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ADMIRATIVEMENT adv. (ad-mi-ra-ti-ve-man — rad. admiratif). Néol. D’une manière admirative, avec admiration : Il la regardait admirativement. (Anicet Bourgeois.)

ADMIRÉ, ÉE (ad-mi-ré) part. pass. du v. Admirer : M. de Turenne était parvenu à être admiré sans envie. (Mascaron.) Les anciens doivent être admirés dans les conséquences qu’ils ont tirées du peu de principes qu’ils avaient. (Pasc.) Que d’hommes admirés de leur vivant sont oubliés après leur mort ! (Fonten.)

Être admiré n’est rien, l’affaire est d’être aimé.
A. de Musset.

ADMIRER v. a. ou tr. (ad-mi-ré — lat. admirari, même sens ; de ad, à ; mirari, regarder). Considérer avec un sentiment d’admiration, avec un étonnement mêlé de plaisir : Ceux qui savent beaucoup admirent peu, et ceux qui ne savent rien admirent tout. (Sénèque.) Tel s’est fait admirer de tout le monde, qui n’a pas gagné l’estime de sa servante. (Montaigne.) J’admire Dieu dans ses œuvres. (La Bruy.) Adraste admirait malgré lui ce qu’il venait de voir, et n’osait le louer. (Fén.) Nous louons de bon cœur ceux qui nous admirent. (La Rochef.) De ce qu’un grand homme n’admire pas tout, il ne s’ensuit pas que celui qui n’admire rien soit un grand homme. (Barthél.) J’ai admiré souvent, au milieu du vaste Océan, le vol rapide et infatigable de la frégate. (B. de St-P.) Les guerres dureront tant que les hommes seront assez sots pour admirer ceux qui les tuent. (Boiste.) La femme a besoin d’admirer ce qu’elle aime. (Laténa.) Tout ce que j’admire m’est cher, et tout ce qui m’est cher ne peut me devenir indifférent. (Joubert.) Les hommes n’admirent et n’aiment que ceux qui leur font du mal. (A. Karr.) Après le plaisir d’admirer soi-même une femme aimée, vient celui de la voir admirée par tous. (Balz.)

Te voyant de plus près, je t’admire encor plus.
Boileau.
Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire.
Boileau.
…… Il en est fou : c’est son tout, son héros ;
Il l’admire à tous coups, le cite à tous propos.
Molière.

— Absol. : Quand on est en présence de la cataracte du Niagara, on admire et l’on se tait. Le peuple admire d’autant plus qu’il comprend moins. (La Bruy.) Il ne faut qu’un moment pour admirer ; il faut des siècles pour faire des choses admirables. (Helvét.) Pour admirer, il faut comprendre. (Chateaub.) Plus l’homme admire, plus il veut admirer. (Lamenn.)

Elle approche, elle hésite, elle craint, elle admire.
J.-B. Rousseau.
Le besoin d’admirer est dans notre nature.
Ponsard.
Le voyageur s’arrête, étonné de l’entendre ;
Il écoute, il admire ; il ne saurait comprendre
       D’où partent ces divins soupirs.
Lamartine.

— Ironiq. Trouver surprenant, singulier, étrange : Vraiment, je vous admire. J’admire votre audace. J’admire son aplomb, son impertinence. J’admire avec quelle hardiesse ces personnes entreprennent de parler de Dieu. (Pasc.) J’admire la simplicité et la faiblesse de mon cœur. (Mol.) On devrait seulement admirer l’inconstance et la légèreté des hommes. (La Bruy.) || Être étonné, voir avec étonnement. Il se construit alors avec de et l’infinitif, ou que et le subjonctif : J’admire de le voir au point où le voilà. (Mol.) L’homme admire de s’y voir placé sans savoir comment il y a été mis. (Fén.) Pourquoi n’admirez-vous pas que nous nous soyons trompés, nous qui sommes des hommes ? (Pasc.)

Mais n’admirez-vous pas que cette même reine
Le donne pour époux à l’objet de sa haine ?
Corneille.


|| Quelques écrivains ont employé l’indicatif après que : N’admirez-vous pas que Dieu m’a ôté cet amusement ? (Mme  de Sév.) || Peut être suivi d’un infinitif précédé de la prépos. de : Ceux qui blâment Louis XIV de s’être fait tant d’ennemis, l’admirent d’avoir pris tant de mesures pour s’en défendre. (Volt.) || Il peut aussi avoir une proposition pour complément : J’admire comment on a pu prendre un semblable parti. (Acad.) J’admire comme le ciel a pu former deux âmes aussi semblables en tout que les nôtres. (Mol.) J’admire comment on n’entre pas en désespoir d’un si misérable état. (Pasc.) || On a dit autrefois admirer si, pour admirer que, de ce que, et Racine s’est servi de cette vieille construction :


J’admirais si Nathan, dépouillant l’artifice,
Avait pu de son cœur surmonter l’injustice.

S’admirer, v. pr. Avoir de l’admiration pour soi-même : L’homme qui s’admire dans ce q’il dit n’est que bien rarement admiré par les autres. (Boitard.) Les Anglais s’admirent trop pour se juger. (L. Faucher.)

Soyez-vous à vous-même un sévère critique ;
L’ignorance toujours est prête à s’admirer.
Boileau.


Il Se louer l’un l’autre : Exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais. (La Bruy.)

Tels son rival et lui, prudents avec courage,
Déployant de leur art les terribles secrets,
L’un vers l’autre avancés, s’admiraient de plus près.
Voltaire.

Se faire admirer, Exciter, obtenir l’admiration : Elle se fait admirer de ceux qui étaient eux-mêmes l’ornement et l’admiration de leur siècle. (Fléch.)

Antonymes. Dédaigner, déprécier, dépriser, faire fi, mépriser, ne faire aucune attention à.

ADMIROMANE s. et adj. (ad-mi-ro-ma-ne — lat. admirari, admirer, et gr. mania, manie). Néol. Personne qui a la manie de l’admiration, qui admire tout.

ADMIROMANIE s. f. (ad-mi-ro-ma-nî — rad. admiromane). Néol. Manie de tout admirer.

ADMIS, ISE (ad-mi, i-ze) part. pass. du v. Admettre. Accepté, reçu : Savoir céder à la nécessité, c’est avoir été admis dans le conseil des dieux. (Epictète.) Les conversations légères, les cercles, la fine plaisanterie, les lettres enjouées et familières, les petites parties où l’on était admis seulement avec de l’esprit, tout a disparu. (La Bruy.) J’aspire avec ardeur au moment d’être admis à votre audience. (J.-J. Rouss.) Les soldats des peuples étrangers n’étaient point admis dans les légions romaines. (Mérim.)

Il peut prétendre à tout, partout il est admis.
C. Delavigne.


|| Adopté par l’usage : La soie n’est point admise dans le grand deuil.(Balz.) Ce mot n’attend pour être admis que l’aveu du temps et des bons écrivains. (Ch. Nod.) || En parlant des personnes, Jugé apte à, digne de : Lorsqu’il ne manquait plus rien aux qualités du poursuivant d’armes, il était admis aux honneurs de la chevalerie. (Chateaub.) Avant deux ans, les capacités seront admises à la candidature. (G. Sand.) || Autorisé, reçu : Officier, fonctionnaire admis à faire valoir ses droits à la retraite. || Reconnu pour vrai : C’est un fait admis. Cette version est généralement admise.

— Douanes. Marchandises, objets admis temporairement, Marchandises, objets reçus en franchise, pour un temps déterminé. V. admettre.

ADMISSIBILITÉ s. f. (ad-miss-si-bi-Ii-té — rad. admissible). État de celui qui est admissible : L’admissibilité de tous les citoyens aux fonctions publiques. Produire ses titres d’admissibilité. Il n’y pas d’autre admissibilité que l’admissibilité à la candidature, qui entraîne de droit l’admission à la fonction. (E. Regnault.)

ADMISSIBLE adj. (ad-miss-si-ble — rad. admis). En parlant des choses, Reconnu bon, valable : Proposition admissible. Laquelle de ces deux propositions vous paraît-elle la plus raisonnable et la plus admissible ? (J.-J. Rouss.) Minoret, à qui son danger venait de conseiller une excuse presque admissible, s’essuya le front, où se voyaient de grosses gouttes de sueur. (G. Sand.)

— En parlant des personnes, Qui peut être admis : Tous les citoyens sont également admissibles aux emplois publics. (L.-N. Bonap.) Il discuta les chances d’un mariage, et il n’en vit aucune d’admissible. (G. Sand.)

– S’empl. substantivem. en parlant de celui qui est susceptible d’être admis, que l’on peut admettre : Vous avez été compris parmi les admissibles.

ADMISSION s. f. (ad-miss-si-on — du lat. admissus, admis ; part. pass. de admittere, admettre). Action par laquelle on est admis dans un corps, promu à une dignité, nommé à une fonction : Son admission dans notre compagnie n’a souffert aucune difficulté. Depuis son admission aux ordres sacrés, il a toujours vécu en bon ecclésiastique. (Acad.) L’admission à tous les emplois est un des principes auxquels les Français tiennent le plus. (Mme  de Staël.) || Introduction : Aucun homme de cour ne trouvait à redire à l’admission d’une si belle personne dans les salles de réception. (G. Sand.) || Dans ce dernier sens, se dit aussi des choses : L’admission de la réforme compromettait la constitution du pays, ébranlait les bases sur lesquelles la société civile était assise : tout le monde le reconnaissait. (Ste-Aulaire.)

— Douanes. Admission temporaire, Faculté de disposer pendant un certain laps de temps d’une marchandise étrangère sans payer les droits fixés par les tarifs. || Plus ordinairem. Importation en franchise de certains produits étrangers destinés à être renvoyés après avoir subi en France un complément de fabrication ou de main-d’œuvre.

— Droit canon. Acte par lequel le collateur d’un bénéfice approuvait la démission, la permutation ou la résignation faite entre ses mains.

— Mar. Ouverture à l’entrée de la vapeur dans le cylindre, opérée par le glissement de la barrette du tiroir, qui, en découvrant l’orifice, présente un passage libre.

ADMITTATUR s. m. (ad-mitt-ta-tur — mot lat. qui signif. qu’il soit admis). Certificat de capacité que l’on délivrait autrefois à celui qui aspirait à un grade dans une faculté, qui demandait à entrer dans certains corps.

— Anc. prat. Permis d’assigner donné par la chambre des requêtes. || Aujourd’hui, Pièce signée et scellée par l’évêque, et qui est exigée de tout prêtre qui veut dire sa messe dans une paroisse où il n’est pas connu. Dans ce dernier sens, cette pièce se nomme aussi Celebret, mot lat. signifiant qu’il célèbre, il lui est permis de célébrer.

Antonyme. Exeat.

ADMIXTION s. f. (ad-mik-sti-on — Iat. admixtio, même sens ; de ad, à ; mixtio, mélange). Pharm. Action d’ajouter en mélangeant.

ADMODATIF s. m. (ad-mo-da-tif — du lat. ad, à ; modus, mode, manière). Gramm. Nom qui a été donné à l’adverbe parce qu’il se joint au verbe pour en modifier la signification.

ADMODIATEUR, TRICE s. ; ADMODIATION s. f. ADMODIER, v. a. ou tr. V. amodiateur, amodiation, amodier.

ADMONESTATION ou ADMONÉTATION s. f. (ad-mo-nè-sta-si-on — rad. admonester). Avertissement, semonce : Comment pouvez-vous subir les admonestations pédantes de cette prude ? (G. Sand.) C’était un continuel sujet d’admonestation. (Balz.) L’étudiant, loin de s’irriter de cette admonestation, se tut et parut devenir triste. (Fr. Soulié.)

— Jurispr. Réprimande : Le président lui adressa une admonestation publique.

ADMONESTÉ, ÉE ou ADMONÉTÉ, ÉE (admo-nè-sté) part. pass. du v. Admonester. Réprimandé, tancé vertement : Après cette escapade, il fut admonesté par son père. Aussitôt, il fut admonesté par le comité, et n’osa plus donner l’analyse annoncée. (Fourier.) Maurice de Saxe fut admonesté par le prince Eugène en personne sur l’excès de sa témérité. (G. Sand.)

— Jurispr. Réprimandé judiciairement : Madame de Dreux sortit hier de prison ; elle fut admonétée, ce qui est une très-légère peine, avec cinq cents livres d’aumônes. (Mme  de Sév.) Il fut condamné à dix livres d’amende et admonété par la cour. (Grimm.) || s. m. L’acte même en vertu duquel on était réprimandé : L’admonété n’emportait point l’interdiction. || substantiv : Celui, celle qu’on a admonété : L’admonété se retira confus.

ADMONESTER ou ADMONÉTER v. a. ou tr. (ad-mo-nèss-té — du lat. admonere, avertir. — Dans cette dernière forme, qui est la plus usitée en jurisprudence, l’é fermé se change en è ouvert devant une syllabe muette : J’admonète, qu’ils admonètent ; excepté au futur et au condit., où l’on conserve l’é fermé : Tu admonéteras, nous admonéterions). Faire une réprimande, tancer : Il paraissait contrarié de se voir admonester ainsi sur le seuil de l’hôtel. (BaIz.)

— Jurispr. Faire une réprimande à huis clos, avec défense de réitérer : Le juge admonétait un particulier, lorsque celui-ci avait commis une faute qui ne méritait qu’une punition légère.

Rem. Comme on a pu le voir dans les trois articles précédents, chacun de ces mots revêt deux formes : admonétation, admonété, admonéter, dans la jurisprudence ; admonestation, admonesté, admonester, dans le langage ordinaire. Disons toutefois que si cette distinction est réelle, elle n’a cependant rien de rigoureux.

ADMONITEUR, TRICE s. (ad-mo-ni-teur, tri-se — lat. admonitor, même sens ; de admonere, avertir). Celui, celle qui avertit, qui réprimande : Bertrand fait à la fois le rôle de protecteur d’Henri et d’admoniteur de don Pèdre. (Volt.) || Chateaubriand a employé ce mot au masculin avec un sujet féminin, pour donner plus de force à sa pensée : Pour les hommes supérieurs, la religion est un admoniteur sévère qui leur apprend à s’humilier.

— Dans quelques communautés, et particulièrement chez les jésuites, Novice chargé d’avertir les autres de ce qu’ils ont à faire. || Sorte de surveillant placé auprès du général pour l’avertir secrètement de ses fautes.

Admonitrice, Celle qui, dans les communautés de femmes, remplit les mêmes fonctions que l’admoniteur dans les communautés d’hommes.

ADMONITIF, IVE adj. (ad-mo-ni-tif, i-ve — rad. admonition). Qui admoneste, qui réprimande, qui censure : Formule admonitive. Consistoire admonitif.

ADMONITION s. f. (ad-mo-ni-si-on — lat. admonitio, même sens ; de admonere, avertir). Jurispr. Action d’admonéter ; réprimande faite par un juge à un inculpé : La peine de l’admonition a été abolie par le Code pénal. || Genre de punition employé encore aujourd’hui à l’égard des magistrats et des avocats. L’admonition consiste en une remontrance faite à huis clos avec avertissement d’être plus circonspect à l’avenir. Elle est moins sévère que le blâme. || S’emploie, dans le langage ordinaire, avec le sens de Réprimande, avertissement, et comme syn. d’admonestation, admonétation : Après avoir tenté inutilement près de moi les admonitions charitables, Marcellin employa les mesures sévères. (Chateaub.)

— Droit ecclés. Syn. de monition, avertissement juridique qui se fait en certains cas par l’autorité de l’évêque, avant de procéder à l’excommunication.

ADMOTIF, IVE adj. (ad-mo-tif, i-ve — du lat. admotus, approché). Bot. Germination admotive, Germination dans laquelle l’épisperme, renfermant l’extrémité du cotylédon, reste fixé latéralement près de la base du cotylédon.

ADNASAL, ALE adj. (ad-na-zal, a-le — lat. ad, à, et fr. nasal). Anat. Se dit de l’une des pièces élémentaires d’une des vertèbres céphaliques. || S’empl. substantiv. : L’adnasal.

ADNÉ, ÉE adj. (ad-né — du lat. ad, auprès ; natus, né). Hist. nat. Se dit de toute partie attachée, soudée à une autre, et qui paraît faire corps avec elle : Disque adné. Anthères adnées. Les mâchoires de certains insectes sont adnées.

— Substantiv. L’adnée, La conjonctive, la membrane qui joint le globe de l’œil aux paupières.

ADNEXION s. f. (ad-nèk-si-on — lat. adnexio, même sens ; de adnexus, attaché). Bot. État d’une partie jointe, soudée à une autre.

ADNOTATION s. f. ( ad-no-ta-si-on — lat. adnotatio, même sens ; de ad, auprès ; notatio, signe, note). Chancell. rom. Réponse que Ie pape fait à une supplique, en ne faisant qu’y apposer sa signature, ce qui signifie que la demande est accordée.

ADOBE s. m. (a-do-be — mot espagn.). Sorte de brique cuite au soleil, dont on fait un grand usage au Pérou : Lima est entourée de murs d’adobes. Mendoza est une ville assez importante ; les maisons y sont bâties en adobes.

AD OCULUM loc. adv. (ad-o-ku-lomm). Mots lat. qui signif. sous l’œil, et qui s’emploient en jurispr. : Mais ces biens qu’il réclamait ne pouvaient être mis ad oculum.

ADOLESCENCE s. f. (a-do-Ièss-san-se — lat. adolescentia, même sens ; de adolescere, croître). Époque de la vie qui s’étend depuis l’enfance jusqu’au moment où l’on cesse de grandir, c’est-à-dire à peu près de quatorze à vingt ans : Des enfants qui naissent, la moitié tout au plus parvient à l’adolescence. (J.-J. Rouss.) Euryale était recommandable par sa beauté et par les grâces de son adolescence. (B. de St-P.) Il était encore dans toute la fraîcheur de l’adolescence. (G. Sand.) Malgré sa barbe précoce, la rondeur des contours de son visage accusait encore l’adolescence. (G. Sand.)

… Ce Brutus, qui, dès l’adolescence,
Cacha, sous une fausse et stupide apparence,
Le vengeur des Romains et l’effroi des tyrans.
Legouvé.

— Par ext. et collectiv. Les adolescents : L’adolescence méprise les jouets du passé. (S. Dubay.) En vérité, ma chère, l’adolescence ne respecte plus la vieillesse, même dans les femmes. (E. Sue.) || Ne se dit guère qu’en parIant des garçons.

— Fig. Le commencement, les premiers temps : L’innocence et la vertu régnaient parmi les hommes, lorsque le monde était encore dans son adolescence. (Trév.) L’adolescence de l’art est élégante, sa virilité pompeuse, et sa vieillesse riche. (Joubert.)

Encycl. Physiol. L’adolescence est une période de la vie humaine qui s’étend en général, pour l’homme, de quatorze à vingt-deux ans, et pour la femme, de onze à dix-neuf. « L’adolescence, dit Requin, est circonscrite entre deux limites précises, savoir, d’une part, la puberté ou époque du complet développement des organes génitaux ; d’autre part, l’arrêt définitif de l’accroissement en hauteur, qui continue huit à dix ans encore après la première manifestation des facultés génératrices. C’est même du progrès de la stature que l’adolescence a tiré son nom, dont l’étymologie signifie croissance. » L’évolution de l’appareil génital est le caractère principal de l’adolescence ; les modifications qu’on observe dans l’habitude extérieure du corps et dans l’exercice des diverses fonctions, servent de caractères secondaires. Chez la femme, les mamelles se développent, les formes s’arrondissent, le bassin s’élargit, la voix s’adoucit. Chez l’homme, le tissu cellulaire se condense, les muscles se dessinent en relief à la surface du corps, l’accroissement du larynx produit la saillie vulgairement appelée pomme d’Adam, la voix devient plus grave et prend le timbre viril. Chez les deux sexes, la taille s’élance ; les membres prennent plus de volume ; la poitrine, les poumons, le cœur et les vaisseaux plus de capacité ; les poils poussent dans les diverses régions qu’ils sont destinés à ombrager ; la physionomie acquiert son cachet définitif, en même temps que, dans la sphère de l’intelligence et du sentiment, apparaissent des tendances et des puissances nouvelles. Le mouvement rapide d’accroissement qui se manifeste pendant l’adolescence peut, en amenant la rupture d’équilibre entre les principaux systèmes d’organes, prédisposer à un grand nombre de maladies. La naissance de passions nouvelles apporte en même temps un élément de trouble pour la moralité. Aussi l’adolescence est-elle l’âge où l’hygiène et l’éducation doivent préparer et fonder en quelque sorte la santé physique et morale de l’homme.

ADOLESCENT, ENTE s. (a-do-lèss-san, an-te — lat. adolescens, même sens ; de adolescere, croître). Celui, celle qui est dans l’âge de l’adolescence : Un jeune adolescent. (Acad.) C’est l’adolescent pur qui fait l’homme sage et vigoureux. (B. de St-P.)

O jeune adolescent, tu rougis devant moi !
A. Chénier.
Déjà l’adolescent, que mille vœux possèdent,
Tressaille, et de ses sœurs quittant les chastes jeux,
S’élance, impatient, vers un monde orageux.
E. Deschamps.

— Fam. et un peu ironiq. Se dit d’un jeune homme sans expérience, que l’on ne prend pas au sérieux : Eh quoi ! cet adolescent vous