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AFFRANCHISSEMENT s. m. (a-fran-chi-se-man — rad. affranchir). Action d’affranchir un esclave, un serf ; état d’un esclave affranchi : À Rome, l’affranchissement commença sous Servius Tullius. (Bouillet.) Le bonnet était chez les anciens et est encore chez nous le symbole de l’ affranchissement. (Arnault.) L’ affranchissement dans l’Église consistait à déclarer, dans le temple, devant le peuple et le chapitre assemblés, un serf libre, en prononçant la formule d’usage. (Encycl.)

— Par anal. Délivrance de la tyrannie, cessation d’un pouvoir illégal ou oppressif : Affranchissement d’un peuple. Ils célèbrent l’anniversaire de leur affranchissement. (Acad.) Le sang français a coulé pour l’affranchissement de l’Italie. (E. de la Bédoll.) La Révolution française est le plus grand pas qui se soit jamais fait pour l’affranchissement total du genre humain. (Toussenel.) || Exemption d’impôt, décharge d’un droit onéreux : Affranchissement d’une terre, d’une ville, d’un héritage. L’affranchissement des impôts dont il jouissait fut continué jusqu’en 1794. (Alibert.)

— Fig., en parlant des choses morales : S’il faut que l’un ou l’autre meure, périsse la forme, la beauté même, pour l’affranchissement de l’esprit. (Michelet.) La grande question des temps modernes, ce n’est plus la liberté politique, c’est l’affranchissement de l’ignorance. (Maquel.)

Affranchissement des communes, Exemption des droits seigneuriaux et autres charges qui entravaient le développement de la vie municipale : La Révolution a consommé l’affranchissement des communes. (Royer-Coll.)

— Acquittement préalable des frais de port, soit d’une lettre, soit d’un paquet, etc. : Affranchissement libre. Affranchissement forcé. L’affranchissement d’une lettre. L’affranchissement des journaux et des circulaires est obligatoire. Affranchissement au moyen d’un timbre-poste. || Prix que coûte cet acquittement de port : L’affranchissement des lettres simples de France, pour la France est de vingt centimes. || Voici les principaux règlements qui président à l’affranchissement : L’affranchissement est facultatif pour les lettres ordinaires circulant dans l’intérieur de l’empire français, ou expédiées en Algérie et dans les colonies françaises. Il est également facultatif pour les papiers d’affaires ou de commerce, pour les imprimés et les échantillons circulant dans l’intérieur de l’empire, mais ils sont alors taxés comme lettres ordinaires : pour qu’ils puissent circuler à prix réduit, il faut qu’ils soient préalablement affranchis. L’affranchissement est obligatoire pour les lettres chargées, les valeurs cotées et les articles d’argent. Enfin, il est tantôt facultatif, tantôt obligatoire pour les lettres ordinaires et les échantillons expédiés en pays étrangers, mais toujours obligatoire pour les lettres chargées et les imprimés destinés à ces mêmes pays. Le public est libre d’affranchir directement avec les timbres-poste, ou en numéraire dans les bureaux de poste.

— Hortic. Action d’affranchir un arbre ; état d’un arbre affranchi : Cet affranchissement se pratique à souhait sur les mûriers. (Olivier de Serres.) || Si les arbres greffés au pied sont plantés de façon à ce que le point d’insertion de la greffe soit enterré, celle-ci développe souvent des racines qui suffisent à la nourriture de l’arbre ; bientôt le sujet pourrit et finit par disparaître ; on dit alors que l’arbre s’est affranchi ; il vit par ses propres racines et non par celles du sujet sur lequel il avait été greffé. L’affranchissement est quelquefois utile, et alors on l’obtient en enterrant de quelques centimètres le nœud de la greffe. D’autres fois il est nuisible, et dans ce cas il faut déchausser le pied ou planter de manière que l’origine de la greffe soit assez élevée au-dessus du sol.

Encycl. Hist. Affranchissement en Grèce. L’esclave pouvait acquérir la liberté, soit en se rachetant au moyen de son pécule (Voy. ce mot), soit par l’affranchissement. Le maître laissait parfois, en mourant, la liberté à son esclave. Quand il voulait l’affranchir de son vivant, il en faisait la déclaration devant les tribunaux, la faisait inscrire sur les registres publics, ou proclamer par un héraut dans les assemblées publiques, les théâtres, les temples, les fêtes, etc. L’affranchi n’entrait pas dans la classe des citoyens ; il passait dans un état moyen où de nombreuses obligations envers l’État et envers son maître lui étaient encore imposées. À Athènes, il entrait dans la classe des métèques (étrangers domiciliés), et sa condition était plutôt une servitude adoucie qu’une véritable liberté. De grands services rendus à l’État pouvaient lui mériter une condition moins précaire ; mais il ne lui était possible d’arriver à la plénitude des droits civils et politiques que par un décret voté par une assemblée d’au moins six mille citoyens.

À Sparte, les ilotes, enrôlés parfois dans les moments de périls publics, pouvaient également, par de belles actions, mériter leur liberté. Leur affranchissement se faisait dans les temples, où on les conduisait couronnés de fleurs. L’État seul pouvait affranchir les ilotes, qui rarement s’élevaient au rang de citoyens et demeuraient, après leur affranchissement, assujettis à divers degrés, sous les noms d’épeunactes, d’aphètes, de néodamodes, etc.

Affranchissement à Rome. Chez les Romains, l’affranchissement (manumissio, mise hors de main, hors de puissance) était public ou privé. Le premier mode s’accomplissait : 1o par testament ; 2o par une déclaration du maître devant le censeur ; 3o par la baguette (vindicta). Cette forme était la plus usitée et la plus ancienne. Le maître conduisait son esclave devant le préteur et prononçait les paroles sacramentelles : Je veux qu’il soit libre ; en même temps, il le faisait tourner sur les talons et lui donnait un petit soufflet ; le magistrat ratifiait l’acte en touchant l’esclave de sa baguette. La manumission privée, d’ailleurs incomplète et précaire, se faisait simplement par une déclaration du maître en présence de ses amis, ou par la remise en public du pileum ou bonnet, signe de l’affranchissement.

Les affranchis étaient inscrits dans les tribus urbaines, mais leur droit de suffrage se trouvait singulièrement restreint dans la pratique ; de plus, ils étaient exclus des charges et même de la milice, et un grand nombre d’obligations et de restrictions, soit envers leurs anciens maîtres, soit envers l’État, leur rappelaient à chaque moment leur origine, dont l’empreinte ne s’effaçait qu’à la troisième génération. Beaucoup, d’entre eux devinrent riches. À dater surtout du règne de Claude, ils envahirent le sénat et les hautes charges, où quelques-uns montrèrent des talents, mais où la plupart, mal préparés à cette puissance nouvelle, ne se signalèrent que par leur servilité, leurs crimes et leur avidité. Il suffit de citer les Narcisse, les Pallas et les Epaphrodite.

Affranchissement depuis le christianisme. Les coutumes romaines de l’affranchissement se prolongèrent en Occident jusqu’après l’invasion des barbares, qui se conformèrent souvent eux-mêmes au droit romain. Cependant des formes nouvelles s’introduisirent. Ainsi on affranchissait dans les églises, et les affranchis se plaçaient, moyennant redevance, sous la protection ecclésiastique. On affranchissait encore par les armes, en donnant à l’esclave la lance et l’épée ; par charte, par testament, par édits royaux, par divers modes privés, etc.

AFFRANCHISSEUR s. m. (a-fran-chi-seur — rad. affranchir). Celui qui affranchit de la tyrannie, de l’oppression : Titius Quintus fut le protecteur et l’affranchisseur de la Grèce. (Amyot.) Fourier est un grand affranchisseur. (P. Leroux.)

— Vétér. Celui qui fait métier de châtrer les animaux mâles, et de supprimer les ovaires chez certaines femelles.

AFFRE s. f. (a-fre — onomatopée). Frémissement d’épouvante et d’horreur ; angoisse ; douleur : Après les affres de la mort, elle ressentit les horreurs de l’enfer. (Boss.) Madame de Montespan était tellement tourmentée des affres de la mort, qu’elle payait plusieurs femmes dont l’emploi unique était de la veiller. (St-Sim.) Que de guerriers dont le courage s’écoule avec le sang ! N’en a-t-on pas vu qui, après avoir bravé mille fois le trépas, tombés dans une maladie de langueur, éprouvaient dans un lit toutes les affres de la mort ? (Duclos.) Mon père me faisait souffrir les affres de la vie. (Chateaub.) Pour nous, ce petit tableau nous semble rendre aussi bien les affres du naufrage que la grande machine de la Méduse (Th. Gaut.) Un tel lit n’était pas fait, certes, pour les râles et les affres du trépassement. (Th. Gaut.)

Syn. Affres, angoisses, transes. Les affres sont caractérisées par des frissons, des gestes égarés, le désordre et l’anéantissement des sens et des idées ; les transes, par un tremblement universel, et les angoisses, par l’oppression, la suffocation.

AFFRE (Denis-Auguste), archevêque de Paris, célèbre par sa fin héroïque, né en 1793, à St-Rome-de-Tarn, m. en 1848. Il professa la théologie à St-Sulpice et fut ensuite successivement aumônier des Enfants-Trouvés, vicaire général à Luçon, puis à Amiens, coadjuteur de l’évêque de Strasbourg, enfin appelé au siége de Paris en 1840. Son diocèse lui dut quelques établissements utiles, comme les conférences ecclésiastiques et l’école des Carmes. Pendant les terribles journées de juin 1848, il voulut tenter un effort suprême pour arrêter l’effusion du sang, et se présenta, le 25, à quatre heures du soir, devant la formidable barricade élevée à l’entrée du faubourg St-Antoine. Au moment où il exhortait les combattants à la soumission, il fut frappé aux reins d’une balle égarée et tomba entre les bras des insurgés, qui témoignèrent un grand désespoir. Cet horrible événement ne fut pas, d’ailleurs, le résultat d’un crime ; la direction du coup de feu, l’attestation des grands vicaires, la douleur des insurgés ne laissent aucun doute à cet égard. Le vénérable prélat expira le 27. On connaît les admirables paroles qu’il prononça à ses derniers moments : « Que mon sang soit le dernier versé. Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. » On a de lui un Traité de l’administration temporelle des paroisses, 1827, très-estimé.

AFFRÉRÉ, ÉE (a-fré-ré) part. pass. du v. Affrérer : Mon esprit est si affréré à mon corps que, quand son compagnon a la colique, il l’a aussi. (Montaig.)

AFFRÉRER v. a. ou tr. (a-fré-ré — rad. frère). Unir d’un lien fraternel : Affrérer tous les peuples de la terre pour n’en faire qu’une seule et même famille, tel doit être le but de tous les efforts. (Journ.)

S’affrérer, v. pr. S’unir d’un lien fraternel ; être étroitement uni, lié, attaché : L’esprit s’est si étroitement affréré au corps, qu’il m’abandonne à tous coups, pour le suivre en sa nécessité. (Montaig.)

AFFRÉTANT (a-fré-tan) part. prés. du v. Affréter.

AFFRÉTÉ, ÉE (a-fré-té) part. pass. du v. Affréter. Pris à louage, en parlant d’un navire.

AFFRÉTEMENT s. m. (a-fré-te-man — rad. affréter). Louage d’un vaisseau pour un voyage ou pour un temps déterminé, selon des conditions stipulées avec le propriétaire de ce navire : Le Code de commerce range les chartes-parties, les affrétements et les nolissements dans la même catégorie. (Dict. de comm.) Le gouvernement anglais faisait de nombreux affrétements pour l’Inde et pour la Chine. (Journ.)

Encycl. Toute convention pour le louage d’un vaisseau prend le nom d’affrétement, de nolissement ou de charte-partie. Nolissement se dit dans la Méditerranée, et charte-partie dans quelques ports de l’Océan. Le contrat d’affrétement doit énoncer le nom et le tonnage du navire, le nom du capitaine, les noms du fréteur, c’est-à-dire de celui qui donne à loyer, et de l’affréteur, c’est-à-dire de celui qui prend à loyer ; le lieu et le temps convenus pour le chargement et le déchargement ; le prix du fret ou nolis ; l’indemnité convenue pour les cas de retard. — L’affrétement peut se faire au voyage ou au mois. Il peut être total ou partiel ; quand il est partiel, c’est-à-dire quand il ne porte que sur une partie du navire, il peut être fait au quintal ou au tonneau, d’après le poids du chargement, ou d’après l’espace occupé par les marchandises. Le Code de commerce règle les conditions de l’affrétement et détermine les obligations qui en résultent.

AFFRÉTER v. a. ou tr. (a-fré-té — rad. fret, louage. — L’é fermé du radical se change en è ouvert devant une syllabe muette, excepté au futur et au conditionn. : J’affrète, tu affrètes. J’affréterais, nous affréterions). Mar. Prendre un bâtiment à louage, soit en totalité, soit en partie : Affréter un vaisseau.

S’affréter, v. pr. Être affrété ; se louer, se prendre à louage : Bâtiment qui peut s’affréter.

AFFRÉTEUR s. m. (a-fré-teur — rad. affréter). Celui qui affrète un bâtiment : L’affréteur loue le moyen de transport, et s’engage à payer le prix convenu ; le fréteur s’oblige à opérer le transport. (Dict. de comm.)

AFFREUSEMENT adv. (a-freu-ze-man — rad. affreux). D’une manière affreuse : Le taureau se mit à courir ça et là et à beugler affreusement. (Th. Gaut.) J’eus le cœur affreusement serré. (G. Sand.)

— Par exag. Beaucoup, très-fort, extrêmement : Être affreusement laid. Ma chère enfant, vous êtes aujourd’hui affreusement habillée. (E. Sue.) Elle était mal mise, affreusement mise. (G. Sand.) || Métaphoriquement et par une antithèse hardie : Une femme affreusement belle de pâleur était debout, adossée contre des rochers. (G. Sand.)

AFFREUSETÉ s. f. (a-freu-ze-té — rad. affreux). Néol. État, qualité de ce qui est affreux : L’affreuseté du mensonge, du vice, d’un crime.

AFFREUX, EUSE adj. (a-freu, eu-ze — rad. affre). Qui cause de l’épouvante, de l’effroi, de la terreur : Tout devient affreux dans la pauvreté. (Boil.) Encore si je pouvais éviter ce précipice affreux (Boss.) Il n’y a point d’objets affreux pour qui en voit tous les jours. (J.-J. Rouss.) La peinture d’un naufrage est ce qu’il y a de plus affreux. (Mesnard.) Napoléon meurt sans secours sur cet affreux rocher. (Norvins.)

La mort n’a rien d’affreux pour qui n’a rien à craindre.
Corneille.

— Par exag. Extrêmement laid ; horrible à voir : Un visage affreux ; un air, un extérieur affreux. Rien d’affreux comme une mode surannée. (H. Beyle.) || Très-mauvais ; extrêmement désagréable, détestable : Il fait un temps affreux. Elle est d’une humeur affreuse. La pluie a rendu les chemins affreux. Cher ami, j’ai une affreuse plume, et j’attends un canif pour la tailler. (V. Hugo.) || Excessif, extrême : Le ciel était d’une obscurité affreuse. (B. de St-P.) Figurez-vous des plages sablonneuses, d’un aspect rougeâtre et d’une nudité affreuse. (Chateaub.) Cette résolution me jetait dans une affreuse perplexité. (G. Sand.) || Se dit en parlant du style, du langage et des ouvrages d esprit : Style affreux. Locution affreuse. Critique affreuse.

— Dans un sens moral, Triste, malheureux ; qui est à redouter par ses effets, horrible à supporter : C’est un affreux écueil où les joueurs viennent se briser et se perdre. (La Bruy.) Jamais la méchanceté humaine ne s’est portée à des excès plus affreux. (Arnault.) La petite vérole fait au Cap des ravages affreux. (B. de St-P.) L’aspect des misères humaines est plus touchant qu’il n’est affreux. (De Bernis.)

Le sort le plus affreux n’a plus rien qui m’étonne.
Crébillon.
Il est d’affreux moments où la vertu s’oublie.
(***)


|| Ignoble, atroce, abominable, sacrilége : Crime affreux. Spectacle affreux. C’est une affreuse calomnie. (Acad.) Il jura, par un serment affreux, qu’il pardonnait à son esclave. (B. de St-P.) || En parlant des personnes, Cruel, méchant, profondément vicieux : Un affreux tyran. J’ai vu des hommes affreux pleurer de douleur aux apparences d’une année fertile. (J.-J. Rouss.)

Si l’on vous faisait voir que ce bon air, ces grâces,
Ce clinquant de l’esprit, ces trompeuses surfaces,
Cachent un homme affreux. . . . . . .
Gresset.

— Suivi d’un infinitif, il veut la prép. à ou la prép. pour : Temps affreux pour voyager. Chose affreuse à penser, à imaginer, à dire. Les disgrâces désespérées sont affreuses à soutenir. (J.-B. Rouss.)

Il est affreux, loc. impers. C’est une chose affreuse : Il est affreux qu’il ait manqué à ce réformateur des hommes la principale vertu, l’humanité. (Volt.)

Hélas ! il est affreux de quitter ce qu’on aime.
La Harpe.

Syn. Affreux, effreoyable, épouvantable, horrible. Ce premier groupe de synonymes exprime la laideur qui est au fond même des choses. Ce qui est affreux inspire le dégoût ou l’éloignement ; on a peine à en soutenir la vue :

Mais quelle affreuse nuit tout à coup m’environne ?
Racine.


Une chose horrible excite l’aversion ; on ne peut s’empêcher de la condamner, on en a horreur : La Brinvilliers, cette horrible femme…. (Mme de Sév.) Ce qui est effroyable est capable de faire peur : L’indignation leur fit pousser à tous un cri effroyable. (Roll.) Un objet épouvantable cause l’étonnement et quelquefois la terreur : Les hypocrites se sont armés contre ma comédie avec une fureur épouvantable. (Mol.)

Syn. Affreux, difforme, hideux, horrible, laid. Laid exprime une irrégularité moins grande, moins choquante, et surtout moins essentielle que difforme ; le difforme est tel par sa nature même ; le laid n’est tel que par l’impression qu’il fait sur nous : Un homme qui a beaucoup de mérite et d’esprit, et qui est connu pour tel, n’est pas laid, même avec des traits difformes. (La Bruy.) Ce qui est hideux est repoussant : Cette reine si vieille était sale, hideuse et puante. (Fén.) Ce qui est affreux est laid à faire peur : L’affreuse figure d’une femme en colère. Ce qui est horrible fait frissonner : Hercule sur le bûcher poussait des cris horribles. (Fén.)

AFFRIANDANT (a-fri-an-dan) part. prés. du v. Affriander : Des fruits affriandant les oiseaux. Ces récits l’affriandant, il voulut qu’on les continuât.

AFFRIANDANT, ANTE adj. (a-fri-an-dan, an-te— rad. affriander). Qui affriande, qui attire par l’appât de quelque chose d’agréable : C’est un morceau affriandant. Une omelette affriandante.

— Fig. Séduisant, alléchant : Malgré quatre lettres que je lui ai écrites dans le plus affriandant des styles… (Alex. Dum.) Le plus grand charme de l’amour est l’attrait affriandant du fruit défendu. (E. Sue.)

AFFRIANDÉ, ÉE (a-fri-an-dé) part. pass. du v. Affriander. Alléché ; rendu friand : Un enfant affriandé par des pâtisseries. Les oiseaux, les poissons sont affriandés par certains appâts.

— Fig. Attiré, séduit : Je ne restai pas même affriandé de jolies femmes. (J.-J. Rouss.) Nous avons été affriandés, en passant, par une pompeuse affiche. (Th. Gaut.) Les soldats étaient affriandés au butin. (Littré.)

AFFRIANDER v. a. ou tr. (a-fri-an-dé — rad. friand). Rendre friand, accoutumer à la friandise ; exciter l’appétit, le désir : Affriander un enfant en lui donnant des mets trop délicats. Quel repas ! mais, madame, c’est trop affriander un philosophe. (Sallentin.) Quelques verres de ce petit vin m’avaient fort affriandé. (J.-J. Rouss.)

— Fig. et fam. Allécher, attirer par quelque chose d’utile, d’agréable : Le gain affriande les joueurs. (Trév.) Le récit du prétendu moine l’avait affriandé. (Le Sage.) Alençon n’est point une ville qui affriande l’étranger. (Balz.) Pour affriander les chalands, le commerçant est obligé de recourir à de coûteux moyens d’attraction. (Mich. Chev.) Le cuivre même avait une couleur d’or qui l’affriandait. (G. Sand.}

. . . Ce point, monsieur, est le fruit défendu,
Et voila justement ce qui nous affriande.
Destouches.

AFFRICHÉ, ÉE (a-fri-ché) part. pass. du v. Affricher : Terres affrichées.

AFFRICHER v. a. ou tr. (a-fri-ché — rad friche). Laisser un terrain en friche.

AFFRIOLANT (a-fri-o-lan) part. prés. du v. Affrioler : Une mère affriolant ses enfants.

AFFRIOLANT, ANTE adj. (a-fri-o-lan, ante — rad. affrioler). Très-appétissant : Des mets affriolants.

— Fig. Qui est rempli de charmes et d’attraits, séduisant : Cette femme est un démon ; tous ceux qui la voient l’adorent ; elle est si vicieuse, si affriolante ! (Balz.)

AFFRIOLÉ, ÉE (a-fri-o-lé) part. pass. du v. Affrioler. Attiré, alléché : Il avait trouvé, parmi les spéculateurs de sa connaissance, deux entrepreneurs affriolés par l’hôtel, où l’étendue des jardins permettait de faire des constructions. (Balz.) Il était affriolé par l’idée