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écrites l’une en arabe, l’autre en syriaque, et renfermant des détails peu connus sur les guerres des Mogols et des Tartares. La Chronique arabe a été traduite en allemand par Bauer, Leyde, 1783-85.

ABOULFAZL, grand vizir et historiographe du grand mogol Akbar, mort assassiné en 1608 par des émissaires de Sétim, fils d’Akbar, jaloux de la faveur dont il jouissait auprès de son père. Il est auteur d’une histoire intitulée Akbar-Nameh (livre d’Akbar), qui renferme l’histoire de ce prince, un tableau général de la maison des empereurs indiens, des ressources du pays et des événements qui s’y sont passés, ainsi qu’un exposé de la religion, de la littérature et des sciences des Hindous. La partie statistique et scientifique de cet ouvrage a été traduite par F. Gladwin, sous le titre de The Ayeen Akberi.

ABOULFÉDA, historien et géographe arabe, né à Damas en 1273, de la race illustre des Ayoubites, mort en 1331. Dès l’âge de douze ans, il prit part aux guerres qui eurent pour résultat la ruine des colonies chrétiennes fondées par les croisés, et fut investi en 1310, par le sultan d’Égypte, de la principauté de Hamah. Son Histoire abrégée du genre humain, extrêmement importante surtout pour l’histoire de l’islamisme, et sa Vraie situation des pays, l’ont placé au premier rang des écrivains arabes.

ABOUMANA, village de la haute Égypte, dans la province de Girgeh, sur la rive droite du Nil. Le 17 février 1799, victoire remportée sur les Arabes du shérif Yambo par le général français Friant.

ABOUNA s. m. (a-bou-na — littéral. notre père). Titre que les chrétiens d’Éthiopie donnent à leur métropolitain : L’abouna ou père, chef suprême des églises abyssiniennes, est nommé par le patriarche d’Alexandrie. (Encycl.) || On dit aussi abuna : L’abuna reçoit son investiture du patriarche cophte du Caire. (Encycl.)

ABOUNDA s. m. (a-bou-nda). Linguist. Langue parlée au Congo.

ABOUQUANT (a-bou-kan) part. prés. du v. Abouquer.

ABOUQUÉ, ÉE (a-bou-ké) part. pass. du v. Abouquer : Sel abouqué.

ABOUQUEMENT s. m. (a-bou-ke-man — rad. abouquer). Salin. Addition de nouveau sel sur un meulon : L’ordonnance défend l’abouquement, si ce n’est en présence des officiers royaux. (Trév.)

ABOUQUER v. a. ou tr. (a-bou-ké). Salin. Ajouter du sel nouveau sur un monceau de vieux sel : abouquer du sel.

ABOU-RIHA s. m. (a-bou-ri-a). Espèce de tabac turc, qui, après la récolte, est passé à la fumée de laurier et de bois de cèdre.

ABOUSCHER, ville de Perse, entrepôt des marchandises de l’Inde et de la Perse. Elle est trés-fréquentée par les caravanes. 10,500 hab.

ABOUT s. m. (a-bou — de à et bout). Extrémité d’une pièce de charpente ou de menuiserie coupée à l’équerre et façonnée en talus, afin de pouvoir être ajoutée à une autre pièce : L’about des tenons. Avoir de bons, de mauvais abouts.

— Techn. La dépose des lattes et ardoises d’une couverture et la repose de ces mêmes matériaux. || Le bout par lequel une tringle ou tirant de fer se joint, se fixe à quelque chose. || Chez les paveurs, La dépose du pavé et la repose sur une forme neuve. || Charpent. Mettre en about, c’est poser une pièce de bois à embrèvement et d’onglet. || Papet. Base du cylindre qui broie les chiffons destinés à la fabrication du papier.

— Archit. nav. Bout de planche qui se joint le plus exactement possible à l’extrémité d’un bordage ou d’une autre planche trop courte. || Par ext. Petite fraction de la longueur d’une pièce de bois, mesurée à partir de l’une de ses extrémités : La pourriture de ce bordage ne se trouve que dans un about d’un à deux mètres.

— Jurispr. About spécial, Assignat particulier donné à une rente sur un héritage. || Mettre le demandeur en son about, Le mettre en possession d’un héritage sur lequel une rente lui est assignée.

ABOUT (Edmond-François-Valentin), écrivain français, né à Dieuze (Meurthe) en 1828. En 1848, il remporta le prix d’honneur de philosophie, entra à l’École normale, et fut envoyé en 1851 à l’École française d’Athènes. À son retour, il publia la Grèce contemporaine, où le peuple hellénique était traité avec beaucoup de sévérité. Le roman de Tolla, qui parut ensuite dans la Revue des Deux Mondes, souleva une polémique des plus vives, dans laquelle on reprocha à l’auteur de s’être approprié un sujet et des idées qui ne lui appartenaient pas. Une comédie en trois actes, Guillery, d’un tissu fort léger, fut représentée peu de temps après au Théâtre-Français et n’eut aucun succès. Gaétana, jouée plus tard à l’Odéon, souleva contre le jeune écrivain des haines violentes, dont l’explosion alla jusqu’au désordre. Le peu de succès de ces deux tentatives dut convaincre M. About que, s’il est un styliste de grand talent, la nature toute particulière de son esprit s’accommode peu aux exigences du théâtre actuel, où il ne faut que de l’action et une forte charpente.

Aujourd’hui le bagage littéraire de cet écrivain est déjà considérable. Outre les ouvrages cités plus haut, il a publié en feuilletons, en volumes ou dans les revues,les Mariages de Paris, — Voyage à travers l’Exposition des Beaux-Arts, — le Roi des Montagnes, — Germaine, — les Échasses de Maître Pierre, — le Salon de 1857, — l’Homme à l’Oreille cassée, une de ses plus faibles productions, Madelon, œuvre pleine d’esprit, mais où l’immoralité le dispute à l’invraisemblance, etc. Mais celui de ses ouvrages qui lui créa les plus puissants ennemis est la Question romaine, livre qu’il publia après un séjour de quelques mois dans la capitale du monde chrétien, et où il fait ressortir avec beaucoup de malice et de vivacité les vices du pouvoir temporel.

Ce qui distingue le style de M. About, c’est l’esprit, la clarté, l’art de bien dire, et surtout une connaissance profonde et un grand respect de la langue, qui sont un heureux reflet des brillantes études du lauréat de 1848. Ce sont ces qualités, sans doute, qui ont fait dire à ses partisans, et il en a beaucoup, qu’il était une doublure de Voltaire. C’est déjà très-flatteur, assurément, et nous ne contestons pas ce côté de son talent ; nous ajouterons seulement que, s’il est la doublure de Voltaire, il n’en a et n’en aura jamais l’étoffe.

Du reste, la place qu’occupe le nom de Voltaire dans les régions du génie est telle, qu’il peut y en avoir au-dessous de très-éminentes. Nous espérons donc que cette restriction ne blessera pas les susceptibilités du jeune et spirituel écrivain. S’il devait en être autrement, l’expression serait allée au delà de la pensée.

ABOUTAGE s. m. (a-bou-ta-je — rad. abouter). Mar. L’action de réunir par un nœud les bouts de deux cordages.

A BOUT DE BORD loc. adv. Mar. : Atteindre un objet à bout de bord, Y parvenir, lorsqu’on est au plus près du vent, sans être obligé de courir d’autres bordées. Être à bout de bord, Être forcé de virer de bord, pour ne pas se heurter à un danger que l’on a devant soi.

— Fig., dans le langage ordinaire, Être à la fin de ses expédients, de ses ressources : Il ne sait que devenir, il est à bout de bord. || Se trouver dans un état de maladie désespéré : Il ne vivra pas vingt-quatre heures : il est à bout de bord.

ABOUTÉ, ÉE (a-bou-té) part. pass. du v. Abouter. Mis bout à bout : Pièces de bois aboutées.

— Blas. Se dit : 1o des pièces plus ou moins allongées qui se touchent par leurs extrémités supérieures et inférieures. Famille de Rohan : de gueules, à neuf macles d’or accolées et aboutées 3 à 3 en trois fasces ; 2o de quatre hermines ou de quatre otelles dont les bouts correspondent et se joignent en croix. — Famille de Hurleston : d’argent à quatre hermines en croix aboutées en cœur ; 3o des cœurs et autres pièces qui se touchent par leur partie inférieure, pointue ou non pointue. — Famille de Savourdin d’Aiglun : d’azur à trois cœurs aboutés d’or.

ABOUTEMENT s. m. (a-bou-te-man — rad. bout). Techn. L’action d’abouter ; état de deux choses aboutées.

— Mar. Point de jonction de deux pièces de bois assemblées par leurs extrémités.

ABOUTER v. a. ou tr. (a-bou-té — rad. bout). Techn. Joindre par les bouts, mettre bout à bout. Se dit de deux pièces de bois que l’on assemble par leurs extrémités.

S’abouter, v. pr. Se joindre, se toucher par les deux bouts.

ABOUTI, IE (a-bou-ti) part. pass. du v. Aboutir. Terminé :

Mainte allée, en étoile à son centre aboutie,
Mène aux extrémités de ce vaste pourpris.
La Fontaine.

— Fig. Qui a pour résultat : De grands desseins aboutis à peu de chose. (Littré.)

— Méd. Qui a suppuré : Une tumeur aboutie. (Littré.)

— Hortic. Couvert de boutons : Nos pêchers sont bien aboutis. (Trév.)

ABOUTIR v. n. ou intr. (a-bou-tir — rad. bout). Toucher, confiner par une extrémité, par un bout, se terminer dans : Ce pré aboutit à la forêt. (Acad.) Tous les rayons d’un cercle aboutissent à son centre. (Trév.) Les nerfs, qui sont les organes du sentiment, aboutissent tous à la cervelle. (Buff.) Du portique royal partent deux rues qui aboutissent à la place publique. (Barthél.) Dans les châteaux gothiques, un souterrain creusé sous les tours aboutissait dans la campagne. (Chateaub.) Vous avez de grandes routes qui aboutissent d’une ville à une autre. (Guizot.) || Finir, se terminer : Cette pyramide aboutit en pointe. (Vaugelas.) Cet arbre aboutit en pyramide. || Ce sens a vieilli.

— Par ext. Converger, se diriger vers : Selon son dessein, tout doit aboutir à St-Pétersbourg, qui, par sa situation, serait un entrepôt du monde. (Fontenelle.) || Parvenir, arriver à : On s’aperçut que la salle n’avait pas d’issue et qu’on avait abouti à une sorte de cæcum. (Th. Gaut.) || Être en rapport, en communication avec : Ces ouvriers correspondent à des facteurs, lesquels aboutissent à un spéculateur appelé fabricant. (Balz.)

— Fig. Avoir pour objet, pour fin, pour résultat : Cela n’aboutira qu’à le perdre. (Acad.) Cette vie aboutit à grossir des trésors inutiles. (Fléch.) En matière de dépense et de profusion, rien n’est blâmable, selon le monde, que ce qui peut aboutir à déranger la fortune. (Mass.) Vous verrez où aboutit enfin le monde avec tous ses plaisirs et toute sa gloire. (Mass.) Si le principe est faux, on aboutit nécessairement à une absurdité. (Diderot.) Toutes les sciences ont des relations avec la morale, puisqu’elles aboutissent aussi toutes à l’homme. (B. de St-P.)

À quoi tous ces propos peuvent-ils aboutir ?
Desmaris.
Où veut donc aboutir un pareil entretien ?
Molière.

— Absol. Les négociations pour la composition d’un nouveau cabinet n’ont pas encore abouti. (Journ.) Cette affaire n’aboutit pas. Quand aboutiront tous vos projets ?

Faire aboutir, Donner pour fin, pour but, pour terme : Virgile fait aboutir son poëme à la louange d’Auguste et de sa famille. (Fén.) C’est au cœur que la nature fait aboutir à la fois tous les sens de notre corps et toutes les lumières de notre esprit. (B. de St-P.)

— Chir. Venir, arriver à suppuration : Faire aboutir un abcès, un clou. Cette tumeur aboutira.

— Hortic. Boutonner, pousser des boutons.

— v. a. ou tr. Archit. et plomb. Revêtir de feuilles minces de plomb un ornement d’architecture ou de sculpture.

— Hydraul. Raccorder un gros tuyau sur un petit au moyen de plomb.

S’aboutir, v. pr. Hortic. Boutonner : Les poiriers s’aboutirent très-bien l’année passée. (Trév.)

ABOUTISSANT (a-bou-ti-san) part. prés. du v. Aboutir : Certaines méduses ont plusieurs bouches aboutissant toutes à un seul estomac. (Encycl) La flamme, après avoir circulé, est enfin emportée rapidement par d’autres tuyaux d’aspiration aboutissant à une grande et haute cheminée. (Buff.)

ABOUTISSANT, ANTE adj. (a-bou-ti-san, an-te). Touchant par une extrémité, par un bout ; se dit surtout en parlant de terrains : Pièce de pré aboutissante à la forêt. (Trév.) Un arpent aboutissant à la forêt. (Acad.) Une pièce de terre aboutissante à… (Acad.)

Par une porte aboutissante aux champs
Allait, venait, sans que ceux de la ville
En sussent rien, non pas même ses gens.
La Fontaine.

— Rem. Dans les exemples de l’Académie, de Trévoux et de La Fontaine, le mot aboutissant exprime évidemment une action ; il devrait donc être invariable suivant les règles de notre syntaxe, puisqu’il exprime un des accidents du verbe d’action aboutir ; mais ce mot est un des termes techniques du langage de la jurisprudence, et à ce titre, il n’a rien appris, rien oublié, et il obéit encore aux lois grammaticales du xvie siècle qui commandaient la variabilité de tous les participes présents. Il en est de même de ayants cause, ayants droit, autres débris de la vieille langue.

ABOUTISSANTS s. m. pl. (a-bou-ti-san — rad. bout). Limites d’un héritage, d’une terre, dans le sens de la longueur, par opposition aux tenants, mot auquel le premier est joint ordinairement, et qui désigne les limites dans le sens de la largeur : Une demande en désistement d’héritage doit indiquer les tenants et aboutissants des terres en question. (Merlin.) Un plan figuré du local, avec indication des dimensions et des tenants et aboutissants. (Balz.) || Se dit également, par ext., des propriétaires eux-mêmes : Dans les contrats de vente, on ne manque jamais de mentionner les aboutissants et les tenants. (Encycl.) || Peut s’employer seul, en parlant de tout ce qui aboutit à un lieu : Les rues et les aboutissants du débarcadère étaient encombrés de monde. (Journ.)

— Fig. Se dit de tout ce qui se rattache à une chose et qui sert à la compléter : Écrire l’histoire d’une seule nation, c’est œuvre incomplète, sans tenants et sans aboutissants. (V. Hugo.) || Les détails d’une affaire, les relations d’une personne, son entourage : M. de Lamoignon vous en pourra dire mieux que moi tous les tenants et aboutissants. (De Coulanges.) Ce sont des émissaires admirables ; ces gens-là savent tous les tenants et aboutissants des familles, et nous en tirons de bons services. (Dancourt.)

ABOUTISSEMENT s. m. (a-bou-ti-se-man — rad. bout). Résultat : Nos efforts n’ont eu aucun aboutissement. || Dans ce sens, se dit aussi d’un événement qui est la conséquence nécessaire de beaucoup d’autres qui l’ont précédé : La révolution de 1848 n’est en réalité que l’aboutissement des aspirations, des instincts traditionnels de la France. (Sarrans.)

— Pièce d’étoffe que l’on coud à une autre pour l’allonger : Cette pièce est trop courte, il faut y mettre un aboutissement. (Trév.)

— Chir. Commencement de suppuration : L’aboutissement d’un abcès.

ABOUTOIRS s. m. pl. (a-bou-toir). Techn. Œillères grossières des chevaux de charrette. || On dit aussi aboutoires, mais alors il est féminin.

ABOVILLE (François-Marie, comte D’), général d’artillerie, né à Brest en 1730, mort en 1817. Il fit, en qualité de colonel, la guerre de l’indépendance américaine sous les ordres de Rochambeau, fut nommé général de brigade en 1789, commanda ensuite comme général de division, en 1792, les armées du Nord et des Ardennes, et se prononça énergiquement contre la trahison de Dumouriez. Successivement nommé, après le 18 brumaire, premier inspecteur général d’artillerie, sénateur, grand officier de la Légion d’honneur, il fut appelé à Brest en 1809, avec le titre de gouverneur. Ayant adhéré au rétablissement des Bourbons, il entra à la Chambre des pairs en 1814, conserva cette dignité pendant les Cent-Jours et la vit confirmée par Louis XVIII. Entre autres perfectionnements dans son arme, on lui doit les roues à voussoir, à moyeux en métal. Il a laissé deux fils : Augustin-Gabriel, né en 1773, mort en 1820, qui devint après la Restauration commissaire du roi près l’administration des poudres et salpètres ; — Augustin-Marie, né en 1776, qui fut nommé général de brigade après la bataille de Wagram, où il perdit un bras, et appelé ensuite au commandement de l’École d’artillerie de La Fère. Tous deux furent pairs de France.

AB OVO, loc. adv. (a-bo-vo du lat. ab, dès, depuis ; ovum, abl. ovo, l’œuf). Dès le principe, dès l’origine, depuis le commencement. La vulgarisation de cette locution remonte à Horace, qui loue Homère d’avoir su tirer toute l’Iliade d’une seule scène, d’un seul événement du siège de Troie (la colère d’Achille), sans avoir eu besoin, pour grossir son poëme, de remonter jusqu’à la naissance d’Hélène, cause de la guerre, et qui, suivant la mythologie, était née de l’œuf de Léda :

Nec gemino bellum Trojanum orditur ab ovo.
(Pour raconter la guerre de Troie, il ne commence pas à l’œuf de Léda.)

Mais il y a une autre manière d’expliquer cette expression devenue proverbiale : ab ovo usque ad mala, depuis l’œuf jusqu’aux pommes, était un proverbe né des habitudes de table chez les Romains. Le repas commençait presque toujours, par des œufs et se terminait par des fruits. Horace lui-même dit, en parlant du chanteur Tigellius. Il aurait chanté depuis l’œuf jusqu’aux pommes, c’est-à-dire pendant toute la durée du repas.

Ces mots sont souvent cités par nos écrivains :

« Le feuilleton ne s’est pas cru obligé à suivre pas à pas ces drames échevelés qui commençaient à six heures du soir pour finir après minuit. Personne n’est plus assez fort pour entreprendre ab ovo un pareil récit. »

                          J. Janin.

« Je suis fort aise d’avoir entamé mon histoire par la relation de mes faits et gestes, comme dit Horace, ab ovo, depuis l’œuf où j’ai commencé à végéter. »       Sterne.

Et d’abord, sauvez-vous par une fuite prompte
       De ce conteur minutieux
       Dont l’ennui consciencieux,
De quelque omission pour réparer la honte.
Malgré vous ab ovo recommence son conte.
Delille.

— S’emploie quelquefois elliptiq. après un nom :

« L’antiquité avait posé dans ses mythes la question de l’origine du mal ; elle l’avait résolue par un autre mythe, en affirmant sans hésiter la criminalité ab ovo de notre espèce. »                                      Proudhon.

ABOYANT (a-boi-ian) part. prés. du v. Aboyer : Les chiens en aboyant ont fait fuir les voleurs. Un moment après, Fidèle était à leurs pieds, aboyant, gémissant et les accablant de caresses. (B. de St-P.)

ABOYANT, ANTE adj. (a-boi-ian, an-te — rad. aboyer). Qui aboie continuellement, par suite du naturel : Des chiens aboyants, Une meute aboyante. Toutes ces vagues me faisaient l’effet d’une horrible populace, non d’hommes, mais de chiens aboyants. (Michelet.) Arrivés aux portes, les chiens nous quittèrent, j’avoue que, pour mon compte, je ne fus point fâché d’être débarrassé de l’aboyante escorte. (Alex. Dumas.)

— Par anal. Se dit des flots qui se brisent contre les rochers, et qui font entendre des bruits semblables aux aboiements :

De l’horrible Scylla les meutes aboyantes
Delille.
Comme l’oiseau du ciel qui vient en tournoyant
Enivrer son regard sur ce gouffre aboyant.
Lamartine.

— Substantiv. et fig., en parlant des personnes, Celui, celle qui postule, qui ambitionne : Cette abbaye causa tant d’envie que les aboyants, outrés de la voir donner ainsi, se mirent à chercher ce que c’était que cet abbé de Chavigny. (St-Sim.)

ABOYÉ, ÉE (a-boi-ié) part. pass. du v. Aboyer. Poursuivi par des cris, des abois : Un cerf, un sanglier, un loup aboyé par les chiens.

— Fig. Poursuivi par des critiques, des injures, des créanciers, etc. : Après quatre jours de chemin, toujours aboyés de quelques ennemis, ils arrivèrent enfin au fort de Retorton. (Mézeray.) Le prince de Conti faisait un triste et humiliant personnage, accueilli de personne, aboyé de tous. (St-Simon.) J’attendrais longtemps un régiment vacant, aboyé des familles et des officiers. (St-Sim.)