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d’Andromaque. Ils se dirent un adieu bien triste, quoiqu’ils ne sussent pas que c’était le dernier. (Boss.) Ne voilà-t-il pas des adieux bien solennels pour une promenade au clair de la lune ? (G. Sand.)

Fuyez, dérobez-vous de ce funeste lieu,
Où je vous dis peut-être un éternel adieu !
Crébillon.
Il veut que son maître l’entende,
Il gronde, il pleure, et lui demande
         L’adieu du soir.         Delille.

— Poétiq. Se dit en parlant des choses :

La fleur tombe en livrant ces parfums au zéphyr,
À la vie, au soleil : ce sont là ses adieux.
Lamartine.
Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
À ses regards voilés je trouve plus d’attraits ;
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Du livre que la mort va fermer pour jamais.
Lamartine.

Faire ses adieux, Prendre congé : Il n’avait pas manqué de venir faire les adieux de l’amitié à la dernière heure. (G. Sand.)

En amis, faites-vous vos adieux.
C. Delavigne.


|| Visite d’adieu, Visite qui n’a pour but que de faire à quelqu’un ses adieux, de prendre congé de lui : Elle recevait des visites d’adieu dans les formes. (Hamilt.) || Le dernier adieu, les derniers adieux, Ceux que fait au lit de mort une personne qui va mourir : À neuf heures du soir, le pauvre malade me chassa, et me dit en propres termes le dernier adieu. (Mme de Sév.) Je reçus une lettre du curé de mon village, qui m’engageait à venir recevoir les derniers adieux de mon père. (G. Sand.)

— Fig. Renoncement entier, absolu : Ceux qui sont échappés du naufrage disent à la mer un éternel adieu. (Boss.) Elle voulait garder ce souvenir comme la consécration d’un éternel adieu à toutes ses espérances. (G. Sand.)

Ton œil, comme Satan, a mesuré l’abîme,
Et ton âme y plongeant, loin du jour et de Dieu,
A dit à l’espérance un éternel adieu.
Lamartine.

— En poésie. Les adieux du jour, Le déclin du jour :

Telle, aux adieux du jour, la mourante lumière
Se ranime et répand sur la nature entière
Une clarté plus vive et des feux plus ardents.
***

Prov. littér. C’est ainsi qu’en partant je vous fais mes adieux. Allusion à un vers de Thésée (acte V, scène vi), opéra de Quinault. Egée, roi d’Athènes, aime Eglé, jeune princesse élevée à sa cour et veut l’épouser au mépris de la promesse qui l’engage lui-même à la magicienne Médée. Thésée, fils inconnu du roi, à qui il rend le plus éclatant service en faisant rentrer dans le devoir des sujets révoltés, aime aussi Eglé et en est payé de retour ; mais, la magicienne a conçu elle-même la passion la plus vive pour le jeune héros, et, par les menaces les plus effroyables, par les enchantements de son art infernal, elle veut contraindre sa rivale a déclarer à Thésée, de sa propre bouche, qu’elle est devenue insensible pour lui ; sinon le héros va expirer. Eglé consent à cette dure condition ; néanmoins, en présence de Thésée, l’amour l’emporte sur la prudence, et ta jeune princesse laisse échapper son secret. Médée, irritée, conçoit alors l’horrible projet de se venger de tous, en faisant empoisonner le fils par le père. Mais au moment où Thésée reçoit la coupe fatale, Egée reconnaît son fils à l’épée qu’il porte au côté, et l’empêche de prendre le poison ; il lui accorde, de plus, la main de la belle Eglé. En ce moment la magicienne, déçue dans toutes ses espérances, apparaît sur un char traîné par des dragons volants :


Vous n’êtes pas encor délivrés de ma rage ;
Je n’ai point prépare la pompe de ces lieux
Pour servir au bonheur d’un amour qui m’outrage :
Je veux que les enfers détruisent mon ouvrage ;
C’est ainsi qu’en partant je vous fais mes adieux.


Au même instant, le palais s’obscurcit, et les Athéniens s’imaginent être poursuivis par des fantômes ; mais Minerve entre alors sur la scène, et détruit tout l’effet des enchantements de Médée.

Ce vers est devenu proverbial pour caractériser la dernière vengeance, mais aussi la plus terrible que l’on tire en s’éloignant d’une personne, d’une société, d’un pays, etc. ; c’est, en quelque sorte, le trait du Parthe de la poésie.

Le jour même où mourut Louis XV, on avait affiché à Versailles un dernier édit pour l’augmentation des impôts ; on trouva au-dessous des affiches ce vers :


C’est ainsi qu’en partant je vous fais mes adieux.


Dans ses Adieux aux Jésuites, Gresset a employé le vers de Quinault en bonne part :


Qu’il m’est doux de pouvoir leur rendre un témoignage
Dont l’intérêt, Ia crainte et l’espoir sont exclus !
        À leur sort le mien ne tient plus ;
L’impartialité va tracer leur image.
Oui, j’ai vu des mortels, j’en dois ici l’aveu,
        Trop combattus, connus trop peu.
J’ai vu des esprits vrais, des cœurs incorruptibles,
Voués à la patrie, à leurs rois, à leur Dieu ;
        À leurs propres maux insensibles,
Prodigues de leurs jours, tendres, parfaits amis,
        Et souvent bienfaiteurs paisibles
        De leurs plus fougueux ennemis :
Trop estimés enfin pour être moins haïs.
Que d’autres s’exhalant, dans leur haine insensée,
        En reproches injurieux,
Cherchent en les quittant à les rendre odieux :
Pour moi, fidèle au vrai, fidèle à ma pensée,
C’est ainsi qu’en partant je leur fais mes adieux.

Prov. littér.


Amour, amour, quand tu nous tiens,
On peut bien dire : adieu prudence.

V. Amour.

ADIEU-TOUT loc. interj. (a-dieu-tou). Techn. Avertissement que donne le tireur d’or à un autre ouvrier pour faire marcher le moulinet. || Se dit aussi, dans les manufactures d’étoffes brochées, d’un avertissement que fait l’ouvrier à la personne qui tire et gouverne les cordes, afin qu’elle ait à les lâcher ou à les retenir. || S’emploie quelquefois substantiv. : Un adieu-tout. || Pl. des adieu-tout.

À-DIEU-VA ! Mar. Interj. Second commandement d’un virement de bord vent devant. Cette exclamation se faisait entendre près des brisants, alors que le navire se trouvait en danger, et le succès de cette évolution avait une telle importance, que le mot lui-même est une invocation à la Divinité, dont on implorait directement la protection. Aujourd’hui les progrès de la marine ont singulièrement simplifié cette manœuvre, et le mot lui-même a cessé d’être employé. Il est remplacé par le simple mot Envoyez ! que fait entendre le commandant ou l’officier de quart.

ADIGE, fleuve d’Italie, qui prend sa source dans les Alpes, traverse le Tyrol, passe à Vérone et à Arcole et se jette dans la mer Adriatique, près des bouches du Pô. Son cours est de 360 kil. Après 1805, le royaume d’Italie eut un dép. de l’Adige, dont le ch.-l. était Vérone, et un dép. du Haut-Adige, qui avait Trente pour ch.-l. L’importance stratégique de cette rivière lui a donné une grande célébrité historique, en rendant ses bords témoins d’une foule d’événements militaires qui ont maintes fois décidé du sort de l’Italie. Bonaparte en fit à diverses reprises la base de ses opérations, et jamais de plus éclatants faits d’armes n’ont illustré la vie d’un homme de guerre, que ceux que l’armée française, placée sous son immortel commandement, inscrivit sur ses drapeaux pendant la première campagne d’Italie. Mais ce nom de l’Adige nous rappelle aussi des souvenirs moins glorieux. Seulement, ce n’était plus le vainqueur de Lodi qui conduisait au feu nos intrépides soldats ; c’était le général Schérer. Le 28 mars 1799, ce dernier attaqua avec six divisions toute la ligne autrichienne, qui s’étendait entre l’Adige et le lac Garda. Le combat fut opiniâtre et dura depuis le matin jusqu’à la nuit. Dans cette sanglante affaire, connue sous le nom de bataille de l’Adige, la perte des Autrichiens fut évaluée à neuf mille hommes, dont quatre mille cinq cents blessés ; les Français perdirent plus de trois mille hommes, parmi lesquels plusieurs officiers généraux. Schérer pouvait s’attribuer justement la victoire ; néanmoins, ce fut lui qui demanda un armistice aux Autrichiens, pour enterrer ses morts. Quelques jours après, le 7 avril, il perdait contre les mêmes ennemis la bataille de Magnano, dans laquelle les Français eurent trois mille morts ou blessés et quatre mille prisonniers. Cette défaite fut le triste prélude des revers que nous allions essuyer sur le théâtre même de tant de glorieux combats.

ADIGÉGE s. m. (a-di-jé-je). Astron. Nom arabe de la constellation du Cygne.

ADIMAIN ou ADIMNAIN s. f. (a-di-main). Mamm. Espèce de brebis domestique d’Afrique, qui est couverte de poil au lieu de laine, et dont les oreilles sont longues et pendantes.

ADIMARI (Alexandre), poëte italien, issu d’une famille patricienne de Florence, né en 1579, mort en 1649. On lui doit une traduction assez faible, en vers italiens, des Odes de Pindare ; mais il eut le mérite de l’accompagner de savantes notes et d’explications d’une grande utilité pour l’intelligence du texte. Pise, 1631.

ADIMARI (Louis), poëte italien, de la même famille que le précédent, né à Naples en 1644, mort en 1708. Nous avons de lui un opéra, Roberto, des Sonnets, des Satires, dont une très-violente contre les femmes. Boileau a dit : J’en connais jusqu’à trois ; Adimari n’en connaît pas une. On lui doit aussi un recueil de morceaux en prose sur des sujets de piété, intitulé : Prose sacre.

ADIMNAIN s. f. (a-di-mnain). V. Adimain.

ADIMONIE s. f. (a-di-mo-nî — du gr. adèmonia, crainte). Entom. Genre de coléoptères tétraméres, famille des chrysomélines.

ADINA s. f. (a-di-na — du gr. adinos, nombreux). Bot. Genre de la famille des rubiacées, comprend deux espèces, indigènes de la Chine, cultivées comme arbustes d’ornement.

ADIPATE s. m. (a-di-pa-te). Chim. Sel formé par la combinaison de l’acide adipique avec une base : Adipate d’ammoniaque. Adipate d’argent. || On donne souvent le nom d’adipate d’éthyle à l’éther adipique.

ADIPEUX, EUSE adj. (a-di-peu, eu-ze — du lat. adeps, adipis, graisse). Anat. Qui a les caractères de la graisse, ou qui en admet dans sa composition : Tissu adipeux.

Ligament adipeux. Nom donné improprement à un repli de la membrane synoviale du genou, qui se porte du ligament rotulien vers la cavité qui sépare les condyles du fémur.

— Ichthyol. Nageoires adipeuses, Celles qui, remplies de graisse et dépourvues de rayons osseux intérieurs, sont placées au voisinage de la queue chez certains poissons.

Encycl. Anat. Le tissu adipeux se présente sous la forme d’une masse jaunâtre homogène, composée de lobules plus ou moins limités. L’élément fondamental de ce tissu est la cellule adipeuse ; il possède en outre, comme éléments accessoires, des fibres lamineuses absolument semblables à celles du tissu cellulaire, quelques noyaux embryo-plastiques et des vaisseaux capillaires. Dix, vingt ou trente cellules adipeuses forment un lobule adipeux ; d’abord rondes, elles deviennent polyédriques par pression réciproque. Gros comme des grains de semoule ou des lentilles, les lobules adipeux sont séparés les uns des autres par des fibres lamineuses, au milieu desquelles rampent les vaisseaux capillaires ; ces vaisseaux capillaires pénètrent dans les lobules et vont se distribuer entre les cellules et sur leur surface. On n’a point observé de tubes nerveux dans le tissu adipeux. Chaque cellule adipeuse se compose d’une enveloppe azotée et d’un contenu graisseux : c’est par ce contenu que commence la résorption de la graisse dans l’amaigrissement aussi l’enveloppe des cellules adipeuses paraît-elle plissée chez les sujets émaciés. — On a confondu à tort le tissu adipeux avec le tissu cellulaire et avec le tissu médullaire des os. — Le tissu adipeux constitue sous la peau une couche de graisse appelée panicule graisseux ; il est en masses irrégulières autour des reins et dans l’épaisseur des joues, en petites masses pédiculées dans l’épiploon ; il fait ordinairement la vingtième partie du poids du corps. Le tissu adipeux est le point de départ des tumeurs appelées lipômes.

ADIPIQUE adj. (a-di-pi-ke — du lat. adeps, adipis, graisse). Chim. Se dit d’un acide que l’on obtient par la réaction de l’acide nitrique sur le suif, le blanc de baleine, la cire, l’acide oléique, etc. L’acide adipique cristallise en tubercules rayonnés, demi-sphériques, très-solubles dans l’eau bouillante. Il fond à 130° et distille sans altération. || Se dit aussi d’un éther que l’on obtient en faisant passer de l’acide chlorhydrique dans une solution alcoolique d’acide adipique. L’éther adipique a l’aspect d’une matière huileuse un peu ambrée, une odeur très-prononcée de pomme de reinette, et une saveur amère et caustique à la fois.

ADIPOCIRE s. f. (a-di-po-si-re — du lat. adeps, adipis, graisse ; fr. cire). Chim. Nom donné, au commencement de ce siècle, à trois substances que l’on croyait identiques, mais qui diffèrent essentiellement : le blanc de baleine, le gras des cadavres et la cholestérine. V. ces mots.

ADIPOCIREUX, EUSE adj. (a-di-po-si-reu, eu-ze — rad. adipocire). Chim. Qui ressemble à l’adipocire : Le foie peut quelquefois devenir adipocireux.

ADIPOCIRIFORME adj. (a-di-po-si-ri-for-me — fr. adipocire, et forme). Méd. Qui a l’aspect de l’adipocire : Tumeur adipociriforme.

ADIPPE s. f. (a-di-pe). Entom. Espèce de papillon diurne, appartenant au genre satyre.

ADIPSIE s. f. (a-di-psî — du gr. a priv. ; dipsa, soif). Méd. Absence de soif.

ADIPSON s. m. (a-di-pson — du gr. a priv. ; dipsa, soif). Remède propre à prévenir ou à étancher la soif.

ADIRÉ, ÉE ( a-di-ré ) part. pass. du v. Adirer. Perdu, égaré :

Voici venir Bellin, qui seul avait erré
Tout un jour à chercher un bélier adiré.
Ronsard.


|| Il ne s’emploie aujourd’hui qu’en jurisprudence et dans le langage commercial : Titre adiré. Pièce adirée. S’il arrive qu’un effet de commerce soit adiré, la personne à laquelle il appartient peut en obtenir le payement en donnant caution. (Guillaumin.)

ADIREMENT s. m. (a-di-re-man — rad. adirer). Perte d’un titre, d’un papier : L’adirement d’un titre ne dispense pas le débiteur de remplir son obligation.

ADIRER v. a. ou tr. (a-di-ré — bas lat. adirare, formé probablement du lat. aderrare, errer). Vieux mot qui signif. Perdre, égarer : L’Italien ne s’en osait assurer du premier coup, vu le long temps qu’il l’avait adiré. (Des Perriers.) || S’emploie encore en jurisprudence : Adirer un titre, un contrat. Adirer les pièces d’un procès.

ADIS, ville d’Afrique, célèbre par la victoire que Xantippe, chef des Carthaginois, remporta, non loin de ses murs, sur l’armée romaine commandée par Régulus.

ADISCAL, ALE adj. (a-di-skal, a-le — du gr. a priv. ; diskos, disque). Bot. Se dit de l’insertion des étamines, lorsqu’elle ne se fait point sur le disque.

ADITES s. m. pl. (a-di-te). Hist. orient. Tribu détruite par la colère divine, et au châtiment de laquelle le Coran fait de fréquentes allusions.

ADITION s. f. (a-di-si-on). Jurispr. N’est usité que dans cette locution : Adition d’hérédité, Acceptation expresse ou tacite que fait d’une succession un héritier légitime ou institué : Les actes purement conservateurs, de surveillance et d’administration provisoire, ne sont pas des actes d’adition d’hérédité, si l’on y a pas pris le titre ou la qualité d’héritier. (Code Napol.)

Homonyme. Addition.

ADIUSIAS s. m. (a-diou-si-ass — contract. de à Diou, à Dieu ; sias, soyez : soyez avec Dieu). Mot du patois méridional, qu’on emploie pour dire adieu : Va, porte-lui cela de ma part ; adiusias. (Mol.)

Pays d’adiusias, Sobriquet que l’on donne à la Gascogne et aux autres pays voisins de la Garonne.

ADIVE s. m. (a-di-ve). Mamm. Carnassier originaire d’Afrique, un peu plus petit et plus leste que le renard : Les adives n’osent pas attaquer les hommes, mais ils dévorent les enfants. (Encycl.)

ADJACENCE s. f. (ad-ja-san-se — rad. adjacent). Géom. Propriété de ce qui se touche : L’adjacence de deux angles.

ADJACENT, ENTE adj. (a-dja-san, an-te — lat. adjacens, même sens ; formé de ad, auprès ; jacere, être situé). Proche, contigu, qui est situé auprès, qui avoisine : L’élévation du sol de l’Égypte s’opère en même temps que cette extension de sa surface, et le fond du lit des fleuves s’élève dans la même proportion que les plaines adjacentes. (Cuvier.) Une longue file de voitures stationnaient dans les rues adjacentes. (E. Sue.) Toutes les constructions adjacentes sont superposées sur la base massive du temple. (G. Sand.) || Il régit la prép. à : Les îles adjacentes à la Grèce sont fort connues dans l’histoire. (Rollin.)

— Géom. Angles adjacents, Qui sont formés par la rencontre de deux lignes droites et qui ont un côté commun : Une des propositions les plus importantes de la géométrie, c’est que deux angles adjacents valent ensemble deux angles droits.

Syn. Adjacent, attenant, contigu, joignant, prochain, proche, voisin. Dans proche, la proximité est essentielle, rigoureuse : Il crut les ennemis fort proches de lui. (D’Alemb.) Prochain indique la proximité d’une manière plus faible, moins directe, et est ordinairement plutôt une épithète qu’un attribut : Aborder au rivage prochain. (Montesq.) Deux maisons proches sont contiguës ; la maison prochaine est moins éloignée que les autres. Un lieu voisin n’est point éloigné : Le moulin le plus proche et le marché voisin sont pour ce paysan les bornes de l’univers. (J.-J. Rouss.) Contigu indique un grand voisinage, ou plutôt un contact : On peut présumer que les deux continents sont contigus, ou du moins très-voisins vers le nord à l’orient de l’Asie. (Buff.) Adjacent est un terme spécial de géométrie et de géographie : Il y a plusieurs îles adjacentes à la Grèce, fort connues dans l’histoire. (Rollin.) Attenant se dit surtout d’une chose considérée relativement à une autre principale, à laquelle elle tient comme accessoire : Des bourgeois riches sont ensevelis dans l’église, tandis que les pauvres pourrissent dans le cimetière attenant. (Volt.) La chose joignante peut ne pas être dépendante de celle à laquelle elle touche : Myrtis ordonna qu’on lui bâtit un tombeau joignant le chemin le plus fréquenté. (La Font.)

Antonymes. Opposé par le sommet, correspondant, alterne (en parlant d’angles).

ADJECTIF s. m. (ad-jék-tif — lat. adjectivus, qui s’ajoute ; de ad, auprès ; jacere, jeter). Gramm. L’une des dix parties du discours, mot que l’on joint au substantif pour le qualifier ou pour le déterminer : Les adjectifs qualificatifs, les adjectifs déterminatifs, les adjectifs numéraux, etc. L’adjectif s’accorde en genre et en nombre avec le substantif. — Voltaire plaisantait quelquefois sur le style de certains auteurs, style tout hérissé d’épithètes. « Si l’on pouvait leur faire entendre, disait-il, que l’adjectif est le plus grand ennemi du substantif ; bien qu’ils s’accordent en genre et en nombre !  »

Gramm. Quoi qu’en disent plusieurs grammairiens trop facilement effrayés par les difficultés que peut offrir l’analyse des phrases, l’adjectif peut s’employer absolument, c’est-à-dire sans se rapporter à un mot nettement exprimé, toutes les fois qu’il n’en résulte aucune obscurité pour le sens. Nos meilleurs écrivains fournissent de nombreux exemples à l’appui de ce principe : Issue de cette race, fille de Henri le Grand, son grand cœur a surpassé sa naissance. (Boss.) Jaloux des grâces qui tombent à côté d’eux, il semble qu’on leur arrache celles qui tombent sur les autres. (Mass.)

Accord de L’adjectif. En général, l’adjectif s’accorde en genre et en nombre avec le mot auquel il se rapporte : Un homme fort, une femme forte ; des hommes forts, des femmes fortes.

— Plusieurs adjectifs peuvent-ils se mettre au singulier quand le substantif exprimé est au pluriel ? La plupart des grammairiens trouvent irrégulières les expressions comme celles-ci : Les langues grecque et latine ; les premier et second étages. Cependant Voltaire a écrit : Les scènes quatrième et cinquième. On trouve des exemples semblables dans beaucoup d’autres auteurs, et le dictionnaire de l’Académie donne celui-ci : Les rites gallican, mozarabe, gothique. Les auteurs contemporains fournissent aussi des exemples du même genre : Le peintre a religieusement emprunté aux arts grec, étrusque et romain ce qu’ils ont produit de plus pur et de plus charmant. (Edm. Texier.) Il est donc difticile de condamner d’une ma-