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De célestes lueurs nous y fuient données :
La sagesse descend dans les cœurs fraternels.

Vous aviez vos desseins sur nos dernières heures,
Seigneur ! en nous menant vers ces sommets bénis !
Sans doute, ainsi tous trois dans des sphères meilleures,
Un jour, en votre nom, nous serons réunis !

Je partis le premier, rappelé dans les villes ;
Et lui, pour prolonger notre cher entretien,
Me suivit jusqu’au bout de ces forêts tranquilles ;
Et son bras ne pouvait se détacher du mien.

Il nous fallut enfin rompre la douce chaîne.
Alors restant, malgré le soleil lourd et chaud,
Debout au bord des pins, et tourné vers la plaine,
Il me voyait descendre, et me parlait d’en haut.

Longtemps, sur ce trépied de mousse et de bruyère,
— Cette image à jamais vit dans mon souvenir —
Je l’aperçus baigné d’une ardente lumière,
Tenant son bras levé comme pour me bénir.

Et Dieu m’a retiré cette main forte et pure,
Ce rayon tout-puissant qui m’aurait rajeuni !
Dans ces bois, altérés de ton souffle, ô nature !
Nous n’irons plus tous deux respirer l’infini.

Seul je vous cherche encor, désert, forêt divine !
Chaque arbre y fait surgir son ombre à mon regard ;
De chaque émotion qui gonfle ma poitrine,
À son esprit là-haut, je fais monter sa part.

Et toi, tu la reçois, n’est-ce pas, ô chère âme ?
Ces brises, ces parfums des pins mélodieux,
Cet horizon qui roule un océan de flamme,
Tu les sens par mon cœur et les vois par mes yeux.