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lièrement à un menuisier, en parlant des outils qui se composent d’un bois nommé fût et d’un fer ajusté : Les outils à moulure ne sont pas compris dans l’affûtage. (Lenorm.)

— Papet. Le châssis des formes.

— Chapell. Façon que le chapelier donne à un vieux chapeau.

— Se disait ancienn. de l’action d’affûter un canon.

AFFÛTÉ, ÉE (a-fu-té) part. pass. du v. Affûter. Aiguisé, rendu plus tranchant. : Outils mal affûtés. || Qui est pourvu de tous ses outils : Un ouvrier bien affûté.

— Pop. Fin, rusé, adroit. V. Futé.

— Artill. Mis sur son affût en mire, en parlant d’un canon : Les canons étaient affûtés et tout prêts à tirer. Vieux.

— Blas. Se dit d’un canon dont l’affût est d’un émail différent. Famille Bombarde de Beaulieu : d’azur, au canon d’or affûté de gueules, accompagné en chef d’une fleur de lis d’argent.

AFFÛTER v. a. ou tr. (a-fu-té — rad. fût). Aiguiser un outil, en réparer le tranchant ; tailler la pointe d’un crayon ; donner du mordant à une scie, etc. : Affûter un ciseau. Les graveurs affûtent leur burin. (Lav.) || Absol. : La meule sur laquelle on affûte est une pierre siliceuse posée à plat. (Encycl.) || Ajuster les outils aux fûts qui servent à les maintenir dans la position la plus propre pour les rendre plus tranchants : Quand on affûte un rabot, une varlope et autre outil de ce genre, il faut avoir soin que le tranchant présente une ligne parfaitement droite et que les deux angles forment bien l’équerre. (Belèze.)

— Artill. Mettre sur l’affût, disposer pour tirer : Affûter un canon. || Vieux dans ce sens. On dit aujourd’hui mettre en batterie. || S’est dit, par ext., de toute autre arme à feu : Tantôt, caché dans le creux d’un aune chevelu, il affûtait son arquebuse entre deux branches. (H. Castille.)

— T. d’argot. Tromper.

S’affûter, v. pr. Être affûté : Ces outils ne peuvent plus s’affûter.

— Se mettre à l’affût, se cacher quelque part pour guetter : Dès que j’ai entendu venir mes hommes, je me suis affûté derrière un saule. (H. Castille.) || Fig. Se concerter, épier l’occasion de, être à l’affût : Ils s’affûtent pour nous jouer quelque tour. (Trév.) || Peu us. dans ces deux derniers sens.

Syn. Affûter, aiguiser. Aiguiser, c’est passer l’outil sur une meule tournante, et affûter, le passer sur une pierre posée à plat.

AFFÛTEUR s. m. (a-fu-teur — rad. affûter). Celui dont le métier est d’affûter, d’aiguiser les outils : C’est un bon affûteur.

— Celui qui est à l’affût pour chasser le gibier : L’affûteur courut quérir son arquebuse. (H. Castille.) Il faut toujours avoir soin de se poster au-dessous du vent, pour qu’il ne porte pas au gibier les émanations de l’affûteur. (Encycl.) Cependant quelques huttiers en affûteurs étaient arrivés avec leurs arquebuses de chasse. (H. Castille.) L’affûteur est le plus redoutable de tous les braconniers pour le garde et pour le gendarme. (Toussenel.) Les affûteurs sont connus comme des loups blancs dans toutes leurs communes. (Toussenel.) Je crois avoir parfaitement raison de demander que la loi applique à l’affûteur la même peine qu’au voleur de grand chemin. (Toussenel.)

— Techn. Espèce de lime à forme conique, dont les menuisiers se servent pour redresser leurs scies.

AFFÛTIAU s. m. (a-fu-ti-o — rad. affûter). Bagatelle, brimborion, affiquet ; se dit surtout au pl. et fam., de tout l’attirail dont on a besoin pour faire une chose : Donnez-moi tous vos affûtiaux. Emportez vos affûtiaux.

AFFÛT-TRAÎNEAU s. m. (a-fu-trè-no). Art milit. Sorte d’affût d’artillerie de montagne. || Plur. des affûts-traîneaux.

AFGHAN, ANE s. et adj. (af-gan, a-ne). Géogr. Habitant de l’Afghanistan ; qui concerne ce pays ou ses habitants : L’empire afghan. Les tribus afghanes. Les Afghans conquirent la Perse et prirent Ispahan, en 1722.

— s. m. Linguist. Idiome que parlent les tribus afghanes du Caboul et d’une partie de l’Indoustan septentrional.

AFGHANISTAN, contrée de l’Asie centrale habitée par les Afghans, entre l’Indoustan et la Perse ; environ 8,000,000 hab. Ce pays est traversé par des montagnes qui sont des ramifications de l’Himalaya. L’Indus en est le seul fleuve navigable ; villes principales : Caboul, Hérat, Candahar et Ghasnat ; animaux féroces, tels que le tigre, l’hyène, le chacal, etc. ; la religion est le mahométisme ; le commerce consiste surtout en exportations de chevaux, fourrures, châles, etc.

AFILAGER s. m. (a-fi-la-jé). Officier qui préside aux ventes publiques, en Hollande.

AFIN adv. (a-fain — du lat. ad, pour, vers ; finis, la fin). Exprime la tendance vers un but, la fin pour laquelle une chose se fait. — Suivi de la prép. de, il forme une locution prépositive et régit toujours l’infinitif : Afin de pouvoir direAfin d’obtenir cette grâce : Afin de vous tenir attentif à l’enchaînement des grandes affaires du monde, j’ai omis beaucoup de faits particuliers. (Boss.) Les Turcs, afin de montrer plus de déférence pour leur hôte, le faisaient voyager à petites journées. (Volt.) || Suivi de la conj. que, il forme une locution conjonctive qui régit toujours le subjonctif : Afin que vous sachiezCe livre est toujours sur le bureau, afin quon puisse le consulter. Dieu vous place au-dessus des autres, afin que vous soyez les pères des peuples. (Mass.) Montrez à Dieu toutes les plaies de votre cœur, afin quil les guérisse. (Fén.)

— Les locutions afin de et afin que expriment une idée synonymique parfaite quant au fond même de la pensée : Il faut voyager afin de vous instruire. Il faut voyager afin que vous vous instruisiez. La distinction n’est jamais qu’une question de forme, de consonance.

— La construction de certaines phrases exige, après afin, l’emploi alternatif de la prép. de et de la conj. que : Afin de juger plus sainement, et que nous ne pensions pas que… (Descartes.) Le marchand fait des montres pour donner de sa marchandise ce qu’il y a de pire ; il a le cati et les faux jours, afin dencacher les défauts et quelle paraisse bonne. (La Bruy.) || De même, on emploie afin-que et non pas afin de, toutes les fois qu’on veut mettre entre afin et le verbe qu’il régit une incidente : Charles XII projetait de passer l’hiver dans l’Ukraine, afin que, s’étant assuré de ce pays, il pût conquérir la Moscovie au printemps suivant. (Volt.)

Syn. Afin de, pour, afin que, pour que. Pour et afin de signifient l’un et l’autre qu’une chose est faite en vue d’une autre ; mais pour exprime l’intention d’une manière plus vague, plus faible ; afin de révèle plus expressément le dessein d’arriver à un certain but : Toutes les femmes se parent pour aller au bal ; mais, parmi elles, il y en a quelques-unes qui se parent afin de faire des conquêtes. On mange pour vivre ; mais, si l’on est malade, on use de certains aliments afin de rétablir sa santé. On se présente devant le prince pour lui faire sa cour ; on lui fait sa cour afin den obtenir quelque grâce. — Les locutions afin que et pour que présentent la même différence que afin de et pour. Pour que est moins précis, moins général que afin que : Le marchand d’étoffes donne des noms bizarres à ses tissus pour quils attirent l’attention, et il les étale avec art afin quils paraissent plus beaux.

Antonymes. De crainte, de peur.

AFIOUME s. m. (a-fl-ou-me). Comm. Lin du Levant extrêmement fin.

AFIOUM-KARA HISSAR (en turc, Forteresse noire de l’opium), ville de la Turquie d’Asie, Anatolie, à 280 kil. Est de Smyrne ; 50,000 hab. Anc. citadelle située sur un rocher presque inaccessible ; résidence d’un pacha gouverneur ; culture renommée de pavots à opium ; fabrication de feutres, lainages, cotons, d’armes à feu et d’armes blanches. Afioum est le grand entrepôt des caravanes entre Smyrne, Constantinople et le centre de l’Asie.

À FLOT loc. adv. (à flo). Mar : V. Flot.

A FORTIORI loc. adv. (a for-si-o-ri — sous-ent. ratione). Mots lat. qui signif. À plus forte raison. On les emploie avant la conséquence que l’on tire de certains raisonnements dans lesquels on conclut du moins au plus d’une chose moins évidente à une autre qui l’est davantage : Si je dois obliger mon cousin, a fortiori dois-je secourir, mon frère. (Acad.) Mais ce que je dis là des hommes s’applique aux femmes a fortiori. (E. Sue.) Le dépositaire de la vérité révélée, exerçant le ministère spirituel en vertu de l’institution divine, se regarde comme maître, a fortiori, de la société civile, parce que tout intérêt matériel doit être subordonné à l’intérêt spirituel : c’est le gouvernement théocratique. (J. Sim.) Les effets de la mort civile sont de dissoudre le mariage existant, et, a fortiori, de rendre incapable d’en contracter un nouveau. (Galerie de littér.) Après avoir différencié le savant, l’artiste et l’industriel, comme trois natures d’essences diverses, entre lesquelles il n’y avait de lien possible que par l’intermédiaire du théocrate ou du prêtre, M. Enfantin devait, a fortiori, différencier l’homme et la femme comme deux natures d’essences diverses, entre lesquelles aussi le prêtre androgyne servirait de lien. (P. Leroux.)

AFOUTH s. m. (a-foutt). Bot. Nom de plusieurs espèces de figuiers originaires de l’île de France.

AFRAGAR s. m. (a-fra-gar). Nom donné au vert-de-gris par les anciens alchimistes.

AFRANCESADOS s. m. pl. (a-fran-sé-za-doss — mot espag.). Hist. polit. Nom donné aux Espagnols qui, en 1808, se rallièrent à la cause de Joseph Bonaparte. || On les appelait aussi Josefinos.

AFRANIUS (Lucius), poëte comique latin, vivait 100 ans av. J.-C. ; abandonna le premier l’imitation grecque pour la peinture des mœurs romaines. Il ne reste de lui que de courts fragments.

AFRICAIN, AINE s. (a-fri-kain, è-ne). Géogr. Habitant de l’Afrique : Comment une femme, d’origine anglaise peut-elle être assez dénuée de pudeur pour se mêler à des Africaines ? (G. de Beaumont.)

Quoi ! ce nom d’Africain n’est-il donc qu’un outrage !
Ducis.

— adj. Qui appartient, qui est propre à l’Afrique et à ses habitants : Peuplade africaine. Mœurs africaines. Le capitaine enivré colla ses lèvres ardentes à ces belles épaules africaines. (V. Hugo.)

AFRICANISME s. m. (a-fri-ka-ni-sme — rad. Africain). Nom donné à certaines locutions qu’ont employées des auteurs latins nés en Afrique : Cet auteur est plein d’africanismes. On trouve de nombreux africanismes dans saint Augustin.

AFRICUS s. m. (a-fri-kuss — mot lat. signif. africain). Vent du sud-ouest, qui souffle d’Afrique. N’est usité qu’en poésie, où on le personnifie :

Bientôt le cruel Africus,
Ouvrant ses ailes redoutables,
S’éveille aux cris épouvantables
De la maîtresse de Glaucus.      De Bernis

Épithètes. Noir, cruel, humide, nébuleux, pluvieux, fougueux, redoutable, terrible, pestilentiel, contagieux, mortel.

AFRIQUE, autrefois Libye, une des cinq parties du monde, vaste presqu’île triangulaire, qui ne tient à l’Asie que par l’isthme de Suez, qu’on travaille aujourd’hui à percer ; 8,000 kil. de longueur sur 7,500 de largeur ; superficie 29,700,000 kil. carrés, environ trois fois la surface de l’Europe.

Le mot Afrique est le nom latin, le mot Libye le nom grec. Le premier vient des Berbers Awrigha (Africani ou Afri), qui habitaient le territoire de Carthage, et dont le nom fût appliqué par les Romains non-seulement à la province qui fut leur première conquête en Afrique, mais par extension au continent tout entier. Le mot Libye vient des Berbers Lewata (Léhabim de Moïse, Loubim des prophètes) sur le territoire desquels les Grecs établirent leur première colonie africaine.

L’Afrique est bornée au nord par la Méditerranée, à l’ouest par l’océan Atlantique, au sud par le grand Océan, à l’est par la mer des Indes, et au nord-est par la mer Rouge. Principales contrées : Au nord, l’Algérie, les régences de Tunis et de Tripoli, l’empire de Maroc, l’Égypte et le Sahara ou grand Désert ; au milieû la Sénégambie, la Guinée septentrionale, la Nigritie ou Soudan, la Nubie, l’Abyssinie, l’Adel et l’Ajan ; au sud, la Guinée méridionale, le pays des Hottentots, le gouvernement du Cap, la Cafrerie, le Monomotapa, le Mozambique, le Zanguebar, une vaste contrée intérieure, qui est inconnue, et l’île de Madagascar. Îles : dans l’océan Indien : Socotora, les Seychelles, les Comores, Madagascar, l’île Maurice, autrefois île de France ; l’île de la Réunion, autrefois Bourbon ; — dans l’océan Atlantique : Ste-Hélène, St-Mathieu, Annobon, St-Thomas, du Prince, Fernando-Pô, les îles du cap Vert ; les Canaries, les îles Madère et les Açores. Fleuves : le Nil, le Niger, le Zaïre, le Sénégal, la Gambie, l’Orange et le Zambèze. Montagnes : l’Atlas, les monts de Kong, de la Lune, Niewevel et Lupata. Golfes : de la Sidre, de Cabès, de Guinée et Arabique. Détroits : de Gibraltar, de Mozambique et de Bab-el-Mandeb. Caps : Bojador, Blanc, Vert, Bon, des Trois-Palmes, Lopez, Negro, Frio, de Bonne-Espérance, des Courants, Guardafui, d’Ambre, Ste-Marie. Lacs : Tchad, Dembéa, Maravi.

L’Afrique, se trouvant presque en entier sous la zone torride, a un climat très-chaud ; elle produit une grande quantité d’or en poudre  ; le fer abonde dans l’Afrique méridionale ; il y a des émeraudes au sud-est de l’Égypte. Les productions sont : le palmier, le bananier, la canne à sucre, le cotonnier, le figuier, le riz, l’ébène, le bois de santal, le baobab ; au nord du Sénégal, de vastes forêts d’acacias fournissent la gomme arabique au monde entier ; les bords de la Méditerranée ont l’oranger, le citronnier, et la vigne, que l’on cultive aussi dans la partie la plus méridionale. On rencontre dans toute l’étendue de l’Afrique, le lion, la panthère, l’hyène, le chacal, l’éléphant, la girafe, le singe, le chameau, dont on se sert pour traverser le Sahara, où se trouve l’autruche, le plus gros des oiseaux connus ; le boa et autres serpents énormes habitent les marais ; l’hippopotame et le crocodile vivent dans les fleuves. La population de l’Afrique peut s’élever à 100,000,000 d’hab., qui appartiennent à plusieurs races différentes, dont les trois principales, avec un grand nombre devariétés, sont : 1o la race blanche ou caucasienne, quoique fortement basanée ; 2o la race nègre ; 3o la race malaise, variété de la race noire, dans l’île de Madagascar. Les Africains sont chrétiens, mahométans ou idolâtres. Les principaux objets de commerce sont : l’ivoire, l’or, la gomme, la cire, le coton, le riz, les dattes, les bois de teinture, les plumes d’oiseaux, etc. Les anciens ne connaissaient de l’Afrique que la côte septentrionale, et ce n’est que depuis les découvertes maritimes du xvie siècle que les Européens ont commencé à connaître cette vaste péninsule. Jusqu’à ces derniers temps, on a pu considérer l’Afrique centrale comme la région mystérieuse par excellence. Mais des explorations courageuses faites depuis quelques années l’ont ouverte en partie à notre curiosité. V. Nil, Soudan, etc.

AFRITE s. m. (a-fri-te). Espèce d’esprit, de génie malfaisant dans la mythologie arabe : Parmi le peuple, le bruit se répandit que c’était une nef magique manœuvrée par les djinns et les afrites. (Th. Gaut.) Rien n’est plus sinistre et plus effrayant que ce palais lugubre ; les Turcs prétendent que les djinns, les goules et les afrites y tiennent leur sabbat, et y secouent joyeusement leurs ailes de chauves-souris mouillées des pleurs de la voûte. (Th. Gaut.) || On dit aussi afriet et ifriet.

AFROUSA s. f. (a-frou-za). Espèce de fraise.

AFZÉLIE s. f. (af-zé-lî — de Afzélius nom d’un botan. suéd.). Bot. Plante de la famille des légumineuses, qui croît en Afrique.

AGA ou AGHA s. m. (a-ga — mot turc qui signif. chef). Nom donné chez les Orientaux et particulièrem. chez les Turcs, aux commandants des troupes, aux officiers du palais, enfin, à tout individu investi d’un commandement : Aga de la cavalerie. Aga de l’infanterie. Aga de l’intérieur. Aga de l’extérieur.

J’avais quarante agas contemplant mon visage.
V. Hugo.


|| Aga de janissaires, Général en chef de cette milice, et qui avait presque autant de pouvoir que le grand vizir. || Kislar-aga, Chef des eunuques noirs.

— Titre de politesse, de déférence que l’on donne aux personnes de distinction. || À Alger, sous l’administration turque, titre du commandant des troupes, dont l’autorité s’étendait sur tout la province d’Alger, mais pas au delà. || Sous l’administration française, on a donné le même titre à quelques-uns de nos officiers, dont le pouvoir administratif et militaire s’étendait sur les tribus qui dépendent d’Alger.

AGA interj. (a-ga — impérat. de l’anc. verbe agarder, voir, regarder). Vén. Cri que les chasseurs font entendre pour exciter les chiens à quêter le gibier, ou pour les remettre sur la voie.

AGA s. m. (a-ga). Bot. Espèce de chardon.

AGABE s. m. (a-ga-be). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, qui renferme une soixantaine d’espèces réparties sur tout le globe.

AGAÇANT (a-ga-san) part. prés. du v. Agacer : On entendait les huées des masques agaçant les passants. (G. Sand.)

AGAÇANT, ANTE adj. (a-ga-san, an-te — rad. agacer). Qui agace, qui fait mal aux nerfs : Ce bruit est agaçant. Cette femme est agaçante par son bavardage. La chanterelle agaçante de Joseph Platon faisait entendre de véritables cris de sarcelle effarouchée. (Rog. de Beauv.) — Par ext. Qui ennuie, impatiente, irrite : Il parut très-agaçant et légèrement fat. (Balz.) || En bonne-part ; Provoquant, séduisant, en parlant des choses : Air agaçant. Tournure agaçante. Propos agaçants. Femme qui a des yeux agaçants. Autant la physionomie de la mère était vive, mobile et agaçante, autant la physionomie de sa fille était candide, mélancolique. (E. Sue.) Nous nous plaisions à regarder ces agaçantes femmes du Midi, coquettes et coquettement vêtues de jupons courts. (A. Jallais.) On s’amuse dans le monde des femmes agaçantes, on ne leur accorde aucune estime. (Comtesse de Bradi.)

Petite bonne agaçante et jolie.
Béranger.

— Anc. méd. Nom donné aux médicaments qui stimulent légèrement. || On disait aussi substantiv. : Un agaçant. Les agaçants.

AGACE ou AGASSE s. f. (a-ga-se — bas lat. agasia, pie). Nom populaire de la pie :

. . . . . . . L’homme d’Horace,
Disant le bien, le mal à travers champs, n’eût su
Ce qu’en fait de babil y savait notre agace.
La Fontaine.

AGACÉ, ÉE (a-ga-sé) part. pass. du v. Agacer. Qui ressent, qui éprouve de l’agacement : Des dents agacées par du jus de citron, par du vinaigre. Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants en sont agacées. (B. de St-P.) Les fibres sont souvent agaçées par le son des instruments de musique. (Virey.)

— Par ext. Contrarié, impatienté : Une fois agacé, cet homme devient intraitable.

Le chat était sans cesse agacé par l’oiseau ;
L’un s’escrimait du bec, l’autre jouait des pattes.
La Fontaine.


|| Provoqué par des agaceries : Le cardinal de Retz était très-laid, ce qui ne l’empêchait pas d’être agacé par les plus jolies femmes. (Dider.) J’étais, il y a six semaines, au bal de l’Opéra ; je fus agacé par un domino si plein d’extravagance, de gentillesse et de grâce, que j’en fus absolument enivré. (G. Sand.)

AGACEMENT s. m. (a-ga-se-man — rad. agacer). Sensation désagréable produite sur les dents par le contact des acides, ou par un bruit très-aigu : L’oseille produit l’agacement des dents. Le bruit de la lime cause un agacement insupportable.

Agacement des nerfs, Légère irritation que les sens éprouvent à l’occasion de tout ce qui rompt l’harmonie du système nerveux : Combien de femmes d’une angélique douceur entrent parfois, par l’état de grossesse, dans un agacement nerveux inexprimable ! (Virey.)

— Par ext. S’applique à tout l’organisme : La distraction charmante que sa présence et son entretien me donnaient avait caressé et apaisé l’agacement maladif de tout mon être. (Lamart.) || Impatience, contrariété, irritation : Malgré l’agacement bien naturel qui devrait résulter, à la longue de ces façons d’agir, nous persévérons dans notre voie, blâmant ce qui nous paraît blâmable, louant ce qui nous semble louable. (A. Second.)