tire de l’alcool des ressources multiples. Aucun véhicule n’est plus favorable pour saisir la partie active des médicaments. V. Alcoolat, Alcoo-

LATURE, ALCOOLÉ.

i compare à celle qu’on lui accordait au xv" et au xvie siècle. Il n’est pas sans intérêt de rappeler l’accueil enthousiaste qu’il reçut, à cette époque, de la médecine et de l’hygiène, et qui contraste singulièrement avec la mauvaise réputation qu’elles ont dû lui faire, lorsqu’elles ont pu le mieux connaître. Pour les médecins d’alors, c’était non-seulement une panacée universelle, mais un préservatif contre toutes les maladies. « L’alcool, s’écrie l’un d’eux, dissipe la mélancolie, réjouit le cœur, purifie l’entendement et illumine l’esprit. Il fortifie la jeunesse et ressuscite les vieillards. U aide à la digestion, prévient la cécité, dissipe les défaillances du cœur, empêche le tremblement des mains, la rupture des gros vaisseaux et le ramollissement de la moelle. > Le nom d’eau-de-vie (aqua vitœ) qui semble aujourd’hui une antiphrase, comme celui d’Euménides donné aux Furies, était alors l’expression de la confiance universelle.

ALCOOLAT s. m. (al-ko-o-la — ra.d. alcool). Pharm. Tout médicament liquide résultant de la distillation de l’alcool sur une ou plusieurs substances aromatiques, végétales ou animales : L’eau de Cologne, la liqueur nommée absinthe, sont des alcoolats.

— Encycl. On prépare les alcoolats avec des plantes fraîches ou desséchées, que l’on divise ■ d’abord et que l’on fait ensuite macérer quelque temps dans l’alcool ; après cela, on distille a la chaleur du bain-marié. Les degrés de concentration de l’alcool à employer varient de 50 à 86 degrés de l’alcoomètre centésimal. Autrefois les noms d’esprits, de baumes, de liqueurs, d’eaux, etc., étaient donnés aux alcoolats. On les distingue aujourd’hui en simples et en composés, selon qu’ils résultent de l’action de l’alcool sur une seule substance ou sur plusieurs. Les eaux de mélisse des carmes, de Cologne, des jacobins de Rouen, le baume de Pioraventi, etc., sont des alcoolats composés. La préparation des alcoolats est fort a l’intérieur, on les prend par gouttes se sucre ; à l’extérieur, on s’en sert pour liniments, gargarismes, collyres, etc.

alcoolate s. m. (al-ko-o-la-te — rad. alcool). Chim. Combinaison en proportions définies d’alcool et d’un sel anhydre.

ALCOOLATURE s. f. {al-ko-o-la-ture — rad. alcool). Pharm. Médicament liquide préparé avec de l’alcool dans lequel on a fait dissoudre des matières d’origino végétale ou animale, sans recourir au procédé de fa distillation. Les alcoolatures, de même que les alcoolats, se distinguent en siynples et en composées. Par

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l’évaporation, les alcoolatures donnent les extraits alcooliques.

ALCOOLÉ s. m. (al-ko-o-lé — rad. alcool). Pharm. Composé liquide contenant, comme l’alcoolature, des matières médicamenteuses dissoutes dans l’alcool. Les alcoolés se distinguent généralement des alcoolatures en co que celles-ci se préparent avec des plantes fraîches, tandis que les alcoolés se préparent avec des plantes sèches. On désigne souvent les uns et les autres sous la dénomination générale de teintures alcooliques. Les alcoolatures et les alcoolés s’emploient à l’extérieur comme les alcoolats ; à l’intérieur, on les administre dans des potions, des tisanes, etc.

ALCOOLIDE s. m. (al-ko-o-li-de — rad. alcool). Chim. Composé renfermant de l’alcool.

ALCOOLIFIÇATION s. f. (al-kc-o-li-fi-kasi-on — de alcool} et du lat. fieri, devenir). Chim. Fermentation alcoolique.

ALCOOLINE s. f. (al-ko-o-li-ne — rad. alcool). Composition balsamique et vulnéraire pour l’entretien de la bouche.

ALCOOLIQUE adj. (al-ko-o-li-ke — rad. alcool). Qui a rapport à l’alcool, qui contient de l’alcool : Le vin, l’eau-d&vie et toutes les liqueurs de table sont des liqueurs ALCOOLI-QUES. Une odeur massive, étouffante, vineuse, alcoolique., le frappa en plein visage et l’asphyxia. (L. Gozlan.)

— Fermentation alcoolique, Fermentation par laquelle le glycose se dédouble en acide carbonique et en alcool, n Teintures alcooliques, Dissolutions alcooliques de certaines substances médicamenteuses.

— S’empl. subst. pour désigner les liqueurs, les boissons alcooliques : Il ne faut pas abuser

des ALCOOLIQUES.

ALCOOLISABLE adj. (al-ko-o-li-za-blerad, alcool). Qui est susceptible d’être converti en alcool ; Le sucre est alcoolisable.

ALCOOLISATION s. f. (al-ko-o-li-za-si-onrad. alcool). Chim. Développement dans les liquides des propriétés qui caractérisent l’alcool ; action de mêler de l’alcool à un autre liquide ; résultat de cette action : La Chambre des députés a prohibé le mouillage et /’alcoolisation. (Proudh.) Les alcools employés à V alcoolisation des vins dans huit déparlements duMidiont étédégrevésde l’impôt.(T.Dolord.)

— Ane. chim. Action de réduire une substance en poudre fine.

ALCOOLISÉ, ÉE (al-ko-o-li-zé) part. pass. du v. Alcooliser. Se dit d’un liquide qui contient de l’alcool, ou dans lequel l’alcool s’est développé : Les vins les plus fortement alcoolises sont ceux.qui plaisent le plus aux Anglais. (L.-J. Larcher.)

ALCOOLISER v. a. ou tr. (al-ko-o-li-zérad. alcool). Mêler de l’alcool à un autre liquide ; faire, par la fermentation, un alcool d’une liqueur sucrée, ou dégager une liqueur alcoolique de, sa partie aqueuse : Est-ce frauder que ^’alcooliser les vins ? (Proudh.)

S’alcooliser, v. pr. Devenir alcoolisé.

— Fam. et par ext.. S’enivrer avec des liqueurs spiritueuses : S’ils se trouvent ce soir ense ?nble, ils ne manqueront pas de s’alcoo-

ALCOOLISME s. m. (al-ko-o-Ii-smc — rad. alcool). Pathol. Maladie produite par l’abus des boissons alcooliques : En Allemagne, plus de quarante-cinq mille individus meurent chaque année de l’affreuse maladie de ^alcoolisme, (L. Cruveilhier.) il On dit ordinairement alcoolisme chronique.

— Encycl. L’alcoolisme chronique, que Mag^ius Huss a signalé et décrit pour la première fois, est parfaitement distinct du delirium tremens. Il s’observe surtout dans les pays froids, où les ouvriers sont tout naturellement conduits par le travail pénible et par le climat à demander chaque jour aux boissons alcooliques un funeste supplément de force. Diminution de l’appétit, puis tremblementde mains, hésitation de la langue le matin et bientôt bégaiement, tels sont les premiers symptômes de l’alcoolisme chronique. Plus tard, les phénomènes nerveux s’aggravent : ce sont des fourmillements, de la titubation, des vertiges, de l’hébétement, quelquefois des hallucinations. En même temps le dégoût pour les aliments augmente, et "ne tarde pas à voir survenir l’a l’état terreux de la peau, des vulsives des membres, même des attaques d’épilepsie. Enfin, la mort arrive, précédée de l’anasarque et du délire. Le foie gras paraît être une lésion caractéristique de l’alcoolisme chronique. Le traitement nu’qn oppose à cette maladie consiste d’abord dans la cessation de la cause qui l’a produite, puis dans l’emploi des antispasmodiques, do la noix vomique et do l’huile empyreumatique de pomme de terre.

ALCOOLOMÈTRE s. m. (al-ko-o-lo-mô-iro).

emnloie

alcoomel s. m. (al-ko-o-mèll — de alcool, et du lat. mel, miel). Pharm. Excipient pharmaceutique, formé d’une partie d’alcool et de trois parties de miel.

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ALCOOMELLÉ s. m. {al-ko-o-môll-lérad. alcoomel). Pharm. Liquide sirupeux produit par le mélange de trois parties de miel avec une partie d’une alcoolature hydrolique.

ALCOOMÈTRE OU ALCOOLOMÈTRE S. m.

(al-ko-o-mè-tre — de alcool, et du gr. metron, mesure). Physiq. Instrument destiné à mesurer la richesse en alcool des esprits ou

— Encycl. La pesanteur spécifique de l’eau étant supérieure a celle de l’alcool, celui-ci est nécessairement d’autant plus dense qu’il est plus hydraté, en sorte que la densité d’un mélange d’alcool et d’eau nous indique la proportion d’alcool qu’il contient. Pour déterminer cette proportion, il suffit de prendre comme points extrêmes la densité de l’eau distillée et celle de l’alcool anhydre, et de noter les points intermédiaires entre ces deux densités. Les instruments employés pour mesurer la densité des liquidés spiritueux et, par suite, leur richesse en alcool, portent le nom d’alcoomètres.

L’alcoomètre anciennement employé dans le commerce français était l’aréomètre de Cartier, dont la tige est divisée en 44 degrés égaux. Le 0 est marqué au point d’affleurement dans une solution préparée avec 90 parties d’eau distillée et 10 parties de sel marin ; le 10<= degré correspond à la densité de l’eau pure, et le 44^ à celje de l’alcool absolu. Cet instrument ne peut fournir, comme alcoomètre, que des indications approximatives, parce que ses divisions sont égales. Chaque degré ne saurait correspondre d’une manière rigoureuse à une quantité constante d’alcool, en raison de la contraction qu’éprouvent dans leur volume les mélanges d’alcool et d’eau.

Aujourd’hui, Yalcoomètre légal est, en France, celui de Gay-Lussac. qui porte 100 degrés de longueur inégale, et mesurés de manière à représenter exactement en centièmes le volume d’alcool contenu dans le liquide soumis à l’essai. On l’appelle alcoomètre centésimal : 0 correspond a 1 eau pure, et 100° à l’alcool absolu. Pour la graduation de l’échelle, onachoisi la température de 15 degrés centigrades. On a d’abord plongé l’appareil dans de l’alcool absolu, et on a réglé le lest de façon qu’il s’enfonçât jusqu’au sommet de la tige : en ce point, on a marqué 100. Puis, on a fait une solution alcoolique contenant en volume 95 d’alcool pour 100 ; l’appareil s’enfonce moins dans cette solution, dont la densité est plus grande que celle de l’alcool pur ; au point d’affleurement, on a marqué 95, et ainsi de suite, en opérant successivement avec des liqueurs contenant en volume 90, 85, 80, etc., d’alcool pour 100, Tous ces points déterminés par expérience étant très-rapprochés, on a pu, sans erreur sensible, partager en 5 parties égales l’intervalle compris entre deux points consécutifs. Si l’instrument s’enfonce jusqu’à la division 50 dans un mélange d’alcool et d’eau, ce mélange contiendra 50 d’alcool pour 100. On peut remarquer que les divisions déterminées ainsi par expérience diffèrent entre elles de grandeur aux extrémités de l’échelle ; les degrés voisins du zéro sont beaucoup plus petits que les degrés voisins du 100« degré. La graduation de l’alcoomètre ayant été faite à la température de 15 degrés centigrades, on comprend que. les indications de 1 instrument cessent d’être exactes et doivent subir des corrections lorsqu’on en fait usage à des températures plus hautes ou plus basses que 15 degrés. Gay-Lussac a construit empiriquement des tables de corrections pour toutes les températures auxquelles on peut avoir besoin d’employer l’alcoomètre. Voici une table de ces corrections pour les degrés que présentent te plus souvent les divers alcools du commerce :

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Comme l’aréomètre de Cartier, malgré son imperfection et malgré la loi, se maintient encore, par la force de l’habitude, dans les transactions relatives aux spiritueux, il importe de savoir la valeur dos degrés Cartier en degrés de l’alcoomètre centésimal. Voici une table qui donne cette valeur :

L’alcoomètre ne peut être employé pour obtenir la richesse alcoolique des vins, parce que ces liquides contiennent, outre l’eau et l’alcool, plusieurs autres substances en quantités variables qui influent sur la densité. On doit encore à. Gay-Lussac un procédé qui consiste a transformer un vin déterminé en un inèlango d’alcool et d’eau, contenant sous le même volume la même proportion d’alcool. Ce procédé est fondé sur le principe suivant, qui a été vérifié par l’expérience : quand on distille un vin ou un esprit dont la richesse ne dépasse pas 15, l’alcool passe tout entier, avec un peu d’eau, dans le premier tiers du liquidé condensé ; en ajoutant à ce tiers les deux tiers d’eau, on a un liquide contenant sous un même volume la même quantité d’alcool que le vin à essayer, et par suite le représentant exactement au point de vue de la richesse alcoolique ; ce liquide, ne contenant plus de substances étrangères, peut être dosé avec Yalcoomètre.

On a proposé d’autres appareils dont les indications sont à peu près indépendantes de la plus ou moins grande pureté du liquide. Nous citerons particulièrement le dilatomètre de Silbermann, fondé, comme son nom l’indique, sur l’inégalité do dilatation do l’eau et de 1alcool, et Vébulliomètre de M. Conaty, fondç sur la différence de 22 degrés centigrades entre le point d’ébullition de 1 eau et celui de l’alcool.

alcoométries, f. (al-ko-o-mé-tri-rail.. alcoomètre). Méthode, procédé qu’on omploio pour connaître ou déterminer la quantité d’alcool absolu que contiennent les liquours spiritueuses.

ALCOOMÉTRIQUE adj. (aî-ko-o-mô-tri-kc — rad. alcoomètre). Qui appartient, qui a rapport à l’alcoomètre, aux qualités déterminées par cet instrument.

ALCORAN s. m. (al-ko-ran — do l’arab. al, le ; koran, livre, lecture). Le livre qui contient la loi de Mahomet, et qui est le code religieux, moral et politique des musulmans. Il On dit aussi le Koran, et mieux le Coran., Pour moi, je lis la Bible autant que VAlcoran.

Le glaive et VAlcoran, dans m

allante !

te des hun

Voltaire. ail qui croule : tu rien là-bas ?

BOUCHARD.

0 chose à

3e ne m’y a


Aicornu. Le mot Alcoran signifie lecture, et, par extension, lecture par excellence, ainsi que, dans le même sens, nous appelons Bible (livre) l’Ancien Testament. C’est le livre que les musulmans révèrent comme le recueil des lois divines promulguées par Mahomet. Le prophète prétendait l’avoir reçu de l’ange Gabriel feuille par feuille, verset par verset, qu’il dictait ensuite à ses compagnons. Ceux-ci écrivaient alors sous sa dictée sur des brandies de palmier, des morceaux do soie ou de peau, où sur des omoplates do brebis. Ce ne fut que la seconde année après la mort du législateur que le calife Abou-Bekr, son beau-frère et son successeur, recueillit les fragments èpars de Y Alcoran, et en forma un livre qu’il fit solennellement déposer chez Hafza, veuve du prophète. Mais bientôt il en circula des copies altérées ou falsifiées qui occasionnèrent des doutes, des contro 24