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intérêts et des vulgaires passions. Aussi, de toutes les critiques, celle que nous aurions le plus à cœur de détourner, c’est le reproche, émané d’ailleurs d’une plume bienveillante et distinguée, de prêcher l’affaissement et la langueur, et de pousser l’âme dans une sorte de Thébaïde. Ce blâme s’est formulé quelquefois en un seul mot, on a répété que notre poésie n’était pas assez humaine, ce qui veut dire au fond assez passionnée. Dans un petit nombre de pièces de ce recueil, comme celle : A un grand arbre, on peut blâmer, en se plaçant un peu en dehors du sentiment poétique, au point de vue d’une logique rigoureuse, l’expression d’une certaine lassitude, l’horreur des agitations et des inquiétudes, un besoin de paix et de sérénité mêlé d’un vif attrait pour les champs, pour les grandes forêts, pour les plantes, ces charmantes et pacifiques créatures de Dieu. L’on a taxé cette innocente sympathie d’aspiration à la vie végétative. Mais ces morceaux forment une exception, même dans le recueil des Odes et poëmes, le seul qui puisse donner quelque prise à un soupçon pareil. Si l’auteur ne se fait pas une étrange illusion, le vrai sens moral de Psyché et de l’ensemble des pièces lyriques qui l’accompagnent, c’est au contraire un perpétuel sursum corda que le poëte s’adresse à lui-même et à l’âme de ses lecteurs. C’est du moins avec la conscience très-vive de ce sentiment d’aspiration vers l’idéal, vers une vie morale plus élevée, plus pure, plus intense, que toutes ces poésies ont été