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l’agave d’Amérique. C’est vers le milieu du xvie siècle que cette espèce fut introduite en Europe, où elle s’est répandue depuis. La souche de cet agave porte une touffe de feuilles longues souvent de plus de 2 mètres, larges et épaisses ; convexes en dessous, creusées en gouttière en dessus, d’un vert glauque, à bords garnis d’épines d’un brun noirâtre, très-fortes, et se terminant par une pointe noire, longue, recourbée, et très-acérée. Quand le moment de la floraison est arrivé, on voit sortir de ces feuilles une hampe qui présente d’abord l’aspect d’une énorme asperge ; peu à peu elle se développe, atteint une hauteur de plusieurs mètres, et sa partie supérieure se divise en un grand nombre de rameaux étalés, un peu relevés à leur extrémité ; ils portent des fleurs d’un jaune verdâtre, souvent au nombre de plusieurs milliers, et dont les étamines sont longuement saillantes. L’ensemble figure un gigantesque candélabre d’un très-bel effet. Ordinairement, cette floraison luxuriante épuise la plante, qui ne tarde pas à périr ; mais la souche produit de nombreux rejetons destinés à propager l’espèce. On parvient d’ailleurs à prolonger son existence, en coupant la hampe immédiatement après la floraison.

Originaire de l’Amérique du Nord, et particulièrement du Mexique, cette plante est depuis longtemps naturalisée dans le midi de l’Europe et sur tout le littoral de la Méditerranée. L’agave vient à peu près dans tous les sols, et se propage très-facilement par graines ou par rejetons. Toutefois, à mesure qu’il avance vers le nord, il lui faut une exposition abritée et de plus en plus chaude ; arrivé à une certaine limite, il doit être rentré en orangerie durant l’hiver. Mais, sous un climat méridional, il végète avec vigueur et acquiert un grand développement. On a dû chercher de bonne heure à tirer parti d’une plante aussi peu exigeante et d’une culture si facile. Dans la région méditerranéenne, on trouve des haies impénétrables formées d’agaves et de cactus ; il y a toujours là un certain nombre d’agaves qui fleurissent en même temps, et contribuent à donner aux paysages de cette région un caractère tout particulier. Dans le nord, les floraisons sont beaucoup plus rares. De là l’opinion, aussi fausse que généralement répandue, que l’aloès (on veut dire l’agave) ne fleurit que tous les cent ans. L’agave est employé surtout comme plante textile. Ses fibres, longues, fortes et solides, après avoir été d’abord débarrassées, par divers procédés, du parenchyme qui les entoure, puis lavées, battues et peignées comme le chanvre, sont d’un usage assez répandu en Espagne et en Algérie, où on les désigne sous le nom de fil d’aloès ; on en fait des cordes, des filets, des nattes, des toiles d’emballage, des bourses, des pantoufles et d’autres ouvrages. On a même tenté à Paris des essais qui ont donné de bons résultats. Au Mexique, où cette plante est commune, les feuilles servent à couvrir les maisons ; on les emploie aussi pour le chauffage, et leurs cendres sont excellentes pour la lessive. On fait une sorte de savon avec le suc extrait de ces mêmes feuilles.

Les Mexicains font fermenter dans des jarres de terre la sève de l’agave d’Amérique, et en tirent une boisson alcoolique nommée pulque, dont ils estiment beaucoup la saveur aigrelette. — Il existe plusieurs pieds d’agave au Jardin d’acclimatation de Paris.

AGAVÉ, ÉE adj. (a-ga-vé — rad. agave). Bot. Qui ressemble à l’agave. || s. f. pl. Tribu d’amaryllidées, qui ne renferme que le genre agave.

AGAVÉ, fille de Cadmus, mère de Penthée, qu’elle déchira dans un accès de démence dont elle avait été frappée par vengeance de Bacchus, pour avoir calomnié Sémélé.

AGAVUS, fils de Priam. Il est représenté dans l’Iliade comme un agile danseur et un habile voleur de troupeaux.

AGDE, ch.-lieu de cant., arrond. de Béziers (Hérault) ; à 1 kil. de la mer ; popul. aggl. 8,617 hab. ; popul. tot. 9,747 hab. Cathédrale remarquable, des xe et xiie siècles. Ville ancienne, fondée par les Phocéens. Cabotage très-actif, école de navigation, tribunal de commerce.

AGDESTIS s. m. (ag-dè-stiss). Bot. Arbuste indigène de l’Amérique méridionale, à fleurs roussâtres.

AGDISTIS, (ag-diss-tiss). Myth. Monstre hermaphrodite, né de Jupiter et du rocher Agdos.

AGDOS (ag-doss). Myth. Rocher de Phrygie, duquel Deucalion et Pyrrha détachèrent les pierres qu’ils jetèrent derrière eux pour repeupler le monde.

ÂGE s. m. (à-je — Ce mot est un de ceux qui, pour arriver à leur forme actuelle, ont subi le plus grand nombre de changements. Sa première origine est le mot grec aiòn, âge, lequel a servi à former les mots lat. œvum, œvitas, et, par contr. œtas. En passant dans la langue romane, ce dernier est devenu, par une permutation toute naturelle de dentales, édet, éded, édé, et s’est enfin réduit à cette double voyelle, éé, comme le prouvent les deux exemples suivants :

Quant ele vient en tel éé
Que nature forme beauté,
En Bretaigne ne fu si bele
Ne tant curteise dameisele.
Marie de France.
D’éé e d’anz e de joez pleins.
Chron. des ducs de Norm.


Il était assez difficile qu’un mot d’un si fréquent usage conservât une forme aussi concrète, incompatible avec la nature des langues néo-latines ; on y ajouta donc une terminaison, et il passa par ces phases successives : éage, aage et âge, de sorte que le radical a complètement disparu. Pour faire mieux comprendre cette singularité de linguistique, nous dirons que ce suffixe age, ajouté à un radical trop élémentaire, est très-fréquent dans notre langue, surtout lorsqu’il s’agit de caractériser une idée collective : usage pour us, nuage pour nue, dommage pour dam, visage pour l’anc. mot vis, etc.). Durée ordinaire de la vie : L’âge de l’homme ne passe pas communément quatre-vingts ans. (Acad.) Gardons-nous de parler de l’âge des premiers rois ou dieux d’Égypte : ils vivaient des douze cents ans. (Volt.) || Nombre d’années que l’on a vécu, temps qui s’est écoulé depuis la naissance jusqu’au moment où l’on parle ou dont on parle : Fontenelle mourut à l’âge de cent ans. La chair prend toujours plus de dureté à mesure qu’on avance en âge. (Buff.) Le secret de leur âge est un secret que les dames gardent inviolablement, et je crois que c’est le seul. (Fonten.)

Eh ! quel âge avez-vous ? Vous avez bon visage.
Racine.
On a l’âge, après tout, qu’on porte sur son front.
E. Augier.
Certes, vous vous targuez d’un bien faible avantage,
Et vous faites sonner terriblement votre âge.
Molière.
C’est un étrange fait du soin que vous prenez
À me venir toujours jeter mon âge au nez.
Molière.
Quand on devient âgé, c’est l’ordinaire usage
De vouloir se cacher la moitié de son âge.
Poisson.

— En poésie, la vie, l’existence :

Qu’il pouvait doucement laisser couler son âge !
La Fontaine.
J’ai consumé mon âge au sein de l’Amérique.
Voltaire.

— Chacun des différents degrés de la vie de l’homme : Tous les âges, tous les états changent quelque chose en nous. (Boss.) La modestie est de tous les temps et de tous les âges. (D’Aguess.) Ne déplaçons pas plus les âges que les saisons. (J.-J. Rouss.) Vous êtes dans l’âge critique où l’on se détermine pour toute la vie, soit en bien, soit en mal. (J.-J. Rouss.) Chaque âge a ses ressorts qui le font mouvoir. (J.-J. Rouss.) L’éducation est de tous les âges ; elle commence et elle finit avec nous. (St-Marc-Gir.)

Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs.
Boileau.
Ces secrets, mon enfant, ne sont point de ton âge.
Alex. Duval.
De nos princes hébreux il aura le courage,
Et déjà son esprit a devancé son âge.     Racine.
La beauté passe,
Le temps s’efface,
L’âge de glace
Vient à sa place.          Molière.


|| Dans ce dernier sens, est souvent déterminé par un complément qui en précise le sens : L’âge des plaisirs. On ne pleure jamais tant que dans l’âge des espérances. (Rivar.) Quarante ans est l’âge des folies, l’âge où l’homme veut être aimé pour lui. (Balz.)

— Avancement dans la vie : Une coquette oublie que l’âge est écrit sur le visage. (La Bruy.) L’âge diminue nos agréments en nous laissant nos défauts. (Lévis.) Ses yeux brillants jetaient ce courage et ce feu que l’âge n’abat point. (Balz.) L’âge nous flétrit en nous enlevant une certaine vérité de poésie qui fait le teint et la fleur de notre visage. (Chateaub.)

Vous perdez le respect ; mais je pardonne à l’âge.
Corneille.

— Absol. et collectiv. Personnes de tout âge : Alors commence une guerre effroyable : ni l’âge ni le sexe ne sont épargnés. (Lamenn.)

... Le fer ne connaît ni le sexe, ni l’âge.
Racine.

— Se dit aussi des animaux, en parlant du temps, du cours de leur vie, du nombre d’années pendant lesquelles ils ont vécu : L’âge des chevaux n’est guère que de trente ans. (Acad.)

Un long âge blanchit la carpe centenaire.
Delille.
Mais dès que le long âge
Eut glacé le pauvre animal,
La même cuisine alla mal.     La Fontaine.

— Par anal., on l’applique aux végétaux : L’âge d’un chêne, d’un hêtre. Le peuplier le plus élevé n’est pas toujours celui qui a le plus d’âge. Mon frère est de l’âge du grand cocotier de la fontaine. (B. de St-P.) || Se dit aussi de la durée des monuments, des grands édifices : L’âge des monuments phéniciens qui nous sont parvenus est fort douteux. (Renan.) L’âge archaïque est celui des plus anciens monuments. (Renan.) || En parlant des sciences, des lettres, des arts, chacun de leurs différents états, à différentes époques : Les quatre âges de la littérature. C’était alors, pour la peinture, lâge de la décadence. C’était alors le bel âge de la géométrie. (Volt.) || Durée de certaines choses ; temps où elles ont existé : Les âges vraiment philosophiques ont été les âges religieux. (E. Alaux.) Cette époque est l’âge glorieux de l’éloquence politique chez les Anglais. (Villem.)

— Siècle, temps, époque, génération : Il fut le véritable héros de son âge. C’est le seul poëte de notre âge. À vous entendre, vous devez être le modèle de votre âge. (Boss.) Le genre humain d’un âge n’est pas le genre humain d’un autre âge. (J.-J. Rouss.) Nos âges ne sont pas déshérités de ces âmes généreuses capables de s’immoler au bonheur public. (Virey.) Les âges vont au nivellement général, mais ils ne hâtent pas leur marche à l’appel de nos désirs. (Chateaub.) Il offrait en lui la loyauté des anciens jours et l’aménité des mœurs du nouvel âge. (Chateaub.) Notre âge, si pauvre de grandes choses, n’est pas plus déshérité qu’un autre de bonnes et belles âmes. (Renan.) On peut retrouver, dans les différentes contrées habitées par l’homme, les âges divers que nous voyons échelonnés dans son histoire. (Renan.)

Ne pourrons-nous jamais, sur l’océan des âges,
    Jeter l’ancre un seul jour !     Lamartine.
Moi, je rends grâce à la nature sage
Qui, pour mon bien, m’a fait naître en cet âge
Tant décrié par nos tristes frondeurs.
Voltaire.


|| Un certain nombre, un nombre déterminé de siècles : La durée du monde est divisée en plusieurs âges. (Acad.) Dans ce premier âge du monde, les hommes se laissèrent emporter à toutes sortes de désordres. (Pasc.) || Chacune des diverses périodes qui composent l’existence des peuples : Les nations, comme les individus, ont des âges différents ; les principes qui les régissent ont des phases successives. (Lamart.) Les Américains n’ont point parcouru les degrés de l’âge des peuples, ils ont laissé en Europe leur enfance et leur jeunesse. (Chateaub.)

— Le mot âge entre dans un grand nombre de locutions en quelque sorte consacrées ; en voici l’énumération : Le bas âge, le jeune âge, le premier âge, l’âge tendre, L’enfance : Alexandre mourut laissant un frère imbécile et des enfants en bas âge. (Boss.) || Âge de raison, Époque où l’enfant commence à acquérir la notion du bien et du mal : Dans l’Église catholique, la confession devient obligatoire à l’âge de raison. || Le bel âge, la fleur de l’âge, La jeunesse : Le bel âge n’est qu’une fleur qui passe. (Fén.) Souviens-toi que le bel âge n’est qu’une fleur qui sera presque aussitôt séchée qu’éclose. (Fén.) C’est à cette époque, si bien nommée la fleur de l’âge, que les deux sexes éprouvent l’un vers l’autre ce besoin impérieux de se rapprocher. (Renauld.) Charles VIII est mort à la fleur de son âge, reprit le roi. (Balz.)

Que mon bel âge a fui d’un vol léger !
Malfilatre.


|| C’est un bel âge, Se dit aussi d’un âge avancé : Quatre-vingts ans, c’est un bel âge. || Âge d’homme, Celui où le corps humain a pris tout son développement, la virilité : Cet enfant n’arrivera pas à l’âge d’homme. || Se dit aussi, par compar., des animaux et même des choses, mais en parlant d’une vie entièrement remplie : On dit que la corneille vit trois âges d’homme. (Acad.). Ces deux monarchies n’ont pas duré âge d’homme. (Villem.) || Âge adulte, Période de la vie dans laquelle le corps, après avoir acquis tout son développement, reste à l’état stationnaire. || Âge nubile, Âge où l’on est physiologiquement apte à contracter mariage. Se dit principalement des jeunes filles. || Âge de puberté, Époque à laquelle les garçons et les filles sont nubiles, où les parties génitales prennent tout leur développement : La femme arrive plus tôt que l’homme à l’âge de puberté. (Acad.) Âge viril, Âge où l’homme est parvenu à toute sa force physique : La caducité, qui suivra, nous fera regretter l’âge viril.

L’âge viril, plus mûr, inspire un air plus sage.
Boileau.


|| Âge mûr, Celui où les facultés physiques, intellectuelles et morales ont acquis tout leur développement : Le malheur pèse moins à la jeunesse qu’à l’âge mûr. (St-Marc Gir.) L’âge mûr est âpre, aride, occupé ; les rivalités et les ambitions, les passions sèches nous envahissent. (Ste-Beuve.) L’âge mûr est celui des vastes et profondes connaissances. (St-Mart.)

L’âge mûr, à son tour, solstice de la vie,
S’arrête, et sur lui-même un instant se replie.
Delille.


|| Âge critique, Époque de la disparition définitive des règles chez la femme. On dit aussi retour d’âge. || Âge avancé, La vieillesse : On ne recueille dans un âge avancé, que ce qu’on a semé les premières années de sa vie. (Mass.) Il a eu dans un âge avancé toute la vigueur de la jeunesse. (Fléch.) Il n’a rien d’un âge avancé que l’expérience et la sagesse. (J.-J. Rouss.) Il n’est point d’âge si avancé où l’on ne puisse se donner au Seigneur. (Bridaine.) Les entreprises difficiles ne sont pas du goût de l’âge avancé. (Poujoulat.) || Le déclin de l’âge, Le commencement de la caducité : Nestor, dans le déclin de l’âge, se plaisait trop à raconter. (Fén.)

Qu’il est beau d’employer le déclin de son âge.
Comme le grand Virgile employa son printemps !
Voltaire.


|| Âge moyen, La durée moyenne de la vie : L’âge moyen pour l’homme est de trente-trois ans. || Moyen âge, Âge intermédiaire de la vie :

Un homme de moyen âge,
Et tirant sur le grison,
Jugea qu’il était saison
De penser au mariage.     La Fontaine.


|| Président d’âge. Celui qui, au moment où une assemblée se forme, la préside, parce qu’il est le plus âgé. || Être entre deux âges, N’être ni jeune, ni vieux : C’est un homme entre deux âges, qui est encore en état de rendre une femme heureuse. || Un certain âge, Un âge qui touche à la vieillesse : Il est déjà d’un certain âge. La dévotion vient à quelques-uns, et surtout aux femmes, comme une passion ou comme le faible d’un certain âge. (La Bruy.) || Être sur l’âge, Être d’un âge un peu avancé : Quoique père de famille et déjà sur l’âge il s’obstina à rester sur le pont. (Chateaub.) || Être sur le retour de l’âge, Se dit de l’homme et de la femme, pour exprimer qu’on touche à la vieillesse. || Être d’âge à, en âge de, Avoir un âge qui permet de : Ils assemblent les hommes en âge de combattre. (Fén.) Il faut songer à vous établir, vous êtes en âge de vous marier. (Le Sage.) Songez que je suis d’âge à donner des conseils. (D. Hinard.) || Être à un âge, Avoir l’expérience, la raison que donne l’âge : Nous sommes à un âge, l’un et l’autre, auquel on sait ce que parler veut dire. (Balz.) || Être de son âge, avoir l’esprit de son âge, Se conduire comme il convient à l’âge que l’on a, n’avoir pas les goûts d’un autre âge :

Qui n’a point l’esprit de son âge,
De son âge a tout le malheur.     Voltaire.


|| Se dit aussi des choses qui conviennent ou qui ne conviennent plus à la personne : Les rubans roses sont de votre âge. Le bal n’est plus de votre âge. || Ne pas paraître son âge, Ne pas paraître avoir l’âge qu’on a réellement. || Bien porter son âge, Être encore vert ; ne pas sentir le poids des années : Il avait alors environ soixante-sept ans, et portait alertement son âge. (Balz.) || Cette locut. signifie aussi Avoir réellement l’âge que l’on paraît avoir : Ce jeune homme a vingt-cinq ans, il porte bien son âge. || D’âge en âge, loc. adv. Successivement, de siècle en siècle ; de génération en génération : Son nom ira d’âge en âge à la dernière postérité. (Acad.) Ces grandes traditions se transmettaient ainsi d’âge en âge. (Boss.)

Que votre nom soit chanté d’âge en âge ;
Qu’il soit toujours l’objetde nos accents.
Cantique.

Âge du lait, Temps écoulé depuis les couches d’une nourrice : Quel âge a votre lait ? Je ne sais si l’on ne devrait pas faire un peu plus d’attention à l’âge du lait. (J.-J. Rouss.)

— Chronol. Âge du monde, Temps qui s’est écoulé depuis que le monde est créé : L’âge du monde, selon la tradition de l’Église catholique, est de cinq mille huit cent soixante-huit ans. On parlait un jour de l’antiquité du monde dans un repas où se trouvait Voltaire ; il écouta paisiblement tous les convives, et termina la dispute par ce mot : « Pour moi, dit-il, je crois, que le monde ressemble à une vieille coquette qui déguise son âge. »

Cheval de bon âge. Qui n’est ni trop jeune, ni trop vieux. || Cheval hors d’âge, Qui n’a plus aux dents les marques par lesquelles on reconnaît l’âge des chevaux.

— Relig. chrét. Âge de la loi de nature, Temps qui s’est écoulé depuis Adam jusqu’à Moïse. || Âge de la loi, Celui qui s’est écoulé depuis Moïse jusqu’à Jésus-Christ. || Âge de la loi de grâce, Celui qui s’est écoulé depuis Jésus-Christ jusqu’aujourd’hui.

Moyen âge, Période historique placée entre les temps anciens et les temps modernes ; c’est le temps qui s’est écoulé depuis 395 jusqu’en 1453, c’est-à-dire depuis la division de l’empire romain en empire d’Orient et en empire d’Occident, jusqu’à la prise de Constantinople par Mahomet II : Le peuple ne mangeait pas la moitié de son besoin durant les guerres d’invasion du moyen âge. (Volt.) Le moyen âge n’est pas l’école du style proprement dit, mais c’est le temps de l’expression pittoresque, de la pénitence naïve ; de l’invention féconde. (Chateaub.) Après avoir blasphémé, dédaigné le moyen âge, on se met aujourd’hui à l’étudier avec ardeur, avec passion. (V. Cousin.) L’Église catholique était l’âme et la lumière du moyen âge, le bienfaisant contre-poids de la fortune et de la puissance, le refuge toujours, et quelquefois le marchepied de la pauvreté fière et du mérite roturier. (V. Cousin.) Le moyen âge est pour les temps modernes ce que l’âge héroïque était pour l’antiquité. (Renan.)

— Astron. Âge de la lune, Nombre de jours écoulés depuis l’époque de la dernière nouvelle lune jusqu’à celui dont il s’agit, et qui se détermine à l’aide de l’épacte de l’année.

— Jurispr : Nombre d’années requis par les lois pour certains actes, pour certaines fonctions de la société civile : Tous les peuples civilisés ont eu des lois qui précisaient l’âge auquel les citoyens prenaient place dans la cité, et devenaient capables des actes de la vie civile. (Encycl.) Saladin réfléchissait beaucoup, parlait peu, repoussait tous les plaisirs, et ne voyait arriver qu’avec peine le moment où son âge le forcerait à prendre les armes. (Mme Cottin.) || Dispense d’âge, Autorisation de faire une chose, d’exercer certains droits avant l’âge prescrit par les lois. La majorité n’arrive qu’à vingt et un ans en France, mais le conseil de famille peut émanciper un jeune homme à l’âge de dix-huit-ans.

— Eaux et for. Âge d’un bois, d’un taillis, Temps qui s’est passé depuis la dernière coupe. || Âge d’un arbre, Nombre d’années de sa pousse, que l’on reconnaît à la quantité de cercles que présente sa coupe transversale. — Pour les arbres fruitiers, l’âge se reconnaît aux bourrelets placés aux différentes tailles.

ÂGE s. m. (â-je). Agric. Pièce de bois ou