Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Et vous, Marraine, vous croyez-vous donc à l’automne ?

— Je crois que tu es heureuse et cela me suffit.

— Pourquoi ne le seriez-vous pas de même ?… Si seulement vous vous laissiez conduire par moi… Un mois à mon école et…

— Tu es folle, ma petite chérie. Allons, bonsoir !

Mais Yolande ne s’endormit pas après le départ de sa cousine, elle demeura une longue heure accoudée à la fenêtre de sa chambre, regardant l’eau faire cascade sur la digue et retomber en un neigeux tourbillon. À quoi songeait-elle ? Songeait-elle seulement.


VI.

LA PHILOSOPHIE D’YOLANDE


Lorsqu’elle rentra d’entendre la messe, le lundi suivant, Mlle Perrin trouva sa filleule encore au lit, malgré les larges rayons de soleil qui filtraient à travers les fenêtres, remplissaient sa chambre de lumière et prêtaient aux moindres grains de poussière des chatoiements de pierres précieuses.

— Comment ? Encore au lit ! s’exclama la recluse en embrassant sa cousine. Mais ne sais-tu donc pas, petite paresseuse qu’il est passé sept heures et demie ?

— C’est votre faute aussi, austère marraine, vous avez des lits si douillets, cette fenêtre m’envoie une brise si tiède, la chanson de la digue et le murmure lointain de la ville, tout m’enlise.

— Tu fais bien, mignonne, repose-toi bien durant ces quelques jours de vacances.

— D’ailleurs, n’allez pas croire que je suis restée complètement inactive depuis ce matin.

— Mais tu n’es pas encore sortie de ton lit…

— Tout de même, depuis toute une heure que je suis éveillée, je me travaille les ménin-