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corps. Anéantir, c’est faire disparaître la matière même des choses. On ne saurait imaginer que Dieu anéantisse toutes les montagnes de la terre, et que, nonobstant cela, il y laisse toutes les vallées. (Desc.)

ABOLISSABLE adj. (a-bo-li-sa-ble — rad. abolir). Qui peut ou doit être aboli : Loi, coutume abolissable. Fête cruelle, fête abolissable à jamais. (Volt.)

ABOLISSANT (a-bo-li-san) part. prés. du v. Abolir : Pour qu’une partie se nourrisse, il faut qu’elle jouisse de la sensibilité et du mouvement : la ligature de ses artères et de ses nerfs, en abolissant l’une et l’autre de ces facultés, l’empêche de se nourrir et de vivre. (Richerand.)

ABOLISSEMENT s. m. (a-bo-li-se-man — rad. abolir). Action d’abolir ; suppression, anéantissement : L’abolissement des abus, des privilèges, des monopoles. L’abolissement du ciel et de la terre. (Calvin.) Personne ne pourra avoir ni faire aucun pont au travers des courants ordinaires, à peine de trois livres d’amende, d’abolissement du pont, etc. (Coutumier général.) Ce qui contribua le plus à l’abolissement du duel, ce fut la nouvelle manière de faire combattre les armées. (Volt.) L’abolissement du droit barbare de main-morte serait encore plus nécessaire que l’abolissement des jésuites. (Volt.)

ABOLISSEUR s. m. (a-bo-li-seur — rad. abolir). Celui qui abolit. Vieux mot.

ABOLITIF, IVE adj. (a-bo-li-tif, i-ve — rad. abolir). Qui a pour objet d’abolir : Loi abolitive. Décret abolitif. Mesure abolitive.

ABOLITION s. f. (a-bo-li-si-on — lat. abolitio, même sens). — Action d’abolir, suppression, anéantissement : Abolition de l’esclavage, du duel, de la peine de mort, de la dîme. Abolition de l’ordre des Templiers. L’établissement de la religion chrétienne est l’abolition du judaïsme. (Pasc.) L’abolition des tournois est de l’année 1560. (Volt.) L’abolition des spectacles serait une idée plus digne du siècle d’Attila que du siècle de Louis XIV. (Volt.) L’abolition des corvées est surtout un bienfait que la France n’oubliera jamais. (Volt.) La pâleur du visage, le froid du corps, la roideur des extrémités, la cessation des mouvements, et l’abolition des sens externes, sont des signes très-équivoques d’une mort certaine. (Buff.) Certaines facultés donnent le pouvoir de franchir l’espace avec une telle vitesse que leurs effets équivalent à son abolition. (Balz.)

— Droit anc. Pardon que le prince accordait de sa propre autorité pour un crime : Abolition d’une peine. Obtenir une abolition.

— Dans un sens religieux, Effacement, remise : L’absolution équivaut à l’abolition des fautes, des péchés.

Encycl. Jurispr. On appelait droit d’abolition le droit attribué au roi, en vertu de la plénitude de sa puissance, d’effacer ou d’éteindre un crime, et de soustraire le coupable à la peine portée par la loi. L’abolition diffère de la grâce en ce que celle-ci n’intervient qu’après la sentence prononcée, tandis que l’abolition n’attend pas la condamnation du coupable, mais le soustrait aux poursuites, et les anéantit si elles sont déjà commencées. Le droit d’abolition n’existe plus dans notre législation, qui n’accorde au chef de l’État que le droit de grâce et de commutation de peine. Les constitutions des Pays-Bas, du Wurtemberg et de la Bavière ont conservé le droit d’abolition. On donnait le nom de lettres d’abolition à l’acte par lequel le souverain exerçait le droit d’abolition, et celui de porteur d’abolition à celui qui avait obtenu des lettres d’abolition. On nommait lettres d’abolition générale celles que le roi accordait quelquefois à une province, à une ville, pour un crime contre l’autorité royale. En 1660, des lettres d’abolition furent accordées en faveur de Louis de Bourbon, prince de Condé, et de ceux qui avaient suivi son parti. — En droit romain l’abolition était l’annulation d’une procédure. Elle différait de l’amnistie en ce que, malgré une précédente abolition, une accusation pouvait toujours être reprise, tandis qu’une amnistie en détruisait le corps même à jamais.

Syn. Abolition, absolution, grâce, pardon, rémission. Le pardon s’applique à un offenseur : La morale des philosophes avait mis le pardon des offenses au nombre des vertus (Mass.) ; l’absolution, à un accusé : Il aurait fallu vous disposer par l’amendement à l’absolution de vos crimes. (Mass.) La grâce est un acte de clémence du souverain : La grâce est un bien auquel celui qui le reçoit n’avait aucun droit. (Ducl.) L’abolition est un acte de clémence absolu qui ne laisse aucun vestige du crime. La rémission est un acte de clémence partielle : Quelles précautions M. Le Tellier n’avait-il pas accoutumé de prendre dans les rémissions et les grâces qu’il accordait ! (Fléch.)

ABOLITIONNISME ou ABOLITIONISME s. m. (a-bo-li-si-o-niss-me — rad. abolition). Néol. Système, doctrine, principes des abolitionnistes : L’ abolitionnisme, né en Angleterre, où il eut pour apôtres au xviie siècle W. Penn, et au xviiie Wilberforce, a fini par triompher presque partout. (Bouillet.)

ABOLITIONNISTE ou ABOLITIONISTE s. m. (a-bo-li-si-o-niss-te — rad. abolition). Néol. Partisan de l’abolition de la traite et de l’esclavage des noirs : Il n’y a plus guère d’abolitionnistes qu’aux États-Unis, dans les États du midi, dont la prospérité semble liée à la conservation de l’esclavage. (Bouillet.) N’aurais-je point sujet à mon tour d’accuser de félonie les abolitionnistes anglophiles ? (Proudhon.)

— On donne aussi ce nom aux adversaires des douanes, des tarifs, et plus particulièrement aux adversaires de la prohibition des marchandises étrangères, ou de droits trop élevés établis sur ces marchandises.

— Adjectiv. Qui se rapporte à l’abolitionnisme : Ces paroles ont calmé subitement parmi nous l’enthousiasme abolitionniste. (Proudhon.) Au bruit de l’agitation anglaise, les feuilles démocratiques de France ont généralement pris parti pour le principe abolitionniste. (Journ.) La proclamation abolitionniste du président est une véritable épée de Damoclès pour les États rebelles. (Le Siècle.)

ABOLITOIRE adj. des 2 g. (a-bo-li-toi-re — rad. abolition). Qui abolit, qui a la puissance d’abolir : Sentence abolitoire. Ce mot est vieux et inusité. V. Abolitif.

ABOLLE ou ABOLLA s. f. (a-bo-le, la). Espèce de manteau de parade que portaient les anciens.

ABOMA s. m. (a-bo-ma — nom donné par les naturels). Erpét. Nom vulgaire d’une espèce de boa, qui vit dans l’Inde, à Surinam, etc.

ABOMASUM s. m. (a-bo-ma-zomm — du lat. ab, et omasum, panse). Anat. Quatrième estomac des ruminants. C’est dans l’abomasum des veaux et des agneaux que se trouve la présure dont on se sert pour faire cailler le lait, ce qui a fait donner à cet estomac le nom vulgaire de caillette.

ABOMEY, ville d’Afrique, dans la Guinée septentrionale, cap. du roy. de Dahomey ; 24,000 h. Foires importantes, où l’on vend des esclaves, de la poudre d’or, et les riches produits de l’intérieur de l’Afrique.

ABOMINABLE adj. (a-bo-mi-na-ble — lat. abominabilis ; de ab, marquant l’origine, et omen, présage. Omen a signifié d’abord en latin ventre. Comme on consultait les entrailles des animaux pour y lire l’avenir, on exprima le mot présage par le mot omen : de là se forma ominosus, de mauvais augure, puis abominabilis, avec le sens qu’exprime notre mot abominable). Exécrable ; qui mérite l’abomination ; qui est en horreur : Action abominable. Calomnie abominable. Le parricide est un crime abominable. (Trévoux.) Néron fut un monstre abominable. (Trévoux.) Eh ! qu’y a-t-il de plus abominable au monde que de mettre l’injustice et la violence en système ? (J.-J. Rouss.) Tacite s’épuise à louer les barbares Germains, qui pillaient les Gaules et qui immolaient des hommes à leurs abominables dieux. (Volt.) Quant au pouvoir de l’Inquisition, je le tiens abominable devant Dieu. (St-Simon.)

Quel crime abominable ensanglante vos mains !
M.-J. Chénier

— Famil. Mauvais en son genre, qui déplaît aux sens et à l’esprit : Voilà le plus abominable sabbat dont on ait jamais ouï parler. (La Bruy.) Ah ! quel abominable maître je suis obligé de servir ! (Mol.) Plombières est un vilain trou ; le séjour est abominable, mais il sera pour moi le jardin d’Armide. (Volt.) Ôtez aux tableaux flamands et hollandais la magie de l’art, et ce seront des croûtes abominables. (Diderot.) On nous donne des tragédies, des romans abominables, et qui ne laissent pas d’avoir des admirateurs ; le goût est perdu. (Mme du Deff.)

Je m’en vais le griser d’abominable sorte.
E. Augier.
Ah ! malheureuse engeance, apanage du diable,
C’est toi qui m’as joué ce tour abominable.
Regnard.


|| Fort laid : Figure abominable. J’allai chez le préfet, où je trouvai toutes les femmes abominables et mises comme des revendeuses de chansons. (F. Soulié.)

— Substantiv. Personne abominable : Constantin Copronyme, fils de Léon l’Isaurien, détestait tellement les moines qu’il ne les appelait jamais que les abominables. (Bayle.)

L’abominable, s. m. Ce qui est abominable : La fortune peut jeter cent et cent incidents dans une affaire de cette nature, qui couronnent l’abominable par le ridicule, quand elle ne réussit pas. (De Retz.)

Syn. Abominable, détestable, exécrable. Ce qui est détestable excite l’animadversion et le mépris : La forme de l’injustice la plus odieuse et la plus détestable est la fraude et la perfidie. (Roll.) Ce qui est abominable doit être haï comme contraire à la religion et à la morale : La traite des nègres et leur esclavage sont abominables devant Dieu et devant les hommes. (La Harpe.) Ce qui est exécrable excite l’indignation et l’horreur : Que tous les maux horribles de la guerre retombent sur la tête parjure et exécrable de l’ambitieux qui foulera aux pieds les droits sacrés de cette alliance ! (Fén.) Ces adjectifs sont souvent employés dans un sens moins rigoureux ; ainsi détestable est, pour ainsi dire, le superlatif de mauvais : Je trouve que le style de La Calprenède est détestable. (Mme de Sév.) ; abominable, celui de détestable : Cette comédie est abominable (Acad.) ; exécrable, celui d’abominable : Cela est d’un style et d’un goût exécrables. (D’Alemb.)

Allus. littér. Voilà, je vous l’avoue, un abominable homme ! Exclamation que fait entendre Orgon dans Tartuffe, acte V, scène vi, quand il sort de dessous la table, convaincu enfin de la profonde perversité de l’hypocrite. Dans l’application, ce vers est le cri qu’arrache un sentiment de colère et d’indignation à la vue d’une action infâme :

« Nous ne ferons pas à nos lecteurs l’injure de réfuter de pareilles tirades ; en les lisant leur bile s’émeut, ils disent comme Orgon : Voilà, je vous l’avoue, un abominable homme. »

                    C. Desmoulins.

Allus. littér. Quel crime abominable ! Allusion à un hémistiche de la fable les Animaux malades de la peste. V. Animal.

ABOMINABLEMENT adv. (a-bo-mi-na-ble-man — rad. abominable). D’une manière abominable : Se conduire abominablement. Pourvu qu’il trouve une cadence pour un de ces adversaires : horriblement, abominablement, exécrablement, il se décharge la bile et s’épanouit la rate. (Th. de Viaud.)

— Fam. Fort mal : Lire, chanter abominablement. || Dans ce dernier sens, il se construit même avec un autre adverbe, et alors il est augmentatif : Il chante abominablement mal. || Par exagér. Beaucoup, excessivement : Une princesse abominablement laide. (Voisenon.) Il mangea si nonchalamment son potage qu’il se brûla abominablement. (F. Soulié.) Vous me ferez grâce, s’il vous plaît, de cette belle lecture, qui me révolterait abominablement. (E. Sue.) Ce monsieur, disait-il, l’avait abominablement volé sur son grain. (G. Sand.) || Ironiquem. et par antiphrase : Oui, mon ami, je suis abominablement heureux en ménage.

ABOMINANT (a-bo-mi-nan) part. prés. du v. Abominer : Les juifs s’abstiennent de manger du lièvre, le haïssant et abominant comme une bête impure et pollue. (Amyot.)

Chacun retourne, triste, abominant l’oracle
Du prophète Calchas, et son sanglant spectacle.
Robert Garnier.

ABOMINATION s. f. (a-bo-mi-na-si-on — lat. abominatio, même sens). Ce mot, dans son origine, a signifié Nausée, envie de vomir : La menthe conforte l’estomac et donne appétit de manger et ôte abomination. (Joinville.) || Depuis, on s’en est servi pour Aversion, détestation, horreur, exécration.

Être en abomination, Être un objet d’horreur, d’aversion, d’exécration : Il est en abomination à tous les gens de bien. (Acad.) On allait brûler d’Assoucy pour un crime qui est en abomination parmi les femmes. (Chapelle.) || Se dit aussi de ce qui est l’objet de l’abomination : Cet homme est l’abomination de tout le monde. (Acad.) || Avoir en abomination, Exécrer, avoir en horreur, maudire. Ce sacrement qu’elles auraient en abomination… (Pasc.)

— Fam. et par exagér. : Dans notre pays il faut à midi allumer des flambeaux de cire, qu’on avait en abomination dans les premiers temps. (Volt.) Il s’est souvenu que vous aviez peur des muletiers, et que, dans votre pays, on les avait en abomination. (G. Sand.)

— Débauche : C’était un lupanar éhonté, un endroit privilégié pour commettre impunément l’adultère et d’autres abominations. (Dufour.) Je regarde avec horreur les désordres criminels de la vie que j’ai menée ; j’en repasse dans mon esprit toutes les abominations. (Mol.) Les deux auteurs de l’abomination seront également mis à mort, lapidés ou brûlés, l’homme et la bête, la bête et la femme, le mâle et son complice mâle. (De Sacy.) || Dans la langue de l’Écriture, Crime affreux, action horrible : Jérusalem, les abominations où tu es tombée n’ont été punies que par cinquante années de captivité. (Boss.) Lorsque les abominations de Sodome furent montées à leur comble. (Mass.)

— Famil. et par exagér. Ce qui est dans un état d’imperfection ; chose simplement mauvaise, choquante, désagréable  : Voilà un mois que vous ne m’avez écrit : c’est une abomination. La pièce est d’un bout à l’autre pleine d’abominations, et l’on n’y trouve rien qui ne mérite le feu. (Mol.) Je me donnerai bien de la peine, et, pendant ce temps-là, l’ouvrage paraîtra tronqué, défiguré, et dans toute son abomination. (Volt.) Elles ont abandonné ce costume national pour les robes à manches à la gigot et autres abominations pareilles. (Th. Gautier.)

— Par allus. Se dit pour marquer une époque où tout est renversé, confondu, détruit, etc. Le barreau, de tous côtés, échappe aux avocats. Pour eux, les jours de l’abomination se sont levés. Hélas ! Hélas ! les dieux, les rois et les procès s’en vont ! (Cormenin.)

— Plus particulièrem., Se dit du culte des idolâtres, des erreurs de l’idolâtrie : Au temps d’Isaac et de Jacob, l’abomination s’était répandue sur toute la terre. (Pasc.) L’ancienne société est fondée sur deux abominations : le polythéisme et l’esclavage. (Chateaub.) Le christianisme eut d’abord à déblayer les absurdités et les abominations dont l’idolâtrie et l’esclavage avaient encombré le genre humain. (Chateaub.)

L’abomination de la désolation, Le comble de l’impiété et de la profanation ; cette expression est tirée de l’Écriture sainte : L’abus des biens ecclésiastiques était, si j’ose parler ainsi, l’abomination de la désolation dans les lieux saints. (Bourdal.) || Presque toujours plaisamment, Toute espèce de profanation : Une petite secte de barbares veut qu’on ne fasse plus désormais de tragédies qu’en prose ; c’est l’abomination de la désolation dans le temple des Muses. (Volt.) Le fils de notre avare allait une fois tous les huit jours au café : c’était pour le père l’abomination de la désolation. || Cette expression, modèle du comique dans l’exagération, est devenue pour ainsi dire proverbiale.

Abomination ! Espèce de jurement, exclamation qu’emploient fréquemment les écrivains contemporains : Abomination ! des écoliers qui parlent de la sorte à un bourgeois ! (V. Hugo.)

ABOMINÉ, ÉE (a-bo-mi-né) part. pass. du v. Abominer.

ABOMINER v. a. ou tr. (a-bo-mi-né du lat. abominare. V. Abominable). Avoir en horreur, en exécration : Il faut abominer ces paroles tyranniques et barbares qui dispensent les souverains de toutes lois, raison, équité. (Charron.) Il faut bénir la mémoire de Trajan et abominer celle de Néron. (Montaig.)

— Les écrivains modernes n’ont pas hésité à ressusciter ce mot, après une éclipse de plus de deux siècles : On abomine ces passe-temps, ainsi que ceux qui les mettent en pratique. (Brill.-Sav.) Tout ce que la Révolution exècre et abomine. (Proudhon.) || Plaisamm., dans le sens de Haïr, exécrer : Je l’abomine. Les collégiens abominent les haricots, qu’ils regretteront plus tard. (H. Murger.)

S’abominer, v. récipr. Se haïr, se détester réciproquement : Ils s’abominent cordialement. Fam.

À-BON-COMPTE s. m. (a-bon-con-te). Comptab. milit. Se dit d’un à-compte fait à l’avance et destiné à subvenir à une partie d’un payement dont l’allocation est autorisée, et dont le montant n’est pas encore déterminé : Militairement parlant, les acquits provisoires et le payement des feuilles de prêt sont des à-bon-compte. (Bardin.)

ABONDAMMENT adv. (a-bon-da-man — rad. abondance). Avec abondance, en grande abondance : Parler, boire, manger abondamment. Ses larmes coulèrent alors abondamment. (Rollin.) Il répandit abondamment sur toutes sortes de misérables les secours de charité. (Fléch.) La terre fournit abondamment à notre subsistance. (Buff.) Quand l’acheteur se présente sur le marché, il désire le trouver abondamment pourvu. (Fr. Bastiat.)

|| Amplement, pleinement : Ses vœux sont abondamment satisfaits. (Acad.) Dieu a ses serviteurs choisis, à qui il communique plus abondamment sa sagesse et sa puissance. (Fléch.) C’est Eschyle surtout dont les pièces sont le plus abondamment remplies de chœurs et de récits. (La Harpe.) Le genre oratoire est celui où les richesses de la pensée et du style peuvent se répandre le plus abondamment. (Marmontel.) Joseph était abondamment pourvu du nécessaire. (Chateaub.)

— Fig. et par exagér. Bien, excessivement : Après avoir été abondamment fustigé. (Boileau.)

Syn. Abondamment, en abondance, amplement, beaucoup, bien, considérablement, copieusement, à foison, fort, largement. Beaucoup a rapport à la quantité : il pleut beaucoup, quand il tombe beaucoup d’eau. Fort exprime l’intensité, l’énergie : il pleut fort, quand l’action de pleuvoir se fait sentir avec force. Bien a pour idée accessoire un sentiment d’approbation, d’admiration ou de surprise : voici une nouvelle qui vous surprendra bien. Considérablement annonce une grande quantité en choses de conséquence : ce travail est considérablement avancé. Abondamment exprime une quantité relative, excédant celle que réclame l’usage des choses. En abondance exprime le superflu. Copieusement a rapport à la consommation, et s’emploie souvent par plaisanterie : J’ai bu copieusement. Largement regarde les choses données ou fournies avec libéralité : être traité largement. À foison suppose une multitude de petites choses de la même espèce qui semblent fourmiller. Amplement fait penser à l’application ou à l’usage des choses et exprime qu’il en reste : satisfaire amplement quelqu’un.

ABONDANCE s. f. (a-bon-dan-se — lat. abundantia, même sens). Grande quantité, profusion : L’abondance de ses aumônes a répondu à la tendresse de son cœur. (Fléch.) Malheur à vous qui vivez à Sion dans l’abondancede toutes choses ! (Le Maist. de Sacy.) L’abondance du gibier tentera les chasseurs. (J.-J. Rouss.) La richesse des hommes, c’est l’abondance des choses. (Fr. Bastiat.)

État où l’on jouit de tout ce qui est nécessaire à la vie, biens, richesses, etc. : L’abondance a remplacé la disette (Acad.) Combien manquent de tout, pendant que le riche est dans l’abondance, dans le luxe, dans les délices ! (Bourdal.) L’ambitieux ne jouit point de sa prospérité, il sèche et dépérit au milieu de son abondance. (Mass.) Du pain, pour celui qui a faim, est l’abondance. (Mirab.)

Faites régner sur nous l’abondance et la paix.
J.-B. Rousseau.
…La liberté seule entretient l’abondance.
Voltaire.
Pour elles, à sa porte élevant ce palais,
Il leur y fit trouver l’abondance et la paix.
Racine.