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d’aiguilles soyeuses quand elle cristallise dans l’alcool bouillant, et sous celle de prismes rhomboïdaux groupés en étoiles dans l’eau bouillante.

ACHAB, le plus impie des rois d’Israël (917-889 av. J.-C). Poussé par sa femme Jézabel, il releva les autels de Baal, et fit mourir Naboth pour s’emparer de sa vigne. Il fut tué dans une bataille contre le roi de Syrie, et les chiens, suivant la prédiction d’Elie, léchèrent le sang de ses blessures.

ACHACANA s. m. Bot. Espèce de cactus du Pérou.

ACHADE s. f. (a-cha-de). Agric. Sorte de houe pour biner les vignes.

ACHAGUA adj. et s. (a-cha-gu-a). Géogr. Peuplade de l’Amérique, habitant entre le Rio-Negro et l’Orénoque : Les Achaguas sont rusés et perfides ; la chasse est leur seul moyen d’existence. (Univ. pitt.) || Se dit de l’idiome parlé par les Achaguas : L’idiome achagua, que Hervas considérait à tort comme une branche ou un dialecte du maypure, est une langue différente qui a seulement quelque affinité avec cet idiome. Il est doux et facile à prononcer. (Univ. pitt.)

ACHAGUAL s. m. (a-cha-gu-all). Ichthyol. Poisson des côtes de la Nouvelle-Hollande et de l’Amérique méridionale. Daubenton l’appelait le roi des harengs du Sud, et Lacépède la chimère antarctique.

ACHAÏE (a-ka-î), petite contrée de l’anc. Grèce, au N. du Péloponèse, divisée en douze villes, qui formèrent, vers 280 av. J.-C., la ligue Achéenne. — On donne le même nom à une portion de la Phthiotide en Thessalie, où régnait Achæus ; — à une province romaine formée après la destruction de la ligue Achéenne, 146 ans av. J.-C, comprise depuis dans le diocèse de Macédoine ; — à une principauté formée en 1205 par les croisés latins, comprenant le Péloponèse et la suzeraineté d’Athènes et de Thèbes ; — à une province du royaume de Grèce, dont la capit. est Patras.

ACHAÏEN, IENNE s. (a-ka-ï-ain, i-è-ne — rad. Achaïe). Géogr. anc. Celui, celle qui était né en Achaïe, qui habitait l’Achaïe. || S’empl. aussi adjectiv. dans le même sens qu’achaïque.

ACHAÏQUE adj. (a-ka-i-ke). Géogr. anc. Qui appartient, qui a rapport à l’Achaïe ou à ses habitants.

ACHALANDAGE s. m. (a-cha-lan-da-je — rad. achalander). Action d’achalander une maison de commerce, de lui procurer des chalands : La question de l’enseigne était du reste des plus capitales pour l’achalandage d’un cabaret ou d’une hôtellerie. (Fr. Michel.) || Habitude de se fournir chez un marchand : Bienheureux nous sommes, monsieur le comte, que vous ayez honoré notre pauvre boutique de votre achalandage. (E. Sue.) || Ensemble des chalands ou pratiques qui achètent habituellement chez un marchand, dans une maison de commerce : La réputation de probité de cette ancienne maison lui a valu un bon achalandage. Ces cinq hôtels faisaient l’achalandage principal de dame Fanchon, la mercière. (P. Fév.) Le total de l’inventaire allait à trente mille francs, y compris le brevet de maître imprimeur et l’achalandage. (Balz.)

— Fig. Moyen d’attirer : La vieille marquise fondait, pour sa société, un grand espoir d’achalandage sur la beauté de sa nièce. (G. Sand.)

ACHALANDÉ, ÉE (a-cha-lan-dé) part. pass. du v. Achalander. Qui a beaucoup de pratiques, de chalands, de clients : De tous les marchands d’espérance, les médecins resteront les plus achalandés à la longue. (Grimm.) C’est une bonne maison, bien achalandée, qui rapporte quinze à vingt mille francs par an. (Balz.) Il fut mis en apprentissage chez un relieur habile et achalandé. (St-Aulaire.) C’était, à vrai dire, la reine des servantes, et jamais la maison n’avait été mieux achalandée que depuis qu’elle y régnait. (G. Sand.) Il y avait en tout trois clercs et demi, ce qui annonçait une étude des plus achalandées. (Alex. Dum.) || Fréquenté ; dans ce sens, il est suivi de la préposition de : Il n’y a pas de route bien achalandée de passants de ce côté-là. (G. Sand.) Elle venait souvent babiller en une maison si bien achalandée de monde que l’était celle de ma cousine. (G. Sand.)

ACHALANDER v. a. ou tr. (a-cha-lan-dé — rad. chaland). Attirer, faire venir des chalands, procurer de la clientèle : Je suis sûre, me dit-elle, que vous achalanderiez bien une boutique. (Sterne.) Il comptait sans doute sur la beauté d’une telle enseigne pour achalander son établissement. (G. Sand.) Au-dessus de ma tête, Charles-Quint, Joseph II ou Napoléon, pendus à une vieille potence en fer et faisant enseigne, grands empereurs qui ne sont plus bons qu’à achalander une auberge. (V. Hugo.)

— Fig. Mettre en vogue : Il fallait bien des cérémonies, bien du temps pour achalander un oracle. (Volt.)

S’achalander, v. pr. Obtenir des chalands, des pratiques : Grâce à de jolies femmes, un café s’achalande facilement. Cette boutique s’est bien achalandée. (Trév.) Ce charlatan, pour mieux s’achalander, arrachait les dents de qui voulait, par amour de l’art, et cela sans produire de douleur. (V. Fournel.)

Antonymes. Déchalander, désachalander.

ACHALANDISE s. f. (a-cha-lan-di-ze — rad. chaland). Mot qui s’empl. souvent à tort pour chalandise. On doit dire : Il a vendu cher sa chalandise, et non son achalandise. V. Chalandise.

ACHALINOPTÈRES s. m. pl. (a-ka-li-nop-tè-re — du gr. a priv. ; chalinos, frein, et pteron, aile). Entom. Nom donné par M. Blanchard à la première section des lépidoptères ou papillons, que les anciens auteurs appelaient papillons de jour ou lépidoptères diurnes. Ils sont caractérisés par l’absence d’un crin ou d’une soie roide à la partie inférieure des secondes ailes, passant dans un anneau des premières ailes pour les maintenir dans le même plan. Cet organe, ce frein, se retrouve au contraire chez tous les chalinoptères ou nocturnes.

ACHANE s. m. (a-ka-ne). Métrol. Mesure pour le blé, en usage chez les Perses.

ACHANIE s. f. (a-ka-nî — du gr. achanès, qui ne s’ouvre pas). Bot. Genre de plantes de la famille des malvacées, que l’on trouve dans l’Amérique méridionale.

ACHANTI ou ACHANTIN adj. et s. (a-kan-ti). Géogr. Habitant de l’Afrique occidentale : Le peuple des Achantis, qui domine aujourd’hui sur toute la Côte-d’Or et sur une grande partie de la Nigritie, était encore inconnu à la fin du xviiie siècle. (Am. Tardieu.) Les Achantins forment une des familles les plus belles et les plus avancées de toute la Nigritie, dont ils sont devenus la puissance prépondérante. (G. Béraud.)

— s. m. Langue parlée par les habitants du royaume d’Achantis : L’achanti n’a point de passif et n’emploie presque jamais les infinitifs. (Balbi.)

ACHANTlLLES s. f. pl. (a-kan-ti-lle ; ll mll. — du lat. achantum, matière odorante). Entom. Nom donné par antiphrase à une section de la famille des cimicides, comprenant le genre punaise.

ACHANTIS ou ASHANTEES (royaume des), vaste royaume nègre, le plus puissant empire de Guinée, dans l’intérieur de la Côte-d’Or ; capitale, Coumassie. Le pays est presque entièrement couvert de forêts, où se trouve le baobab, le géant du règne végétal ; les animaux sont l’éléphant, le rhinocéros et, dans les rivières, le crocodile et l’hippopotame. Les Achantis vendent aux Européens de l’or, de l’ivoire, de l’huile de palme et des bois de teinture et d’ébénisterie ; ils professent un islamisme mêlé de fétichisme. Environ 3,000,000 d’hab. Il y a quelques établissements anglais et hollandais.

ACHAR (D’) loc. adv. (a-char). Abrév. de acharnement. || Jouer d’achar, c’est-à-dire avoir un jeu très-serré. On dit le plus souvent Jouer d’autor et d’achar. V. Autor.

ACHARD ou ACHAR s. m. (a-char — du nom du vulgarisateur). Art culin. Nom donné, aux Indes, à un condiment que l’on prépare en faisant macérer dans du vinaigre des bourgeons encore très-tendres de chou palmiste ou de bambou. || Par ext., S’applique en Europe à des préparations analogues, qui ne sont que des légumes confits dans du vinaigre et assaisonnés de moutarde : Chaque pays fait son achar avec les condiments que lui fournissent le climat et la température. (Raspail.)

Encycl. Le mot achard est un terme général sous lequel on comprend toutes les parties végétales : racines, feuilles, fleurs, fruits et graines, que l’on fait confire dans du vinaigre pour les servir sur nos tables à titre de hors-d’œuvre ou de condiment. Un grand nombre de plantes différentes sont représentées dans ces préparations. On y fait entrer des navets et des radis blancs et rouges tournés et découpés à l’emporte-pièce ; de petites carottes entières, des fonds d’artichauts, des pois et des haricots verts, des choux-fleurs, de jeunes épis de maïs, des feuilles de choux rouges et verts, des concombres, des câpres, des tomates, des cornichons, des oignons blancs, des feuilles de betterave, des graines et des fleurs de capucine, des fleurs d’oranger, des boutons de fleurs de grenadier et de rosier, des têtes d’asperges, de petites oranges, des citrons verts, de petites pommes et de petits abricots, des amandes vertes et des amandes pelées, des piments verts et rouges, des champignons, des truffes et jusqu’à des groseilles blanches, rouges et à maquereau. Ces diverses parties végétales doivent être épluchées, essuyées, lavées et blanchies à l’eau bouillante, puis soigneusement égouttées. On les met ensuite dans des vases de verre ou de grès entièrement remplis de vinaigre, en y ajoutant, comme aromates, des racines fraîches de gingembre, des feuilles d’estragon, de romarin, de laurier, quelquefois de la muscade, du macis, des clous de girofle, du poivre noir, de la cannelle, de la moutarde en grain, des gousses d’ail, etc. Après huit jours de macération, on décante, on concentre le vinaigre par l’ébullition et on le verse de nouveau sur les achards.

On prétend que cette sorte de condiment, en usage de temps immémorial dans les Indes, fut observé par un voyageur nommé Achard, qui en importa la recette en Europe, où elle fut modifiée suivant les productions de nos climats.

ACHARD (Frédéric-Charles), naturaliste et chimiste allemand, né à Berlin en 1753, mort en 1821, descendait d’une famille française protestante. Il est le véritable vulgarisateur de la fabrication du sucre de betterave, dont Margraf avait fait la découverte cinquante ans auparavant. Le roi de Prusse lui fit présent du domaine de Kussern, en Silésie, pour y exploiter en grand cette industrie, à laquelle le blocus continental vint imprimer un immense développement. Achard était directeur de la classe de physique à l’Académie des sciences de Berlin. Il a laissé plusieurs ouvrages.

ACHARD (Frédéric-Adolphe), acteur et chanteur comique français, né à Lyon en 1808 d’un ouvrier tisseur de soie, mort en 1856. Il joua d’abord dans les théâtres de province, débuta en 1834 sur le théâtre du Palais-Royal, où son jeu franc et comique fut très-goùté. Il avait en outre un véritable talent comme chanteur, et se fit applaudir dans les chansonnettes, dont il mit le genre à la mode.

ACHARD (Louis-Amédée-Eugène), romancier français, né à Marseille en 1814. Fit d’abord quelques articles de littérature dans le Sémaphore de Marseille, puis vint à Paris, écrivit dans le Vert-Vert, l’Entr’acte, le Charivari, enfin dans le journal l’Époque. En 1846, il fut choisi pour accompagner en Espagne le duc de Montpensier et raconter les fêtes de son mariage. Achard publia ensuite divers romans, dont les plus célèbres sont : Belle-Rose, la Robe de Nessus, la Chasse-Royale, etc.

ACHARIDE s. m. (a-ka-ri-de — du gr. acharis, repoussant ; formé de a priv. et de charis, grâce). Entom. Genre de coléoptères longicornes, tribu des lamiaires.

ACHARIE s. m. (a-ka-rî). Bot. Plante touffue et résineuse du cap de Bonne-Espérance.

ACHARIUS (Eric), naturaliste suédois, né en 1757, mort en 1819. Il s’occupa d’une manière toute spéciale de l’étude des lichens et des cryptogames.

ACHARNANT (a-char-nan) part. prés. du v. Acharner.

ACHARNE (a-char-ne). Nom d’un canton de l’Attique, dont les habitants, presque tous charbonniers, étaient le point de mire de la causticité athénienne.

ACHARNÉ, ÉE (a-char-né) part. pass. du v. Acharner. Excité, irrité : Il paraît plus acharné sur sa proie, et la dévore sans la dépecer. (Buff.) Pépin, présent à un de ces spectacles, voit un lion monstrueux acharné contre un taureau. (Anquetil.)

Tigres plus acharnés que les lions sauvages.
J.-B. Rousseau.

— Par ext. Animé : Des danseurs acharnés forçaient les ménétriers à secouer leur engourdissement. (G. Sand.) || En parlant des choses, Violent, opiniâtre : On entendit pendant quelques secondes le bruit d’une lutte acharnée. (E. Sue.) Mon cher, vous arrivez au milieu d’une bataille acharnée, il faut vous décider promptement. (Balz.) Il trouva Porthos faisant une partie de dés acharnée avec Aramis. (Alex. Dum.)

— Fig. Plein d’animosité, d’ardeur, etc. : Molière eut des ennemis acharnés. (La Harpe.) Il n’existe pas de destructeur plus acharné du bonheur d’une femme que les autres femmes. (Mme  Romieu.)

ACHARNÉEN, ENNE adj. et s. (a-kar-né-ain, è-ne) Géogr. anc. Qui est d’Acharne, qui appartient au déme d’Acharne. || Les Grecs disaient : Muse acharnéenne, pour désigner une poésie grossière. || On dit aussi acharnien.

ACHARNEMENT s. m. (a-char-ne-man — rad. acharner). Ardeur d’un animal qui s’attache opiniâtrement à sa proie : L’acharnement d’un loup, d’un animal carnassier. (Acad.) Le lion saisit sa proie et la dévore avec acharnement. (Lav.).

— Par ext. Fureur avec laquelle les animaux et même les hommes se battent les uns contre les autres : Quel plaisir peut-on prendre à voir deux dogues se battre avec acharnement ? La bataille recommença avec plus de furie et d’acharnement. (Volt.) Abd-el-Kader a repris l’offensive en Afrique, et la guerre s’y fait avec acharnement. (Balz.)

— Fig. Animosité, ténacité : L’acharnement odieux du chancelier Séguier contre Fouquet. (Volt.) Si Bonaparte eût été d’une ancienne dynastie, il aurait poursuivi l’égalité avec un acharnement extrême. (Mme  de Staël.) Elle met autant d’acharnement à le poursuivre qu’il met de persistance à la fuir. (E. Sue.) L’œuvre que la théologie dispute avec acharnement à la raison, c’est la partie morale de l’éducation. (Vacherot.)

Jamais contre un pécheur ils n’ont d’acharnement.
Molière.


II Attachement excessif, passion pour quelque chose : Il a un furieux acharnement pour le jeu. (Trév.)

D’acharnement, loc. adv. Avec acharnement, avec ardeur, opiniâtreté : Comme il n’était que dix heures, il se mit à travailler d’acharnement avec Colbert et Lyonne. (Alex. Dum.)

Épithètes. Opiniâtre, obstiné, passionné, aveugle, terrible, épouvantable, sanglant, criminel, affreux, furieux, horrible, forcené, injuste, déplorable, odieux, révoltant, lâche.

ACHARNER v. a. ou tr. (a-char-né — de à et chair). Exciter, irriter : On avait acharné les chiens contre le taureau. (Acad.) Ce n’est point, madame, et ce ne peut point être votre dessein d’acharner les fidèles contre les fidèles. (J.-L. Balz.) Des soldats, qu’une férocité naturelle acharnait sur les vaincus. (Fléch.)

— Fig. et moral : Qu’allons-nous donc faire par le renvoi de la délibération ? manquer le moment décisif, acharner notre amour-propre à changer quelque chose à un ensemble que nous n’avons pas même conçu. (Mirab.)

— Vén. et fauconn. Donner le goût de la chair aux chiens, aux oiseaux de proie, pour exciter leur ardeur à la chasse.

S’acharner, v. pr. Persécuter, poursuivre avec opiniâtreté : Ces deux plaideurs se sont acharnés l’un contre l’autre. On a vu quelquefois les hommes s’acharner les uns contre les autres dans l’asile même consacré à la paix. (Volt.) Cet avantage n’eut d’autre résultat que de rappeler Souwarow, et de l’empêcher de s’acharner sur Macdonald. (Thiers.)

— Par ext. : Il s’acharna donc sur ses traces, marchant tantôt immédiatement derrière elle, tantôt à ses côtés. (G. Sand.) Le vent de novembre s’acharnait après les dernières feuilles des ormes. (A. Houss.) Presque tous s’acharnent à combattre la nature intraitable du métal. (Balz.) Ce délai parut au pauvre armateur un de ces retours de bonheur qui annoncent à l’homme que le sort s’est enfin lassé de s’acharner sur lui. (Alex. Dum.)

— Fig. S’appliquer à quelque chose avec ardeur : S’acharner à l’étude, aux affaires, au jeu. Souvent nous nous acharnons à alimenter la cause de nos souffrances. (G. Sand.) Depuis bien des siècles, les dogmes religieux s’acharnent à renfermer la notion de Dieu dans les étroites limites du symbolisme. (G. Sand.) Elle accusait le destin qui semblait s’acharner à la poursuivre. (F. Soulié.) Puisque je suis voué au malheur, puisque le sort s’acharne à me poursuivre, je mériterai du moins sa rigueur. (Scribe.)

Acharniens (les), comédie d’Aristophane, représentée l’an 426 av. J.-C. Les Athéniens et les Lacédémoniens se faisaient depuis six ans une guerre acharnée. On négociait pour la paix ; le peuple la désirait ; mais les grands, les généraux d’armée, entre autres Cléon et Lamachus, ne la voulaient pas. C’est alors qu’Aristophane, partisan déclaré de la paix, fit représenter les Acharniens, pièce dont le titre est emprunté aux habitants d’Acharne, bourg situé près d’Athènes. La rude population de ce bourg, composée presque tout entière de bûcherons et de charbonniers, a le plus souffert des invasions des Lacédémoniens ; aussi elle est animée des sentiments les plus belliqueux, et l’on comprend l’intention du poète en plaçant la scène dans un lieu où il allait établir le contraste sur lequel repose le comique de la pièce. Un citoyen d’Athènes, Dicéopolis, fatigué d’hostilités qui le réduisent à manquer de tout, et ne pouvant décider l’assemblée à faire la paix, envoie à Lacédémone, et conclut, pour son compte, une trêve particulière de trente ans. Dès lors tout lui arrive en abondance ; pendant que le reste de l’Attique souffre mille maux, sa maison devient un séjour de plaisirs et de bombances. On vient annoncer une invasion des ennemis ; d’un côté Lamachus fait ses préparatifs de combat ; de l’autre, Dicéopolis préside aux apprêts d’un festin. Tous deux partent enfin, mais pour revenir bientôt : le premier, couvert de blessures, geignant et se lamentant, soutenu par quelques-uns de ses soldats ; le second, riant, chantant, chancelant et buvant encore, et accompagné de deux jeunes filles, qui jouent de la flûte. Toute la pièce est une suite de mascarades burlesques, qui tendent à jeter de l’odieux et du ridicule sur Cléon et sur Lamachus, et même sur Euripide, qu’on pourrait s’étonner de voir immolé ici à la risée publique, si la satire effrontée d’Aristophane ne faisait naître à chaque instant l’occasion de s’attaquer aux plus respectables gloires d’Athènes.

ACHAT s. m. (a-cha — V. acheter). Action d’acheter : Les Anglais nous interdisaient insolemment l’achat du tabac, dans le seul pays du monde où sa culture était en vigueur. (Beaum.) Le baron de Goërtz négocia en Hollande l’achat de quelques vaisseaux. (Volt.)

Hispal vendit les uns, mit les autres en gage,
Fit achat d’un château le long de ce rivage.
La Fontaine.


|| La chose achetée : Je veux vous faire voir mon achat. (Acad.) Quand le commerce a été bien organisé, il a trouvé la monnaie embarrassante pour solder ses achats. (Blanqui.)

— Par anal. : Alors les achats de suffrage avaient lieu à peu près publiquement à Rome. (Mérimée.) On retrouve dans l’antiquité cet achat de la femme, qui fut l’origine du mariage. (Maury.)

— Bourse. Achat à la hausse, Achat de rentes sur l’État ou autres valeurs, qui s’opère lorsque diverses circonstances font présumer une hausse qu’on attend pour revendre avec bénéfice. || Achat à la baisse, Opéré lorsque survient une baisse, après que l’on a vendu des effets publics à un prix plus élevé. || Achat à prime, Négociation dans laquelle, moyennant une prime déterminée, l’acheteur est libre de prendre ou de ne pas prendre, aux termes convenus, des effets achetés.

Livre d’achats, Registre sur lequel les commerçants enregistrent jour par jour les marchandises qu’ils achètent.

Syn. Achat, acquisition, emplette. Achat marque particulièrement l’action d’acheter : Cette métairie vaut le double de ce qu’elle valait au temps de l’achat. (Volt.) Emplette désigne plutôt la chose achetée : Il nous ex-