Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

villes de l’Europe, secrétaire de Maximilien Ier, conseiller de Charles-Quint, médecin de Louise de Savoie, il mourut, dit-on, dans un hôpital de Grenoble. Un de ses principaux ouvrages est le De Philosophia occulta, traité de magie extrêmement curieux, traduit en franç. par Levasseur.

AGRIPPA (Hérode). V. Hérode.

AGRIPPÉ, ÉE (a-gri-pé) part. pass. du v. Agripper. Pris, saisi, enlevé : Sa bourse lui fut adroitement agrippée.

AGRIPPER v. a. ou tr. (a-gri-pé — altér. de agriffer). Prendre, saisir avidement, avec finesse et subtilité : Elle agrippe tout ce qu’elle voit. (Acad.) Tâche d’agripper cette place. (D’Hautel.) Fam.

S’agripper, v. pr. S’attacher, s’accrocher à.

AGRIPPEUR, EUSE s. (a-gri-peur — rad. agripper). Celui, celle qui agrippe, qui se saisit d’une chose. Vieux et peu usit.

AGRIPPIN, évêque de Carthage, vers l’an 217. Il soutenait qu’il fallait baptiser de nouveau ceux qui avaient reçu le baptême de la main des hérétiques. C’était, comme on le voit, la doctrine que les anabaptistes devaient prêcher plus tard.

AGRIPPINE, femme de Germanicus, fille de Vespasianus Agrippa et de Julie, fille d’Auguste, accompagna son mari dans toutes ses campagnes et rapporta ses cendres de Syrie à Rome. Douée d’une grande énergie, elle poursuivit le meurtrier de son époux, Pison, qui fut obligé de se donner la mort pour échapper à sa vengeance. Tibère, qui haïssait Agrippine à cause de ses vertus et de son crédit auprès du peuple ; l’attira dans l’île de Pandataria, où elle mourut, l’an 33.

AGRIPPINE, fille de la précédente et de Germanicus, épousa d’abord Domitius Ahenobarbus, qui la rendit mère de Néron, devint ensuite la femme d’un riche patricien qu’elle fit assassiner pour posséder ses biens, et eut, pour troisième époux l’empereur Claude, son oncle. Après avoir préparé l’avènement de son propre fils, qu’elle fit adopter par Claude, au mépris des droits de Britannicus, fils de ce prince, elle empoisonna son imbécile époux, et jouit enfin des fruits de son ambition en mettant Néron sur le trône. Intrigante, altière, déréglée, elle fatigua de ses exigences ce fils pour lequel elle n’avait reculé devant aucun crime, et qui résolut sa mort afin de se délivrer de sa domination. Il tenta d’abord de la faire noyer ; mais n’ayant pu y réussir, il envoya un centurion pour l’égorger. On rapporte qu’elle dit à l’assassin : Ventrem feri (frappe au ventre), ironie tragique, qui signifiait sans doute que ce sein était coupable d’avoir donné le jour à un monstre tel que Néron (59). Agrippine était née à Cologne, dont elle agrandit l’enceinte, et qui s’appela de son nom Colonia Agrippina.

AGRIPPINIENS s. m. pl. Fanatiques partisans de l’évêque de Carthage Agrippin.

AGROBATE s. m. (a-gro-ba-te — du gr. agrobatès, qui erre dans les champs). Ornith. Oiseau de l’espèce des becs-fins sylvains.

AGRŒCIE s. f. (a-gré-si — du gr. agros, champ ; oikia, demeure). Entom. Genre d’insectes de la famille des locustaires, ordre des orthoptères.

AGROGRAPHIE s. f. (a-gro-gra-fî — du gr. agros, champ ; graphè, description). Description des champs et particulièrem. de ce qui a rapport à leur culture.

AGROLLE s. f. (a-gro-le). Nom donné à la corneille noire, dans quelques parties de la France.

AGROLOGIE s. f. (a-gro-lo-jî — du gr. agros, champ ; logos, discours). Science qui a pour objet la connaissance des terres, dans leur rapport avec l’agriculture.

AGROLOGIQUE adj. (a-gro-lo-ji-ke — rad. agrologie). Qui se rapporte à l’agrologie.

AGROMANE s. (a-gro-ma-ne — du gr. agros, champ ; mania, folie). Néol. Celui, celle qui a la manie de l’agriculture.

AGROMANIE s. f. (a-gro-ma-nî — rad. agromane). Néol. Manie, passion de l’agriculture.

AGROMÈNE s. (a-gro-mè-ne — du gr. agros, champ ; menò, j’habite). Celui, celle qui passe sa vie à la campagne.

AGROMYZE s. m. (a-gro-mi-ze — du gr. agros, champ ; mùzò, je murmure). Entom. Genre d’insectes de l’ordre des diptères, division des brachocères.

AGRONOME s. m. (a-gro-no-me — du gr. agros, champ ; nomos, loi). Celui qui est versé dans la théorie de l’agriculture : C’est un habile agronome. Cet agronome distingué s’est acquis une sorte de célébrité par la culture de l’asperge. (Hoefer.) Le comte ne paraissait-il pas homme de sens, bon administrateur, excellent agronome ? (Balz.)

— S’empl. adjectiv. : Les anciens auteurs agronomes ont consigné dans leurs écrits cette remarque. (Tollard.)

Syn. Agronome, agriculteur, cultivateur, laboureur. V. Agriculteur.

AGRONOMÉTRIE s. f. (a-gro-no-mé-trî — du gr. agros, champ ; metron, mesure). Connaissance exacte du produit, du rapport de certaine étendue de terrain.

AGRONOMIE s. f. (a-gro-no-mî — rad : agronome). Théorie de l’agriculture, science des lois agricoles.

AGRONOMIQUE adj. (a-gro-no-mi-ke — rad : agronomie). Qui a rapport, qui appartient à l’agronomie : Société agronomique. Science agronomique. Aucun des anciens écrivains agronomiques ne s’accorde avec Virgile sur le temps où il faut semer les fèves. (Delille.) Plusieurs des préceptes agronomiques d’Hésiode sont encore bons à suivre. (De Dombasle.)

AGRONOMIQUEMENT adv. (a-gro-no-mi-ke-man — rad. agronomique). D’une manière agronomique.

AGROPHILE s. m. (agro-fi-le — du gr. agros, champ ; philos, ami). Entom. Genre d’insectes lépidoptères, famille des nocturnes.

AGROPYRON s. m. (a-gro-pi-ron — du gr. agros, champ ; puros, blé sauvage). Bot. Genre de plantes de la famille des graminées.

AGROSTEMME s. f. (a-gro-stè-me — du gr. agros, champ ; stemma, couronne). Bot. Genre de plantes de la famille des caryophyllées, tribu des silénées. On remarque les agrostemmes fleur de Jupiter et rosée du ciel, qui ornent nos jardins, et parmi les espèces communes, la coquelourde et la nielle.

AGROSTEMMINE s. f. (a-gro-stè-mi-ne). Chim. Alcali que l’on extrait des semences de la nielle des blés. L’agrostemmine cristallise en paillettes légèrement jaunâtres, peu solubles dans l’eau, très-solubles dans l’alcool.

AGROSTÈRE s. f. (a-gro-stè-re — du gr. agroster, chasseur). Entom. Genre d’insectes lépidoptères, famille des nocturnes.

AGROSTICULE s. f. (a-gro-sti-ku-le — du gr. agròstis, chiendent). Bot. Petite plante vivace de la famille des graminées, originaire du Brésil.

AGROSTIDE s. f. (a-gro-sti-de — du gr. agròstis, chiendent). Bot. Genre de plantes de la famille des graminées. Ce sont en général des plantes vivaces, qui croissent soit dans les bois, soit dans les champs. L’agrostide traçante, connue vulgairement sous le nom de trainasse, est, comme le chiendent, un fléau pour les cultivateurs. Quelques autres espèces donnent un assez bon fourrage.

AGROSTIDÉ, ÉE adj. (a-gro-sti-dé — rad. agrostide). Bot. Qui ressemble à l’agrostide.

— s. f. pl. Tribu de la famille des graminées, ayant pour type le genre agrostide.

AGROSTOGRAPHE s. m. (a-gro-sto-gra-fe — du gr. agròstis, chiendent ; graphò, je décris). Bot. Celui qui s’occupe spécialement de l’étude des graminées.

AGROSTOGRAPHIE s. f. (a-gro-sto-gra-fî — rad. agrostographe). Partie de la botanique qui a pour objet l’étude des graminées.

AGROSTOGRAPHIQUE adj. (a-gro-sto-gra-fi-ke — rad. agrostograhie). Bot. Qui se rapporte à l’agrostographie.

AGROSTOLOGIE s. f. (a-gro-sto-lo-jî — du gr. agròstis, chiendent ; logos, discours). Traité sur les plantes de la famille des graminées.

AGROSTOLOGIQUE adj. (a-gro-sto-lo-ji-ke — rad. agrostologie). Qui a rapport à l’agrostologie.

AGROSTOPHYLLE s. m. (a-gro-sto-fi-le — du gr. agròstis, chiendent ; phullon, feuille). Bot. Genre de plantes de la famille des orchidées, indigène de l’île de Java.

AGROTÈRE, surnom donné quelquefois à Diane, soit à cause d’un temple qu’elle avait à Agra, dans l’Attique, soit parce qu’elle habitait les campagnes, les bois (en gr. agros, champ).

AGROTIDE ou AGROTIS s. f. (a-gro-ti-de — du gr. agrotis, qui habite les champs). Entom. Genre d’insectes lépidoptères de la famille des nocturnes, comprenant un grand nombre d’espèces en abondance dans nos climats.

AGROUELLE s. f. (a-grou-è-le — corrupt. d’écrouelles). Crust. Nom vulgaire de la crevette des ruisseaux, parce que, d’après un préjugé populaire, elle produit des ulcères dans la bouche de ceux qui la mangent.

— Bot. La scrophulaire noueuse, parce qu’on lui attribuait la propriété de guérir les écrouelles.

AGROUPANT (a-grou-pan) part. prés. du v. Agrouper.

AGROUPÉ, ÉE (a-grou-pé) part. pass. du v. Agrouper. Réuni en groupe : Il faut que les membres soient agroupés aussi bien que le corps. (Felibien.)

AGROUPEMENT s. m. (a-grou-pe-man — rad. agrouper). Action d’agrouper ; état de ce qui est agroupé : Un agroupement méthodique de faits. (Moniteur.)

— Archit. Sorte d’accouplement de colonnes.

AGROUPER v. a. ou tr. (a-grou-pé — rad. groupe). Disposer, réunir en groupe : Agrouper des chiffres. Agrouper des faits.

S’agrouper, v. pr. Se mettre en groupe : Les ouvriers commençaient à s’agrouper dans la rue.

AGRUME s. f. (a-gru-me). Hortic. Espèce de prune employée pour faire les pruneaux d’Agen.

AGRYPNE s. m. (a-gri-pne — du gr. agrupnos, qui veille). Entom. Genre d’insectes coléopteres pentamères, famille des sternoxes, qui renferme un grand nombre d’espèces, dont une surtout est fort commune aux environs de Paris.

AGRYPNIE s. f. (a-gri-pnî — du gr. agrupnia, veille ; formé de a priv., et grupnia, sommeil). Méd. Insomnie, défaut de sommeil.

— Entom. Genre d’insectes névroptères de la famille des phryganiens, qu’on rencontre en Angleterre.

AGRYPNOCOME s. m. (a-gri-pno-ko-me — du gr. a priv. ; grupnia, sommeil ; et kòma, assoupissement). Méd. Insomnie jointe à une grande envie de dormir.

AGRYPNODE adj. (a-gri-pno-de — du gr. agrupnodès, sans sommeil). Méd. Qui est privé de sommeil. || Fièvre agrypnode, Celle qui prive de sommeil.

AGTELEK, bourg de Hongrie, célèbre par ses grottes à stalactites.

AGUA s. m. (a-gu-a). Erpét. Gros reptile batracien, qui appartient au genre crapaud et qui est originaire du Brésil.

AGUACATE s. m. (a-gu-a-ka-te). Plante nommée aussi laurier avocat.

AGUADAS s. m. pl. (a-gou-a-dass). Vastes citernes qui, dans l’Amérique du Sud, servent de réservoirs pendant la sécheresse.

AGUADO (Alexandre-Marie), l’un des plus riches financiers de notre siècle, né à Séville en 1784, m. en 1842, appartenait à une famille juive. Il embrassa de bonne heure la carrière militaire, servit avec distinction dans les troupes nationales lors de l’occupation de l’Espagne par les troupes françaises, fut nommé colonel en 1810, et devint par la suite aide de camp du maréchal Soult. Il quitta le service en 1815 pour se lancer à Paris dans des entreprises commerciales, dont les puissantes relations de sa famille à Cadix, à la Havane et au Mexique, lui facilitèrent le succès. Il aborda alors les opérations de la haute banque, fut nommé en 1823 agent financier de l’Espagne à Paris, et reçut de Ferdinand VII la concession d’un grand nombre de mines, de vastes terrains et le titre de marquis de Las Marismas. Ce fut lui qui négocia les emprunts espagnols de cette époque. Il mourut en Espagne, où il était allé visiter un de ses établissements, laissant une fortune énorme, estimée à plus de soixante millions. Il possédait une magnifique galerie de tableaux, dont Gavarni a publié les dessins. Aguado avait été naturalisé Français en 1828.

AGUARICO, riv. de la république de l’Equateur, Amérique méridionale, se jette dans le Napo après un cours de 600 kil. ; charrie des paillettes d’or.

AGUAS-CALIENTES, ville florissante du Mexique ; 22,540 h. Climat doux, sol très-fertile, sources thermales renommées ; mines d’argent dans les environs.

AGUASEM s. m. (a-gou-a-zèmm). Erpét. Serpent des îles Philippines, dont la morsure est très-dangereuse.

AGUASSIÈRE s. f. (a-gou-a-siè-re — esp. agua, eau). Ornith. Nom vulgaire du merle d’eau dans certaines parties de la France.

AGUATERO s. m. (a-gou-a-té-ro — esp. agua, eau). Ornith. Espèce de bécassine du Paraguay.

AGUEDA (sainte), tableau de Paul Véronèse. Museo del Rey, Madrid. Le peintre a choisi le moment où l’ange console sainte Agueda après son supplice. Le sujet, tel que l’avait conçu l’artiste, était assez délicat, car Véronèse n’a pas craint de montrer la sainte à demi nue, avec les deux seins coupés, dont elle cherche encore, par instinct de pudeur, à cacher la plaie sanglante aux yeux de son céleste consolateur. Cette difficulté est heureusement vaincue ; l’affreuse plaie, loin de causer l’horreur, excite une teindre pitié, et le beau visage de la sainte martyre, pâli par la douleur, mais plein de résignation et d’espérance, est un des objets les plus pathétiques que la peinture puisse offrir aux yeux.

AGUERRI, IE (a-gue-ri) part. pass. du v. Aguerrir. Accoutumé à la guerre, à ce qui a rapport à la guerre : Soldats aguerris. Troupes aguerries. Il fit en peu de temps de ces sauvages des hommes aguerris. (Fén.) Alexandre trouva les Macédoniens non-seulement aguerris, mais encore triomphants. (Fén.) L’honneur d’enlever le corps de Léonidas engagea un combat terrible entre ses compagnons et les troupes les plus aguerries de l’armée persane. (Barthél.)

— En poésie, il peut s’appliquer aux choses :

Sous leurs bras aguerris Antioche et Nicée
Voyaient fuir la splendeur de leur gloire passée.
Delille.

— Fig. Endurci, affermi contre : Être aguerri contre les prières, contre les larmes. N’étant pas encore aguerri contre les incertitudes du savoir, ma peur avait été celle d’un enfant qui se trouve pour la preniiéfe fois dans les ténèbres. (Barthél.) Je ne suis pas aguerri contre la déloyauté. (Dochez.) Le capitaine, buveur plus aguerri, avait conservé tout son sang-froid. (V. Hugo.)

Qu’heureux est le mortel dont l’âme est aguerrie
Contre tous les revers qu’on éprouve en la vie !
Corneille.
Ganictor, né timide, et dans la paix nourri
Aux belliqueux accords n’était pas aguerri.
Millevoye.

AGUERRIR v. a. ou tr. (a-ghè-rir — rad. guerre). Accoutumer à la guerre, aux fatigues, aux dangers de la guerre : C’était un moyen prompt et sûr d’aguerrir les Moscovites. (Volt.) La nécessité et l’habitude aguerrissent quelquefois un poltron. (Laténa.)

— Fig. Accoutumer à quelque chose de fatigant, de dur, de pénible, de fâcheux : Tant d’afflictions m’ont aguerri à la douleur. (J.-J. Rouss.) Vos lois vous avaient aguerri contre la douleur, et nullement contre la volupté. (Barthél.) Madame Roland avait depuis longtemps aguerri son âme contre la persécution et même contre l’assassinat. (Lamart.)

S’aguerrir, v. pr. S’accoutumer à la guerre et à ses fatigues : Ces troupes se sont aguerries. (Acad.) Les Moscovites s’aguerrissaient tous les jours contre les troupes qu’il avait laissées en Pologne. (Volt.)

— Fig. S’habituer à quelque chose de dur, de pénible, de périlleux : Il s’est aguerri depuis longtemps à mépriser ce que les sens offrent de plus cher. (Mass.) Tâchez de vous aguerrir contre les voluptés. (Barthél.) Une femme qui parle souvent des dangers de l’amour s’aguerrit sur ses risques et se familiarise avec la passion. (Duclos.)

AGUESSEAU (Henri-François d’), l’une des plus nobles figures de l’ancienne magistrature française, né à Limoges en 1668, m. à Paris en 1751, fut reçu avocat du roi au Châtelet en 1690, et devint peu de mois après avocat général au parlement de Paris, à l’âge de vingt-deux ans. Il y débuta avec un tel éclat, que Denis Talon ne put s’empêcher de dire « qu’il voudrait finir comme ce jeune homme commençait. » Nommé procureur général en 1700, il traça sur la procédure criminelle les instructions les plus judicieuses et embrassa avec une égale supériorité toutes les attributions qui se rattachaient à sa charge. Orateur éloquent et profond philosophe, on croit voir dans ses discours, dit un biographe, les principes de Caton et de Lycurgue mis en œuvre par Cicéron et Démosthène. Partisan déclaré des libertés gallicanes, il s’opposa avec énergie à l’enregistrement de la bulle Unigenitus, sans se laisser fléchir ni par les prières, ni par les menaces de Louis XIV. En 1717, le régent l’appela à la dignité de chancelier, mais le disgracia l’année suivante pour son opposition au système de Law. Après deux ans d’exil dans sa terre de Fresnes, d’Aguesseau fut rappelé en 1720, et parvint à prévenir la banqueroute totale qui menaçait de succéder aux opérations désastreuses du célèbre aventurier écossais. Comme homme d’État, il parut se mettre en contradiction avec ses actes de procureur général, et il consentit enfin à l’enregistrement de la fameuse bulle, dans un but de conciliation, et peut-être par lassitude ou insouciance. Le cardinal Dubois, auquel il n’avait pas voulu céder la présidence du conseil, le fit exiler de nouveau en 1722. Rappelé en 1727, mais comme chancelier seulement, il ne recouvra les sceaux qu’en 1737, et se renferma dès lors strictement dans ses fonctions de ministre de la justice. Il perfectionna la législation, régla les instructions judiciaires, et jeta les fondements de ces réformes législatives qui sont un de ses plus beaux titres de gloire. En 1750, il fit agréer sa démission au roi, qui lui conserva le titre de chancelier avec une pension de cent mille livres. Dans sa longue carrière, au milieu d’une cour corrompue, il se distingua par une grande pureté de conscience et de caractère, une admirable intégrité, et le dévouement le plus absolu aux intérêts publics. Grand magistrat, orateur élégant, jurisconsulte de premier ordre, écrivain remarquable, il trouva encore le loisir de cultiver les mathématiques, les langues et même la poésie, et d’acquérir une érudition profonde et variée. C’est dans le cours d’une de ses disgrâces qu’il rédigea dans sa terre de Fresnes, le Cours complet d’éducation judiciaire connu sous le titre d’Instruction à mes enfants. Thomas a composé son Éloge, et Boullée l’Histoire de sa vie et de ses œuvres. En 1810, sa statue fut placée devant le péristyle du palais du Corps législatif, parallèlement avec celle de l’Hôpital.

AGUETS s. m. (a-ghè ; comme dans guerre — de à guet, en guettant). Ne s’emploie que dans les locutions suivantes : Être, se tenir aux aguets, Être, se tenir en embuscade, aux écoutes ; épier. || Mettre, se mettre aux aguets, En observation : Mettre quelqu’un aux aguets. Chacun reste aux aguets comme un faucon sur son nid. (Mérimée.)

Notre cagot s’était mis aux aguets.
La Fontaine.

— Par ext : Alors il revint sur ses pas, et s’orientant, furetant, le nez au vent et l’oreille aux aguets, il s’efforça de retrouver la bienheureuse paillasse. (V. Hugo.)

AGUI s. m. (a-ghi ; comme dans guider). Mar. Nœud employé pour lier une chaise en sangle à un bout de corde qui sert à l’affaler, et où se placent le voilier, le charpentier, le calfat, etc., pour les réparations concernant leur profession.

AGUIÉE s. f. (a-ghi-é ; comme dans guider — rad. agui). Mar. Sangle, cordage principal qui forme l’agui.

AGUICHER v. a. ou tr. (a-ghi-ché ; ghi comme dans guider). Argot. Agacer.

AGUILA (d’), officier du génie, voyageur et historien, mort à Paris en 1815. On sait peu de chose sur son origine et son existence. Après un voyage en Amérique, il visita les contrées