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porterait ombrage ! Aux yeux de la comtesse, Chérubin n’était qu’un adolescent.

— S’empl. adjectiv. : Sophocle, encore adolescent, lut publiquement des poésies en l’honneur de la bataille de Salamine. (Nisard.) En Amérique, la jeune fille est libre avant d’être adolescente. (G. de Beaum.) Elle lui infligeait des châtiments réservés à l’enfance, et dont l’âme outrée de l’adolescente Mattéa ressentait vivement les profondes atteintes. (G. Sand.) || Qui appartient, qui est propre à l’adolescent : Arthur était encore à cet âge heureux de candeur adolescente et de croyance spontanée, où toute chose révélée qui étourdit et qui épouvante, est adoptée, comme authentique, sans réflexion. (Méry.)

Mérovée est ardent, et la pitié naissante
Bientôt mène à l’amour une âme adolescente.
Lemercier.

— Fig. Qui est de fraîche date, en parlant des choses : Pourquoi cette nation française, si aimable et si brillante, a-t-elle changé de caractère ? Que je regrette sa franchise, sa loyauté, sa gaieté et même sa frivolité, qu’elle a abandonnées pour une philosophie adolescente qui ne va point au bonheur et qui empêche de rire ! (La princ. de Gonz.)

Est-ce donc pour s’aimer qu’on s’épouse à présent ?
Cela fut bon du temps du monde adolescent.
Regnard.

— Agric. Qui n’a pas encore porté de fruits : Arbre adolescent. Vigne adolescente.

ADOLI s. m. (a-do-li). Bot. Plante de la côte du Malabar.

ADOLIAS s. m. (a-do-li-âss — du gr. a priv. ; dolios, rusé). Entom. Genre de lépidoptères diurnes.

ADOLPHE s. m. (a-dol-fe — n. pr.). Monnaie d’or de Suède, qui vaut environ 13 francs.

ADOLPHE DE NASSAU, simple gentilhomme, d’une famille illustre, mais sans fortune. Sa bravoure le fit élire empereur d’Allemagne, en 1292, à la mort de Rodolphe de Habsbourg, à l’exclusion d’Albert, fils de ce prince. Il dut son élévation au désir qu’avaient les électeurs de se rendre indépendants du chef de l’Empire, et surtout aux vues intéressées des archevêques de Mayence et de Cologne, qui se firent promettre par lui des villes et des territoires dont il ne pouvait guère disposer. Il fut amené ainsi à commettre une foule d’extorsions et d’injustices pour remplir ses engagements ; de plus, il froissa l’orgueil national en se mettant à la solde du roi d’Angleterre. Comme il venait d’acquérir illégalement la Thuringe, en 1293, les électeurs, frustrés dans leur attente, saisirent ce prétexte pour le déposer et se jeter dans le parti de son compétiteur, Albert d’Autriche. Adolphe de Nassau fut tué à la bataille de Gelheim (1298), de la propre main de son rival.

ADOLPHE-FRÉDÉRIC, duc de Holstein-Gottorp, évêque de Lubeck, puis roi de Suède, né en 1710, élu prince royal en 1743 par l’influence de la Russie, mort en 1771. Il monta sur le trône de Suède après la mort de Frédéric IV (1751), gouverna avec modération, protégea les sciences et les arts, mais lutta vainement contre le parti aristocratique des Chapeaux, et laissa amoindrir l’autorité royale.

Adolphe, roman de Benjamin Constant. Ce livre, qui a pris place parmi les chefs-d’œuvre de la littérature française, offre une peinture vraie et saisissante de l’inconstance, des inquiétudes et des inconséquences du cœur humain, qui, ne pouvant jamais trouver le repos, ne sait ni ce qu’il veut, ni ce qu’il ne veut pas. Adolphe aime Eléonore, sans pouvoir être heureux ni avec elle ni sans elle. La finesse des observations et les charmes du style font oublier l’absence de drame et d’action. « Si Benjamin Constant, dit Gustave Planche dans ses Portraits littéraires, n’avait pas marqué sa place au premier rang parmi les orateurs et les publicistes de France ; si ses travaux ingénieux sur le développement des religions ne le classaient pas glorieusement parmi les écrivains les plus purs et les plus diserts de notre langue, s il n’avait pas mis au service de la philosophie son élocution limpide et colorée, son nom serait encore sûr de ne pas périr, car il a écrit Adolphe. Or, il y a dans ce livre une vertu singulière et presque magnétique qui nous attire et nous rappelle chaque fois que nous sommes témoins ou acteurs dans une crise morale de quelque importance. Il n’y a pas une page de ce roman, si toutefois cest un roman, et pour ma part j’ai grand’peine à le croire, qui ne donne lieu à une sorte d’examen de conscience. Qu’il s’agisse de nous ou de nos amis les plus chers, ce n’est jamais en vain que nous consultons cette histoire si simple et d’une moralité si douloureuse. Les applications et les souvenirs abondent. Chacune des pensées inscrites dans ce terrible procès-verbal est si nue, si franche, si finement analysée, et dérobée avec tant d’adresse aux souffrances du cœur, que chacun de nous est tenté d’y reconnaître son portrait ou celui de ses intimes. Je doute qu’il y ait dans notre langue trois poëmes aussi vrais que celui-là. »

Adolphe a été publié pour la première fois en 1815, et réimprimé dans tous les formats. On pense généralement que ce prétendu roman est une autobiographie où l’auteur a tracé une partie des aventures de sa propre jeunesse.

Adolphe de Gueldre, tableau de Rembrandt, Musée de Berlin. Ce tableau représente le duc Adolphe de Gueldre menaçant son vieux père, qu’il tient enfermé dans un cachot. Aucun sujet ne convenait mieux à Rembrandt, qui l’a peint en 1637, à l’âge de trente et un ans. Richesse de costumes, accessoires magnifiques, savant mélange de lumière et d’ombre, action vulgaire, mais énergique, rien ne manquait à ce tableau pour exciter l’admiration. Le coloris en est admirable, et la lumière y produit des effets merveilleux. Aussi jouit-il d’une grande célébrité, surtout à Berlin.

Adolphe et Clara ou les Deux Prisonniers, opéra-comique en un acte, paroles de Marsollier, musique de Dalayrac, représenté à Paris, en 1799. Cet ouvrage a fourni son contingent au répertoire des mélodies populaires. D’un époux chéri la tendresse, est une jolie romance, dont le refrain tient plus du vaudeville que de l’opéra-comique :


Hommes cruels, sans loyauté,
Ah ! que vous nous causez d’alarmes !
Quand le meilleur, en vérité,
Ne vaut pas une de nos larmes.

La sensibilité et la vérité d’expression sont les qualités qui ont valu à l’opéra-comique d’Adolphe et Clara un long succès. La pièce de Marsollier était intéressante, et la musique de Dalayrac, en lui donnant encore plus d’attrait, n’en ralentissait pas la marche. Le public de cette époque, encore peu musicien, appréciait beaucoup cette discrétion du compositeur.

ADOMESTIQUÉ, ÉE (a-do-mê-sti-kè) part. pass. du v. Adomestiquer : Gens adomestiqués.

ADOMESTIQUER v. a. ou tr. (a-do-mè-sti-ké — rad. domestique). Attacher à sa maison, à son service : Villars l’avait adomestiqué, protégé, et lui avait souvent donné de l’argent. (St-Sim.) Vieux.

S’adomestiquer, v. pr. Se faire de la maison ; s’attacher au service de quelqu’un : Le cardinal se réconcilia avec Sigismond, et s’étant adomestiqué, il persuada à son cousin d’aller à la messe tous les matins. (D’Aubigné.)

ADON (saint – en gr. Qui veut plaire), archevêque de Vienne, en Dauphiné, vers le milieu du ixe siècle. Malgré le grand crédit que lui donnèrent son savoir et ses vertus auprès de plusieurs papes et des rois de France, il resta toujours humble, uniquement occupé des affaires de l’Église, des devoirs de l’épiscopat et de l’étude des lettres. Son ouvrage principal est une Chronique universelle, qui fait autorité pour les premiers temps de notre histoire. L’Église l’honore le 16 décembre.

ADONAÏ s. m. (a-do-na-i — mot hébr. qui signif. Maître suprême). Nom que les saintes Écritures donnent à Dieu.

...... Dieu m’apparut, je vis
Adonaï vêtu de gloire et d’épouvante.
Lamartine.

ADONANTHE s. f. (a-do-nan-te — de Adonis, et du gr. anthos, fleur). Bot. Genre de plantes de la famille des renonculacées. On la cultive dans les parterres.

ADONC ou ADONQUES adv. (a-donk — rad. donc). Alors, dans cet instant, dans cette conjoncture. Vieux mot qu’on emploie encore dans le style marotique : Adonc, s’éclatant de rire, la bonne gouge me regarde, et de ce moment fut à moi. (P.-L. Cour.)

On pouvoit voir, à mon teint pâle et blême,
Qu’avois perdu, las ! mon plus cher appui.
Adonc mourois, quand par pitié celui
Qu’on nomme Amour me dit…
Alm. des Muses

ADONÉE s. m. Myth. Nom par lequel, suivant Strabon, les Arabes désignaient le soleil ; sans doute le même mot qu’Adonaï.

ADONHIRAMITE adj. et s. (a-do-ni-ram-i-te — rad. Adonhiram). Nom donné aux francs-maçons qui reconnaissaient Adonhiram comme chef des ouvriers employés à la construction du temple de Salomon : Les francs-maçons du rite français ne sont pas adonhiramites. (Compl. de l’Acad.)

ADONI, ville de l’Hindoustan, dans la présidence de Madras. Elle fut prise par Tippoo-Saëb en 1787, et vendue aux Anglais après la mort de ce prince, en 1800.

ADONIAS, quatrième fils de David, prétendit à la royauté du vivant même de son père. Salomon, reconnu d’ailleurs par tout Israël, le fit mettre à mort.

ADONIDE s. f. (a-do-ni-de — rad. Adonis). Bot. Même sens que Adonis. V. ce mot.

s. m. Nom sous lequel on désigne quelquefois un jardin où l’on ne cultive que des plantes étrangères.

ADONIDIE s. f. (a-do-ni-dî — du gr. Adonis, idos, Adonis). Antiq. Hymne de deuil que l’on chantait aux fêtes d’Adonis : La flûte faisait entendre des sons lamentables ; des hymnes de deuil, proprement adonidies, retentissaient. (Val. Parisot.)

ADONIEN, IENNE adj. (a-do-ni-ain, è-ne). V. Adonique.

ADONIES s. f. pl. (a-do-nî — du gr. adònia, de Adònis, Adonis). Antiq. Fêtes en l’honneur d’Adonis : De Byblos en Phénicie, les Adonies, ou fêtes d’Adonis, se répandirent à Antioche, en Chypre, à Alexandrie, à Athènes. (Noël des Vergers.) Dans les magnifiques adonies alexandrines, on portait processionnellement l’effigie du dieu jusqu’à la mer. (Val. Parisot.)

ADONION s. m. (a-do-ni-on — du gr. adò, je chante). Ant. gr. Nom d’un chant militaire que les Lacédémoniens entonnaient en chœur.

ADONIQUE ou ADONIEN adj. (a-do-ni-ke — du gr. Adònis, Adonis). D’Adonis ; qui appartient, qui a rapport à Adonis : Il est clair que cette dernière circonstance des cérémonies adoniques reflète les aventures posthumes d’Osiris. (Val. Parisot.)

— Prosod. Vers grec ou latin, composé d’un dactyle et d’un spondée ou d’un trochée. Ex. :


Terruit urbem


Par sa marche rapide, il convient à des chants badins et joyeux, mais il deviendrait monotone dans des pièces d’une certaine étendue aussi le mêle-t-on ordinairement à d’autres vers. On s’en sert particulièrement pour terminer la strophe saphique. Son nom lui vient des adonies, où l’on faisait usage de ce rhythme.

ADONIS s. m. (a-do-niss — nom pr. myth.). Entom. Espèce de papillon diurne, appartenant au genre polyommate ou argus.

— Ichthyol. Nom d’un poisson du genre blennie.

— s. f. Bot. Genre de la famille des renonculacées, tribu des anémonées, plantes âcres, vénéneuses, qu’on emploie parfois comme médicament épispastique, apéritif, sudorifique, et qui ressemblent aux anémones par leurs fleurs, et aux renoncules par leur fruit. || Dans ce dernier sens, on dit aussi adonide. || Cette jolie plante est très-abondante dans les blés ; on en distingue trois espèces : l’adonis vernale ou de printemps, l’adonis estivale ou d’été, dite aussi œil de perdrix, et l’adonis automale ou goutte-de-sang. Selon la Fable, ses petites fleurs, d’un rouge pourpre, auraient été teintes du sang d’Adonis blessé. || Jardins d’Adonis, chez les Grecs, Vases ou corbeilles remplies de terreau dans lesquelles on plantait des fleurs et que l’on portait aux fêtes d’Adonis. || Salon d’Adonis, chez les Romains, Appartement décoré de fleurs suivant l’usage des Syriens : Apollonius trouva Domitien dans un salon d’Adonis. (Fleury.)

ADONIS, fils de Myrrha, fut élevé par les Dryades, et devint d’une beauté si merveilleuse, que Vénus, éprise de lui, quittait l’Olympe pour le suivre à la chasse dans les forêts. Adonis fut tué par un sanglier, et de son sang naquit la fleur nommée anémone. Vénus obtint de Jupiter qu’il le rendit à la vie, et qu’il lui permit de quitter six mois de l’année les enfers et Proserpine, pour les passer auprès d’elle. On a voulu voir dans ce mythe une allégorie de l’hiver et de l’été.

Adonis est resté le type de la beauté, et c’est dans ce sens que son nom se présente si souvent en littérature et dans la conversation :

« Il faut être un Adonis pour se faire peindre, et comme je n’ai pas l’honneur de l’être, j’ai dérobé mon visage au pinceau tant qu’il a dépendu de moi. »

               Frédéric, à d’Alembert, qui lui demandait son portrait.

« Quant à M. Jean, il avait, sous ses habits simples et propres, un air de distinction à faire douter de la vertu de sa mère ; car il était difficile de supposer qu’un pareil Adonis fût sorti d’une souche provinciale, et il fallait que quelqu’un du bel air, en passant par là, eût conté fleurette à Mme  Jean. »                     Th. Gautier.

« Diable ! pensa M. Nantua, je ne veux pas d’un Adonis comme celui-ci dans ma maison… et ma fille, qui est déjà si romanesque, si elle le voyait… Il ne me manquerait plus que cela ; il est gueux comme un rat d’église ; ce n’est pas le gendre qu’il me faut. Sans compter que ces beaux hommes-là sont toujours bêtes et paresseux. »       Mme  Émile de Girardin.

Adonis, poëme épique romanesque de Marini, en vingt chants et qui a pour sujet les amours dé Vénus et d’Adonis. Il eut une vogue immense, bien qu’il manque entièrement de suite, de vraisemblance et de naturel ; mais l’auteur, poète de l’esprit et de la volupté, sut relier les uns aux autres des tableaux ravissants, se souciant peu de savoir si ce lien qui devait les unir était assez fort pour les soutenir. Quant à l’esprit, il y répandit à pleines mains les antithèses, les figures outrées, les jeux de mots, les faux brillants, tout ce qui étonne, qu’on admire souvent avant de le comprendre, et qu’on trouve faux après l’avoir compris. Son style, appelé marinesco, fut le germe du mauvais goût qui régna en Italie pendant tout le xviie siècle. Marini était le poëte favori de J.-J. Rousseau, qui, dans ses jours de caprice, se plaisait aux concetti et à la poésie voluptueuse de l’Adonis.

Le poëme d’Adonis, qui parut en 1623, fut dédié par Marini au jeune roi Louis XIII. Fréron et le duc d’Estouville ont imité le huitième chant, dans une brochure intitulée les Vrais Plaisirs, ou les Amours de Vénus et d’Adonis. (Amsterdam, 1755.) L’édition la plus complète d’Adonis est celle de Londres, qui parut en 1789, 4 vol. in-12.

Adonis (Statues et représentations diverses d’). On ne connaît que deux statues antiques de ce personnage mythologique : l’une, placée au musée Grégorien, à Rome ; c’est la plus complète ; l’autre, qui fait partie de la collection du Vatican, également à Rome. Ces statues, qui n’ont de prix que par leur rareté et leur importance archéologique, ne méritent pas, sous le rapport artistique, une plus longue description. On trouve, en outre, des représentations d’Adonis sur un sarcophage du Vatican découvert dans la villa Giustiniani, et sur un autre appartenant à la famille Rospigliosi. Deux bas-reliefs placés, l’un au Louvre, à Paris, l’autre à la villa Borghèse, enfin des peintures murales trouvées à Pompéi, ont trait à diverses phases de l’existence du chasseur aimé de Vénus.

ADONISÉ, ÉE (a-do-ni-zé) part. pass. du v. Adoniser.

ADONISÉDEC, un des cinq rois vaincus par Josué.

ADONISER v. a. ou tr. (a-do-ni-zé — rad. Adonis). Parer avec beaucoup de soin et de recherche : Cette mère gâte son fils, elle se plaît à l’adoniser. (Acad.) Eraste, pour paraître plus beau et plus poli aux yeux d’Angélique, est allé se faire adoniser chez le baigneur. (Dancourt.)

S’adoniser, v. pr. Se parer avec soin, avec recherche, pour paraître plus beau, plus jeune : L’envie que j’avais de plaire à cette dame me fit employer trois bonnes heures pour le moins à m’ajuster, à m’adoniser. (Le Sage.) Le comte avait coupé ses ailes de pigeon, supprimé la poudre, les culottes courtes, et s’était en un mot adonisé. (G. Sand.) Je ne sais rien de moins intéressant qu’un homme qui se mire et qui s’adonise. (Ste-Beuve.)

Il s’écoute, il se plaît, il s’adonise, il s’aime.
J.-B. Rousseau.


|| Ce mot marque de la fatuité, et ne se dit guère qu’en parlant des hommes.

ADONISTE s. m. (a-do-ni-ste — rad. Adonis). Botaniste qui décrit ou catalogue les plantes cultivées dans un jardin.

ADONNÉ, ÉE (a-do-né) part. pass. du v. S’adonner : En ce pays, la plupart des hommes sont adonnés à l’agriculture. (Fén.) L’homme adonné au vice est malheureux. (Mass.) Cette société brillante est passionnément adonnée aux plaisirs de l’esprit. (Guiz.) L’un et l’autre, ils étaient deux natures vierges et timides, adonnées à toutes les peurs dont les émotions plaisent aux hommes solitaires. (Balz.)

Grande âme aux grands travaux sans repos adonnée.
Malherbe.
Je chante dans ces vers les filles de Minée,
Troupe aux arts de Pallas dès l’enfance adonnée.
La Fontaine.

ADONNER v. n. ou intr. (a-do-né — fr. à et donner). Mar. Se dit du vent qui devient favorable : Le vent a déjà adonné de tant de quarts. || S’allonger, s’enfler ; on dit qu’un cordage adonne, lorsque, soumis à une tension, il s’allonge ; et qu’une voile adonne, lorsqu’étant tendue elle prend plus d’extension : Les voiles adonnent à l’usage. Avant de se servir d’un cordage neuf, on cherche à le faire adonner à l’aide d’un moyen mécanique.

S’adonner, v. pr. S’appliquer avec ardeur à quelque chose, s’y livrer constamment : S’adonner à l’étude. S’adonner aux plaisirs. Il s’adonnera aux exercices de la religion, sans en négliger aucun. ( Bourdal. ) Toute femme qui s’adonne aux lettres se voue d’avance à une vie de lutte. (Mme  Romieu.) Tous, tant que nous sommes, nous nous adonnons au travail. (Mich. Chev.) Alors nous prendrons une spécialité, et nous nous y adonnerons pour le reste de nos jours. (G. Sand.) || Fréquenter habituellement un lieu, s’y complaire : S’adonner au théâtre. S’adonner au cabaret. || S’habituer à une chose, ne pouvoir s’en passer : S’adonner à l’ivrognerie. S’adonner au jeu. Il s’était adonné au vin dans ses dernières années. (G. Sand.) || Se diriger, en parlant d’une chasse, d’un chemin : Le seigneur de Thouars mandait à celui d’Oiron qu’il eût à abattre une certaine quantité de murs de son parc, pour ne pas trouver d’obstacle au cas que la chasse s’adonnât à y entrer. (St-Sim.)

Est-ce jamais par là que son chemin s’adonne ?
La Chaussée

Ce chien s’adonne à la cuisine, Il y est constamment, il n’en sort pas. || Ce chien s’est adonné à moi, il ne me quitte pas. || Ces deux emplois du v. S’adonner sont peu ou point usités, bien qu’ils figurent dans l’Académie.

Syn. S’adonner, se donner. Celui qui se donne à un art, à une science, y est livré tout entier : Une reine abdique la couronne pour se donner tout entière à la philosophie. (Montesq.) Celui qui s’y adonne y est seulement attaché : Pendant la guerre, la jeunesse ne s’adonne plus aux lettres. (Fén.)

ADONQUES adv. V. Adonc.

ADOPTABLE adj. (a-do-pta-ble — rad. adopter). Qui peut, qui doit être adopté : Cette opinion n’est pas adoptable.

ADOPTANT ( a-do-ptan ) part. prés. du v. Adopter : Un enfant adoptant de son choix le nom d’un homme vertueux y modèlera à la longue son caractère. (B. de St-P.)

ADOPTANT, ANTE s. (a-do-ptan, an-te — rad. adopter). Personne qui adopte un enfant étranger : L’adoptant avait droit de vie et de mort sur l’adopté. (Bouillet.)