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ADROGEANT, ANTE s. (a-dro-jan, an-te — rad. adroger). Droit rom. Celui, celle qui prenait en adoption : Dans le transport à l’adrogeant de la fortune de l’adrogé, se présentait un des résultats les plus singuliers de la rigueur des déductions du droit romain. (Encycl. mod.)

ADROGER v. a. ou tr. (a-dro-jé — lat. adrogare, même sens ; de ad, pour ; rogare ; demander). Droit rom. Prendre en adoption : On ne pouvait adroger que les individus sui juris, c’est-à-dire qui n’étaient soumis à la puissance de personne. L’adrogeant prenait les créances de celui qu’il adrogeait. (Encycl. mod.)

ADROIT, OITE adj. (a-droi, oi-te ; autref., on prononçait adret, ète, et même encore au temps de Corneille, qui l’a fait rimer avec retraite — du lat. ad, à ; dextera, main droite). Qui a de l’adresse dans les exercices du corps, dans le travail des mains : Adroit à tirer le pistolet. L’homme est le plus parfait, le plus adroit ou le plus fort de tous les animaux. (Buff.) Les Russes sont singulièrement adroits et industrieux. (Custine.) Demain tu feras venir un ouvrier, si tu n’es pas assez adroit pour faire cette besogne toi-même. (G. Sand.)

— Fig. Qui de l’habileté, de la finesse d’esprit : Homme adroit et entreprenant. Femme adroite à mentir, à dissimuler. Le plus adroit l’emporte toujours sur le plus fort. (Phèdre.) Il n’avait pas été moins adroit dans l’estimation des autres mesures. (Ch. Nod.) Le piège le plus adroit est celui que l’on tend à l’hypocrite en l’obligeant à une bonne action. (Boiste.) Je vis qu’elle voulait des louanges et de jolies paroles, et je n’étais pas des plus adroits à ce jeu-là. (G. Sand.) Les charlatans, plus adroits que les voleurs, arrivent au même but sans courir les mêmes dangers. (Beauch.) || Se dit aussi des animaux :

Sur la branche d’un arbre était en sentinelle
        Un vieux coq adroit et matois.
La Fontaine.


|| En parlant des choses, Où il y a de la ruse, de la finesse : Discours adroit. Mensonge adroit. Flatteries adroites. Les passions ne sont pas seulement violentes, elles sont adroites. (Mass.) Par un adroit sophisme, il combattit toute restriction du pouvoir royal. (Villem.)

La louange agréable est l’âme des beaux vers,
Mais je tiens, comme toi, qu’il faut qu’elle soit vraie,
Et que son tour adroit n’ait rien qui nous effraye.
Boileau.

— Prov. et fam. Il est adroit comme un singe, Il est très-habile de ses mains. || Triv. Il est adroit de ses mains comme un cochon de sa queue, Il est très-gauche, très-maladroit dans tout ce qu’il fait.

— Manég. Se dit d’un cheval qui choisit bien les endroits où il pose le pied, qui tourne habilement lorsqu’il est attelé à une voiture.

Syn. Adroit, entendu, habile, industrieux, ingénieux. Le mot habile caractérise la conduite dans toute affaire compliquée ou dans tout un ordre d’affaires : Un administrateur habile. On n’est adroit que dans un acte simple ou particulier : Le duc de Marlborough était à Saint-James un adroit courtisan. (Volt.) L’adresse est donc inférieure à l’habileté. L’homme industrieux est tout à la fois adroit et inventif : La main industrieuse de l’art a conduit ces eaux par mille détours sur des pentes de verdure. (Marmontel.) Celui qui est ingénieux est seulement inventif, et le mot s’applique à de moindres choses : Où pourrais-je trouver un médecin assez ingénieux pour manier dextrement une partie et si malade et si délicate ? (Boss.) Celui qui est entendu est devenu propre à un service à force de leçons ou d’expérience : Un ouvrier entendu dans son métier. (Volt.)

Antonymes. Gauche, inapte, inepte, inhabile, lourd, lourdaud, maladroit, malhabile, mazette, sabrenas.

Adroite princesse (L’) ou les Aventures de Finette, nouvelle de Perrault. (V. Contes des Fées.) C’est l’histoire des trois filles d’un roi d’Europe, surnommées, à cause de leurs caractères, l’une Nonchalante, la seconde Babillarde, et la troisième Finette. Toutes trois furent enfermées dans une tour, pendant l’absence du roi. Un beau cavalier s’étant introduit près des trois sœurs sous les haillons d’une pauvre femme, il courtisa successivement Nonchalante et Babillarde, qui se laissèrent tromper par ses belles paroles ; puis il s’adressa à Finette. Mais celle-ci, moins crédule, sut s’en débarrasser habilement en le faisant tomber dans un égout. L’auteur prouve à sa manière, dans cette nouvelle gracieuse, que la défiance est mère de la sûreté, de même que l’oisiveté est la mère de tous les vices. Il y a dans cette œuvre du célèbre conteur moins de vivacité que dans ses Contes ; mais on ne peut y méconnaître des qualités charmantes de style, comparables à celles qui éclatent dans Peau d’Âne et dans la Belle au bois dormant.

ADROITEMENT adv. (a-droi-te-man — rad. adroit). Avec adresse, avec dextérité : Le metteur en œuvre travaille adroitement ce que l’homme de goût a dessiné habilement. (Volt.) Le paysan escalada la barrière fort adroitement. (G. Sand.)

— Fig. Avec habileté, avec finesse : Il lui insinua adroitement qu’il allait partir. (Volt.) Les épisodes doivent être liés adroitement au sujet principal. (Delille.) Une supériorité sottement négligée ne vaut pas une médiocrité adroitement cultivée. (Mme E. de Gir.) Les plus satiriques et les plus misanthropes sont assez maîtres de leur bile pour se ménager adroitement des protecteurs. (Ste-Beuve.)

Elle prévient ma plainte, et cherche adroitement
À la faire passer pour un ressentiment.
Corneille.

ADROSTRAL, ALE adj. et s. m. (a-dro-stral, a-le — du lat. ad, auprès ; rostrum, bec). Anab. Se dit d’une pièce de la mâchoire supérieure de quelques animaux.

ADROSTRO-LABIAL, ALE adj. et s. m. (a-dro-stro-Ia-bi-al, a-le — du lat. ad, vers ; rostrum, bec, et franç. labial). Anat. Se dit d’un muscle de la bouche de la grenouille.

ADRY (Jean-Félicissime), bibliographe né à Vincelotte (Bourgogne), m. en 1818. On lui doit de bonnes éditions annotées de Boccace, de La Fontaine, du Télémaque, etc., une Notice sur les Elzévirs, une Histoire littéraire de Port-Royal, une Vie de Malebranche, etc.

ADSCAPÉAL, ALE adj. (ad-ska-pé-al, a-le). Anat. Se dit de l’une des pièces osseuses de l’oreille interne. || Il est aussi subst. masc. : L’adscapéal.

ADSCAPULO-HUMÉRAL adj. et s. m. (ad-ska-pu-lo-u-mé-ral — franç. scapulaire et huméral). Anat. Se dit de l’un des muscles du bras de la salamandre.

ADSCRIPTION s. f. (ad-skri-psi-on — lat. adscriptio, même sens ; de ad, auprès ; scriptus, écrit). Inscription, enregistrement : L’adscription du noir sur la plantation aura pour effet de la lui faire considérer comme sa propre maison. (Code des noirs.)

ADSTRICTION s. f. (ad-strik-si-on — du lat. adstringere, resserrer). Méd. Resserrement causé par un astringent.

ADUATICIENS s. m. pl. (a-du-a-ti-si-ain — lat. Aduatuci ; de Aduatuca, ville de Belgique, chez les Eburons). Géogr. Ancien peuple de la Gaule, issu des Cimbres et des Teutons entre l’Escaut et la Meuse. Il On dit aussi aduatiques.

ADUFE s. m. (a-dou-fe — mot espag.). Espèce de tambour de basque dont on se sert en Espagne.

ADULAIRE adj. et s. f. (a-du-lè-re — rad. Adule, montagne des Alpes). Minér. Se dit d’une espèce de feldspath, qui se trouve au mont Saint-Gothard, autrefois l’Adule. On la homme aussi pierre de lune, à cause de sa couleur blanche et de son éclat nacré. Les lapidaires la montent sur les bagues et les épingles.

ADULANT (a-du-lan) part. prés. du v. Aduler.

ADULATEUR, TRICE s. (a-du-Ia-teur, tri-se — lat. adulator, même sens ; de adulari, flatter). Celui, celle qui flatte bassement et dans des vues intéressées : Un lâche adulateur. Une adulatrice éhontée. La grandeur, je le sais, ne manque pas d’adulateurs, mais les grands manquent souvent d’amis. (Mass.) Le parti des anarchistes, des radicaux, des démagogues, des adulateurs de la multitude, bouleversait sans cesse Athènes. (Lamart.) Vous devriez adorer votre mari, puisqu’il est l’adulateur infatigable de votre prétention à n’être pas devinée. (G. Sand.)

Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire,
Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère.
Boileau.
D’adulateurs une cour importune
Venait en foule adorer ta fortune.
Voltaire.
Des vils adulateurs la troupe sacrilége
Est sans cesse d’un roi le malheureux cortége.
Morand.

— S’empl. adjectiv. : Si vous êtes une mère adulatrice, vous aurez une fille orgueilleuse ou vaine. (Théry.)

D’un peuple adulateur l’ardente idolâtrie.
C. Delavigne.


|| Se dit aussi des choses qui servent à aduler, qui ont le caractère de l’adulation : Langage adulateur. Vers adulateurs. Préface adulatrice. Il ne lui refusa pas cependant quelques phrases adulatrices, à l’époque de son élection à l’Académie française. (Lamart.)

… Pour caresser sa faiblesse,
Sous tes pinceaux adulateurs,
Tu parais du nom de sagesse
Les leçons de ses corrupteurs.
Lamartine.

Syn. Adulateur, flagorneur, flatteur, louangeur. Le louangeur ne loue que pour louer : Le cardinal Dubois était doux, bon, souple, louangeur. (St-Sim.) Le flagorneur loue à tout propos et avec maladresse : Le flagorneur doit mépriser celui qui se laisse prendre à ses flagorneries. (Guizot.) Le flatteur loue pour plaire : Le vice des flatteurs, c’est qu’ils applaudissent au mal autant qu’au bien. (La Rochef.) L’adulateur loue avec bassesse et hypocrisie. Ce mot appartient au langage relevé : Les grands ne manquent jamais d’adulateurs. (Fén.)

Épithètes. Fade, insipide, sot, stupide, soumis, bas, servile, rampant, lâche, vil, fin, adroit, subtil, faux, fourbe, pertide, effronté, éhonté.

ADULATIF, IVE adj. (a-du-la-tif, i-ve — rad. aduler). Qui sert à aduler, qui a le caractère de l’adulation : Il a fait des vers fort adulatifs au cardinal Mazarin. (G. Patin.) Peu usité.

ADULATION s. f. (a-du-Ia-si-on — lat. adulatio, même sens ; de adulari, flatter). Flatterie basse, servile, intéressée : Les insinuations dangereuses de l’adulation se couvrent du voile du bien public. (Mass.) Les éloges donnés à un roi sont voisins de l’adulation. (De Malesherbes.) L’éducation publique préserve la jeunesse de l’adulation, dont l’enivre l’éducation domestique. (Boiste.) On exalte un maître qui n’est plus, pour justifier par l’adulation la servitude passée. (Chateaub.) Tout homme qui se présentait chez elle avec l’adulation sur les lèvres était sûr d’être accueilli avec reconnaissance. (G. Sand.)

De l’adulation la basse ignominie,
En avilissant l’âme, énerve le génie.
Delille.
Il n’estimait la voix de l’adulation
Qu’en ce qu’elle a d’utile à son ambition.
Nép. Lemercier.


|| S’empl. souvent au pluriel : Le long usage des adulations rend les princes insensibles à la tendresse. (Mass.) Il caressait l’orgueil de cette femme par d’ingénieuses adulations. (G. Sand.)

ADULATOIRE adj. (a-du-Ia-toi-re — rad aduler). Qui appartient à l’adulateur, qui tient de l’adulation : Le quid libet audendi accordé aux poëtes peut excuser cette fiction un peu adulatoire. (La Harpe.) En général dans presque toutes les contrées du globe, on se fait des questions obligeantes sur la santé, on s’adresse des phrases plus ou moins adulatoires. (Alibert.)

ADULE, ancien nom d’un groupe des Alpes, en Suisse, où le Rhin prend sa source :

Au pied du mont Adule entre mille roseaux,
Le Rhin, tranquille et fier du progrès de ses eaux…
Boileau.

ADULÉ, ÉE (a-du-lé) part. pass. du v. Aduler : Andréa, serré par ses amis, complimenté, adulé, était sur le point de perdre la tête. (Alex. Dum.) Rester fidèle à un serment, à un souvenir, à un nom, ce n’est pas un rôle possible à proclamer pour une femme riche et adulée. (G. Sand.) Cette jeune fille était gâtée et adulée par sa grand’mère. (Lamart.) Charles avait été trop constamment heureux par ses parents, trop adulé par le monde, pour avoir de grands sentiments. (Lamart.)

ADULER v. a. ou tr. (a-du-Ié — du lat. adulari, caresser à la façon des chiens ; de ad, à ; ululare, hurler. — Mot introduit dans la langue par Diderot). Flatter bassement, avec servilité : Aduler un souverain. Aduler le pouvoir. Quoi ! vous adulez bassement le souverain pendant sa vie et vous l’insultez cruellement après sa mort ! (Dider.) Les jolies femmes sont comme les souverains, on ne les adule que par intérêt. (Boiste.) Elle ne cherchait dans un homme qu’une seule capacité ; celle qui consiste à savoir louer et aduler une femme. (G. Sand.)

S’aduler, v. pr. Se flatter complaisamment, ridiculement.

ADULIS (a-du-liss). Géogr. anc. Ville d’Éthiopie, port sur la mer Rouge.

— Antiq. Marbre d’Adulis, Inscription trouvée dans cette ville, au vie siècle, sur un siége de marbre. Elle contient, outre la généalogie de Ptolémée Evergète, une seconde partie que l’on croit écrite dans un langage abyssinien, et qui est une liste des peuples qu’un roi inconnu se vante d’avoir soumis. On en a contesté l’authenticité.

ADULITAIN, AINE s. (a-du-li-tain — rad. Adulis). Géogr. anc. Qui appartient à Adulis, qui a rapport à Adulis ou à ses habitants.

— Antiq. Marbre adulitain. V. Adulis.

ADULTE adj. (a-dul-te — lat. adultus, part. pass. de adolere, croître). Qui est arrivé à la période de la vie comprise entre l’adolescence et la vieillesse, à l’âge de raison : Il n’est pas possible de méconnaître la physionomie toute particulière qui sépare le bouillant jeune homme de l’homme adulte. L’homme ne peut être venu sur la terre qu’adulte.

— Fig. Se dit des facultés intellectuelles qui ont pris tout leur développement : Intelligence adulte. La force demandée a des cerveaux non adultes est un escompte de leur avenir. (Balz.)

— Zool. et Bot. Se dit aussi des animaux dont le corps et les membres ont acquis tout leur développement, et des plantes qui ont atteint le terme de leur accroissement.

— Substantiv. Celui, celle qui est dans l’âge adulte : Certaines maladies attaquent rarement les adultes. En France, il y a douze millions d’adultes qui ne savent pas lire. (H. Rigault.)

— Hist. ecclés. Baptême des adultes, Baptême solennel que les adultes recevaient la veille de Pâques ou de la Pentecôte.

Encycl. On donne le nom d’âge adulte à l’âge qui succède à l’adolescence et qui dure jusqu’à la vieillesse, c’est-à-dire depuis vingt-trois ou vingt-quatre ans chez l’homme, dix-neuf ou vingt ans chez la femme, jusqu’à soixante ans chez les deux sexes. La taille est alors arrivée à son maximum ; les proportions du corps et des membres sont définitives ; les os deviennent plus denses et plus pesants, la graisse plus abondante ; le corps s’accroît en largeur et gagne en force de résistance ce qu’il perd en souplesse et en agilité. En même temps, les idées deviennent plus sérieuses : moins d’exagération se révèle dans les sentiments ; les passions s’équilibrent mieux, l’imagination moins vive laisse plus d’empire aux facultés réflectives. Les maladies qui caractérisent surtout l’âge adulte sont celles de l’appareil gastro-hépatique et des voies urinaires, le rhumatisme et la goutte, et, chez la femme, les maladies de l’utérus. La disposition à la pléthore, à la congestion, à l’obésité, se remarque également pendant cette période, où l’abondance de nutrition ne peut plus servir à l’accroissement.

ADULTÉRANT (a-dul-té-ran) part. prés. du v. Adultérer : Des marchands adultérant certaines substances.

ADULTÉRANT, ANTE adj. (a-dul-té-ran, an-te — rad. adultérer). Qui peut adultérer : Matière adultérante. Peu usité.

ADULTÉRATEUR s. m. (a-dul-té-ra-teur — rad. adultérer). Celui qui adultère, falsifie : Un adultérateur de monnaies. Inusité.

ADULTÉRATION s. f. (a-dul-té-ra-si-on — lat. adulteratio, même sens ; de adulterare, falsifier, gâter). Action d’adultérer, de falsifier une chose, et particul. d’altérer les monnaies : L’adultération d’une marchandise. L’adultération des médicaments peut compromettre la vie des malades. L’adultération des monnaies est un crime capital. (Acad.).

— Fig. Altération quelconque : Poussin était indigné contre les adultérations récentes du type divin et les coquetteries dévotes de la décadence. (Th. Gaut.)

ADULTÈRE adj. (a-dul-tè-re – lat. adulter, même sens ; de ad vers ; alter, un autre). Qui viole la foi conjugale : Jésus pardonnait à la femme adultère, et se montrait inexorable aux mauvais prêtres. (Sylv. Maréchal.) La femme adultère devient le réceptacle de l’iniquité et le foyer du crime. (Bautain.) La première condition pour rendre une femme adultère est de lui jurer qu’on l’aimera et l’estimera davantage pour son adultère.(Proudh.)

. . . . . . L’abîme où Dieu dans sa colère,
Plonge l’amant coupable et l’époux adultère.
C. Delavigne.


|| Se dit aussi des choses : Commerce, amour adultère. À Rome, les mœurs en étaient venues à ce point qu’une femme ne prenait un mari que pour se livrer avec plus d’ardeur à d’adultères amours. (Portalis.)

Je verrai le témoin de ma flamme adultère
Racine.

— Fig., et dans le style poétique et oratoire, Criminel, qui offre un mélange impie : Toute âme qui est dominée par l’erreur est une âme adultère et prostituée. Votre lumière ne luit pas sur les âmes adultères et corrompues. (Mass.)

Elle a répudié son époux et son père
Pour rendre à d’autres dieux un honneur adultère.
Racine.
Adultère Israël, dans ton brutal caprice,
Tu désertes d’Abel l’innocent sacrifice.
Chateaubriand.

— Substantiv. Celui, celle qui viole, qui a violé la foi conjugale : Un adultère. Une adultère. Dans quelques villes de la Grèce, on pouvait impunément tuer les adultères. (Encycl.)

Faut-il que sur le front d’un profane adultère
Brille de la vertu le sacré caractère !
Racine.
Tout fier d’un testament par le crime dicté,
Un adultère insulte au fils déshérité.
M.-J. Chénier.

ADULTÈRE s. m. (mêmes pron. et étym. qu’au mot précédent). Violation de la foi conjugale : Commettre un adultère. Naître d’un adultère. Il a été surpris en adultère, condamné pour adultère. Peu d’adultères peuvent être prouvés. (Napol. Ier.) Londres est le pays où l’adultère est le plus fréquent, les mœurs les plus corrompues. (Ventura.) L’adultère est chose presque inconnue dans nos campagnes. (Mme Romieu.) L’adultère est la ruine de la famille et de la société. (Bautain.) L’adultère est un crime qui contient en soi tous les autres. (Proudh.)

Et par où votre amour se peut-il couronner,
Si pour moi votre amour n’est qu’un lâche adultère ?
Corneille.

|| Adultère simple, Adultère commis par une personne mariée avec une personne non mariée. || Double adultère, Adultère qu’un homme marié et une femme mariée commettent ensemble : Enfant né d’un double adultère. (Acad.)

— Fig. Mélange, accouplement illicite, contraire à la logique, à la morale : Je constate clairement sur ces ruines de la défense, l’adultère de la justice avec la politique. (E. de Gir.) L’alliance de la politique et de la justice est un indigne adultère. (Crémieux.)

Encycl. Nier la criminalité de l’adultère, ce serait refuser toute valeur à la loi du mariage, qui fonde la responsabilité paternelle sur la foi de l’épouse. L’adultère introduit la perfidie et la division dans la famille ; il enlève à la mère le respect de ses enfants ; aux enfants, l’affection et les soins de leur père ; au père, les joies de la paternité. Aussi voyons-nous que la répression de ce délit a sa place dans toutes les législations. On peut remarquer que c’est presque toujours sur la femme seulement que la loi a déployé ses rigueurs. Montesquieu en donne plusieurs raisons. C’est, dit-il, que la violation de la pudeur suppose dans les femmes un renoncement à toutes les vertus ; c’est que la femme, en violant les lois du mariage, sort de sa dépendance naturelle ; c’est que la nature a marqué l’infidélité de la femme par des signes certains, outre que les enfants adulté-