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avec celles de la poupe, peut faire des acculées très-vives lorsqu’il est étalé ou lorsqu’il marche vers l’arrière. (Encycl.)

ACCULEMENT s. m. (a-ku-le-man — rad. accul). État de ce qui est acculé, au propre et au fig. : L’acculement d’une voiture. L’acculement des ennemis, des insurgés.

— Mar. Courbure des varangues ou premières pièces de bois qui composent le squelette d’un bâtiment : L’acculement des varangues est la distance perpendiculaire de l’extrémité des varangues au plan prolongé de la partie supérieure de la quille. (Montferr.)

— Manég. Mouvement précipité du cheval, marchant en arrière, la croupe contractée et l’encolure tendue.

ACCULER v. a. ou tr.(a-ku-lé — rad. accul). Pousser dans un endroit où l’on ne puisse plus reculer : Les chiens avaient acculé le sanglier. Le prince d’Orange se retrancha à la hâte, et se repentit bien de s’être laissé acculer si promptement. (St-Sim.) Kray résolut de se porter dans le flanc de l’ennemi, et de l’acculer entre le bas Adige et la mer. (Thiers.)

— Par ext. Repousser, reléguer : Notre société chasse devant elle la société sauvage, et accule aux extrémités du globe ces peuplades barbares. (Bonald.) Je ne puis plus rien, vous m’avez acculé dans le dernier trou de l’enfer. (Balz.).

— Fig. Mettre dans l’impossibilité de répondre, d’agir : Cet argument imprévu l’accula et le réduisit au silence. Il est facile d’acculer un menteur. Ce manége, tout faux qu’il fût, m’acculait de façon à ne pouvoir plus reculer. (St-Sim.)

— Manég. Amener le cheval à l’acculement.

— v. n. ou intr. Mar. Plonger par l’arrière, enfoncer : Dans de forts mouvements de tangage, un vaisseau qui a ses fonds trop évidés, trop fins, enfonce beaucoup l’arrière dans la mer, alors il accule, il reçoit des secousses plus ou moins sensibles. (Willaumez.)

— Aller à cul, porter à cul, en parlant d’une voiture dont l’arrière est trop chargé.

S’acculer, v. pr. Se ranger, se retirer dans un coin, contre un mur, pour se défendre et n’être pas pris par derrière : Ce brave s’est acculé contre une muraille pour n’être pas enveloppé par les ennemis. (Trév.) Le sanglier s’était acculé contre un arbre. (Trév.)

— Absol. S’accroupir pour faire un bond, prendre son élan : Milady poussa un rugissement sourd et se recula dans l’angle de la chambre, comme une panthère qui s’accule pour s’élancer. (Alex. Dum.)

— Fig. Se fourvoyer, se réduire à l’impossibilité de répliquer à son adversaire : Ce qui m’a paru plaisant en ceci, c’est de les voir s’acculer eux-mêmes par leurs propres sophismes. (J.-J. Rouss.)

— Mar. Se dit d’un navire qui s’enfonce trop au tangage vers sa partie postérieure : Le navire fit un mouvement de l’arrière comme s’il s’acculait. (B. de St-P.)

— Manég. Se dit d’un cheval qui se jette sur sa croupe quand on veut le faire reculer, ou qui se jette brusquement sur les jarrets au moment où on l’arrête.

ACCUM (Frédéric), chimiste allemand, né dans la Westphalie prussienne, en 1769, mort à Berlin, en 1838. Il professa la chimie et la physique expérimentale à Londres, et fut le premier qui appliqua en grand le système d’éclairage par le gaz hydrogène. Son ouvrage capital sur cette matière est le Practical on gas lights, Londres, 1815, réimpr. plusieurs fois.

ACCUMULATEUR, TRICE s. (a-ku-mu-la-teur, tri-se — rad accumuler). Celui, celle qui accumule : Un grand accumulateur d’écus, de vivres. (Acad.)

ACCUMULATION s. f. (a-ku-mu-la-si-on — lat. accumulatio, même sens). Action d’accumuler, d’entasser ; résultat de cette action : Nous n’avons jamais nié que l’accumulation du capital ne fût nécessaire pour imprimer le mouvement à l’industrie de l’homme. (Sismondi.) Certains volcans ont formé, par une accumulation lente, ces énormes pics qui servent au loin de guide aux voyageurs. (M.-Brun.)

— Fig. et par ext. Profusion, entassement : Accumulation de phrases, de mots, de preuves, de titres. Une certaine accumulation de vices rend une révolution nécessaire. (J. de Maistre.) L’imagination ne reste-t-elle pas épouvantée à l’idée d’une telle accumulation d’impossibilités ? (Balz.) Prrrrrrr ! Cette railleuse accumulation de consonnes servit de réponse à la provocation du général. (Balz.)

— Physiq. Condensation, plus grande intensité d’une chose sur un point ou dans un lieu donné : Accumulation d’électricité, de chaleur, de vapeur, etc.

— Jurispr. Accumulation de droit, Production de titres probants, alors que le droit est déjà suffisamment prouvé.

— Rhét. Figure qui consiste à rassembler dans une même phrase, sous une même forme et dans le même mouvement, un grand nombre de détails qui développent l’idée principale. Voici un bel exemple d’accumulation, emprunté à Massillon : «L’ambitieux ne jouit de rien ; ni de sa gloire, il la trouve obscure ; ni de ses places, il veut monter plus haut ; ni de sa prospérité, il sèche et dépérit au milieu de son abondance ; ni des hommages qu’on lui rend, ils sont empoisonnés par ceux qu’il est obligé de rendre lui-même ; ni de sa faveur, elle devient amère dès qu’il faut la partager avec ses concurrents ; ni de son repos, il est malheureux à mesure qu’il est obligé d’être plus tranquille. »

Français, Anglais, Lorrains, que la fureur rassemble,
Avançaient, combattaient, frappaient, mourraient ensemble.
Voltaire.

Encycl. Econ. polit. En économie politique, accumuler c’est ajouter l’une à l’autre plusieurs épargnes pour en former un capital ou pour augmenter un capital déjà existant. Les valeurs accumulées prennent le nom de capitaux, lorsqu’elles sont consacrées à la production et peuvent procurer des profits. L’accumulation ne soustrait des valeurs à la consommation improductive que pour en fournir à cette autre consommation qui est appelée reproductive, parce qu’en faisant disparaître des produits, elle en crée de nouveaux. Les accumulations de valeurs peuvent s’opérer sous une multitude de formes diverses. Les connaissances acquises, les perfectionnements apportés à nos facultés physiques, intellectuelles et morales, en tant qu’ils ajoutent à notre capacité productive, doivent être considérés comme des valeurs accumulées.

ACCUMULÉ, ÉE (a-ku-mu-lé) part. pass. du v. Accumuler. Amassé : Nuages accumulés. Que de marchandises accumulées !

Ces rocs accumulés, par leur chute fendus,
L’un sur l’autre au hasard sont restés suspendus.
Lamartine.

— Par ext. : Sa veuve trouva quinze mille livres de rente dans les débris de ces diverses fortunes accumulées. (Balz.) C’était une espèce de trésor de famille, auquel il était défendu de toucher, et dont les intérêts accumulés ont triplé le capital. (Alex. Dum.) Plus la richesse est accumulée en une seule main, plus elle peut exécuter à bon marché l’ouvrage qu’elle a entrepris. (Sismondi.) Les capitaux ne sont que du travail accumulé. (L. Faucher.) La richesse est la force sociale accumulée. (E. Pelletan.)

— Fig. : Preuves, difficultés accumulées. Malgré tant de jours accumulés sur ma tête, je n’ai pas encore rencontré d’homme qui n’eût été trompé dans ses rêves de félicité. (Chateaub.) La Révolution française portait dans ses flancs les orages accumulés depuis deux siècles. (V. Cousin.).

Quels maux sont en ces lieux accumulés sur moi ?
Voltaire.

ACCUMULER v. a. ou tr. (a-ku-mu-lé — lat. accumulare, même sens). Amasser, mettre ensemble : Accumuler des marchandises, des denrées. Le Rhin se perd dans les sables qu’il a lui-même accumulés. (Buff.) Les flots de l’océan primitif ont accumulé dans le fond de la vallée d’énormes couches de terre végétale qu’ils ont eu le temps d’y niveler. (Tocqueville.)

— Par ext. : Accumuler les intérêts d’une rente. Que leur faut-il donc ? Accumuler bénéfice sur bénéfice. (Bourdal.)

— Absol. Thésauriser : Le désir d’accumuler. Il accumula jusqu’au dernier jour de sa vie. (Volt.) La passion d’accumuler prouve l’inanité de son objet. (Boiste.)

Un homme accumulait : on sait que cette erreur
          Va souvent jusqu’à la fureur.
La Fontaine.
Fureur d’accumuler, monstre de qui les yeux
Regardent comme un point tous les bienfaits des dieux,
Te combattrai-je en vain ? . . . . . . .
La Fontaine.

— Fig. Rassembler, entasser : Accumuler des preuves. J’accumulais sur leurs têtes les maux que j’avais courageusement assumés sur la mienne. (G. Sand.) On a souvent observé que plus un peuple accumule de théories morales, moins il a de mœurs. (Fourier.) Les souffrances perfectionnent l’homme et accumulent ses mérites. (J. de Maistre.) Le mécanisme social des États romains est arrangé pour accumuler toutes les jouissances sur la tête d’une centaine de personnes. (H. Beyle.)

. . . Ces doux souvenirs, que le cœur accumule,
Survivent à l’amour comme un long crépuscule.
Ponsard.

S’accumuler, v. pr. S’entasser, s’amonceler : Les livres s’accumulent dans ma bibliothèque. Les lettres auxquelles je dois répondre s’accumulent sur mon bureau. Son cœur palpite de joie en voyant ses gerbes s’accumuler, et ses enfants danser autour d’elles. (B. de St-P.)

— Par ext. : Du côté du Rhin, les Prussiens s’accumulent incessamment sur nos frontières découvertes. (Vergniaud.) Quand de longues années de repos se succèdent chez les nations, les populations s’accumulent outre mesure. (G. de Beaum.) Elle payait tous les jours ses ports de lettres en paraissant hors d’état de les laisser s’accumuler. (Balz.)

— Fig. : Réfléchissez aux événements qui se sont accumulés sous vos yeux durant les six mois qui viennent de s’écouler. (B. Constant.)

Je vois mes rapides années
S’accumuler derrière moi,
Comme le chêne autour de soi
Voit tomber les feuilles fanées.
Lamartine.

Syn. Accumuler, amasser, amonceler, entasser. On amasse une certaine quantité de choses de même nature, dans une mesure raisonnable : J’amassai quelques feuilles pour me coucher. (Fén.) On entasse des choses en les superposant, en les pressant, en les foulant, avec ordre ou en désordre : Il a entassé ses meubles les uns sur les autres. (Acad.) On accumule une grande quantité d’objets dont on accroît sans cesse le nombre dans l’intention de les conserver : Ces biens qu’il avait accumulés avec des soins si longs et si pénibles... (Mass.) On amoncelle tout ce qu’on jette pêle-mêle : Les vents amoncellent les nuages. (Volt.)

Antonymes. Désagréger, disgréger, disperser, disséminer, éparpiller, parsemer. — Dépenser, dilapider, dissiper, gaspiller, jeter par les fenêtres, prodiguer, répandre, semer.

ACCURSE (François), jurisconsulte, né à Florence en 1182, mort en 1260, à Bologne, où il professait le droit romain. Son enseignement fit époque dans l’histoire de la jurisprudence ; il fut le plus remarquable des glossateurs et l’un des rénovateurs du droit romain. Sa Grande Glose a fait longtemps autorité et préparé les réformes de Barthole. Accurse a fourni ce trait plaisant à l’auteur du Lutrin :

À ces mots, il saisit un vieil Infortiat,
Grossi des visions d’Accurse et d’Alciat.

ACCUSABLE adj. (a-ku-za-ble — rad : accuser). Que l’on peut accuser : Ne pourrait-on, sans être accusable d’anglomanie, accepter le mot fashionable pour désigner un homme de bon goût en fait de mode ? (Arnault.) Un homme peut avoir raison en équité, tort en justice, sans que le juge soit accusable. (Balz.)

Suis-je accusable encor du meurtre de Gustave ?
Piron.

ACCUSANT (a-ku-zan) part. prés, du v. Accuser :

Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures,
On pense en être quitte en accusant le sort.
La Fontaine.

ACCUSATEUR, TRICE s. (a-ku-za-teur, tri-se — lat. accusator, même sens). Celui, celle qui accuse : À Rome et chez les Grecs, tout citoyen pouvait se porter accusateur. (E. Regnault.) Les accusateurs furent punis doublement, pour leur gourmandise et pour leur méchanceté. (La Font.)

. . . . . Pourquoi, par quel caprice
Laissez-vous le champ libre à votre accusatrice ?
Racine.

— Fig. et moral : Au dernier jour, nos crimes se présenteront comme autant de cruels accusateurs. (Nicole.) En quelqu’endroit que se trouve un parricide, il rencontre un accusateur, un juge et un bourreau : sa conscience. (De Sacy.)

. . . . . . . . . Ses vices
Sont ses accusateurs, ses juges, ses supplices.
Racine.

— S’empl. adjectiv. : Indice accusateur, poignard accusateur.

Tout peut se réparer : qu’un peuple accusateur
Du forfait qu’il condamne ose nommer l’auteur.
Lucé de Lancival.

— Hist. Accusateur public, Nom donné pendant la Révolution au magistrat chargé du ministère public près d’un tribunal criminel. D’après le Code de 1795, ce magistrat était nommé par l’assemblée électorale. Depuis il s’est appelé procureur, et, suivant les gouvernements, procureur du roi, procureur de la république, procureur impérial.

Syn. Accusateur, délateur, dénonciateur. L’accusateur s’adresse ouvertement à la justice, et donne la preuve de ce qu’il avance : À Rome, l’injuste accusateur était noté d’infamie. (Montesq.) Le dénonciateur s’adresse spontanément à une autorité quelconque, et met seulement sur la trace du coupable : Un esclave fut le dénonciateur de Cinna contre Auguste. (Volt.) Le délateur dénonce en secret, faussement, par haine, par intérêt : Le tribunal de l’inquisition, dans la monarchie, ne peut faire que des délateurs et des traîtres. (Montesq.)

Épithètes. Légitime, juste, sincère, sévère, inflexible, redoutable, terrible, faux, dangereux, importun, envieux, injuste, violent, animé, envenimé, passionné, odieux, vil, lâche, infâme, aveugle, confondu.

Accusateur public (l’), journal royaliste rédigé par Richer-Serizy, et qui parut de 1795 à 1797, mais à des époques indéterminées et irrégulièrement, car il n’eut que trente-cinq numéros. Il portait cette épigraphe, empruntée à Cicéron : Accusatores multos (at non delatores) in civitate esse necesse est. Cette feuille, comme son titre l’indique suffisamment, s’attaquait surtout à ceux qui avaient pris une part active aux événements de la Révolution ; c’était un pamphlet plutôt qu’un journal. « Dans la presse royaliste, dit Lacretelle, Richer-Serizy était chargé du gouvernement des philippiques. Son style était inégal et peu correct ; mais il avait de la verve et du coloris. Il paraissait emporté par une passion trop vive pour être contenue ; tout était absolu dans ses sentiments, tranchant dans ses expressions, et c’est ce qui excitait l’enthousiasme des royalistes les plus prononcés. »

ACCUSATIF s. m. (a-ku-za-tif — du lat. accusativus, qui sert à accuser. Ce cas, en effet, désigne l’objet sur lequel se porte l’action ; il montre, il révèle, il accuse l’objet de cette action). Dans les langues à déclinaisons, cas employé principalement pour indiquer le régime direct d’un verbe, d’une préposition : En français, le régime appelle aussitôt un accusatif qui ne peut se déplacer. (Fén.) La préposition n’est là que pour gouverner les accusatifs. (Chateaub.)

Accusatif, ive, adj. Gramm. Qui concerne l’accusatif : Le cas accusatif. Locution accusative. Forme accusative.

ACCUSATION s. f. (a-ku-za-si-on — lat. accusatio, même sens). Imputation, reproche fait à quelqu’un d’une action blâmable : Ni mes écrits, ni mes discours ne donnent aucun prétexte à vos accusations. (Pasc.) Aucune preuve n’eût pu justifier une accusation portée contre lui. (Balz.) Il sortit pur de cette accusation. (G. Sand.) L’accusation était trop positive pour qu’on essayât de la combattre. (Alex. Dum.) La couronne déposée sur la tombe du proscrit est une cruelle accusation contre ses juges. (Bignon.)

— Jurispr. Action de déférer à la justice la connaissance d’un crime pour en provoquer la répression : Il défendit aux tribunaux d’admettre les accusations de sorcellerie. (Volt.) Toute procédure tendante à fin criminelle comprend quatre périodes bien distinctes, et que la loi a eu soin de caractériser avec précision, savoir : l’inculpation, la prévention, l’accusation et le jugement. (Nouguier.) || Le ministère public lui-même : L’accusation voudrait en vain établir la préméditation pour écarter le bénéfice des circonstances atténuantes.

— Théol. Synonyme de confession : Faisons en toute humilité l’accusation de nos fautes.

Encycl. Dans notre droit criminel, l’accusation est l’action publique intentée et suivie pour l’application de la peine, contre un ou plusieurs individus par le ministère public. Dans toute accusation, il faut distinguer l’inculpation, qui ne comprend que les premières dénonciations, plaintes et informations : la prévention, qui commence après les mandats d’amener, de dépôt et d’arrêt ; enfin la mise en accusation proprement dite résultant d’un arrêt prononcé sur le réquisitoire du procureur général par la chambre des mises en accusation, arrêt qui ordonne le renvoi du prévenu devant la cour d’assises. À la suite de la mise en accusation, le procureur général dresse l’acte d’accusation. Cet acte contient : 1° la nature du délit qui forme la base de l’accusation ; 2° le fait et toutes les circonstances qui peuvent déterminer une aggravation ou une diminution de la peine. L’arrêt et l’acte d’accusation sont ensuite signifiés à l’accusé et on doit lui en laisser copie. Dès lors s’ouvrent les débats, et l’instruction cesse d’être secrète. Les formalités à remplir à l’égard des accusés sont déterminées par le Code d’instruction criminelle. — Dans l’antiquité grecque et romaine, chaque citoyen avait le droit d’accuser un criminel ; aucun magistrat n’était chargé de poursuivre, au nom de la vindicte publique, le châtiment des actions coupables. Sous les empereurs romains, quand toute vie publique fut éteinte, le droit d’accusation privée donna lieu aux abus les plus odieux, et le rôle d’accusateur devint, sous le nom de délation, un métier aussi lucratif qu’infâme. « Aussi, l’une des plus belles créations du génie moderne, dit l’Encyclopédie nouvelle, est sans aucun doute l’institution d’un ministère public, organe de la loi et représentant de la société, substitué aux accusations privées que pouvaient dégrader les sentiments haineux et les intérêts égoïstes. »

ACCUSATOIRE adj. (a-ku-za-toi-re). Anc. jurispr. Se disait de l’acte par lequel on motivait une accusation.

ACCUSÉ, ÉE (a-ku-zé) part. pass. du v. Accuser : Socrate fut accusé de nier les dieux que le peuple adorait. (Boss.) L’extrême esprit est accusé de folie. (Pasc.) Selon vous, on est coupable dès qu’on est accusé. (Fén.) Quel innocent ne passera point pour coupable s’il suffit d’être accusé. (D’Aguess.) Tout nous montre l’insuffisance des lois et l’indifférence des juges pour la protection des innocents accusés. (J.-J. Rouss.) Deux ans après, le sauveur de l’Empire fut accusé de conspiration. (Du Rozoir.) Toute femme soupçonnée par le monde d’une conduite légère sera surtout accusée par les autres femmes. (Mme Romieu.) Aristote, dans son temps, a été accusé d’athéisme. (Cousin.)

De lâcheté Turenne était-il accusé ?
Un cartel cependant fut par lui refusé.
Desmahis.
C’est bien fait de gronder, quand soi-même on a tort ;
De peur d’être accusé, l’on accuse d’abord.
Andrieux.

— Par anal. Saillant, marqué, caractérisé : La fée d’Argent était représentée par Clorinda, actrice rondelette, à la figure épanouie et aux appas indiscrètement accusés. (E. Sue.) Les Anglaises ont la poitrine ouverte et les formes bien accusées. (L.-J. Larcher.) Il ressemblait à un loup par la largeur de ses mâchoires, vigoureusement tracées et accusées. (Balz.)

— Fig. Bien accentué, nettement prononcé : Les formes de son style ne sont pas assez vigoureusement accusées. Je ne t’avais jamais vu dans un accès si franchement accusé. (Balz.)

— s. Celui, celle à qui on impute une faute, un délit, un crime : L’accusé se rendit lui-même à la Baslille. (Volt.) Périclès prit Aspasie dans ses bras, il la couvrit de baisers, et il ne put trouver que des larmes, mais ces larmes eurent une éloquence qui sauva l’accusée. (Dufour.) L’inquisition ne connaissait point d’accusés, elle ne voyait que des coupables. (Custine.) Amélie ressemblait à une accusée qui attend son jugement. (F. Soulié.)

Soutenez l’accusé, tâchez de le défendre,
Et ne jugez personne avant que de l’entendre.
Frédéric II.


|| Plus particulièrem. Celui, qui, accusé d’un crime, est renvoyé devant une cour d’assises : L’accusé a été confronté avec les témoins. Cette accusée n’a pu communiquer avec son défen-