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À LA PENSÉE FRANÇAISE

Embrasser pour jamais tes foyers protecteurs.
J’y viens vivre, ………
xxxxxxxxxxxxxxxx Abriter mon repos obscur.

Le lecteur nous pardonnera cette digression ; elle peut offrir un certain intérêt ; c’est là toute notre excuse.




Les Antilles

Quels beaux jours j’ai passés sur vos rives lointaines,
Lieux chéris que mon cœur ne saurait oublier !
Antilles merveilleuses, où le baume des plaines
Va jusqu’au sein des mers saisir le nautonnier !
Ramène-moi, Pomone, à ces douces contrées ?
Je ne troublerai point leurs tranquilles plaisirs ;
Mais timide, et semblable aux abeilles dorées,
De bosquets en bosquets je suivrai les zéphirs.
Ces masses de rochers, voisines de la nue,
De leur beauté sauvage étonneront ma vue :
Heureux si tu permets que le frais tamarin,
Sur moi, dans les chaleurs, jette une ombre étendue !
Si quelquefois encor ma poétique main
Dépouille l’ananas de sa robe touffue !
Dans sa retraite auguste, et loin des faibles arts,
C’est là que la nature enchante les regards !
Le soleil, en doublant sa course fortunée,
Y ramène deux fois le printemps de l’année :
On y voit des vergers où le fruit toujours mûr,
Pend en grappe de rose, et de pourpre, et d’azur :
Une autre Flore y passe, et d’une main légère
Prodigue, en se jouant, sa richesse étrangère :
Des fleuves mugissants, rivaux des vastes mers,
Roulent sur l’Océan dont ils foulent les ondes :
Des arbres élevant d’immenses rideaux verts,
Nobles fils du Soleil et des sources fécondes,
Entretiennent la nuit sous leurs voûtes profondes,
Et vont noircir le jour sur la cime des airs.