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« Le pape Pie VII, effrayé par les menaces, caressé par les flatteries, vaincu par des promesses de restitution des légations de Bologne et d’Ancône, était venu sacrer le soldat parvenu de la république et de la philosophie, à la charge, comme Clovis, de brûler ce qu’il avait adoré, et d’adorer ce qu’il avait brûlé. »               Chateaubriand.

« Les succès de popularité sont très-dangereux, parce qu’ils sont absolus ; la foule loue sans restriction ce qui lui plaît. Un amateur peut lésiner sur le prix d’un tableau ; le public ne marchande jamais les louanges. Il adore premièrement, sauf à faire comme le fier Sicambre, à brûler ensuite ce qu’il a adoré ; il épouse sans contrat, quitte à divorcer plus tard. »          Edmond About.

ADORIE s. f. (a-do-rî) Entom. Genre d’insectes de l’ordre des coléoptères tétramères, famille des chrysomélines.

ADORION s. m. (a-do-ri-on). Zool. Genre d’insectes coléoptères.

ADORNER v. a. ou tr. (a-dor-né). Même sens que Orner, affistoler. Vieux.

ADORNO, l’une des grandes familles plébéiennes qui se disputaient le gouvernement, à Gènes, du xive au xvie siècle. Elle a fourni un grand nombre de doges, et tour à tour appuyée sur la France, les ducs de Milan et l’Espagne, lutta surtout contre les Fregosi, subit toutes les fortunes, toutes les fluctuations de la guerre civile, et fut définitivement renversée par André Doria, en 1528.

ADOS s. m. (a-do — rad. dos). Hortic. Disposition que l’on donne à la terre pour soustraire les cultures à l’influence des vents du nord, et les exposer, plus directement à l’action du soleil : Les ados sont des talus de terre qu’on ménage dans les potagers ou le long des espaliers. (Buff.)

ADOSSANT (a-dô-san) part. prés. du v. Adosser.

ADOSSÉ, ÉE (a-dô-sé) part. pass. du v. Adosser : Être adossé à un mur. Bayard mourut adossé contre un arbre. L’empereur s’y trouvait adossé au salon, regardant dans le sens du vaisseau. (Las Cases.) Une femme affreusement belle de pâleur était debout, adossée contre un des rochers. (G. Sand.) || Se dit aussi des choses : La ville de Corinthe est adossée à une montagne. Plus loin, à quelques centaines de pas, est une tour carrée adossée au mur antique. (A. de Musset.) La petite cour était adossée au mur de l’église gothique. (G. Sand.) On leur avait donné une petite cabane adossée à la basse-cour. (Expilly.)

— Entom. Abdomen adossé, Celui qui, à sa partie inférieure, est joint au corps par un court appendice.

— Numis. Têtes adossées, Têtes mises sur une même ligne et en sens inverse, en sorte que leurs faces sont opposées.

— Blas. Se dit des animaux rampants qui se tournent le dos ; des clefs dont les pannetons sont tournés en dehors, l’un d’un côté, l’autre de l’autre, et généralement de deux pièces posées dos à dos : Famille de Dampierre : de gueules, à deux bars adossés d’or. Famille de Clermont-Tonnerre : d’azur, à deux clefs adossées et passées en sautoir d’argent. Famille de La Soraye : d’hermine, à deux haches d’armes adossées de gueules.

ADOSSEMENT s. m. (a-dô-se-man — rad. dos). Action d’adosser, état de ce qui est adossé : L’adossement d’une échoppe contre la maison.

— Fig. Appui, soutien : La liberté a pour adossement l’ensemble des nécessités de la nature et de l’esprit. (Proudh.)

— Anat. Adossement de deux membranes, Connexion de deux membranes qui s’appuient l’une sur l’autre.

ADOSSER v. a. ou tr. (a-dô-sé — rad. dos). Appuyer le dos contre quelque chose : Adosser un enfant contre la muraille, pour l’empêcher de tomber. (Acad.) || En parlant des choses, Placer, appuyer contre : Adosser une cabane contre un rocher. Adosser un appentis contre un bâtiment.

— Art milit. Adosser une troupe, L’appuyer contre un bois, contre un monticule, contre une autre troupe, etc., pour les besoins de l’attaque ou de la défense.

— Peint. et sculpt. Mettre deux têtes sur la même ligne, mais en sens opposé.

S’adosser, v. pr. S’appuyer le dos contre : Il s’adossa à la haie, après avoir jeté un coup d’œil derrière lui. (Alex. Dum.) Un peu confus d’être surpris ainsi le jeune comte s’adossa à la boiserie de sa chambre. (G. Sand.) Quand ils eurent fait quelques pas, dom Claude s’adossa à un pilier et regarda Gringoire fixement. (V. Hugo.) Les voyageurs, à demi gelés, s’étaient adossés contre la porte pour s’abriter un peu. (Th. Gaut.)

— Absol. Se mettre dos à dos : Les soldats, s’étant ainsi adossés, ne craignaient plus d’être enveloppés par l’ennemi. (D’Ablanc.)

— Se dit aussi des choses et signifie Être appuyé contre : La ville de Lugano s’adosse à un coteau de vignes. (Chateaub.) Lorsque le soleil était trop ardent, je m’asseyais sur le banc de pierre qui s’adossait à la fenêtre de Cora. (G. Sand.)

ADOSSETTE s. f. (a-do-sè-te). Bot. Genre de mousses.

ADOUAR s. m. (a-dou-ar — pl. du mot arabe dour, cycle). Chronol. Nom donné par les astrologues arabes à des révolutions d’années selon lesquelles ils règlent les événements.

ADOUBÉ, ÉE (a-dou-bé) part. pass. du v. Adouber. Revêtu de ses armes : Chevalier adoubé.

— Mar. V. Radoubé.

ADOUBEMENT s. m. (a-dou-be-man). Action d’adouber.

ADOUBER v. a. ou tr. (a-dou-bé — bas lat. adobare ; tiré de aptare, ajuster). Ajuster, orner, et particul. parer des vêtements et des armes de la chevalerie. Vieux mot.

— Mar. Réparer, mettre en état, en parlant d’un navire. On dit mieux radouber.

— Jeu. Au trictrac, aux échecs, Toucher une pièce pour la mettre exactement sur sa case, mais sans avoir intention de la jouer. Lorsqu’un joueur veut toucher une ou plusieurs pièces pour les arranger, il doit dire : J’adoube ; faute de cette précaution, son adversaire peut le forcer à jouer celui des pions qu’il jugera à propos de faire avancer.

S’adouber, v. pr. S’ajuster, s’orner, et, particul., se parer des armes et des vêtements de la chevalerie : C’est ainsi qu’Herminie s’adoubait en guerrier. (***)

ADOUCI s. m. (a-dou-ci — rad. doux). Techn. Première façon donnée aux glaces brutes et au cristal ébauché par la taille. || Substance minérale dont se servent les polisseuses pour effacer les traits que la pierre et le charbon peuvent avoir laissés sur l’ouvrage. || Atelier de l’adouci, Lieu où l’on donne la première façon aux glaces et au cristal.

ADOUCI, IE (a-dou-si) part. pass. du v. Adoucir. Rendu plus doux : Breuvage adouci, tisane adoucie par un sirop. || Devenu moins rigoureux, moins pénible : Les longues nuits d’hiver y sont adoucies par des aurores et des crépuscules. (Volt.) || Mitigé, atténué : Ce qu’il il y a de certain dans la mort est un peu adouci par ce qu’il y a d’incertain. (La Bruy.) || Apaisé, calmé : Son chagrin fut adouci par cette nouvelle.

      Quelle haine endurcie
Pourrait en vous voyant n’être pas adoucie ?
Racine.


|| Moins rude, en parlant du geste et des paroles : Ton adouci. Voix adoucie. Terme adouci.

ADOUCIR v. a. ou tr. (a-dou-sir — rad. doux). Rendre plus doux ce qui est amer, âcre, piquant, salé : Adoucir une tisane avec du sucre, avec du miel. Adoucir une sauce en y ajoutant de l’eau. Adoucir l’acide du citron avec le sucre. (Trév.) L’homme sut adoucir les fruits et les plantes. (Boss.)

— Par anal. Adoucir le sang, l’âcreté des humeurs : Une prise de petit-lait clarifié et dulcoré pour adoucir, lénifier, tempérer et rafraîchir le sang de monsieur. (Mol.) Un climat doux et chaud, des bains tièdes, sont souvent les seules conditions à l’aide desquelles le médecin peut espérer d’adoucir et de guérir les maladies. (Archamb.)

— Par ext. Rendre moins froid, moins rigoureux : La pluie adoucit le temps. Sur le sommet d’Acragas règne un hiver que les zéphyrs n’ont jamais adouci. (Fén.) || Rendre moins cuisant, moins amer :

      Cher amour, épanche ta douleur ;
J’adoucirai ta peine en écoutant ta plainte,
Et mon cœur versera le baume dans ton cœur.
Lamartine.


|| Parler d’un ton moins élevé : Adoucir sa voix.

De votre ton vous-même adoucissez l’éclat.
Racine.

|| Rendre moins blessant pour l’oreille, plus harmonieux : Toutes les nations adoucissent à la longue la prononciation des mots qui sont le plus en usage. (Volt.) || Faire paraître plus doux : La manière de se coiffer adoucit l’air du visage ou le rend moins dur. (Acad.)

Adoucissez ce front et ce visage austère.
Ancelot.

— Poétiq. avec un nom de chose pour sujet :

L’airain même adoucit ses sons majestueux,
Et la corde frémit en sons voluptueux.
Thomas.

— Fig., en parlant de l’homme, Polir, civiliser, rendre moins grossier : La piété chrétienne a adouci leur barbarie. (Boss.) Cécrops adoucit les habitants de l’Attique et les unit par les liens de la société. (Fén.) Les arts avaient adouci les hommes, il restait à les instruire. (La Harpe.) Partout où la liberté de la presse s’est établie, elle a adouci et épuré les mœurs. (Chateaub.)

Ne pourrai-je adoucir vos inflexibles mœurs ?
Voltaire.


|| En parlant des animaux, Rendre familier, apprivoiser : L’homme sut adoucir les animaux. (Boss.) La discorde pénétra au camp des philosophes, et ce grand trouble fut dû à l’art sublime qui, du temps d’Orphée, adoucissait les tigres et les lions. (Viennet.) || Apaiser, calmer : Adoucir la colère, le ressentiment de quelqu’un. J’ai lu le mémoire, il ne paraît pas que l’auteur ait voulu adoucir ses ennemis. (Volt.) Le remords est la seule douleur de l’âme que le temps et la réflexion n’adoucissent pas. (Mme de Staël.) Dites aux filles qu’il faut être modestes, parce qu’elles ne doivent vivre que pour un seul homme, complaisantes pour adoucir son humeur. (B. de St-P.) Le vrai moyen d’adoucir ses peines est de soulager celles d’autrui. (Boiste.)

Je l’irritais encore au lieu de l’adoucir.
Voltaire.


|| Tempérer, mitiger : Adoucir une réprimande. Adoucir une expression. L’homme en place doit avoir la force d’adoucir ses refus par un accès facile et par un accueil favorable. (Fléch.) On doit corriger ses défauts pour soi ; mais on doit, par politesse, les adoucir pour les autres. (Laténa.) Il était attendri des soins délicats que prenait cette jeune fille pour adoucir l’amertume de son âme. (G. Sand.) La bienveillance adoucit, facilite toutes les relations de la vie. (Théry.) || Rendre moins dur, plus supportable : Nous venons souvent ici adoucir, par des idées humaines, la sévérité des règles saintes. (Mass.) La plus légère augmentation de prix dans le travail des ouvriers adoucirait la position d’un grand nombre de familles. (Encycl.) L’homme n’a d’autre moyen pour adoucir son sort que de pratiquer la vertu. (Boiste.) Souvent les mœurs adoucissent les lois. (Thiers.) Dans les grandes crises, le lot des femmes est d’adoucir nos travers. (Napol. Ier.) À force d’adoucir l’éducation, nous l’avons efféminée. (H. Rigault.) || Atténuer, affaiblir : Adoucir une critique. Nous avons supprimé ou adouci ces traits. (P.-L. Cour.) Les traducteurs ont voulu adoucir et parer ce qu’il fallait rendre. (Villem.) || Concilier une affaire, un différend : Adoucir une querelle. Il est bon de pacifier et d’adoucir toujours les choses. (Mol.) || Rendre plus excusable, moins grave : Nous leur parlons un langage qui semble adoucir les crimes dont ils sont eux-mêmes honteux. (Mass.) Fallait-il faire valoir un service rendu, adoucir une faute pardonnable. (Fléch.) || Voiler, cacher : Il faut adoucir l’éclat de sa supériorité : tout mérite blesse l’égalité. (A. d’Houdetot.) || Rendre moins choquant : La gourmandise étend graduellement cet esprit de convivialité, qui réunit chaque jour les divers états, les fond en un seul tout, anime la conversation et adoucit les angles de l’inégalité conventionnelle. (Brill.-Sav.)

— Peint. et sculpt. Adoucir les contours, Affaiblir ce qu’ils ont de trop prononcé. || Adoucir les traits d’une figure, Les rendre moins rudes, plus fins, plus délicats. || Adoucir les teintes d’un tableau, Les fondre de manière qu’elles tranchent moins vivement les unes sur les autres ; faire en sorte que la transition des ombres aux demi-teintes, et des demi-teintes aux clairs, soit à peu près insensible. || Adoucir les couleurs, En diminuer l’éclat.

— Teint. Rendre une couleur moins vive, l’éclaircir.

— Archit. Rendre un ornement moins saillant, moins anguleux : Adoucir les angles d’une façade.

— Métall. Donner à un métal un certain poli et une sorte d’éclat, au moyen de la poussière de plusieurs substances : On doit à Réaumur l’art d’adoucir le fer fondu. (Encycl.)

— Techn. Enlever les aspérités que présentent les corps, les polir soit avec l’émeri, soit avec la prêle, etc. Il Adoucir l’or, Séparer l’or des matières étrangères, afin de le rendre plus propre à être travaillé.

S’adoucir, v. pr. Devenir plus doux et, par ext., moins rigoureux : Les fruits s’adoucissent en mûrissant. Le temps s’est beaucoup adouci. || S’affaiblir, perdre de sa sonorité : Ces divins accents semblaient s’adoucir encore en s’égarant dans les routes tortueuses du souterrain. (Chateaub.)

Comme depuis tantôt son front s’est éclairci !
Et comme de sa voix le ton s’est adouci !
Collin d’Harleville.


|| Se fondre, devenir moins marqué, moins apparent : Les couleurs s’éteignaient et les contours escarpés des monts s’adoucissaient dans la vapeur comme derrière une gaze bleuâtre. (G. Sand.) Devenir moins saillant : Les angles s’adoucissent par le frottement. || En parlant des métaux, Devenir moins dur, plus malléable : Le fer s’adoucit dans le feu. (Boss.)

— Fig. Devenir moins rude, moins farouche, se polir : Il est peu de caractères si féroces qu’ils ne puissent s’adoucir par la bienveillance. (Boiste.) Les hommes s’adoucissent en se réunissant. (Boiste.) Nos mœurs s’adoucissent. (Martignac.)

Un vainqueur s’adoucit auprès de sa captive.
Corneille.


|| En parlant des personnes, Se calmer, s’apaiser : Il lui débita une si belle tirade qu’elle s’adoucit. (G. Sand.)

Votre cœur malgré vous s’émeut et s’adoucit.
Voltaire.


|| Diminuer de violence, d’intensité, en parlant des choses : Les défauts s’adoucissent toujours avec le temps et l’absence. (G. Sand.)

Et déjà son courroux (de la fortune) semble s’être adouci,
Depuis qu’elle a pris soin de nous rejoindre ici.
Racine.


|| Devenir plus supportable, moins pénible : Les plus grandes douleurs s’adoucissent avec le temps. (Raym.)

Le passé s’adoucit aux yeux de la souffrance,
Autant qu’aux jeunes yeux où reluit l’espérance
          S’embellit l’avenir.               Sainte-Beuve.

Syn. Adoucir, radoucir. Radoucir se dit des choses ou trop aigres ou trop dures : On radoucit les métaux par une fonte réitérée. (Acad.) Ou bien des choses qui étant douces ont été changées, et qu’on ramène à leur état primitif de douceur : La pluie a radouci le temps. (Acad.) Adoucir signifie simplement rendre doux : L’homme sut adoucir les fruits et les plantes. (Boss.)

Syn. Adoucir, mitiger, modérer, tempérer. On modère ce qui est trop grand : Il fallut que Moïse mit des bornes à leurs pieux empressements et modérât l’excès de leurs largesses. (Boss.) On tempère ce qui est trop fort, trop violent : Les vents tempèrent la rigueur des hivers. (Fén.) On adoucit ce qui est âpre, sauvage, au propre et au fig. : Le premier soin de Numa devait être de travailler à adoucir et à apprivoiser les esprits. (Roll.) On mitige ce qui est trop sévère : Il était permis d’en appeler à César pour mitiger une peine, mais non pour l’aggraver. (Volt.) On adoucit un chagrin ; on mitige une peine  ; on modère l’élan, l’impétuosité ; on tempère la crainte par l’espérance.

Antonymes. Exciter, irriter, surexciter.

ADOUCISSAGE s. m. (a-dou-si-sa-je — rad. doux). Techn. Action, manière d’adoucir les métaux. || Poli qu’on donne aux métaux en les adoucissant. || Substance en poudre dont on se sert pour adoucir.

— Peint. Se dit d’une couleur qui s’affaiblit graduellement et qui disparaît, comme dans l’enluminure des cartes de géographie.

— Teint. Manière de rendre une couleur moins vive par le mélange de substances qui l’éclaircissent.

ADOUCISSANT (a-dou-si-san) part. prés. du v. Adoucir : Je le veux bien, dit-elle en adoucissant sa voix.

ADOUCISSANT, ANTE adj. (a-dou-si-san, an-te — rad. doux). Qui adoucit, qui est propre à calmer la douleur ou l’irritation : Les médecins prescrivent les gommes, à cause de leurs propriétés adoucissantes. (Bouillet.) Les sucres, les farineux, les gelées, le lait, sont adoucissants. (Virey.)

— Substantiv. Un adoucissant, Un médicament adoucissant : Les adoucissants conviennent aux tempéraments vifs, impétueux, grêles, nerveux. (Virey.) Essayons les adoucissants, si vous croyez à la vertu des adoucissants, dit le docteur. (G. Sand.)

ADOUCISSEMENT s. m. (a-dou-si-se-man — rad. doux). Action d’adoucir, état d’une chose adoucie, rendue plus douce : L’adoucissement d’une substance acide. L’adoucissement d’une sauce trop salée.

— Par ext. Changement favorable dans la température : Il y a quelque adoucissement dans le temps. || Soulagement, diminution de douleur, de peine : L’espérance est le seul adoucissement des peines des hommes. (Fén.) Il y a certaines douleurs qui ne peuvent recevoir d’adoucissement. (J.-J. Rouss.) || Action de rendre moins accentué, moins rude : Adoucissement des traits du visage, du regard, de la voix.

Fig. Atténuation, ménagement : Dire la vérité sans adoucissement. Sa critique est tempérée par quelques adoucissements. (Acad.) Les personnes polies n’expriment qu’avec bien des adoucissements tout ce qui peut faire naître des idées obscènes. (St-Evrem.) Ce n’est que lorsque nous commençons à mêler des adoucissements aux devoirs, que les devoirs commencent à devenir tristes et pénibles. (Mass.) Souffrez que je vous parle sans adoucissements. (Fén.) Les adversaires de l’isolement ne discutent guère que sur des adoucissements de détail et des difficultés d’exécution. (L. Reybaud.)

               J’ose même espérer
Des adoucissements à leur arrêt funeste.
Voltaire.


|| Amélioration : L’adoucissement du sort des femmes de la campagne est le commencement de toute civilisation. (A. Martin.) Le temps apporte de l’adoucissement aux plus grandes douleurs. (Boiste.) Il s’est écoulé vingt siècles avant qu’on proposât le moindre adoucissement au sort des esclaves. (Fourier.) || Accommodement, conciliation : Ne sauriez-vous trouver quelque adoucissement pour concilier les esprits ? (Trév.)

— Méd. Diminution dans le nombre et l’intensité des symptômes d’une maladie.

— Peint. Se dit quand les couleurs sont fondues finement, les formes et les contours moins prononcés, les traits plus délicats, les teintes plus habilement graduées.

— Archit. Liaison ou raccordement d’un corps avec un autre par un chanfrein ou un cavet : Toutes les plinthes extérieures d’un bâtiment s’unissent avec le nu des murs par un adoucissement. (Quatrem.)

— Techn. Aplanissement de la surface des glaces. || En parlant des métaux, syn. d’adoucissage. V. ce mot.

ADOUCISSEUR, EUSE s. (a-dou-si-seur, eu-ze — rad. adoucir). Techn. Ouvrier, ouvrière qui polit les glaces.

ADOUÉ, ÉE adj. (a-dou-é — franc, à et deux). Chass. Accouplé, apparié : Perdrix adouées.