Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

AFFOLER v. a. ou tr. (a-fo-lé — rad. fol). Rendre fou, et surtout fou d’amour : C’est la beauté de sa femme qui l’a affolé. (Trév.)

Le diable m’a perdue, il m’a tout affolée.
La Fontaine.

— Neutralem. Devenir fou : Il affole de cette femme. Il On dit plutôt raffoler.

— Hortic. Pousser des feuilles, sans fleurir, en parlant d’une maladie des anémones.

— Méc. Séparer une partie d’un mécanisme, la rendre indépendante du mouvement général, pour qu’elle soit libre de rester au repos ou de prendre un mouvement différent, opération qui se pratique à chaque instant dans les ateliers au moyen des roues folles ou des embrayages.

S’affoler, v. pr. Se prendre de passion pour : S’affoler de quelqu’un, de quelque chose. Elle s’affola de sa nièce, et désira ne plus la quitter. (Balz.) La duchesse s’était affolée du jeune comte, après l’avoir sérieusement étudié. (Balz.) Les amoureux sont comme ces illuminés qui s’affolent, au bal de l’Opéra, du masque et non pas de la femme. (Ars. Houss.)

AFFOLIR v. n. ou intr. (a-fo-lir — rad. fol). Devenir fou : Cet homme affolit tous les jours. || Peu usité.

— S’est aussi employé activ. dans le sens de Rendre fou : La science enteste et affolit les esprits foibles et malades, polit et parfait les forts et bons naturels. (Charron.)

S’affolir, v. pr. Devenir fou : Ainsi fait la folie revêche à la raison, et sauvage à la sagesse, contre laquelle elle s’irrite et s’affolit davantage. (Charron.)

AFFOLURE s. f. (a-fo-Iu-re). Blessure : Le gentilhomme fut bien heureux quand il se vit gardé de mort et d’affolure. (Cent Nouvelles nouvelles, xve siècle.) Vieux mot.

AFFORAGE s. m. (a-fo-ra-je — du bas lat : aforagium ; formé de ad, à ; forum, marché). Anc. dr. Dans quelques coutumes, Prix d’une chose vénale fixé par autorité de justice ou toute autre autorité compétente. Ainsi, on ne pouvait apporter des vins étrangers à Paris sans que le prix en eût été fixé par les échevins. || Droit payé à un seigneur pour obtenir la permission de vendre du vin ou quelque autre liqueur dans l’étendue de son fief.

AFFORER v. a. ou tr. (a-fo-ré — rad. afforage). Anc. dr. Même sens qu’affeurer.

AFFORESTAGE s. m. (a-fo-rè-sta-je — rad. forêt). Droit d’usage qu’on exerce dans une forêt. Mot principalement usité dans le midi de la France. Avoir la faculté d’afforestage ou l’afforestage dans telle forêt, Se dit pour, Avoir le droit d’y prendre du bois. || On dit plutôt affouage.

AFFOUAGE s. m. (a-fou-a-je — du bas lat. affoagium, formé lui-même de ad, pour ; focus, foyer). Droit de prendre du bois de chauffage dans une forêt : Le partage des bois d’affouage communal se fait par feu. (Belèze.) Les propriétaires d’immeubles ont droit à un affouage particulier en bois pris dans les forêts de la commune pour constructions ou réparations. (Belèze.) || Entretien d’une usine en combustible ; plus particulièrement, le bois nécessaire à la fabrication du charbon employé dans les hauts fourneaux et les affineries. || Autrefois, Impôt à payer par chaque feu ou maison.

Encycl. Tel qu’il existe aujourd’hui, l’affouage a été établi par une loi du 26 nivôse an II. Il donne droit aux habitants d’une commune de prendre du bois de chauffage dans les forêts de cette commune. Les coupes affouagées sont déterminées par l’administration forestière et abattues par un entrepreneur spécial. Les lots sont faits par l’autorité municipale : ils doivent être égaux. Le partage a lieu, non par tête, mais par feu, c’est-à-dire par habitant ayant un feu distinct et personnel. De plus, il faut avoir son domicile réel et fixe dans la commune. Une année de résidence suffit pour faire acquérir le domicile. Outre le bois de chauffage, les propriétaires d’immeubles peuvent prendre dans les forêts communales le bois de construction nécessaire pour édifier ou réparer leurs bâtiments. Dans ce cas, ils payent à la commune et à dire d’experts les arbres qui leur sont délivrés, et ceux-ci sont répartis, entre les ayants-droit, dans la proportion du métré des bâtiments à construire ou à réparer.

AFFOUAGÉ, ÉE part. pass. du v. Affouager. || Coupe affouagée, Coupe réglée pour être abattue et répartie entre les individus jouissant du droit d’affouage : Les habitants ne peuvent jamais aller partager sur pied ni abattre les coupes affouagées.

— Subst. Celui, celle qui jouit d’un droit d’affouage : Chaque affouage peut vendre ou échanger le bois qu’il reçoit. || On dit aussi affouager et affouagiste.

AFFOUAGEMENT s. m. (a-fou-a-je-man — rad. affouage). Anc. adm. Action d’affouager ; impôt payé par feu ; répartition des impôts : Les fonctions des municipalités consistent principalement à choisir et à établir des impositions suffisantes pour produire la somme qu’exige la quotité de leur affouagement. (Mirab.) Le partage des fonds qui devaient appartenir à la jeune communauté ne fut fait que dix mois plus tard, et l’affouagement en 1605 seulement. (A. Meyer.)

AFFOUAGER v. a. ou tr. (a-fou-a-jé — rad. affouage). Dresser la liste des habitants d’une commune qui ont droit à l’affouage. || Déterminer, dans une forêt, les coupes qui doivent être partagées en vertu du droit d’affouage.

AFFOUAGER, ÈRE adj. (a-fou-à-jé, è-re — rad. affouage). Concédé pour l’affouage ; qui fait partie d’un affouage : Communes affouagères. Coupe affouagère. Portions affouagères. L’année affouagère commence à l’automne, saison où l’on distribue le bois à brûler provenant des coupes affouagères.

— Subst. Celui, celle qui jouit d’un droit d’affouage : Les anciennes ordonnances avaient prévu que les affouagers, souvent pauvres et poussés par le besoin, pourraient ne pas employer à leur chauffage tout le bois qui leur serait accordé. || On dit aussi affouagé.

AFFOUAGISTE s. (a-fou-a-ji-ste — rad. affouage). Celui, celle qui jouit du droit d’affouage : Si un affouagiste a été privé de son lot qui lui aurait été enlevé par un autre habitant, il peut attaquer l’entrepreneur. || On dit aussi affouager et affouage.

AFFOUILLANT (a-fou-ian, ll mll.) part. prés. du v. Affouiller : Le flot a détruit la voie en l’affouillant sur une grande longueur. (L. Figuier.)

AFFOUILLÉ, ÉE (a-fou-ié) part. pass. du v. Affouiller : Les maisons du faubourg ont été emportées ; deux ont été tellement affouillées, qu’il n’existe plus à leur place que de profondes excavations. (L. Figuier.)

AFFOUILLEMENT s. m. (a-fou-lle-man ; ll mll. — rad. affouiller). Action d’affouiller ; résultat de cette action ; se dit de l’action produite par les eaux dont le courant a creusé un ravin, dégradé une pile de pont, une berge, etc. : Il faut réparer le dommage causé par cet affouillement. Il importe de prévoir dès à présent les cas où des amas d’eaux stagnantes persisteraient dans certaines localités, par suite d’affouillements plus ou moins étendus, et plus ou moins profonds. (Journ.) Les tassements éprouvés par le viaduc de Barentin sont attribués à l’affouillement du sol sur lequel sont posées les fondations. (Journ.)

AFFOUILLER v. a. ou tr. (a-fou-ié — rad. fouiller). Creuser un ravin, dégrader une pile de pont, une berge, etc. ; se dit en parlant de l’action que produit le courant des eaux : Il se plaint qu’il y a une gouttière de la maison voisine qui verse l’eau de la pluie chez lui et qui affouille les fondations de sa maison. (V. Hugo.) Les ondes roulantes affouillent le fond avec une puissance proportionnelle à leur grandeur. (A. Maury.)

AFFOURAGÉ ou AFFOURRAGÉ (a-fou-ra-gé) part. pass. du v. Affourager. À qui on a donné du fourrage : Le bétail affouragé est enfermé dans les chaudes étables. (E. Sue.)

AFFOURAGEMENT ou AFFOURRAGEMENT s. m. (a-fou-ra-je-man — rad. fourrage). Distribution des fourrages aux bestiaux. || Approvisionnement d’une exploitation en fourrages : La carotte est, après la chicorée sauvage, l’affouragement le plus sain des bestiaux. (Duchêne.) Les affouragements se font aux mêmes heures et se composent de paille, foin, regain, trèfle, etc. (Duchêne.)

AFFOURAGER ou AFFOURRAGER v. a. ou tr. (a-fou-ra-jé — rad. fourrage). Distribuer du fourrage aux bestiaux : Affourager les bœufs. || Absol. : Les animaux souffrent quand ils arrivent dans une ferme où l’on n’a pas l’habitude d’affourager de cette manière. (Magne.)

AFFOURCHAGE s. m. (a-four-cha-je — rad. affourcher). Mar. Action d’affourcher.

AFFOURCHE s. f. (a-four-che). Mar. Ce qui sert à affourcher un bâtiment. || Ancre d’affourche, Celle dont on fait usage pour amarrer un vaisseau en rade.

AFFOURCHÉ, ÉE (a-four-ché) part. pass. du v. Affourcher : Vaisseau affourché. Bâtiment affourché. Nous sommes affourchés. Le commodore Elliot se dirigea sur les quarante et une jonques mandarines affourchées en travers du courant. (Journ.)

— Fam. Assis à califourchon.

Un jour un villageois, sur son âne affourché,
Trouva par un ruisseau son passage bouché.
J.-B. Rousseau.

AFFOURCHEMENT s. m. (a-four-che-man — rad. affourcher). Mar. Action d’affourcher, manière d’affourcher : Les affourchements de toutes les principales rades, c’est-à-dire les directions à donner aux mouillages dans ces rades, sont généralement connues des marins. (A. Jallais.)

AFFOURCHER v. a. ou tr. (a-four-ché — rad. fourche). Mar. Retenir un navire sur deux ancres dans une direction telle que, les deux câbles formant une fourche, les ancres fassent force également : Affourcher un vaisseau.

— Fam. Monter à califourchon sur :

J’affourchai la quinteuse croupe
D’un des beaux mulets de la troupe.
(***)

— Charp. Joindre ensemble deux pièces de bois, dont l’une est à languette et l’autre à rainure.

— Neutral. Mar. S’affourcher : Un vaisseau qui affourche. {Affourcher à la voile. Affourcher à l’ancre.

S’affourcher, v. pr. Mar. Faire la manœuvre pour affourcher un bâtiment : Un vaisseau qui s’affourche. Il est bon de s’affourcher pour mieux tenir contre le vent.

— Fam. Se mettre à califourchon :

Changé sera lors en rhinocéros
L’ailé cheval qu’on appelle Pégase ;
Et l’on verra sur une selle rase
Maître curé s’affourcher sur son dos.
Chaulieu.

AFFOURÉ, ÉE (a-fou-ré) part. pass. du v. Affourer. Pourvu de fourrage : À Hohenheim, les animaux sont affourés quatre fois : à sept heures, foin ; à midi, paille ; à trois heures, pommes de terre ; le soir, paille. (Journ.)

AFFOURER v. a. ou tr. (a-fou-ré — du vieux mot fuerre ou fouarre, paille). Syn. d’affourager ; s’applique principalement aux bêtes à laine : Affourez le troupeau.

AFFOURRAGÉ, AFFOURRAGEMENT, AFFOURRAGER. V. Affouragé, Affouragement, Affourager.

AFFRAÎCHE ! (a-frè-che) interj. en usage dans la marine, et qui paraît être une corruption de l’impératif affraîchis. Les marins s’en servent pour manifester le désir de voir survenir quelque accroissement dans la force de la brise.

AFFRAÎCHIE s. f. (a-frè-chî — rad. fraîchir). Augmentation dans l’intensité du vent.

AFFRAÎCHIR v. n. ou intr. (a-frè-chir — rad. fraîchir). Mar. Syn. de fraîchir. Se dit du vent quand il devient plus fort. || On dit mieux fraîchir.

AFFRANCHE s. f. (a-fran-che).Techn. Pièce de bois destinée à soutenir les ridelles aux quatre coins de la voiture : Les affranches sont ordinairement au nombre de quatre.

AFFRANCHI, IE (a-fran-chi) part. pass. du v. Affranchir. Rendu libre après avoir été esclave ou serf : Le serf, une fois affranchi pouvait acquérir. Chez les Romains, l’esclave pouvait être affranchi, mais il conservait un caractère déshonnête et bas. (Napol. Ier.)

— Par anal. Délivré d’une servitude, d’une dépendance, d’un joug, etc. : Les Athéniens affranchis dressent des statues à leurs libérateurs. (Boss.)

Les oiseaux affranchis revinrent à leur cage.
Lamartine.
Vois dans ces champs, ces bois, la nature affranchie,
Se livrer noblement à sa noble énergie.
Saint-Lambert.
J’en jure par ce Dieu qui doit nous protéger,
Vous serez affranchis du joug de l’étranger.
C. Delavigne.

Lettre affranchie, paquet affranchi, Dont le port a été payé par l’expéditeur.

— Fig. Délivré, débarrassé de quelque chose qui gêne, d’un mal, d’une peine, d’une inquiétude : Affranchi de tout souci. Il demandait à Dieu d’être affranchi de l’esclavage où le vice le tenait captif et comme enchaîné. (Bourdal.) Montrez à la fortune que vous êtes affranchis de son pouvoir. (D’Aguess.) Affranchi par l’ablution chrétienne, le noir n’en resterait pas moins un ilote. (Rog. de Beauv.)

Que ce front, pour un jour affranchi de son deuil,
Rayonne, heureuse mère, et de joie et d’orgueil.
C. Delavigne.

— Hortic. Se dit d’un arbre greffé au pied, quand de l’endroit greffé il part de nouvelles racines qui s’enfoncent en terre et rendent inutiles les premières.

— Vétér. Se dit des animaux domestiques mâles, rendus, par la castration, impropres à la reproduction : Cheval affranchi. Porc affranchi. || Se dit également de certaines femelles, telles que les vaches, auxquelles on retranche les ovaires, dans le double but d’améliorer leur viande et de prolonger la durée de la production du lait. || Se dit aussi des poules et de quelques oiseaux auxquels on a retranché l’ovaire, ce qui est une sorte de castration : Geline affranchie.

AFFRANCHI, IE s. (a-fran-chi — rad. affranchir). Esclave qui recevait de son maître la liberté : Chez les Grecs, les affranchis n’étaient pas considérés comme citoyens, et ne jouissaient d’aucun droit. (Bouillet.) Les affranchis ne pouvaient se marier qu’à des affranchies de leur patron ou de sa famille. (E. Salverte.)

Rome à trois affranchis fur longtemps asservie.
Racine.
Jamais un affranchi n’est qu’un esclave infâme ;
Bien qu’il change d’état, il ne change pas d’âme.
Corneille.

— Fig. : La philosophie du xixe siècle n’est plus cette esclave révoltée qui, par ses excès mêmes, attestait sa longue servitude ; c’est une nouvelle affranchie. (V. Cousin.)

AFFRANCHIR v. a. ou tr. (a-fran-chir — rad. franc). Rendre, déclarer libre : Un maître de gladiateurs, ayant affranchi un esclave pour avoir vaillamment combattu, reçût du peuple de grands applaudissements. (La Harpe.) Souvent des chrétiens pieux et zélés achetaient des esclaves pour les affranchir. (Raynouard.) C’est sous le règne de Louis le Hutin qu’on commença sérieusement à affranchir les serfs. (L.-J. Larcher.)

— Par ext. Délivrer : Dieu affranchit son peuple de la tyrannie des Égyptiens. (Boss.) Thrasybule affranchit la ville d’Athènes des trente tyrans. (Littré.)

Il leur impose un joug dont il nous affranchit.
Corneille.
Et d’un si rude joug affranchissons ces lieux.
Corneille.
. . . . . . . Vos invincibles mains
Ont de monstres sans nombre affranchi les humains.
Racine.


|| Dans ce sens, s’empl. quelquefois sans complém. indirect : Arbace affranchit les Mèdes. (Boss.) Les souverains n’ont secoué le joug de Bonaparte qu’en affranchissant les peuples, ou en promettant de les affranchir. (Ballanche.)

En vengeant ma maison, j’affranchis ma patrie.
De Belloi.
La pensée et la foi affranchirent la terre.
Lamartine.


|| Dégrever de tout droit, de toute redevance : Affranchir une ville, un bien, de certaines charges. Affranchir quelqu’un de tout impôt. Le roi affranchit cette ville de la taille. Affranchir certaines marchandises de tous droits à l’entrée.

— Absol. : C’est le droit qui affranchit, mais c’est le devoir qui unit. (Lamenn.)

— Fig. Tirer d’une sujétion, d’une dépendance quelconque : Tous les dons de l’esprit n’affranchissent jamais le cœur de son devoir. (L. Rac.) Voltaire est le premier qui ait affranchi l’esprit humain. (La Harpe.) N’est-ce pas Dieu qui donne à l’homme cette pureté et cette sublimité morales qui l’élèvent au-dessus de la matière et l’affranchissent du honteux empire des sens ? (Auger.)

On affranchit Néron de la foi conjugale.
Racine.

— Délivrer d’un mal, d’une peine, de tout ce qui gêne : La mort nous affranchit des misères du monde. (Acad.) La société se créditant elle-même peut seule affranchir le travail. (L.-J. Larcher.)

Allons donc l’affranchir de ces frivoles craintes.
Corneille.
J’attendais que, le temple en cendres consumé,
Elle vint m’affranchir d’une importune vie
Racine.

Affranchir une lettre, un paquet, En payer le port au moment de l’expédition.

— Mar. Affranchir la pompe, Lui faire jeter une quantité d’eau plus considérable que celle qui entre dans le bâtiment. || Se dit aussi de la voie d’eau, pour signifier qu’on extrait plus d’eau, au moyen de la pompe, qu’il n’en pénètre par la voie elle-même.

— Manég. Affranchir un fossé, Le franchir.

— Vétér. Affranchir un animal, Le châtrer. || Affranchir une vache, la femelle d’un oiseau, Leur enlever les ovaires.

— Techn. Affranchir un tonneau, Le flamber quand il est neuf, pour lui ôter le goût du bois.

— Hortic. Affranchir un arbre, Le greffer au pied, de manière à ce que de nouvelles racines s’enfoncent en terre et fassent disparaître les premières.

S’affranchir, v. pr. Se rendre libre, indépendant : Plusieurs villes de l’Asie Mineure s’affranchirent et formèrent les royaumes de Pont, etc. (Boss.) Voyant qu’on mettait la liberté à si haut prix, beaucoup de serfs refusèrent de s’affranchir. (Anquetil.) L’Apôtre disait aux premiers chrétiens : « Le Christ vous affranchira, » et le successeur des apôtres dit aux chrétiens de nos jours : « Le Christ vous défend de vous affranchir. » (Lamenn.)

— Fig. Se débarrasser, se délivrer de ; se soustraire à : S’affranchir de tout devoir, de toute crainte. Les hommes tendent toujours à s’affranchir de la douleur. (B. Const.) Plus on veut s’affranchir de Dieu, plus on est esclave de soi-même et des autres. (Frayssin.) De nos jours, les nouveautés littéraires se sont affranchies de toute règle, et ont réalisé le désordre pour toute perfection. (Laurentie.)

Il se faut affranchir des lois de votre empire.
Malherbe.
Tu voudrais t’affranchir du joug de mes bienfaits.
Racine.

— Hortic. Se dit d’un arbre greffé au pied, et qui, par la naissance de nouvelles racines, force celles du premier sujet à disparaître.

Syn. Affranchir, délivrer. Affranchir signifie donner la franchise, la liberté ; délivrer signifie tirer d’une sujétion, d’une situation gênante, de l’esclavage. On affranchit une terre d’une redevance, d’une charge, d’une servitude dont elle était grevée. On délivre une contrée d’ennemis, de brigands, de tout ce qui lui est nuisible, etc. Affranchir un pays, c’est lui donner la liberté ; le délivrer, c’est la lui rendre : Les Américains s’affranchirent du joug de l’Angleterre. Hercule délivra la Grèce des monstres dont elle était infestée.

Antonymes. Asservir, assujettir, astreindre, contraindre, forcer, obliger, tyranniser.

AFFRANCHISSABLE adj. (a-fran-chi-sa-ble — rad. affranchir). Qui peut, qui doit être affranchi.

AFFRANCHISSANT (a-fran-chi-san) part. prés. du v. Affranchir : Des maîtres affranchissant leurs esclaves.

AFFRANCHISSANT, ANTE adj. v. (a-fran-chi-san, an-te — rad. affranchir). Qui affranchit, qui est propre à affranchir : Il y a au fond du christianisme une force affranchissante qui use d’elle-même les fers de tout injuste esclavage. (Le P. Félix.)