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» Le monde tient pour vils les objets de ton culte ;
Il cherche d’autres biens qu’un son mélodieux ;
Tu n’auras rien de lui qu’ironie et qu’insulte…
Toi, ne le maudis point ! sois fidèle à nos dieux.

» Passe au milieu de lui sans haine et sans murmure :
La sagesse est amour : mais garde la fierté ;
Que ton front de l’orgueil porte la noble armure,
Et pour trésor au moins choisis la liberté.

» Marche inflexible au but, je t’ai tracé la route ;
Mon esprit vit en toi, suis, ce guide sacré ;
Songe, en te relevant dans tes heures de doute,
Que, de près ou de loin, pour toi je combattrai ! »


IV

Partout ainsi, partout son ombre m’accompagne ;
Sans cesse à mes côtés je l’entends, je le vois,
Tel qu’il me dit adieu du haut d’une montagne,
Sans le savoir, hélas ! pour la dernière fois !

Par l’amitié conduits sur un sommet auguste,
Exempt des bruits du monde et par Dieu visité,
Nous habitions tous deux dans la maison d’un juste,
Et trouvions dans son cœur une hospitalité.

Là, tout penser grandit, tant cette cime est haute.
Dans les bois solennels nous allions, tour à tour
Écoutant la nature, ou l’âme de notre hôte,
Homme entre tous choisi pour enseigner l’amour.

Là, nous avons vécu de divines journées,
Parlant des vérités et des biens éternels ;