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aisé ; il n’y avait de l’autre côté de l’eau que quatre ou cinq cavaliers. (Volt.) || Arrivée dans un lieu quelconque :

C’est tout ce que j’ai vu dans Rome à mon abord.
La Fontaine.
Déjà de leur abord la nouvelle est semée.
Racine.

|| État de ce qui est abordé, des rives, des ports où l’on aborde, où l’on descend ; accès, approche : Ce port est de facile ou de difficile abord. (Acad.) Les abords de cette place sont dangereux. (Trév.) Elle le préféra à son logement du château, pour s’attirer plus de monde par la commodité de l’abord. (St.-Simon.)

— Par ext. Les alentours d’une ville, d’une maison, d’un jardin, etc. : Les abords de la capitale. Elle craignait d’être aperçue et reconnue aux abords du parc. (G. Sand.) Dès cet instant les abords de sa demeure sont devenus sacrés pour moi. (G. Sand.) Cette bourgade est fameuse à dix lieues à la ronde pour la difficulté de ses abords. (G. Sand.) || Dans ce sens, il s’emploie toujours au pluriel.

— Attaque, soit par terre, soit par mer : L’abord des Français est à craindre ; on ne peut soutenir leur premier abord. (Trév.)

De ces vieux ennemis va soutenir l’abord.
Corneille.


|| Action des personnes qui en abordent, qui en visitent d’autres ; manière, façon d’accueillir, ou dont on est accueilli : Cette personne a l’abord facile, gracieux, ou l’abord rude, fâcheux. (Acad.) Votre abord est si tendre et si persuasif ! (Regnard.) Il a les dents noires, rongées, et telles que son abord ne se peut souffrir. (La Bruy.) Préparez-vous à soutenir avec fermeté l’abord de votre père. (Molière.) Son premier abord annonçait un ami à l’inconnu qui lui parlait. (Marmontel.) || Ne s’emploie pas au pluriel dans cette acception. Ainsi, pour exprimer que l’on a été accueilli successivement de manières diverses par plusieurs personnes, on ne pourrait pas dire : Les abords de ces personnes n’ont pas été les mêmes ; il faudrait dire, ou L’abord n’a pas été le même, ou L’abord a été bien différent de la part de ces personnes, ou Leur abord a été bien différent.

— Affluence : La ville devait à son temple l’abord des étrangers dont elle était enrichie. (Boss.) Le grand abord des négociants ne rendait pas la ville plus difficile à surprendre. (St-Réal.) || Cette acception a vieilli.

— Mar. Mettre une chose en abord, La placer le plus près possible de la face intérieure de la muraille d’un bâtiment.

— Le substantif abord entre dans un grand nombre de loc. adverbiales ou conjonctives ; voici les principales :

Au premier abord, loc. adv. À première vue : À la démarche facile et assurée de cet abbé, à la façon libre et fière dont il portait sa tête, on devinait au premier abord qu’il avait vécu ailleurs qu’au séminaire. (E. Sue.) Son visage ressemblait au premier abord à celui des chanoines chantés par Boileau. (Balz.)

De prime abord, loc. adv. Au premier instant, à première vue : De prime abord, je le pris pour un autre. (Acad.) Le capitaine avait l’air, de prime abord, d’un homme insouciant et frivole. (Ars. Houss.)

Dès l’abord, loc. adv. Dès le commencement : Cela pourrait faire naître, dès l’abord, des préventions contre nous. (G. Sand.)

Dès l’abord leur doyen, personne fort prudente,
Opina qu’il fallait, et plus tôt que plus tard,
Attacher un grelot au cou de Rodilard.
La Fontaine.

D’abord, loc. adv. Premièrement, dès le premier instant : Prenez d’abord les voies de la douceur. (Acad.) Il faut d’abord s’attacher à un petit nombre d’époques. (Boss.) D’abord, j’eus horreur de ce que je voyais, mais insensiblement, je commençai à m’y accoutumer. (Fén.) Son naturel lui fit d’abord aimer les étrangers, avant qu’il sût à quel point ils pouvaient lui être utiles. (Volt.)

— Sur-le-champ, aussitôt, tout de suite : Télémaque le reconnut d’abord. (Fén.)

L’amour m’en eu d’abord inspiré la pensée.
Racine.
À son auguste nom tout s’ouvrira d’abord.
Racine.

D’abord que, loc. conj. Aussitôt que, dès que : D’abord quil fut débarqué, le comte et lui s’abouchèrent ensemble. (Le Sage.)

Tout d’abord, loc. adv. et fam. Sur-le-champ : S’ils ne viennent pas tout d’abord, ils viennent avec le temps. (Fontenelle.)

Si quelqu’une de vous touche à la quatrième,
     Je l’étranglerai tout d’abord.    La Fontaine.

À l’abord, loc. adv. D’abord, au commencement : Il commença bientôt à voir clair dans ce qu’il avait pris à l’abord pour le haut d’une tête de femme. (G. Sand.)

Ses gardes à l’abord font quelque résistance.
Corneille.
Il m’a fait à l’abord cent questions frivoles.
Molière.

D’abord après, loc. adv. Aussitôt après : Pour vous voir retomber d’abord après avec plus de honte et de faiblesse. (Mass.)

Dans l’abord, loc. adv. Au commencement :

Dans l’abord il se met au large.
La Fontaine.
J’en ai, je crois, dit un mot dans l’abord.
La Fontaine.
Dans l’abord agissons doucement.
Molière.
Elle m’a dans l’abord servi de bonne sorte.
Molière.

Ces trois dernières locutions sont fort peu usitées.

Épithètes. Facile, aisé, affable, doux, aimable, gracieux, obligeant, engageant, séduisant, libre, ouvert, grave, difficile, dangereux, sévère, mystérieux, froid, glacé, dur, désagréable, rebutant, repoussant, dédaigneux, brusque, cruel, sinistre, farouche, effroyable.

ABORDABLE adj. (a-bor-da-ble — rad. abord). Qu’on peut aborder : Cette côte n’est pas abordable à cause des écueils. (Acad.) Les barques ont peu de ressources, entre deux rives également escarpées, qui n’offrent que deux points abordables. (Raymond.)

— Fig. Se dit aussi des choses que tout le monde peut acheter, dont tout le monde peut approcher : Tapisseries abordables pour les fortunes privées. Un cahier des charges abordable à tous les concurrents sérieux. Cette marchandise est d’un prix très-abordable. || En parlant des personnes, Qui est d’un abord facile : Cet homme est abordable, n’est pas abordable. Cet homme est si glorieux, qu’il est abordable à peu de personnes. (Trèv.) Le voilà raisonnable, abordable ; on lui parle, il écoute à présent, et de tous c’est lui qui fait la meilleure contenance. (P.-L. Cour.) Il est d’une humeur ! il n’est pas abordable depuis quelques jours. (Scribe.) Les femmes qui ont de pareils désirs et qui les contentent d’une façon si dégagée, ne sont pas abordables pour tout le monde. (G. Sand.) Napoléon faisait grand cas d’un savant, mais il n’aimait pas qu’il se renfermât toujours en lui-même et ne fût abordable qu’aux initiés. (L. Napol.)

— Mar. Vaisseau abordable, Se dit d’un vaisseau dont la construction rend l’accès facile à celui qui veut l’accrocher pour l’attaquer corps à corps.

ABORDAGE s. m. (a-bor-da-je — rad. aborder). Mar. Action par laquelle un vaisseau en aborde un autre pour l’attaquer : Monter, sauter à l’abordage. Le capitaine, effrayé du danger de l’abordage, allait se livrer au pirate. (Marmontel.) Les combats à l’abordage conviennent surtout aux peuples d’une valeur brillante. (Bouillet.) Un combat naval ou un abordage offre à l’œil le plus saisissant tableau qu’on puisse imaginer. (E. Sue.) || Choc accidentel de deux bâtiments : Les vaisseaux portent des feux la nuit pour éviter les abordages. (Acad.) Dans les tempêtes, il n’y a rien de plus à craindre que les abordages. (Acad.) || Manœuvre par laquelle un canot peut se rendre à bord d’un navire et l’accoster sans secousses.

Avoir un abordage, Se dit des navires voisins les uns des autres, qui peuvent éprouver un choc par suite du gonflement de la mer. || Abordage d’une côte, d’un rocher, Choc d’un navire contre une côte, un rocher.

À l’abordage. Cri de manœuvre, par suite duquel un équipage s’élance sur le pont d’un vaisseau ennemi.

— Les marins d’un navire de guerre sont partagés en premier abordage et deuxième abordage.

— Par ext. Action de se heurter contre un objet, ou d’être heurté d’une manière quelconque. || Fig. et fam. Se dit d’une attaque de paroles, d’injures, etc. : Bon, je risque l’abordage ; faites le guet. (Dufresny.) Je ne vais qu’avec crainte à l’abordage ; elle me paraît fille réservée. (Le Sage.)

Allons, monsieur, allons ; en homme de courage,
Il faut ici, ma foi, soutenir l’abordage :
Monsieur Géronte approche……
Regnard.


|| Prendre quelqu’un à l’abordage, Lui demander une chose à l’improviste, sans lui donner le temps de réfléchir : C’est pour cela que j’ai l’honneur de vous demander votre main pour mon fils. — Oh ! mais vous me prenez à l’abordage, je voudrais le temps de réfléchir avant de répondre. (Hip. Langlois.)

Encycl. Mar. Dans les combats de mer, pour exécuter l’abordage, on jette sur le vaisseau ennemi de forts crochets en fer attachés à des chaînes et appelés grappins ; puis les assaillants se précipitent armés de sabres, de pistolets et de haches. On peut opérer l’abordage de franc étable, c’est-à-dire de manière à atteindre le bâtiment ennemi par le devant, ou bien l’exécuter en belle, c’est-à-dire en enfonçant l’éperon de son navire dans le flanc du navire abordé. Les peuples renommés pour leur valeur brillante, comme les Français, et plus braves qu’habiles à la manœuvre, ont toujours cherché dans l’abordage le moyen de compenser l’infériorité du nombre ou celle de l’art et de l’expérience. La marine française se glorifie à juste titre de ses succès fréquents à l’abordage. Les Romains triomphèrent de l’habileté carthaginoise du moment où, avec leurs corbeaux, ils purent accrocher les vaisseaux ennemis.

— Jurispr. Dans l’abordage ou choc involontaire et accidentel de deux vaisseaux non ennemis, il se produit le plus souvent de graves avaries. Le Code de commerce établit par qui elles doivent être supportées. Si l’abordage est le résultat d’un cas fortuit, il n’entraîne aucun droit de répétition pour le navire qui l’a éprouvé ; s’il a lieu par la faute d’un des capitaines, la réparation du dommage incombe à ce dernier ; s’il y a incertitude sur la cause de l’abordage, le dommage est réparé à frais communs et par égale portion par les deux vaisseaux.

ABORDANT (a-bor-dan) part. prés. du v. Aborder : Je suis persuadé, lui dis-je en l’abordant, que ce qui vient de se passer n’est qu’une plaisanterie. (Mme  de Tencin.)

ABORDANT, ANTE adj. (a-bor-dan, an-te — rad.aborder). Qui va à l’abordage : Navire abordant, frégate abordante.

— S’empl. substantiv. en parlant d’un navire ou d’une frégate qui fait l’abordage : L’abordant, l’abordante.

ABORDÉ, ÉE (a-bor-dé), part. pass. du v. Aborder. Qui est arrivé au port, qui a pris terre :

Eh quoi ! deux malheureux, en ces lieux abordés,
D’un œil si soupçonneux seraient-ils regardés ?
Voltaire.
Abordé près du port, avant tout il partage
Sa troupe en deux………
La Fontaine.

|| Heurté : Le navire la Marie-Louise fut abordé avec tant de violence par le navire le Jeune-Tobie, qu’il fut hors d’état de tenir la mer après le choc. (Merl.) Son embarcation a été abordée et brisée par un vapeur. (Journ.)

— Par anal. Accosté : Armand était encore assez éloigné de la porte cochère, lorsqu’il fut abordé par une femme qui l’appela par son nom. (Fr. Soulié.)

— On dit substantiv. : L’abordé, l’abordée, pour désigner le navire ou la frégate qui reçoit l’abordage.

— Fig. Examiné, traité, discuté, agité, etc.: La grande question de la liberté de l’enseignement n’est point abordée dans ce chapitre. (Say.)

ABORDÉE s. f. (a-bor-dé — rad. bord). Vieux mot qui signifiait Abord, début.

D’abordée, loc. adv. Tout d’abord : d’abordée nous emportâmes le faubourg et les barricades. (Montluc.) || On disait aussi à l’abordée.

ABORDER v. n. ou intr. (a-bor-dé — rad. bord). Arriver au bord, au rivage ; venir à bord ; prendre terre : Aborder à la côte, au rivage. D’où vous vient cette témérité d’aborder dans mon île ? (Fén.) Nous fîmes les derniers efforts pour aborder à force de rames sur la côte voisine. (Fén.) Sept sauvages abordent en Normandie dans un vaisseau d’osier et d’écorces d’arbres. (Boss.) Dantès avait parfaitement reconnu le gisement de la côte, et au lieu d’aborder au port habituel, il jeta l’ancre dans la petite crique. (Alex. Dumas.) Il aborda en Afrique sur un misérable esquif. (L.-J. Larcher.).

Je me sauve à la nage, et j’aborde où je puis.
Boileau.
Ils abordent ensemble à ce rivage heureux.
Esménard.

— Absol. : Le vent était si fort que nous ne pûmes aborder. (Acad.) Ils veulent aborder, qu’ils abordent. (Marmontel.)

Enfin l’esquif aborde. On l’invite à descendre.
Corneille.
Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent,
Et courent se livrer aux mains qui les attendent.
Corneille.
Ici viennent mourir les derniers bruits du monde ;
Nautoniers sans étoile, abordez ! c’est le port.
Lamartine.

— Arriver, venir : Les parents abordent chez moi de toutes parts. (D’Ablanc.) Les marchands y abordent de toutes les parties du monde. (Fén.) Le peuple abordait en foule. (Barthél.) Le peuple abordait de toutes parts sur la place publique. (Littré.)

Entre nous, verras-tu, d’un esprit bien tranquille,
Chez ta femme aborder et la cour et la ville ?
Boileau.
Elle y voit aborder le marquis, la comtesse,
Le bourgeois, le manant, le clergé, la noblesse.
Boileau.

— S’approcher : Ils ne peuvent aborder du trône de Dieu. (Boss.) Dieu ne vous permettra pas d’en aborder. (Boss.) La ville était battue des flots de tous côtés, et le mur empêchait qu’on ne pût en aborder. (Vaugelas.) Depuis trois semaines qu’elle est dans ce village, je n’ai pas osé en aborder. (Dancourt.) Cet emploi a vieilli.

— Fig. Parvenir, arriver à se procurer L’homme a besoin d’un exercice continuel de sa raison, afin de pouvoir aborder à la masse des jouissances. (Fourier.)

— Mar. Aborder à un navire, Diriger une embarcation de façon qu’elle puisse arriver à toucher un bâtiment sans le heurter. || Aborder de franc étable, Se dit de deux navires qui se choquent par les étraves. || Aborder de long en long, Joindre un vaisseau côte à côte. || Aborder par l’avant, par la hanche, par l’arrière, etc., Heurter un vaisseau par l’avant, etc. || Aborder en travers, Couler un vaisseau à fond en l’abordant. || Aborder sous le vent, Se placer au vent de son adversaire pour l’aborder. || Aborder par le vent, Se placer par derrière et sous le vent de son adversaire pour aborder de long en long. || Aborder à l’ancre, Mouiller une ancre avant d’accrocher le navire ennemi.

— Comme v. n., aborder prend l’auxiliaire avoir ou l’auxiliaire être. Il a abordé marque l’action ; il est abordé marque l’état : Ils ont abordé et aussitôt marché vers la ville. (Littré.) Ils sont abordés depuis quelques heures. Le prince d’Orange est abordé.

— v. actif ou trans. Prendre bord, s’approcher : Aborder un rivage, une côte. Aborder une ville. Ses cheveux se dressent sur sa tête quand il aborde le noir séjour de l’impitoyable Pluton. (Fén.) Une solitude qu’on ne pouvait aborder sans péril d’exil, et quelquefois de prison… (St-Simon.)

Vous qui du Pinde abordez les coteaux.
Le Brun.
Je chante les combats et cet homme pieux
Qui, des bords phrygiens conduit dans l’Ausonie,
Le premier aborda les champs de Lavinie.
Boileau.
Ils abordèrent un rivage
Où la fille du dieu du jour,
Circé, tenait alors sa cour.
La Fontaine.

— S’approcher de quelqu’un pour lui parler ; le joindre, l’accoster : J’ai vu madame de Ludre ; elle vint m’aborder avec une surabondance d’amitié qui me parut suspecte. (Mme  de Sév.) Il m’aborda avec amitié. (Fén.) Un homme fier et superbe n’écoute pas celui qui l’aborde dans la place pour lui parler de quelque affaire. (La Bruy.) Il n’a tantôt abordé mon hôte que pour lui tirer les vers du nez. (Le Sage.) Les anciens sont des vieillards ; on ne les aborde qu’avec révérence et lenteur. (Ste-Beuve.)

Ce tigre que jamais je n’abordai sans crainte.
Racine.
Mais hier il m’aborde, et me serrant la main…
Boileau.
De quel front aborder la mère de mon maître !
Voltaire.
Quand on veut épouser une femme, l’usage
N’est pas de l’aborder avec un dur visage.
Ponsard.

— Mar. Approcher d’un vaisseau ; se heurter accidentellement contre ; l’atteindre, le joindre pour le combattre : La chaloupe ne put aborder notre vaisseau. (Acad.) Un navire aborda malheureusement la frégate qui l’escortait. (Acad.) Leurs voiles étaient meilleures que les nôtres ; le vent les favorisait ; ils nous abordent, nous prennent et nous emmènent en Égypte. (Fén.) Il y eut un brûlot qui nous aborda à la faveur du canon de l’amiral. (Journ.) || Approcher hardiment de l’ennemi pour l’attaquer, le combattre, en parlant des armées de terre : Le bataillon aborda l’ennemi avec une contenance ferme. (Trév.)

— Fig. En venir à un sujet, à une question ; l’agiter, l’examiner, la discuter, la résoudre, etc. : J’ai à vous parler d’une affaire importante, que j’aborderai sans préambule. (Scribe.) Enfin que voulez-vous savoir ? Abordons un sujet qui résoudra tout. (L. Gozlan.) Elle abordait avec hardiesse les questions les plus ardues. (Balz.)

J’entends : vous abordez enfin la question.
Etienne.


— On dit d’un sujet, d’un point qui est délicat, Ce sujet est difficile à aborder. Je n’ose aborder ce point. (Acad.)

— Fig. Se lancer dans ; s’exposer à ; affronter : Peut-être aucun homme n’est-il capable d’aborder le crime sans subterfuge. (Mme  de Staël.) Bonaparte a vu des souffrances dont on ne peut aborder la pensée. (Mme  de Staël.) Le même homme, soulevé par l’instabilité du flot populaire, aborde tour à tour les situations les plus diverses, les emplois les plus opposés. (Lamart.) Il n’aborda jamais aucun journal, ne publia rien. (G. Sand.)

— Fauconn. Aborder la remise, S’approcher du refuge de la perdrix.

S’aborder, v. pr. S’accoster, s’approcher l’un de l’autre pour se parler : Nous nous sommes abordés dans la rue. (Acad.) Tout le monde s’abordait, s’interrogeait dans les églises, sans se connaître. (Volt.) Dans toute la ville, deux heures après, chacun s’abordait en se disant : Mme  du Guénic est sortie aujourd’hui, l’avez-vous vue ? (Balz.) Ils s’abordèrent cordialement. (G. Sand.) || Se heurter, s’entrechoquer ; se joindre pour se combattre : Dans l’obscurité, les deux vaisseaux s’abordèrent. (Acad.) Les deux vaisseaux se sont abordés avec furie.

Syn. Aborder, approcher, avoir accès. On aborde les personnes à qui on veut parler : Il faut étudier les moments favorables pour aborder les grands. (Mass.) On a accès là où l’on ne trouve pas la porte fermée : Il faut être bon pour avoir accès auprès de lui. (Mass.) On approche quelqu’un quand on le voit habituellement : L’enfant s’aime d’abord, puis il aime ceux qui l’approchent, sa nourrice, sa gouvernante. (J.-J. Rouss.)

Syn. Aborder, accoster, joindre. On joint une personne en allant la trouver : Un enfant qui s’ennuie loin de ses parents retourne les joindre pour vivre avec eux. (J.-J. Rouss.) On aborde, dans un salon, dans une assemblée, un grand, une personne distinguée, le maître de la maison : Les gens m’aborderaient sans doute si j’étais ministre (La Bruy.) On accoste sur le chemin, dans la rue, un voyageur ; un passant : Voilà notre nouveau débarqué ; il faut que je l’accoste. (Regnard.)

ABORDEUR s. m. (a-bor-deur — rad. aborder). Le bâtiment qui fait un abordage : L’abordeur triompha. || Nom donné aux marins