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La Villa des Ancolies

quatre, ce qui ne lui était jamais arrivé auparavant. Chose plus grave encore, il se glissa deux erreurs dans ses additions… Sa vie était complètement bouleversée, désorganisée. Ah ! chien de malheur, cause première de tous ses troubles, comme il le détestait !

Et cependant, regrettait-il tant que cela tout ce qui s’était passé ?

 

— Bonjour Paul, viens-tu au chalet ?

— Certainement mon vieux Dubrule ! Le temps de porter ces lettres à la poste et je m’y rends.

— Monte donc dans mon auto, je suis seul.

— Et ces lettres ?

— Tu les déposeras en passant.

C’était le mardi soir. L’automobiliste qui avait ainsi interpellé notre héros à sa sortie du bureau était un jeune marchand de la ville, membre du cercle et fervent du chalet. Paul ne pouvait refuser une aussi aimable invitation. Il monta donc dans l’auto, bien qu’il sentit qu’une longue marche produirait sur ses nerfs un meilleur effet.

La voiture stoppa devant le bureau de poste puis reprit sa course vers le chalet. On faisait du vingt-cinq milles à l’heure lorsque l’on passa devant la Villa des Ancolies. Paul put cependant entrevoir son ami Jean et les deux jeunes filles causant sur la véranda.

Le mercredi, il laissa le bureau quelques minutes avant cinq heures, bien décidé à faire à pieds le trajet de la ville à la maison de campagne. Chose curieuse, il se sentait ce soir, d’une bravoure indomptable ; une armée de dogues ne lui aurait pas fait peur. Lentement il s’avança sur le trottoir longeant la propriété de Mlle Perrin, un peu énervé par la pensée de voir accourir Fidèle, les crocs menaçants, mais bien résolu cette fois de démontrer qu’il n’était pas un lâche. S’il était attaqué, il soutiendrait l’assaut froidement, Mlle Laure interviendrait et de nou-