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— Prat. Qui marque l’adhésion, le contentement : Formule adhésive.

— Substantiv. Un adhésif. Le taffetas d’Angleterre est un adhésif.

ADHÉSION s. f. (a-dé-zi-on — lat. adhœsio, même sens ; formé de adhœrere, s’attacher). Union de deux corps l’un à l’autre, adhérence, bien qu’adhésion indique plus spécialement la manière dont s’est faite l’adhérence : On nomme adhésion l’attraction moléculaire qui se manifeste entre deux corps en contact. (L. Pinel.)

— Par anal. et fig. Consentement, approbation : M. de Meaux avait son grand nom et l’adhésion des principaux prélats de France. (Volt.) L’erreur n’est quelque chose que par l’adhésion des hommes. (Lacordaire.) Emile garantissait l’adhésion de sa tendre mère. (G. Sand.) Il aurait mieux aimé la discussion que cette adhésion nonchalante à tout propos. (G. Sand.) || Dans ce sens, se dit aussi des choses : L’adhésion de l’intelligence aux idées naturelles constitue la raison. (Lacordaire.)

— Diplom. Consentement donné par un souverain aux arrangements faits par d’autres souverains : Donner, refuser son adhésion. (Acad.)

— Méd. Manière dont un organe ou une partie adhère à une autre, de façon à produire l’adhérence.

— Philos. scol. Certitude d’adhésion, Certitude qui résulte de l’importance d’une chose, de l’intérêt qu’on y trouve et non pas de son évidence.

— Jurispr. Acquiescement à une convention, à un arrangement, auquel on n’a concouru ni directement ni par fondé de pouvoir. || Assentiment donné par un avocat à une consultation rédigée par un de ses confrères. || Autrefois, Demande en adhésion, Demande formée par un des époux pour obliger l’autre à rentrer au domicile conjugal.

Encycl. Physiq. Il ne faut pas confondre l’adhésion avec la cohésion. L’adhésion est la force en vertu de laquelle deux corps mis en contact adhèrent l’un à l’autre et résistent à l’effort que l’on fait pour les séparer. La cohésion est la force qui tient unies les molécules constituantes d’un corps. L’adhésion peut exister entre deux solides, entre un solide et un fluide, entre deux fluides. Entre deux solides, elle s’exerce en raison directe de l’étendue et du poli des surfaces en contact, et peut se mesurer au moyen du poids nécessaire pour les séparer. Il faut remarquer que l’adhésion est d’autant plus forte, que le contact est plus parfait ; aussi, pour l’obtenir, a-t-on soin de faire glisser les deux corps l’un contre l’autre avec frottement, de manière à chasser l’air interposé. La propriété qu’ont les corps d’être mouillés, c’est-à-dire d’emporter à leur surface une couche du liquide qu’ils ont touché, s’explique par la force de l’adhésion. C’est également à l’adhésion qu’on peut attribuer, au moins en grande partie, l’ascension des liquides dans les tubes capillaires, et l’absorption des gaz par les substances poreuses. C’est sur l’adhésion que sont fondées plusieurs opérations importantes et usuelles dans les arts, telles que les diverses espèces de collage, de soudure, l’étamage des glaces, la dorure sur bois et sur métaux, etc.

Syn. Adhésion, acquiescement, consentement. V. acquiescement.

ADHÉSIONNAIRE s. m. (a-dé-zi-o-nè-re — rad. adhésion). Syn. peu usité d’adhérent.

ADHÉSIVEMENT adv. (a-dé-zi-ve-man — rad. adhésif). D’une manière adhésive, par adhésion.

ADHÉSIVITÉ s. f. (a-dé-zi-vi-té — rad. adhésif). Phrénol. Faculté qui nous porte à aimer nos semblables, à nous rapprocher d’eux. V. Affectionnivité.

AD HOC loc. adv. (a-dok — mots lat. qui signif. pour cela, à cet effet). D’une manière directe, positive : Répondre ad hoc. || Selon l’usage, la destination qu’on a en vue : Il me faut une maison choisie, une maison ad hoc. (Méry.) Le maître du café donna un coup d’œil au dégât, et alla au comptoir pour l’inscrire dans un livre ad hoc. (G. Sand.) Le blason, c’est l’histoire écrite en hiéroglyphes ad hoc. (G. Sand.) Au moyen âge, quand un homme était soupçonné d’un crime et qu’il voulait prouver son innocence, il avalait une bouchée de pain bénite ad hoc par son accusateur, après avoir prié le ciel que cette bouchée, s’il était coupable, lui servit de poison. Innocent, il avalait sans difficulté ; coupable, la fatale bouchée devait l’étrangler au passage. (Génin.) || Particulier, spécial : Pour traiter une affaire délicate on choisit un homme ad hoc. Quoi, s’écria le général, le prisonnier a des menottes dans l’intérieur de la citadelle ! Cela est contraire au règlement, à moins d’un ordre ad hoc ; ôtez-lui les menottes. (H. Beyle.)

Tuteur ad hoc, Tuteur nommé spécialement pour un objet déterminé.

ADHOLÉE s. f. (a-do-lé). Métrol. Mesure de capacité pour matières sèches, usitée dans l’Inde, et représentant généralement la moitié du pylée. On dit aussi, suivant les provinces, adholy, adowly. Au plur., des adholées, adholies, adowlies.

AD HOMINEM loc. adv.(a-do-mi-nèmm — mots lat. qui signif. littéralem. À l’homme). Qui attaque directement la personne à qui l’on parle. Est le plus souvent précédé du mot argument. Dans l’argument personnel, ou ad hominem, l’orateur emprunte à l’adversaire des armes pour le combattre ; il le confond en lui opposant ses propres paroles ou ses propres actes. Dans les assemblées politiques de tous les pays, il n’est pas rare de voir un homme changer d’opinion ; ses adversaires, pour combattre ses paroles du jour, rappellent son langage d’autrefois, l’opposent ainsi à lui-même, et le battent par un argument personnel, un argument ad hominem : Le pyrrhonisme est la chose du monde la plus commode ; vous pouvez impunément discuter contre tout venant, sans craindre ces arguments ad hominem, qui font quelquefois tant de peine. (H. Beyle.) L’argument ad hominem, le dernier auquel un homme poli doive avoir recours, peut se justifier par les circonstances, mais c’est un cas beaucoup plus rare quand il s’agit d’un argument ad feminam (contre une femme). (W. Scott.)

Voici un exemple célèbre d’argument ad hominem : Cicéron plaidait la cause de Ligarius, accusé par Tubéron de s’être battu contre César en Afrique. « Mais, je le demande, s’écrie Cicéron, qui donc fait un crime à Ligarius d’avoir été en Afrique ? C’est un homme qui lui-même a voulu aller en Afrique, un homme qui a combattu contre César lui-même. En effet, Tubéron, que faisiez-vous, le fer à la main, dans les champs de Pharsale ? quel sang vouliez-vous répandre ? Dans quel flanc vos armes voulaient-elles se plonger ? Contre qui s’emportait l’ardeur de votre courage ? Vos mains, vos yeux, quel ennemi poursuivaient-ils ? Que désiriez-vous, que souhaitiez-vous ? » Plutarque rapporte qu’à ces mots, César laissa tomber en frémissant les papiers qu’il tenait à la main, et qui renfermaient l’acte de condamnation ; l’éloquence avait triomphé, grâce à l’heureux emploi de l’argument ad hominem.

AD HONORES loc. adv. (a-do-no-rèss — mots lat. qui signif. Pour les honneurs). S’emploie en parlant d’un titre purement honorifique, d’une place sans rétribution, sans traitement : Les fonctions de maire sont des fonctions ad honores. Les choses en sont venues à ce point qu’aujourd’hui les fonctions les plus chèrement rétribuées sont, dans la réalité, celles qui paraissent conférées uniquement ad honores.

— Ironiquem. et par plaisanter. Se dit pour faire entendre qu’on n’a que les charges, les inconvénients d’une situation, d’une qualité dont on ne recueille pas les bénéfices : On offre, il est vrai, la présidence honoraire au pape ; tout cela est très-bien combiné ; mais le gouvernement de l’Église ne paraît pas disposé à vouloir quoi que ce soit, seulement ad honores ; il tient pour la temporalité. (L. Plée.)

Je déclare hautement, en termes clairs et nets,
Que je ne veux pas être époux ad honores.
Regnard.
Juste ciel ! puis-je entendre et souffrir ce langage ?
Est-ce ainsi qu’au mépris on ajoute l’outrage ?
Moi, pour le bien commun j’aurais pris femme exprès,
Et serais seulement époux ad honores !
Des plaisirs du public lâche dépositaire,
Je ferais de l’hymen un trafic mercenaire !
Je ne connais ni dieux ni mortels favoris ;
Ma femme est à moi seul et n’en veux qu’à ce prix.
Regnard.

ADHUC SUB JUDICE LIS EST (a-duk-sub-ju-di-sé-liz-è-ste). Mots lat. qui signif. littéralem. Le procès est encore devant le juge ; c’est la fin du soixante-dix-huitième vers de l’Art poétique d’Horace. Le poëte, faisant l’histoire des différents genres de poésie, dit qu’on ne sait pas positivement quel est l’inventeur du rhythme élégiaque :


Grammatici certant et adhuc sub judice lis est.

« Les grammairiens ne sont pas d’accord, et la question est encore à juger. »

Cette expression, devenue proverbiale, s’applique tous les jours à une foule de questions grammaticales, littéraires, historiques, philosophiques, scientifiques, etc., qui sont vivement débattues :

« À qui donc appartient la priorité de l’invention du piano ? La cause est pendante de puis plus d’un siècle devant les érudits, et l’on dispute encore  : Adhuc sub judice lis est. »

Castil-Blaze.               

«La Champagne a perfectionné les machines à boucher ; la Bourgogne y est bien aussi pour quelque chose ; on m’a montré à Nuits un inventeur célèbre et le premier de tous, m’a-t-on dit. Entre gens de Reims donc et gens de Nuits, sub indice lis est. »        A. Luchet.

« Or, un jour que les deux sœurs se baignaient ensemble, elles se prirent de querelle chacune d’elles prétendant l’emporter en beauté sur l’autre… Enfin les deux rivales se décidèrent à en appeler à la postérité ! elles firent faire, par les deux meilleurs statuaires de l’époque, les deux Vénus qui portent encore leur nom, et dont l’une est à Naples et l’autre à Syracuse. Deux mille trois cents ans se sont écoulés depuis cette époque, et la postérité indécise n’a point encore porté son jugement : Adhuc sub judice lis est. »        Alex. Dumas.

ADIABÈNE, ancienne région de la haute Asie ; elle avait pour capitale Arbelles. Trajan en fit la conquête.

ADIABÉNIEN, IENNE s. (a-di-a-bé-ni-ain, è-ne). Géogr. anc. Habitant de l’Adiabène : Tigrane, étant sorti de l’Arménie, était entré dans les terres des Adiabéniens, qui sont une nation limitrophe.

— adj. Qui appartient, qui est propre à l’Adiabène ou à ses habitants : Le premier des rois adiabéniens dont il soit parlé dans l’histoire régnait du temps de la guerre de Mithridate, où il se déclara pour Tigrane contre Lucullus. (L. Renier.)

— s. m. pl. Dynastie qui a gouverné l’Adiabène, depuis environ l’an 70 avant J.-C. jusqu’au règne de Trajan, dans les premières années du iie siècle de l’ère chrétienne.

ADIACRITOLÂTRIE s. f. (a-di-a-kri-to-lâ-trî — du gr. a priv. ; diakritos, discerné ; latreia, adoration). Néol. Fétichisme stupide et grossier.

ADIANTACÉ, ÉE ou ADIANTOÏDE adj. (a-di-an-ta-sé — rad. adiante). Bot. Qui ressemble à une fougère.

— s. f. pl. Tribu de la famille des fougères.

ADIANTE, s. m. (a-di-an-te — du gr. adiantos, toujours sec). Bot. Genre de fougères ainsi appelées parce que leur feuillage lisse ne conserve pas l’humidité. La principale espèce est l’adiante capillaire (adiantum capillus-Veneris), jolie petite plante connue sous le nom de capillaire de Montpellier, cheveux de Vénus, à pétiole grêle, d’un brun noirâtre, luisant, ramifié, à folioles minces, glabres, d’un vert tendre, presque cunéiformes, portant les sporanges des deux côtés. L’adiante capillaire vient dans les grottes humides, dans les puits, sur le bord des fontaines, dans les contrées méridionales de la France ; il est doué d’une odeur aromatique, d’une saveur un peu styptique et amère. On en fait le sirop dit de capillaire, employé comme béchique et pectoral. || L’Académie donne au mot adiante le genre féminin, ce qui doit être une faute d’impression, puisque dans les éditions antérieures elle le faisait masculin, en cela d’accord avec tous les ouvrages de botanique.

ADIANTIDÉ, ÉE adj. (a-di-an-ti-dé — rad. adiante). Bot. Qui ressemble à l’adiante.

ADIANTIFOLIÉ, ÉE adj. (a-di-an-ti-fo-li-é — rad. adiante, et lat. folium, feuille). Bot. Dont les feuilles ressemblent à celles de l’adiante. Tel est le gingko. V. ce mot.

ADIANTITES s. m. pl. (a-di-an-ti-te — rad. adiante). Géol. Groupe de fougères fossiles.

ADIANTOÏDE adj. (a-di-an-to-i-de). V. Adiantacé.

ADIAPHANE adj. (a-di-a-fa-ne — du gr. a priv. ; dia, à travers ; phanos, transparent). Syn. inusité d’opaque.

ADIAPHORE adj.(a-di-a-fo-re — du gr. adiaphoros, indifférent). Morale et Théol. Qui est accessoire, peu important, qu’on peut admettre ou ne pas admettre, pratiquer ou ne pas pratiquer, sans péril pour la foi, sans trouble de la conscience.

— Liturg. Se dit des usages, des cérémonies, des rites qui peuvent être indifféremment omis ou pratiqués.

ADIAPHORÈSE s. f. (a-di-a-fo-rè-ze — du gr. a priv. ; diaphorèsis, transpiration). Méd. Défaut ou suppression de la transpiration. On dit aussi adiapneustie.

ADIAPHORÉTIQUE adj. (a-di-a-fo-ré-ti-ke — rad. adiaphorèse). Chim. Esprit adiaphorétique, Nom que Boyle donna à l’alcool qu’il obtint par la distillation du bois.

ADIAPHORISTE s. m. (a-di-a-fo-riss-te — du gr. adiaphoros, indifférent). Hist. relig. Membre d’une secte de luthériens qui embrassèrent les opinions de Mélanchthon, c’est-à-dire qui, tout en approuvant certaines doctrines de Luther, continuaient à reconnaître l’autorité de l’Église catholique.

— Hist. Nom donné à ceux qui, en 1548, souscrivirent l’intérim publié par Charles-Quint à la diète d’Augsbourg. || On dit aussi adiaphorite.

ADIAPHORISTIQUE adj. (a-di-a-fo-riss-ti-ke — rad. adiaphoriste). Qui concerne les adiaphoristes : En 1549, commença la discussion, connue sous le nom de adiaphoristique, contre Mélanchthon et les doctrines de Wittenberg, qui reçurent à cette occasion le surnom d’adiaphoristes. (Encycl.)

ADIAPNEUSTIE s. f. (a-di-a-pneu-stî — du gr. a priv. ; diapneò, je transpire). Pathol. Syn. de adiaphorèse. V. ce mot.

ADIAPTOTE s. m. (a-di-a-pto-te — du gr. adiaptòtes, infaillible). Anc. pharm. Composition pharmaceutique contre la colique.

ADIARRHÉE s. f. (a-di-a-ré — du gr. a priv. ; diarrhein, couler). Méd. Rétention, suppression d’une évacuation quelconque.

ADIATHÉSIQUE adj. (a-di-a-té-zi-ke — du gr. a priv. ; fr. diathésique). Méd. Se dit de maladies qui sont nées sans diathèse antécédente.

ADIEU adv. (a-dieu — fr. à, et Dieu ; signif. elliptiq. Je vous recommande à Dieu). Formule de salutation que l’on adresse, par amitié ou simplement par politesse, à ceux dont on se sépare, et par laquelle aussi on termine souvent les lettres familières : Adieu, monsieur. Adieu, jusqu’au revoir. Adieu, ma très-chère et très-aimable, je suis toute triste de vous. (Mme  de Sév.) Lorsqu’en prenant congé d’un ami, l’homme créa pour la première fois le mot adieu, n’a-t-il pas voulu dire à la personne aimée : je ne suis plus là pour veiller sur toi, mais je te recommande à Dieu, qui veille sur tous ? (A. Deschamps.)

Adieu, princes, adieu, pour la dernière fois.
Corneille.
Adieu, j’assiégerai Néron de toutes parts.
Racine.
Adieu, dit-il, adieu, sur la plage lointaine,
Où vogue ton esquif sur une onde incertaine,
          Trouve un ciel toujours bleu.
A. Deschamps.

— Fam. Se dit à une personne que l’on veut éloigner, à un importun :

Adieu, je perds mon temps, laissez-moi travailler.
La Fontaine.


|| Adieu, bonsoir, Forme explétive pour En voilà assez, taisez-vous.

— Poét. Se dit aussi en s’adressant aux choses que l’on quitte : Adieu, cher antre ; adieu, rivage où tant de fois j’ai souffert les injures de l’air. (Fén.) adieu donc, ma patrie ! me dis-je en pleurant ; adieu, beau ciel de Naples ! adieu, tout ce que j’aime ! (Scribe.)

Adieu, mes vers, adieu pour la dernière fois !
Boileau.
Adieu donc pour toujours, ma chère liberté !
C. Delavigne.
Adieu, projets d’amour ; ô doux projets, adieu !
Mollevaut.

— Signifie souvent C’en est fait de, en parlant des personnes et des choses : Si la pensée était perdue, adieu le genre humain. Adieu, notre braverie. (Mol.) Le soldat français, depuis trente ans, ne reçoit point de coups de bàton, et voilà l’Espagnol qui les refuse aussi : pour peu que cela gagne, adieu la schlague ; personne n’en voudra. (P.-L. Cour.)

Un heurt survient : adieu le char.
La Fontaine.
Le lait tombe, adieu veau, vache, cochon, couvée.
La Fontaine.
Le protecteur à bas, adieu le protégé.
Collin d’Harleville.
        On mit en piteux équipage
Le pauvre potager : adieu planches, carreaux,
        Adieu chicorée et poireaux,
        Adieu de quoi mettre au potage.
La Fontaine.

Dire adieu à quelqu’un, Prendre congé de quelqu’un : Je n’ai pas encore dit adieu à Eucharis. (Fén.) Peut-être vous aurais-je dit adieu d’un œil sec, si vos larmes coulant sur ma joue n’eussent forcé les miennes de s’y confondre. (J.-J. Rouss.) Je ne vous dit pas adieu pour toujours, car cette pensée me serait trop pénible. (G. Sand.)

Comprends-tu que l’on parte et qu’on se dise adieu ;
Comprends-tu que ce mot, la main puisse l’écrire,
Et le cœur le signer, et les lèvres le dire ?
A. de Musset

— Fam. Je ne vous dis pas adieu, ou Sans adieu, Se dit à une personne que l’on ne quitte que pour peu d’instants, ou que l’on se propose de revoir bientôt : Sans adieu, chevalier, je crois que nous nous reverrons bientôt. (Le Sage.)

Banquet, dîner d’adieu, Repas que l’on offre à quelqu’un par amitié ou considération, au moment où il va s’éloigner, etc. : Avant son départ, la population parisienne lui offrit un banquet d’adieu. (L.-J. Larcher.) Julien était un bon garçon ; aussi, avant son départ, tous ses camarades lui offrirent-ils un joyeux dîner d’adieu. (L.-J. Larch.)

Adieu vous dis. Vieille locution qui est restée dans le style marotique pour dire adieu simplement, et qui, figurém., signifie qu’il ne faut plus compter sur une personne ou sur une chose :

Mais si dorénavant votre imprudence éclate,
Adieu vous dis, mes soins, pour l’espoir qui vous flatte.
Molière

|| Se dit aussi à quelqu’un qui ennuie et que l’on veut congédier. || Faire adieu, Faire avec la main, avec la tête, un signe d’adieu : Vous me fîtes encore adieu d’un signe de main. (A. Karr.) || Dans le même sens, Regard d’adieu, Dernier regard adressé à une personne ou à une chose comme pour lui dire adieu : Comme la montée est rude, j’allai jusqu’à la porte de la ville, et, me retournant, je jetai un regard d’adieu à la France. (Th. Gaut.)

— Prov. Adieu paniers, vendanges sont faites, Se dit au propre lorsque les vendanges sont finies, ou lorsqu’il est arrivé malheur aux vignes, comme gelée, coulure, etc. mais beaucoup plus souvent, au fig., lorsqu’une opération avantageuse est tout à fait terminée ou lorsqu’une chose, une occasion est perdue sans ressource. || Adieu paniers, Se dit quelquefois elliptiq. dans le même sens : Les beaux jours des raconteurs sont passés, et l’anecdote a fait son temps ; adieu paniers ! (Edm. Texier.)

— Fig. Dire adieu à une chose, Y renoncer, la quitter : Dire adieu au monde, aux plaisirs. Je suis venue ici pour achever les beaux jours et leur dire adieu. (Mme  de Sév.) Personne n’ose dire adieu à une habitude. (Balz.)

Amis, dans ma douce retraite,
À tous vos maux je dis adieu.
V. Hugo.
Aux amoureuses rêveries,
Ma belle, pourquoi dire adieu ?
A. Soumet

— s. m. : Un long adieu. Des adieux touchants, affectueux. Les adieux d’Hector et