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ABOYER v. n. ou int. (a-boi-ié — rad. baier, mot de l’ancien français ; dans plusieurs de nos patois on dit encore abayer. Du lat. baubari, aboyer. Ce mot doit être considéré comme une onomatopée. — Change l’y du rad. en i devant un e muet : Il aboie, il aboiera ; prend un y et un i de suite aux deux prem. pers. pl. de l’imp. de l’ind. et du prés. du subj. : Nous aboyions, vous aboyiez ; que vous aboyiez). Crier, en parlant du chien et de quelques autres animaux du même genre : Ouais ! il me semble que j’entends un chien qui aboie. (Mol.) Il faut attendre, pour faire le compliment d’entrée, que les petits chiens aient aboyé. (La Bruy.) Le renard glapit, aboie, et pousse un son triste. (Buff.) Les loups hurlent et n’aboient point. (Buff,) À ce moment les chiens de garde aboyèrent avec force. (E. Sue.) || Poursuivre, menacer par des cris, des aboiements. Se construit alors avec les prépositions à, après, contre : Ce chien aboyait contre tous ceux qui l’approchaient. (Buff.) Le chien du garde aboie au voleur, après le voleur, contre le voleur. (Littré.)

— S’empl. activ. dans le même sens : Moi, je ne tue point un chien qui m’aboie. (Dider.) La plupart des chiens se contentent d’aboyer le hérisson, et ne se soucient pas de le suivre. (Buff.)

— Véner. On dit que les chiens crient quand ils chassent. Ils n’aboient que lorsque la bête est forcée.

— Par anal. Se dit de certains bruits importuns : Les roues, les scies, les chaudières, les machines grincent, râlent, reniflent, aboient, glapissent, déchirent le bronze, tordent le fer, mâchent le granit. (V. Hugo.) || On l’a dit aussi des instruments de musique : L’organiste déchaînait sa meute de gros tuyaux qui aboyaient en cadence. (Le Siècle.) || On l’a appliqué également aux crieurs qui appellent les gens pour les engager à entrer aux spectacles forains : Entrez, entrez, messieurs et mesdames, prenez vos places, aboyaient le pitre et le paillasse.

— Fig. Clabauder, crier contre quelqu’un ; l’attaquer de paroles ; le presser avec importunité, avec acharnement : Tous les critiques aboient après cet auteur. (Acad.) Dès le soir, le fidèle Achate se mit à aboyer contre Brancas sur le jansénisme. (Mme de Sév.) Mais l’argent nous presse, et nous avons de tous côtés des gens qui aboient après nous. (Mol.) Un milicien de Paris se hasarda à passer derrière les gardes du corps ; là voyant la grille fermée, il aboyait après le factionnaire placé au dedans et le menaçait de sa baïonnette. (Michelet.) || Dans ce sens, il s’emploie souvent transitiv. : C’est un médisant qui aboie tout le monde. (D’Ablanc.) Pourquoi m’aboies-tu ? Parce que je vois un voleur. (D’Ablanc.) J’ai laissé dix mois entiers les gazetiers me conspuer, m’aboyer, sans seulement y faire attention. (P.-L. Cour.)

— Absol. :

… Tout fat me déplaît et me blesse les yeux ;
Je le poursuis partout, comme un chien fait sa proie,
et ne le sens jamais qu’aussitôt je n’aboie.
Boileau.

— Fig. Aboyer après une chose, La désirer, y aspirer, la poursuivre ardemment : Aboyer après une succession, après un emploi. Ils sont trois ou quatre qui aboient après cette charge. (Acad.)

— Fig. et activ. Aboyer des injures, Vomir des injures : Eh bien ! qu’avez-vous vu dans cette fameuse maçonnerie contre laquelle il aboya tant d’injures ? (Proudhon.) || Aboyer une chose, La crier sur les toits : Du temps de Guy-Patin, il existait des praticiens en vogue offrant au public des remèdes faciles et trompeurs ; le vieux médecin appelait cela lécher les malades et aboyer la science.

— Prov. Aboyer à la lune, Clabauder, vociférer sans résultat, comparaison et métaphore prises des chiens qui, d’après une opinion populaire, aboient contre la lune. Cette opinion et le proverbe auquel elle a donné naissance existaient déjà chez les Romains : Quo plus lucet luna, magis latrat molossus (Plus la lune brille, plus le mâtin aboie) : Malheureusement pour lui il ne sut par où me prendre. Il eut recours à de misérables généralités, et à aboyer à la lune. (St-Simon.) Le natif de Saint-Malo ne partit point pour la lune, comme il le croyait ; il se contenta d’y aboyer. (Volt.)

Connais-tu ce fâcheux qui, contre la fortune,
Aboie impudemment comme un chien à la lune.

— On dit aussi dans le même sens, Aboyer la lune, aboyer contre la lune, aboyer après la lune : Ne sachant plus, dans la rage qui me tenait toujours, après qui ni quoi aboyer, je me mis à aboyer après la lune. (Piron.) || On a dit, dans le même sens, Aboyer aux nues : Le cœur me disait que je n’aboyais pas aux nues. (Larivey.)

— Fam. Aboyer au scandale, Crier au scandale, s’époumoner pour dénoncer un scandale imaginaire :

…Je veux combattre un préjugé reçu,
Dût l’Anitus du jour aboyer au scandale.
Arnault.

— Prov. Tous les chiens qui aboient ne mordent pas, Les personnes qui crient et font de grandes menaces ne sont pas toujours les plus à craindre. || Jamais bon chien n’aboie à faux, Un homme sage ne fait jamais de vaines menaces ; un habile homme ne manque jamais son coup.

S’aboyer, v. pr. Se dit des chiens qui aboient l’un après l’autre : Deux chiens qui s’aboient, qui s’affrontent. (La Bruy.)

Syn. Aboyer, japper. Aboyer se dit du cri des gros chiens ; japper, de celui des petits.

ABOYEUR, EUSE adj, et s. (a-boi-ieur ; eu-ze — rad. aboyer). Qui aboie : Ce chien est bien aboyeur, c’est un grand aboyeur, un aboyeur continuel. || Qui a un cri analogue à celui du chien : Il faut que le cri de cet oiseau ressemble à un aboiement, puisqu’il a pris chez les Anglais le nom d’aboyeur. (Buff.) La barge aboyeuse habite les marécages des côtes maritimes de l’Europe, tant de l’Océan que de la Méditerranée. (Buff.)

— Véner. Sorte de chiens qui aboient devant les bêtes sauvages sans en approcher, et qui donnent ainsi l’éveil aux chasseurs.

— Fam. et par anal. Crieur qui se tient à la porte des théâtres pour appeler les voitures : Ce n’était que bruit et tumulte sous le vestibule illuminé, où retentissait par intervalles la voix enrouée de l’aboyeur. (Rog. De Beauv.)

— Se disait aussi des vendeurs de billets qui, à la porte des petits théâtres, annonçaient à haute voix aux passants l’heure et la composition du spectacle : Le théâtre de Lazary est, avec le théâtre des ombres chinoises de M. Séraphin, le dernier théâtre de Paris qui ait conservé un aboyeur. (T. de Banville.) || Se dit encore des charlatans, des saltimbanques, des mauvais chanteurs, etc. : L’ aboyeur ne vous admettait jamais seul, ni jamais plus de deux. (Balz.) Les chanteurs et chanteuses ambulants, racleurs de harpe ou de violon, aboyeurs de romances stridentes en idiomes impossibles, sont disséminés chaque soir dans les cafés-concerts. (Edm. Robert.) || Celui ou celle qui vend dans les rues des complaintes, des nouvelles, etc. || Celui qui, dans une prison, est chargé d’appeler les prisonniers demandés au parloir.

— Fig. Celui qui poursuit ardemment une chose : Un aboyeur d’emplois, de bénéfices, de successions.

— Fam. Celui, celle qui crie contre quelqu’un, qui le poursuit avec importunité ou en l’accablant d’injures : Ce critique n’est qu’un aboyeur. (Acad.) Ce créancier est un dangereux aboyeur. Il a bien des aboyeurs à ses côtés. (Noël.)

— Fig. Se dit des orateurs de tribune, de clubs, etc. : Les aboyeurs, dans toutes les révolutions, sont des esprits exaltés, des gueules fortes que les chefs de parti mettent en avant, pour exciter le peuple à l’insurrection, à la révolte. (Fourier.) Le général Mina a fait voir, avec une poignée de miquelets, ce qu’aurait pu l’Espagne si elle eût été gouvernée par des hommes et non par des aboyeurs. (Fourier.)

Gager des aboyeurs, Des partisans qui prônent celui qui les paye.

— Pathol. Délire des aboyeurs, Névrose caractérisée par des cris perçants, convulsifs, etc. : Beaucoup étaient frappés d’épilepsie et aboyaient comme des chiens. La seule petite ville d’Acq comptait jusqu’à quarante de ces malheureux aboyeurs. (Michelet.)

Encycl. Méd. Le délire des aboyeurs a quelquefois régné d’une manière épidémique ; on l’observait alors surtout chez les femmes qui s’appelaient aboyeuses. À l’époque où l’on croyait à la sorcellerie, on l’attribuait à la possession du démon, et les exorcismes étaient le traitement auquel on avait recours. Aujourd’hui le délire des aboyeurs est considéré comme une des formes de la chorée : c’est la chorée des muscles expirateurs et laryngiens.

ABRA s. m. (a-bra). Monnaie d’argent de l’ancien royaume de Pologne, valant environ 0 fr. 17 c.

ABRABANEL, rabbin juif, né à Lisbonne en 1437, m. en 1508. Ministre d’Alphonse V de Portugal, puis de Ferdinand le Catholique, il se retira en Italie lorsque les Juifs furent expulsés de la Péninsule. Ses commentaires sur l’Ancien Testament ont été estimés.

ABRACADABRA s. m. (a-bra-ka-da-bra paraît venir d’abraxas). Mot barbare et magique auquel l’antiquité superstitieuse attribuait la propriété, de guérir certaines maladies ; amulette où ce mot était écrit : Que vous m’avez obligé de m’apprendre cette propriété occulte d’abracadabra ! (Costar.)

De vos mains grossières,
Parmi des poussières,
Écrivez, sorcières,
Abracadabra !        V. Hugo.

— On a appliqué, par extension, le mot abracadabra à diverses croyances superstitieuses : Nous rions aujourd’hui de la simplicité de nos pères, de cette momerie du moyen âge, et cependant, que d’abracadabras ne débite-t-on pas tous les jours, auxquels, dans leur simplicité, les bonnes femmes attribuent une vertu vraiment abracadabrante ! (***)

— Mot de ralliement de plusieurs sociétés secrètes.

Encycl. Le mot magique abracadabra servait à guérir la fièvre quarte et l’hémitritée (demi-tierce). D’après Serenus Sammonicus, médecin du IIe siècle, les lettres de ce mot, pour avoir cette vertu, devaient être écrites de manière à former un triangle où il fût possible de le lire dans tous les sens :

A B R A C A D A B R A
B R A C A D A B R
R A C A D A B
A C A D A
C A D
A

Ou bien :

A B R A C A D A B R A
A B R A C A D A B R
B R A C A D A B
R A C A D A
A C A D
C A
A

Une fois écrit de l’une de ces façons sur un morceau de papier carré, il fallait plier celui-ci de manière à cacher l’écriture et le piquer en croix avec un fil blanc. Puis le malade suspendait cette amulette à son cou et la portait pendant neuf jours. Au bout de ce temps, il devait aller, en silence, de grand matin, sur le bord d’une rivière qui coulait vers l’orient, détacher de son cou le morceau de papier et le jeter derrière soi sans l’ouvrir.

ABRACADABRANT, ANTE adj, (a-bra-ka-da-bran, an-te — rad. abracadabra). Néol. Mot burlesque qu’on emploie pour désigner quelque chose d’extraordinaire, de merveilleux, de stupéfiant, en un mot quelque chose d’aussi mirifique que l’abracadabra : Coquecigruetel est le titre d’une gentille pièce… c’est une spirituelle paysannerie qui ne demandait pas un titre si pantagruélique et si abracadabrant. (Th. Gautier.) Tout a été dit sur cette danse moderne et abracadabrante. (F. Mornand.) Nous avons donné ces jours derniers de curieux extraits de style abracadabrant. (Journ.)

— S’empl. substantiv. dans le même sens : Je ne crois pas que l’art de la disparate, de l’incompatibilité, du coquecigrue et de l’abracadabrant ait jamais été poussé si loin. (L. Desnoyers.)

ABRACADABRESQUE adj. (a-bra-ka-da-brèss-ke — rad. abracadabra). Néol. Synonyme d’abracadabrant, mais il est moins usité : Une foule d’ombres abracadabresques et chinoises. (Th. Gautier.)

ABRACALAN s. m. (a-bra-ka-lan). Terme cabalistique auquel les Juifs attribuaient la même vertu qu’à l’abracadabra.

ABRACHIE s. f. (a-bra-ki — du gr. a priv. ; brachion, bras). Anat. État d’un fœtus qui manque de bras.

ABRACHIOCÉPHALIE s. f. (a-bra-ki-o-sé fa-li — du gr. a priv. ; brachion, bras ; képhalè, tête). Tératol. Monstruosité embryonnaire ou fœtale caractérisée par l’absence de la tête et d’une partie du cou, ainsi que le manque de bras.

ABRAHAM, patriarche hébreu, père de la nation juive, né à Ur en Chaldée vers l’an 2000 ans av. J.-C, descendait de Sem, fils aîné de Noé, à la 8e génération. Il sut se préserver de l’idolâtrie qui régnait dans la maison de son père Tharé, où il passa ses premières années. Obéissant aux ordres de Dieu, il alla d’abord s’établir en Mésopotamie, puis vint se fixer dans le pays de Chanaan, que Dieu lui avait promis, et où il lui annonça qu’il serait le père d’un grand peuple. La famine l’ayant obligé de passer en Égypte, il se rendit ensuite à Béthel et se retira dans la vallée de Mambré, pendant que Loth, son neveu, allait se fixer à Sodome. Dieu apparut alors à Abraham, lui promit qu’il aurait un fils de sa femme Sara, alors âgée de près de 90 ans, et lui ordonna de se circoncire, ainsi que toute sa postérité, en signe de l’alliance qu’il contractait avec lui. Lorsque son fils Isaac eut 25 ans, Dieu lui en demanda le sacrifice : il voulait éprouver ainsi la foi du patriarche, qui allait obéir, lorsqu’un ange arrêta son bras. (V. Sacrifice d’Abraham.) Avant la naissance de ce fils, Abraham avait eu d’Agar, sa servante, Ismaël, qui fut le père des Ismaélites ; après la mort de Sara, il épousa Céthura, en eut six fils, mourut à l’âge de 175 ans, et fut enterré à Hébron. Abraham est une des plus grandes figures de l’Ancien Testament ; il est le point de départ de l’histoire du peuple d’Israël, et c’est avec lui que commence l’alliance conclue entre Dieu et cette nation privilégiée. Son nom est resté célèbre dans tout l’Orient : les Juifs l’appellent le premier des fidèles, le docteur de la sagesse et l’ami de Dieu ; les Arabes ne l’ont pas en moins grande vénération, et quelques-uns de leurs écrivains vont jusqu’à prétendre que c’est lui qui a construit la Kaaba, à la Mecque.

ABRAHAM DE SAINTE-CLAIRE, célèbre prédicateur allemand et moine augustin dont le vrai nom était Ulrich Megerle, né en Souabe en 1642, m. en 1709, prêcha pendant plusieurs années à la cour de Vienne. Doué d’un esprit original et observateur, il composa des sermons dont la singularité va quelquefois jusqu’au burlesque, mais qui dénotent une grande connaissance du cœur humain.

ABRAHAM (Saint-), nom donné à une hauteur qui domine la ville de Québec, dans l’Amérique du Nord. Elle est célèbre par la sanglante bataille qui y fut livrée en 1759, entre les Anglais et les Français. L’acharnement fut égal des deux côtés ; mais la victoire resta aux Anglais, qui occupèrent Québec quelques jours après. Les deux armées perdirent leur général en chef. Le général Wolff, percé d’une balle en pleine poitrine, eut les honneurs de Westminster. Le brave marquis de Montcalm, qui ne le cédait pas en courage au héros anglais, eut une sépulture moins royale, mais plus glorieuse et surtout plus militaire : un trou, creusé par une bombe dans une église de Québec, fut son tombeau.

ABRAHAMIDE adj. (a-bra-a-mi-de — rad. Abraham). D’Abraham, qui appartient, qui a rapport à Abraham.

ABRAHAMIEN ou ABRAHAMITE s. m. (abra-a-mi-ain — rad. Abraham). Hist. relig. Nom de sectaires du ixe siècle, dont les doctrines sont à peu près celles des paulianistes. || On a donné le même nom à des paysans de Bohême, qui, comme Abraham avant la circoncision, n’admettaient d’autre dogme que l’unité de Dieu ; leur seule prière était l’Oraison dominicale.

ABRAHAMIQUE adj. (a-bra-a-mi-ke — rad. Abraham). Néol. D’Abraham, qui appartient, qui a rapport à Abraham : Il avait une barbe abrahamique. (Méry.)

ABRAHAMITE. V. Abrahamien.

ABRANCHES s. f. pl. (a-bran-che — du gr. a priv. ; branchia, branchies), Entom. Ordre d’annélides renfermant des espèces sans branchies apparentes, qui semblent respirer par la surface du corps, telles que les sangsues.

ABRANIDE s. f. (a-bra-ni-de). Antiq. Sorte de vêtement de couleur jaune que portaient les femmes grecques.

ABRANTÈS (duc d’). V. Junot.

ABRANTÈS (St-Martin Permon, duchesse d’), épouse de Junot, duc d’Abrantès, née à Montpellier en 1785, m. en 1838. Elle était issue d’une famille qui prétendait descendre des Comnène. La mort de son époux, la chute de l’empire, peut-être aussi ses prodigalités, la firent tomber du rang le plus élevé dans un état voisin de la misère. Ce fut alors qu’elle chercha des ressources dans la littérature. Ses Mémoires sur la Révolution, l’Empire et la Restauration, où se trouvent de curieuses anecdotes et des portraits piquants eurent un succès en partie mérité ; mais les nombreux romans sortis de sa plume, malgré la vogue qu’obtinrent quelques-uns, sont tombés dans un oubli mérité. La duchesse d’Abrantès mourut dans le plus triste dénûment.

ABRANTÈS, ville de Portugal, à 110 k. de Lisbonne, sur le Tage ; 5,000 hab. Elle fut prise en 1808 par le général Junot, qui reçut de là le titre de duc d’Abrantès.

ABRAQUÉ, ÉE (a-bra-ké) part. pass. du v. Abraquer. Roidir : Les cordages bien abraqués donnaient au brick ce vernis de fashion nautique, privilége exclusif d’ordinaire des bâtiments de l’État. (P. Féval.)

— Fig. Fini, achevé : C’est autant d’abraqué, c’est autant de fait.

ABRAQUER ou EMBRAQUER v. a. ou tr. (a-bra-ké — du gr. brachuno, je rends court). Mar. Tirer, tendre, en parlant d’un cordage.

S’abraquer, v. pr. Être abraqué.

ABRAS s. m. (a-bra — rad. bras). Techn. Garniture de fer qui entoure le manche d’un marteau de forge.

ABRASION s. f. (ab-ra-zi-on — du lat. abradere, abrasum, racler). Méd. Ulcération superficielle des parties membraneuses avec déperdition de substance par petits fragments. Ce mot s’applique particulièrement à la muqueuse intestinale lorsqu’elle est ulcérée et qu’il s’en détache de petites parties expulsées avec les excréments et appelées vulgairement raclures de boyaux.

— Action de gratter certaines parties, ou de les enlever par lamelles : Abrasion des os cariés. Abrasion du tartre des dents. Abrasion de la cornée. L’abrasion du prépuce.

A BRAS-LE-CORPS loc. adv. (a-bra-le-kor). Par le milieu du corps, en passant les bras autour du corps : Prendre, saisir, porter quelqu’un à bras-le-corps. Messire Guillaume Martel s’approcha par derrière, et prit le roi à bras-le-corps. (Barante.) || On dit abusivement À brasse corps.

ABRAXAS s. m, (a-bra-ksass). Antiq. Pierres gravées qui contenaient les symboles du culte de certaines sectes gnostiques et qui sont ainsi nommées du mot abraxas, qu’on lit sur la plupart d’entre elles ; Spon décrit une espèce d’abraxas au revers duquel on voit les sept voyelles combinées de sept façons différentes. (Barthél.) Sur plusieurs abraxas se trouvent des figures égyptiennes. (Barthél.) || Il est infiniment probable que les abraxas ont servi d’amulettes ou de talismans comme les cylindres persépolitains. (A. Maury.)

— S’empl. adjectiv. : Parmi ces compositions, on distingue les pierres abraxas, à Alexandrie, monument de la religion panthéiste d’Iao.

Encycl. Les pierres d’abraxas se nomment aussi pierres basilidiennes, parce que la secte gnostique des basilidiens paraît surtout en avoir fait usage. On a donné du mot abraxas plusieurs explications ; on le fait venir du persan, de l’hébreu, du grec, du cophte. Des auteurs n’y ont vu qu’une réunion de lettres numériques donnant le nombre 365, nombre sacré