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à bâtier, Aiguille qui sert à passer de la ficelle à travers les rembourrures de bâts. || Aiguille à crochet, Aiguille pourvue d’une sorte d’hameçon pour accrocher le fil dans la broderie dite au crochet. || Aiguilles à filet et à réseau, Aiguilles ayant à leurs extrémités des fourchettes se recourbant en arrière. || Aiguille à réseau, Petit morceau d’acier fendu des deux bouts, à l’aide duquel les coiffeurs font les réseaux à perruque. || Aiguilles à linures, Aiguille dont se servent les chandeliers pour enfiler ensemble les chandelles. Ils appellent aiguille à mèche, celle avec laquelle on place la mèche dans le moule. || Aiguille de tête, ou simplem. aiguille, Longue aiguille dont se servent les femmes pour retenir ou orner leurs cheveux : Le soir du bal, Teresa mit sa plus belle toilette, ses plus riches aiguilles, ses plus brillantes verroteries. (Alex. Dum.) || Aiguille cémentée, Aiguille faite avec du fer transformé en acier par la cémentation.

— Techn. Outil à l’usage des graveurs à l’eau-forte et des peintres en émail. || Outil de maçon, acéré par un bout, pour percer la pierre. || Navette propre à faire des filets de pêche. || Longue broche de fer, dont on se sert pour soutenir un métier de drap. || Outil d’acier, pointu par un bout, à l’usage des gaîniers, pour faire des trous dans les ouvrages où l’on met de petits clous d’ornement. || Morceau de fer assez long, dont les ciriers se servent pour déboucher le trou du grêloir, quand la cire s’y arrête. || Chez les tabletiers, Outil destiné à forer les tabatières ou d’autres pièces qu’on veut piquer. || Accessoire des ciseaux de cartier, servant à guider la lame mobile de cet instrument. || Sorte d’alène à pointe recourbée, dont se servent les couseuses pour la reliure des livres. || Long fil de fer, percé d’un trou rond par un de ses bouts, et qui sert à introduire le fil de fer d’une sonnette dans le trou percé dans un mur. || Instrument à l’aide duquel le mineur loge de la poudre pour faire sauter les rochers.

— Balanc. Aiguille de balance, Aiguille placée au milieu du fléau d’une balance, afin que, par son inclinaison, elle fasse apprécier la pesanteur des objets placés dans les plateaux.

— Géogr. Sommet d’une montagne qui s’élève en pointe aiguë et élancée : Dites-moi pourquoi il y a dans la jeunesse des moments de puissance physique et morale, d’exaltation et de force, où les détroits de la mer et les aiguilles des Alpes ne seraient pas comptés pour un obstacle. (Ch. Nod.) J’arrivais à cette petite esplanade, de jour en jour envahie par les glaciers, que dominent, d’une manière si majestueuse, les plus belles aiguilles des Alpes. (Ch. Nod.)

— Chirurg. Instrument d’acier, plus ou moins long, droit ou courbé, dont on se sert dans plusieurs opérations. V. l’art. encyclop.

— Physiq. Aiguille électrique, Lame de métal en forme de S, qui, placée sur un pivot fixé au conducteur électrique, tourne avec rapidité. || Aiguille aimantée, Lame d’acier de forme variable, aimantée et soutenue par un de ses points, autour duquel elle peut tourner librement. || Aiguille de déclinaison, Aiguille aimantée, mobile dans un plan horizontal autour d’un axe vertical. || Aiguille d’inclinaison, Aiguille aimantée, mobile dans le plan vertical du méridien magnétique autour d’un axe horizontal. || Aiguille astatique, Aiguille aimantée soustraite à l’action directrice de la terre.

— Chim. Aiguilles d’essai, Alliage d’or et d’argent dans des proportions différentes. On les appelle aussi touchaux.

— Art milit. Aiguille de montre, Nom donné à certaines conversions des bataillons d’infanterie. || Espèce de broche de fer qui sert à la confection des artifices de guerre.

— Mar. Aiguille de fanal, Barre de fer coudée, sur le coude de laquelle on établit le fanal de poupe. || Aiguille de carène, Longue pièce de bois qui soutient la mâture d’un vaisseau lorsqu’on le met en carène. || Aiguille de ponton, Pièce de bois qui soutient le mât de ponton contre l’effort des palans de redresse. || Aiguille, Massif de charpente en pointe placé à l’avant d’un bâtiment, en saillie sur l’étrave, et servant à tendre les flots. On le nomme aussi flèche. || Outil avec lequel les voiliers font les coutures.

— Archit. Clocher en pyramide très-pointue, flèche : Laiguille d’Anvers. Laiguille de Strasbourg. On apercevait au midi Saint-Benoît avec son aiguille gothique et son clocher de pierre grise à arêtes dentelées. (E. Sue.) Il me faut les palais dont les murs resplendissent, et dont les aiguilles chatoient dans l’air libre et l’éclat du jour. (G. Sand.) || Obélisque : Laiguille de Cléopâtre. Laiguille de Saint-Pierre de Rome. || Se dit également des ornements de pierre en forme de petits obélisques, qui surmontent diverses parties des édifices gothiques.

— Constr. Pièce de bois debout pour porter les dosses d’un pont. || Poutres formant des barrages mobiles dans les petites rivières.

— Mécan. Sur les chemins de fer, Portions de rails, taillées en biseau, mobiles sur le sol, autour d’un point fixe, servant à faire passer les voitures d’un chemin de fer d’une voie sur une autre. L’aiguille sert aussi à ouvrir ou fermer l’accès des locomotives à l’entrée des croisements que forment les rails. || Pièce de fer placée sur un cadran, pour indiquer avec précision le degré de force de la vapeur de la locomotive.

— Pêch. Petit bateau léger et effilé des deux bouts, dont on se sert sur plusieurs grandes rivières.

— Chass. Nom donné aux fils ou cordons que les valets de chiens pour sanglier doivent porter avec eux, pour panser et recoudre les chiens que les défenses du sanglier auraient blessés.

— Fauconn. Maladie causée aux faucons par des poux et de petits vers, plus petits que les filandres, s’engendrant dans leur chair.

— Bot. Nom que les jardiniers donnent aux pistils, parce que le style, qui surmonte l’ovaire, a quelque ressemblance avec une aiguille à coudre. || Aiguille de berger, Nom vulgaire d’une ombellifère du genre scandie, qu’on appelle aussi peigne de Vénus. V. Peigne. || Aiguille rouge, Nom vulgaire d’un petit champignon, d’un jaune d’or, dont la saveur est fade et rebutante, quoiqu’il n’incommode pas ceux qui en mangent. || Aiguille ou pyramide, Autre espèce de champignon. || Aiguille tachetée, Espèce d’agaric, dont le chapeau, rose ou blanc, noircit avec l’âge, ce qui l’a fait aussi désigner sous les noms d’éteignoir, œuf à l’encre, ou encrier.

— Ornith. Nom donné, dans le département des Deux-Sèvres, à une espèce de grive dont le bec est très-aigu.

— Ichthyol. Nom vulgaire de l’orphie et de quelques autres poissons de nos mers, à cause de leur forme allongée et pointue.

— Conchyl. Nom vulgaire ou marchand de plusieurs coquilles. || Aiguille d’acier, Coquille du genre vis. || Aiguille blanche à queue, Le cérite buire. || Aiguille de tambour, Coquille du genre turritelle. || Aiguille tressée ou à révolution, Coquille du genre vis. || Aiguille dentée, Autre coquille du genre vis. Aiguille à coudre, Tarière subulée. || Aiguille à fond blanc, La turritelle repliée. || Aiguille grenue, Coquille du genre pourpre. || Aiguille grenue à queue, Le cérite granuleux.

— Minér. Aiguilles cristallines, Cristaux aciculaires, de forme allongée et déliée, appartenant à certaines substances, telles que le sulfate simple d’alumine, qu’on ne peut jamais obtenir autrement. Quelquefois cette cristallisation en aiguilles est due au degré de température de la solution ; d’autres fois, elle dépend de solutions trop concentrées.

— Gnomon. Verge de fer marquant l’heure sur les horloges et les cadrans. On l’appelle plus souvent style.

— Horlog. Aiguille d’horloge, de pendule, de montre, Petite verge d’acier indiquant les heures ou les minutes : Elle regarda brûler les tisons du foyer, et cheminer lentement laiguille de la pendule. (G. Sand.) Petite aiguille, Aiguille des heures. || Grande aiguille, Aiguille des minutes. || Aiguille de rosette, Nom donné à celle qui, placée sur un petit cadran, dans l’intérieur de la montre, auprès du balancier, sert à faire avancer ou retarder.

— S’empl. souvent dans les comparaisons : Comme une aiguille d’horloge mue par ses rouages, Paul arriva fidèlement au but. (Balz.) La solution de cette question fatale viendra retentir à nos oreilles, avant que laiguille des heures ait achevé de parcourir ce cadran où elle marche si vite. (Ch. Nod.) || Fig. : La perte de la vie est imperceptible, c’est laiguille du cadran que nous ne voyons pas aller. (Mme de Sév.) Oui, tu as raison, cadran mélancolique, toutes les heures nous blessent avec la pointe acérée de tes aiguilles, et chaque tour de roue nous emporte vers l’inconnu. (Th. Gaut.) C’est qu’en France, on l’oublie trop, sur le cadran des émeutes et des révolutions, laiguille des heures court encore plus vite qu’une aiguille à secondes. (Constitutionnel.) || En poésie, L’aiguille mobile, l’airain mobile, Périphrases par lesquelles on désigne l’aiguille d’un cadran :

Sur l’aiguille mobile, interprète du temps,
Les hôtes des cités mesurent leurs instants.
Michaud.
          L’airain mobile, qui s’avance,
Marque l’instant fatal qui va nous séparer.
Demoustier.

— Antiq. Aiguille de Cybèle, Aiguille qui faisait partie de la coiffure de Cybèle.

— Argot. Barbe. Comme le fait observer M. Francisque Michel, on n’a qu’à embrasser un homme qui n’a pas fait sa barbe pour vérifier l’analogie qu’il y a entre ces deux mots.

Épithètes. Aiguë, pointue, frêle, légère, industrieuse, savante, adroite, délicate, hardie, subtile, agile, ménagère, ouvrière. — Mobile, fidèle, infidèle, prompte, lente, tardive.

Encycl. Techn. Plusieurs objets portent le nom d’aiguille, mais celui à qui il appartient essentiellement, et dont les autres ne sont que des imitations, est l’aiguille à coudre. On distingue trois parties dans une aiguille : la pointe, le corps et la tête. C’est dans la tête qu’est percé le trou par lequel doit passer le fil, et qu’on nomme l’œil ou le chas. Une bonne aiguille doit être complètement cylindrique, abstraction faite de l’appointissement ; avoir la tête allongée, plus forte en haut que vers le bas, et profondément cannelée, l’œil ou chas vif, bien débouché et bien au centre de la cannelure, enfin le sommet de la pointe situé rigoureusement dans l’axe de celui de la tête. C’est à ce dernier caractère que l’on reconnaît les aiguilles dites anglaises.

Tout le monde sait le bas prix des aiguilles, mais tout le monde ne sait pas qu’une aiguille bien faite doit passer successivement par les mains de cent à cent vingt ouvriers avant d’être livrée au commerce. Aussi les économistes ne manquent-ils jamais de citer la fabrication des aiguilles quand ils veulent rendre sensible, par un exemple, la merveilleuse puissance de la division du travail. En Angleterre, on fabrique les aiguilles avec de l’acier étiré en fils ; en France, on emploie ordinairement du fil de fer que l’on cémente après que l’aiguille est dégrossie ; on rend ainsi les opérations plus faciles, mais au détriment de la perfection des produits. M. Marié-Davy divise en cinq séries les opérations diverses par lesquelles doit passer une aiguille : 1o Façonnage de l’aiguille ou conversion du fil métallique en aiguilles brutes, comprenant une vingtaine d’opérations dont les principales sont l’empointage ou formation de la pointe, l’estampage, qui a pour but de dessiner la double gouttière de la tête, et le perçage du chas ; 2o cémentation, trempe et recuit des aiguilles brutes, comprenant une douzaine d’opérations ; 3o polissage, cinq opérations répétées chacune dix fois et une dernière qui ne s’exécute qu’une fois ; 4o triage, cinq opérations ; 5o derniers tours de main (bronzage, drillage, brunissage) et mise en paquets, une dizaine d’opérations.

L’invention de l’aiguille, en un métal quelconque, est fort ancienne. Quant à la fabrication d’aiguilles en acier poli, elle ne remonte pas au delà de 1370. Cette industrie fut introduite en Angleterre pour la première fois en 1543, et en France seulement dans la seconde moitié du xviiie siècle. La France possède aujourd’hui onze fabriques d’aiguilles. Ces onze fabriques réunies ne fournissent pas tout à fait le cinquième de la consommation intérieure ; les quatre autres sont importés de l’Angleterre et de l’Allemagne.

Outre les aiguilles fines ou aiguilles ordinaires, on en fabrique qui ont une longueur et un diamètre plus considérables. Ces aiguilles sont celles qu’emploient le matelassier, le tapissier, l’emballeur et autres industriels.

— Chirurg. On a donné en chirurgie le nom d’aiguilles à un grand nombre d’instruments de formes différentes, mais consistant tous en une tige métallique, mince, pointue, de la longueur d’un à plusieurs pouces, et destinée à plusieurs opérations. L’or, l’argent, le platine, sont employés à la confection des aiguilles lorsqu’elles demandent de la flexibilité ; on emploie l’acier lorsqu’on veut leur donner de la raideur. Sous le rapport de la forme, elles se partagent en deux groupes principaux, les droites et les courbes. La pointe est ou conique, comme dans les aiguilles ordinaires à coudre, ou aplatie et en fer de lance plus ou moins allongé. Le chirurgien se sert d’aiguilles pour les sutures, les ligatures d’artères, pour l’opération du bec-de-lièvre, pour celle de la cataracte, pour celle de la fistule, pour pratiquer un séton. Les aiguilles à ligatures sont toutes des aiguilles courbes. Les aiguilles à cataracte sont composées d’un manche et d’une tige. L’aiguille à bec-de-lièvre n’a pas de chas. L’aiguille à fistule présente une ramure qui se prolonge sur une des faces de l’instrument jusque près de la pointe, pour servir à conduire au besoin un bistouri dans les trajets fistuleux. L’aiguille à séton est une petite lame d’acier à deux tranchants, à pointe acérée, à chas quadrilatère, et qu’on emploie, d’un seul coup, pour faire la plaie et introduire la mèche. Certaines formes d’aiguilles répondant à des indications diverses sont connues sous les noms des chirurgiens qui les ont imaginées. Ainsi nous avons les aiguilles de Scarpa, de Dupuytren, de Deschamps, de Desault, de J.-L. Petit, etc.

— Archit. On appelle aiguille ou flèche une espèce de pyramide très-aiguë, élevée sur le sommet d’une tour ou sur le toit d’une église. Absolument inconnue des anciens, à peu près étrangère à l’architecture romane, l’aiguille est un des membres les plus importants et les plus caractéristiques de l’architecture ogivale. Les plus belles aiguilles qui existent font partie des clochers construits de la fin du xiie siècle au milieu du xve. Elles ont en général une forme octogonale, et présentent sur les faces d’autres petites aiguilles nommées clochetons. Ce genre de constructions fut abandonné par les architectes de la Renaissance ; lié au style gothique, il devait tomber avec lui. À notre époque éclectique, on a tenté de faire revivre l’un et l’autre. Parmi les aiguilles les plus remarquables, nous devons citer celles des cathédrales d’Amiens, de Reims, de Dijon, de Chartres, de Rouen, de Notre-Dame et de la Sainte-Chapelle, à Paris ; d’Anvers, de Salisbury, de Chichester, de Vienne, de l’hôtel de ville de Bruxelles, etc. — Les obélisques prennent aussi quelquefois le nom d’aiguilles ; tels sont les deux obélisques, dits aiguilles de Cléopâtre, que l’on voit en Égypte, à Alexandrie, et qui, apportés d’Héliopolis, furent élevés devant le temple de César.

— Physiq. On donne le nom d’aiguille aimantée à une petite lame mince d’acier aimanté, ordinairement taillée en losange très-allongé. Une telle aiguille, posée sur un pivot, et mobile dans un plan horizontal, prend toujours dans ce plan une direction déterminée qui est à peu près celle du nord au sud ; si on l’en écarte, elle y revient par le plus court chemin, oscille de part et d’autre, puis à la fin s’y arrête de nouveau ; si on la retourne de manière à placer au sud l’extrémité qui regarde le nord, elle ne veut pas se tenir dans cette nouvelle position, elle décrit une demi-circonférence entière, oscille longtemps pour reprendre enfin sa direction et sa position primitives. Le phénomène se passe comme si la terre était un vaste aimant dont les pôles seraient voisins des pôles terrestres et dont la ligne neutre coïnciderait sensiblement avec l’équateur. (V. Aimant, Magnétisme.) On appelle pôle austral de l’aiguille aimantée celle de ses extrémités qui regarde le nord, et pôle boréal celle qui regarde le sud.

Ainsi, tandis qu’une aiguille non aimantée manifeste la plus parfaite indifférence pour les quatre points cardinaux, l’aiguille aimantée horizontale présente cette propriété remarquable de reconnaître en quelque sorte les pôles terrestres et de nous les indiquer. (V. Boussole.) Autrefois, l’on admettait que la direction de l’aiguille aimantée était rigoureusement celle du sud au nord ; mais Christophe Colomb en 1492, lorsqu’il traversa l’Océan pour aller à la découverte du nouveau monde, signala cette erreur, et l’on sait maintenant qu’il n’y a dans chaque hémisphère qu’un très-petit nombre de points où l’aiguille marque le vrai nord. On appelle méridien magnétique d’un lieu, le plan vertical qui passe en ce lieu par les deux pôles d’une aiguille aimantée horizontale en équilibre sur son pivot. L’angle plus ou moins grand que forme le méridien magnétique avec le méridien astronomique du lieu s’appelle déclinaison. La déclinaison d’un lieu peut être orientale ou occidentale ; elle est dite orientale, si le pôle austral de l’aiguille se porte à l’est du méridien astronomique ; elle est dite occidentale, si le pôle austral se porte à l’ouest du méridien astronomique.

La déclinaison varie en chaque point du globe d’une manière incessante. Ces variations sont régulières ou irrégulières. Les premières sont diurnes, annuelles ou séculaires. — Dans nos climats, où la déclinaison est occidentale, on voit l’extrémité australe de l’aiguille marcher tous les jours de l’est à l’ouest, depuis le lever du soleil jusqu’à une heure après midi. Elle retourne ensuite vers l’est par un mouvement rétrograde, de manière à reprendre à peu près vers dix heures du soir la position qu’elle occupait le matin. Ces variations, qu’on appelle diurnes, sont à peu près constantes d’un jour à un autre jour voisin, dans un même lieu ; elles sont dans nos contrées de 12' à 13' en moyenne. — Les variations annuelles ont été signalées par Cassini, qui a observé, en 1784, que de l’équinoxe du printemps au solstice d’été, l’aiguille à Paris rétrogradait vers l’est, et qu’au contraire elle avançait vers l’ouest dans les neuf mois suivants. Le maximum d’amplitude observé pendant la même année a été de 20'. — Si l’on évalue en un lieu la déclinaison moyenne de l’année, et si l’on compare entre elles les moyennes de plusieurs années successives, on constate des variations qui ont reçu le nom de variations séculaires. Des observations faites à Paris depuis l’année 1580 ont conduit aux résultats suivants : en 1580, la déclinaison était orientale et égale à 11° 30′, la déclinaison moyenne annuelle a été en diminuant depuis cette époque jusqu’en 1663, où elle est devenue d’abord nulle puis occidentale et toujours croissante jusqu’en 1814 ; en 1814, elle a atteint un maximum de 22° 34′, et depuis lors est entrée dans une période décroissante ; en 1860, elle était de 19° 33′. — Les variations irrégulières ou accidentelles de la déclinaison sont de véritables perturbations qui surviennent brusquement dans les mouvements de l’aiguille aimantée, sans qu’il soit possible d’en prévoir l’époque ni la grandeur. Arago a remarqué le premier qu’elles coïncident généralement avec l’apparition d’aurores boréales, soit en des points voisins, soit en des points très-éloignés.

Les instruments au moyen desquels on détermine les déclinaisons s’appellent boussoles de déclinaison. V. Boussole.

Non-seulement l’aiguille aimantée s’écarte dans sa direction de la ligne des pôles terrestres, mais elle présente encore un autre phénomène ; au lieu de se tenir dans une position horizontale, elle incline l’un de ses pôles vers la terre d’un angle variable selon les lieux, et qu’on appelle inclinaison. Lorsqu’on s’avance vers l’équateur terrestre, on voit l’inclinaison diminuer de plus en plus, et l’on trouve enfin un point où elle devient nulle ; puis si l’on passe au delà, c’est le pôle boréal qui s’abaisse au-dessous de l’horizon, et qui s’abaisse de plus en plus à mesure que la latitude australe augmente. On a nommé équateur magnétique la courbe qui passe par tous les points où l’inclinaison est nulle, et pôles magnétiques les points où l’inclinaison est de 90°, c’est-à-dire où l’aiguille devient verticale comme le fil à plomb. L’équateur magnétique est une courbe irrégulière qui s’éloigne notablement de la forme d’un grand cercle, et qui coupe l’équateur terrestre en deux points, situés à peu près aux extrémités d’un même diamètre. Les pôles magnétiques ne coïncident pas avec les pôles géographiques ; ils ne sont pas même situés aux extrémités d’un même diamètre du globe : l’un est à 15° du pôle nord, l’autre à 18° du pôle sud.

L’inclinaison éprouve des variations semblables à celles de la déclinaison, mais l’amplitude en est toujours moins considérable. Pour un même jour, l’inclinaison est maximum