Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pl. Inégalités d’un sol entrecoupé de collines et de ravins : Les accidents du terrain favorisaient les assaillants. Il faut parcourir le glacier pour voir ses beaux accidents, ses larges et profondes crevasses, ses grandes cavernes. (De Saussure.) Réunissez un moment par la pensée les plus beaux accidents de la nature. (Chateaub.) Ce chemin longe une plaine ondulée sans accidents remarquables. (Balz.) Il y a pour les gens aimants un plaisir infini à trouver dans les accidents d’un paysage la poésie qu’ils ont dans l’âme. (Balz.) || Se dit aussi de la figure humaine : Sa figure était ronde, mais sillonnée d’accidents spirituels. (L. Gozlan.) || Combinaisons variées de lumière et d’ombre dans les sites ou dans les tableaux : Il y a dans ce tableau des accidents de lumière fort piquants. (Acad.) Des nuages de toutes les figures et de toutes les couleurs les plus vives changent à chaque moment cette décoration par les plus beaux accidents de lumière. (Fén.) Le canton présentait des mouvements de terrain et des accidents de lumière qu’on eût vainement cherchés ailleurs. (Balz.)

Par accident, Par un cas fortuit, par hasard : Nisus, près d’atteindre le but fixé, tombe par accident.

— Philos. Ce qui est accidentel, qui n’est pas inhérent à la substance, à la nature des choses, par opposition à la substance considérée en elle-même. Dans ce sens, accident a pour synonymes propriétés, qualités, attributs, modes, etc. La blancheur dans la cire est un accident ; car la cire, tout en restant cire, peut tout aussi bien être jaune. Ni l’édifice n’est plus solide que le fondement, ni l’accident attaché à l’être plus réel que l’être même. (Boss.)

— Théol. Se dit en parlant de l’eucharistie, de la figure, de la couleur, de la saveur du pain et du vin après la consécration : Tous les accidents qui étaient dans les espèces avant la consécration, subsistent encore après. (Acad.) || Accidents absolus, Accidents sans sujet, nom donné aux espèces eucharistiques par saint Thomas et par tous les théologiens disciples d’Aristote, parce qu’ils soutenaient que, dans l’eucharistie, les accidents existent par un effet de la puissance divine et sans avoir de support. D’autres théologiens rejettent la théorie des accidents absolus, et veulent que dans l’eucharistie les accidents conservent leur substance devenue le corps sacramentel du Christ.


— Pathol. Symptôme non essentiel et ordinairement non prévu qui se présente dans le cours d’une maladie que d’habitude il aggrave, comme, par exemple, une hémorrhagie, des convulsions. On comprend aussi sous le nom d’accidents tous les phénomènes accessoires qui surviennent dans le cours d’une maladie. Dans ce sens il est synonyme d’épiphénomène : Beaucoup de femmes éprouvent pendant la gestation quelque affection nerveuse ou quelques accidents pléthoriques. (Chomel.)

— Mus. Tout dièze, bémol ou bécarre qui, n’étant point indiqué à la clef, se rencontre dans le cours d’un morceau.

— Géol. Changement ou modification dans l’allure régulière d’une couche ou d’un filon.

— Gramm. Se disait autrefois pour : Propriété d’un mot qui n’entre point dans la définition essentielle de ce mot ; ainsi le composé, le dérivé, le figuré, étaient des accidents.

Aujourd’hui on désigne ainsi les modifications que subissent les mots sous le rapport du genre, du nombre, de la personne, du mode, etc.

— Rhétor. Lieux de l’accident, Titre par lequel on désignait, d’après Aristote, les différents lieux communs de raisonnement qui consistent à chercher des moyens de démonstration parmi les accidents d’un sujet.

— Log. Sophisme de l’accident, Sophisme qui consiste à tirer une conclusion absolue et sans restriction de ce qui n’est vrai qu’accidentellement, comme lorsque l’on conclut des effets nuisibles d’un médicament administré par un médecin ignorant, à la malfaisance de la médecine en général.

— Techn. Petits dessins en relief que les patenôtriers forment sur les perles factices et sur les grains de chapelet.

Syn. Accident, aventure, événement. L’événement s’étendant à un plus grand nombre d’êtres, a par cela même plus d’importance : La Providence divine préside à tous les événements humains, grands ou petits. (Roll.) L’accident se dit des choses comme des personnes, et désigne toujours un malheur, à moins qu’il ne soit accompagné d’une épithète qui le modifie : Les grands et les petits ont mêmes accidents, mêmes passions. (Pasc.) Il n’y a point d’accident si heureux que les imprudents ne puissent tourner à leur préjudice. (La Rochef.) Aventure s’emploie familièrement en parlant de faits présentant souvent quelque chose de comique, de grotesque : L’aventure est tout à fait drôle. (Mol.) Les filles qui ont de l’esprit se passionnent pour des récits d’aventures chimériques. (Fén.)

Syn. Accident, revers. Accident marque un coup de fortune soudain, inattendu, peu grave et qui peut quelquefois même être heureux. Revers marque un retour de fortune, un changement en pis : Tous les revers ont succédé à vos succès. (Volt.)

ACCIDENTALITÉ s. f. (ak-si-dan-ta-li-té — rad. accident). Philos. État, qualité de ce qui est accidentel.

ACCIDENTATION s. f. (ak-si-dan-ta-si-on — rad. accident). Néol. État d’un pays, d’un terrain accidenté ; d’aspects variés et inattendus : En examinant les choses de plus près, nous verrions que certaines variations de la composition du sol concordent avec son accidentation. (Burat.)

ACCIDENTÉ, ÉE (ak-si-dan-té) part. pass. du v. Accidenter. Inégal, mouvementé, varié d’aspects : Terrain très-accidenté. Site accidenté. Les cartes géographiques exécutées au trait m’ont toujours paru une dérision quand elles s’annoncent avec la prétention de représenter un pays accidenté. (A. Meyer.) C’est une montagne de mille lieues horriblement accidentée, avec de profondes coupures, des mers qui dégèlent un moment pour regeler. (Michelet.) À droite se creusait en abîme un immense ravin déchiré, accidenté de la façon la plus sauvagement romantique. (Th. Gaut.) Nos soldats pouvaient opposer une résistance heureuse dans ces pays accidentés. (Thiers.)

— Fig. Plein d’épisodes, d’événements, d’accidents imprévus : Canning avait eu une jeunesse fiévreuse et accidentée. (Adrien Paul.) Heureux matelot ! sa vie est accidentée d’une manière si piquante. (E. Sue.) Guillen de Castro traita le théâtre à sa mode et non selon celle du temps ; il préféra les sujets héroïques et accidentés. (Ph. Chasles.) || En parlant du style, Varié, pittoresque : Point de phrases à effet, point de contours saillants, point de mouvements accidentés, point de véhémence. (Cormen.)

Antonymes : Égal, plain, plat, uni, uniforme.

ACCIDENTEL, ELLE adj. (ak-si-dan-tel, è-le — rad. accident). Qui arrive par accident, par hasard : Cette circonstance est purement accidentelle. L’admiration n’est qu’un étonnement accidentel de notre intelligence, à l’occasion d’une surprise agréable. ( B. de St-P. ) Une insulte accidentelle faite à un seigneur par quelques jeunes gens de Lucerne, fut l’étincelle qui alluma cet incendie.(Raoul-Roch.) Ces incertitudes et ces inconséquences étaient inévitables en un siècle épisodique, sous un règne en quelque sorte accidentel. (Ste-Beuve.)

— Philos. Qui n’est dans un sujet que par accident, et dont ce sujet pourrait se passer sans changer de nature : La blancheur est accidentelle au marbre, la chaleur au fer. (Trév.) Il n’y a rien en Dieu d’accidentel. (Boss.)

— Phys. Fait qui n’est pas ou ne paraît pas soumis à des lois ou à des retours réglés : Les vents et les pluies sont des causes accidentelles de chaleur et de froid. || En ce sens, accidentel est opposé à constant ou à périodique.

— Pathol. Se dit des phénomènes qui surviennent dans le cours d’une maladie, sans avoir une liaison nécessaire avec elle.

— Anat. et pathol. Tissus accidentels, Qui se développent à la suite d’un travail morbide.

— Mus. Signe accidentel, Tout dièze, bémol, bécarre, qui n’étant point indiqué à la clef se trouve dans le cours d’un morceau. || Lignes accidentelles, Celles qu’on ajoute au-dessus ou au-dessous de la portée, pour placer les notes qui passent son étendue.

— Perspect. Point accidentel, Point d’une ligne horizontale où se rencontrent les projections de deux lignes parallèles l’une à l’autre dans l’objet que l’on veut mettre en perspective, mais qui ne sont point perpendiculaires au tableau.

— Géol. Minéraux accidentés, Ceux qui se trouvent quelquefois épars dans les roches, et en proportion moindre que ceux dont ces roches sont essentiellement composées.

— Gramm. Se dit des termes qui, par opposition au sujet, au verbe et à l’attribut, ne sont pas indispensables à l’expression de la pensée : Les compléments sont des termes accidentels.

— Substantiv. L’accidentel ne joue dans le monde qu’un rôle secondaire. (Littré.)

Antonymes : Certain, fixe, nécessaire.

ACCIDENTELLEMENT adv. (ak-si-dan-tè-le-man — rad. accidentel). Par cas fortuit, par hasard : Il se trouvait accidentellement à Rome. (Raym.) La peau, dans certaines maladies, prend accidentellement une couleur noirâtre plus ou moins foncée. (Chomel.) Ils se joignirent accidentellement aux oppresseurs, et consentirent à des exécutions dont la responsabilité pèse justement sur leur mémoire. (St-Aulaire.)

— Non essentiellement : Ce n’est qu’accidentellement qu’un homme est blond ou brun, grand ou petit. (Trév.) La blancheur et la rondeur ne sont qu’accidentellement dans les sujets. (Acad.)

— Gramm. Verbe accidentellement pronominal, Qui peut être simplement transit. ou intr., c’est-à-dire se conjuguer avec un sujet non suivi du pronom complément, comme se plaindre, qui est formé du verbe tr. plaindre, et se succéder, formé du verbe intr. succéder.

Syn. Accidentellement, fortuitement. Accidentellement se dit de ce qui est amené par des causes étrangères à la chose elle-même. À peine peut-on citer quelques exemples de petits morceaux de fonte ou régule de fer trouvés dans le sein de la terre, et formés sans doute accidentellement par le feu des volcans. (Buff.) Fortuitement se dit de ce qui tient à des causes tout à fait inconnues : C’est fortuitement qu’on rencontre une personne qu’on ne recherchait pas. (J.-J. Rouss.)

ACCIDENTER v. a. ou tr. (ak-si-dan-té — rad. accident). Rendre un pays, un terrain inégal, d’aspects variés : D’Aranjuez à Ocana, les sites, sans dire remarquables, sont cependant plus pittoresques ; des collines, d’un beau mouvement, bien frappées par la lumière, accidentent les côtés de la route.(Th. Gaut.)

— Par anal. Accidenter son style, Lui donner une forme variée, pittoresque.

S’accidenter, v. pr. Être accidenté : Le terrain s’accidente à chaque pas.

ACCIN s. m. (ak-sain — du lat. accingere, entourer). Enceinte, clôture de quelque lieu seigneurial, qui appartenait à l’aîné et faisait partie de son préciput. Ce mot est encore employé dans les campagnes pour indiquer les tenants et les aboutissants : On attache ordinairement aux manouvreries une culture de deux hectares, dans lesquels l’emplacement de la maison et de ses accins et dépendances occupe un demi-hectare.(Journ.)

ACCINCTUS s. m. (ak-sain-ktuss — du lat. accinctus, part. pass. du v. accingere, ceindre). Mot qui, chez les anciens, désignait l’armement complet dont un soldat était ceint, muni.

ACCIPITRE s. m. (ak-si-pi-tre — du lat. accipiter, mot qui s’appliquait à tout oiseau de proie). Ornith. Nom collectif servant à désigner les oiseaux de proie : C’est en un de ces accipitres nocturnes que la Cérès infernale métamorphosa Ascalaphe. (Val. Parisot.)

Encycl. Les accipitres, auxquels on donne souvent aussi le nom de rapaces, forment le premier ordre de la grande classe des oiseaux, dans la classification de Cuvier. Ils se reconnaissent à la forme crochue et à la puissance des ongles et du bec. Ils se divisent en deux sous-ordres : les accipitres diurnes, qui chassent de jour et qui ont le plumage serré et les yeux dirigés latéralement, et les accipitres nocturnes ou striges, qui chassent de nuit et qui sont caractérisés par un plumage lâche et par la direction antérieure des yeux. Les accipitres diurnes correspondent, dans la classe des oiseaux, aux espèces carnivores de la série des mammifères ; ils comprennent les vautours, les gypaètes, les faucons, les aigles, les éperviers, les milans, les buses, etc. C’est parmi les accipitres nocturnes que l’on range les espèces appelées grand-duc, hibou, chevêche, effraie, etc.

ACCIPITRIN, INE adj. (ak-si-pi-train, i-ne — rad. accipitre). Ornith. Qui ressemble à un accipitre, qui a quelques rapports de configuration avec les oiseaux de proie.

ACCIPITRINE s. f. (ak-si-pi-tri-ne — rad. accipitre). Bot. Espèce de piloselle dont les oiseaux de proie recherchent le suc. On l’appelle aussi épervière. V. Piloselle.

ACCISE s. f. (ak-si-ze — selon les uns, du bas lat. accisia, taille, impôt ; dérivé d’accidere, tailler, couper ; selon les autres, de la prép. ad ou ac, et du substantif cise, mot qui désignait très-anciennement un impôt sur la bière et le vin). Impôt indirect portant principalement sur les boissons : En Belgique, les droits d’accise sont perçus sur les bières, vins, vinaigres, boissons distillées, et s’étendent même sur le sel et le sucre.

Encycl. Fin. Cet impôt existe en Angleterre sous le nom d’excise, et sert à désigner une taxe imposée sur certains objets ou produits manufacturés ou mis en vente à l’intérieur du royaume, et qui est perçue pendant que ces objets sont encore en la possession des producteurs. Ces droits, qui donnent à peu près le tiers du revenu de la Grande-Bretagne, y ont été introduits en 1643 par le Long Parlement. Ils atteignent les spiritueux, la bière, le cidre, le vin, le savon, le thé, le sucre, etc.

ACCIUS ou ATTIUS (Lucius), le plus ancien poëte tragique latin, né à Rome vers 170 av. J.-C., était fils d’un affranchi. Il avait composé des tragédies sur les grandes catastrophes des âges héroïques de la Grèce, une pièce nationale sur l’expulsion des Tarquins, des annales en vers, etc. Il n’en reste que quelques fragments.

ACCLAMANT (a-kla-man) part. prés. du v. Acclamer.

ACCLAMATEUR s. m. (a-kla-ma-teur — rad. acclamer). Celui qui applaudit, qui concourt à des acclamations : Lorsque Néron jouait de la lyre sur le théâtre, il avait pour premiers acclamateurs Sénèque et Burrhus. (Lav.) L’assemblée était stimulée par des acclamateurs à gages. (Dict. de la Conv.)

ACCLAMATIF, IVE adj. (a-kla-ma-tif, i-ve — rad. acclamer). Qui est accompagné d’acclamations ; qui est exprimé par des acclamations : Un vote acclamatif consacra cette solution. (J. Lecomte.)

ACCLAMATION s. f. (a-kla-ma-si-on — lat. acclamatio, même sens). Applaudissement ; cri d’admiration, d’enthousiasme d’une assemblée, d’une multitude : Xanthus fut reconduit jusqu’en son logis avec acclamation. (La Font.) C’est aux acclamations de toute la Grèce qu’on couronnait les vainqueurs dans les jeux. (J.-J. Rouss.) Il est moins sensible aux acclamations qui suivent ses triomphes qu’aux bénédictions du peuple. (D’Aguess.) Il éclaire, il dirige l’avocat, mais il lui laisse savourer les vaines fumées du triomphe et recueillir les décevantes acclamations de la foule. (G. Sand.) Bientôt ce bruit se perdit dans la mélodieuse acclamation qui célébrait sa venue au ciel. (Balz.) Jupiter était déjà rentré sous sa tapisserie, que la salle tremblait encore d’acclamations.(V. Hugo.) Tous se levèrent et répétèrent ce toast avec acclamation. (Scribe.)

— Liturg. anc. Chant d’action de grâces, de triomphe ou de deuil adressé aux fidèles par la voix d’un chantre et répété par tout le peuple.

Par acclamation, loc. adv. Tout d’une voix et sans recourir au scrutin : Chez les Romains, les empereurs étaient généralement élus par acclamation. (Altaroche.) L’acte de son élection porte qu’il a été choisi à l’unanimité et par acclamation, comme le plus homme de bien. (Ch. Nod.)

Sans livrer le projet à la discussion,
Je crois qu’il doit passer par acclamation.
C. Delavigne.

|| On dit, dans le même sens, d’acclamation : La nation vota d’acclamation ce que la sagesse de son assemblée avait voté de réflexion. (Lamart.)

Encycl. Hist. Les anciens distinguaient l’acclamation de l’applaudissement : celui-ci s’exprimait seulement par les mains et s’adressait toujours à une personne présente, tandis que l’acclamation se traduisait par la voix et pouvait être poussée en l’honneur d’un absent. À Sparte, l’acclamation plus ou moins énergique du peuple à la vue de chaque candidat était le mode de nomination aux magistratures. Chez les Romains, c’était par acclamation que l’armée victorieuse donnait à son chef le titre d’imperator. Dans la cérémonie du triomphe, la formule d’acclamation répétée à chaque instant par le peuple et par les troupes consistait en ces deux mots : Io, triumphe ! Chaque empereur romain, à son avénement, était acclamé par le sénat. Chez les Francs, les rois chevelus étaient acclamés par leurs compagnons d’armes, qui les élevaient sur le pavois. Charlemagne fut acclamé par les assistants, lorsqu’il reçut à Rome la couronne impériale. Le duc de Bragance fut élevé par acclamation au trône de Portugal en 1640, à la suite du renversement de la domination espagnole. Villars fut acclamé maréchal de France par ses soldats sur le champ de bataille de Friedlingen. L’acclamation exista pendant quelques siècles dans l’Église comme mode d’élection. — Le mot vive est chez nous la formule de l’acclamation : Vive le roi ! vive la république ! vive l’empereur !

Dans l’histoire du Portugal, le mot acclamation a une signification politique, et se dit de l’avènement de la maison de Bragance au trône, fondé, le 1er décembre 1640, sur les débris de la domination espagnole. Les vœux qui appelaient le duc de Bragance à gouverner le Portugal étaient si unanimes, que le mot acclamation convenait parfaitement pour indiquer la date où commence la dynastie des Bragance. Les Portugais en ont donc fait, avec raison, une sorte d’ère, de jalon mnémonique qui leur sert à préciser les dates, et ils disent vulgairement : Tel fait a eu lieu avant, pendant ou après l’acclamation.(Cette acception du mot acclamation n’est donnée par aucun dictionnaire.)

Antonyme : Huée.

ACCLAMÉ, ÉE (a-kla-mé) part. pass. du v. Acclamer. Nommé par acclamation : Il fut acclamé dictateur. (Journ.) Ils ont été acclamés représentants. (Lamart.) C’était Quasimodo, c’était lui, en effet. Pilorié sur cette même place où la veille il avait été salué, acclamé, conclamé pape et prince des fous. (V. Hugo.) || Salué, accueilli par des acclamations : Sa Majesté a été acclamée sur toute la route. (Journ.) Il sera fêté, choyé, acclamé par tous les partisans de l’ancien régime. (E. de la Bédoll.)

ACCLAMER v. a. ou tr. (a-kla-mé — lat. acclamare, même sens ; formé de ad, à, et clamare, crier). Nommer par acclamation : On l’acclama roi d’Italie.

— Saluer par des acclamations : Au concile de Trente, il acclama tous les rois en nom collectif. (St-Sim.) Les Américains n’ayant pas de rois et de princesses à acclamer, se passent sur les artistes ces instincts d’ovations monarchiques qui existent toujours dans les masses populaires. (Balz.) La France va se lever pour acclamer une quatrième fois ses fils victorieux, ses vaillants soldats, qui marquent de nouvelles étapes sur cette voie sacrée ouverte par nos aïeux. (Am. Renée.) Le peuple acclamait le roi comme pour l’attirer par des caresses au parti populaire. (Lamart.)

Qu’il entre le premier dans la route inconnue,
Et que l’ardente Égypte acclame sa venue.
Barthélémy.

— v. n. ou intr. Pousser des acclamations : Dans leurs immenses meetings ou réunions populaires, les Anglais acclament pour tel personnage ou telle mesure par des bravos, ou blâment par une sorte de grognement. (Altaroche.)

ACCLAMPÉ, ÉE (a-klan-pé) part. pass. du v. Acclamper : Une vergue acclampée.

ACCLAMPER v. a. ou tr. (a-klan-pé). Mar. Fortifier par des clamps ou jumelles. V. Jumeler.

ACCLIMATABLE adj. (a-kli-ma-ta-ble — rad. climat). Qui peut être acclimaté, qui s’acclimate facilement : Nos hercules du Nord sont plus forts peut-être, mais certainement