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AGGÉDULE s. f. (ag-jé-du-le — du gr. aggos, urne). Bot. Nom donné quelquefois à l’urne de quelques mousses, et au cupule de certains champignons.

AGGÉE, l’un des douze petits prophètes, contribua à la réédification du Temple. Il vivait au temps de Zorobabel.

AGGLESTON s. m. (ag-glèss-tone). Célèbre pierre druidique, dans la Grande-Bretagne.

AGGLOMÉRAT s. m. (a-glo-mé-ra — rad. agglomérer). Géol. Brèche grossière, composée de fragments de roches, lancés des cratères volcaniques, angulaires pour la plupart et sans aucun mélange de cailloux usés par l’eau. — Lyell donne le nom de conglomérat aux mélanges où se rencontrent ces dernières sortes de pierres.

AGGLOMÉRATION s. f. (a-glo-mé-ra-si-on — rad. agglomérer). Action d’agglomérer ; état de ce qui est aggloméré : L’agglomération des neiges, des sables. D’ailleurs, dans ces temps où toute spéculation et toute industrie étaient absentes, ces agglomérations d’or et de bijoux n’étaient pas rares. (Alex. Dum.) || Ce mot été créé par Volney. || S’emploie en parlant des personnes : Chaque jour mûrissait l’unité de principes et de législation, celle de penser et de sentir, ce ciment assuré, infaillible des agglomérations humaines. (Napol. Ier.) Une société est une agglomération d’individus. (L. Jourdan.)

— Géol. Mode de formation des roches qui n’ont pas une origine instantanée, mais qui sont composées, par voie mécanique, de fragments de roches préexistantes, réunis par un ciment quelconque.

AGGLOMÉRÉ, ÉE (a-glo-mé-ré) part. pass. du v. Agglomérer : Des sables agglomérés. || Se dit en parlant des personnes : Une population agglomérée. En effet, moins je trouve d’hommes agglomérés sur un point, moins il s’y rencontre de crimes, de délits. (Balz.)

— Techn. Houille agglomérée, Combustible artificiel obtenu par le mélange de matières bitumineuses avec les menus débris de l’exploitation des houillères. || On dit aussi substantiv. au m. pl., des Agglomérés.

— Méd. Tumeurs agglomérées, Celles qui sont pelotonnées, réunies les unes autour des autres.

— Bot. Se dit des différents organes des végétaux, lorsqu’ils sont entassés ou rapprochés en masses compactes : Chatons agglomérés. Fleurs agglomérées. Fruits agglomérés.

— s. f. pl. Géol. Classe de roches qui comprend celles qui se sont formées par agglomération.

AGGLOMÉRER v. a. ou tr. (a-glo-mé-ré — lat. agglomerare, même sens ; de ad, à ; glomus, glomeris, peloton. — L’é du rad. agglomér se change en è ouvert devant une syllabe muette : J’agglomère, tu agglomères. Que j’agglomère, excepté au futur et au cond. prés., où l’é fermé se conserve : J’agglomérerai. Tu agglomérerais). Réunir en masse, entasser, assembler : La richesse du sol aggloméra les hommes dans cette contrée. (Acad.) Les avantages qu’il offrait aux artisans en avaient aggloméré un grand nombre dans cette contrée. (Raym.)

S’agglomérer, v. pr. Être aggloméré, s’amonceler, s’entasser : Les peuples s’agglomèrent sous telle ou telle forme, d’après certaines lois. (Virey.) La graisse s’agglomère quelquefois dans les animaux que l’art ou la nature y prédispose, comme les cochons, les volailles. (Brill.-Sav.) Les habitants s’étant agglomérés insensiblement n’ont pu juger de l’ensemble, en participant au mouvement. (Balz.)

— Fig. : Dans la capitale, s’agglomèrent tous les intérêts, là vont s’agiter toutes les ambitions ; le reste est immobile. (B. Const.)

Antonymes. Désagréger, disgréger, disperser, disséminer, éparpiller, parsemer.

AGGLUTINABLE adj. (a-glu-ti-na-ble — rad. agglutiner). Qui peut s’agglutiner. Peu usité.

AGGLUTINANT (a-glu-ti-nan) part. prés. du v. Agglutiner.

AGGLUTINANT, ANTE adj. (a-glu-ti-nan, ante). Qui est de nature à se réunir, à se coller, à s’agglutiner.

— Méd. Autrefois, Remèdes agglutinants, ou substantiv. les agglutinants, Remèdes que l’on croyait propres à opérer la réunion des parties divisées, à les recoller, comme le sparadrap, le diachylon gommé, l’emplâtre d’André de Lacroix, le taffetas d’Angleterre, etc. Il ne se dit plus aujourd’hui que des substances emplastiques que l’on nomme plus ordinairement agglutinatives, ou substantiv. les agglutinatifs.

— Linguist. Langues agglutinantes, Celles dans lesquelles les radicaux s’agglomèrent, sans se fondre complètement, pour former des mots composés, qui expriment des combinaisons d’idées et des relations de toute espèce. || On les appelle aussi langues agglomérantes.

Encycl. Linguist. Trois époques distinctes marquent l’histoire du langage : le monosyllabisme, l’agglutination et la flexion. Les langues à flexion présentent une organisation plus développée que les langues agglutinantes, et celles-ci une organisation supérieure aux langues monosyllabiques. Parmi les langues qui ont été où qui sont encore parlées, les unes ont passé par ces trois phases, et les autres se sont arrêtées dans leur développement. Ainsi, l’agglutination renferme le monosyllabisme, la flexion renferme à la fois le monosyllabisme et l’agglutination.

Les langues agglutinantes diffèrent des langues à flexion, en ce qu’elles ne présentent pas une fusion complète du mot principal ou radical avec les mots qui viennent s’y accoler pour exprimer le cas et le nombre, s’il s’agit de substantifs, le nombre et la personne, s’il s’agit de verbes ; les changements et les allongements démesurés de l’agglutination ne peuvent avoir lieu qu’aux dépens de l’unité du mot. L’agglutination est, en quelque sorte, une association mécanique de racines sans qu’il y ait identification véritable dans une vie commune, ainsi que cela a lieu dans la flexion ; celle-ci peut être comparée à une association chimique et organique.

Exemple d’agglutination des pronoms dans la langue magyare ; voici comment le mot kep, qui signifie image, peut se modifier :

        Kep-em, mon image.

        Kep-ed, ton image.

        Kep-e, son image.

        Kep-unk, notre image.

        Kep-etek, votre image.

        Kep-ek, leur image.

        Kep-ei-m, mes images.

        Kep-ei-d, tes images.

        Kep-ei, ses images.

        Kep-ei-nk, nos images.

        Kep-ei-tek, vos images.

        Kep-ei-k, leurs images.

« On forme ainsi, dit M. l’abbé Le Noir, par agglutination, des mots à l’infini. Les suffixes em, ed, e, etc., ajoutés, au mot kep, sont des radicaux signifiant, je, tu, il, etc. Puis chacun de ces mots, formé de la juxtaposition de deux ou plusieurs radicaux, est susceptible d’une déclinaison très-riche, qui se fait au moyen de postpositions. On dira, par exemple : kep-em, mon image (sujet ou nominatif) ; kep-em-nek, à mon image, etc. On peut attacher une vingtaine de postpositions ou terminaisons analogues à nek, qui exprimeront un rapport différent, ce qui fera vingt cas comme les six du latin. »

Exemples d’agglutination dans la conjugaison turque :

  Sev-mek, aimer.

  Sev-me-mek, ne pas aimer.

  Sev-e-me-mek, ne pas pouvoir aimer.

  Sev-dis-mek, forcer à aimer.

  Sev-dis-me-mek, ne pas forcer à aimer.

  Sev-dis-e-me-mek, ne pas pouvoir forcer à aimer.

  Sev-dis-isch-mek, se forcer à aimer réciproquement.

  Sev-il-mek, être aimé.

  Sev-il-me-me, ne pas être aimé.

  Sev-il-e-me-mek, ne pas pouvoir être aimé, etc.

On peut remarquer deux degrés d’agglutination : l’agglomération simple et l’incorporation. Dans le premier degré, l’agglutination n’est qu’une juxtaposition ; dans le second, il y a absorption d’un mot dans un autre, de sorte qu’il en résulte un commencement de flexion du composé par assimilation de l’élément subordonné à l’élément principal.

La classe des langues agglutinantes embrasse la plus grande partie des langues du globe et se montre la plus pauvre en produits littéraires. On peut la diviser en souche tatare, souche caucasienne, souche malaie ou polynésienne, souche américaine et souche basque.

La souche tatare se divise en deux groupes : le groupe asiatique et oriental, et le groupe européen et occidental. Le groupe asiatique comprend le mongol, le turc et le tongouse, dont le mandchou est un dialecte. Le groupe européen se compose des langues finnoises, appelées tchoudes par les Slaves, c’est-à-dire du finnois proprement dit ou finlandais, du tchoudien, de l’ouralien, du lapon, du samoyède, du magyar ou hongrois. Les langues de la souche tatare expriment les rapports par des postpositions au lieu de prépositions. Parmi ces langues, le mandchou et le mongol séparent encore, dans l’écriture, les radicaux agglutinés dans la prononciation ; le turc le fait très-rarement ; le finnois et le magyar ne le font presque jamais ; leurs composés ont besoin, comme les nôtres, d’une analyse étymologique.

La souche caucasienne comprend les dialectes parlés dans le Caucase, dialectes, en général, peu connus. Notons qu’ici le mot caucasien ou caucasique est loin d’avoir le sens étendu qu’on lui donne en anthropologie.

La souche malaie présente deux groupes, le malai proprement dit, qui s’étend depuis les Philippines jusqu’à Madagascar, et le polynésien, qui embrasse toute l’Océanie orientale.

La souche américaine, si tant est que l’on puisse ramener à une seule souche les langues indigènes des deux Amériques, présente au plus haut degré le phénomène de l’incorporation proprement dite. Le mot principal engloutit en quelque sorte ses subordonnés. Des phrases telles que celles-ci : Vous et moi nous marchons ; nous les aimons tous les deux, se rendent par un seul mot composé. M. Ampère a constaté un mot de vingt et une lettres qui signifiait seul la phrase suivante : Je donne de l’argent à ceux qui sont arrivés pour leur acheter encore des habits avec cela. L’agglomération de tant de radicaux dans un seul mot se fait par des apocopes de ces radicaux.

La souche basque n’a qu’un type, aujourd’hui refoulé entre les Pyrénées et le golfe de Biscaye. Comme les langues américaines, le basque présente d’une façon remarquable le phénomène de l’incorporation. La déclinaison s’y fait à l’aide de postpositions, comme dans les langues tatares.

AGGLUTINATEUR, TRICE adj. (a-glu-ti-na-teur, tri-se — rad. agglutiner). Méd. Qui a la propriété d’agglutiner : Travail agglutinateur. Faculté agglutinatrice.

AGGLUTINATIF, IVE adj. (a-glu-ti-na-tif, i-ve — rad. agglutiner). Se dit des substances emplastiques, qui favorisent la réunion des bords des plaies simples, en les maintenant rapprochées : Les emplâtres agglutinatifs sont fréquemment employés après les amputations des membres et l’ablation des tumeurs. (Cloquet.)

Bandelettes agglutinatives ou Emplâtres agglutinatifs, Petites bandes de toile forte, coupées à droit fil et enduites de diachylon ou de toute autre substance analogue, dont on se sert pour tenir rapprochés les bords d’une plaie, ou pour maintenir plusieurs pièces d’un appareil quelconque.

— Substantiv. Un agglutinatif, des agglutinatifs. Syn. d’agglutinant : Le taffetas d’Angleterre est un des agglutinatifs les plus employés pour les plaies de peu d’importance.

AGGLUTINATION s. f. (a-glu-ti-na-si-on — rad. agglutiner). Méd. Action d’agglutiner, de s’agglutiner, réunion de parties accidentellement divisées : L’agglutination est la première période de l’adhésion des plaies. (Cloquet.)

— Par ext. Se dit de toutes choses qui se réunissent, se collent les unes aux autres : Il se frotta vivement les mains l’une contre l’autre, pour réduire en poussière les agglutinations de sa potée. (L. Gozl.)

— Linguist. Procédé par lequel un ou plusieurs mots, étant dans un rapport de dépendance avec un autre mot, s’introduisent, à l’aide de modifications, dans le corps de ce mot, ou se joignent à lui pour former un mot unique : Les langues américaines portent au plus haut degré le caractère de langues d’agglutination. (Maury.) L’agglutination dut être le procédé dominant du langage des premiers hommes. (Renan.) Le présent copte se forme par l’agglutination au pronom en tête de la racine verbale. (Renan.) || V. Agglutinant, adj.

AGGLUTINÉ, ÉE (a-glu-ti-né) part. pass. du v. Agglutiner. Chirurg. Réuni, recollé : Lèvres d’une plaie agglutinées.

— Bot. Se dit de certains organes collés entre eux comme avec de la glu, de manière cependant à pouvoir être détachés sans déchirure, comme dans les utricules du pollen chez quelques orchidées.

— Par ext. Se dit des choses réunies, jointes entre elles : La corne que le rhinocéros porte sur le nez n’est qu’un amas de poils agglutinés et durcis par le temps. (Bouillet.)

— Linguist. Langues agglutinées, Langues qui procèdent par voie d’agglutination : Les langues de l’Amérique du Nord sont agglutinées. (Littré.)

AGGLUTINER v. a. ou tr. (a-glu-ti-né — lat. agglutinare, même sens ; de ad, à ; glutinum, colle). Chirurg. Réunir, recoller des parties contiguës, accidentellement divisées.

S’agglutiner, v. pr. Se recoller, se rejoindre : Les lèvres de la plaie s’agglutinent, commencent à s’agglutiner.

— Linguist. Se joindre par agglutination : Quelques monosyllabes parasites, qui s’agglutinent au commencement des mots, tiennent lieu de flexion finale. (Renan.)

AGGRAVANT (a-gra-van) part. prés. du v. Aggraver : S’il s’agissait de vos enfants, vous sauriez bien deviner ce qui les gêne, disait-il à sa femme, en aggravant l’injustice de ces paroles par le ton aigre et froid dont il les accompagnait. (Balz.)

AGGRAVANT, ANTE adj. (a-gra-van, an-te — rad. aggraver). Qui rend plus grave, plus dangereux : Symptômes aggravants dans le cours d’une maladie.

— Se dit particul., en droit crimin., de ce qui ajoute à la gravité d’une faute, d’un délit, d’un crime : Tout ce qui était aggravant dans son affaire a été soigneusement caché. || Circonstance aggravante, Qui ajoute à un délit un degré de criminalité, par oppos. à circonstance atténuante, qui, au contraire, en diminue la gravité : Dans l’assassinat, la préméditation est la plus forte circonstance aggravante. Les circonstances aggravantes du vol qualifié sont l’escalade et l’effraction. Les malfaiteurs de profession connaissent toutes les circonstances aggravantes des délits. (Dumont.) || Par anal. Se dit dans le langage ordinaire : Vous épousez, grande faute ; vous avez atteint la cinquantaine, circonstance aggravante. Elle devina les circonstances aggravantes que son mari celait encore, et les lui ayant arrachées par la ruse, elle entra dans une juste colère contre lui. (G. Sand.)

— Théol. Circonstance aggravante, Celle qui rend le péché plus grief sans en changer la nature : Insulter quelqu’un est un péché aux yeux de la religion ; il y a circonstance aggravante si l’insulte s’adresse à un père, à une mère, etc.

Antonyme. Atténuant.

AGGRAVATION s. f. (a-gra-va-si-on — rad. aggraver). Dr. crim. Chose qui rend plus grave un délit, un crime : Cette circonstance est une aggravation. || Aggravation de peine, Augmentation de peine, ce qu’on ajoute à une condamnation.

— Accroissement, augmentation, en parlant de droits, de charges, etc. : On se plaignait beaucoup, dans les ports du Nord, des aggravations de droits mises par les inspecteurs des domaines sur les marchandises européennes. (Journ.) || Tout ce qui rend pire l’état d’une chose : Se taire, dissimuler, s’étourdir, tous ces palliatifs de la faiblesse ou du crime ne seront jamais que de fatales aggravations. (Mirab.) Mais ce rêve revint avec des aggravations qui le lui rendirent excessivement redoutable. (Balz.) J’eus bientôt deviné l’aggravation que le désœuvrement du comte avait apportée dans les peines de sa famille. (Balz.)

— Méd. Exacerbation, augmentation de la maladie : Le médecin avait trouvé plutôt une légère amélioration que de l’aggravation dans la marche des symptômes. (Balz.)

— Art vétér. Maladie qui survient aux pattes des chiens, et que l’on nomme aussi aggrave, aggravée et aggravement. V. Aggravée.

Antonyme. Atténuation.

AGGRAVE s. f. (a-gra-ve — rad. aggraver). Droit can. Anathème prononcé autrefois par l’official contre celui que l’excommunication n’avait pas amené à soumission, et qui le privait de tout usage de la société religieuse : Pendant la fulmination de l’aggrave, on sonnait les cloches, et les membres du clergé éteignaient les cierges et les jetaient à terre. (Bachelet.)

— Art vétér. Syn. d’aggravée.

AGGRAVÉ, ÉE (a-gra-vé) part. pass. du v. Aggraver. Rendu, devenu plus grave : Une faute aggravée. Son crime est aggravé par toutes ces circonstances. (Trév.) À un délit aggrave correspond une peine aggravée. (Dumont.) || Augmenté d’intensité, rendu plus fâcheux, plus insupportable : Le joug de Jérusalem est aggravé. (Boss.) Les malheurs domestiques dont j’ai souffert ne peuvent être aggravés ni adoucis par la publicité. (G. Sand.) || Appesanti, en parlant de l’effet produit par le sommeil : Moi, feignant de me sentir aggravé de sommeil, je me retire dans ma chambre. (P.-L. Cour.)

Je suis tant aggravé de somme et de paresse !
Regnard.


Ce sens a vieilli.

— Art vétér. Se dit d’un chien atteint de la maladie appelée aggravée.

AGGRAVÉ s. m. Droit can. Celui contre lequel, on avait fulminé la censure appelée aggrave : Au moyen âge, l’aggravé était un objet d’horreur et d’abomination.

AGGRAVÉE s. f. (a-gra-vé). Art vétér. Maladie du pied du chien, qui consiste dans l’inflammation du réseau vasculaire situé sous l’épiderme dont les tubercules plantaires sont recouverts. || Cette maladie s’appelle aussi aggrave, aggravation, aggravement. Mais aggravée est l’expression la plus usitée.

Encycl. Cette affection est produite par la fatigue de la chasse, une longue marche sur des terrains pierreux, couverts de neige ou de glace. La patte se gonfle, devient douloureuse ; l’appui sur le sol est difficile ; parfois des crevasses apparaissent à la surface plantaire, ou bien l’on voit des ampoules se montrer. L’aggravée n’est pas un pronostic bien grave ; le repos suffit ordinairement pour, qu’elle disparaisse. Dans le cas où l’inflammation est violente, on a recours aux astringents pour la faire avorter ; en outre, la saignée à la jugulaire est utile s’il y a fièvre de réaction. Les abcès qui se montrent quelquefois à la suite de l’aggravée réclament les mêmes traitements que dans les autres parties du corps.

AGGRAVEMENT s. m. (a-gra-ve-man — rad. aggraver). État d’une chose aggravée. Syn. à peu près inusité d’aggravation.

— Méd. vétér. Syn. d’aggravation.

AGGRAVER v. a. ou tr. (a-gra-vé — lat. aggravare, même sens ; de ad, à ; gravis, pesant). Rendre plus lourd, plus pesant : Et comment connaîtrions-nous les substances spirituelles, ayant un corps qui nous aggrave et nous abaisse vers la terre ? (Pasc.) Pourquoi aggravez-vous votre fardeau ? (Boss.) || Ce sens a vieilli.

— Augmenter : Pourquoi aggraver les charges de l’État ? On n’a pas encore aggravé les impôts ? (Mirab.) L’octroi aggrave la misère du pauvre en enchérissant le prix de tout ce qui concourt à sa subsistance. (E. de Gir.)

Monsieur de Priégo, comme noble du roi,
A grand tort d’aggraver les charges de l’Espagne.
V. Hugo.


|| Augmenter la gravité d’une faute, d’un délit, d’un crime, etc. ; rendre une condamnation plus rigoureuse : Vous ne devez pas aggraver la peine prononcée par la loi. (Acad) Les circonstances aggravent le péché. (Pasc.) Ce fut un nouveau scandale qui réveilla et aggrava le premier. (St-Sim.) Il ne faut souvent qu’aggraver sa faute pour échapper au châtiment. (J.-J. Rouss.) Souvent on aggrave ses torts par la manière dont on les excuse. (Boiste.) Les peines afflictives sont très variables ; on les modère, on les aggrave comme on veut. (Dumont.)