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ur propre compte et sans faire entendre au-dessus de cet orchestre la voix de l’homme qui le domine et le conduit. La nature n’est donnée pour interlocutrice à l’homme que comme une confidente qui sollicite ses épanchements, qui les complète en les reproduisant sous des images, et leur communique ainsi plus de grandeur et d’éclat. Quand ces voix lyriques de la nature se font entendre, c’est comme des instruments qui varient sur différents tons le motif tombé de la voix humaine, comme l’harmonie d’un orchestre qui accompagne la mélodie chantée par l’acteur. Dans cette symphonie, la nature ne supprime pas l’âme humaine, elle lui aide au contraire à se mieux comprendre ; elle traduit en de vivantes figures les divers enseignements que le Créateur a enfermés dans son œuvre ; elle nous parle éloquemment d’un monde supérieur à nous-mêmes. Si grand que soit l’homme, •il n’est pas tout ; il y a quelque chose de plus grand que lui ; il y a cet être dont la gloire est racontée, non pas seulement par les cieux, mais par le brin d’herbe, l’insecte et la goutte d’eau. C’est Dieu, en réalité, qui nous parle continuellement à travers la nature, où chaque objet n’est autre chose qu’un des accents de son langage, une des syllabes de son poëme.

Certes, dans la poésie dramatique, dans cette peinture de la lutte des volontés, des intérêts, des devoirs, des passions, on serait mal venu à introduire d’autres acteurs que l’homme. Mais dans le poëme