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Partie des entrailles des victimes qu’on offrait aux dieux.

ABLENNE s. m. (a-blè-ne — du gr. a priv. ; blenna, mucus). Ichthyol. Un des synonymes de orphie. V. ce mot.

ABLÉPHARE s. m. (a-blé-fa-re — du gr. ablepharos, sans paupières). Erpét. Genre de reptiles appartenant à la première division de la famille des scincoïdiens, celle des ophiophthalmes. Il ne se compose que de trois espèces, dont une se trouve en Hongrie, en Morée, et les autres habitent, outre ces deux pays, l’île de France, Java et presque toute l’Océanie : Les abléphares sont de tout petits sauriens, qui vivent à la manière de nos lézards communs. (D’Orbigny.)

ABLÉPHARON s. m. (a-blé-fa-ron — du gr. a priv. ; blépharon, paupière). Anat. Absence de paupières.

ABLEPSIE s. f. (a-blèp-si — du gr. a priv. ; blepsis, vue). Pathol. Cécité.

ABLERET s. m. (a-ble-rè — rad. able). Pêch. Filet carré, attaché au bout d’une perche, avec lequel on pêche les ables et autres menus poissons.

ABLERETTE s. f. (a-ble-rè-te — rad. able). Pêch. Nom que les pêcheurs donnent à une petite senne dont les mailles sont serrées et le fil délié, et qui sert principalement à la pêche des ables.

ABLET s. m. (a-blè). Diminutif d’able. V. ce mot.

ABLETTE s. f. (a-blè-te — rad. able). Ichthyol. Petit poisson d’eau douce, commun surtout dans la Seine, et remarquable par la couleur argentée de ses écailles : L’éperlan argenté et l’ablette, dont les écailles servent à faire de fausses perles, se jouent sur les grèves de la Seine. (B. de St-P.) Des myriades d’ablettes argentées s’ébattaient au soleil dans les petits lacs creusés sur le sable de la rive par le pied des bœufs. (G. Sand.)

— On donne quelquefois ce nom à une espèce de saumon (salmo albula de Linné).

— Fig. Se dit, par comparaison, des personnes faibles, sans défense, qui se laissent facilement maîtriser ou duper, et surtout des femmes : Nous allons toujours à être mangées, pauvres ablettes, par les gros poissons qui nous font la chasse. (G. Sand.)

Ablette de mer. Nom vulgaire donné dans quelques localités à une espèce de perche (perca alburnus de Linné).

Encycl. Ce petit poisson, peu estimé des pêcheurs, est très-intéressant pour le naturaliste et même pour l’industriel. Sa couleur blanche argentine, qui lui a valu son nom, le fait aisément reconnaître ; elle est due à une matière nacrée qui recouvre la base des écailles, et se trouve aussi chez d’autres poissons, mais bien moins développée. Cette matière se rencontre également jusque dans l’intérieur de la poitrine et du ventre ; elle est assez marquée sur le péritoine ; l’estomac et les intestins en sont comme tapissés.

L’ablette est commune dans plusieurs cours d’eau de France, d’Angleterre, d’Allemagne et d’Italie. Quelques auteurs assurent même qu’on la trouve dans la mer Caspienne ; mais il est probable qu’ils ont voulu parler de l’ablette de mer.

Ce poisson paraît préférer les endroits où le courant est le plus fort. Il se réunit parfois en grandes troupes, et multiplie beaucoup. On le pêche toute l’année, mais surtout au printemps, soit à l’hameçon, soit avec des filets de diverses sortes.

La chair est molle et généralement peu estimée. Toutefois, dans certains cours d’eau, comme la Seine et surtout la Meuse, elle est d’assez bonne qualité. Elle a été autrefois employée en médecine. Mais ce qui a particulièrement contribué à donner à l’ablette une certaine célébrité, c’est la matière argentée qui recouvre ses écailles et qu’on emploie pour la fabrication des perles fausses, branche d’industrie assez répandue et très-perfectionnée de nos jours. On donne à cette matière le nom d’essence d’Orient.

ABLIER s. m. (a-blié — rad. able). Pêch. Filet employé surtout pour la pêche des ablettes.

ABLOC s. m. (a-blok — rad. bloc). Bloc ou pilier sur lequel on soutient un édifice.

ABLOTI, IE adj. (a-blo-ti — rad. bloc). Mis en bloc : Les frais de l’instance ont été ablotis et supportés partie par l’administration, partie par les contrevenants.

ABLUANT (ab-lu-an) part. prés. du v. Abluer : Les faussaires cherchent, en abluant le papier, à enlever les vestiges de l’écriture.

ABLUANT, ANTE adj. (ab-lu-an, an-te — rad. abluer). Chir. Se dit des médicaments propres à enlever les matières visqueuses et putrides des ulcères, etc.

— S’emploie substantiv. au masc. : Un abluant.

ABLUÉ, ÉE (ab-lu-é) part. pass. du v. Abluer : Papier ablué.

ABLUER v. a. ou tr. (ab-lu-é — lat. abluere ; formé de ab, hors de ; luere, laver). Enlever les taches, les souillures, et particulièrem., Faire revivre, au moyen d’un agent chimique, les écritures effacées par le temps : Abluer un livre, un manuscrit.

S’abluer, v. pr. Être ablué.

ABLUTION s. f. (ab-lu-si-on — du lat. ablutio, action de laver). Pratique religieuse qui consiste à se laver diverses parties du corps : Les musulmans font plusieurs ablutions par jour. Les Hindous font leurs ablutions dans le Gange. (Acad.) Les ablutions furent toujours recommandées dans l’Orient, comme un symbole de la pureté de l’âme. (Volt.) Plusieurs auteurs ont donné à l’éléphant une religion naturelle : l’adoration du soleil, et l’usage de l’ ablution avant l’adoration. (Buff.)

— Dans la relig. cathol., Action du prêtre qui, après avoir communié, se fait verser sur les doigts et dans le calice, du vin, puis de l’eau et du vin, qu’il boit ensuite.

Les ablutions, La partie de la messe où se fait cette cérémonie : La messe est aux dernières ablutions. || Le vin et l’eau qui servent à cette cérémonie : M. de Metz, ayant pris la première ablution et voyant au volume des petites burettes qu’il restait peu de vin pour la seconde, en demanda davantage. (St-Simon.) || Le vin et l’eau que le prêtre donnait autrefois aux communiants après l’hostie. || Action de laver dans trois eaux différentes les linges qui ont touché à l’hostie et au vin consacrés pendant la messe. || Action de laver les habits blancs, dans certains ordres religieux.

— S’empl. famil. et abusivem. pour exprimer l’action de se laver : Autrefois, on se lavait les mains avant de se mettre à table ; et lorsqu’on s’en retirait, on allait recommencer cette ablution dans une salle voisine. (De Cussy.) L’eau du ruisseau où la bergère venait de faire son ablution du soir avait donné un lustre d’ébène à ses sabots noircis. (E. Sue.)

Encycl. Théol. L’ablution est une lotion d’une espèce particulière propre aux rites religieux.

D’après la loi de Manou, l’ablution chez les Hindous doit ouvrir chaque journée, précéder la prière et le repas, et c’est surtout l’eau sacrée du Gange qu’ils font servir à cet usage.

La loi de Moïse consacrait aussi l’ablution chez les Hébreux. Ils devaient surtout s’y assujettir avant de pénétrer dans le temple, et lorsqu’ils avaient touché ou mangé quelque animal impur, ou bien encore communiqué avec des hommes frappés de la lèpre et autres infirmités corporelles.

Les ablutions étaient également prescrites chez les Grecs et chez les Romains. L’aspersion d’eau lustrale, qu’ils faisaient dans les temples sur les assistants, ressemble assez bien à celle de l’eau bénite qui se pratique de nos jours dans les églises catholiques.

Les ablutions tiennent une grande place dans les prescriptions de l’islamisme. Elles sont de deux espèces : la grande ablution, qui est le bain ou l’immersion du corps, et qui se nomme ghoust ; la petite ablution, appelée abdest, dans laquelle on se lave seulement les mains, les pieds et le visage. Faute d’eau, on simule l’opération avec de la terre ou du sable ; c’est l’ablution dite sablonneuse ou terreuse. Dans le catholicisme, le baptême, l’aspersion de l’eau bénite, le lavement des pieds et celui des autels dans la semaine sainte sont autant d’ablutions. Parmi les cérémonies de la messe, il y a trois ablutions, l’une après l’offertoire, appelée le lavabo, et les deux autres après la communion.

Le but primitif des ablutions était d’entretenir la propreté indispensable dans les pays chauds et de prévenir le développement et la propagation des maladies contagieuses qui s’y rencontrent fréquemment. À une époque où politique, économie sociale, législation, faisaient partie de la religion, on comprend que l’hygiène y ait été également comprise. Plus tard, l’analogie s’établit entre la pureté de l’âme et la propreté du corps, et l’ablution devint symbolique.

ABLUTIONNER v. a. ou tr. (a-blu-si-o-né — rad. ablution). Laver, faire une ablution.

S’ablutionner, v. pr. Se faire une ablution.

ABMATRIMONIUM s. m. (ab-ma-tri-moni-omme). Anc. jurispr. Syn. de Formariage. V. ce mot.

ABNÉGANTISME s. m. (ab-né-gan-tiss-me — du lat. abnegare, nier). Néol. Esprit d’abnégation : Les moralistes font de l’abnégantisme une des principales vertus qu’ils recommandent sans cesse, mais qu’ils ne pratiquent guère. (Journ.)

ABNÉGATION s. f. (ab-né-ga-si-on — du lat. abnegatio, action de nier). Détachement de tout ce qui n’a point rapport à Dieu ; renoncement, sacrifice : Faire abnégation de son intérêt, de sa volonté. (Acad.) La prière, la fuite du monde, l’abnégation de soi-même, furent les règles constantes de ses mœurs. (Mass.) La première et la plus rare des qualités sociales est l’abnégation de soi-même. (Boiste.) Les natures qui se consacrent à la vie âpre du sacerdoce sont destinées à l’obéissance, au recueillement, à l’abnégation des choses terrestres pour les choses célestes. (Lamart.)

— Absol. Oubli de ses affaires, de ses intérêts : La loi de Jésus-Christ est une loi d’abnégation et de travail. (Boss.) On sait combien le fanatisme de la science peut vous inspirer d’abnégation. (E. Sue.) L’abnégation constante est de l’héroïsme en détail. (Mme  C. Bachi.)

ABNER (ab-nèr), général de Saül, puis d’Isboseth, enfin de David, qu’il fit reconnaître par plusieurs tribus encore dissidentes. Il fut assassiné par Joab, envieux de la faveur qu’il avait acquise.

ABNER, confident de Joad dans la tragédie d’Athalie, de Racine. C’est à ce personnage que le grand prêtre adresse ces deux vers si souvent rappelés :

Soumis avec respect à sa volonté sainte,
Je crains Dieu, cher Abner, et n’ai point d’autre crainte.

V. Craindre.

ABNET s. m. (ab-nè). Ceinture en ouvrage de broderie de différentes couleurs, que portaient les prêtres hébreux. Sa largeur était de trois ou quatre doigts. Sa longueur, suivant les rabbins, était de 32 coudées, et elle entourait le corps deux ou trois fois. Les bouts, formant un nœud sur le devant, descendaient jusqu’aux pieds : le prêtre rejetait ces bouts sur l’épaule gauche lorsqu’il faisait des sacrifices. On dit aussi abanet.

ABNOUS s. m. (ab-nouss). Ichthyol. Poisson qui chasse le poisson-volant.

ABO, ville de la Russie d’Europe, anc. capitale de la Finlande, à 460 kilom. de St-Pétersbourg ; port sur la mer Baltique ; archevêché luthérien ; 17,300 h. Souvent ravagée par les incendies. En 1743, paix entre la Suède et la Russie.

ABO (gouvernement d’), subdivision administrative de la Russie en Finlande ; ch.-l. Abo ; pop. 400,000 h. Sol fertile entrecoupé de lacs et de nombreux cours d’eau ; climat rigoureux en hiver, humide en été. Forêts très-étendues, riches mines de fer et commerce actif de fourrures.

ABOI s. m. (a-boi — rad. aboyer). Cri propre au chien domestique : L’aboi est moins le cri naturel du chien qu’une sorte de langage acquis. (D’Orbigny.)

Les chiens qui dans les airs poussent de vains abois.
Corneille.
Bien que de leurs abois, ils perçassent les nues.
La Fontaine.
Déjà de ses limiers il entend les abois.
De St-Ange.
… Les chiens qui de leurs longs abois
Font éclater les monts, les rochers et les bois.
Ph. Desportes.
… Trois pasteurs, enfants de cette terre,
Le suivaient, accourus aux abois turbulents
Des molosses………
A. Chénier.

— Fig. S’est dit pour exprimer les exigences d’un besoin : Les abois de l’estomac. (Rabelais.) || Attaques ou poursuites importunes : Mépriser les abois de l’ignorance populaire. (A. de Musset.) Nous ne concevons guère à quoi tendent toutes ces criailleries, à quoi bon toutes ces colères et tous ces abois. (Th. Gaut.) || Agonie, grand danger, situation désespérée, embarras, peines, difficultés extrêmes : Il était fort malade et presque aux abois. (Chapelle). Philippe V aux abois allait abandonner le trône. (St-Simon.) Cette idée est capable de me réduire aux abois. (Mol.) La France, qu’une défaite entière eût mise aux derniers abois… (Volt.) En 1842, la filature était aux abois ; elle étouffait, les magasins crevaient, nul écoulement. (Michelet.)

Je m’éveille en sursaut, je me lève ; je vois
Deux soldats poursuivant deux proscrits aux abois.
Lamartine.

|| État où se trouve une chose qui tire à sa fin, qui menace ruine, etc. : L’idolâtrie semblait être aux abois. (Boss.) Philisbourg est aux abois en dix jours, malgré l’hiver qui approche. (Boss.) Une littérature aux abois. (Balz.)

Viens secourir la pudeur aux abois.
Voltaire.
Je ne puis, pour louer, rencontrer une rime :
Dès que j’y veux rêver, ma veine est aux abois.
Boileau.
Et la crainte ressuscite
Leur espérance aux abois.
J.-B Rousseau.

— Fam. Ma bourse est aux abois, Elle est vide, elle est à sec. || Tenir quelqu’un en aboi, Le repaître de vaines espérances.

— Chasse. Extrémité où se trouve réduite une bête sauvage, lorsqu’elle est poursuivie par les chiens : Les piqueurs remettent les chiens sur la voie du cerf, qui bientôt est aux abois. (Buff.)

Et le cerf aux abois en pleura de douleur.
Delille.
………La biche aux abois.
Prête à périr sous la dent meurtrière,
Tomba sans force au sein de la bruyère.
Baour-Lormian.

Le cerf tient les abois, lorsqu’il regarde derrière lui si les chiens sont toujours à ses trousses. || Le cerf tient les derniers abois, lorsqu’il tombe entouré par les chiens.

Syn. Aboi, aboiement, jappement. Aboi est le cri particulier du chien domestique, et aboiement, le cri générique de l’espèce canine. Jappement est le cri du petit chien ; un gros chien exprime quelquefois sa joie par des jappements.

ABOIEMENT ou ABOÎMENT s. m. (a-boî-man — rad. aboyer). Faculté, action d’aboyer ; aboi, cri du chien : Le perroquet imite tous les bruits qu’il entend, le miaulement du chat, l’aboiement du chien. (Buff.) Le chien donne l’alarme par des aboiements réitérés. (Buff.) On entendit de nouveau les aboiements furieux des chiens. (E. Sue.)

La cloche en gémissant le pleura dans les airs ;
Et, mêlant à ses glas des aboîments funèbres,
Son chien, qui l’appelait, hurla dans les ténèbres.
Lamartine.

— Se dit aussi du cri de quelques autres animaux : L’aboiement d’un élan, d’un cerf moucheté. L’antilope poussait un aboiement grave, signal d’alarme pour le troupeau.

— Se dit quelquef. de certains sons que fait entendre l’homme par suite de maladie : Les aboiements du ventre. Les aboiements du larynx.

— Par ext. Le bruit des flots : Peut-être entendez-vous les derniers soupirs de l’ouragan, dans cet aboiement continuel des flots qui se brisent à la plage ? (T. Page.)

— Fig. Cris importuns, poursuites réitérées et fatigantes : Les aboiements de la critique, de l’envie, de la calomnie. Les injures imprimées allaient leur train. Ce concours d’aboiements avait quelque chose de sinistre. (J.-J. Rouss.) Les aboiements perpétuels de la critique assourdissent l’inspiration. (Th. Gaut.)

Doux bruit que l’aboîment de trois cents créanciers.
V. Hugo.

Syn. Aboiement, aboi, jappement. V. Aboi.

ABOLBODA s. m. (a-bol-bo-da — nom indien). Bot. Genre de plantes de la famille des xyridacées : Les abolboda sont des plantes herbacées, vivaces, qui se plaisent dans les marais montagneux de l’Amérique tropicale. (D’Orbigny.)

ABOLI, IE (a-bo-li) part. pass. du v. Abolir. Anéanti, annulé, supprimé : En haine de Tarquin le Superbe, la royauté fut abolie. (Boss.) Les histoires seront abolies avec les empires. (Boss.) L’arrêt fut aboli. (Mass.) Les superstitions furent abolies. (Volt.) Les lois de circonstance sont abolies par de nouvelles circonstances. (Boiste.)

Du honteux préjugé l’empire est aboli.
L. Racine.
Par une extravagance une autre est abolie.
La Chaussée.

Crime aboli, Crime couvert par la prescription, et autrefois crime dont le souverain avait interdit la poursuite.

ABOLIR v. a. ou tr. (a-bo-lir — lat. abolere, même sens). Anéantir, annuler, supprimer : Les Athéniens abolirent la royauté. (Boss.) C’est la religion chrétienne qui a aboli l’esclavage dans la plus grande partie de l’Europe. (B. de St-P.) Je résolus d’abolir en France le calvinisme. (Volt.) La venue d’un messie abolissait toutes les dates. (Volt.) Urbain VIII abolit les jésuites. (Volt.) Il a toujours été plus aisé, dans tous les pays, d’abolir des coutumes invétérées que de les restreindre. (Volt.) Le peuple romain se gardera bien d’abolir la papauté, qui fait toute son importance. (Proudhon.)

Quand l’usage est mauvais, il faut qu’on l’abolisse.
Voltaire.
On verra de David l’héritier détestable
Abolir tes honneurs, profaner tes autels.
Racine.

— Anc. droit crim. Abolir un crime, En interdire la poursuite.

……Mes services ……[sants.
Pour le faire abolir (mon crime) sont plus que suffi-
Corneille.

S’abolir, v. pr. Être aboli, s’effacer, tomber en désuétude : Quelques façons de parler pourront s’établir ou s’abolir selon la bizarrerie de l’usage. (Bouhours.) Les lois absurdes s’abolissent d’elles-mêmes. (D’Aguess.) Depuis huit ans, son souvenir s’était aboli dans la ville d’Arcis. (Balz.)

— Ne pouvoir plus être poursuivi : Tout crime s’abolit au bout d’un certain nombre d’années.

Syn. Abolir, abroger, annuler, casser, infirmer, révoquer. Abolir et abroger expriment une idée commune, et signifient généralement mettre hors d’usage, avec cette différence qu’abroger a un sens beaucoup plus restreint ; il ne s’emploie qu’en parlant des lois, des édits, des ordonnances, etc. ; abolir se rapporte plutôt à ce qui tient aux mœurs, aux usages, aux religions, aux institutions. Révoquer signifie revenir sur ce que l’on a accordé ou sur ce qui a été accordé par un prédécesseur : Galérius révoqua ses édits. (Boss.) Casser s’emploie pour détruire ce qu’une autre autorité avait établi, comme fait la cour de cassation à l’égard des autres tribunaux : La cour de cassation est établie pour casser les jugements ou les arrêts qui sont contraires aux lois ou qui ont mal appliqué les lois. Dans un autre ordre d’idées, se dit aussi des personnes que l’on prive d’un grade, que l’on raye des cadres, etc. Infirmer se dit des cours d’appel qui réforment les jugements des tribunaux inférieurs, ou enlèvent à quelque chose la force et l’autorité qu’elle devait avoir : Infirmer un jugement, infirmer un témoignage. Annuler signifie frapper de nullité ce qui a été fait : Si un serment est criminel, c’en est assez pour l’annuler. (J.-J. Rouss.)

Syn. Abolir, anéantir, détruire, exterminer. Détruire, c’est ôter violemment l’existence à quelque chose : Les rois de Perse avaient détruit les temples des Grecs, Alexandre les rétablit. (Barthélémy.) Exterminer, faire périr des hommes ou des animaux : Marius extermina les Cimbres. (Volt.) Abolir, c’est détruire des usages en vigueur : L’assemblée nationale abolit la contrainte par