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Accommoder ses affaires, Les mettre en meilleur état, les relever.

— Art culin. Apprêter, assaisonner : Ésope n’acheta que des langues, lesquelles il fit accommoder à toutes les sauces. (La Font.) Il reçut une lettre par laquelle on le priait de venir accommoder une salade dans un des plus beaux hôtels. (Brill.-Sav.) Athalie possède un talent particulier pour accommoder le chevreuil. (Balz.) Mariette, la cuisinière, savait accommoder tous les plats en honneur dans le pays. (Balz.)

. . . L’on accommoda de diverses manières
Et le poisson des mers et celui des rivières.
Berchoux.

S'accommoder, v. pr. S’établir, s’installer convenablement, commodément : Tous ont trouvé facilement à s’accommoder dans ce pays. Cinq familles ont trouvé logis dans ces bâtiments délabrés ; chacun s’y est accommodé. (P.-L. Cour.) || S’ajuster, se parer : Cette femme est toujours deux heures à s’accommoder. (Trév.)

Un paon muait ; un geai prit son plumage,
      Puis après se l’accommoda.
La Fontaine.
. . . . . Un de ces beaux garçons
Dont le visage altier et charmant s’accommode
D’un panache éclatant. . . . . . .
V. Hugo.

— Par anal. et iron. Se mettre en piteux état : Bon Dieu ! comme il s’est accommodé ! || Se griser : Quand il trouve de bon vin, il s’accommode comme il faut. (Acad.)

— Fig. Se mettre d’accord, s’arranger, se terminer à l’amiable, se réconcilier : Cette querelle s’est accommodée par des concessions réciproques. Xanthus fit tant par sa patience, et Ésope par son esprit, que les choses s’accommodèrent. (La Font.) Le maréchal s’est accommodé avec ses créanciers. (Mme  de Sév.) Le cardinal jugea qu’il était temps de s’accommoder avec les frondeurs. (La Rochef.) La France, n’ayant plus l’Angleterre pour ennemie, força les autres puissances à s’accommoder. (Volt.) Les théologiens grecs ne se seraient jamais accommodés qu’à la fin du monde. (Montesq.)

Les frères désunis sont tous d’avis contraire :
L’un veut s’accommoder, l’autre n’en veut rien faire.
La Fontaine.

|| Convenir, s’allier, concorder, aller avec : Peut-être pensez-vous que la prospérité et la religion ne s’accommodent guère ensemble. (Fléch.) Pour être heureux par les passions, il faut que toutes celles que l’on a s’accommodent les unes avec les autres. (Fonten.) Les officiers de fortune s’accommodent mal avec les officiers de naissance. (P.-L. Cour.) || Se conformer, se plier, se prêter à : Le bonheur consiste principalement à s’accommoder à son sort, à vouloir être ce qu’on est. (Erasme.) Vous en coûtait-il quelque chose pour vous accommoder à ses chimères ? (Mol.) Il faut entrer dans les divertissements des enfants, mais il ne faut jamais s’accommoder à eux par un langage enfantin, ni par des manières puériles. (Mme  de Maintenon.) Ne vaut-il pas mieux s’accommoder aux hommes tels qu’on les trouve, que de vouloir les haïr jusqu’à ce qu’ils s’accommodent à nous ? (Fén.) Ce charmant esprit avait tous les tons, et savait s’accommoder aux personnes. (Ste-Beuve.)

Est-ce ainsi qu’à nos vœux il sait s’accommoder ?
Racine.

|| S’habituer, se plaire : Le loup marin s’accommode à l’influence de tout climat. (Buff.) || Être content, satisfait ; s’arranger volontiers d’une personne ou d’une chose, la trouver à sa convenance : Cet homme s’accommode de tout. Il ne s’accommode de rien. Ma fille a de la complaisance, et vous verrez qu’elle s’accommodera entièrement de vous. (Mol.) Peu d’écrivains s’accommodent de ce style. (La Bruy.) Il me faudrait un courage que je n’ai pas pour m’accommoder d’une si extraordinaire destinée. (Mme  de Sév.) Le cœur une fois accoutumé à une agitation vive et agréable, ne s’accommode plus ni du repos ni d’une moindre agitation. (Fonten.) Le gouvernement s’accommode mal des pamphlets et de la vérité naïve. (P.-L. Cour.) L’esprit humain s’accommode peu de décisions trop tranchantes. (Bignon.) Le génie allemand, avec sa poésie et ses profondeurs, s’accommode bien de la religion chrétienne et de sa théologie. (Lerminier.) L’engouement et la vivacité de mon père n’eussent pu s’accommoder d’un caractère hautain et d’un cœur sec. (G. Sand.)

Manger froid, boire chaud, dormir couché, debout,
Un garçon comme moi s’accommode de tout.
Destouches.
On dort, on boit, on mange ; on mange, on boit, on dort ;
De ce régime, moi, je m’accommode fort.
Collin d’Harleville.

|| Se servir, tirer parti de : La pauvreté industrieuse sait s’accommoder de tout. Il s’accommode de tout ce qu’il trouve sous sa main. (Acad.) Acheter, acquérir à un prix raisonnable : Je voudrais vous prier de les voir pour les acheter, ou pour leur enseigner quelqu’un de vos amis qui voulût sen accommoder. (Mol.) || Devenir riche : Je l’ai vu pauvre, mais il s’est bien accommodé. Vieux.

— Cuis. Être apprêté, arrangé, assaisonné : Les petites asperges s’accommodent en façon de petits pois, pour tromper notre espoir et calmer notre impatience. (Grim. de la Reyn.)

Combien en fait de bœuf n’a-t-on pas raffiné ?
En plus de cent façons je crois qu’il s’accommode.
Arnault.

ACCOMMODEUR, EUSE s. (a-ko-mo-deur, eu-ze — rad. accommoder). Celui, celle qui accommode : C’est la plus grande accommodeuse de querelles qui ait jamais été. (Tallem. des Réaux.) Bayle, dans une de ses lettres, appelle accommodeurs de religion ceux qui voudraient réunir les diverses communions chrétiennes. (Encycl.)

ACCOMPAGNAGE s. m. (a-kon-pa-gna-je ; gn mll. — rad. accompagner). Manuf. Trame fine dont on garnit le fond d’une étoffe de soie brochée d’or.

ACCOMPAGNANT (a-kon-pa-gnan ; gn mll.) part. prés. du v. Accompagner.

ACCOMPAGNATEUR, TRICE s. (a-kon-pa-gna-teur, tri-se ; gn mll. — rad. accompagner). Celui, celle qui accompagne, soit avec la voix, soit avec un instrument, la partie principale d’un morceau de musique : Je chantais passablement, mais j’avais au clavecin le plus misérable accompagnateur. (Mme  de Sév.) Le talent de l’accompagnateur est de faire valoir le chant sans le couvrir, comme cela n’arrive que trop souvent. (Bouillet.)

— S’empl. adj. : On a inventé un clavier accompagnateur, au moyen duquel il suffit à l’organiste de toucher une seule note sur le clavier ordinaire pour donner l’accompagnement complet et parfaitement régulier d’un chant d’église quelconque. (Journ.)

ACCOMPAGNÉ, ÉE (a-kon-pa-gné ; gn mll.) part. pass. du v. Accompagner : Il sort toujours bien accompagné. (Acad.) On la prendrait pour la riante Vénus, qui est accompagnée des Grâces. (Fén.) Alceste paraît accompagnée de ses enfants éplorés, entre les bras de son époux éperdu, qui la soutient et la guide. (Patin.)

— Avec un nom de personne pour complém., il régit les prép. de et par ; dans ce dernier cas, le complément éveille presque toujours une idée de protection : Télémaque est accompagné par Minerve. (Fén.) Il fit son entrée solennelle dans sa capitale, accompagné des prélats et de la noblesse. (Barante.) Elle était accompagnée de ses parents. (Balz.)

— Suivi d’un nom de chose, il veut la prép. de : Quelques dehors spécieux, accompagnés de beaucoup de confiance et de présomption. (Bourdal.) Pourquoi les jouissances les plus délicieuses sont-elles accompagnées d’inquiétudes cruelles ? (Buff.) La plupart des voyages en terre sainte sont accompagnés de gravures et de vignettes. (Chateaub.)

Viens me voir, dans son sang et dans le mien baignée,
De ma seule vertu mourir accompagnée.
Corneille.

— Mus. Soutenu par un ou plusieurs instruments, une ou plusieurs voix : Sans doute les anciens savaient chanter accompagnés d’instruments à l’unisson. (Brill.-Sav.)

— Chass. Se dit du cerf qui, pressé par les chiens, se mêle à une troupe d’autres cerfs pour donner le change.

— Blas. Se dit de certaines pièces honorables, comme le pal, la fasce, le chevron, etc., quand elles ont à leurs côtés des pièces secondaires en séantes positions, c’est-à-dire perpendiculairement. Famille de Dillon : d’azur, au chevron d’or accompagné de trois coquilles du même. Famille Esparbès : d’argent, à la fasce de gueules accompagnée de trois merlettes de sable. — Se dit aussi des animaux, des plantes, etc., qui ont des meubles en séantes positions au-dessus, au-dessous ou aux côtés. Famille Le Brun de Kerprat : d’argent, au lion de gueules, accompagné de trois étoiles du même, rangées en chef, et d’un croissant de gueules en pointe.

ACCOMPAGNEMENT s. m. (a-kon-pa-gne-man ; gn mll. — rad. accompagner). Action d’accompagner, d’escorter : On porta ce souverain au tombeau de ses ancêtres, et plusieurs princes furent désignés pour l’accompagnement du corps. (Acad.) || Ensemble de ceux qui accompagnent, qui escortent : La dernière de ces conférences fut plus nombreuse en accompagnement, et les suites se mélèrent et se parlèrent avec force civilités. (St-Sim.) || Accessoire destiné à compléter, à embellir certaines choses : Cette chambre à coucher manque des accompagnements nécessaires. (Acad.) La figure principale de ce tableau aurait besoin de quelques accompagnements. (Acad.)

— Fig. et par anal. C’est confondre toutes les idées et tous les sentiments, et donner à la vertu son plus bel accompagnement. (Bonald.) Tout enfantement est pénible, et la douleur en est l’accompagnement nécessaire. (Mich. Chev.)

— Chirurg. Accompagnement de la cataracte, Matière visqueuse et blanchâtre qui entoure le centre du cristallin devenu opaque.

— Art milit. Accompagnement d’enceinte, Borne de fortification.

— Mus. Action de soutenir la voix à l’aide du jeu d’un instrument : On a chanté un chœur avec accompagnement de piano. Un petit chœur de voix médiocres chantait des antiennes et des motets, avec accompagnement d’orgue. (Berlioz.) || Parties secondaires, ordinairement exécutées par des instruments de nature différente, pour soutenir le jeu de l’instrument principal : Sonate pour le piano, avec accompagnement de basse, de violon et d’alto. Je remplissais ma tête d’accompagnements, d’accords et d’harmonie. (J.-J. Rouss.)

— Par anal. : Quatre cents pièces de canon furent, pendant deux jours et deux nuits, l’accompagnement non interrompu de ces scènes de carnage. (A. Carrel.) À la cour du duc, on s’abandonnait à une débauche sans frein, avec accompagnement d’ivresse et d’impiété. (St-Aulaire.)

    Quel acccompagnement sublime
Pour tes chants inspirés du barde audacieux,
Que le bruit du canon roulant de cime en cime !
Lamartine.

— Blas. Ce qui est hors de l’écu et qui lui sert d’ornement, comme les supports, le cimier, les lambrequins.

Encycl. Mus. On appelle accompagnement de quatuor, celui qui est exécuté par quatre instruments à cordes ; accompagnement à grand orchestre, celui auquel concourent tous les instruments ; accompagnement d’harmonie, celui qui est exécuté par les seuls instruments à vent. On divise l’accompagnement des instruments à clavier en plusieurs espèces : l’accompagnement plaqué ou l’exécution de l’harmonie, abstraction faite de toute forme mélodique ; l’accompagnement figuré ou la réunion des formes du chant avec l’harmonie ; l’accompagnement de la partition, qui est l’art de traduire sur le clavier les divers effets d’instrumentation imaginés par le compositeur. L’accompagnement plaqué n’est en usage qu’en France ; les Italiens et les Allemands se servent de l’accompagnement figuré, qui est beaucoup plus difficile ; l’accompagnement de la partition est en usage dans toute l’Europe. Beaucoup d’auteurs attribuent l’invention de l’accompagnement à Louis Viadana, qui fut d’abord maître de chapelle à Fano, petite ville du duché d’Urbino, et ensuite de la cathédrale de Mantoue, et qui était né à Lodi vers 1580. L’accompagnement fut ensuite perfectionné par François Gasparini, Rameau, Catel, et enfin M. Fétis, qui a publié en 1829 un Traité de l’accompagnement de la partition. — Le mot accompagnement s’appliquait encore autrefois à la réunion des instruments d’un orchestre ; en ce sens, il a été remplacé par instrumentation.

ACCOMPAGNER v. a. ou tr. (a-kon-pa-gné, gn mll. — rad. compagnon). Aller de compagnie avec : La reine l’accompagna au cœur de l’hiver. (Boss.) Virginie appela son frère et le pria de l’accompagner. (B. de St-P.) Les dimanches, par une condescendance assez naturelle, il accompagnait sa femme à l’église. (Balz.)

Et partout Xipharès accompagne ses pas.
Racine.

|| Escorter : Il se fait toujours bien accompagner, parce qu’il a des ennemis. (Acad.) Le roi envoya seize de ses gardes du corps pour accompagner le courrier. (Volt.) || Suivre par honneur : Quel honneur pour un sujet d’accompagner son roi. (Fléch.) Un long cortège de Turcs, d’Arabes, d’Arméniens, de Juifs accompagnait le corps. (Lamart.) || Conduire avec cérémonie : C’est lui qui a la charge d’accompagner l’ambassadeur à l’audience. (Acad.) || Reconduire par politesse : Quand il s’en alla, on l’accompagna jusqu’à sa voiture. (Acad.)

. . . Je prétends, pour finir tous débats,
Jusqu’à votre carrosse accompagner vos pas.
Boursault.

— Absol. Mme  la comtesse de V*** vient d’être nommée dame pour accompagner.

— Par ext. Convenir à, être assorti, se marier avec : Cette garniture accompagne bien la robe. Son ton, son accent, son propos, accompagnaient parfaitement sa physionomie. (J.-J. Rouss.) Ses cheveux blonds accompagnaient admirablement sa tête virginale. (B. de St-P. )

— Fig. Être joint, ajouté à. S’empl. avec un nom de chose pour sujet : Les grâces accompagnaient jusqu’à ses refus. (Fléch.) Ses termes étaient justes et précis, une grâce naturelle les accompagnait. (St-Sim.)

Si douze mille francs d’un revenu certain,
Qui doivent de ma fille accompagner la main,
Peuvent contribuer à vous la rendre chère.
Boursault.


|| Avec un nom de chose personnifiée pour sujet : Le bonheur l’accompagne. (Acad.) Le bon esprit accompagne presque toujours le vrai talent. (Dussault.) La crainte prend l’homme au berceau et l’accompagne jusqu’au cercueil. (Lévis.) Ne crois pas au sourire des lèvres que n’accompagne pas le sourire des yeux. (A. d’Houdetot.) L’étude et l’amitié sont les consolatrices qui nous accompagnent le plus loin et quelquefois jusqu’au bout. (Ste-Beuve.)

. . . La paix t’accompagne et la gloire te suit.
L. Racine.


|| Joindre, ajouter à : Il accompagna ses remontrances de menaces. (Acad.) Jamais prince n’accompagna ses dons de tant de grâce. (Volt.) || Être le résultat, la suite, la conséquence : Les infirmités accompagnent presque toujours l’intempérance. Une amnistie accompagne d’ordinaire l’installation de tout gouvernement nouveau. (Mme  de Staël.) Une révolution morale accompagne toujours une révolution physique. (B. de St-P.) Le libre arbitre suppose et accompagne l’intelligence. (Bastiat.)

— Mus. Exécuter les parties d’harmonie qui soutiennent la partie principale : Écoutez cet orgue qui accompagne les beaux chants grégoriens. (Capefigue.) Le piano est fait pour faciliter la composition de la musique et pour accompagner le chant. (Brill.-Sav.)

J’irais de la pastourelle
Accompagner les chansons.
Béranger.


|| Absol. dans le même sens : Ignorant en musique, il accompagnait au piano tant bien que mal. (Balz.) Celui qui accompagne n’est chargé que d’une partie accessoire, il ne doit point détourner à soi l’attention due à la partie principale.(Millin.)

— Manuf. Tramer des étoffes brochées d’or.

S’accompagner, v. pr. Prendre, mener avec soi, avec un nom de personne pour sujet et pour complément : Il s’accompagne toujours de mauvais garnements. (Acad.) || Même sens, avec un nom de personne pour sujet, nom de chose pour complément : Si vous vous accompagnez en ce voyage de vos Muses et de vos papiers, nous n’aurons que faire pour nous entretenir. (Guez de Balz.)

— Par anal. Être accompagné, avec un nom de chose pour sujet et pour complément : Ce blond d’argent, joint à cette blancheur transparente et vive, cette douceur bleue de son regard, s’accompagnaient d’un son de voix touchant et qui allait au cœur. (Ste-Beuve.) || Être suivi, avoir pour conséquence : L’administration des autres substances anesthésiques qui ont été proposées s’accompagnerait des mêmes dangers. (L. Figuier.)

— Mus. Chanter en se faisant soi-même son accompagnement à l’aide d’un instrument : Corinne, en s’accompagnant de sa lyre, chanta les merveilles de la création. (Mme  de Staël.) || Par anal. : Rodolphe se leva, s’approcha machinalement de la fenêtre et se mit à chantonner entre ses dents en s’accompagnant sur les vitres. (E. Sue.) || Être accompagné : Le banza est un instrument dont la danse du nègre s’accompagne. (Rog. de Beauv.) || Absol. : Il s’accompagne en chantant.

Syn. Accompagner, escorter, suivre. On accompagne pour toutes sortes de motifs : Une foule innombrable accompagna le roi jusqu’au port. (Volt.) On escorte pour protéger ou pour surveiller : On détacha un corps de cavalerie pour escorter le convoi. (Acad.) On suit un chef ou un maître : Des généraux de Napoléon l’accompagnèrent dans son exil ; quelques-uns de ses serviteurs l’y suivirent.

ACCOMPAGNERESSE s. f. (a-kon-pa-gne-rè-se, gn mll. — rad. accompagner). Femme qui accompagne une reine, une princesse : Ces dames devaient venir au mois d’avril à Paris, et y choisir des accompagneresses d’honneur pour madame la dauphine Marguerite. (V. Hugo.)

ACCOMPLI, IE (a-kon-pli) part. pass. du v. Accomplir. Achevé, révolu, réalisé entièrement : Oracle accompli. Il ne faut pas vingt années accomplies pour voir changer les hommes d’opinion sur les choses. (La Bruy.) Je vois la religion chrétienne où je vois des prophéties accomplies. (Pasc.) Je ne crois pas qu’il y ait dans l’histoire l’exemple d’une volonté de nation qui n’ait pas été accomplie. (Mme  de Staël.)

Les temps sont accomplis, princesse, il faut parler.
Racine.
Chose que l’on projette est loin d’être accomplie.
Andrieux.

|| Pratiqué, rempli : C’est dans le devoir accompli que réside l’unique bonheur. (Salvandy) || Parfait en son genre : L’homme le plus accompli est celui qui a moins de défauts que les autres. (Boiste.) Nous ne parlerons pas de sa taille accomplie, ni de l’excessive distinction de toute sa personne. (E. Sue.) Ce soin perpétuel de l’âme et du corps fit d’elle, à l’âge de neuf ans, une enfant accomplie et charmante à voir. (Balz.) C’est au xiiie siècle que s’élèvent les monuments les plus accomplis de l’architecture gothique. (Mignet.)

Insensé que j’étais ! ai-je pu présumer
Que le ciel pour moi seul ait pris soin de former
Ce qu’on ne vit jamais : une femme accomplie !
Destouches.

— Polit. Fait accompli, faits accomplis, mots empruntés au langage diplomatique, et qui expriment la consécration d’une chose exécutée. Effectivement, en politique, le meilleur moyen de faire accepter une entreprise ambitieuse, c’est de la mettre à exécution. Dès que le fait est accompli, il a conquis une sorte de consécration aux yeux de tous : Il acceptait l’inégalité des conditions comme un fait accompli. (G. Sand.) Les panégyristes de la force des choses sont les apologistes des faits accomplis. (Ch. de Remusat.) Habitué à respecter les faits accomplis, notre temps n’admet pas volontiers que l’on critique la direction générale de son mouvement. (Renan.)

Syn. Accompli, consommé, parfait. Parfait emporte une idée d’unité et de simplicité, c’est pourquoi il va bien avec les noms de choses abstraites, parce qu’elles sont sans parties et représentatives d’une seule qualité, d’un seul point de vue : Cette année, les vins parvinrent au plus parfait degré de maturité et de bonté. (Rollin.) Accompli, au contraire, s’emploie de préférence avec les personnes. Parfait convient mieux qu’accompli avec un nom qui désigne dans les personnes une spécialité, une qualité particulière ou unique : Mme  Mazarin était une des plus parfaites beautés de la cour ; il ne lui manquait que de l’esprit pour être accomplie. (Mme  de La Fayette.) Parfait se prend quelquefois en mauvaise part, accompli jamais : Cet homme enfant serait un parfait imbécile, un automate. (J.-J. Rouss.) Consommé désigne l’abondance d’une seule qualité, que l’on a acquise par un long usage : Cette vivacité du premier coup d’œil ne s’acquiert en musique que par une pratique consommée. (J.-J. Rouss.)

ACCOMPLIR v. a. ou tr. (a-kon-plir) — du