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PRÉFACE


Dans ce cours de Troisième année de Grammaire, nous nous sommes appliqués à conserver le caractère pratique que l’on s’est plu à reconnaître aux cours de Première et de Deuxième année. Néanmoins, comme ce volume s’adresse à des élèves nécessairement plus avancés, on y trouvera le complément de différentes théories grammaticales que nous n’avions fait qu’effleurer auparavant.
Dans toutes les grammaires publiées jusqu’à ce jour, beaucoup de règles étaient présentées d’une manière trop absolue et formellement contredites par l’usage des bons auteurs. Nous n’avons pas suivi ces errements. Nous appuyant sur l’autorité de nos grands écrivains et sur celle des plus célèbres linguistes, nous avons toujours indiqué dans quelles limites peut se mouvoir la liberté de celui qui écrit, liberté plus grande qu’on ne le suppose habituellement. On a fait trop souvent de la grammaire un recueil de prescriptions extrêmement subtiles, auxquelles les bons auteurs ne se sont jamais astreints.
Pour la première fois nous introduisons dans un livre destiné aux élèves des considérations empruntées à la Méthode historique, et propres à éclairer d’un jour tout nouveau les règles fondamentales de la grammaire, ainsi que les anomalies apparentes dont fourmille la syntaxe française. Toutefois nous n’avons puisé qu’avec une grande sobriété dans le trésor des vérités incontestablement acquises à la science par la grammaire historique, nous bornant aux notions accessibles aux élèves qui n’étudient pas les langues anciennes.
Après avoir donné les règles relatives à l’orthographe des mots et à la construction des phrases, nous nous sommes attachés à exposer avec un soin particulier tout ce qui concerne la composition et la dérivation des mots.
La partie plus spécialement littéraire comprend des conseils sur le style et les définitions des principaux termes de rhétorique que nous avons données, non pas dans le but de former des écrivains ou des orateurs, mais pour étendre le vocabulaire toujours trop restreint des jeunes gens et leur fournir plus de ressources pour exprimer leurs pensées. A cet effet, nous offrons aux élèves de nombreux exercices de rédaction, faciles à développer et empruntés de préférence aux circonstances de la vie pratique. C’est à dessein que nous avons écarté les sujets trop relevés, qui ont très souvent le tort grave de dépasser l’intelligence des élèves et de les priver de leurs moyens d’action, déjà si faibles. En matière de rédaction, loin d’effrayer les jeunes gens, on doit au contraire leur inspirer confiance dans leurs propres forces, donner même plein essor à leur imagination, mais en se réservant de la diriger et de la refréner au besoin.
Nous terminons par une esquisse de l’Histoire de la littérature, dans laquelle nous nous sommes efforcés de faire ressortir le caractère de chaque époque littéraire. Ces notions historiques, destinées avant tout à faire connaître les noms et les œuvres de nos principaux écrivains, sont suivies de morceaux tirés des meilleurs auteurs et accompagnés de questionnaires qui portent à la fois sur le sens et la composition des mots, sur la grammaire et sur la littérature. Grâce à ce genre de devoirs, les élèves pourront lire avec plus de profit les chefs-d’œuvre du dix-septième siècle. Ils ne se trouveront plus arrêtés à la rencontre d’une expression archaïque ou d’une construction tombée en désuétude. C’est, pensons-nous, être utile à la jeunesse, que de lui rendre plus aisée l’intelligence de tant de belles poésies, de tant de belles pages qui font l’admiration du monde entier. Les maîtres, nous en sommes bien persuadés, s’associeront à cette manière de voir en habituant notre jeune génération à apprécier de plus en plus les productions littéraires qui constituent la plus pure de nos gloires nationales.