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d’aigle avait un éclat et une fixité tels que la duchesse ne put le soutenir. (E. Sue.) || Avoir une vue d’aigle, un regard d’aigle, Avoir une grande pénétration d’esprit : Il portait sa vue d’aigle sur les plus petits détails aussi bien que sur les grandes choses. (St-Réal.)

Crier comme un aigle, Crier d’une voix aiguë, perçante.

A servi quelquefois à caractériser certains hommes que la supériorité de leur génie élève au-dessus des autres, comme l’aigle s’élève au-dessus des autres oiseaux : L’aigle de Pathmos, Saint Jean l’Évangéliste, parce qu’il composa l’Apocalypse dans l’île de Pathmos. || L’Aigle des docteurs de la France, surnom donné au célèbre théologien Pierre d’Ailly, à cause de ses profondes connaissances en théologie. || L’Aigle de Meaux, Bossuet, évêque de Meaux, à cause de son éloquence : L’aigle de Meaux plane seul à cette hauteur étonnante. (Malte-Brun.)

Le cygne de Cambrai, l’aigle brillant de Meaux,
Dans ce temps éclairé n’ont-ils pas des égaux ?
Voltaire.

— En poésie, le mot aigle est souvent remplacé par diverses périphrases : Le roi des oiseaux, le roi, le monarque des airs. L’oiseau de Jupiter. L’oiseau royal. L’oiseau de Ganymède. L’oiseau du tonnerre. L’oiseau qui porte le tonnerre. L’oiseau qui porte, qui lance la foudre. Le ministre ailé du roi des dieux, du roi de l’univers.

Au courage enhardi que dans lui je remarque,
Je reconnais des airs le superbe monarque.
Dulard.
….. L’oiseau qui porte Ganymède
Du monarque des dieux enfin implore l’aide.
La Fontaine.
À demeurer chez soi l’une et l’autre s’obstine,
Pour secourir les siens dedans l’occasion :
        L’oiseau royal en cas de mine,
        La laie en cas d’irruption.
La Fontaine
L’oiseau de Jupiter, aux prunelles de flamme,
Sur l’aride sommet d’un rocher sourcilleux
S’arrête, et tout à coup d’un vol plus orgueilleux,
Chargé de ses aiglons et perdu dans les nues,
Traverse de l’éther les routes inconnues.
Roucher.


|| Ce privilége poétique s’étend aussi à la femelle de l’aigle : La reine, la princesse des oiseaux.

Princesse des oiseaux, il vous est fort facile
D’enlever malgré moi ce pauvre malheureux.
La Fontaine.

— Prov. L’aigle ne chasse point aux mouches, L’homme supérieur dédaigne les bagatelles, ne descend point aux petites choses. C’est la traduction littérale de cet adage latin : Aquila non capit muscas. V. ces mots. La docte Christine de Suède, qui affectait de se montrer ennemie des petits détails, avait souvent ce proverbe à la bouche. || L’aigle n’engendre point la colombe, Les talents, les vertus sont héréditaires ; pensée qui, n’en déplaise à l’adage, est rarement justifiée, surtout en parlant des talents. Ce proverbe semble traduit d’Horace, qui a dit dans l’ode 3e du livre IV :

Nec imbellem feroces
Progenerant aquilœ columbam.
Et l’aigle, courageuse et fière,
N’engendre point de tourtereaux.
J.-B. Rousseau.

— Représentation d’un aigle en cuivre dont les ailes étendues forment un lutrin, un pupitre de chœur : Chanter à l’aigle.

— En termes d’armoiries et de devises, aigle se prend comme symbole de la puissance, de la majesté. Dans ce cas, le mot aigle est toujours féminin : Les armes de l’empire français étaient une aigle tenant un foudre dans ses serres. (Acad.) Il porte sur le tout d’azur, à une aigle éployée d’argent. (Acad.) Guillaume II, roi d’Angleterre, avait pris pour devise une aigle qui regarde fixement le soleil. (Trév.)

— Enseignes de quelques nations, surmontées de la figure d’un aigle : L’aigle romaine. Les aigles romaines. Plusieurs aigles furent prises par les Germains après la défaite de Varus, sous le règne d’Auguste. (Acad.) Germanicus porta les aigles romaines aux rives de l’Elbe. (Chateaub.)

Nos consuls devant lui cachaient l’aigle indignée.
La Harpe.
Sans lui rien mettre au cœur qu’une crainte servile,
Qui tremble à voir une aigle et respecte un édile.
Corneille.
Vous avez vu cent fois nos soldats en courroux
Porter en murmurant nos aigles devant vous.
Racine.
Et voyant, pour surcroît de douleur et de haine,
Parmi ses étendards porter l’aigle romaine.
Racine.
…… Pourquoi, malgré nos chaînes,
Avons-nous combattu sous les aigles romaines ?
Voltaire.


|| Aigles françaises, Nos aigles, Armes du premier et du second empire français, une aigle tenant un foudre dans ses serres : Les aigles françaises ont fait trembler le monde pendant quinze ans. L’aigle française plane sur les bords de la Vistule. (Napol. Ier.) Nos aigles, ramenées à plein vol des bords de la Vistule, s’étonnaient de ne plus ramasser dans leurs serres puissantes que des victoires blessées à mort. (Lacord.) || Aigles impériales, Les armes de l’empire d’Autriche, consistant en une aigle à deux têtes. || L’aigle germanique, L’empire d’Allemagne :

Orgueilleuses cités que l’aigle germanique
Vit tomber sous les coups d’un vainqueur pacifique.
Dulard.

— Hist. Nom donné à plusieurs ordres de chevalerie. Il est alors du genre masculin :

Aigle blanc, Ordre de chevalerie créé en 1325, par Wladislas V, roi de Pologne, à l’occasion du mariage de son fils Casimir avec la princesse Anne, fille du grand-duc de Lithuanie. Cet ordre tomba dans la suite en désuétude ; il était même entièrement oublié, quand Auguste II le rétablit, en 1713, pour récompenser ses partisans. Un ukase du czar Nicolas Ier l’a réuni aux ordres russes, le 29 novembre 1831. L’ordre de l’Aigle blanc est donc aujourd’hui un ordre russe. Il prend rang après celui de Saint-Alexandre Newski. Ses membres, qui ne forment qu’une classe, ont pour insignes une croix d’or portée en écharpe de droite à gauche, au moyen d’un large ruban bleu clair, et une plaque aussi d’or fixée sur la gauche de l’habit.

Aigle rouge, Ordre prussien de chevalerie, institué en 1705, sous le nom d’Ordre de la Sincérité, par Georges-Guillaume d’Anspach, margrave de Brandebourg-Bayreuth ; réorganisé, en 1734, sous le nom d’Aigle rouge de Brandebourg ou d’Aigle de Brandebourg ; il a été réuni aux ordres prussiens en 1792, par le roi Frédéric-Guillaume II. Depuis le commencement de ce siècle, on l’a plusieurs fois modifié, notamment en 1810, 1811, 1825, 1830, 1832 et 1861. Il forme aujourd’hui le second ordre du royaume, et se compose de cinq classes de chevaliers, comme notre Légion d’honneur. Enfin, il a pour devise les mots latins : Sincere et constanter (avec sincérité et constance), et son bijou se suspend à un ruban blanc bordé de rouge. Son nom provient de la figure principale des armes de Brandebourg qui orne les insignes.

Aigle noir, Ordre prussien de chevalerie, créé le 18 janvier 1701, par Frédéric, électeur de Prusse, pour perpétuer le souvenir de son couronnement comme roi de Prusse, qui avait eu lieu la veille. Il est ainsi appelé de la couleur des aigles qui ornent ses insignes ; mais on lui donne aussi quelquefois le nom d’Ordre de l’Aigle de Prusse. Sa devise est : Suum cuique (à chacun suivant son mérite). C’est le premier ordre de la monarchie. L’Aigle noir ne se confère qu’aux princes du sang, aux princes régnants, et aux personnages les plus éminents, tant nationaux qu’étrangers. Il ne compte que trente chevaliers, non compris les membres de la famille royale et les étrangers. Les insignes de l’ordre sont une croix portée en écharpe de gauche à droite, au moyen d’un large ruban orange, et une plaque d’argent attachée sur le côté gauche de la poitrine.

Aigle d’or, Ordre de chevalerie créé en 1806, par Frédéric Ier, roi de Wurtemberg. Il fut ainsi nommé parce que la décoration était ornée d’aigles d’or. C’était la première institution chevaleresque du royaume, et l’on n’y admettait que les personnages les plus éminents. Il a été supprimé en 1818, et remplacé par l’ordre de la Couronne.

Aigle de Saint-Michel, Ordre militaire portugais, fondé en 1711, par le roi Alphonse Henriquez.

Grand aigle, Nom primitif du grade de la Légion d’honneur que l’on appelle aujourd’hui grand-croix.

— Ichthyol. Aigle, Nom donné par les pêcheurs à une espèce de raie, à cause de ses nageoires pectorales, étendues comme les ailes d’un aigle.

— Moll. Aigle royal, Nom vulgaire d’une coquille terrestre du genre bulime.

— Bot. Aigle impériale, Espèce de fougère de l’Europe septentrionale, ainsi appelée parce que sa racine, coupée transversalement, présente des traits qui rappellent la figure d’un aigle à deux têtes. || Bois d’aigle. V. Bois.

— Minér. Pierre d’aigle, L’aétite. V.  ce mot.

— Astron. Constellation de l’hémisphère septentrional, située entre le Serpentaire et le Dauphin.

— Métrol. Monnaie d’or des États-Unis, qui porte l’effigie d’un aigle. Elle vaut 27 fr. 60 c.  environ de notre monnaie. Il y a aussi le double aigle, valant 55 fr. 21 c., et le demi-aigle, 13 fr. 80 c.  environ.

— Alchim. Aigle blanc, Mercure doux. || Aigle noir, Esprit de la cadmie vénéneuse, appelée cobalt. || Aigle céleste, Sorte de panacée, préparée avec le mercure réduit en essence. || Aigle de Vénus, Safran composé de vert-de-gris, au moyen d’un feu de réverbère, auquel on ajoute du sel ammoniac, quelquefois sublimé. || Aigle volante, Mercure sublimé. || Aigle étendue, Sel ammoniac sublimé. || Aigle dévorant le lion, Volatilisation du fixe par le volatil, ou du soufre par le mercure des sages. || Nom que l’on donnait au protochlorure de mercure et à l’hydrochlorate d’ammoniaque.

— Comm. Papier grand-aigle, ou simplement grand-aigle, Papier d’une très-grande dimension, que l’on emploie surtout pour les cartes géographiques et les tableaux synoptiques. || Les cartonniers appellent aussi grand-aigle le plus grand format des feuilles de carton. || Papier petit-aigle, Papier moins grand que le papier grand-aigle.

Encycl. Ornith. Les aigles forment, dans la famille des oiseaux de proie diurnes, un grand genre très-naturel, caractérisé par un bec non dentelé ou à peine festonné vers le milieu, droit à sa base et jusque près de son extrémité, où il se recourbe brusquement. Moins bien organisés pour le vol que les faucons, les aigles ont des ailes qui paraissent tronquées obliquement ; mais, grâce à la force de leurs muscles, ils ont encore un vol très-puissant et très-élevé. À terre, ils marchent mal, leurs jambes étant peu conformées pour ce genre de locomotion.

Essentiellement carnassiers et chasseurs, les aigles habitent les rochers sauvages et escarpés. Ils font de longs voyages, et n’ont qu’une seule femelle, avec laquelle ils passent toute leur vie, hors l’époque de l’incubation.

Le genre aigle, si on le prend dans le sens le plus large, renferme de nombreuses espèces, que Cuvier a réparties en huit divisions, savoir : les aigles proprement dits, les pygargues ou aigles pêcheurs, les balbuzards, les circaètes, les caracaras, les harpies, les aigles-autours et les cymindis. V. ces mots.

Nous ne parlerons ici que des aigles proprement dits, qui se distinguent des autres par leurs tarses garnis de plumes jusqu’à la base des doigts, et leurs ailes aussi longues que la queue. On en compte quatre espèces indigènes :

L’aigle royal, grand aigle ou aigle commun se reconnaît facilement aux trois grandes écailles qui couvrent la dernière phalange de chaque doigt. Il est d’un brun noirâtre, et atteint jusque 3 mètres d’envergure. C’est un des plus puissants oiseaux de proie, et on l’a depuis longtemps appelé le roi des oiseaux. Il est répandu dans presque toutes les régions de l’hémisphère septentrional. Son nid (ou aire) est très-grand ; la femelle y pond deux ou trois œufs, qui éclosent au bout d’un mois. L’aiglon a une croissance assez lente, et il est sujet à des mues fréquentes. La vie de l’aigle royal est très-longue, et l’on assure qu’elle peut dépasser un siècle.

L’aigle fait sa proie des mammifères de moyenne ou de petite taille, tels quel les faons, les agneaux, les lièvres, sur lesquels il fond du haut des airs avec la rapidité de la flèche, et qu’il emporte dans son aire. Souvent même il attaque des animaux plus grands, les tue et les dépèce sur place. Quoique doué d’une grande voracité, il paraît avoir un naturel moins féroce que ses congénères, et l’habitude qu’on lui a attribuée de dévorer ses petits semble devoir être reléguée au rang des fables. Pris jeune, il se dresse facilement et peut être employé à la chasse.

— L’aigle impérial, un peu plus petit et moins foncé en couleur que le précédent, a sur le dos, près de l’origine des ailes, deux grandes plaques blanches, qui, jointes à la couleur blanc jaunâtre du derrière du cou, lui ont fait donner le nom d’aigle à dos blanc. Il habite les régions montagneuses et boisées de l’Europe orientale, de l’Asie Mineure et de l’Egypte, et a les mêmes mœurs que l’aigle royal. Il donne la chasse aux daims et aux chevreuils, dont il emporte des quartiers entiers dans son aire, établie au sommet de rochers inaccessibles, et qui devient un charnier infect par la continuité de tels repas.

— L’aigle criard ou petit aigle, bien moins grand que les deux premiers, et aussi moins féroce et même lâche, se contente de faire la guerre aux petits animaux, et jusqu’aux insectes. Il s’apprivoise facilement.

— L’aigle botté se rapproche des buses par son aspect extérieur. Plus petit encore que l’aigle criard, il est néanmoins d’un naturel courageux, et s’attaque souvent à des ennemis d’une taille bien supérieure à la sienne. Il ne se trouve guère que dans les forêts de l’Europe orientale.

Parmi les espèces exotiques, nous citerons l’aigle malais, dont le plumage est entièrement noir.

L’aigle-autour forme une section du grand genre aigle. Ce nom vient de ce que les espèces que renferme cette section présentent beaucoup de ressemblance avec les vrais autours, qui appartiennent à un tout autre genre d’oiseaux de proie. Les aigles-autours se distinguent des aigles proprement dits par la hauteur de leurs pattes, la brièveté des rémiges, la longueur de la queue, et même par leurs mœurs. Ils habitent diverses régions de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique.

— Antiq.  et symb. De tout temps l’allégorie et le symbolisme ont fait un grand usage de l’aigle. L’imagination des premiers peuples mit tout naturellement au premier rang des animaux ceux qui étaient les plus forts : le lion parmi les quadrupèdes, l’aigle parmi les oiseaux. La poésie dota l’aigle de qualités royales ; la mythologie grecque en fit l’oiseau de Jupiter, et plaça la foudre entre ses serres redoutables. Il devint l’emblème du génie, de la grandeur, de la majesté. Son image brilla sur la poitrine des héros et des demi-dieux ; elle prit place au moyen âge sur les écussons et dans l’antiquité, comme dans les temps modernes, conduisit au combat les plus grandes nations. L’aigle figurait sur les étendards des Perses au temps de Cyrus ; on croit généralement que ce fut le premier peuple qui l’adopta pour enseigne. L’aigle était l’emblème de la république romaine, et cet emblème fut conservé religieusement sous l’empire. Chez les Romains, les aigles furent d’abord en bois, puis en argent, avec des éclairs d’or entre leurs serres ; et enfin sous César et ses successeurs elles furent d’or massif, mais sans foudre. Chaque légion avait son aigle, que l’on portait fixé sur une lance ; aussi se servait-on du mot aigle, aquila, pour désigner une légion en général. Afin de distinguer les légions, on donnait aux aigles des formes différentes : ainsi on les représentait tantôt debout, tantôt assises ; mais les ailes étaient toujours déployées, comme symbole d’une activité constante. L’aigle fut conservée jusqu’à la fin par les empereurs grecs. En Occident, elle disparut avec l’Empire, mais reparut lorsque les princes carlovingiens mirent sur leur tête la couronne impériale. L’aigle à deux têtes fut d’abord en usage chez les empereurs d’Orient, qui, dit-on, exprimaient ainsi leurs droits aux deux empires d’Orient et d’Occident. Plus tard, les empereurs d’Occident empruntèrent ce symbole à l’Orient, et de là il passa dans la maison d’Autriche. La Russie l’adopta de son côté sous le czar Iwan Wasiliévitch. En 1804, l’aigle devint l’emblème de la France impériale, elle disparut en 1815, et fut rétablie sur nos drapeaux après le coup d’État du 2 décembre. L’aigle noir figure dans les armes du royaume de Prusse. L’aigle blanc se trouvait dans celles du royaume de Pologne. Dans la guerre de l’indépendance, les États-Unis prirent pour drapeau une aigle sur champ d’azur semé d’étoiles. Dans le blason, l’aigle est dite becquée, languée, membrée, couronnée, diadémée, quand son bec, sa langue, ses membres, la couronne ou le diadème qu’elle porte sont d’une autre couleur que son corps ; naissante ou issante, quand on ne voit que la tête et une partie de son corps ; contournée, quand elle regarde la gauche de l’écusson ; onglée, quand les serres sont d’un émail différent.

Épithètes. Hardi, courageux, intrépide, audacieux, noble, fier, indépendant, superbe, orgueilleux, ravisseur, rapace, rapide, fulminant, terrible, redoutable, redouté, à l’œil ou au regard perçant, au bec recourbé, aux serres cruelles, puissantes.

Littérature. L’Aigle et le Hibou, Titre d’une fable de La Fontaine, très souvent citée parce qu’elle met en relief, d’une manière originale et frappante, cette faiblesse si ordinaire aux parents de voir des qualités dans les défauts mêmes de leurs enfants. Le fond de cette fable se résume dans ces deux vers si connus et si souvent rappelés :

…… Mes petits sont mignons,
Beaux, bien faits, et jolis sur tous leurs compagnons.

« La philosophie ne saurait aller contre les lois qui régissent sa propre nature. Or, l’une de ces lois, c’est de s’adorer, dans ses œuvres, et, comme le hibou de la fable, aveuglé d’égoïste maternité, de trouver beaux les petits monstres qu’elle a faits. »                Barbey d’Aurevilly.

AIGLEFIN, ÆGLEFIN ou AIGREFIN s.  m. (è-gle-fain). Ichthyol. Poisson du genre gade, voisin des morues, mais plus petit. Il a des mœurs analogues. On le pêche dans les mers du Nord, où il est abondant.

AIGLETTE s.  f. (è-glè-te — rad.  aigle). Blas. Nom donné aux aigles de petites dimensions. On dit aussi Aiglon. Les aiglettes sont ordinairement au nombre de trois au moins. Quelquefois, on appelle aiglette une aigle seule, quand elle est posée sur une pièce honorable et qu’elle n’occupe point la partie la plus apparente de l’écu. Famille La Trémouille : d’or, au chevron de gueules accompagné de trois aiglettes d’azur, becquées et membrées de gueules.

AIGLIAU s.  m. (è-gli-o). Mot qui, autrefois, désignait le petit de l’aigle, aujourd.  aiglon. || Blas. Jeune aigle, représentée sans bec et sans serres.

AIGLON, ONNE s. (è-glon, o-ne — dimin.  de aigle). Petit de l’aigle : L’aigle nourrit ses aiglons de chair, et les habitue à regarder fixement le soleil. (Encycl.) Le hibou envoie la corneille demander en mariage une petite aiglonne, fille de l’aigle, reine des airs. (Fén.) Les aiglons, d’abord couverts d’un duvet blanc, n’acquièrent des couleurs foncées qu’avec l’âge et en passant par toutes les nuances intermédiaires. (Dum.  de Sainte-Croix.)

… L’aigle fait sentir à ses tendres aiglons
La clarté du soleil au fort de ses rayons.
Boileau.


|| S’empl.  souvent dans les comparaisons : Il prit son vol, et s’éleva de temps en temps comme un jeune aiglon, pour essayer à regarder la lumière dans sa source. (Fléch.)

Son fils, rêvant déjà de la gloire immortelle,
Déjà, comme l’aiglon, essayait sa jeune aile.
Guttinguen.

— Fig.  et iron. Celui qui, sans avoir les talents nécessaires, veut s’élever trop haut dans une science, dans un art, etc. : Eudamidas, cet aiglon, de la philosophie, à sa première volée s’est perdu dans les nuages.(Cormen.)

— Blas. Syn.  d’aiglette et d’alérion.

AIGLON, ONNE adj. (è-glon, o-ne — rad.  aigle). Qui appartient à l’aigle, à sa race, à sa famille :

La faim détruisit tout, il ne resta personne
De la gent marcassine et de la gent aiglonne
        Qui n’allât de vie à trépas.
La Fontaine.

AIGLURE s.  f. (è-glu-re — rad.  aigle). Fauconn. Taches rousses sur le plumage d’un oiseau : Le vieux margrave portait sur son