Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 1, A-Am.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On donnait un jour au théâtre de la République une pièce où jouait la famille Baptiste. Un provincial s’informait des noms des acteurs : « Quel est celui-là ? — Baptiste aîné, lui répondit-on. — Et celui-ci ? — Baptiste cadet. — Et cet autre ? — Baptiste jeune. — Et cette actrice ? — Madame Baptiste mère. — Et celle-ci ? — Madame Baptiste bru. — Ah ! mon Dieu ! s’écria le provincial ; c’est donc une pièce de batiste. »

Une jeune dame désirait ardemment avoir une petite fille. Dans sa première grossesse, elle se crut tellement assurée que ses désirs étaient réalisés, qu’elle fit tout préparer pour l’enfant qu’elle attendait, layette, béguins ornés de faveurs roses, etc. Le nom même était trouvé ; la petite fille devait s’appeler Zoé. La dame accouche, et les cris d’un gros garçon trompent tous les calculs, déjouent toutes les combinaisons. « Ah ! s’écrie la maman désolée, que va devenir mon joli nom de Zoé ? Encore si l’on pouvait donner ce nom à ce marmot ? — N’est-ce que cela qui te chagrine ? dit un bon oncle appelé pour être parrain. Va, va, je l’ai cru comme toi, et nous allons l’appeler Robinson ; alors ce sera Robinson cru Zoé. »

Quand on pense à la mort, on est sûr de bien faire,
    Disait toujours madame Claire.
Hier en y pensant, elle est morte en effet :
    Son mari dit qu’elle a bien fait.
Pons de Verdun.

ABUSANT (a-bu-zan) part. prés. du v. Abuser : Les jeunes gens se détruisent dans la vigueur de l’âge en abusant de leurs propres forces. (B. de St-P.)

Des ennemis de Dieu la coupable insolence,
Abusant contre lui de ce profond silence,
Accuse trop longtemps ses promesses d’erreur.
Racine.

ABUSÉ, ÉE (a-bu-zé) part. pass. du v. Abuser. Trompé, séduit par des illusions : Nous étions bien abusés ; je ne suis détrompé que d’hier. (Pasc.) Imagine-toi la meilleure et la plus abusée des mères. (J.-J. Rouss.) Les hommes, abusés par de fausses apparences, peuvent prendre l’imposture pour l’évidence, et l’erreur pour la vérité. (J.-J. Rouss.) On me voit ici avec des yeux abusés par la tendresse. (G. Sand.)

Et d’un crédule espoir trop longtemps abusé.
Racine.
L’homme abusé longtemps d’une erreur générale.
Gilbert.

— Se dit en parlant d’une femme séduite et déshonorée : L’amour fait retentir ce tribunal, on n’y entend parler que de pères irrités, de filles abusées, d’amants infidèles et de maris chagrins. (Montesq.) Il y a dans le Deutéronome une loi par laquelle une fille abusée était punie avec le séducteur. {J.-J. Rouss.)

ABUSER v. n. ou intr. (a-bu-zé — lat. abusus, abus). Faire mauvais usage, user avec excès : Ces hommes avaient abusé de la vertu même. (Fén.) Elle abusa longtemps de son autorité. (Volt.) J’abuse depuis longtemps de l’indulgence des lecteurs. (J.-J. Rouss.) Il abuse également et des animaux et des hommes. (Buff.)

La fortune a son prix, l’imprudent en abuse.
Delille.
      Le prodigue comme l’avare
Abuse de ses biens, et s’en fait de vrais maux.
Le Noble.


|| Prodiguer, faire un usage excessif. Se dit en gramm. et en littérat. de l’emploi trop fréquent de toute forme qui n’est parfaitement régulière, ou qui, lorsqu’elle l’est, est de nature à attirer et fatiguer l’attention du lecteur : Les hommes de goût remarquent avec douleur la tendance des orateurs et des écrivains de ce siècle à abuser ainsi des rapprochements verbaux, qui, au fond, n’ont pas le sens commun. (B. Jullien.)

Abuser d’une expression, La détourner de sa véritable signification : Vous abusez malheureusement de quelques paroles qui sont dans leurs lettres. (Pasc.) On pourrait abuser des divers sens qui se rencontrent dans les termes. (Pasc.) || Abuser de quelqu’un, User sans discrétion de sa bonne volonté, de sa complaisance ; le traiter avec trop de sans-façon, trop de sans-gêne : Adieu, ma très-chère, embrassez toujours la belle Pauline pour l’amour de moi : voyez comme j’abuse de vous, de vous demander des choses si difficiles ! (Mme de Coulanges.) Ma fille, j’abuse de vous, voyez quels fagots je vous conte ! (Mme de Sév.) Ne craignez pas d’abuser de moi ; je n’agis que par amitié, par devoir. (G. Sand.)

— Par ext. Faire abus de la crédulité, de la simplicité de quelqu’un, tromper : Vous abusez d’une infinité de personnes, en leur faisant accroire que les points sur lesquels vous essayez d’exciter un si grand orage sont essentiels à la foi. (Pasc.)

Ne crains pas qu’un vain songe abuse ici de toi.
Delille.

Abuser d’une femme, La posséder, en jouir au moyen de promesses trompeuses, en abusant de sa confiance et de son laisser-aller : Il faut être bien malhonnête homme pour abuser de la femme de son ami. (Trév.) Il y eut même quelques pays où l’on faisait brûler les filles dont un juif avait abusé. (Volt.) || S’est pris quelquefois aussi dans une acception plus odieuse : Il se trouve divers historiens qui disent que Néron avait abusé plusieurs fois de Britannicus. (Perrot d’Ablancourt.) Plusieurs d’entre eux ont abusé de quelques beaux garçons. (Volt.)

— Absol. Faire un usage mauvais : La propriété consiste dans le droit d’user et d’abuser. (Acad.) Usez, n’abusez point. (Volt.)

User fait le bonheur ; abuser le détruit.
Delille.

— Activem. ou transitivem. Tromper, faire abus de la confiance, de la bonne foi, de la simplicité de quelqu’un : Abuser les esprits faibles. (Acad.)

Il va chercher ailleurs quelque fat qu’il abuse.
Boileau.
Je respecte César, mais souvent on l’abuse.
Voltaire.
Je me sens assez grand pour ne pas l’abuser.
Voltaire.

— Se dit dans le même sens, avec un nom de chose pour sujet : Si tout meurt avec nous, les doux noms d’enfant, de père, d’ami, d’époux, sont de vains titres qui nous abusent. (Mass.) Notre imagination nous abuse encore. (Boss.) Une image trompeuse ne vient-elle pas abuser mes yeux ? (Fén.)

Quittez ces vains plaisirs dont l’appât vous abuse.
Boileau.
On ne m’abuse point par des promesses vaines.
Racine.
Par de feintes raisons je m’en vais l’abuser.
Racine.

— Par ext. Séduire, déshonorer : Il a abusé cette fille sous prétexte de mariage. (Acad.) Vous l’avez abusée, et sans vous elle aurait encore son innocence. (Marmontel.)

S’abuser, v. pr. Se tromper, se faire illusion, être dans l’erreur : Veut-on que tout un public s’abuse sur ces sortes de choses ? (Mol.) J’avais promis ; mais tu t’abuses, si tu comptes sur nos discours. (Gresset.) Vous vous abusez complétement. (Alex. Dum.) Je me pris à rire en voyant combien l’on s’abuse sur les grâces de sa jeunesse quand on avance en âge. (G. Sand.)

L’emportement d’un cœur qui peut s’être abusé
A de quoi ramener une âme qui l’offense.
Molière.

S’abuser à, jusqu’à, Se tromper au point de : Il n’est pas possible de s’abuser à prendre un homme pour un ressuscité. (Pasc.) Nul ne s’abuse jusqu’à croire qu’il méritera le bonheur des saints. (Mass.) || Se laisser abuser, Se laisser tromper, égarer, séduire : Avec la plus profonde connaissance des hommes, il se laisse abuser quelquefois, et n’en revient pas. (J.-J. Rouss.) Cessez de vous laisser abuser par des chimères dont votre excellent cœur n’est pas même la dupe. (Alex. Dum.) || Dans ce sens, peut être suivi de la prép. à : Par conséquent, chrétiens, ne nous laissons point abuser à ces belles conversions des mourants. (Boss.)

Aucun des assistants ne s’y laisse abuser.
La Fontaine.

Syn. Abuser, mésuser. On mésuse de la chose qu’on emploie mal : Il a mésusé de vos bienfaits. (Acad.) On abuse de la chose qu’on emploie à faire du mal : Les jeunes gens se détruisent dans la vigueur de l’âge en abusant de leurs propres forces. (B. de St-P.)

Syn. Abuser, amuser, attraper, décevoir, donner le change, duper, embabouiner, en imposer, enjôler, leurrer, surprendre, tromper. Tromper est le terme générique dont on se sert pour signifier Induire en erreur : On trompe difficilement une nation libre sur ses vrais intérêts. (Volt.) Abuser, c’est tromper en tirant avantage de la faiblesse ou de la crédulité d’autrui : Épicure a blâmé les superstitions dont on abuse le peuple. (Fén.) Décevoir, c’est tromper par quelque chose de spécieux et d’engageant : Ces propositions ne tendent qu’à vous décevoir. (Acad.) En imposer, c’est tromper avec effronterie : Vous n’êtes pas la même qu’auparavant ; vous mentez sans rien me dire, par l’air avec lequel vous croyez m’en imposer. (J.-J. Rouss.) Leurrer, c’est tromper pour faire tomber dans un piège : C’était l’appât ordinaire dont les tribuns les plus séditieux leurraient le peuple. (Roll.) Surprendre, c’est tromper tout à coup celui qui ne s’y attend pas : Lorsque le vice veut surprendre l’admiration, il agit comme la vertu. (Vauven.) Amuser, c’est tromper en faisant perdre le temps : Malgré les menaces du pape, Charles le Chauve s’empara de la Lorraine, et renvoya les légats, après les avoir amusés de belles promesses. (Mass.) Donner le change, c’est tromper en faisant prendre une chose pour une autre : La perfidie est un mensonge de toute la personne, c’est dans une femme l’art de placer un mot ou une action qui donne le change. (La Bruy.) Attraper, c’est tromper par un moyen piquant et risible plutôt que nuisible et préjudiciable : Le charlatan n’attrape que l’ignorance ou la sottise. (Montesq.) Duper, c’est tromper en causant une perte ou un dommage : Quel est le plus blâmable d’un bourgeois sans esprit et vain qui fait sottement le gentilhomme, ou du gentilhomme fripon qui le dupe ? (Mol.) Enjôler, c’est tromper une femme en cherchant à la séduire par des cajoleries, par des douceurs : Félicia me dit que si les femmes savaient l’art d’entêter les hommes, en récompense les hommes n’ignoraient pas celui d’enjôler les femmes. (Le Sage.) Embabouiner, c’est tromper quelqu’un qui a la niaiserie et la crédulité d’un enfant : Mes envieux, La Feuillade et La Rochefoucauld, embabouinèrent ce pauvre duc de Sully. (St-Sim.)

Prov. hist. Jusques à quand… abuseras-tu de notre patience ? Allusion à l’apostrophe célèbre de Cicéron à Catilina. V. quousque tandem

ABUSEUR s. m. (a-bu-zeur — rad. abuser). Fam. Celui qui abuse, qui fait abus de certaines choses : Croyez-vous que, moi, l’abuseur de tout par excellence, j’aie eu ce trésor de vie entre les mains sans en abuser ? (Alex. Dum.)

— Celui qui trompe, qui séduit : C’est un grand abuseur. (Acad.) Ce mot, que les dictionnaires en général disent vieilli et familier, a été admis dans le style soutenu jusqu’au temps de Bossuet et de Corneille : Les hérésiarques ont été les abuseurs des peuples. (Richelet.) D’un petit nombre d’abuseurs sont sorties plusieurs sectes comme un menu fretin. (Calvin.) Venez donc, abuseurs publics, lâches et misérables captifs de ceux que vous voulez captiver. (Boss.)

… Comme un abuseur qui séduit ce qu’il loue.
Corneille.


|| Séducteur : Il y a des jeunes gens qui font vanité d’être abuseurs de filles. (Furetière.)

ABUSIF, IVE adj. (a-bu-zif, i-ve — lat. abusivus, même sens). Trompeur : Un être bon en soi ne peut être abusif. (Boiste.) Tout ce que les hommes apprennent de Dieu par les images est frivole et même abusif. (Calvin.) La méthode que tu donnes à ces apprentis est abusive, les met en erreur, les abuse. (Monet.) || Excessif, qui est contraire à la raison, à l’ordre, à la règle ; à la loi : Un droit abusif. Une prérogative abusive. C’est un grand exemple du pouvoir abusif que les moines avaient alors en France. (Volt.) Les plus abusives des lois sont celles qui donnent prise sur les biens. (Marmontel.) Les possesseurs de priviléges étaient les premiers à s’excuser des avantages abusifs dont ils jouissaient. (Mme de Staël.)

Déclarons abusif et sujet à rupture
Tout hymen fait, à faire, où l’un des contractants
Subit ou subira la moindre violence.
La Chaussée.

— Gramm. Où il y a impropriété, extension vicieuse de signification, altération du véritable sens : Ce mot est tellement devenu abusif qu’on ne sait plus ce qu’il signifie. (La Harpe.)

ABUSIVEMENT adv. (a-bu-zi-ve-man — rad. abusif). D’une manière abusive ; avec abus d’autorité ; par mauvaise application des lois : Cet homme a été abusivement emprisonné. (Acad.) Tous les juges, d’une voix unanime, déclarèrent la famille innocente, tortionnairement et abusivement jugée par le parlement de Toulouse. (Volt.)

— Gramm. Improprement, dans un sens abusif : Le mot de comédie est pris abusivement pour toutes les espèces du genre dramatique. (La Font.) Le mot particule est un terme vague, assez abusivement employé dans les grammaires. (Duclos.)

ABUSSEAU s. m. (a-bu-sau — diminut. et corrupt. d’abbé). Ichthyol. Nom vulgaire d’une espèce particulière d’athérine, commune sur les côtes de La Rochelle et dans les îles du golfe de Gascogne. Ce mot rappelle la dénomination de prestres, sous laquelle on désigne les athérines et autres petits poissons à raies argentées sur les flancs, que les pêcheurs ont comparées à l’étole d’un prêtre : L’abusseau de La Rochelle est estimé. À Lorient, on le compare à l’éperlan pour le goût. (D’Orbigny.)

ABUSUS NON TOLLIT USUM (a-bu-zuss-nonn-tol-litt-u-zomm), mots latins que l’on cite proverbialement, et qui signifient ; l’abus n’empêche pas l’usage ; c’est-à-dire que si quelques-uns abusent d’une chose bonne en soi et s’en trouvent mal, ce n’est pas une raison pour que d’autres s’abstiennent de cette chose. Cela peut se dire, au physique, des liqueurs, du vin, etc., et, au moral, de la bonté, de la liberté, etc. :

« L’abbé Bautain nous conseille d’écrire notre journal ; mais ne craint-il pas qu’au lieu de ne parler que de soi on ne s’amuse bientôt à ne parler que des autres ? Ne craint-il pas que cet innocent journal ne devienne la soupape par où s’échappera la malice intérieure ? tant il est vrai qu’on abuse de tout, même des meilleures choses. Mais, selon le proverbe abusus non tollit usum, adoptons le projet du journal intime, sous la condition d’avoir de la candeur et de ne pas y écrire les mémoires de nos amis. » H. Rigault.

ABUTA, ou ABUTUA, ou même BUTUA s. m. (a-bu-ta — nom usité en Cochinchine). Bot. On appelle ainsi plusieurs arbustes de la famille des ménispermées, qui croissent en Cochinchine, à Cuba, à Haïti, à la Guyane, etc. Leur suc est astringent. Leur amande fournit de la fécule et de l’huile. Les créoles emploient les jeunes rameaux contre les fièvres, les obstructions de foie et autres maladies.

ABUTER v. a. ou tr. (a-bu-té — rad. but). Tendre à un but, viser à une chose : Abuter une place, un emploi. Vieux mot.

— Mar. Placer contre un arrêt une pièce de bois qu’on veut travailler, pour qu’elle ne puisse pas reculer ou se dérober à l’effort de l’outil. || Se dit de deux pièces de bois qui se touchent, qui se servent d’appui par leurs extrémités.

— Arqueb. Diriger une arme à tir vers le but.

— Intrans. Terme de jeu. Jeter des quilles, des palets ou tout autre objet vers un but, pour savoir qui jouera le premier.

S’abuter, v. pr. S’est employé figurém. dans le sens de S’arrêter, se fixer à un objet qui sert comme de but : Il semble que l’âme ébranlée et ennuyée se perde en soi-même, si on ne lui donne prise : il faut toujours lui fournir un objet où elle s’abute et agisse. (Montaig.)

ABUTILOÏDE s. f. (a-bu-ti-lo-ide — rad. abutilon, et du gr. eidos. forme). Bot. Genre de plantes exotiques, de la famille des malvacées. V. Abutilon.

ABUTILON s. m. (a-bu-ti-lon). Bot. Genre de plantes de la famille des malvacées, tribu des sidas : La plupart des abutilons croissent dans la zone équatoriale. (D’Orbigny.)

Encycl. Ce genre renferme un grand nombre d’espèces, disséminées dans les régions chaudes et tempérées des deux continents. On le partage en plusieurs sous-genres ou sections, les abutilons proprement dits, les sidas, les napées, etc. Les tiges de toutes les espèces renferment, surtout dans l’écorce, des fibres textiles, qui peuvent être employées à des usages économiques. La médecine emploie leurs feuilles comme humectantes et émollientes ; leurs graines, comme apéritives et diurétiques. La plupart constituent d’assez jolies plantes d’ornement.

L’abutilon commun croît dans les marais du midi de l’Europe. Toutes ses parties sont mucilagineuses. La filasse qu’on retire de sa tige est inférieure à celle du chanvre, mais on en fait des cordes qui sont assez recherchées, à cause de leur prix peu élevé. Il n’en est pas de même de celle que fournissent l’abutilon à feuilles de tilleul, cultivé en Chine, et la napée : la première est préférée au chanvre, par les Chinois, pour la fabrication des cordages ; et on fait, avec la seconde, des tissus d’une grande finesse.

Ce n’est pas le seul avantage que présente cette dernière plante ; cultivée quelquefois dans nos jardins. La racine est mucilagineuse, et employée en médecine comme émolliente. Dans plusieurs pays, on mange ses feuilles cuites, en guise d’épinards ; comme on fait, dans l’Inde, de celles de l’abutilon à feuilles rhomboïdes, et au Brésil, des fleurs de l’abutilon comestible.

Aux Canaries, on emploie, en guise de thé, les feuilles d’une espèce qui porte le nom de ces îles. D’autres abutilons sont estimés, dans l’Inde, comme fébrifuges.

ABYDÉNIEN, ENNE s. (a-bi-dé-ni-ain, è-ne). Géogr. Habitant d’Abydos : Les Abydéniens.

— Adjectiv. D’Abydos ; qui appartient, qui est propre à cette ville ou à ses habitants : Un jour de fête, les soldats étrangers, maîtres de la ville et préposés à la garde des portes, s’enivrèrent dans une orgie avec des courtisanes abydéniennes et s’endormirent au son des flûtes. (Dufour.)

ABYDOS (a-bi-dôss), anc. ville de l’Asie Mineure, située sur la partie la plus resserrée de l’Hellespont, rivage opposé à Sestos ; célèbre par les amours et la mort de Héro et de Léandre. C’est là que Xerxès passa le détroit sur un pont de bateaux. Les habitants d’Abydos avaient la réputation d’être mous et efféminés, ce qui avait donné lieu chez les anciens à ce proverbe : N’abordez pas sans précaution à Abydos.

ABYDOS, anc. ville considérable de la haute Égypte, sur la rive gauche du Nil, au sud de Ptolémaïs, aujourd. Madfouneh (la ville enterrée). Elle était, après Thèbes, la première ville de l’Égypte ; mais déjà, du temps de Strabon, ce n’était plus qu’une bourgade. De nos jours, elle ne présente qu’un amas de ruines. C’est là que fut trouvée, gravée sur le mur d’un petit temple, une inscription hiéroglyphique bien connue des savants sous le nom de Table d’Abydos. Elle contient en vingt-six bandes verticales une table généalogique des rois antérieurs à Sésostris, prince à qui ce temple était dédié. Cette table fameuse, découverte par Bankes en 1817, fut détachée du mur par Mimaut, consul de France à Alexandrie, et acquise ensuite par le Bristish-Museum. En mars 1845, le Journal des Savants en a donné une copie très-exacte.

ABYLA, montagne d’Afrique, formait avec le mont Calpé, situé en Europe, les colonnes d’Hercule. — Ville d’Afrique, auj. Ceuta.

ABYSSIN, INE adj. (a-biss-sain). Géogr. Qui appartient, qui a rapport à l’Abyssinie ou à ses habitants : Syllabaire abyssin. L’éthiopien ou idiome de l’ancien empire abyssin d’Axum n’est plus qu’une langue morte. (Encycl.) En outre, sur le littoral abyssin, dans les cantons méridionaux et chez les Gallas, on parle d’autres idiomes peu connus. (Béraud.) Les moines abyssins n’ont pas la faculté de mendier. (Bouillet.)

— Substantiv. Habitant de l’Abyssinie : Les Abyssins, moitié juifs, moitié chrétiens, reconnaissent pour leur patriarche l’archevêque qui réside dans les ruines d’Alexandrie. (Volt.) Les Abyssins appartiennent à la race éthiopienne. (Béraud.) || On dit aussi Abyssinien. V. ce mot.