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impossible d’ailleurs de déterminer les causes qui règlent dans chaque espèce l’étendue, les phases particulières et la durée générale de l’accroissement.

— Jurispr. On appelle droit d’accroissement le droit en vertu duquel des légataires recueillent comme venant se réunir aux leurs, les portions de ceux de leurs colégataires qui ne peuvent les recueillir ou qui y renoncent. Le droit d’accroissement ne peut être invoqué que lorsque le legs a été fait à plusieurs conjointement. D’après le Code civil, le legs est fait conjointement lorsqu’il l’est par une seule et même disposition, et que le testateur n’a pas assigné la part de chacun des colégataires dans la chose léguée, ou bien quand une chose qui n’est pas susceptible d’être divisée sans détérioration a été donnée par le même acte à plusieurs personnes, même séparément.

— Anc. droit. Accroissement légal en faveur de l’aîné, Se disait en Bretagne du droit accordé à l’aîné des enfants sur la portion de sa sœur mariée à moindre part, ou de son frère, qui se faisait religieux. — Accroissement, Droit par lequel une chose, une valeur, un fonds de terre, accroissent au profit du propriétaire.

— Mathém. Augmentation que reçoit une quantité variable. Si l’accroissement est fini, il prend le nom de différence et se désigne par a ; s’il est infiniment petit, on l’appelle différentielle, et il s’exprime par le signe d. Les accroissements des fonctions ont des lois particulières qui sont l’objet d’une branche de science des nombres, nommée calcul des différences.

ACCROÎT s. m. (a-kroi — rad. accroître). Accroissement, augmentation d’un troupeau, || En parlant d’une plante, Action de croître : Il bordera ses allées d’arbres, de ceux qui seront de plus facile accroît, et du plus grand profit et plaisir. (Oliv. de Serres.) Vieux mot.

ACCROÎTRE v. a. ou tr. (a-kroî-tre — du lat. accrescere, croître. — J’accrois, tu accrois, il accroît, nous accroissons, vous accroissez, ils accroissent ; j’accroissais, nous accroissions ; j’accrus, nous accrûmes ; j’accroîtrai, nous accroîtrons ; j’accroîtrais, nous accroitrions ; accrois, accroissons ; que j’accroisse, que nous accroissions ; que j’accrusse, que nous accrussions ; accroissant ; accru, accrue). Augmenter, agrandir, donner de l’extension : Accroître son bien, ses domaines, Flandre tu aurais accru le nombre de nos provinces. (Fléch.) Un mauvais gouvernement est celui qui accroît le nombre des pauvres. (E. de Gir.) J’ai signalé quelques-uns des abus qui ont accru les dépenses publiques. (J.-B. Say.)

    La mort ravit tout sans pudeur ;
Un jour le monde entier accroîtra sa richesse.
La Fontaine.

— Fig. Ajouter à, dans le sens moral : Accroître son influence, sa puissance. Ils n’oublièrent rien pour accroître leur servitude. (La Bruy.) Par une faiblesse, une femme accroît tous ses maux et n’en évite aucun. (Mme Cottin.) La misère accroît l’ignorance, l’ignorance accroît la misère. (Mme de Staël.) La science accroît incessamment la puissance de l’homme. (Lamenn.) Le développement matériel de la société accroîtra le développement des esprits. (Chateaub.)

— v. n. ou intr. (se conjugue avec être ou avoir. V. accru). Aller en augmentant, devenir plus grand, plus étendu : Son bien, son revenu accroît tous les jours. (Acad.) Son avidité accroît avec sa richesse. (Littré.)

Mes désirs, toutefois, sont accrus de moitié
Depuis que j’ai connu votre ardente amitié.
Mairet.

— Jurispr. En parlant d’une portion d’héritage, d’un legs, Incomber, revenir à quelqu’un par la mort ou l’absence d’une autre personne : Entre colégataires, la portion de l’un accroît à l’autre. (Acad.)

S’accroître, v. pr. Se développer, s’agrandir, s’augmenter : D’énormes sommets de glace qui s’accroissent incessamment couvrent cette partie des Alpes. (J.-J. Rouss.) Les végétaux, comme tous les animaux, s’accroissent dans tous les sens. (D’Orbigny.) Le nombre des petits propriétaires a continué de s’accroître par la diffusion des richesses. (Ch. Dupin.)

Mes ans se sont accrus, mes honneurs sont détruits.
Racine.

— Fig. et moral : Mon désespoir semblait s’accroître par les consolations qu’on voulait me donner. (Mme de Tencin.) Il n’avait pas vu sans effroi cette liaison, et sa rage sourde s’en était accrue. (Balz.) Le bonheur de l’âme sensible s’accroît de ce qu’elle retranche au malheur d’autrui. (Petit-Senn.) Le propre de la volonté humaine est de s’accroître par l’action. (J. Sim.) La perfection humaine s’accroît avec l’empire de la raison. (Laténa.) La corruption de la presse s’est accrue en raison directe des restrictions et entraves dont elle a été l’objet. (Proudh.)

En me promettant bien de ne plus m’approcher
De ces eaux où ma soif s’accroît sans s’étancher.
Lamartine.

— Hist. nat. Se multiplier ; suivi de la prép. par : Des polypiers s’accroissent par bourgeonnement. (Milne-Edwards.) Ce polypier s’accroît par gemmation basale irrégulière. (Milne-Edwards.)

Syn. Accroître, agrandir, augmenter. On se sert d’agrandir lorsqu’il est question d’étendue ; lorsqu’il s’agit de nombre, d’élévation ou d’abondance, on se sert d’augmenter. On agrandit une ville, une cour, un jardin ; on augmente le nombre des citoyens, la dépense, les revenus. Le premier regarde particulièrement la quantité vaste et spacieuse ; le second a plus de rapport à la quantité multipliée. Ainsi l’on dit qu’on agrandit la maison quand on lui donne plus d’étendue par la jonction de quelques bâtiments élevés sur les côtés ; mais on dit qu’on l’augmente d’un étage ou de plusieurs chambres.

Accroître peut s’employer presque partout où l’on mettrait agrandir ou augmenter ; c’est le mot général, qui renferme en lui les deux autres. Augmenter, c’est accroître en nombre ; agrandir, c’est accroître en étendue.

Antonymes. Amoindrir, décroître, diminuer, réduire, restreindre.

ACCROUPETONNER (S’) v. pr. (a-krou-pto-né — rad. croupetons). Se mettre à croupetons, s’accroupir : S’accroupetonner au pied d’un mur. || Ce néologisme si expressif a été employé par Ch. Nodier et d’autres écrivains.

ACCROUPI, IE (a-krou-pi) part. pass. du v. Accroupir. Assis sur la croupe, sur les talons : Elle alla fermer la fenêtre auprès de laquelle le petit page accroupi dans les jasmins, avait écouté leur entretien. (G. Sand.) L’émir était accroupi à l’angle du divan. (Lamart.) Là vous voyez des groupes de femmes agenouillées ou accroupies sur leurs talons, qui prient et s’éventent avec ferveur. (Th. Gaut.) En ce moment la mère, accroupie sur le pavé, ouvrit tout à fait les yeux. (V. Hugo.)

     La vieille, accroupie au foyer,
Laisse choir le fuseau, cesse de babiller.
Desportes.

Il En parlant des animaux, assis sur la croupe : Le cheval, accroupi sur le bord de l’abîme, ne s’y tenait plus qu’à force de reins. (Chateaub.) On voit çà et là des buffles accroupis entre les herbes, baissant la tête sous le passage du siroco. (St-Marc Gir.) On ne voyait pas son pied, la petite chèvre était accroupie dessus. (V. Hugo.) || En parlant des plantes, rampant, traînant à terre : Les cactus trapus, accroupis dans les coins ou rangés en haies, amoncellent confusément leurs raquettes épineuses. (E. About.)

— Fig. Se dit des choses placées de manière à perdre de leur hauteur, quand on les regarde dans une certaine position : La compagnie se promenait sur la terrasse le long de la rivière, en regardant les détails si jolis des maisons accroupies sur l’autre rive. (Balz.) On s’arrêta pour dîner à un petit village accroupi au pied de la montagne. (Th. Gaut.)

— Blas. Se dit du lion et des autres animaux quand ils sont assis. Famille Valhauserin : d’azur, à la licorne accroupie d’argent.

— Se dit aussi des lapins et des lièvres, qui sont ramassés, ce qui est leur position ordinaire lorsqu’ils ne sont pas courants.

ACCROUPIR v. a. ou tr. (a-krou-pir — rad. croupe). Mettre dans la posture d’un individu accroupi ; représenter un personnage accroupi : L’artiste fait dans une poussière d’or, sous un ciel de lapis, courir les chevaux de l’Hedjaz et trotter à l’amble les chameaux difformes, ou bien il accroupit un Turc fumeur, dans un de ces cafés de Smyrne que hante l’hirondelle. (Th. Gaut.) || Cette forme active est rarement employée.

S’accroupir, v. pr. S’asseoir le derrière appuyé sur les talons : J’allai m’accroupir dans un coin du jardin pour y rêver. (Balz.) Claude s’accroupit donc dans la poussière et dans les plâtras qui s’écrasaient sous lui. (V. Hugo.) La vieille s’accroupit auprès du feu. (Littré.) Il vint sans façon s’accroupir à mon côté. (E. About.)

Chacune sur le cul au foyer s’accroupit.
Régnier.


|| En parlant des quadrupèdes, Plier les quatre pattes, se baisser, s’asseoir sur la croupe : Les chameaux s’accroupissent jusqu’à terre pour se laisser charger. (Buff.) Les chiens lèvent une jambe pour uriner lorsqu’ils sont adultes ; quand ils sont jeunes, ils s’accroupissent comme les femelles. (Buff.)

ACCROUPISSANT (a-krou-pi-san) part. prés. du v. Accroupir.

Sur ses deux courts jarrets accroupissant son corps,
La girafe en avant reçut deux longs supports.
Delille.

ACCROUPISSEMENT s. m. (a-krou-pi-se-man — rad. accroupir). État, position d’une personne accroupie, d’un animal assis sur la croupe : L’accroupissement du chien.

— Fig. Affaissement moral, abrutissement : Voyez ce satrape se vautrer dans son accroupissement, et s’imaginer que tout autour de lui est heureux, parce qu’il est gorgé d’honneurs, de plaisirs et de richesses. (Virey.)

ACCRU, UE (a-kru) part. pass. du v. Accroître. Augmenté, étendu, agrandi : Leurs connaissances, accrues par des liaisons si intimes, s’augmentèrent encore par le commerce des nations voisines. (Barthél.) Sa fortune, accrue de plusieurs héritages, se montait, dit-on, à soixante mille livres de rentes. (Balz.) Le bien-être serait accru dans des proportions inespérées… (Mich. Chev.)

Athènes par mon père accrue et protégée.
Racine.

— Gramm. Ce participe se construit avec l’aux. avoir quand on veut exprimer l’action : Son bien a considérablement accru. (Lav.) ; avec l’aux. être quand on veut marquer l’état, le résultat de l’action : Son bien est aujourd’hui considérablement accru.

ACCRU s. m. (a-kru — rad. accroître). Hortic. Rejeton produit par les racines : La prescription de trente ans s’étend aux accrus, et fait reconnaître comme acquis au propriétaire d’un arbre, le terrain sur lequel des accrus de cet arbre ont rejeté pendant cet espace de temps. (Encycl. mod.)

ACCRUE s. f. (a-krû — rad. accroître). Augmentation que reçoit une forêt, par suite de l’extension sur le terrain voisin des racines de ses arbres. || Augmentation d’un terrain par la retraite insensible des eaux ou par atterrissement.

— s. f. pl. Pêche et chasse. Boucles que l’on fait aux filets, pour servir de mailles, afin d’augmenter la largeur de ce filet.

ACCUBITEUR s. m. (a-ku-bi-teur — du lat. accubitus, couché). Hist. Chambellan des empereurs d’Orient, qui couchait auprès du prince, pour la sûreté de sa personne.

ACCUBITOIRE s. m. (a-ku-bi-toi-re). Ant. Chez les Romains, Salle à manger où il y avait trois lits, sur chacun desquels se plaçaient trois convives.

ACCUEIL s. m. (a-keull ; Il mll. — rad. accueillir). Réception que l’on fait à quelqu’un par qui l’on est abordé : L’homme en place doit avoir la force d’adoucir ses refus par un accès facile et par un accueil favorable. (Fléch.) Voulez-vous connaître le cœur d’un homme, observez l’ accueil que lui font ses égaux. (Boiste.) J’affrontai l’accueil revêche de sa sœur. (G. Sand.) Vous avez raison, M. Charles a un accueil peu aimable. (F. Soulié.) J’aime les bons accueils, moi, ils épanouissent les visages, et ceux qui m’encourent me paraissent alors beaucoup moins laids. (Alex. Dum.)

Quel est l’étrange accueil qu’on fait à votre père !
Racine.
Faisons à tout le monde un accueil favorable :
Un pauvre bien reçu s’en va moins misérable.
François de Neufchateau.


|| Employé sans adjectif, se prend en bonne ou en mauvaise part : Il reçut l’accueil qu’on devait à son nom et à sa renommée. (Volt.) Il est impossible de trouver plus d’accueil et plus d’hospitalité. (Lamart.) Je quittai Turin, comblé de leur accueil. (Lamart.)

Vous ne me dites rien ? Quel accueil ! quelle glace !
Racine.
… Je n’attendais pas l’accueil que je reçois.
Crébillon.

|| Faire accueil, Faire une réception agréable, gracieuse : Ce prince fait accueil à tous ceux qui vont chez lui. (Acad.) Il s’était résigné à faire accueil aux mauvais amis de son fils. (G. Sand.)

Combien de fois, dupe de son oreille,
À de sots vers n’a-t-on point fait accueil !
Le Brun.


|| L’expression faire accueil est souvent accompagnée de correctifs qui lui donnent un tout autre sens : Le légat nous reçut si maigrement et nous fit si peu d’accueil, que le soir nous ne pouvions assez témoigner le ressentiment que nous avions de ce mépris. (Bassompierre.)

— Comm. Faire accueil ou faire bon accueil à une traite, L’accepter ou la payer à échéance. C’est la formule dont on se sert en donnant avis de la présentation d’une traite ou d’une lettre de change.

ACCUEILLANT (a-keull-an ; ll mll.) part. prés. du v. Accueillir : C’était une châtelaine parlant, marchant, accueillant et congédiant d’une certaine façon. (G. Sand.)

ACCUEILLANT, ANTE adj. (a-keull-ant, an-te ; Il mll. — rad. accueil). Qui fait bon accueil : Le duc de Berry était le plus beau et le plus accueillant des trois frères. (St-Sim.) Mme de Rambouillet était bonne, douce, bienfaisante et accueillante. (Segrais.) Il trouva tous ses parents aimables et accueillants, tant qu’il ne se produisit pas en solliciteur. (Balz.) Monsieur, je n’ignore rien de ce qui vous rend si peu accueillant pour les gens qui peuvent avoir affaire à vous. (Balz.)

— Par ext. Se dit des choses, de l’air, des manières : Il me reçut d’un air plus accueillant, plus affable que de coutume. (Lamart.) Elle me parut exécuter une sévère consigne, que d’ailleurs les façons rèches et peu accueillantes de ses parents me laissèrent facilement supposer. (Balz.)

ACCUEILLI, IE (a-keull-i, î ; Il mil.) part. pass. du v. Accueillir : Tout homme qui se présentait chez elle avec l’adulation sur les lèvres était sûr d’être accueilli avec reconnaissance. (G. Sand.) Les premières plaintes de l’Amérique furent accueillies par la généreuse intervention de Burke. (Villem.) Il l’accusa d’avoir tué son mari par le chagrin ; il parla même de poison. Mais cette accusation fut accueillie par un murmure universel d’indignation. (A. Houss.)

. . . . . . Chacun peut à toute heure,
Certain d’être accueilli, frapper à ma demeure.
Ponsard.

— Par ext. et iron. : Être accueilli par une averse, par un orage. Le détachement, en approchant du bois, fut accueilli par une décharge de coups de fusil. (Acad.)

ACCUEILLIR v. a. ou tr. (a-keull-ir ; ll mll.) — du lat. ad, à ; colligere, cueillir. — J’accueille, tu accueilles, il accueille, nous accueillons, vous accueillez, ils accueillent. J’accueillais, nous accueillions. J’accueillis, nous accueillîmes. J’accueillerai, nous accueillerons. J’accueillerais, nous accueillerions. Accueille, Accueillons, accueillez. Que j’accueille, que nous accueillions, Que j’accueillisse, que nous accueillissions. Accueillant, accueilli, ie). Recevoir une personne qui nous aborde ou qui se présente chez nous ; lui faire accueil. Ce verbe est ordinairement accompagné d’un adverbe ou d’une locution adverbiale qui le modifie et en détermine le sens : Accueillir bien ou mal. Il m’accueillit avec bonté. On ne l’a pas très-bien accueilli. Elle m’a fort mal accueilli. On accueille avec prudence l’homme qu’on devrait éconduire avec mépris. (Malesh.) Vous me vouliez du bien ; vous m’accueillîtes d’une façon qui ne pouvait être trompeuse. (P.-L. Cour.) Elle l’avait accueilli avec une politesse bienveillante. (G. Sand.) Le comte n’était pas homme à accueillir froidement un homme chargé d’or. (G. Sand.) Les soldats m’accueillirent de leurs acclamations. (Lamart.) Il Se dit, dans le même sens, des animaux :

Mon chien flaire le pauvre, et l’accueille avec joie.
Lamartine.

— Quand il n’est pas accompagné d’un adverbe ou d’une locution adverbiale, il se prend toujours en bonne part., et signif. Faire bon accueil : Un honnête ecclésiastique m’accueillit  ; j’eus de l’emploi, je devins laquais, secrétaire. (J.-J. Rouss) Le duc de Bourgogne l’accueillit. (Volt.) Il écoute les mécontents, il les accueille, il les caresse. (Marmontel.) Je le saluai ; il m’accueillit, car c’est le meilleur homme du monde. (P.-L. Cour.)

— Se dit aussi avec un nom de chose pour complément : Il accueillit favorablement ces propositions. C’est le vide de l’esprit qui fait accueillir si facilement tous les préjugés et toutes les bagatelles. (Mme d’Épinay.) L’orgueil repousse le doute, et la raison l’accueille. (Lévis.) La société accueille assez bien le vice quand le scandale ne s’y trouve pas. (B. Const.) La mode est aujourd’hui d’accueillir la liberté d’un rire sardonique. (Chateaub.) Il n’accueillit pas très-bien la familiarité du chevalier. (G. Sand.) Un cri unanime d’admiration accueillit cette œuvre savante. (G. Planche.) L’imagination populaire accueille les bruits les plus étranges. (Thiers.)

— Par ext., avec un nom de chose pour sujet, Surprendre, fondre sur, en parlant des accidents fâcheux : La tempête les accueillit. La misère, la pauvreté, tous les malheurs du monde l’ont accueilli. (Acad.)

S’accueillir, v. pr. Être accueilli, être reçu : Les honneurs s’accueillent toujours bien. || Réciproq. : Ils se sont bien accueillis. Ils se sont accueillis froidement.

Antonymes. Chasser, éconduire, exclure, expulser, fermer sa porte, rebuter, rejeter,

ACCUL s. m. (a-kull — de à et cul). Lieu étroit et sans issue, d’où l’on ne peut sortir qu’en revenant sur ses pas : Ceux qui poursuivirent les voleurs les poussèrent dans un accul où on les prit. (Acad.)

— Chass. Fond du terrier, où les chiens poussent les renards, les blaireaux, etc. : Quand on voit que le renard est à l’accul, avant de lâcher les bassets, il faut savoir où sont les acculs. || Être à l’accul, Être acculé.

— Mar. Petit enfoncement de la mer, moins ouvert qu’une baie et pouvant servir de refuge à des navires.

— Artill. Piquets que l’on enfonce en terre pour empêcher le recul du canon après la décharge.

ACCULANT (a-ku-lan) part. prés, du v. Acculer : Nos soldats, acculant les ennemis contre le précipice, les forcèrent de déposer les armes.

ACCULÉ, ÉE (a-ku-lé) part. pass. du v. Acculer. Mis dans l’impossibilité de reculer : Un renard, un blaireau acculé. Les truands, acculés à Notre-Dame, se défendirent en désespérés. (V. Hugo.) Là se trouvèrent refoulées, acculées, les populations attaquées depuis plusieurs jours au sud, à l’est et au nord. (E. Sue.)

— Fig. Réduit à un parti extrême, poussé à bout : La comtesse de Roncy me répondit, acculée et dans l’accès de sa colère, qu’enfin Praslin était lieutenant général, et que son mari ne l’était pas. (St-Sim.) Pour lui, l’option à laquelle il se sentit acculé n’était pas douteuse. (Balz.) Mais se voyant ainsi acculé, le domestique lève l’étendard de la révolte. (Balz.)

— Prov. Se défendre comme un sanglier acculé, Se défendre vigoureusement.

— Mar. Se dit de la courbure des varangues d’un vaisseau : Les varangues sont d’autant plus acculées, qu’elles s’éloignent de la maîtresse varangue, qui est droite. (Montferr.)

— Blas. Se dit du cheval et de quelques autres animaux cabrés, renversés en arrière, de manière qu’ils portent ou semblent porter sur le derrière. — Se dit aussi de deux canons posés sur leurs affûts, la bouche tournée d’un côté opposé : tels étaient ceux que le grand maître de l’artillerie mettait au-dessous de ses armes comme marque de sa dignité.

ACCULÉE s. f. (a-ku-lé — rad. accul). Mar. Action d’un navire qui frappe la mer avec sa poupe : Un bâtiment mal balancé, dont les oscillations de la proue ne sont pas coordonnées