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Ils étaient affairés comme des fourmis à qui l’on a pris leurs œufs. (Balz.) On se demande si Londres n’est pas un cimetière où barbotent des fantômes affairés et malheureux. (H. Taine.)

Des piétons affairés encombrent les trottoirs.
Ancelot.
Il vous jette en passant un coup d’œil effaré,
Et sans aucune affaire est toujours affairé.
Molière.


|| Empressé, qui s’agite beaucoup, qui se donne de grands mouvements : Au milieu de ces chaloupes, j’en distingue une plus affairée, plus impatiente d’aborder notre bâtiment. (Comtesse Merlin.) La capitale du comté fait surgir devant nous la population affairée et criarde de son port. (X. Saintine.) L’existence individuelle, aujourd’hui si mobile et si affairée, ne permet pas toujours la lecture d’un long ouvrage. (Journ.) || En parlant des choses, se dit surtout de l’air, de la physionomie, de la mine, qui annoncent de l’inquiétude, de la préoccupation, de l’empressement : Quatre esclaves allaient et venaient d’un air affairé. (E. Sue.) Un avocat monte le large perron, un autre avocat le descend, orateurs imberbes à l’air affairé et n’ayant rien à faire. (J. Janin.) Je dois en vérité avoir l’air bien singulier avec une mine affairée et furieuse, mes bras gesticulant et les cris inarticulés que je pousse. (Th. Gaut.) || Peut avoir un complément marqué par la prép. de : Gens affairés de riens. (Mme  de Simiane.) Chacun était affairé, de son côté, de petits travaux ou de graves lectures. (F. Soulié.)

— Substantiv. : C’est un affairé. Les affairés abondent dans les grandes villes. || Faire l’affairé, Faire l’empressé, affecter d’être surchargé d’affaires, de besogne : Il fait toujours l’affairé. Sa sœur faisait l’affairée en mettant le couvert et en tracassant la servante. (Balz.)

AFFAIREUX, EUSE adj. (a-fè-reu, eu-ze — rad. affaire). Qui est embarrassé dans ses affaires : Me semble plus misérable un riche malaisé, nécessiteux, affaireux, que celui qui est simplement pauvre. (Montaig.) Ce sens a vieilli. || Qui donne fort à faire, qui occupe beaucoup, en parlant des choses : J’aime mieux une vie moins brave et moins affaireuse. (Montaig.) C’est trop vous avoir retenu, lui dit-elle, car je sais que le commerce des fèves est fort affaireux par le temps qui court. (Ch. Nod.)

— Par ext. Qui absorbe sans profit un temps utile : Mainvielle ne se mêlait pas volontiers aux conversations affaireuses, et il est vrai de dire qu’il était d’ailleurs fort occupé de son côté. (Ch. Nod.)

AFFAISAGE s. m. T. de fauconn. V. Affaîtage.

AFFAISSANT (a-fè-san) part. prés. du v. Affaisser : Les anciennes républiques de la Grèce avaient interdit à leurs concitoyens tous les métiers tranquilles et sédentaires qui, en affaissant et corrompant le corps, énervent sitôt la vigueur de l’âme. (J.-J. Rouss.)

AFFAISSÉ, ÉE (a-fè-sé) part. pass. du v. Affaisser. Effondré, tassé l’un sur l’autre : La partie de la montagne où ces pierres lenticulaires se trouvent semblait être affaissée. (Buff.)

Les mondes affaissés s’écroulent sur les mondes.
Delille.


|| Courbé, affaibli : Nous le trouvâmes affaissé sur lui-même.

— Fig. dans ce dernier sens : Pendant que l’empire d’Orient était affaissé sous un mauvais gouvernement, des causes particulières le soutenaient. (Montesq.) || Triste, fatigué, abattu, sans énergie, en parlant des personnes : Elle était plus triste et plus affaissée qu’à l’ordinaire. (G. Sand.) Ils me racontaient les accès de fureur de ces malheureux que je voyais calmes et affaissés dans un coin de leur loge. (De Barante.) Je vois au midi des races affaissées sous je ne sais quelle malédiction ; un joug pesant les accable, elles marchent courbées. (Lamenn.) || En parlant des choses : La musique ébranle les organes affaissés et rend des sentiments à un cœur flétri. (La Harpe.) Il vit l’altération soudaine de son visage, pâle et affaissé déjà par les angoisses de la nuit. (G. Sand.)

L’homme même succombe, et son âme affaissée
Sent défaillir sa force et mourir sa pensée.
Delille.
........ Mes forces affaissées
S’en vont ; il me fallait l’air des champs, le soleil.
V. Hugo.

AFFAISSEMENT s. m. (a-fè-se-man — rad. affaisser). État d’une chose affaissée, qui fléchit sous son propre poids : L’affaissement d’un corps, des terres, d’un édifice, d’une montagne, etc.

— Fig. Accablement, affaiblissement des forces physiques, intellectuelles et morales : Il y avait dans l’abandon de Vergniaud un abandon de lui-même qui ressemblait à l’affaissement. (Lamart.) Je contemplais tristement ces malheureux serrés les uns contre les autres et sommeillant dans l’attitude de l’affaissement produit par la douleur. (Lamart.) De grandes calamités publiques, des fléaux destructeurs, contribuèrent à l’affaissement des esprits. (Malte-Brun.) Une espèce d’affaissement moral s’empare d’un peuple longtemps travaillé par les révolutions. (Mérimée.)

— Pathol. État d’un homme qui, affaibli par la maladie, ne peut se soutenir : J’ai trouvé ce malade dans un grand affaissement. (Acad.)

— Chirurg. Dépression : L’affaissement d’une tumeur.

— Géol. Système des affaissements, Système d’après lequel on explique la formation des montagnes, non par une ascension propre, mais par la dépression des terres environnantes.

AFFAISSER v. a. ou tr. (a-fé-sé — rad. faix). Faire ployer, courber sous le faix : Une trop grande charge finit par affaisser un plancher. || Faire baisser, tasser des choses posées les unes sur les autres : Les grandes pluies affaissent les terres. (Acad.) La taupe ne sort de sa retraite que lorsque l’eau l’a remplie, ou lorsque le pied des jardiniers en affaisse le dôme. (Buff.) Les emportements des hommes comme Phœbus sont des soupes au lait dont une goutte d’eau froide affaisse l’ébullition. (V. Hugo.)

Il sentait que la mort affaissait ses paupières.
Lamartine.

— Fig. Diminuer les forces, affaiblir, accabler : Le grand âge n’a point affaissé son esprit. (Acad.) L’amour, qui anime et soutient votre cœur, affaisse et abat le mien. (J.-J. Rouss.)

S’affaisser, v. pr. S’abaisser, se plier, se courber par son propre poids : Une maison qui s’affaisse. Un vieillard s’affaisse sous le poids des années. (Acad.) Les montagnes s’affaissent quelquefois. (Trév.) Bientôt la flamme s’échappe et le gazon s’affaisse. (Castel.) Sa tête s’affaissa sur son bras et elle parut s’endormir. (Comtesse Merlin.) Sa tige délicate s’affaissait sous le poids de sa tête fleurie. (Mme  Tastu.) Les ouvrages de terrasses, les chaussées des chemins faits de terres rapportées, sont sujets à s’affaisser. (Quatremère.) Madame de Villefort poussa un soupir, ses nerfs se détendirent, elle s’affaissa sur le tapis. (Alex. Dum.) Quand le poisson est hors de l’eau, ses branchies s’affaissent et se dessèchent. (J. Macé.)

Ses membres sur les miens en tombant s’affaissèrent.
Lamartine.

— Fig. Être accablé : L’âme s’affaisse sous le poids des chagrins. Mon cœur s’affaissa sous la misère et la désolation de tout ce qui m’entourait. (J. Janin.) Quand tous les sommets de la société chancellent et s’affaissent, c’est que depuis longtemps déjà la base défaille et s’écroule. (Dupanl.) La région de l’illusion s’est comme affaissée sous mes pieds. (St-Martin.) || On supprime quelquefois le pronom se, et l’on dit laisser affaisser pour laisser s’affaisser : En adoptant les rapports, les idées, les instruments des autres, tels qu’ils nous les donnent, nous laissons affaisser notre esprit dans la nonchalance. (J.-J. Rouss.)

— Chirurg. Subir une dépression : Une tumeur qui s’affaisse.

AFFAÎTAGE ou AFFAISAGE s. m. (a-fè-ta-je, za-je — rad. affaîter). Fauconn. Action de dresser, d’apprivoiser un oiseau de proie.

AFFAÎTÉ, ÉE (a-fé-te) part. pass. du v. Affaîter. Apprivoiser : Un oiseau affaîté, bien affaîté. || S’est employé fig. dans le sens d’Élevé, instruit : Plusieurs ne mettent leurs enfants à l’étude pour étudier, mais seulement pour leur éveiller l’esprit et pour les rendre plus affaîtés par le moyen de la compagnie. (H. Estienne.)

AFFAÎTEMENT s. m. (a-fè-te-man — rad. affaîter). Fauconn. Action d’affaîter un oiseau de proie. || Ce mot se prenait anciennement pour Éducation, manière.

— Techn. Manière de travailler les peaux à la tannerie.

AFFAÎTER v. a. ou tr. (a-fè-té — du lat. ad, à ; factare, façonner, disposer, préparer). Fauconn. Apprivoiser un oiseau de proie, le dresser à revenir sur le poing. || S’est employé anciennement au fig. dans le sens d’Élever, instruire ; orner, ajuster : Il duist sa barbe, affaîta son guernon. (Ch. de Roland.)

Amour sait affaîter cils qui lui font ligeance.
xiiie siècle

— Archit. Se dit quelquefois, mais abusivement, pour enfaîter.

— Techn. Façonner : Affaîter des peaux.

AFFAÎTEUR s. m.(a-fè-teur — rad. affaîter). Fauconn. Celui qui est chargé de dresser, d’apprivoiser les oiseaux de proie.

AFFALANT (a-fa-lan) part. prés. du v. Affaler.

AFFALÉ, ÉE (a-fa-lé) part. pass. du v. Affaler. Mar. Arrêté sur la côte par le défaut de vent et par les courants, en parlant d’un navire : Le vaisseau a été affalé par des vents, par une grosse mer, par des avaries. (Willaumez.) || Par ext. Se dit des personnes dont le vaisseau est affalé : Au point du jour, nous nous trouvâmes affalés à la côte presque en face de Césarée. (Chateaub.) Vers midi, nous sommes affalés à la côte du continent, en face d’Hydra. (Lamart.)

— Fig., par allus. à ce dernier sens, Être dans une position fâcheuse, désagréable : Les affaires ne vont plus, mon cher, nous voilà affalés sous le vent.

AFFALER v. a. ou tr. (a-fa-Ié — de l’all. af, auf, sur ; fallen, tomber). Mar. Pousser un vaisseau vers la côte, et le mettre en danger d’échouer : Le vent avait affalé ce navire. Le vent nous avait affalés. || Faciliter le passage d’un cordage dans une poulie ou ailleurs : Affaler un cordage. || Plus ordinairement ce verbe signifie Faire descendre, amener à soi : On affale une barrique suspendue à un palan. (A. Jallais.) On affale un voilier ou un gabier dans une chaise. (Bonnefoux.) On affale un calfat le long du bord pour qu’il puisse travailler à des réparations dans la voilure, le gréement ou la coque. (Bonnefoux.) Affaler un objet, c’est l’attacher à un bout de cordage pour l’envoyer d’un lieu à un autre moins élevé. (Dict. de marine.)

— Canot. Affaler une manœuvre, L’abaisser, peser sur elle pour vaincre le frottement qui la retient.

— Neutral. ou intransitiv. Affaler à une côte, Être porté, malgré soi, par un coup de vent ou un autre accident, sur une côte ou à la côte.

S’affaler, v. pr. Se dit d’un bâtiment lorsqu’il perd sous le vent, c’est-à-dire lorsque, maigre ses efforts pour s’éloigner d’un point situé sous le vent, il ne peut y réussir : Le navire va s’affaler s’il ne change pas de manœuvre. (Acad.) Le bâtiment avait essayé de virer de bord ; mais n’ayant pu y parvenir, il s’était affalé sous le vent. (Chateaub.) Le navire s’affala par une fausse manœuvre, il se trouva sous le vent du point où il voulait se rendre. (Bonnefoux.) || Se laisser glisser du haut en bas sur une manœuvre, le long d’un cordage, pour descendre plus vite  : Ce matelot s’est affalé le long de tel cordage. (Acad.)

AFFAMABLE adj. (a-fa-ma-ble — rad. affamer). Qui peut être affamé, que l’on peut affamer : Ville, place affamable.

AFFAMANT (a-fa-man) part. prés. du v. Affamer : Les Visconti trouvent le secret de lui faire repasser les Alpes, tantôt en affamant sa petite armée, tantôt en négociant. (Montesq.)

AFFAMANT, ANTE adj. (a-fa-man, an-te — rad. affamer). Propre à affamer : Régime affamant. Médication affamante.

— Fig. Qui porte à désirer ardemment et sans cesse ; dévorant : Une ambition affamante.

AFFAMATION s. f. (a-fa-ma-si-on — rad. affamer). Néol. Action d’affamer ; résultat de cette action ; et, fig., Ardent désir, vif empressement : Il était animé par cette affamation de servir, si éminemment française, et qui est toujours prête à grandir quand il s’agit d’un maître nouveau. (Rog. de Beauv.)

AFFAMÉ, ÉE (a-fa-mé) part. pass. du v. Affamer. Qui a faim, qui souffre de la faim ; qui a un appétit dévorant : Il voit une multitude errante et affamée. (Mass.) De ma vie, je ne fus si affamé, ni mieux nourri. (J.-J. Rouss.) L’homme riche tourmenté par ses compatriotes affamés, qui lui demandent de l’occupation, hausse le prix de son argent. (B. de St-P.) Les meilleures raisons ne pouvaient pas plus sur lui que sur un loup affamé. (Volt.) Le vent hurlait comme une meute de chiens affamés. (Lamart.) Le guêpier, en toute contrée, livre une rude guerre aux guêpes affamées de nos fruits. (Michelet.)

Un vautour affamé se moque bien des lois.
Le Bailly.


|| Se dit aussi des choses : Rien qu’un silence de mort, troublé seulement par les cris affamés des oiseaux de proie. (Th. Gaut.) La chanson de Béranger ! elle est l’ivresse et le pain des tables affamées. (J. Janin.) Les laboureurs jetèrent un coup d’œil affamé à travers les fenêtres de la cuisine du rez-de-chaussée, où l’on préparait un souper pantagruélique. (E. Sue.)

— Par ext. Qui est dans le besoin, dans le dénûment le plus complet, qui manque de tout : Le peuple affamé ne sait pas craindre. (Lucain.)

......... Comment percer
De rimeurs affamés cette foule effroyable ?
Boileau.
Mais quoi ! dans la disette une muse affamée
Ne peut pas, dira-t-on, subsister de fumée.
Boileau.

— Fig. Avide, qui désire avec passion : Affamé de gloire, d’honneurs, de richesses, de réputation, etc. Que de gens sont dégoûtés de tout ce qu’ils ont, et affamés de tout ce qu’ils n’ont pas ! (Fén.) C’est un homme affamé d’argent et de secrets. (Gui Patin.) Je me retirai plein de curiosité et affamé d’idées nouvelles. (Cazotte.) Vous serez le trésor enfoui sur lequel passent les hommes affamés d’or, sans savoir que vous êtes là. (Balz.) Ici le cœur se creuse de nouveau et redevient affamé de vengeance. (Alex. Dum.)

...... Ces auteurs renommés
Qui dégoûtés de gloire et d’argent affamés
Boileau.
Ce cœur, nourri de sang et de guerre affamé,
Traîne partout l’amour qui l’attache à Monime.
Racine.


|| Se dit quelquefois avec un nom de personne pour complément : Vous imaginez-vous, Monsieur de Pourceaugnac, qu’une fille comme la mienne soit affamée de mari ?Vous imaginez-vous, monsieur Oronte, qu’un homme comme moi soit affamé de femmes. (Mol.) || Dans le même sens, affamé de peut être suivi d’un infinitif : Où sera le juge assez hardi, assez affamé de faire un coupable ? (Pellisson.) Malgré l’extrême chaleur, nous sommes toujours en mouvement, nous sommes comme affamés de tout voir. (H. Beyle.) La jeune Italienne était affamée de voir son amant. (Balz.)

— Absol. Tout ce que les hommes vides et affamés cherchent sur la terre. (Fén.) Tu étais dégoûté et affamé tout ensemble. (Fén.) Le cœur n’est affamé que lorsqu’il est vide. (Mass.)

Ces neveux affamés, dont l’importun visage,
De mon bien à mes yeux fait déjà le partage.
Boileau.

|| Dépourvu de grâce, de charme : Un style aride et affamé.

— Par exag. Se dit quelquefois de choses maigres, pauvres dans leur genre : Sol affamé. Écriture affamée.

— Prov. Ventre affamé n’a point d’oreilles, Celui qui a faim n’écoute guère ce qu’on lui dit, les représentations qu’on lui fait. C’est la moralité du Milan et le Rossignol, fable de La Fontaine. Ce proverbe peut être l’objet de fréquentes applications : Un collégien, qui avait passé tout le temps du repas à causer avec son voisin au lieu d’écouter la lecture qui se fait dans certains établissements, fut sommé par le directeur, à la fin du dîner, de rendre compte du chapitre qu’on venait de lire. Notre jeune rhétoricien, qui aimait mieux se faire taxer de gourmandise que de bavardage, répondit avec beaucoup d’à-propos : « Monsieur, ventre affamé n’a point d’oreilles. » || Comme un pou affamé, Comparaison triviale, mais énergique, servant à caractériser l’homme qui pousse la rapacité jusqu’à ses dernières limites.

— Subst. et fam. Celui, celle que la faim pousse : Donnez du pain à cet affamé. Il mange comme un affamé. (Acad.) Tout ce que je faisais pour Thérèse était détourné par sa mère en faveur de ces affamés. (J.-J. Rouss.) Il y a en Angleterre trois cent mille affamés, qui fuient chaque année le sol de la patrie. (Ledru-Rollin.) Olaüs II, roi de Danemark, mort en 1695, fut surnommé l’Affamé ou le Famélique, à cause d’une famine cruelle qui affligea son royaume. (***.) La charité de la femme, c’est l’aumône à qui la demande, le pain donné à l’affamé. (Michelet.)

— Fig. Celui, celle qui est avide de, qui désire passionnément une chose : Je dis que je me contenterais d’une fortune médiocre ; sur quoi ces affamés d’honneurs et de richesses s’écrièrent que j’avais tort. (Le Sage.) Incapable de méchanceté, bienveillant comme tous les affamés de popularité, c’était un ami fidèle, mais négligent. (L. Ulbach.) Autrefois j’étais de ces affamés d’honneurs que le désir de vaincre inquiète jour et nuit. (Balz.)

Le marbre me va mieux que l’impure Phryné,
Chez qui les affamés vont chercher leur pâture.
Alf. de Musset.

AFFAMER v. a. ou tr. (a-fa-mé — du lat. fames, faim). Causer, faire souffrir la faim ; occasionner la faim en retranchant, en arrêtant les vivres : Affamer une ville. On affame souvent les provinces par un transport malentendu des blés. (Trév.) Quand Porsenna affamait les Romains dans leurs murailles… (Boss.) Lorsque Justinien fut envoyé en Italie, il commença par conquérir la Sicile et affama ses ennemis. (Montesq.) Il y a urgence d’abolir partout l’impôt de consommation, qui exténue le peuple et qui l’affame. (Proudh.) || Affaiblir, rendre moins vif, moins actif : La diète affame la maladie ; mais elle affame bien plus encore la vitalité. (Raspail.)

— Absol. : Pour dompter, on affame. (Boiste.)

— Fig. Faire naître des sentiments, inspirer des désirs : Affamer l’esprit, l’intelligence, le cœur. Il faut aux femmes des couvents libres, asiles, ateliers temporaires, et que les couvents ne les affament plus. (Michelet.)

— Pêch. Attirer, à l’aide d’un appât, le poisson à fleur d’eau, à l’endroit où le filet est tendu.

— Agric. Affamer une plante, un arbre, Les priver d’une partie de leur nourriture, pour arrêter un trop grand développement de bois, nuisible aux fleurs et aux fruits.

S’affamer, v. pr. Être affamé : Une contrée si fertile ne peut s’affamer. L’araignée s’affame pour se nourrir, elle s’épuise pour se refaire, elle se maigrit sur l’espoir incertain de s’engraisser. (Michelet.) || Tomber dans la misère, le dénûment : Quelquefois le travailleur se trompera dans son calcul, ou bien, emporté par la passion, il sacrifiera un bien immédiat pour une jouissance prématurée, et après avoir sué le sang et l’eau, il s’affamera. (Proudh.)

AFFAMEUR s. m. (a-fa-meur — rad. affamer). Néol. Celui qui affame, qui ôte, qui retranche les vivres : Le cri d’affameur désignait à une mort à peu près certaine celui qui en était l’objet. (Alex. Dum.)

AFFANGISSEMENTS s. m. pl. (a-fan-ji-se-man — rad. fange). Eaux et for. Amas de fange, de vase, dans le lit des cours d’eau.

AFFANER v. a. ou tr. (a-fa-né — du lat. fænum, foin). Cultiver. Vieux mot. V. Ahaner.

AFFANURE s. f. (a-fa-nu-re — du lat. ad, à ; fænum, foin). Agric. La portion de blé que l’on donne, dans quelques provinces, aux moissonneurs et aux batteurs en grange, pour les payer de leur journée.

AFFARE s. f. (a-fa-re). Anc. dr. Terme usité en Dauphiné pour désigner toutes les dépendances d’un fief.

AFFE s. f. (a-fe). En t. d’argot, Vie, âme. || De l’eau d’affe, De l’eau-de-vie. || L’origine de ce mot est controversée. Nous y voyons une onomatopée du mouvement, du bruit de la respiration, indispensable à la vie. Par une transition toute naturelle, l’argot a fait eau